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Électrodynamique quantique en circuit : mesures à grand nombre de photons

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Academic year: 2021

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(1)´ lectrodynamique quantique en circuit : Mesures a` E grand nombre de photons. par. Vincent Bouliane. m´emoire pr´esent´e au D´epartement de physique en vue de l’obtention du grade de maˆıtre `es sciences (M.Sc.). ´ DES SCIENCES FACULTE ´ DE SHERBROOKE UNIVERSITE. Sherbrooke, Qu´ebec, Canada, 22 septembre 2014.

(2) Le 9 octobre 2014 le jury a accepté le mémoire de Monsieur Vincent Bouliane dans sa version finale. Membres du jury Professeur Alexandre Blais Directeur de recherche Département de physique Professeur Denis Morris Membre interne Département de physique Professeur Claude Bourbonnais Président rapporteur Département de physique.

(3) ` ma famille et `a ma copine A. iii.

(4) Sommaire Un excellent candidat pour la r´ealisation d’un ordinateur quantique est le qubit supraconducteur. Il s’agit d’un syst`eme dont le spectre est discret et dont les niveaux d’´energie sont s´epar´es de mani`ere anharmonique. On peut donc dire qu’il s’agit d’une r´ealisation en circuit d’un atome artificiel. Afin de contrˆoler cet atome artificiel, on s’inspire de l’´electrodynamique quantique en cavit´e, o` u un atome interagit avec le champ ´electroma` gn´etique confin´e dans une cavit´e. A l’aide de circuit, il est possible d’atteindre des forces de couplage lumi`ere-mati`ere impossible `a atteindre en cavit´e. Le syst`eme propos´e par Blais et al. [1] remplace les atomes par des qubits supraconducteurs et la cavit´e par un r´esonateur coplanaire supraconducteur. Malheureusement, obtenir des solutions num´eriques pour ce probl`eme devient rapidement tr`es demandant et ce, surtout en pr´esence d’une excitation ext´erieure de grande amplitude. Dans ce cas, plusieurs approximations ne tiennent plus lorsqu’on s’int´eresse `a la physique de ce syst`eme. Par exemple, `a forte puissance, les qubits supraconducteurs ne peuvent plus ˆetre trait´es comme de simples syst`emes a` deux niveaux. On doit e↵ectivement tenir compte des niveaux sup´erieurs du qubit. Un exemple de cette difficult´e est la mesure a` avalanche, qui permet de d´eterminer l’´etat initial d’un qubit en regardant le nombre de photons dans le r´esonateur dans son ´etat stationnaire. Dans un certain r´egime de param`etres, il est possible d’atteindre un nombre de l’ordre de 105 photons lors de cette mesure. Ceci correspond a` un espace de Hilbert tr`es grand, de sorte que trouver num´eriquement l’´etat stationnaire est un d´efi, mais simuler la dynamique de ce syst`eme est un d´efi encore plus grand. Il faut donc se tourner vers des approximations ou des techniques num´eriques di↵´erentes pour parvenir a` saisir la dynamique de ces syst`emes. C’´etait donc la motivation premi`ere de ce projet. Pour y parvenir, il a fallu utiliser diverses m´ethodes num´eriques, ainsi que quelques approximations. Avec ces m´ethodes, on a ´etudi´e la dynamique de deux types de mesure qui se produisent a` tr`es grand nombre de photons et donc n´ecessitant un tr`es grand espace de Hilbert. iv.

(5) Remerciements Commen¸cons par le commencement, en remerciant mon directeur de recherche, Alexandre Blais. J’ai beaucoup appris durant ma maˆıtrise. Merci de ta patience avec des projets sans fin et ma maˆıtrise qui s’est ´etir´ee pour mes raisons personnelles ! Un gros merci aussi aux membres de ce groupe. Merci a` Andy, d’avoir travaill´e avec moi pour une bonne partie de ma maˆıtrise. Les discussions avec toi se terminaient souvent par une nouvelle id´ee pour d´ebloquer un probl`eme. J’ai ´et´e tr`es impressionn´e par ta connaissance des m´ethodes num´eriques. Merci aussi a` Kevin, qui a toujours de judicieux conseils pour bien coder. Merci enfin `a mon voisin de bureau, Adam, qui a su r´epondre a` toutes mes petites questions, aussi insignifiantes soient-elles. Je ne peux pas n´egliger l’apport essentiel de mes amis de physique. Doum, Laurent, Papa, Gasse, Karl, So, Ken, Pete. Merci de m’avoir laiss´e envahir vos bureaux n’importe quand pour un 5-10 minutes. Je n’oublie pas non plus Lahur et Ga¨ ube, qui sont partis dans d’autres universit´es, mais qu’il me fait toujours plaisir de revoir pour nos vieilles traditions, comme les crevettes `a volont´e et le Shack `a Doum. Merci a` toute la gang pour des discussions parfois longues et inutiles sur l’origine des trous noirs, sur le pourquoi du comment de la m´ecanique quantique, ou tout simplement pour perdre ”The Game”. Merci beaucoup a` mes parents, pour leurs conseils de vie toujours utiles. Merci aussi a` Anne-So de m’avoir encourag´e. Un gros merci `a Caro, ma copine, qui m’a support´e et endur´e pendant mon chialage. Heureusement pour nous, c’´etait r´eciproque ! Enfin, je voudrais remercier mes anciens professeurs Michel et Guy au secondaire, qui m’ont donn´e le goˆ ut de poursuivre mon chemin vers la science. Un choix que je ne regrette pas !. v.

(6) Table des mati` eres Sommaire. iv. Table des mati` eres. vi. Liste des tableaux. ix. Table des figures. x. Introduction. 1. ´ 1 Electrodynamique quantique en circuit 1.1 Cavit´e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.1.1 Pilotage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.1.2 Dissipation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.1.3 Non-lin´earit´e . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.1.4 Bifurcation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2 Transmon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2.1 Boˆıte de Cooper . . . . . . . . . . . . . . . 1.2.2 R´egime transmon . . . . . . . . . . . . . . 1.2.3 Dissipation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.3 Interaction entre circuits . . . . . . . . . . . . . . 1.3.1 Couplage qubit-r´esonateur . . . . . . . . . 1.3.2 Couplage via une ligne `a transmission . . 1.4 R´ef´erentiel tournant . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.5 Mesure du qubit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.5.1 Mesure `a avalanche . . . . . . . . . . . . . 1.5.2 Bifurcation dans des r´esonateurs coupl´es vi. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. 4 4 7 7 9 10 14 14 17 19 19 20 21 24 25 25 26.

(7) Table des mati`eres. vii. 2 Les trajectoires quantiques. 29. 2.1. Th´eorie de la mesure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29. 2.2 2.3. Notion de trajectoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 ´ Equation de Schr¨odinger stochastique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32. 2.4. Algorithme de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34. 2.5. 2.4.1 Interpolation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 Avantages et inconv´enients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37. ´ 3 Etats coh´ erents et espaces de phase 39 ´ 3.1 Etats coh´erents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 3.2 La fonction Q . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 3.3. 3.4 3.5. D’une ´equation matricielle a` une ´equation aux d´eriv´ees partielles . . . . . . 42 3.3.1 Cavit´e seule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 3.3.2 Cavit´e coupl´ee a` un qubit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 ´ Equation de Schr¨odinger dans un r´ef´erentiel d´eplac´e . . . . . . . . . . . . . . 45 Transformation de polaron . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47. 4 Principe variationnel 48 4.1 Principe variationnel d´ependant du temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 4.1.1 Variables complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 4.2 Dissipation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 5 M´ ethodes num´ eriques 53 5.1 XMDS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 5.2 SQUACK . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 6 R´ esultats num´ eriques 6.1 R´esultats avec la m´ethode d’espace de phase . . . . . . . 6.1.1 R´esonateur seulement . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.1.2 Couplage avec qubit . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.2 R´esultats pour la simulation de mesure avalanche . . . . 6.2.1 Analyse avec trajectoires sans r´ef´erentiel d´eplac´e 6.2.2 Analyse avec le r´ef´erentiel d´eplac´e . . . . . . . . . 6.2.3 Probl`eme avec la transformation de polaron . . . 6.3 R´esultats pour le simulation avec le principe variationnel. . . . . . . . .. . . . . . . . .. . . . . . . . .. . . . . . . . .. . . . . . . . .. . . . . . . . .. . . . . . . . .. . . . . . . . .. . . . . . . . .. . . . . . . . .. . . . . . . . .. 55 55 56 58 59 60 60 62 63.

(8) Table des mati`eres. viii. 7 Analyse des r´ esultats avec le groupe Quantronique. 66. 7.1. Hamiltonien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66. 7.2 7.3. R´esonateurs non-lin´eaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 Simulation `a 4 r´esonateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69. 7.4. Simulation `a 2 signaux de pilotage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71. Conclusion. 74. Bibliographie. 78.

