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/ .. 1 oSITUATION SOCIO-LINGUISTIQUE
DES ENFANTS D'IMMIGRANTS HAITIE~S AU QUÉBEC
LANGUE,
MILIEU SOCIALpar
©
PIERRE MICHEIl LAGUERREUne thèse présentée à la Faculté des Etudes -Supérieures et de la Rechercne en exécution PartielIe des conditions requise"s pour le grade de
Maîtrise ès Arts en
Education Comparée
Faculté des Sciences de l'Educatiun Adminisb;ation et Politique Université McGi11 ,.r-""---Novembt'e' i983 " "
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partie pour l'tu-delà.,
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, RESUME 1 "' ~ l ' ,Cette étude
s~ prop~sa:tt
dedécr1~e
la~.ituàtion
socio-l1nguis-",'tique des enfants d'immigrants haitient au Québec. Elle se limitait
à découvrir d 'u'ne ,part les relations entre la classe sociale et le
niveau'
dê
compréhension oi,ale du:'français et du créole etcl
'autrepart entre les attitudes vis'à vis du français et du' créole et le
ni-veau de compréhension orale dans 'ces deux langues. Une enquête
so-'ciolingu1stique a été menée à l'aide d'un questionnaire. Ce
quest;lQn-'nair~ concernait le profil socioculturel et économ~que de la famille
e~ les;usages et l'environnement linguistiques de l'enfant. Un test
de'rappel a été ut1lisé pour sol~~~it~r tes données rappelées à, partir
de 'deux yersüms de la même histoke. la première en français et la se-conde en créole. Les histoires étaient jugées avoir des bases de texte
~quiyalentes au niveau du contenu propositionnel. L'ét~de a '~évélé que
les enfants d ',innnigrants haitiens au Québec s'e trouvaient dans une si-'
tuation de bi1:inguisme. Leur niveau de compréHe,nsion orale en français
et en créole reflétait beaucoup plus les attitude"s des parents vis à'"
·vis d~ frfl'nçais et du créole que le statut soc1o-éconQmique de ces
der-n~ers, Un ~oeffici~nt de corrélation
(7-
0.54)
révélait que les enfantsd'imm~gra~ts haitiens téussissaient de manière significative en français
'quand tes attit,udes des parents env;ers le créole étaient positives. , Il
a ,été conclu' que le bilinguisme de ces enfants devrait être pris e~
comp-/
" ",te dans les ~coles du Québec. Une recommandation a été faite ,égal~nfEmt
en vue 'd'enseigner le créole au Programme d'Enseigneme~t des Languts
d 'Orig;lne (PELO). , '.. '
The purpose of this study was to deseribe sociolin~.dsÙc si,tuation
of Haitlan lI!lIlligrant children in QU,ebee. Tbis study was limited to the
discovery of the relati6nship betweèn social ela,Ss anô lÊavel of auraI com-prehension in French and Creole"on the ane' hand,' and 'on th.e other hand
bet-ween attitudes towards Fr~nch and .CreoJ-e 'and levei of auraI comprehension
of these two langùages. A sociolinguistic survey, was cpnducted through a,
questionnaire. This questionnaire d~ait with th~ sociocultu:al and
econo-1
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mic profile of the ·family. 'and the ling,uJ.stic environmen~ aI).d practices 'of
the children .. A recall test was', used to. elicit' dat?, recal11' from two ver-.
sions of the sarne qtory, the first, in French {lng the second n Creole. Th,:!'
stories were ju4géd to have equivaient text bas~s at the lev 1 of
pt'op'osi-tional content. It was found that HaItian immigrant childr n in Quebec were in
a bilingualism situation. The level ,Dt aural comprehension in FTençh and
Creole of these children reflected muèb more the parent's attitudes towards
:French ~nd Creole than heir socioeconomic status. ,A positiv~ correlation.
coefficient
(9=
0.54) .expressed tJ1::tt Haitiàn irm:nigrant children achievedsignificantly in, Frellch when p,areitt' s attitudes towards Creole were posi- , .
tive. It was concluded :that the bilingualism of these children should be
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taken in acc~unt, in Que.bee schools: It was also recommanded ta teach Creo'le.
in PELO (Programme d ':Eh'seignement, des Langues d' ~rigin~.
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imigran ayi~yen nan ~ebek-tà. Nou te limit~ nou pou-n
dekouvri're-_ lasyon ki 'genyet;l' ant klas sosya1 e ni vo konJ/lreansydn t i moun yo nan
pale f·ranse ak kreyèH youn b~ e .lot bo ant ittitid vizavi franse e'
kreyol e ko.npreansyon lan de lan~ sa' yo.· -Nou te menmen youn ankèt
avèk youn ke~·yonè. Kesyonè. sa-a te konsène sitiasyon sosyokiltirèl
( "
e ekonomik fanmiy ti moup y6, la~g ke yo pale e ki pale lan alantou
yo. Nou te
fè
ti moun yo koute youn menm istw~ an franse e an kreyole nou te anrejistre sa yo ~e sonje nan istwa sa yo. Pwopozisyon ki
d ... \
nan e istwa-sa yo te gen mehm vale; Nou te trouve ke pitit ayisyen
ki nan kebèk la te bi~ng. Fos --yo nàn pale franse' ak kre;1ol te si tou
youn afè de atitid par n yo ke sitiasyon sosyoekono~ik yo.
wYoun'koe-fisyan korelasyon ('f}
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0.54) te montre ke pi tit ayisyen ~an Kebèk., lagen youn bon fos lan ranse lo'paran ya rete rsnmen lang ~reyol la.
Nou te ltonkli k~ se p u leko~ lan K,ebèk 'l,a konsidere t;i ayisyèn '
tan-kou ti Irloun bilèng. Nou te rekomande tou pou yo ,'anseye krèyol lan
pwo&ram lang. chak ~~p imigran ki genN nan Kebèk la ke yo raIe PELO. '"
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illlllW .. UlMl ... _ . . . UllitW!i!;-i;!;!lll . .ra_-1
1
1.
1 .... J' REMERCIEMENTS .'Nous adressons nos plus sincêres remerciements au Docteu~ Michel Laferrière qui nous a permis ae faire bon ma'rché
.
...
d~ son temps, de ses conseils et de son experience dans l'élaboration de notre travail de~recherche. Nous lui devons également toute notre gratitude pour nous
.
,avoir fait bénéficier d'une aide financière du Projet de recherche sur l'éducation d~s minorités au Québec (PREM-MERP) à l'Université McGill,
, l ' ,
projet subvè?tionné par le programme F.C.~.C. du mini~tère de l'Educa-tion du Quebec dont il assume la direcl'Educa-tion et auquel est associée le
l'
Dr. Huguette Van Dromme, de l'Uni~ersité du Québe~ à Montreal.
1
f .:.
