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Mécanismes et effets psychologiques et cognitifs d'une intervention basée sur la pleine conscience chez des adultes âgés présentant un trouble cognitif léger amnésique

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Academic year: 2021

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Mécanismes et effets psychologiques et cognitifs d'une

intervention basée sur la pleine conscience chez des

adultes âgés présentant un trouble cognitif léger

amnésique

Thèse

Eddy Larouche

Doctorat en psychologie - recherche et intervention (orientation clinique)

Philosophiæ doctor (Ph. D.)

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Mécanismes et effets psychologiques et cognitifs

d’une intervention basée sur la pleine conscience

chez des adultes âgés présentant un trouble cognitif

léger amnésique

Thèse

Eddy Larouche

Sous la direction de :

Sonia Goulet, directrice de recherche

Carol Hudon, codirecteur de recherche

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Résumé

Par la méditation de pleine conscience, il est possible de développer une conscience soutenue et exempte de jugement de l’expérience du moment présent. Cette méditation s’enseigne par des programmes brefs et structurés nommés interventions basées sur la pleine conscience (IBPC). Une vaste littérature appuie la capacité des IBPC d’améliorer la santé psychologique par l’entraînement de l’acceptation et la surveillance attentive. Leurs effets sur la santé cognitive sont plus équivoques, quoiqu’elles aient le potentiel d’être administrées comme stratégie de remédiation cognitive pour les personnes à risque de déclin futur, incluant les militaires en voie d’être déployés et les personnes âgées en santé. Un déclin cognitif et des symptômes psychologiques qui aggravent le pronostic sont caractéristiques du trouble cognitif léger amnésique (TCLa), un prodrome probable de la maladie d’Alzheimer (MA). Les IBPC peuvent agir à la fois sur la santé cérébrale (réduction des facteurs de risques de la MA) et sur la santé cognitive (entraînement attentionnel) afin d’améliorer les symptômes du TCLa. La présente thèse avait pour objectif de déterminer comment une IBPC permet d’améliorer le profil psychocognitif de personnes âgées encourant un TCLa et quels sont les mécanismes qui sous-tendent ces effets.

Pour ce faire, un premier article a recensé les écrits sur les facteurs d’adversité modifiables et le déclin cognitif associé à la MA dans l’optique d’identifier des mécanismes d’action potentiels par des IBPC. Un modèle schématique y illustre le cours de la neurodégénérescence associée au TCLa et à la MA et les effets préventifs possibles par les IBPC via le stress, la dépression et la remédiation du syndrome métabolique. Il ressort de cette recension que la réduction du stress, des symptômes dépressifs et de l’inflammation sont les principaux effets des IBPC qui affectent le développement du TCLa et de la MA. Ensuite, une étude clinique, publiée en deux articles, a testé les effets d’une IBPC chez des personnes âgées ayant un TCLa sur les variables psychologiques et cognitives. L’efficacité et les mécanismes d’action spécifiques d’une IBPC ont été comparés aux effets d’une intervention basée sur la psychoéducation (IBPÉ). Dans le second article de la thèse, les deux interventions ont amélioré de façon similaire les symptômes anxio-dépressifs et la qualité de vie associée au vieillissement. La qualité de vie générale et la mémoire sont demeurées stables suite aux deux interventions. L’amélioration de l’acceptation et la réduction des

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ruminations ont expliqué l’efficacité de l’IBPC, sans contribution de la surveillance attentive. Le troisième article, qui s’intéressait de façon plus approfondie aux effets de l’IBPC sur la cognition, n’a observé aucun effet spécifique sur la mémoire ou l’attention suite à l’IBPC. Les bénéfices attentionnels et subjectifs rapportés étaient similaires à ceux obtenus suite à l’IBPÉ, alors que des effets spécifiques de l’entraînement attentionnel par l’IBPC étaient attendus. L’hypothèse concernant une contribution du contrôle attentionnel à l’amélioration de la mémoire a également été infirmée par l’étude.

La thèse appuie donc la pertinence d’une IBPC comme intervention psychologique auprès d’aînés ayant un TCLa. La thèse n’a pas démontré son potentiel d’amélioration de la cognitio, mais il a été proposé qu’elle permette plutôt de ralentir le déclin attendu. La publication de davantage d’études cliniques réalisées auprès d’aînés ayant un TCLa et inspirées des réflexions du dernier chapitre de la thèse, permettra d’approfondir la compréhension des effets de la pleine conscience sur le profil psychologique et sur la cognition. La thèse contribue aux efforts de prévention de la MA en soulignant la pertinence d’une nouvelle option d’intervention non pharmacologique chez une population qui présente une vulnérabilité importante. Ses contributions approfondissent la compréhension des effets et mécanismes d’actions des IBPC et confirment l’importance d’intervenir précocement par des interventions non pharmacologiques chez les personnes ayant un TCLa.

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Abstract

Mindfulness meditation allows to develop a stable and non-judgmental consciousness of the present moment experience. This meditation is taught using brief and structured programs, namely mindfulness-based interventions (MBI). MBI’s benefits on psychological health are allowed by acceptation and monitoring capacity training and have been widely supported. Their effects on cognitive health are more equivocal, but some potential has been shown for cognitive remediation in populations at risk for future decline, including the military about to be deployed and healthy older adults. Amnestic mild cognitive impairment (aMCI), a probable Alzheimer’s disease (AD) prodromal phase, is characterized by cognitive decline and psychological symptoms, which worsen prognosis. It is suggested that MBI could benefit aMCI by promoting both brain health (hence reducing AD risk factors) and cognitive health (through attention training). This thesis aimed at determining to what extent an MBI can improve the psychocognitive profile of older adults with aMCI and to deepen the understanding of the underlying mechanisms of action.