(9) Liste des tableaux 6.1. Param`etres de simulation avalanche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60. 7.1. Param`etres de simulation du groupe Quantronique . . . . . . . . . . . . . . 69. ix.

(10) Table des figures 1.1 1.2 1.3. Pics de transmission de la cavit´e Fabry-P´erot . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 R´esonateur coplanaire supraconducteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Sch´ema de la bifurcation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11. 1.4 1.5 1.6. Fonction Q des ´etats L et H . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 R´eponse de l’oscillateur non-lin´eaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 S-curve exp´erimentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14. 1.7 1.8 1.9. Sch´ema de la boˆıte de Cooper . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 Niveaux d’´energie du transmon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Ligne a` transmission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22. 1.10 Mesure `a avalanche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 2.1. Trajectoire par saut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33. 3.1. Exemple de fonction Q . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43. 6.1. 6.4 6.5. Solution pour l’´etat `a un temps t arbitraire de l’´equation aux d´eriv´ees partielles pour un r´esonateur seul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Temps de simulation en fonction de la taille de l’espace . . . . . . . . . . . Solution de l’´equation aux d´eriv´ees partielles pour un r´esonateur coupl´e a` un qubit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ´ Etat d’un r´esonateur avec qubit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fid´elit´e de l’´etat variationnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 7.1 7.2 7.3 7.4. Forme du signal d’excitation pour S-curves simul´ees . . . . . . . . . . S-curves a` 2 drives . . . . . . . . . Lecture du qubit avec S-curves . .. 6.2 6.3. la bifurcation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . x. . . . .. . . . .. . . . .. . . . .. . . . .. . . . .. . . . .. . . . .. . . . .. . . . .. . . . .. . . . .. . . . .. . . . .. . . . .. . 56 . 57 . 59 . 61 . 64 . . . .. 68 70 72 75.

(11) Introduction Plusieurs ph´enom`enes naturels sont r´egis par les lois de la m´ecanique quantique. La d´esint´egration atomique, la supraconductivit´e ou des r´eactions chimiques complexes, tous ces ph´enom`enes ne peuvent ˆetre compris qu’`a l’aide des lois de la m´ecanique quantique. Afin de mieux comprendre les syst`emes quantiques et de faire des pr´edictions concernant leur comportement, il n’est toutefois pas suffisant de connaˆıtre les postulats de la m´ecanique quantique, il faut aussi pouvoir simuler l’´evolution de syst`eme quantique. Comment s’y prend-on pour simuler efficacement des syst`emes quantiques a` l’aide de processeurs classiques ? La r´eponse n’est pas simple. Il faut d’abord comprendre les exigences reli´ees a` la simulation d’un syst`eme quantique. Un des principes fondamentaux de la physique quantique est le principe de superposition. Dirac proposa d’ailleurs dans les Principes de la m´ecanique quantique [2] que le principe de superposition constitue le point crucial s´eparant la th´eorie classique de la th´eorie quantique. Un second concept fondamental est l’enchevˆetrement. Ce concept a ´et´e a` l’origine de controverses, puisqu’il semblait remettre en question la causalit´e. Einstein, Rosen et Podolsky propos`erent l’exp´erience de pens´ee EPR [3] afin de montrer les contradictions apparentes de la m´ecanique quantique. La v´erification exp´erimentale par Aspect [4], suivi par plusieurs autres groupes [5, 6], de la violation des in´egalit´es de Bell a toutefois enlev´e le doute entourant le concept d’enchevˆetrement en m´ecanique quantique. Le principe de superposition et l’enchevˆetrement sont responsables de la difficult´e a` simuler un syst`eme quantique. Prenons par exemple un ensemble de N bits classiques. Pour d´ecrire l’´etat complet du syst`eme, il faut N nombres (1 nombre, 0 ou 1, pour chaque bit). Avec des qubits, il faut maintenant 2 nombres pour chaque qubit, car ils peuvent ˆetre dans une superposition de 0 et de 1. En plus, puisqu’ils peuvent ˆetre enchevˆetr´es, et donc possiblement dans un ´etat non-s´eparable, les N qubits ne peuvent ˆetre d´ecrit par seulement 2N nombres. Le nombre de configuration possible de ce syst`eme est 2N , qui peuvent ˆetre en superposition. Il faut donc 2N nombres pour d´ecrire un syst`eme de 1.

(12) Introduction. 2. N qubits. C’est pourquoi simuler un syst`eme quantique avec un processeur classique est une tˆache ardue. La complexit´e augmente tr`es rapidement et le temps de calcul devient trop long, malgr´e les supercalculateurs actuels. Ceci est une motivation importante pour la construction d’un ordinateur quantique. Richard Feynman avait d’ailleurs remarqu´e qu’un ordinateur ob´eissant aux lois de la m´ecanique quantique serait en bien meilleure position pour simuler des syst`emes quantiques [7]. L’unit´e de base d’un ordinateur quantique, le qubit, peut ˆetre fabriqu´e de diverses mani`eres : les spins, les niveaux atomiques, etc. Mais en plus de devoir les fabriquer, il faut aussi connaˆıtre leur fonctionnement, comprendre comment faire des mesures efficaces, ou comment optimiser les temps de d´ecoh´erence. Afin de d´evelopper un ordinateur quantique fonctionnel, il nous faut ˆetre en mesure de simuler cet ordinateur, avec ses composantes pour la lecture des qubits ainsi que les mani`eres de modifier l’´etat des qubits. Par exemple, dans le cadre de l’´electrodynamique en cavit´e, des atomes de Rydberg interagissent avec le champ ´electromagn´etique confin´e dans une cavit´e [8]. Le champ ´electromagn´etique permet de contrˆoler et de lire l’´etat de l’atome avec lequel il interagit, car les photons deviennent enchevˆetr´es avec l’atome, qui sert dans ce cas-ci de qubit [9]. Dans ce travail, on s’int´eresse `a la version en circuit de ce syst`eme, propos´e par Blais et al. [1]. L’id´ee est la mˆeme : le champ ´electromagn´etique confin´e dans un r´esonateur interagit avec un atome artificiel. Le r´egime dispersif [10], valide `a bas nombre de photons et a` couplage faible, a ´et´e utilis´e pour expliquer diverses exp´eriences [11]. Au-del`a de ce r´egime, quand on augmente le nombre de photons dans le r´esonateur (en augmentant la puissance du signal micro-onde d’excitation), le r´egime dispersif n’est plus valide. Loin d’ˆetre un inconv´enient, cela permet d’atteindre un r´egime o` u il est possible de faire la lecture d’un qubit en une seule mesure, la mesure de type avalanche [12, 13, 14]. En raison du grand nombre de photons, et donc de l’espace de Hilbert en jeu tr`es grand, il n’est pas facile de simuler num´eriquement ce r´egime. Par exemple, lors d’une mesure avalanche, le r´esonateur peut contenir autour de 105 photons dans certains r´egimes de param`etres. On revient donc au probl`eme initial. On veut un ordinateur quantique pour comprendre des ph´enom`enes quantiques, mais il faut d’abord pouvoir simuler classiquement cet ordinateur quantique afin d’aider a` son d´eveloppement et d’optimiser ses performances. Puisque la m´ethode en force brute demande trop de temps de calcul, il faut donc trouver d’autres approches pour pouvoir simuler l’ordinateur quantique. La motivation de ce travail ´etait donc de simuler plus efficacement des syst`emes dont l’espace de Hilbert du r´esonateur devient tr`es grand. Normalement, il faudrait r´esoudre.