Nps remercieme~ts vont aussi à tous ceux qui d 'une f.a,ç~~. ou d'une
aur.e nous. ont aidé tant par
l~ur
temps, leur concours et leur support mo al. Il $ ' agit,.de touteS le~" fami~les qui ont participé avec leursr. J'
e,nfan.ts à cette
rech~;~he ·a:i.it·s'i\~ue
les personness~ivantes:'
< DaryJean-Char.1es, V~illant Youte, Mackli. Obas, Henry Rono,
Franc8!3sè"La-.
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guerre, Far a Laguerre, Patrick Télémaque,-- Lucienpe.. Télémaque t Hermi ta
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Boisrond, Ginette Saint-Fort, Cha~les et· Bernadette AIÙdor, Daniel
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Edouard, Théano Mondière,
,Fr~nk}.iii M~urice,
Janyne Rhaming et Kathleen" Dorsainvil • ,.
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lŒSUME • • • • • ~. .
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SUMMARY.
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.
. . .
REZIME
. . . .
,
REMERCIEMENTS
. .
.
• :»LISTE DES, TABLEAÙX.
..
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...-LISTE DES
FIGUR~SET GRAPHIQUES •
INTRODUCTION
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ABORDE ET PERTINENCE DE
'r..'
ETUDE. • -'-,".:0 ...
PREMIERE
P~TIE:CADRES THEORIQUES • • • • •
CHAPITRE 1 LES HAITIENS AU QUEBEC:
ELEMENTS
. ", ,POT:JR UNE iANALYSE DES FACTEURS EXTRA-
~ ~.LINGUIST QUE? fE LEUR SITUATION • •
•· ·
1.
Dynamique de l'immigration
,
" hait ienne au Québec: Prof il,
"'-Types et Circonstances •
· .
•· ·
·
·
•.
.
.
2.
1Description de la communauté
haitienne immigrée: démographie.
"et structure sociale
·
· .
'.
· · ·
•CHAPITRE 2 CADRES D'ANALYSE
DE-tk--S-r'Î't1ArION--soertt .... , ,. LINGUISTIQUE DES HAITIENS
· ·
.
· · ·
·
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1. Eléments de définition du créole:
aspects socioiinguistiques et
historique • • • . . :
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" l1'aitie . à
"par~ir
,de la' diglossie ' .aspect héori-que et analyse de cette;~
ait.uati n .. .. '\ .. . . .. . . .
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3. oyage en diglossie: une ap- ,
éorique de la qtestion
11n-hait'ienne d 'YVes D~j ean . • .'. '. ~
4.
'\ etbi1ing~lsme
de classe: ns socioculturelles et ul.?tiques . . \.,., • • • • . • • • ',~ " "BASES T!lEQRI ES POUR L'APPROCHE DU
inÜrGUISME . ITIEN AU. QUEBEC: ASPECTS
SOC: ,LINGUIS IQUE ET PSYCHOLINGUISTIQUE • •
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hai-ti.enne~s) au Québec,. "'. • • • • • • •
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El'ê~1\ts'
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de définftiop dl\'tiLin-' guîsme ... .. • • • . . . . .''''~ • .. • • .. " , ,
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.-3. 1Problètne de 11(esuré."du b:il:inguisme.
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Modèle.d analyse des processus co-gnitifs la base du comportement
J~~guis. ~que
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'"CHAPITRE
4
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AtYSE
TH~ORIQUE
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BEtENCE
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AGIERE DES ENFANTS HA,ITIENS • •"
DEUXIEME PARTIE:
CHAPITRE 5 'I-l'
A-
B-" / ~ l 'l , " ' • .~..
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.. ~ " choix de l'échantillon l'échantillon " ", " vIi 1 ... ( , • !·
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2.
Caractéristiques de~ f.àmilles 2.1 Mode de vie' au Québec et'usa-,ges linguistiques • .'. • . •
2.2'
Origine socio-pro~ession~elle3.
Carac~éristiques des enfantsII. "DFJ)CRIPTION DES INSTRUMENTS
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1. Questionnaires sur ,le profit socio-cu1turèl et les usages ...
,
linguistiques dans les
fa-milles haftiennes ~u ~ébec:. • • • • J
2. TexteJ sélectionné pour test ,de rappel '. • • ". 3 •.
~ro.toco~~
";périmental.4.
1
Procédure • • • • • • • 5. Collecte des données '.1 le
.
.
.
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6.
M~thode dt analyse des' de:,nnées.
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CHAPITRE 6 RESULTAT!? • • • • • • • • • •·
.
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1. Aptitudes' langagières des enfants • • • '. •
2.
Attit,udes des parents vi.s à vis du cl:'éo'le et du français • • • • ~ •r
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"Analyse ~: Classe sociale et compr~hension orale du français et du créO'lE! •
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"Analyse 2: Attitudes pos~tives et négati~es
, ,
vi] à vis du fr~Ïlçaïs et
compré-hension oraIe du f~ançais, , • •
Ana,lyse 3~ Attitùd'es 'Positives ~t, .1).egatives
vis à vis du. créole et
compré-, he"nsio~ orale d).! français', • , •
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Analyse
4:
Attitudes positives et négatives) \ vis à vis du français et
cotnpre-.
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•
•/ hension orale du créole , " " . .
'}; Analyse
5:
At~itudes
positives 'et négatives.vis à vis du français et
compré-hension oraLe du français , " •
CONCLUSIONS ET
RECOMMANDATIONS,"
,BIBLIOGR.AfHIl: ,'.
.
, ''ANNEXES, ,
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,ANNEXE l Tableau d' anaiyse des proposi
tio~s
au
te'Xt'e. narratif • \!ers:fon fr~nçaise et créole·. • "
ANNEXE I I Lettre de présent,ation et questiqnnaires , " ,
ANNEXE
III
"Têxt'è
narràtiff~allçais
1
Texte narratif\ éreole. -, " • • •
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, ANNEXE IV Règi~g'de ~~anscription
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ANNEXE V Protocole de rappel d'un 'suj et de
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éëhan-tiI!on . . -". . . . . .
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161176
1
183
185
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1~8,1
,
1: II: III: IV:V:
VI: VII: VIII: T JLISTE DES TABLEAUX
Population haitienne par groupes professionnels projetés Comparaison entre le nombre d' innnigrants haitiens admis au
Québec de 1968 à 1980 (pays de dernière résidence et pays
de naissance
Immigrants nés en Haiti selon-le niveau de scolarité admis
au Québec de 1968 à 1980.
Immigrants admis au Québec/de 1968 à 1981 selon leur
con-naissance du français et de l'anglais
Immigrants dont le pays de naissance est· Haiti par groupe d'âges
Schéma de la diglossie hai tienne selon la thèse de Ferguson Tableau de la démographie linguistique d 'Haiti
Identificational Semantk Systems
, 1 1
16
18 20 22 2735
46 78lX: ,Semantic Ca'se Systems
X:
XI:
XII: XIII: XIV:XV:
XVI:
XVII:.