To do so, a first article has collated the available literature on changeable adverse factors and cognitive decline associated with AD, with the objective of identifying MBI’s potential mechanisms of action on AD pathology. A schematic model was then developed to illustrate the course of aMCI and AD neurodegeneration, and the MBI possible preventive effects through stress, depression, and metabolic syndrome remediation. This review showed evidence that MBI’s main effects on aMCI and AD development happened through stress, depressive symptoms, and inflammation reduction. Next, a clinical study published in two separate articles tested MBI’s effects on psychological and cognitive variables. The efficacy and specific mechanisms of action of the administered MBI were compared to those of a psychoeducation-based intervention (PBI). In the second article of the thesis, both interventions led to improved anxio-depressive symptoms and aging-related quality of life. General quality of life and memory remained stable after the two interventions. MBI’s efficacy was explained by improvement of acceptation and reductions of ruminations, but not by monitoring changes. The third article, which investigated more deeply the interventions’ effects on cognitive variables, showed no specific benefits on memory or attention following the MBI. The only attentional and subjective cognitive changes reported

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were similar for both interventions, while MBI-specific effects were expected. The hypothesis regarding an attentional control contribution to memory changes was also denied by the study results.

Overall, the thesis supports the relevance of a MBI as a psychological therapeutic option for older adults with aMCI. While its potential to improve cognition was not demonstrated in the thesis, it is suggested that it might instead modify an expected cognitive decline. Further clinical studies in aMCI populations based on the reflections of the last chapter of the thesis are needed to deepen the understanding of mindfulness’ effects and mechanisms of action on psycho-cognitive symptomatology. This thesis contributes to research efforts in AD prevention by backing the relevance of a new non-pharmacological approach for a highly vulnerable population. Its contributions also refine knowledge of MBI effects and mechanisms and confirm the need for early intervention in older adults with aMCI.

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Table des matières

Résumé ... iii

Abstract ... v

Table des matières ... vii

Liste des figures ... x

Liste des tableaux ... xi

Liste des abréviations et sigles ... xii

Remerciements ... xv

Avant-propos ... xix

Introduction ... 1

Problématique ... 1

Pleine conscience ... 3

Interventions basées sur la pleine conscience ... 4

Effets psychologiques ... 8

Effets cognitifs ... 9

Maladie d’Alzheimer et trouble cognitif léger amnésique ... 11

Continuum d’évolution vers la MA ... 12

Efficacité des stratégies d’intervention précoce ... 14

Pleine conscience et vieillissement pathologique ... 15

Mécanisme d’action indirect ... 16

Mécanisme d’action direct ... 18

Efficacité des IBPC dans le continuum menant à la MA ... 21

Études réalisées dans le TCLa ... 22

Études réalisées dans la MA ... 25

Études réalisées dans le DCS ... 27

Constats découlant des études disponibles ... 29

Objectifs et hypothèses ... 32

Chapitre 2 : Potential benefits of mindfulness-based interventions in mild cognitive impairment and Alzheimer’s disease: An interdisciplinary perspective ... 35

Résumé ... 36

Abstract ... 37

Introduction ... 38

Schematic model ... 42

Modifiable adverse factors ... 46

Stress and depression ... 46

Metabolic syndrome ... 54

Discussion ... 59

Review of the findings and future directions ... 59

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A cross-domain approach to Alzheimer’s disease prevention ... 62

Conclusion ... 62

Acknowledgments ... 63

Références ... 64

Chapitre 3 : Mindfulness mechanisms and psychological effects for aMCI patients: A comparison with psychoeducation ... 82

Résumé ... 83 Abstract ... 84 Introduction ... 85 Method ... 89 Participants ... 89 Materials ... 91 Interventions ... 94 Procedure ... 96 Statistical Analyses ... 97 Results ... 99

Demographic and neuropsychological profile ... 99

Adherence ... 100

Primary outcomes ... 100

Secondary outcomes and mechanisms of change ... 100

Discussion ... 109

Testing the MAT ... 111

The Central Role of Ruminations in Non-Judgment’s Effect ... 112

Limitations and future research ... 114

Conclusion ... 115

Funding ... 116

Ackowledgments ... 116

Conflict of Interest ... 116

References ... 117

Chapitre 4 : Investigating a mindfulness-based intervention as an attentional network training to improve cognition in older adults with amnestic mild cognitive impairment: A randomized-controlled trial ... 124

Résumé ... 125

Abstract ... 126

Introduction ... 127

The present study ... 130

Methods ... 130

Participants ... 130

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Interventions ... 136

Procedure ... 136

Statistical analyses ... 138

Results ... 138

Demographic, clinical, and neuropsychological data ... 138

Main outcomes ... 140 Discussion ... 143 Limitations ... 147 Conclusion ... 147 References ... 149 Conclusion générale ... 156

Résumé des résultats ... 157

Contributions de la thèse ... 161

Variables psychologiques ... 162

Variables cognitives ... 171

Mécanismes physiologiques ... 184

Pistes de recherche future, forces et limites ... 185

Recherche future ... 186

Forces ... 189

Limites méthodologiques ... 192

Conclusion générale ... 196

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Liste des figures

Figure 1. Schematic model of MBI’s effects on MCI/AD. ... 45

Figure 2. Flowchart of participants’ inclusion. ... 90

Figure 3. Moderation and moderated mediation models. ... 98

Figure 4. MBI’s mediation and suppression effects illustration. ... 114

Figure 5. Effet présumé d’une IBPC sur le fonctionnement cognitif dans le continuum du déclin vers la maladie d’Alzheimer ... 176