(13) Introduction. 3. num´eriquement l’´equation de Schr¨odinger en pr´esence d’un environnement. Dans cette situation, il est plus efficace de d´ecrire la dynamique du syst`eme sous la forme d’une ´equation maˆıtresse o` u l’on a ´elimin´e les degr´es de libert´e de l’environnement. Cette m´ethode constitue la m´ethode habituelle pour simuler l’´evolution d’un syst`eme quantique dans un environnement. Elle n’est toutefois pas tr`es efficace pour un grand espace de Hilbert. On a essay´e diverses m´ethodes pour acc´el´erer les calculs. D’abord, on a r´e´ecrit l’´equation maˆıtresse en ´equation aux d´eriv´ees partielles en la projetant dans l’espace des phases et en r´esolvant l’´equation pour la fonction Q de Husimi. Cela n’a pas ´et´e efficace, alors on a adopt´e une autre strat´egie. En observant la fonction Q de la matrice densit´e, on a remarqu´e que les ´etats se repr´esentent souvent sous forme d’´etats coh´erents. Une autre approche a donc ´et´e d’utiliser une m´ethode variationnelle afin de simuler efficacement un ´etat qui aurait la forme donn´ee. Bien que cette m´ethode ait l’avantage d’ˆetre ind´ependante de l’espace de Hilbert, l’´etat du syst`eme ne restait pas vraiment dans la forme impos´ee et donc cette m´ethode n’´etait pas ad´equate. Enfin, la derni`ere approche a ´et´e de combiner deux techniques existantes. La premi`ere technique utilis´ee est la m´ethode des trajectoires quantiques. Cette m´ethode est une m´ethode stochastique qui requiert de stocker beaucoup moins d’informations en m´emoire que la m´ethode standard de r´esolution de l’´equation maˆıtresse. La deuxi`eme technique est d’utiliser un r´ef´erentiel d´eplac´e. En choisissant ad´equatement notre r´ef´erentiel dans l’espace des phases, il est possible de diminuer la taille de l’espace de Hilbert n´ecessaire `a la description de l’´etat. En combinant les deux m´ethodes, on obtient une m´ethode de simulation qui a un tr`es bon potentiel. On a appliqu´e cette technique pour simuler l’´etat lors d’une mesure a` avalanche, mais comme la m´ethode de calcul n´ecessite que l’´etat soit proche d’un ´etat coh´erent, la technique n’a pas ´et´e tr`es utile (puisque, comme on le verra plus loin, l’´etat du syst`eme lors de cette mesure est tr`es loin d’ˆetre un ´etat coh´erent). Enfin, la m´ethode combin´ee des trajectoires et du r´ef´erentiel d´eplac´e a pu ˆetre appliqu´ee pour simuler une exp´erience du groupe de Quantronique `a Saclay. Il s’agit de quatre r´esonateurs non-lin´eaires reli´es `a la mˆeme ligne ´ a` transmission. Etant non-lin´eaire, ces r´esonateurs peuvent acc´eder a` un r´egime dit bistable, dont les deux ´etats stables sont un ´etat a` bas nombre de photons et un ´etat a` haut nombre. Le r´ef´erentiel de chacun des r´esonateurs a ´et´e d´eplac´e afin d’acc´el´erer les calculs au maximum, peu importe l’´etat. La taille de l’espace de Hilbert pouvant devenir tr`es grande en raison des e↵ets non-lin´eaires, c’est un bon moyen de v´erifier l’efficacit´e de la m´ethode num´erique. On s’int´eresse a` la probabilit´e de bifurquer de l’´etat peu peupl´e a` l’´etat tr`es excit´e..

(14) Chapitre 1 ´ Electrodynamique quantique en circuit On pr´esente dans ce chapitre les ´el´ements constituants de l’´electrodynamique quantique en circuit. On commence par le r´esonateur, en version lin´eaire et non-lin´eaire. Les qubits supraconducteurs, et en particulier le transmon, sont ensuite introduits. On verra ensuite les divers couplages lumi`ere-mati`ere (i.e. r´esonateur-qubit) possibles dans ce syst`eme. D’abord il y a le couplage entre le champ ´electrique et le moment dipolaire dans un syst`eme form´e d’un transmon plac´e dans un r´esonateur. Un autre type d’interaction est le couplage indirect via une ligne a` transmission entre divers syst`emes quantiques. Enfin, on discutera bri`evement de deux exp´eriences auxquelles je m’int´eresserai dans le cadre de ce travail. Ces exp´eriences permettent la lecture de l’´etat du qubit avec une bonne fid´elit´e. Toutefois, la simulation num´erique de ce type de mesure repr´esente un grand d´efi, puisqu’elles n´ecessitent de travailler avec un tr`es grand nombre de photons.. 1.1. Cavit´ e. La grande force de l’´electrodynamique quantique en cavit´e est de confiner le champ √ ´electromagn´etique dans l’espace. Puisque l’amplitude du champ augmente comme 1� V [15], avec V le volume de la cavit´e, ceci a pour e↵et d’augmenter le couplage avec le moment dipolaire d’un atome ins´er´e dans la cavit´e. En pratique, la cavit´e est constitu´ee de deux miroirs presque parfaitement r´efl´echissants. Une partie de la lumi`ere entrant dans cet espace se trouve pi´eg´ee. Elle fera des allers-retours entre les deux miroirs. Chaque allerretour ajoute une phase `a l’onde et il se produit un e↵et d’interf´erence entre ces ondes. 4.

(15) ´ Chapitre 1 : Electrodynamique quantique en circuit. 5. 1. Transmission (U.A). 0.9 0.8 0.7 0.6 0.5 0.4 0.3 0.2 0.1 0 0. 5. 10. 15. 20. Frequence (GHz). Figure 1.1 – Les pics de transmission de la cavit´e Fabry-P´erot. La position des pics est un multiple entier de !r . De plus, pour un facteur de qualit´e constant, la largeur des pics est plus grande `a plus haute fr´equence. Il en r´esulte un filtre de fr´equence (voir figure 1.1). En e↵et, en raison de l’interf´erence, seules les ondes ayant une fr´equence bien pr´ecise sont permises dans la cavit´e. Les autres seront r´efl´echies. On obtient donc un bon contrˆole sur la lumi`ere pr´esente dans la cavit´e. En injectant un ou des atomes entre ces deux miroirs, on peut faire interagir les atomes avec la lumi`ere dans la cavit´e [8]. L’´etat des atomes peut ˆetre contrˆol´e par la pr´esence d’un champ de photons d’´energie donn´ee. L’atome et le champ ´electromagn´etique peuvent s’´echanger des quanta d’´energie. L’´equivalent en circuit micro-ondes est r´ealis´e `a l’aide d’un r´esonateur coplanaire supraconducteur en guise de cavit´e. Une fa¸con imag´ee de comprendre le principe de fonctionnement de ce r´esonateur est une vue en coupe longitudinale d’un cˆable coaxial. On a ainsi une ´electrode centrale et des mises a` la terre de chaque cˆot´e. En coupant l’´electrode centrale par une capacit´e de chaque cˆot´e, la section isol´ee ainsi cr´e´ee devient l’´equivalent d’une cavit´e r´esonante, comme on peut voir `a la figure 1.2. C’est une version unidimensionnelle en circuit du r´esonateur Fabry-P´erot. Le confinement du champ fait.

(16) ´ Chapitre 1 : Electrodynamique quantique en circuit. 6. Figure 1.2 – R´esonateur coplanaire supraconducteur. Un r´esonateur est form´e de deux mises `a la terre et d’une ´electrode centrale coup´ee aux bouts par 2 condensateurs. en sorte qu’il y ait des modes discrets du champ ´electromagn´etique. La cavit´e accepte donc des photons dont la fr´equence est un multiple entier de la fr´equence de r´esonance ωr . Les pics de transmission ont une certaine largeur, d´efinie par le facteur de qualit´e de u κ est la constante de relaxation. la cavit´e. Il est d´efini par le rapport de Q = ωr /κ, o` Plus κ est ´elev´e, moins la cavit´e est un bon filtre et plus il y a de perte. L’utilisation de mat´eriaux supraconducteurs permet d’obtenir un tr`es grand facteur de qualit´e. Les pics de transmission ayant alors une largeur beaucoup plus petite que la s´eparation entre ceuxci, les modes sont ind´ependants les uns des autres. Il est donc possible de ne consid´erer qu’un seul mode de sorte qu’une seule fr´equence est importante. Les cavit´es r´ealis´ees en circuit peuvent avoir des facteurs de qualit´e de l’ordre de 105 [16]. L’Hamiltonien du champ ´electrique quantifi´e dans une cavit´e (sans tenir compte pour l’instant de la dissipation) a donc la forme Hr = ωr a† a. (1.1). ̵ = 1 pour tout le document). Il s’agit de l’op´erateur hamiltonien d’un oscilla(notez que h teur harmonique. L’op´erateur a(a† ) est l’op´erateur de destruction (cr´eation) d’un quanta d’´energie dans un oscillateur harmonique. L’op´erateur a† a est donc l’op´erateur repr´esentant le nombre de quanta dans l’oscillateur. On voit plus g´en´eralement l’Hamiltonien avec un facteur suppl´ementaire + ω2r repr´esentant l’´energie du fondamental. Comme on s’int´eresse `a la dynamique de ce syst`eme, on laisse tomber ce facteur, qui ne fait qu’ajouter une phase globale sans int´erˆet physique..