Dependency SystemsCitégories sociales de l'échantillon au pays d.l.origine (Hai t i et au pays d' aCi:cuei1 (Québec)
Pourcentages des pratiques langagières au sein des familles, -106
déclarées par les répondants (père, mère, enfqnt)· - _ . . - lOg
Temps d'écoute du texte narratif dans les deux :J.angues
Taux de ·fidé1ité obtenu par chacun des juges
;.
Moyenne des résultats obtenus par les enfants seLon les trois juges
Attitude vis à vis du créole selon la catégorie sociale et pour l'ensemble de l'échantillon
Attitude vis à vis du français selon la catégorie _ sociale,
et pour l'ensemble de l'échantillon
113 121 126 129. ~ .129
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J,iste des Tableaux (Suite)
XVIII:
. XIX;
XX: XXI: XXII:XXIII:
XXIV:Moyenne des scores obtenus dans chacune des deux langues
selon la class~ -sociale
SO,mmaire de
i'
an'alyse de va--riance pour les classe socialeset la compréhension orale du français
Sommaire de. l'analyse de variance pour les classes-sociales et la compréhension orale du créole
Sommaire de l'analyse de variance pour les attitudes positi-ves et négatipositi-ves vis à vis du f:t:ançais et la compréhension
orale du français
Sommaire de l'analyse de variance pour les attitudes
positi-ves t!t niigatives vis à vis du créole et compréhension orale
français
Sommaire de l'analyse de variance pour les attitudes posi
ti-ves et négatiti-ves vis à vis du français et c~mpréhension orale
du créole
Sommaire de l'analyse de variance pour lIil.s att1tudes
positi-ves et négatipositi-ves vis à vis du créole et compréhensIon orale
" ' du créole <-xi "
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130 131 135 y 141 ;;.-
143 , .,. { Z\
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Fig.l Fig.3 Fig.4LISTE DES FIGURES ET GRAPHIQUES
Schéma de la pyramide linguistique et socio-tulturelle
d 'Haiti
Modèle du processus de communication
Modèle de la structure sémantique de texte dOe Freder iksen
Schéma d'expérimèntation
Graphique 1 Compréhension du françait en score z et
pourcen-tage
Graphi9ue 2 C?mpréhension du créole en, score ~ et pourcentage
Graphique
3
Distribution des sujets de l'échantillon suivantles scores z obtenus pour ,loes deux làngues (français"
47
74
76 116l.24
124 et créole) 12.5 ( ,,
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PROBLEME ABORDE ET PERTINENCE DE L' ETUl'fE
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La priSe en compt~ des paramè.tres sociologiques dans le
comporte-ment langagier a permis au niveau de certaines analyses e:qpfriq'ues de
d~aget' tln. certain nombre de critères suséeptiblés. de définii' la s
itua-• 1
tion socio""'linguistique de 'groupes sociaux ou de communaut~s entière~.
Il s'agit notamment de critères mettant particulièrement. l'accent SBr
,
le' rappor t en.tre la langue et -le suj
è
t parlaN. En effet, puisquecha-"
que individu (1) appartient
a
une certaine classe sociale,. et y a uneposition. un rôle et un statut. des analyses ont démontré combien ces'.
forces qui .~éterminent 1 'arrière-plan soa~al du loçuteur sont appeléeS!
:il se refléter dans' son comportement 1a!lgagier. Le rappor,i;: au langage
du locuteur a' éEé égalemen,t' défini à partir des attitl.ldes qu'il a à
" >
l ' égard
des"lan~~~
en usage dans· la éommunauté linguistiquê à laquelle
~~--"'--"',--
.-i l appart.-ient. Dès lors, on comprend combien il est difficile d 'opé'ter
une description
.
1inguistiq~e qui ne ti.endrait pas compte des àttitudesface au langage. ou encore de cette apparténance sociale, c' est-à-dit'e de cette situition socio-linguistique.
c'est dans de telles perspeétives que l~s travaux de Be,rnste~n
'(1961, Î964, ,1965, 1966) et ceux de Bouraieu et Passet'on (1973',191.5) ...
,
..
(1) Dans ce texte, les termes,' a~
dividus eng16ban~ aus.si bien
2
9culin désignent des ensembles d'
:1n-~o~es_ qUe.le~es. 1 •
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(
-, " ,ont mis en évidence des différences dans le maniement linguistique en-tre enfants issus da milieux socia-culturels différeD:ts. Il est tout
à fait clair qu'on peut parler d'une compétence. langagière chez les erl~
fants en fonction de certains paramètres sociaux notanunent la catégorie
"
socio-professionnel1e des parents. Cet~e competencë ,péut s 'actu~liser
en des codes ,sociolinguistiques différen'ts (Bernstein), èn des va~i'étés,
,
de langue (Labov), en deux langues systématisees par les différences.
50-cial es en "langue du peuple" et "langue de la bou~geoisie" (Bourdieu et
P.asseron) , ou encore en deux langues socialèment hierarchisées pour des
raisons historiques ~ politiques ou économiques... Cette dernière
IiOitua-tion à laquelle se réfère 1; problématique de la situaUon.
soci6-U.nguis-\ '1.t\
tique des' enfants d ':immigrants haitiens au Québec fait l 'obj
et
de la.pré-sente ~tude.
"
"
';'-1
Les enfants d'origine" haHiénne qu'ils soient né" ou immigréSl au
Qué-bec se trouyeht dans une situation linguistique où coexis't9!lt deux :;Lan~uQs:
le français et le créole. En'Haïti, les c~asses sociales moyennes et
ilupé-rieures utilisent cOlnme mode de comnrunication pout' se f'aire' comprendre et
comprendre les autres le~ deux' langues en usage dans .le pays.
,
Pat contreles classes ouvrières et paysannes parlent .unl~uement le créole. Au
Que-l bec t 'la diéhotomie français - créole avec cette fois-ci un inversement des
pôles, (en Haiti le ,créole 'est majoritaire, ici ,au Québec i l est minor;lta-!-.
l , . Y , ~
.
,
.
re) pose la
problé~t.ique
de laré~.onse
à la demandeli~guist:'ique'
d'un'csr-tain nombre d'immig~ants et de leurs enfants. Il s~agit des imm1gran~s
3
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" <. " J ' ! ,!If ,~ ilt@;.,Q.s ,",31\.. , ~ r.;I;-'~""'J",~ ... az;_.~tv'io'Jt.,ft.~"'·!o-~~~'Vf.!:~R· .", y •
.~
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haitiens dont le comportement linguistique se tFaduit. par une
incapaci-• c,
té à communiquer dans une langue autre que le. créole. Ou encore des
"pseudo-séolarisés condamnés à un français approximatif" (Déj ean 1981: 91).
Il est tertain que ·la "langùe ''d~s enfants doit ~tre décri~e à partir du '
,
ou des système(s) lingui,stique(s) le/les plus cohérent (s) et le/les plus
régulier (s') de leur (s)
commun~ut~
(s)li~guistique(s).