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Liste des tableaux

Table 1. Effects of MBI on cortisol ... 50

Table 2. Effects of MBI on cortisol’s anti-inflammatory properties ... 51

Table 3. Effects of MBI on pro- and anti- inflammatory cytokines ... 52

Table 4. Effects of MBI on serotonin ... 53

Table 5. Effects of MBI on telomere function and length ... 56

Table 6. Effects of MBI on oxidation and antioxidants ... 58

Table 7. Mean (standard deviation) Z-scores or values for sociodemographic, clinical and neuropsychological variables for the two conditions of intervention. ... 101

Table 8. Adjusted means of outcomes as a function of time of measurement and condition. ... 102

Table 9. Time of measurement, condition and interaction effects of outcomes. ... 103

Table 10. Adjusted means of mechanism variables as a function of time of measurement and condition. ... 103

Table 11. Time of measurement, condition and interaction effects of mechanism variables. ... 104

Table 12. Correlation (r) between changes (post - pre) on clinical outcomes and on potential mechanisms of action of interventions. ... 104

Table 13. Summary of moderated mediation coefficients (and standard errors) of non-judgment's effect (X) on outcomes (Y) with Ruminations as a mediator (M) and Condition as a moderator (W) ... 108

Table 14. Weekly intervention themes for both intervention programs ... 137

Table 15. Mean (standard deviation) Z-scores or values for sociodemographic, clinical, and neuropsychological variables for the two conditions of intervention. ... 139

Table 16. Adjusted means of outcomes as a function of time of measurement and condition. ... 140

Table 17. Time, Condition and Interaction effects of repeated measures ANOVA. ... 142

Table 18. Simple effect ANOVAs for Time effect within both interventions ... 143

Tableau 19. Évaluation de la qualité des essais randomisés-contrôles chez les aînés à risque de développer la maladie d’Alzheimer ... 190

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Liste des abréviations et sigles

5-HIAA : Serotonin precursor

Aβ: Amyloid-beta peptide ANT : Attention network test Antioxi : Antioxidation

ApoE-ε4: ε4 allele of the apolipoprotein E arQOL : aging-related quality of life

BORB : Birmingham Object Recognition Battery BST : Brief supportive treatment

CAMCOG : Cambridge Cognitive Examination CAR : Cortisol awakening response

CCQ : Cognitive Complaint Questionnaire CD4+ T : CD4+ T helper cells CI : Confidence interval CK : Cytokine CM : Compassion meditation CR : Cortisol DB : Diaphragmatic Breathing

DCS / SCD : Déclin cognitif subjectif df : Degrees of freedom

dfd : Degrees of freedom denominator

D-KEFS :Delis-Kaplan Executive Function System

DSM–5 : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders 5th edition Dx : Diagnostic

EEG: Électro-encéphalographie

FFMQ : Five-facet mindfulness questionnaire GAI: Geriatric anxiety inventory

GDS : Geriatric depression scale gQol: General quality of life

HEP : Health enhancement program HIV : Human immunodeficiency virus

HPS : Hypothalamique-hypophyso-surrénalien Hr : Hour

IBPC / MBI : Intervention basée sur la pleine conscience IBPÉ / PBI : Intervention basée sur la psychoéducation IFN-γ : Interferon-γ

IGF-1 : Insulin-like growth factor-1 IL-4 : Interleukin-4 IL-6 : Interleukin-6 IL-8 : Interleukin-8 IL-10 : Interleukin-10 IL-1β : Interleukin-1β Inf: Inflammation

IRM / MRI : Imagerie par résonnance magnétique

IUSMQ : Institut universitaire en santé mentale de Québec LI : Lower interval

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LKM : Loving-kindness meditation LPS : Lipopolysaccharide

LTP : Long-term potentiation MA / AD : Maladie d’Alzheimer MAT : Monitor + Acceptance Theory

MBCR: Mindfulness-Based Cancer Recovery MBCT : Mindfulness-based cognitive therapy MBSR : Mindfulness-based stress reduction MMSE : Mini-Mental State Examination Mo : Month

MoCA : Montreal Cognitive Assessment NS : Non spécifié

N.s. : Non significatif η2p: Partial eta-square MW : Mind-wandering NF-κB : Nuclear Factor-κB

NIA-AA : National Institute of Aging et Alzheimer’s Association NK : Natural killer cell

OV : Outcome variable Ox : oxidation

Oxi : Oxidative changes PPTT : Pyramids and Palm Trees Test QOL : Quality of life

R2med : Partial R2 of mediation

RL/RI-16 : Test de rappel libre/rappel indicé à 16 items RRS : Ruminative response scale

RT : Response time

SART : Sustained Attention to Response Task SD : Standard deviation

SE : Standard error

SET : Supportive-expressive group therapy T1-T4 : Time 1, 2, 3 or 4

TA : Telomerase activity

Tau : Tau protein hyperphosphorylation TAU : Treatment as usual

TCL / MCI : Trouble cognitif léger

TCLa / aMCI : Trouble cognitif léger amnésique TL : Telomere length

TM : Transcendantal Meditation TMT : Trail making test

TNF-α : Tumor Necrosis Faction-α UI : Upper interval

WAIS : Weschler Adult Intelligence Scale WHO : World Health Organisation

WHOQOL-Brief : World Health Organisation Quality of Life Brief scale WHOQOL-Old : World Health Organisation Quality of Life Old scale Wk : Weel

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Remerciements

En débutant mes études en psychologie, on m’a dit à plusieurs reprises que je faisais un choix de carrière et d’études risqué, vu les critères d’admission au doctorat, puis les exigences du programme. En débutant mon doctorat, on m’a plutôt recommandé d’en faire moins, pour ne pas m’épuiser. Aujourd’hui, je suis fier d’avoir été à la fois capable de m’investir suffisamment dans ce grand défi tout en préservant une bonne santé mentale durant toutes ces années. Je n’aurais jamais pu y parvenir sans le soutien de toutes les personnes qui m’ont côtoyé, appuyé ou aimé. C’est pourquoi je remercie toutes ces personnes qui ont marqué de près ou de loin mon cheminement, avec une attention particulière aux personnes mentionnées dans les lignes qui suivent.