(17) ´ Chapitre 1 : Electrodynamique quantique en circuit. 1.1.1. 7. Pilotage. La cavit´e est coupl´ee capacitivement a` une ligne a` transmission. On peut envoyer un signal micro-onde dans cette ligne `a transmission pour contrˆoler le champ ´electrique dans la cavit´e. On peut trouver simplement la forme du signal de pilotage dans la cavit´e avec un argument semi-classique. Le signal dans la ligne a` transmission est VL = A cos(!d t + ) (avec !d la fr´equence du signal de pilotage) et on ´ecrit le signal dans le r´esonateur comme VR = V0 (a + a† ). On traite donc le signal dans le r´esonateur comme un signal quantique, tandis que le signal de pilotage est trait´e classiquement. Si les deux voltages sont s´epar´es par une capacit´e C, l’hamiltonien de pilotage est 1 1 Hd = C(VR − VL )2 = CV02 a† a�2 − ACV0 �a + a† � cos(!d t + ) + CA2 cos2 (!d t + ) (1.2) 2 2. On peut n´egliger le terme en A2 , car il est proportionnel a` la matrice identit´e et n’influencera pas la dynamique. De plus, on n´eglige le terme en CV02 a† a�2 puisqu’il est proportionnel `a a† a. On peut l’inclure comme une renormalisation de !r dans l’´equation(1.1) et la fr´equence de r´esonance devient !r → !r + CV02 �2. Pour simplifier le terme restant, on doit faire l’approximation s´eculaire, aussi connue comme Rotating wave approximation (RWA) en anglais. Elle consiste `a n´egliger les termes oscillant rapidement. On se convainc de la validit´e de cette approximation en passant dans la repr´esentation d’interaction, o` u les op´erateurs de destruction deviennent d´ependant du temps et prennent la forme a → ae−i!r t . L’Hamiltonien de pilotage Hd contient donc des termes oscillant a` fr´equence !r + !d et des termes oscillant a` !r − !d . La RWA consiste a` ´eliminer les termes oscillant a` la fr´equence !d + !r . Ces termes vont osciller tr`es rapidement autour d’une valeur moyenne nulle et sur les ´echelles de temps qui nous int´eresse (∼ 1�!r ), l’e↵et de ces oscillations est n´egligeable. Ce faisant, on obtient l’Hamiltonien approximatif de pilotage, qui a la forme Hd = ✏ �aei!d t ei + a† e−i!d t e−i �. (1.3). avec ✏ = −ACV0 l’amplitude du signal de pilotage.. 1.1.2. Dissipation. Les pics de transmission ayant une largeur non nulle, la cavit´e n’est pas un filtre parfait. La largeur des pics, nomm´ee  pr´ec´edemment, correspond `a la constante de.

(18) ´ Chapitre 1 : Electrodynamique quantique en circuit. 8. relaxation de la cavit´e. On ne peut inclure ce terme directement dans l’Hamiltonien, car celui-ci traite normalement des processus r´eversibles. Or, la dissipation ´etant irr´eversible (les photons perdus ne reviennent pas), il faut la d´ecrire par une autre mani`ere. La fa¸con habituelle de proc´eder est de traiter l’Hamiltonien complet form´e du r´esonateur et de son environnement. L’id´ee est semblable `a celle d´evelopp´ee pour l’Hamiltonien de pilotage. Dans le cas de la dissipation, on doit prendre le signal dans l’environnement (la ligne a` transmission) dans sa version quantique, contrairement `a la version classique utilis´ee pour d´eriver la forme du signal de pilotage. L’interaction entre le voltage de la ligne a` transmission et celui dans la cavit´e a la forme [15] HI = � d! (!) �a + a† � �b(!) + b† (!)�. (1.4). o` u (!) est le facteur de couplage `a fr´equence ! et les b(!) sont les op´erateurs d’´echelle cr´eant (ou annihilant) un photon de fr´equence ! dans l’environnement. Les op´erateurs a. n’ont pas de d´ependance en ! puisqu’on a sp´ecifi´e plus haut qu’on ne prenait qu’un seul mode. La constante de couplage est importante autour de la fr´equence de l’oscillateur harmonique. L’´echange avec le bain se fait `a des fr´equences autour de la fr´equence de r´esonance. On prend ensuite la trace partielle sur les degr´es de libert´e du bain pour avoir l’e↵et des pertes sur le r´esonateur, une proc´edure expliqu´ee en d´etail dans la r´ef´erence [10]. Il est n´ecessaire de faire les approximations de Born-Markov pour arriver a` un r´esultat simple. Ces approximations consistent `a supposer que le couplage avec l’environnement est faible et que l’´etat initial de la cavit´e n’est pas corr´el´e avec celui de son environnement. Enfin, il faut supposer que l’environnement n’a pas de m´emoire, ou que le temps de corr´elation est tr`es court. On obtient ainsi l’´equation maˆıtresse [17] ⇢˙ = −i [H, ⇢] + D[a]⇢. (1.5). Contrairement a` l’´equation de Schr¨odinger qui agit sur un ket, l’´equation maˆıtresse donne l’´evolution temporelle pour une matrice densit´e ⇢. Le couplage avec un bain fait en sorte que l’´etat devient une superposition statistique d’´etats purs, que l’on d´ecrit avec la matrice densit´e. Le dernier terme de l’´equation (1.5), appel´e le dissipateur, est donn´e par D[a]⇢ = a⇢a† −1�2 (a† a⇢ + ⇢a† a). En regardant de plus pr`es ces termes, on remarque que le premier terme du dissipateur (a⇢a† ), appel´e terme de saut, d´etruit un photon. On le voit bien si on prend l’´etat de la cavit´e dans un ´etat de Fock (les ´etats de nombres, ´etats propres de l’oscillateur harmonique quantique). Dans ce cas a � n � � n � a† = n � n − 1 � � n − 1 �. Les.

(19) ´ Chapitre 1 : Electrodynamique quantique en circuit. 9. deux autres termes du dissipateur sont particuliers. En e↵et, appliqu´e sur un ´etat de Fock, ils ne modifient pas l’´etat. Il peut alors sembler ´etrange qu’ils soient inclus dans un terme nomm´e dissipateur. On peut toutefois les r´e´ecrire en les incluant dans l’Hamiltonien. Mais pour y arriver et garder la forme d’un commutateur (alors que ces termes ne sont pas de signes oppos´es), il faut les ajouter de mani`ere non-hermitique. L’Hamiltonien pourrait donc s’´ecrire HN H = H − ia† a�2. (1.6). On peut donc d´ecomposer l’´equation maˆıtresse en deux parties : un Hamiltonien (nonhermitique) et un terme de saut a⇢a† . L’´equation maˆıtresse prendra alors cette forme : ⇢˙ = −iHN H ⇢ + i⇢HN† H + a⇢a†. (1.7). L’Hamiltonien non-hermitique fait en sorte de diminuer la probabilit´e d’avoir un ´etat `a n > 0 photons. On verra plus loin comme il sera possible d’utiliser cet Hamiltonien afin de tenir compte de la dissipation dans le but de faire des trajectoires quantiques.. 1.1.3. Non-lin´ earit´ e. Il est possible d’ins´erer une jonction Josephson dans l’´electrode centrale du r´esonateur afin de le rendre non-lin´eaire [18]. Le courant traversant une jonction Josephson d´epend d’une mani`ere non-lin´eaire de la di↵´erence de phase aux bornes de la jonc� contrairement a` des ´el´ements habituels de cirtion, I = Ic sin( �'0 ), avec '0 = h�2e, cuit qui ont une d´ependance lin´eaire, comme une inductance ( = LI). Avec la d´e@I et la relation entre et V , il est possible d’´ecrire finition de l’inductance V = L @t @I −1 L = � � . Cette d´efinition permet d’obtenir l’expression suivante pour la jonction @ @I −1 Josephson LJ = � � = Ic cos('0 �'0 ) . C’est pourquoi on peut dire qu’une jonction Joseph@ son est un ´el´ement de circuit non-lin´eaire. En pr´esence de la jonction, l’Hamiltonien du r´esonateur prend la forme [18] Hc = !r a† a +. K †2 2 K ′ †3 3 a a + a a 2 3. (1.8).

(20) ´ Chapitre 1 : Electrodynamique quantique en circuit. 10. Cet Hamiltonien est obtenu par un d´eveloppement perturbatif autour de la phase [19]. Le pilotage n’est pas inclus dans cet Hamiltonien. La valeur de !r , qui est la fr´equence de r´esonance de base de la cavit´e sans jonction Josephson est donn´ee par 1 !r = √ Lt C e. (1.9). o` u Ce est la capacit´e totale du circuit (incluant celle ajout´ee par la jonction) et Lt = LJ + Le . LJ est l’inductance de la jonction Josephson et Le est l’inductance du circuit (sachant qu’une cavit´e se mod´elise par un condensateur et une inductance). Les param`etre K et K ′ , responsables d changement de la fr´equence de r´esonance a` mesure que le nombre de photons augmente, analogue `a l’e↵et Kerr, sont donn´es par [18], K =−. ⇡p3 !r Ze RK. o` u (p = LJ �Lt ) est le ratio de participation, Ze = RK = h�e2 est le quantum de r´esistance. Puis, K′ =. (1.10). � Lt �Ce est l’imp´edance du circuit et. 2 K2 (10p − 9) 3p !r. (1.11). Une fa¸con de lire cet Hamiltonien est de voir la fr´equence !r comme ´etant d´ependante du nombre de photons (!r′ = !r + Ka† a�2 au premier ordre). Plus il y a de photons dans la cavit´e et plus la fr´equence de r´esonance diminue car K est n´egatif.. 1.1.4. Bifurcation. Dans cette section, on regarde l’´etat stationnaire d’une cavit´e non-lin´eaire. Pour y parvenir, on suppose que l’´etat est semi-classique, donc que � a � = ↵. On calcule donc la valeur de ↵ quand ↵˙ = � a˙ � = 0. Cela est ´equivalent a` calculer Tr [a⇢] ˙ = 0, en utilisant l’Hamiltonien en r´ef´erentiel tournant (qui sera expliqu´e plus loin `a la section 1.4) ⇢˙ = −i �(!r − !d )a† a +. K †2 2 a a + ✏(a + a† ), ⇢� + D[a]⇢ 2. (1.12).