Il- nou's apparaîtdonc que toute "sociolinguistiquè d~ l'immigratAon haitienne au Québec'"
doit s~ sai,9ir, à la fois. dans la problématique qui met ~n rapport les
comporte~ents ling~istiques' et les "classes sociales -et, tout aU,siai bien
"
dans celle du statut "concurrentiel" d~ langues sOG:ia1ement marquées
dans un g:oupe où ,l'une "domine"l'autre.
> '
L'élucidation de la pro~lématique oon~errtant la situation socio-'
, ,
linguistique des enfants d 'imm~grants ha1tiens ~u 'Québec ne va
pas
sans,un Qerta~n nombre de consid~rat,i~ns théoriqu~~ui conce!nent ~out par-,
ticulièrement l'arrière-fond de la situation Linguistique cl 'Haiti et ses'
.
'
inc.idences sur. la =communauté haitienn~ iml~ligrée. En ef'fet, dans leur
description de la situation qui décfJu1e de la coexistenèe du créQ1e a,.Vec
l' " . ~
le français. le concept de "diglossiell' a ,éeé le cadre de téfé'rence
théo-rique
'lar2~ment
utilisé~ar
les linguistes et socio1inguistèS à propos~ - 10 ,
d IHalti,. L' éclatement de ce concept dans les milieux ~es pJus rep;r:ésen-·', '.
tatH. de la
ling~stiqUe ~O~i.le
,d"auJ
ou,r1'hUi(VOi~' ,~rUdent
198il pour 'discussion) nous incitè,
apr~s
un examen4s
thèses. en' présent!e, à faire4
\
.
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1.
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-.
.
, ,...
~ , " '. .1 " tj ,il. notrE: tour une remise eh q~estion c\e ce concept.
, f l' l' ,
Ainsi puisque d~ns ,
, '
le aadte 'de l ' iIlJllligr,tion7, ,.il r.ésulte ',de
fa
coe~istence de deux: . ~ !Jo... \ , , ' ( 1 , ,
..
commu-I~, ~~
nautés, 1i~glfistiqpes différ,entes, une sitûation de bilinguisme,
... . J . " .., :::
nous
~'1
avons "opté pour le
• ~ t 1
.
. ,bilingùfsme comme cadre de référence héorique da!:ls' ',.
1 t .. t
: l,'examen de, ·1.a sÙuation sdeio-linguistique
~ " des enfants d 'innnigr~nts:
~ haïtiens
,
Québec..\.*'..
, Su '. ~ itj btl't étude, ',consiste,Le fondamental de notre à décri'l"e et à évaluer
. . . . . . ' c _ . . ., 1
les apti~des 'langagières des enfan.ts hai tiens à pàrtir de la totalité.
"
:, des données sociolinguistique,s auxquelles ils sonf exposés.. Noùs nouS'
<
" propo~on~ dans ceUe recherche de prendre la class~' soci~l'e sur une
ba-,se diqhotomique comme première variab.1e
.i~dépend4nte
d'une part, l'atti';~ - ; " ~ 1 ' "
" tude
d~
la famille vis à vis du'franç~is
et du créE>lecomrn~ se~condè
va-n t r ~ ~ \ . . . . .. t. l " . 1. Il "
riable.' in,dépendante d'autre part. La
'c~mPféhen~iQn, oraJ.~ du.~f~ançaiS
ett •
,
.
du créoIè de l'enfant déterminée pàr le rap'pel ,des proP9~itions dans ~ 'une
J ,
et l'autre ,langue sera ~la vax;iable' dépendante étu'd·iée. P"lusieurs raisons
' . ,. ,.... r, ' . . ... ,.
.
,.. :,nous portent:à croire qu'une'tel1e·.~tude p'èùt se" révéLér particul1èrement
,
fécondé et utile: ' ,
!.;''' ~ ....
. /
.
"1. Un' bon nombre d' enfa,nts haHiens ',théoriquement admis conune
fFancopho-. ' ,
. "
nes 'dans les écoles du ~QuéDec' dbivent' fonCtiorfner dans une 1ang?e
é-'1 ,,~. 1 P , ~
"
trangère et Boc,ialeme}1t dominante et de plus, dans un contexte
socio-
'f-linguistique où le codé lingui;;;tiqu~ qu'exi-ge l'école est différent
, l ' , '
de celui de leur famille.
2.
En rélevant les obstac1és ,.
susceptil"~es de faire 'varierlinguistique de
'~
1appreN.an~ hai~Jie~ ~ace
'à 'la • demande' lfnguistique delâ per~ormance
l'école québécoiSe • .' i l sera, possible 'de sPêci~ier'les tâ~hes d' appren'..
.$ "' " '" '." "
t
t
J '
i 't
-(
•• 1(.,
Iql " '. , ,.
i 1 1 ,13.
X
PPi Xli t44~ at.tt4tt"t~ "
..
/
, ,.
.
,tissag~ pou,r ce groupe, dO,nné d'enfants d' inunigra~ts et· d'utiliser ces - données pour bâtir les progra,nunes et les matériaux pétlagogiq'ueQ.
"
t
Enfin ce qui nous a
surt~ut
guidéd~n~
le choix d'un tel sujetc'~st,
'(à notre cOi'maissance) qu'aucune étude n' a port~ dü:ectement ,sur ce •
probl:ème. .on peut certes retenir dans un ,cadre d'e'rtsemble, ies
'ré-flexions de Déjean, Pi~rre':Jacquesj Domingue et Lafe'rrière 'Ou éncor:e
", ' ,
le rapport Ravary et la sYnthèse des" discussions sur Le jeune Mitien
--,
.
'
..,
en m.i,lie,u scq).aire montré.alais publiée pa'r le .Cèntre haitien d
'orien-tation et d'information. scolaire (CHOIS) ,. mais ces réflex,ions ou: t-ra- ,
~ 1
vaux ne sont pas appuyés sur une étude .. empirique de la situation socio-_
1
liJ,'lguistique des enfants.
NotFe étude comportera donc lieux 'aspect's;' l'un présentera nos
orien-.
, ,tations . théariques glc;>bflles, 1.' autre., qui concerne la r,echerche'. einpir~que
, "
propre~nt dite't-' couvrira ~a partie mEthodologi'que~ et',les résult~ts. Notlre'
,
.
premi'e"t: •. chapitre aura
·po~t:
obj et de situer notré étude ,danssÇ>~ ~o~texte
historiqJ,le, c' est-à-dit::e', celui' de'l'
i~igra.Üon hiiit.ienn;~
au' Québec. Audeuxi~~.,.
chapitre;:~~s ~fE!:rol)s
une analysé- d.es dtffél>èntes théories(di~
• 1 J ,
"
glossfe,
bilinguisll)~
de,,,clase:e~
à,p~x;tir d~squ'~lles c~t~ai~s tip.gui~tes
et,... ,. ~ ~
.
socioli:nguistes ont tenté d t e~aniiJ:ler·,la situatipn 1inguis tique d 'Raiti. Au
' \ , , ' 1 . ' " 1
."
trdis:1-f!me chapi tte nous aborqerons le bilinguisme haÙien àu: Québec. sous .