Mes premiers remerciements vont à mes co-directeurs de thèse qui ont joué un rôle central dans cet accomplissement. Je vous suis très reconnaissant de la confiance que vous m’avez accordé en me laissant prendre les rênes de ce projet de collaboration que vous aviez en tête il y a plusieurs années. En restant toujours aussi disponibles et assidus dans les mon encadrement, vous m’aurez permis d’atteindre le meilleur de moi-même et de relever ce défi de taille. Sonia, je tiens à souligner la qualité exceptionnelle de ta présence et de ton investissement dans notre relation de supervision tout au long du doctorat. Je garde un souvenir impérissable de nos multiples longues conversations tant sur la recherche que sur la spiritualité ou sur d’autres de nos intérêts partagés. Ta grande rigueur et la curiosité avec laquelle tu approfondis chacune de tes réflexions m’ont inspiré durant les dernières années et demeureront un modèle pour moi durant toute ma carrière. Carol, je te suis très reconnaissant pour toutes les opportunités que tu m’as offertes, que ce soit dans la rédaction d’articles scientifiques ou dans la participation à des congrès partout à travers le monde. Je garde d’ailleurs un très bon souvenir de nos expériences partagées en voyage et de toutes les découvertes scientifiques (ou non) que j’ai pu y faire. Je retiendrai toute ma vie une leçon importante que tu m’as souvent répété : la clé du succès est la persévérance. Elle m’a guidé jusqu’où je suis aujourd’hui et me portera sans doute là où je veux me rendre plus tard! Je tiens aussi à remercier les membres de mon comité de thèse pour la qualité de leur assistance tout au long de mon doctorat, les Drs Philippe Landreville et Philip Jackson. Par vos judicieux conseils et vos questions éclairantes, vous m’avez permis d’améliorer mon

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projet d’un séminaire à l’autre pour en faire le travail dont je suis maintenant fier. Merci également à Dre Manon Truchon et Dr Sylvain Gagnon, membres du jury d’évaluation de ma thèse, pour vos commentaires et questions sur ma thèse qui m’ont permis de jeter un regard frais sur mes travaux de recherche.

Je remercie également toute l’équipe du laboratoire de neuropsychologie du vieillissement, à commencer par Isabelle Tremblay, sans qui mon projet n’aurait jamais pu avoir l’envergure qu’on lui connaît aujourd’hui. Ton dévouement et ton sens critique m’ont permis d’affiner plusieurs de mes réflexions et ont mené à un recrutement réussi. Parlant de recrutement, je ne serais jamais parvenu à mener une étude d’une telle ampleur sans une armée de bénévoles et d’auxiliaires de recherche. Un merci particulier à Camille Parent et Andréanne Simard, mes fidèles bras-droits qui m’ont soutenues durant tout le recrutement et l’administration des interventions. Merci également à Marc-Antoine, Laurie, Émie, Chloé M., Chloé R., Mathilde et Alice pour votre dévouement dans mon projet. Un remerciement tout particulier à Anne-Marie Chouinard et Valérie Morin-Alain qui ont abattu un travail colossal pour leurs mémoires doctoraux et dont j’ai pu bénéficier grâce à leur soutien dans la gestion du projet de recherche. Je remercie également les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) qui m’ont soutenu sur le tard dans mon cheminement par l’octroi de la bourse doctorale Frederick-Banting et Charles-Best, mais qui ont su compenser par leur générosité. Je remercie aussi l’Institut sur le vieillissement et la participation sociale des aînés (IVPSA), le Réseau québécois de recherche sur le vieillissement (RQRV) et l’institut sur le vieillissement des IRSC pour les multiples bourses de voyage qu’elles m’ont accordé pour me rendre dans des congrès internationaux. Merci aussi à la fondation Marc Bourgie pour la bourse de soutien qu’elle m’a offerte en début de parcours.

Le doctorat en psychologie n’est toutefois pas qu’une question de recherche et je crois que je n’aurais pas survécu jusqu’au bout sans avoir la chance d’y développer ma pratique clinique et de m’impliquer socialement. D’abord, merci à Jocelyne Lajoie, Jocelyne Moisan et Michelle St-Pierre d’avoir cru en mes capacités de clinicien et de m’avoir porté jusqu’à ce que j’atteigne l’autonomie professionnelle. Votre confiance en mes capacités m’a servi de phare pour développer ma propre confiance professionnelle, faisant de moi le jeune clinicien dont je suis fier. Merci aussi pour toutes les heures de supervision (ou d’extra) passées à

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partager vos connaissances sur le monde de la psychologie qui ont porté mon désir d’en faire plus pour aider mes pairs et améliorer l’accès à la psychothérapie au Québec. Merci également à mes collègues d’implication et à nos membres, tant à l’ACSPUL (Marie-Audrey, Dorothée, Élisabeth, Sophie et toutes les autres) qu’à la FIDEP (Fannie, Julie, Anne, Dorothée, Élisabeth et tout.es les autres) de m’avoir fait confiance dans nos différents mandats et d’avoir porté avec moi la cause de la rémunération des internats en psychologie. Parti d’une idée folle de boycott, nous avons mené la procrastination active de rédaction la plus payante et valorisante que j’aurais pu imaginer. Un dernier merci à l’équipe d’Accès Psy qui elles aussi ont accepté de me suivre dans ma dernière lubie (Camille, Andréanne, Marie-Ève, Stéphanie et encore la merveilleuse Élisabeth).