(21) ´ Chapitre 1 : Electrodynamique quantique en circuit. H. (a). Response (arb. units). 11. L. 20 log( ). H. 10. B L. 0 (b). 3. 2 Ω/ΩC. 1. 0. Figure 1.3 – R´eponse d’un r´esonateur non-lin´eaire. Figure tir´ee de [18]. (haut) Courant a` travers la jonction en fonction du d´esaccord en fr´equence r´eduit pour di↵´erentes puissances. (bas)R´egions de stabilit´e en fonction du d´esaccord et de la puissance. La zone identifi´ee B est la zone o` u les deux solutions (L et H) sont m´etastables. On calcule donc l’´etat stationnaire de l’amplitude complexe ↵ du champ dans la cavit´e [18].  2 i �⌦ ↵ + K �↵� ↵� + ↵�2 = −i✏ 2. (1.13). avec ⌦ = 2Q(1 − !d �!r ) le d´esaccord r´eduit. La solution num´erique de cette expression apparaˆıt a` la figure 1.3. Comme cette ´equation est un polynˆome du troisi`eme degr´e, il y a 3 solutions en g´en´eral. Le nombre et la stabilit´e de ces solutions d´ependent du signal de pilotage. Dans le graphique du haut de la figure 1.3, les 3 solutions sont affich´ees. Deux solutions sont stables (courbes pleines) et une est instable (en pointill´es). On remarque qu’`a basse puissance de pilotage, la r´eponse (d´efinie comme �↵�) en fr´equence de la cavit´e a la forme d’une Lorentzienne centr´ee en !d = !r . Toutefois, `a haute puissance, la fr´equence.

(22) ´ Chapitre 1 : Electrodynamique quantique en circuit. 12. Figure 1.4 – Dans l’espace de phase, les ´etats stationnaires L et H d’un r´esonateur 2 non-lin´eaire. L’´etat H a un nombre de photons �↵� plus ´elev´e que l’´etat L.. ` mesure qu’on augmente de r´esonance est modifi´ee par la pr´esence du signal de pilotage. A. la puissance, la courbe de r´esonance commence `a fl´echir, jusqu’au point o` u la pente devient √ infinie (voir figure 1.5b) au point ⌦C = 3. En continuant d’augmenter la puissance, la non-lin´earit´e permet d’avoir deux ´etats stables avec des amplitudes ↵ tr`es distinctes. 2 La r´eponse �↵� donne une id´ee du nombre de photons �↵� dans le r´esonateur. Ces deux solutions, nomm´ees L et H, sont facilement distinguables. En e↵et, alors que L est l’´etat a` basse amplitude, le nombre de photons dans la cavit´e est tr`es bas. L’´etat H quant a` lui est un ´etat stable a` tr`es grand nombre de photons. On peut d’ailleurs visualiser ces ´etats dans l’espace des phases a` la figure 1.4. Ces deux ´etats sont des ´etats stables, mais les probabilit´es d’ˆetre dans un ou l’autre de ces ´etats d´epend de la puissance et de la fr´equence du signal de pilotage. On voit sur la figure 1.3 (bas) qu’en augmentant la puissance, on traverse la s´eparation entre les deux ´etats stables. En augmentant la puissance, l’´etat passe d’un ´etat `a peu de photons a` un ´etat avec un tr`es grand nombre de photons dans la cavit´e. Il y a une zone interm´ediaire qui s´epare ces deux ´etats. La fr´equence du pilotage d´etermine la largeur de cette zone. Plus cette zone est petite, plus la transition est abrupte. On peut repr´esenter ce passage d’un ´etat a` l’autre par des courbes.

(23) 13. -3. -2. -1 - / C. 0. 1. H. Response (arb. units). Response (arb. units). Response (arb. units). ´ Chapitre 1 : Electrodynamique quantique en circuit. -3. -1 - / C. 0. 1. -3. -2. (b) H. L -3. -2. -1 - / C. (d). 0. 1. -1 - / C. 0. 1. (c) H. Response (arb. units). Response (arb. units). (a). -2. L. L -3. -2. -1 - / C. 0. 1. (e). Figure 1.5 – Chaque graphique repr´esente la r´eponse du syst`eme a` une puissance de pilotage de plus en plus forte (sauf en 1.5e o` u la puissance est la mˆeme qu’en 1.5c) En 1.5a, on voit qu’il existe une seule solution stable pour une valeur de ⌦ donn´ee. La puissance du signal ´etant tr`es faible, la r´eponse est pratiquement celle d’un oscillateur lin´eaire. Si on augmente la puissance suffisamment, la r´eponse se courbe jusqu’`a ce qu’une pente infinie (en 1.5b) apparaisse a` une puissance critique. Si on continue d’augmenter la puissance, il existe pour certaines valeurs ⌦ trois solutions, deux stables et une instable (en pointill´es). Le syst`eme reste toutefois dans l’´etat L (en 1.5c, jusqu’`a ce que la puissance devienne assez forte pour qu’il n’y ait qu’une seule solution (en 1.5d). Alors l’´etat passe `a l’´etat H et mˆeme si on redescend la puissance (figure 1.5e), l’´etat reste en H, a` moins que la puissance descende suffisamment pour retourner en 1.5b, o` u il n’y a qu’une solution possible dans l’´etat L. en S, nomm´ees S-curves (figure 1.6). Ce sont les courbes qui montrent la probabilit´e ` basse puissance, l’´etat reste confin´e d’ˆetre dans l’´etat H en fonction de la puissance. A a` l’´etat L, donc la probabilit´e d’ˆetre en H est nulle. Puis, il y a une abrupte remont´ee pour atteindre 1, lorsque le r´esonateur non-lin´eaire est avec une probabilit´e unit´e dans l’´etat H. Cela se produit si la puissance est suffisamment ´elev´ee. Pour atteindre l’´etat H, il faut que la puissance du signal soit telle qu’`a un d´esaccord ⌦ donn´e, il n’y ait plus qu’une solution (l’´etat H). Ensuite, mˆeme si on redescend le signal, l’´etat de la cavit´e reste coinc´e dans l’´etat H, a` moins de descendre suffisamment la puissance pour que le seul ´etat stable soit l’´etat L. Il y a donc une hyst´er´esis dans la r´eponse du r´esonateur. On peut voir sch´ematiquement a` la figure 1.5 ce qui se produit. En r´esum´e, l’´etat stationnaire d’un r´esonateur non-lin´eaire dans ce r´egime de param`etres est soit un ´etat a` tr`es bas nombre de photons, ou un ´etat a` tr`es grand nombre de.

(24) ´ Chapitre 1 : Electrodynamique quantique en circuit. 14. ` partir d’une puissance Figure 1.6 – Courbe en S (S-curves) exp´erimentale, tir´ee de [18]. A critique, la probabilit´e que l’´etat reste dans l’´etat H est de 100%. Le graphique repr´esente la probabilit´e p(H) d’ˆetre dans l’´etat H en fonction de la puissance Pm du signal de pilotage. La puissance critique d´epend de la valeur de ⌦. photons. On contrˆole dans quel ´etat on veut aboutir en choisissant la puissance du signal d’excitation ainsi que sa fr´equence.. 1.2. Transmon. Dans cette section, il sera question de la boˆıte de Cooper, op´er´ee dans un r´egime particulier, nomm´e le r´egime transmon. Cet ´el´ement de circuit agira comme qubit, ou de fa¸con g´en´erale, comme un atome artificiel dont on peut contrˆoler la s´eparation entre les niveaux.. 1.2.1. Boˆıte de Cooper. Voyons d’abord les principes de base d’une boˆıte de Cooper. L’id´ee de base est de modifier l´eg`erement le circuit de l’oscillateur harmonique, form´ee d’une capacit´e et d’une.