~ ~~
ses aspècfs so'cio
èt
psycho-1'ingui~tiques et définirons le modèle qui f\0\.ts"
..
' ·i 6,
" ... .:\. ~'.
,1
1 , 1 .' '...
f ' •.
\ ,..
!,
, .'.,
.
" " , . .. " ,',s~rvira à évaluer la compréhension orale du français et du créole' des
enfants d 'lmmigrants ha'itiens au Québec. ,Au quatri~me chapitre, nôus
passerons en
rev~e
les différentsélém~nts
d'analyse 'de lac~mpéte~ce
, ) ~
socio-la.ngagaère' des enfal}ts haitiens à travers les., etùdes ,et
recher--', 1
ch~s faites tant en Haïti que dans les pays o~ i l y'a une forté
co~cen-, : tration d
;inunigr~Îlts
hait1ens. notamment les Etats-Unis ed le Canada,pour aboutir ensuitè à la formulation de nos hypothèses. Nous
consa-crerons le cinquième chapitre à notre appr'oche méthodologique et nous
décrirons la population
.étudié~·
et les instruments utiÜsés. Enfin aud'ernier chapitre. nous ferons, la présentation de' nos r'esultats et ',nous
terminerons par nos concÎusions et reconnnandati9~s. '
1 , ,
.
' " "..
; 1 >, II. -... " . j 7 ,•
of' 1 ~ " ' , " , -" 'A ".(
,'.
'. / .~
, )1
-(
'"
,
1 1 " PREMIERE PARTIE -, CADRES THEORIQUES,
.•
" "'. \ " , ,1
1/
'.
--1
CHAPITRE 1LES HAITIEN AU QUEBEC: ELEMENl.S' POUR UNE ANALYSE DES FACTEURS
'EXTRA-LINGUISTIQUES DE LEUR ,SITUATION
mme nous l'avons déjà signalé', cette étude
s~
propose de.
,d- puvrir les cprrélatiou~ possi~les entre conduites
:socio-langa-gières en miÙeu familial des enfants haïtiens .. nés ou
.
immigré.~- au"
Québec, et leur compréhension relative du français ,et du .créole:':-Notre première ligne de réflexion théorique se situe au point de
renca.ntre de la
~ocio1ogie
et'du
phénomènem~grtoire
avec le comportement linguistique des immigres.
"
en rapport
n'
s'agit d'UIl
cadre théorique il: partir' duquel un ensemble deif. , "facteUl:'s., ont serVi à, l ' exame!l. du comportement linguistique des
immi-( grés. • En effet .. centrant l~ur analyse sur certains facteurs
histori-ques, 'chronologique, démographique?, sociaux. culturels et po+itihistori-ques, les socioJ.:inguistes_ont .. -élaboré un descriptif extra-linguistique que
...
'"l'on peut très schématiqu~ment
.
résumer ainsi:'
"Le comportement: linguistique des immigrantlil
'e'st fonctia~ de l'époqu'e de. la- m!-gration
(da-te, âge) du volume et de sa répartition sur le territoire, de là structure sociale. (niveau d'éducation) • 'dè la mobilisàtion idéologique
,(i~igraHons politiques 'et' des fàcteur's
_his-~oriqu,es ou .l~o1itiques externeS'" (Fishman, 1966).
"
..
' , ,.
,
~, "
.
'. 1 •.
,.'
J , , &~ll' faudr~il;
souligner ici. que touace~_ facteur~
qui 'ont fait"',
~
.
.
~ , ,.1' obj et des é t,udes consacréès 'aux langues' dans 18, mi.gra tiop se
ré-,
.
.
,vèlent significat ifs.
~in~i
l'approche' historiq~e,
:qui f orlna ,l'und'es volets'de la méthode d'investigad.on de Fishman,(1966), a p'èrmis
• j . . , ~ .r
de
d~t:erminer .empi~iquement ~e comp~rtement li~guis·tiq.ue
d 'unec'lmm~-naut:~ ~ur.
t'rois~.,;/
'iri '
,."
!:
ge~j"t.~ s •
"
'On reconna.it:, asse; srossière;ment le schéma
'~u;i:y'ant:
Les parents:, arriVes' adultes, conservent leur
lan-gue ma ternelle et, apprennen t J.' anglais comme langue
seconde; lès enfants, a~rivés jeunes, ou nés aux
Eflats-Un.is,· parlent les deux langues ou bien
com-prenn~'nt la langue maternelle de leurs pa,:-ent.s' mais sans la parier (surtout dans le cas des couples
mixtes), les ~etits enfants sont ~niJingues
anglo-. pho~~s la, Îüupa.rt .du temps" (De 'Heredia-Deprez 1976: 36).
.
J
~ "
- c'
e'"s
t 4onc' 'Su~ l'axe:' du tePlps que ce ,situece
descrr,iptifextra-1 • ~ .... : "
ling\iistictué 'qui ,s t ~nsère dans, le cidre historique de
.
la migration •,
Mais plus 'encore, d~s donRées quantitatives sur la volume des arrivants'
de
mêm~ or-i~ipe,
la4~~e d~
'leur arrivée .au pays d' acc.ueil" leur âge,i •
• . ' r
leur' concentration géographiqu~ ~ le\lr niveau Cl t éduc~tioh ainsi que leur
• •• 1 ~ ~
,statut so~io-professionMI demeurent des faêteurs indispènsables dans
l ' andyse
d~ compo.t~ent
linguisUJue
desimm;~ré.:·
,A. èe'.t~ùrnj~",
11
Y
'a
Ùeu de s'interroge: également Sur le .pro'fil~e
1'immigrat~l
enpré-\
.
.
~sence. S' ag~t-il d'une immigration- définj.t).ve celle de peuplement or-
.
dinairement a~c:\en~et stable et assimi.lable1 Ou, au contrai're.
s.'
agit...,i l d'une immigration éSli'entiellement transitoire caracté;d.sée par ~
c}ê-
"
"sir d'un retour au pays d'~rtgiU'e 'à plus
ou
~Qin9 brèVe' écliéa,~cè?v . ,
.
.., Nousr10
1 .'.
'1
i'
1· 1..
' l'r
1 1 ! •!
•
1 , , ,.
'.
.
.
,..
' " '. , ''.
1r
tenterons dans
un
premier temps de répondre à ces questions et dansun second temps' de faire 1,lIle descripVo~ à la fois démograp~ique et
. " socio1ogiqu,,: de la communauté haïtienne. Enlin' nous dégagero}ls les
grandes lligne'g susceptibles de définir le comportement linguistique de cette'communauté.
1. Dynamique de l'immigration haitienne au Québec: Profil,
Type.~ et Circonstances. '
Si l'immigration haïtienn~ au Québec est un phénomène
relative-ment récent, sa configuration présente le profil d'une immigration
, 'II' '
famili.a1e, comparable à celle des immigrants de l'Europe du Sud, dont
. la dynamique revêt un caractère constant. En effet, pour la plupart
1
des familles, l'entrée, d'un Haltlen au Québec- signifiait l'arrivée
éveht~elle'
d.'asce_nd~rit~
"d~ descenda~ts
etde
collateraux p'ouvant &echi.ffrer
J~sq,u
'à un'e vingtaine de 'parents etmê~e
plus~
Aujourd 'hui, '
.