Au-delà des amies rencontrées par mes implications, plusieurs amitiés et relations importantes ont marqué mon cheminement doctoral (et m’ont permis d’y rendre). Merci Marie-Pierr d’avoir été à mes côtés tout au long de mes études, et ce, dès notre rencontre à mon arrivée au Lac, jeunes fous que nous étions. Merci également à Maryse, ma fidèle amie de toutes les aventures, pour ta présence et ton soutien à travers les hauts et les bas de ma vie personnelle et scolaire. J’apprécie ta authenticité et ta fidélité qui cimentent notre féroce amitié contre vents (au sommet du Teide, par exemple) et marées (dans la mer de Bali, on y retourne?). Merci à Émilie d’être mon modèle de sensibilité et d’être une amie si précieuse. Je tiens aussi à souligner l’apport à ma thèse et mon développement personnel et professionnel de nos séances de co-psychanalyse toujours intenses à souhait! Merci Rhéa de ton amitié dès le début des études et d’avoir partagé avec moi de nombreuses joies et peines. Je te suis reconnaissant que notre amitié perdure malgré les 2422 km qui nous séparent maintenant et je garde espoir que ce nombre diminue prochainement. Anne-Josée et Elsa, je tiens aussi à souligner comment j’ai apprécié toutes nos soirées à fermer les restaurants à ne plus pouvoir s’arrêter de parler, tant nous avions du plaisir. Le soutien et la qualité de présence que nous nous sommes mutuellement offert dans nos périodes de découragement m’ont beaucoup touché et me rassurent quant à l’avenir de notre relation, malgré la distance qui s’installe.

Merci à mes parents d’avoir fait la personne que je suis aujourd’hui et d’avoir toujours cru en l’homme que j’allais devenir, malgré quelques heurts. Papa, tu es un modèle de

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persévérance et d’ingéniosité qui. Maman, ta force et ta sensibilité m’inspirent à tous les jours dans mon travail et me guident dans mon objectif de devenir toujours meilleur comme personne. Ma réussite est un peu (beaucoup) la vôtre aussi. Je suis également reconnaissant d’avoir la chance de compter sur deux sœurs inspirantes, intelligentes et toujours prêtes à débattre d’idées. Véronick m’inspire par sa persévérance et sa capacité à dépasser ses limites dans toutes les sphères de sa vie, ce qui me donne le goût d’en faire autant. Jennifer m’épate toujours par sa curiosité sans fin et le mordant avec lequel elle aborde chaque défi, ce qui à la fois me rend fier et m’inspire. Merci également à ma belle-famille (Isabelle, Marc-Olivier, Jeff, Tomy-Lee, Cassandra, Alain, Eva, Mario et Caroline) de l’accueil chaleureux dans votre famille et de contribuer à rendre mon quotidien dans ma nouvelle région d’accueil toujours aussi agréable et naturel.

Je me dois également d’adresser un merci tout particulier à Suzanne qui m’a accompagné durant les cinq dernières années, me donnant accès au meilleur de moi-même. Votre présence constante et rassurante m’a permis d’apprivoiser toutes les parties de qui je suis et de rester centré sur les raisons qui me motivent dans toutes les sphères de ma vie. Votre grande générosité et votre patience m’a inspiré le développement d’Accès Psy et me guidera dans mes actions toute ma carrière.

Et en dernier, mais non le moindre, je veux remercier mon amoureux. Jonathan, faire ta rencontre a changé ma vie de plus de manières que tu peux l’imaginer. La qualité de ta présence au quotidien et ton soutien m’ont permis de persévérer lorsque j’étais découragé. Ton authenticité et ta franchise m’inspirent à donner mon meilleur dans notre vie ensemble et dans ce que je peux offrir professionnellement. Ton amour me donne le goût d’aimer encore plus et m’a permis de m’ouvrir à de nouvelles possibilités et d’aller au-delà de ce j’ai pu envisager auparavant. Maintenant l’étape du doctorat derrière moi, je ne peux attendre de créer notre famille et de relever de nouveaux défis dans notre nouveau nid douillet. Longue vie à notre amour, je t’aime.

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Avant-propos

Ce manuscrit présente une thèse doctorale par insertion d’articles. Le premier chapitre constitue l’introduction générale de la thèse. Le deuxième chapitre est un article théorique et critique publié en 2015 dans la revue Behavioural Brain Research. Cet article a étérédigé et publié afin de justifier la pertinence de la thèse puisqu'il y avait très peu d'études publiées dans le domaine à ce moment. Si l'article avait été rédigé en 2018, il comprendrait sans aucun doute davantage d'études pour appuyer ses conclusions, mais viendrait fort probablement aux mêmes constats. C’est pourquoi il demeure inclus dans la présente thèse. Le troisième et le quatrième chapitre sont des articles empiriques issus des travaux effectués dans le cadre de la thèse. L’article du troisième chapitre a été publié dans la revue Complementary Therapies

in Clinical Practice en janvier 2019 et celui du quatrième chapitre dans Neuropsychologie Clinique et Appliquée / Applied and Clinical Neuropsychology a été publiée en septembre

2018. Les versions des articles intégrés à la thèse sont intégralement celles publiées. Enfin, le cinquième chapitre constitue la discussion générale de la thèse dans laquelle les résultats sont intégrés et leurs implications sont discutées.