(25) ´ Chapitre 1 : Electrodynamique quantique en circuit. 15. Figure 1.7 – Sch´ema de la boˆıte de Cooper Figure tir´ee de [1]. La boˆıte de Cooper est form´ee d’une capacit´e de grille Cg , d’une jonction Josephson d’´energie EJ et de capacit´e CJ . Un voltage de grille Vg est aussi appliqu´e au syst`eme pour fixer un point d’op´eration. Une imp´edance Z(!) repr´esente l’environnement ´electromagn´etique de la boˆıte et est responsable de la dissipation. inductance, pour en faire un objet ayant un spectre anharmonique tout en ayant un minimum de dissipation. Avoir un spectre anharmonique est important afin de pouvoir consid´erer l’objet comme un qubit. En e↵et, si la s´eparation entre les niveaux est la mˆeme comme pour l’oscillateur harmonique, on ne peut pas le traiter comme un qubit. En e↵et, une excitation ne fera pas seulement passer l’´etat du niveau � 0 � au niveau � 1 �,. mais passera ´egalement l’´etat de � n � a` � n + 1 �. Malheureusement, les ´el´ements standard des circuits sont soit lin´eaires, soit dissipatifs. La solution a` ce probl`eme est la jonction Josephson, qui poss`ede une inductance LJ qui se comporte de mani`ere non-lin´eaire avec la phase. De plus, comme la jonction est form´ee de supraconducteurs, il n’y a pas de dissipation, les paires de Cooper traversant la jonction par e↵et tunnel. La substitution de l’inductance par une jonction permet de fabriquer une boˆıte de Cooper. Elle est form´ee d’une ˆıle supraconductrice, qui est d´elimit´ee entre la jonction Josephson et une capacit´e Cg . Le circuit de la boˆıte de Cooper est illustr´e `a la figure 1.7. Ce circuit poss`ede un spectre anharmonique. Un autre syst`eme qui a un spectre anharmonique est l’atome d’hydrog`ene, c’est pourquoi le nom atome artificiel est utilis´e fr´equemment pour parler de ce type de circuit en g´en´eral. Avec ce circuit, on peut toutefois changer plusieurs.

(26) ´ Chapitre 1 : Electrodynamique quantique en circuit. 16. param`etres, dont l’´ecart entre les niveaux. Son Hamiltonien est [20] ˆ − Ng �2 − EJ cos ˆ H = EC �N. (1.14). , o` u EC = (2e)2 �(2(CJ + Cg )) est l’´energie ´electrostatique d’une paire de Cooper, EJ est l’´energie de la jonction Josephson et CJ est la capacit´e de la jonction. De plus, Cg est la capacit´e de grille et Ng = Cg Vg �(2e) est la charge de polarisation introduite par ˆ et ˆ, le voltage Vg appliqu´e au circuit. Les deux op´erateurs conjugu´es du syst`eme, N ˆ ] = i. Dans ce cas, respectent une relation de commutation similaire a` X et P , [ ˆ, N ˆ est le nombre de paires de Cooper ayant travers´e sur l’ˆıle et ˆ est la di↵´erence de N. phase entre les deux extr´emit´es de la jonction Josephson. Ce circuit tr`es simple peut ˆetre l´eg`erement modifi´e afin d’avoir plus de contrˆole. Si on remplace la jonction Josephson par un SQUID (une boucle form´ee de deux jonctions Josephson), on a maintenant un param`etre de contrˆole suppl´ementaire. En e↵et, pour deux jonctions d’´energie EJ , on u ex est le flux magn´etique remplace EJ dans (1.14) par EJ ( ex ) = 2EJ cos(⇡ ex �'0 ), o` externe qui passe dans la boucle. L’autre param`etre de contrˆole est Vg . L’Hamiltonien de la boˆıte de Cooper a une solution analytique dans la base des phases, impliquant les fonctions de Matthieu [21]. En ´ecrivant plutˆot l’Hamiltonien dans la base discr`ete des. charges, on obtient un Hamiltonien qu’il faut simplement diagonaliser num´eriquement pour en avoir les solutions. Toutefois, pour mieux visualiser la physique du probl`eme, on pr´ef`ere ne pas utiliser la solution analytique, mais plutˆot une solution approxim´ee. ˆ et ˆ sont des variables conjugu´ees. Avec X et P , on Pr´ec´edemment, on a vu que N peut construire l’op´erateur de d´eplacement en x en utilisant eix0 P qui d´eplace la fonction d’onde de x0 . Ainsi, eiP d´eplace la fonction d’onde de x = 1. On peut faire l’analogue avec ˆ et ˆ, mais dans ce cas ei ˆ d´eplace la fonction d’onde de N = 1. C’est donc l’op´erateur N de cr´eation d’une paire de Cooper sur l’ˆıle. Dans la base du nombres de paires de Cooper, ˆ = ∑ � N � � N � et l’op´erateur ei ˆ = ∑ � N + 1 � � N �. Ici, N et ne sont plus l’op´erateur N N. N. des op´erateurs, mais des entiers, contrairement a` l’´equation (1.14). L’Hamiltonien prend alors la forme H = � EC (N − Ng )2 � N � � N � − N. EJ (� N � � N + 1 � + � N + 1 � � N �) 2. (1.15). Si 2EC � EJ et si on restreint Ng a` des valeurs entre 0 et 1, cela fait en sorte que la charge se localise et N ne peut prendre que 2 valeurs. On peut alors seulement tenir compte.

(27) ´ Chapitre 1 : Electrodynamique quantique en circuit. 17. ` condition que des deux premiers ´etats et l’Hamiltonien se r´eduit `a une matrice 2 × 2. A l’´energie kB T soit plus petite que le gap et que l’´energie de charge, bref que les fluctuations thermiques ne soient pas plus fortes que les ´energies en jeu, l’Hamiltonien devient alors 1 H = − (Ee 2. z. + EJ (. ex ) x ). (1.16). o` u Ee = Ec (1−2Ng ) et les matrices de Pauli sont exprim´ees dans la base {� N = 0 � , � N = 1 �}. Dans ce cas, les ´etats et ´energies propres sont encore plus simples a` trouver. Les ´energies � propres sont ± 12 Ee2 + EJ ( ex )2 . On d´efinit la fr´equence de transition !01 de ce syst`eme a` deux niveaux comme la di↵´erence des ´energies propres. La s´eparation entre les niveaux d’´energie d´epend de Ng . C’est pourquoi on appelle ce type de qubit un qubit de charge. 01 ` Ng = 0.5, le qubit devient insensible au bruit de charge, comme on Comme d! dNg = 0 a le voit `a la figure 1.8. C’est pourquoi cette valeur de Ng est couramment nomm´ee le sweet-spot.. 1.2.2. R´ egime transmon. La forme du spectre en fonction de Ng d´epend fortement du ratio EJ �EC (voir figure 1.8). Ce ratio influence de deux mani`eres le spectre. La premi`ere est la sensibilit´e au bruit de charge. Si ce ratio est augment´e, la courbure des bandes d’´energie devient de plus en plus petite. En d’autres termes, les bandes deviennent plates et une petite variation de Ng ne change pas l’´energie. L’augmentation du ratio semble ˆetre une bonne chose si on veut prot´eger le syst`eme du bruit (et on voudra tr`es certainement en ˆetre prot´eg´e). Toutefois, un autre aspect important est influenc´e par le ratio EJ �EC . Il s’agit de l’anharmonicit´e. Pour pouvoir traiter le syst`eme comme un qubit (ou un atome artificiel au spectre anharmonique), il faut que la di↵´erence entre les niveaux soit di↵´erente pour tous les niveaux. En d’autres termes, il faut que !01 soit tr`es di↵´erent de !12 pour pouvoir traiter le syst`eme comme un qubit (!ij est la di↵´erence d’´energie entre les niveaux i et j). L’augmentation du ratio EJ �EC a pour e↵et de diminuer l’anharmonicit´e. Ceci semble ˆetre mauvais si on veut pouvoir avoir un qubit, mais heureusement, en augmentant le ratio, l’anharmonicit´e diminue de fa¸con polynomiale tandis que la sensibilit´e au bruit diminue de mani`ere exponentielle [21]. On peut donc avoir un syst`eme tr`es peu sensible au bruit avec une anharmonicit´e suffisante. Le ratio optimal est a` EJ �EC = 50. Ce r´egime de param`etre se nomme le r´egime transmon. Il a le mˆeme Hamiltonien que la boˆıte de Cooper, mais op`ere dans un r´egime de param`etres optimal..

(28) ´ Chapitre 1 : Electrodynamique quantique en circuit. 18. Figure 1.8 – Niveaux d’´energie du transmon a` di↵´erentes valeurs du ratio EJ �EC . La ligne noire repr´esente l’´energie du niveau 0 E0 . La ligne rouge est E1 et la ligne bleue, � = 1 ici, Ei = !i . Figure tir´ee de [21]. Pour EJ �EC tr`es petit, le E2 . Puisqu’on utilise h syst`eme est tr`es sensible au bruit de charge. Pour EJ �EC tr`es grand, le spectre devient pratiquement celui de l’oscillateur harmonique. Il y a une valeur optimale de EJ �EC = 50 `a laquelle le syst`eme est suffisamment insensible au bruit de charge tout en restant suffisamment anharmonique..