. cette immigration, -vie'il1e
cl
'~n
'qùa'I't de siècle environ, p,eu,t déjàê.tr~
évaluée à près"d~ ?~.
OOQ personnes, de sorte " qu f on peul: parler,~u~ourd 'hui tf., selon' l'expression de Paul Déj'ean (1978: 1.) ~ "de popu-
...
laUon ~aittennè
att
Québ~c et,non seulement d (immigration haïtienne."Ce n'est pa.13 le ,fruit du hasard ,qu 'uI}e si grande pouss~e migratoire
,~ 1 ~.., -r "... - - ' "
-haitienne se ,soit
dirig~e
vers'le-Québec.La~thèse so~ent
accréditée. . - y 1
que l
t-H31d.e~
êst
att.!l:'êpin.
le, Québec à cause de la. languefranç.ai~e
,~. • - . . ' . r'
semble ,êt.re de ~oin ].a cause fon~menta1e de cette immigration •
•
,
.
,
.
La'
.
modernfsatLon au:Quél?ec au .'mOJII~nt
'de. la "Révolutfon tranquUle".. ~ - ...
vers lès années 60. nécessitait de plus en plu8 une nouvelle main-d'oeuvre •.
, ' .. 11
.
,
.
•
,
- -_ _ _ _ _ _ _ _ t~t~~,~WJ_ . . _.*J~_V~,"_'"_'~"_ .. ~~-~.--.~,.~, ..
--~~----~--~---(~
(
·Aux considérations d'ordre économique s'é}joute le- sbuci de ne pas ren-forcer, par une immigration trop souvent tentée de s'anglièiser en tou-chant le continent nord américain, la position dès anglophones 'à l'in- . térieur de la province. Le besoin d'une main-d'oeuvre francophone pour
n
assurer l'équilibre linguistique et accélérer la marche de la "Révolu-tion tranquille" serait. d'une part, des facteurs qU,i auraie'n.t ,entre. autres, encouragé. la première vague d' iminigrat-ion hai tienne au Québec. D'autre part, l'émigration massive des Haitiens i~pond manifestement àdeux causes fondamentales; un besoin de survie économique et la fuite du régime politique en place. , Les immigrants veulent échapper à la pauvreté et bénéficier des chances de perfectionnement qu'offrirait la
.~
société québécoise, tandis que leg réfugiés fuient:1'oppression et,le danger qui menacent leur vie.
Qu'ils soient immigrants ou réfugiés, la plupart des Haltiens se considèrent comme des émigrés provisoires qui retourneraient dans leur
patrie 'moyennant un changement de régime politique ou une amélioration de la situation économique. La p~overbiale prédilection de l'Haitien pour sa "Ha'iti chérie", "la Perle des Antilles", aura sans doute rendu
(.
difficile son attachement à quelque pays que ce soit. On ne s'étonnera guère de la vague des chansons- composées par les- artistes de la diaspora . haitienne, traduisant la vel1eité de cet aspect de leur " imaginaire dans une nostal&ie à nten plus finir. Les facilités de communication entre Haiti et le Québec, les visites
saisonniè~~s,
ont révélé de plus en plus la stabilité du régime en place et là hausse du coût de la vie dans un12
•
' i
..
-'
contexte de r.~gression économique et d'un. fort pourcentage de chômage.
Réintégrer 1~ pays devient illusoire et l'aspect temporaire. de
l'im-migration haitienne au Québec a pris de plus en plus un caractère beaucoup plus permane.nt par le choix de la naturalisation. Ce çhoix, "exigence d'ordre professionnel": recherche d'une certaine "commodité
personnelle (Déjean 1978;109)" ou encore statut facil.itant la
réunifi-• cati·o'!} des familles, n'est nullem~nt une 8arantie d'accès à la culture
québécoiiJe. Car l'immigrant. c'est-à-dire la première génération, est
1
encore attaché ~
~'ancienne
société, en même temps qu'il fait partiede la nouvelle société mais sans y être attaché.
Puisqu'on fait remonter la premiÈre présence haïtienne au Québec après la Deuxième Guerre mondiale, mais que la très grande maj orité des itnmigrants haïtiens ne sont arrivés qu'à partir de la fin des années
soixante, c ~~e~.t en termes de première génération qu'on peut analyser
le comportement linguistique de cette minorité. En eff~t, selon Claude
Mareil (1981:22), -\lne qUF.Lrantaine d "Haïtiens vivaient au Qt{ébec peu
a-.
~.
.
~près la Deuxième Guerre ~ond1ale et .en 1966 on en comptait quelques
centaines. Aujourd'
~ui
•trE~fl.te
mille Haïtiens se sont établis au Qu€becet ont "permis la sréation du premier pont sérieux entre les Noirs et
les CaItadiens français (Mareil 1981:22)." On peut, en gros, diviser
l'immignrtion haH:ienne en trois phases distinctes: de la période de
l'après-auerré jusqu'au début des ànnêes 79" de 1973 à 1977 et de 1977,
jusqu'à nos jours. .'
. 13
~
i
~
1
l
"
La première phase 18t- caract;erisée par un f1ut' migratoire
re-,-
-"
lativement :fl:lible. La maj eure partie de ces immigrants, très
ins-truits et tiilingues pour la p1up~rt ont été accueillis favprab1ement
par les Canadiens d'origine française, qui voyaient en eux d'hâbiles
professionnels
s~sce~tibles,
en raison de lalan~ue,
non seulementde participer pleinement aux affai7'es de .1a C011~cdvité
en
mati:èrede services sociaux et d'éducationj. mais encore de s'intégrer .. à la •
culture
québéc~ise.
Quant à la dJuxième phase. elle est surtoutmar-quée par le caractère massif de l'immigration. En effet, ae 1973 à
1977. seloon ~es données dt! Ministère de l'Immigration: "Hai~i se
pla-ce au premier rang des pays sourpla-ces d' i~igiàtion pour le Québec"
(Bu1-letin statisti-que.annuel, vol. 5 (1977), p.S. Ce flux migratoire a vu,
l'ar~vée de classes sociales, de professions et de métiers divers et.
l ,
un pon nombre de rràvailleurs plus ou moins bien équipes. Enfin, à
.par-tir de 1977, le flot a beaucoup baiss,é. Cette période est égale:nent
mar-quée par l'arr~vée au Québec, de ce,que Paul Déjean (1979) appelle "les
réfugiés de l'air. i ' Ce sont 'pour la plupart, des Haitiens issus des
masses popu1air~s citadines ou rurales qui,. lasses de vivte la situation
socio-économiquè du pays qui se dég~ade, voient c;omme leur seule planche
"
de salut la fuite à l'étranger. Comme les immigrants de la seconde
va-gue, ils sont peu instruits et n 'o,nt pas .toujours une compétence
techni-,
que qui les aiderait à faire face sans trop grande difficulté à la vie
dans un pays industrialise tel que }e Canada.