Les trois articles ont été rédigés sous la supervision de Sonia Goulet, directrice de la thèse et Carol Hudon, codirecteur de la thèse, qui en sont également les coauteurs. En tant que premier auteur des trois articles insérés dans la thèse, j’ai effectué la recension des écrits, conçu le projet de recherche, mené la collecte de données, réalisé les analyses statistiques, interprété les résultats et rédigé les manuscrits.

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Introduction

Problématique

Depuis le début des années 2000, il existe un engouement populaire pour la pleine conscience et ses effets sur le bien-être et la santé. Des résultats scientifiques prometteurs sur les vertus préventives et thérapeutiques présumées de la pleine conscience pour plusieurs problématiques de santé physique et mentale ont contribué à cette popularité. Les interventions basées sur la pleine conscience (IBPC) sont des programmes structurés et brefs utilisés pour enseigner la méditation de pleine conscience et les attitudes associées (Kabat-Zinn, 1990). Ces interventions réduisent la détresse et favorisent l’adaptation au stress dans diverses conditions de santé physique et mentale (Goldberg, Tucker, Greene, Davidson, et al., 2018; Goyal et al., 2014). Pour ce faire, les IBPC entraîneraient la capacité d’acceptation et de surveillance attentive (Lindsay & Creswell, 2017). La surveillance attentive est définie comme la conscience soutenue du moment présent, sollicitant à la fois la vigilance et le contrôle attentionnel. L’efficacité de ces composantes de l’attention est accrue par la pratique de la méditation de pleine conscience et conduirait à une cognition plus efficace. En spéculant sur cette théorie, il apparaît possible de pallier des déficits cognitifs par un entraînement rigoureux et régulier à la méditation de pleine conscience. Cette hypothèse a d’ailleurs été soutenue par des études réalisées auprès des militaires chez qui la pleine conscience pallie la dégradation de l’efficacité cognitive associée au stress intense (Jha, Morrison, Parker, & Stanley, 2016; Jha, Witkin, Morrison, Rostrup, & Stanley, 2017). Un effet similaire a également été observé pour le déclin cognitif associé au vieillissement normal (Gard, Holzel, & Lazar, 2014; Hazlett-Stevens, Singer, & Chong, 2018; Laird, Paholpak, Roman, Rahi, & Lavretsky, 2018; Marciniak et al., 2014; Newberg et al., 2013; Vasudev et al., 2018). L’hypothèse selon laquelle les IBPC protègent du déclin cognitif sera mise de l’avant dans cette thèse doctorale et testée auprès de participants souffrant d’un vieillissement cognitif pathologique.

La thèse s’intéresse à l’efficacité de la pleine conscience en contexte de trouble cognitif léger amnésique (TCLa), un prodrome probable de la maladie d’Alzheimer (MA). Cette maladie neurodégénérative nuit à la qualité de vie et à la capacité fonctionnelle des individus atteints

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en altérant progressivement leur cognition (Albert et al., 2011). Cette dégradation s’accompagne de symptômes psychologiques, qui sont un facteur de risque modifiable de la MA (Norton et al., 2014). En plus d’augmenter le risque de développer la MA, la présence de ces symptômes au stade du TCLa exacerbe le déclin cognitif (Mourao, Mansur, Malloy-Diniz, Castro Costa, & Malloy-Diniz, 2016; Simard, Hudon, & van Reekum, 2009). L’étude de la pleine conscience au stade du TCLa est motivée par deux facteurs. Le premier est l’efficacité accrue d’une intervention précoce dans le processus neurodégénératif vers la MA (Brookmeyer, Abdalla, Kawas, & Corrada, 2018; Dubois et al., 2007; Livingston et al., 2017). Le second est la préservation des capacités d’apprentissage et de mémorisation de nouvelles habiletés dans le TCLa, vu que le déclin cognitif est faible à modéré (Belleville, 2008). Ainsi, l’administration d’une IBPC au stade du TCLa permettrait de ralentir le déclin cognitif en cours. Il a été postulé que cet effet de la pleine conscience sur la neurodégénérescence surviendrait à deux niveaux (Malinowski & Shalamanova, 2017). D’abord, la promotion de la santé cérébrale par la réduction de facteurs de risque modifiables (p. ex., dépression, stress, inactivité cognitive, etc.) entraînerait indirectement des bénéfices pour la cognition. Deuxièmement, l’entraînement de la surveillance attentive améliorerait directement l’efficacité des réseaux cérébraux de l’attention. Les effets de cette efficacité bonifiée seraient notables à la fois sur les symptômes psychologiques et cognitifs dans le TCLa. Ces deux mécanismes seront approfondis dans l’introduction et testés dans le cadre de la thèse.

L’introduction générale de la thèse décrit d’abord la pleine conscience et les IBPC. Elle traite ensuite du processus neurodégénératif associé au TCLa et à la MA et des cibles d’intervention pour les IBPC dans ces conditions. Pour terminer, elle présente les études existantes réalisées spécifiquement auprès d’aînés à risque de développer la MA ou ayant la MA. Ces sections introduisent les trois articles constitutifs de la thèse, un théorique et deux empiriques. Le Chapitre 2 présente un modèle théorique élaborant en profondeur sur les mécanismes d’action potentiels de la pleine conscience sur la neurodégénérescence associée à la MA. Les deux autres chapitres constituent chacun un volet des résultats d’une étude empirique qui teste l’efficacité d’une IBPC comparativement à une intervention basée sur la psychoéducation (IBPÉ) auprès d’aînés ayant un TCLa. Le Chapitre 3 traite des effets et des mécanismes d’action psychologiques de l’IBPC, alors que le Chapitre 4 présente les effets et

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mécanismes cognitifs. Le Chapitre 5 de la thèse présente une intégration des résultats de la thèse, puis une discussion de ces résultats à la lumière de la recherche plus large dans le domaine de la pleine conscience.