(29) ´ Chapitre 1 : Electrodynamique quantique en circuit. 19. Finalement, ces bandes d’´energies plates permettent d’associer une seule fr´equence `a chacun des niveaux d’´energie. L’Hamiltonien prend alors une forme tr`es simple Ht = � !i � i � � i � M. (1.17). i. ` cause de la locaavec M le niveau de troncation de l’espace de Hilbert du transmon. A lisation de charge dˆ u au grand rapport EJ �EC , les niveaux sup´erieurs du transmon sont ` faible signal de pilotage, les niveaux sup´erieurs a` 2 seront pratiquement peu peupl´es. A. vides, donc on peut restreindre la taille de l’espace `a 2. Si le pilotage devient plus intense, il faudra prendre M plus grand afin de tenir compte des populations dans les niveaux sup´erieurs. On voit donc que l’Hamiltonien peut ˆetre simplifi´e si on ne tient compte que de deux niveaux, pour obtenir Hq =. !a 2. (1.18). z. avec !a = !1 − !0 la fr´equence de transition du qubit.. 1.2.3. Dissipation. Pour traiter la dissipation du transmon, on doit prendre une approche Lindbladienne, c’est-`a-dire coupler le qubit a` un environnement et prendre la trace partielle sur ce dernier. Une approximation de Born-Markov comme celle utilis´ee pour traiter la dissipation dans un r´esonateur doit aussi ˆetre utilis´ee ici. Le r´esultat est [15] : ⇢˙ = −i [H, ⇢] +. 1 D[ − ]⇢ +. 2. D[ z ]⇢. (1.19). Le premier dissipateur d´etruit une excitation dans le qubit. Il s’agit de la relaxation spontan´ee, qui se produit apr`es un temps caract´eristique T1 = 1� 1 . L’autre dissipateur d´ecrit Dans ce travail, toutefois, ces termes le d´ephasage du qubit qui se produit a` un taux de dissipation n’ont pratiquement jamais ´et´e utilis´es, pour simplifier les simulations.. 1.3. Interaction entre circuits. Cette section d´ecrit les deux types de couplage utilis´es dans les simulations. La premi`ere est le couplage entre la cavit´e et un atome artificiel. L’autre type de couplage est.

(30) ´ Chapitre 1 : Electrodynamique quantique en circuit. 20. le couplage entre des r´esonateurs et une ligne a` transmission.. 1.3.1. Couplage qubit-r´ esonateur. Le couplage entre le transmon et le r´esonateur se d´emontre en suivant une d´emarche semblable a` celle utilis´ee pour la dissipation dans la cavit´e. On consid`ere un couplage capacitif entre ces deux dispositifs. L’Hamiltonien prend la forme [21] M −1. HI = � gij �a† ⇧i,j + a⇧j,i �. (1.20). i<j. u l’on avec ⇧i,j = � i � � j �. Ce r´esultat s’obtient en faisant l’approximation s´eculaire, o` † a laiss´e les termes a⇧i,j + a ⇧j,i . De plus, on suppose qu’on peut approximer le transmon comme un syst`eme a` M niveaux. Dans le r´egime transmon, l’anharmonicit´e ´etant tr`es faible (l’anharmonicit´e ´etant d´efinie comme E12 − E01 , cette valeur est petite si la s´eparation entre les niveaux est presque constante et elle est nulle pour un oscillateur harmonique), on peut montrer que le couplage est important seulement pour les niveaux voisins du transmon. Ainsi, le couplage devient : M −2. HI = � gi,i+1 �a† ⇧i,i+1 + a⇧i+1,i �. (1.21). i. Bien souvent, on se restreint a` un syst`eme a` deux niveaux uniquement. En ajoutant l’Hamiltonien du r´esonateur ainsi que celui du qubit on obtient l’Hamiltonien de JaynesCummings [22] HI = g �a. +. + a†. −�. (1.22). Cette forme conserve le nombre total de quanta, si un photon est d´etruit, une excitation dans le qubit est cr´e´ee et vice-versa. Le couplage atome-lumi`ere peut ˆetre tr`es simplifi´e si le couplage est faible devant le d´esaccord de fr´equence entre la cavit´e et le qubit, g � � �, avec = !r − !a . Dans ce cas, il y a tr`es peu d’´echange entre le qubit et le r´esonateur, donc on peut diagonaliser tr`es facilement l’Hamiltonien par une transformation unitaire † de la forme e � + a− − a � avec = g� [23, 24]. En appliquant cette transformation unitaire.

(31) ´ Chapitre 1 : Electrodynamique quantique en circuit. 21. a` l’Hamiltonien et en gardant les termes jusqu’au second ordre en , on obtient [1] : H ′ ≈ (!r −. z )a. †. a+. !a + 2. (1.23). z. 1 H ′ ≈ !r a† a + [!a + 2 (a† a + 1�2)] 2. z. (1.24). avec = g 2 � . On voit qu’il y a deux mani`eres di↵´erentes d’interpr´eter cet Hamiltonien. Dans le premier cas, la fr´equence du r´esonateur est modifi´ee par l’interaction avec le qubit. Plus pr´ecis´ement, la fr´equence du r´esonateur d´epend maintenant de l’´etat du qubit. Un qubit dans l’´etat fondamental fera augmenter la fr´equence de r´esonance de . En mesurant la fr´equence de r´esonance de la cavit´e, on peut donc d´eterminer l’´etat du qubit. Cette mesure est dite dispersive. L’autre mani`ere de voir cet Hamiltonien est de se dire que la cavit´e n’est pas a↵ect´ee, mais plutˆot que la fr´equence du qubit est modifi´ee par l’´etat du champ dans la cavit´e. La fr´equence du qubit devient proportionnelle au nombre de photons dans la cavit´e. Il s’agit du d´ecalage de Stark. Il y a aussi un terme qui d´eplace la fr´equence du qubit de d´ecalage de Lamb.. 1.3.2. mˆeme en l’absence de photons dans la cavit´e. Il s’agit du. Couplage via une ligne ` a transmission. Apr`es avoir trouv´e l’Hamiltonien d’interaction entre un r´esonateur et un qubit supraconducteur, on cherche ici a` trouver l’Hamiltonien d’interaction entre plusieurs r´esonateurs. Pour les coupler ensemble, la fa¸con de proc´eder ´etudi´ee ici consiste `a les relier `a une mˆeme ligne a` transmission afin de permettre un ´echange de photons via cette ligne. Ultimement, un circuit de la sorte permettrait de mesurer ind´ependamment chaque r´esonateur (leurs fr´equences de r´esonance doivent ˆetre bien s´epar´ees) en envoyant un signal dans la ligne a` transmission. La figure 1.9 montre l’allure de ce circuit. La th´eorie d´ecrite ci-dessous a ´et´e d´evelopp´ee par Kevin Lalumi`ere, du groupe d’Alexandre Blais. J’explique ici les grandes lignes de sa th´eorie. Elle permet d’obtenir l’´equation maˆıtresse des syst`emes quantiques, en ´eliminant les degr´es de libert´e de la ligne a` transmission. Il est utile de mentionner que cette th´eorie a ´et´e appliqu´ee avec succ`es a` deux qubits reli´es a` une ligne `a transmission [25, 26]. L’id´ee consiste `a ´ecrire le Lagrangien du syst`eme au complet, incluant la ligne et des syst`emes quelconques (qubit ou oscillateur harmonique, mais pourrait ˆetre tout syst`eme a` plusieurs niveaux). La ligne a` transmission est trait´ee comme ´etant form´ee d’un nombre infini d’inductances et de capacit´es en parall`ele. Les.

(32) ´ Chapitre 1 : Electrodynamique quantique en circuit. 22. Figure 1.9 – Une ligne a` transmission (attention a` ne pas confondre ici avec un r´esonateur, les extr´emit´es ne sont pas coup´ees) coupl´ee capacitivement avec des syst`emes quantiques. Sur cette image, tir´ee de [25], la ligne est coupl´ee `a des transmons, mais il pourrait s’agir de n’importe quel syst`eme quantique. Les syst`emes quantiques coupl´es `a la ligne a` transmission qui sont simul´es dans le cadre de ce travail sont des r´esonateurs non-lin´eaires. r´esonateurs se couplent capacitivement en un point pr´ecis de la ligne a` transmission (les positions sont importantes car une phase s’accumule dans un signal voyageant d’un r´esonateur `a l’autre). Une trace partielle est ensuite e↵ectu´ee pour ´eliminer tous les degr´es de libert´e de la ligne `a transmission. Les op´erateurs ai utilis´es dans la description sont les op´erateurs d’´echelle des oscillateurs harmoniques, mais la th´eorie reste g´en´erale et ces op´erateurs pourraient ˆetre les op´erateurs d’´echelle de n’importe quel syst`eme quantique. Le cas qui nous int´eressera plus tard sera le cas de plusieurs r´esonateurs coupl´es `a une mˆeme ligne a` transmission. On obtient enfin une ´equation maˆıtresse qui ne contient que des termes propres aux r´esonateurs [25] :. L’Hamiltonien est :. 1 1 ⇢˙ = −i [H, ⇢] + � ji �ai ⇢a†j − a†j ai ⇢ − ⇢a†j ai � 2 2 ij ˜ S + � Jji a† ai H =H j. (1.25). (1.26). i≠j. o` u le d´ecalage de Lamb a ´et´e inclus dans l’Hamiltonien du syst`eme HS . Le taux de relaxation est : ji = ⇡gj∗ gi (!i ei!i tij + !j e−i!j tij ). (1.27).