14
\.
~,
'.
(
"
2.
Descri~tion de la communauté haitienrtt:! iDlIlliirée: démographfé ,et structure soc;i.a1e.
Si la division chronologique envisagée ci-dessus constitue un
point de repère important pour situer dans le t~mps à la .Jois le
vo-lume et l'époque de l'immigration haitienne au Québec, elle permet tout aussi bien de cerner le profil de la structure Boci,ale de cette communauté.
Jusqu'en 19?5, plusieurs estimations au sujet de la présence
".
..
. haitienne au Québec ont été faites. On évaluait à~ q~elque centaines
... ~~
les haitiens qui vivaient au Québec à cette ep?que. Selon les
sta-.~' tistiques du gouvernement fédéral, de 1963 à 1~66', 234 immigrants
Ha.itiens eptraient au Canada et 291 en 1967. Toùs les historiens de
.
"l'immigration haitienne. Laferrière,(1975), Jadotte (1977), Dejean
(1978), Claude Mareil (l~8l) sont unanimes à reconnaître que la pre~
mière vague d'immigrants ,hai tiens faisait partie en grande majorité
de l'élite itte1lectuel1e et professionnelle. Les don~~es
statisti-ques EÎur l ' $plOi proj ete par les inunigrants de cette pre;mière vaiue confirment cette hypothèse (Tableau 1). Il s'agit, en effet, de pro-fessionne1s de la lIlédec;i.ne, de l'éducation, d'un grand nombre
d'infir-,
.
mières, d'avocats, d'ingé~ieurs, d'administrateurs, tous formés dans,
ie
moule de la francophonie et aptes à s'intégrer" à la sociétéqu.ebé-coise. w Immigration fructueuse d~ surcroît, car, elle 'permet au pays
er.
d'accueil. d'économiser les frais d'éducation assumés dans ~e'pays
d'ori-)
gine. (On évaluait
il
$20.000 l~ montant qu'il fallait pour la formation15
/
".
, t•
,
~1
'.
1
...
--.
-..
..
-.
-~.
1965 1966 1967 1968 . 1969' 1970. 1971 1 1972 , 1973 TOTAL?-('ti
8 .... -;-TABLEAU l 'Population haitienne active
par groupes professionnels projetés·. (Canada)1 . . :
a
, CJl 0.
•
a
'ri 0 +.) -.-j l1i ~ +.) \..1 0 +.) tU 4J • .-1 \..1 () CJl Ul >< 0 -0-1 .0-1 CJl' ':;:1 " D4Co,
~• cu.
l1i - CJli'
-,...
4-1 Q) '1:: S , 0 ~ ltS '0 H :;:l H 0 ~ '~ çO 8 t) ,.
-
28 8-
-1- . 33. 3-
-7 . 12,4 1.8l'
-2 - 153.
40 - 1--
,l'
217 47- -
. 2 . 263 . 144 1. 1 6 . '212 172 1-'
6 155- 100' " 4 2 1 6.
204 273. 6 , 3 31 1 389 805 '146
.
-_._- _._-1(Pays de dernière résidènce) 1965-1973 1 1 " Q) Ul ~
...
Ul (1) 0 l1i H • .-j..c:
;::l ~ u Q).
Ul 4J ·U U (1) CD ...-i :;:l «l ,\..1 U U ::l \..1 Q)a
''';u
.j..J ID Ul§,
r13 :> • .-j tn ..c: Q) 1:: ~ ~ c () c 1 .~ Q) 0' 0 (<1).,...
t).
CI) ~ 'U ~ ~-
-
2-
l-
-i-
4-
-
-
-
-2,-
23
-
1-
-
--3 1 33 1-
-
-7
153
, l4
-
-5 l' 73' 2 8-
-15 -, 91 1 12-
-lO '
à
100' 1 88-
1.
31 8 , 235 - ' '223-
1.
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43 41 84 3-
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270 .1.74 444 '1 2 371 17,9 550-
5 596 244 . 840 15
733 256 989 8 -14-
691 245 936 1 17 21 1 718 , 46,0 2 178 35 4'7. 4655
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400"
L . . - _ _ ' - - - . _ - _ . -• ,*L'empl~i.
projeté,a'pour base la professiôn'd~
candidatau
moment oùJ.i1 fait sa demande dè résidence. De 1965. à 1.972 l'emploi projeté est ide~ié selon la-classification du Diction-'nary bf occupationa1 tit1es (D.O.T.) utilisé par Stastique Canada (C,P.S,C.). A par~ir de1973;
, i l est identifié- selon la C.C.D.P. 'comme.
e~pliqué au tableauA.
~'annexe.Source: Etabli .selon ~~ cla~sification des professions de Statistique Canada, C.P.~.C" '
utilisée jusqu'en 1973. . . .
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totalé d'un ~édecin à cette époqu~, par exemple).
En général les "élitesll "qui émigrent, à part le rythme de vie
et l'isolement du début, ne sont pas trop dépaysées. L'élite pro-fess-ionnelle" et intellectueLle haitienne issue de la bourgeoisie et de la classe moyenne décrites comnie étant Itthe enlighten'}d segment
of the population and world-orienfed" (Wingfield et Parenton 1965 :340)
poss,ède en fait un niveau d' éduca tion qui non seulement lui cOl\fère la richesse, le prestige et le pouvoir dans son pays mais ehcore fsci'-lite son adaptation sociale ,dans d'autres sociétés. On comprend donc aisément que cette première vague d'immigrants instruits et qualifiés n'ait pas eu de mal à s'adapter à la société québécoise. Un fait im-portant à noter 'est qùe, dans bon nombre de cas~ le Québec est le pay~
d'une seconde'émigration. Le Tab~eau II, qui établit la comp~raison
ent~e le,nombre d'immigrants haitiens admis au Québec répartis par pays
, de naissance (colonne A) et par pays de dernière résidence (colonne B) nous ind,ique à la colonne (A - B) le nombre d'immigrants d'une seconde rêmigration. ,Il
est
aisé de remarquer le pourcentage élevé de ces immi-, grants au co~rs-de la période ordinairement reconnue comme périoded'im-,igration de r'élite haitienne: 26.9% en 1968, comparativement à 3.3% en 1973 et 2.7% en 1980. Il peut s'agir vr~isemb1ablement de ce cont~n gent de professionnels haitiens engagés ou bien par des ot~anisafions spéciales des Nations Unies ou hien directement par les nations africai-nes noùvellement indép,endantes vers le début des années 60 et qui com-mençaient- déjà à laisser 1es pays africains pour les Etats-Unls ou pour le Canada.
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~-"TABLEAU II
.,.Comparaison entre là nombre d'irnrnjgrarits haitiens admis au
Qu~b~cide 1968 à
1980
r~partisÂnnêe
1968
1969
19701'971
1.972 _ <t.