Pleine conscience

La pleine conscience est issue du bouddhisme theravada, puis a été présentée sous une forme laïcisée par le fondateur de l’approche de pleine conscience Jon Kabat-Zinn (1990). Elle réfère à une expérience sensorielle brute de la réalité immédiate, dans le moment présent, en faisant autant que possible abstraction de toute pensée conceptuelle et réactions habituelles conditionnées (Kabat-Zinn, 2011; Kang & Whittingham, 2010). Cette présence à l’expérience se veut exempte de jugement catégoriel positif ou négatif. L’attention se centre sur les sensations physiques (détectées par les cinq sens corporels), les émotions1 et les pensées, sans recherche ni évitement d’une expérience particulière (Kabat-Zinn, 2011). Un désengagement de l’attachement ou de l’aversion encouragerait l’appréciation neutre de l’expérience et, par conséquent, l’acceptation de la situation changeante d’instant en instant. Les attitudes de non-jugement et d’acceptation sont donc au cœur de la pleine conscience. La pratique de la méditation de pleine conscience constitue un moyen de développer sciemment l’état de pleine conscience ainsi que son trait, plus stable et durable (Kiken, Garland, Bluth, Palsson, & Gaylord, 2015). Ces changements surviennent au moyen d’une discipline méditative assidue rassemblant les conditions nécessaires pour limiter les distractions et atténuer temporairement le mode « faire » au profit du mode « être » (Kabat-Zinn, 1990).

Dans une perspective de gestion du stress, Kabat-Zinn (1990, 2011) propose que l’acceptation des difficultés rencontrées serait beaucoup moins souffrante que la lutte pour les éviter ou pour atteindre un mieux-être idéal. L’énergie préservée par l’acceptation serait alors redirigée vers des objectifs réalistes, discernés au moyen de l’observation bienveillante de soi et de l’expérience équanime. L’énergie conservée découlerait d’une réduction des

1 Dans la philosophie bouddhiste qui constitue le fondement de la pleine conscience, les émotions sont

définies comme des constructions cognitives et sensorielles, qui sont possibles par le discernement cognitif de l’expérience sensorielle spontanée dans le corps (Kang & Whittingham, 2010).

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ruminations et des inquiétudes envahissantes qui accompagnent fréquemment la détresse psychologique (Desrosiers, Vine, Curtiss, & Klemanski, 2014; Raes, 2010; Svendsen, Kvernenes, Wiker, & Dundas, 2017). Les ruminations et inquiétudes sont l’expression pathologique de la rêverie, sous une forme excessive et envahissante (Buckner, Andrews-Hanna, & Schacter, 2008; Mason et al., 2007). La rêverie est un processus d’élaboration mentale autoréférentielle normalement sain et adaptatif (souvenirs de situations passées, spéculations sur les événements futurs) dans lequel le cerveau tend spontanément à s’échapper au repos, lors de tâches ennuyantes ou répétitives dans le quotidien (Buckner et al., 2008; Mason et al., 2007). La Monitor + Acceptance Theory (MAT; Lindsay & Creswell, 2017) soutient que la pleine conscience joue un rôle de réduction du stress et des symptômes psychopathologiques (incluant les ruminations et inquiétudes). Son action surviendrait via l’entraînement de la surveillance attentive (monitoring, en anglais) et de l’acceptation promu par la méditation et les attitudes de pleine conscience. La MAT soutient également que le développement de l’efficacité de la surveillance attentive améliore la cognition, ce qui sera présenté en détails dans la section qui suit (Lindsay & Creswell, 2017). Ainsi, sur la base de cette théorie, la thèse postule que les IBPC constituent à la fois un outil psychothérapeutique et de remédiation cognitive. La prochaine section présente d’abord les IBPC et leurs mécanismes d’action, puis recense leurs effets sur la détresse psychologique et la cognition.

Interventions basées sur la pleine conscience

Différentes IBPC transmettent les attitudes et techniques formelles et informelles de présence attentive qui favorisent le vécu en pleine conscience du moment présent (Chiesa & Malinowski, 2011; Creswell, 2017). Les IBPC, telles que le Mindfulness-Based Cognitive

Therapy (MBCT) (Segal, Williams, & Teasdale, 2012), sont des adaptations du Mindfulness-Based Stress Reduction (MBSR) de John Kabat-Zinn (1990) pour les besoins de populations

spécifiques, par exemple, la dépression réfractaire dans le cas du MBCT original. Elles sont typiquement enseignées par le biais d’un programme de huit semaines qui introduit une variété d’exercices méditatifs formels et informels. Ces exercices sont d’abord réalisés en groupe avec un instructeur, lors des rencontres de 2,5 heures à chaque semaine, puis à domicile quasi-quotidiennement au moyen d’instructions audio et écrites. Les pratiques formelles sont au nombre de quatre. Le balayage corporel consiste à observer les sensations