(33) ´ Chapitre 1 : Electrodynamique quantique en circuit. 23. Ce terme agit comme un taux de relaxation sur tous les syst`emes et fait en sorte que plusieurs syst`emes peuvent relaxer en mˆeme temps. L’interaction d’´echange [25] : Jji = ⇡gj∗ gi. !i ei!i tij − !j e−i!j tij 2i. (1.28). prend en compte l’´echange de photons entre les r´esonateurs via la ligne a` transmission. De plus, on d´efinit tij comme le temps pris par le champ ´electromagn´etique pour aller de la cavit´e i a` la cavit´e j. Par d´efinition, tij = tji . La fr´equence propre de chaque r´esonateur est repr´esent´ee par !i et leur op´erateur d’annihilation est l’op´erateur ai . On peut simplifier les d´efinitions de Jji et ji en supposant que les syst`emes quantiques sont des oscillateurs harmoniques. Dans ce cas, on peut ´evaluer facilement les coefficients gi . Sachant qu’une � cavit´e a un taux de relaxation i = ii , on d´eduit que gi = i �2⇡!i . On red´efinit donc les taux de relaxation et les termes de couplage : 1 (!i ei!i tij + !j e−i!j tij ) ji = � 2 Qi Qj Jji =. 1 � (!i ei!i tij − !j e−i!j tij ) 4i Qi Qj. (1.29). (1.30). avec Qi = !i �i le facteur de qualit´e de la cavit´e i. On est alors capable d’´ecrire l’Hamiltonien en fonction de quantit´es mesurables en laboratoire, soit la fr´equence de r´esonance !i , le facteur de qualit´e Qi , ainsi que le temps de parcours tij , calculable `a partir de la distance entre les syst`emes. Il reste cependant un dernier d´etail a` r´egler. Pour pouvoir utiliser la m´ethode des trajectoires qui sera expliqu´ee plus loin, il faut absolument une ´equation maˆıtresse qui a la forme ⇢˙ = −i [H, ⇢]+ ∑i i D[a′i ]⇢. Les dissipateurs doivent apparaˆıtre de fa¸con explicite, ce qui n’est pas le cas `a l’´equation (1.25). Ici, les op´erateurs a′i peuvent ˆetre n’importe quelle combinaison lin´eaire des op´erateurs de destruction de chaque syst`eme. On peut r´e´ecrire la somme de termes de relaxation d’une mani`ere `a ce qu’ils s’´ecrivent comme une somme de dissipateurs en les diagonalisant. Cela a ´et´e montr´e dans la r´ef´erence [25] pour 2 qubits, mais la d´emarche est identique et il faut pour cela diagonaliser la matrice u U est une  d´efinie par ses ´el´ements ij . En la diagonalisant, on choisit d = U U † , o` � = (a1 , a2 ...), on peut y matrice unitaire. En ´ecrivant les op´erateurs ai dans un vecteur a appliquer la matrice U afin d’avoir les nouveaux op´erateurs dans une base qui diagonalise.

(34) ´ Chapitre 1 : Electrodynamique quantique en circuit. 24. les termes de relaxation. La matrice U est particuli`ere dans le sens qu’elle agit sur un vecteur d’op´erateurs et non sur un vecteur de scalaires. Par contre, la matrice U est une matrice contenant des scalaires, dont la taille est ´egale au nombre de syst`emes quantiques. La relaxation s’´ecrit enfin ⇢˙ = −i [H, ⇢] + � i. ai ]⇢ i D[˜. (1.31). les valeurs propres de la matrice d´efinie par les ij et a ˜i = ∑j Uij aj les nouveaux op´erateurs de saut. R´e´ecrire l’´equation maˆıtresse sous cette forme demande un peu de travail, mais permettra plus tard d’utiliser facilement la m´ethode des trajectoires avec. i. quantiques.. 1.4. R´ ef´ erentiel tournant. On peut r´esumer l’Hamiltonien du syst`eme tel que vu jusqu’`a maintenant. Il est compos´e de plusieurs parties, soit l’Hamiltonien de la cavit´e Hc a` l’´equation (1.8)), l’Hamiltonien du transmon Ht a` l’´equation (1.17), l’Hamiltonien d’interaction HI a` l’´equation (1.21) et l’Hamiltonien de pilotage Hd a` l’´equation (1.3). Il est possible de se d´ebarrasser de la d´ependance en temps de l’Hamiltonien de pilotage en passant dans un r´ef´erentiel tournant. Il y a un avantage d’un point de vue num´erique d’´eliminer cette d´ependance au temps. Ces termes oscillent a` fr´equence !d . Cette fr´equence est en g´en´eral de l’ordre du GHz, ce qui fait que ces termes oscillent tr`es rapidement et la simulation num´erique a alors besoin d’un tr`es petit pas de temps pour int´egrer l’´equation maˆıtresse. † Pour enlever cette d´ependance en temps, on utilise l’op´erateur unitaire U = e−i!d t(a a) . La transformation sur l’Hamiltonien modifie l’Hamiltonien de la mani`ere suivante : H ′ = U † HU − iU † U˙. (1.32). Sous cette transformation les Hamiltoniens changent l´eg`erement ou pas du tout. On obtient en e↵et Hc′ = (!r − !d )a† a +. K †2 2 K ′ †3 3 a a + a a 2 3. (1.33).

(35) ´ Chapitre 1 : Electrodynamique quantique en circuit Ht′ = �(!j − j!d ) � j � � j �. 25. M. (1.34). j=0. Hd′ = ✏a + ✏∗ a†. (1.35). et l’Hamiltonien de couplage reste inchang´e. Les termes dissipateurs dans l’´equation maˆıtresse sont aussi inchang´es dans le r´ef´erentiel tournant.. 1.5. Mesure du qubit. Cette section a pour but d’expliquer deux approches di↵´erentes pour mesurer l’´etat d’un qubit supraconducteur en ´electrodynamique quantique en circuit.. 1.5.1. Mesure ` a avalanche. On a vu pr´ec´edemment qu’il est possible de faire une mesure non-destructive de l’´etat du qubit en mesurant la fr´equence de r´esonance de la cavit´e [1]. Cette mesure dispersive a ses avantages, mais elle a l’inconv´enient d’avoir un mauvais rapport signal sur bruit. Il faut alors penser a` une autre approche pour mesurer le qubit. Pour obtenir des meilleurs r´esultats, il est utile d’introduire une non-lin´earit´e dans le syst`eme de fa¸con a` discriminer plus rapidement ou plus clairement entre les ´etats du qubit [27]. Il est possible d’utiliser un r´esonateur avec une jonction Josephson a` l’int´erieur afin de le rendre non-lin´eaire, mais l’approche expliqu´ee ici consiste a` coupler un r´esonateur lin´eaire avec un transmon, qui en soi, est d´ej`a non-lin´eaire [12, 13, 14]. Habituellement, on travaille a` basse puissance, donc on peut tenir compte seulement des premiers ordres en th´eorie des perturbations comme dans l’´equation (1.24). Dans ce cas, la fr´equence de la cavit´e est d´eplac´ee de ± selon l’´etat du qubit. Toutefois, `a tr`es forte puissance, le nombre de photons dans la cavit´e √ ` est tel que la cavit´e r´epond de fa¸con presque classique, puisque �N � � � N � ≈ �a�. A ce point, seul le terme !r a† a domine dans l’Hamiltonien la fr´equence de la cavit´e revient a` !r . Le retour a` la fr´equence propre se fait a` la mani`ere d’une avalanche [12]. L’ajout de photons rapproche la fr´equence de la cavit´e de sa fr´equence propre. Il devient donc de plus en plus facile d’ajouter des photons et le d´eplacement de la fr´equence vers la r´esonance se fait de plus en plus vite. L’´etat stationnaire de la cavit´e sera un indicateur de l’´etat initial du transmon. Le nombre de photons dans l’´etat stationnaire du r´esonateur.

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