973
1974
1975 •.1976
1977,
1978,
, r9'79.1980
TOTAL , ~par pays de maissance
(A)et
(B)par pays de dernière résidence
f , 1 • < ~ A
568
- 668908
1060
1009 . 2266-4856
, ,34223094
20111625
" '12581594
,
B418
510
794
9a6
884. 210~ 4690"3308,
2966
1945:15-79
1208
1SS(J
24339 '22897 '..
(A:"B)15'3
148
114124
1.25'.1:.57
,1.63 114128
66
46 "
50-44
1.432 " ~ .; % "26.9%
~~.l'
1 , 12.5),,1.7
.' 12.36
.9-,
3.3
3.3
4.1
3 •• 2 ,,' f~a 3.92.7,
5;: B%.----_.-''Source:
Québec:. Immigration -
Lan'~ues1968
-,1974.
Bult.etin spécial'No
2."
M;i.nistère de
, 11
Immigz:a:tion. du Quél:?ec'.
Direction de
ÜiRecherche.
Les _ données allan:t p.e 197'5
'à
1980 ont été compilée? par
~ierre Miche~Laguerrè
à
l'aide qes renseignements.
fournis. par J:è M.
l '. Q • 1Direption de la recherche.
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"Il est donc
indé~iable
que la ,J)remiè:te vague d'il1llIligrim~s ~haitténs
co~portait un pourcentage élevé d'intellectuels. Paul Déjean (1~78;
29) estime. que jusqu'en i97l une majorité des
i~igrants
baitiel\s auQuébec accusait un taux élevé de scolarisation. Ainsi pour la
pop,u-active à l'arrivée, 62.5% des immigzants en 1968, avaient plus.
scolaritê, tandis qu'en 1976 ce pourcent~ge n'était plus
•
que 14.3%. Ces chiffres bien qu'ils donnent une sign-i-fication
concrète du niveau culturel et éducatif des premiers immigrants hait_~ens '
, "
au ;Québec, ne concernent que la population active. Or, très souvent
l'immigration est à l'image des diffêrentes classes Goéiales qui'com-..
~ ~ d'
fi.
1 d " J. 1 i 'posent ,la societe origine. insi. si alssant e cote, es cr teres:
pays de dernière r'ésidence, pays de citoyenneté, population activ~, .'
nous prenons en compte tous les immigrants nés en Haiti selon.leu~
ni-veau de 'scolarité (Tableau III) une autre réalité 'apparaît'; celle d'u.ne
/>1
immigratiQn haitienne ,qui, à côté du "drainage des cerveaux",
e-ranspor-te dans son sillage
u~ pour~entage
d'ana~phabètes
t ' st"ricts ou fonGtion-,.
,. nels, qq 'on éV'al1,.1e à 20;' (Bulletin Parlementaire, Saint":'Léonard et Anjou
. No 30. mai 1982).
.
"Ces analphabètes sont surtout des immigrants de la deuxième et de la troisième vagues composées en grande partie des ,couches sociales
défavo-rbées. technique:nent mal prêpa,rés pour fa.ire face à une société indus':'
,
trialisée. C' es~ un changement radical avec un nouvel .. ~nvironnement te~h;,
nique', linguistique. des fiabitudes alimentaires de logements t de loisirs,
etc •.• différents, !un univers qui se trouve modifié dès le débax:quement:
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TABLEAU III "Immigrants n€s, en Haiti admis au Québec de 1.968 à
1980,selon le niveau
de.'scol~rité l ,"
-.
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ANNEE D'ADMISSION
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~ cl", ",
,.
" 1973 1974 ~,16-- 1-977 1978,' ,Année
1968 1969 1970 ,~f7l
1972 197'5 1979 • 198:0 1de
, , : ;,
..
Scolarité
N N N N N N N N'N
N
N·
NN
.. ~ %-
',' -" , , 986 ' , : 0 , 205 170 . 208 196 236 145 356 470 836 462. 1 340 335 21. 0 1 1,
.
.
, 1 ~ -,.
1
à
7
, '5 20 26 42 57/ ' 296 1130 1080 413 367 485 - 387' 552 34.6..
-
r •.
-
,·8
'à
11
.
52
94
144 ' 239
240
1048
.
1'955
1199
91.3
,499
416 ' 3+9
420
26.4
.
.
. • 1 ,12
et,
13 ,84 115 200 2.84 , 254 587 990 5·15 306 173. 163 118 155 9.7 -' ,..
,.
,.
14.e'tplus
223.262
337 2~2 230 359 469 194 :202115
99 94132
8.3.
.
,.
-TOTAL' 569 , 66,1 915 1053 -1017 2435 4900- 3458 2880 '1990 1625' 1258 1594 ~
-.'
,.
Source:
Ministère de l'Immigration
~u Qué~ec.Direction de<la Recherche.
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~~'ltft~11:.r-'"':"-.
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~~'affl~~4~s'm~ss~s popul~ires .citadines'ou rurales dèvait bo~leverser
'dans un~, c~r~aine mesure
l
~ échiquier soëi.a,l de la, commun~ut,é haitienne . "au- Québeç. - 'Pour la' p:i:èmière fois la dich?tomie français! creole' varé-yél~r i~
pays d'accueil~he àime~sion
particulière de l'immigration ,
-,
-,haitienne et
~'imfac\
de la~~ngu~'dans
la
.structùration sociale. Pâle reflet d'une réalité que lès documents ,officiels n'ont pas su bien pré-senter car, ,selon le Ministère de ~'I~igr~tion' du Québec, non seulement. -
-,"la ,part des immigrants' cohnaissant le français liieuiement se maintient
à un niveau plus élevé qu'auparavant. puisque Haiti se trouvait parmi
,
-les principal.es sources d'immigration" (M. 1 - , I.Q BuJ.letin statistique
an-~ ) _
-nuel vol. 5(!977); 5), niâ~s ençore on,a vu la liste des f~ancophones
d'Haiti immigrant au 'Québec , (Tableau IV) s'amplifier. Si,
contraire-- "
ment aux offic~ers d'immigration qui remplissent les formulaires de
,
demande d'admission au Québec, on pouvait déterminer ce que c'est que
, ,
,"connaître le français" et; S'il était possible de recenser les locuteurs qui- connaiss'ent ou non cette langue, à quel chïffr~ ·arriv~rions-n0!ls?
• • ~ - fi
Probablemept pas 88.3% de la_population , ' i~igrée. comme nous l'indIque le TB:bleau V.
On peut avec ce~t,aines rés~rves certes', les. classes sociales n~e-xistant paQ comme des entités discrètes autour desquelles il est possible d'établir des frontièr~s précise~, selo~ la conception nord-améric~ine de
_ f
"la classe sociale" ~ admettre que certaines variables définissant la
.
-stratification sociale d'Haiti ont survécu -, ~~I à la trans~lantation en terre
, '
québécoise. Ainsi rep~enant les vàiiables qui en Haiti interv~ennent
f