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déjà présentes dans toutes les parties du corps en les considérant une à la fois suivant une séquence habituellement ascendante, des orteils jusqu’au somment de la tête. Le mouvement conscient a pour objet d’attention les sensations corporelles résultant des flexions et extensions musculaires exécutées conformément aux instructions. Dans la méditation marchée, le méditant prend conscience des sensations tactiles, proprioceptives et vestibulaires associées à une marche lente et délibérée. La méditation assise demande de porter attention à un objet prédéterminé pouvant appartenir à l’expérience des cinq sens, aux pensées, ou aux émotions. Les sensations tactiles et intéroceptives qui accompagnent la respiration nasale constituent le focus de l’attention le plus courant dans cette forme de méditation. Des quatre pratiques formelles, la méditation assise est la plus exigeante. Elle requiert de maintenir une position assise immobile tout au long de la séance, ce qui peut se solder par plus d’inconfort physique, de frustration, d’ennui, de distraction et de rêverie que les pratiques précédentes qui sont plus actives ou dynamiques. En complément des pratiques formelles effectuées individuellement et en groupe, des attitudes de pleine conscience (l’acceptation, la patience, l’esprit du débutant, le non-jugement, la confiance, le non-effort et le lâcher-prise) sont présentées comme alternative au mode réactionnel automatique et aux habitudes réflexives et comportementales néfastes. Le programme vise la bonne compréhension et la généralisation des bénéfices de l’approche à des situations de la vie de tous les jours qui sont propices aux pensées et aux affects négatifs, ainsi qu’à la rêverie. Pour ce faire, les participants échangent dans un groupe animé par un instructeur sur leur expérience de l’approche durant et entre les séances. Ils font également de courtes lectures (par exemple, apprendre à distinguer le mode « faire » du mode « être ») et des exercices (par exemple, tenir un calendrier quotidien des évènements « positifs » ou « négatifs » reconsidérés du point de vue de la pleine conscience) à domicile. Ces différentes composantes du programme suscitent réflexions et observations de soi chez les participants. Cette application informelle des habiletés et attitudes de pleine conscience vise à contrecarrer la souffrance induite par le stress, la déprime et l’anxiété dans la vie courante.

Les pratiques formelles décrites plus tôt sont le principal outil de l’IBPC pour développer la capacité de surveillance attentive, agissant comme entraînement de l’attention (Lindsay & Creswell, 2017; Tang, Holzel, & Posner, 2015). Afin d’observer consciemment l’expérience du moment présent, la personne s’entraîne à engager volontairement l’attention, afin

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d’inhiber la rêverie (Hasenkamp, 2014; Hasenkamp, Wilson-Mendenhall, Duncan, & Barsalou, 2012). Plus une tâche est exigeante en ressources attentionnelles, plus les régions cérébrales associées à la rêverie sont désengagées, et vice versa (M. D. Fox et al., 2005; Mason et al., 2007). Le modèle présenté par Hasenkamp dissèque un épisode de pratique méditative en quatre phases principales (FOCUS, MW, AWARE et SHIFT) et associe chacune des phases à des processus neurocognitifs distincts (Hasenkamp, 2014; Hasenkamp et al., 2012). Le modèle est illustré à la Figure 1. Au début d’un épisode, le méditant met en pratique l’instruction de focaliser l’attention, soit la phase « FOCUS », et la maintenir le plus longtemps possible sur un objet méditatif prédéterminé (p. ex., les sensations tactiles et intéroceptives liées à la respiration nasale). L’attention ainsi soutenue sollicite la portion dorsale du réseau exécutif frontopariétal, responsable du contrôle de l’attention (Corbetta & Shulman, 2002). La portion ventrale du réseau exécutif est inhibée en FOCUS, puisque son implication dans le contrôle attentionnel est davantage pour l’inhibition et la redirection de l’attention (Corbetta, Patel, & Shulman, 2008). Inévitablement, une phase de rêverie suit, ou « MW » pour Mind Wandering, en anglais, et se caractérise par une période plus ou moins longue où l’attention est ailleurs que sur l’objet méditatif. Durant cette phase, les réseaux attentionnels se désengagent, vu le relâchement de l’effort volontaire. L’activation résultante du circuit par défaut permet alors la survenue de la rêverie. Dans la phase « AWARE », le méditant prend conscience de la rêverie au moyen de la vigilance. Cette phase sollicite le réseau cérébral de saillance (salience network, en anglais), impliqué dans la détection de stimuli (Seeley et al., 2007). Le réseau de saillance permet également la transition entre l’activation du circuit par défaut et celle du réseau exécutif frontopariétal (Goulden et al., 2014). À la dernière phase, « SHIFT », le méditant inhibe la rêverie et déplace l’attention sur l’objet de méditation (retour à la phase « FOCUS »), ce qui conclut un épisode et initie le suivant. Cette phase sollicite alors les deux portions du réseau exécutif frontopariétal, permettant ainsi la réorientation de l’attention (Corbetta et al., 2008). Au retour à la phase FOCUS, la portion ventrale est de nouveau inhibée et l’attention est soutenue sur l’objet. La tâche du méditant consiste donc à se souvenir de focaliser l’attention sur l’objet aussi longtemps que les capacités de concentration le permettent, à prendre conscience rapidement de la rêverie et à s’en désengager efficacement pour ramener entièrement l’attention sur l’objet. Ce cycle de quatre phases est répété aussi souvent que nécessaire tout au long de la

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pratique de la méditation, qui dure entre 30 et 45 minutes selon les programmes IBPC. C’est donc par la pratique fréquente de la méditation et de la phase SHIFT que les participants arriveraient à entraîner le contrôle attentionnel, régit par le réseau exécutif frontopariétal (M. D. Fox et al., 2005; Hasenkamp et al., 2012; Malinowski, 2013; Tang et al., 2015).

Figure 1. Cycle de méditation d’attention focalisée, tiré, adapté et traduit d’Hasenkamp (2014)

Un des défis de l’administration des IBPC est de s’assurer que les instructions de méditation soient mises en pratique correctement afin que l’entraînement attentionnel soit efficace. Chez les débutants, la capacité à soutenir l’attention et à demeurer vigilant sont généralement faibles. Cela fait en sorte que la personne doit fournir beaucoup d’effort dans sa pratique pour compléter peu de cycles entraînant le contrôle attentionnel2 (Lutz et al., 2015; Tang et al., 2015). Ainsi, la personne débutante laissée à elle-même aura tendance à perdre l’objet de méditation après seulement quelques secondes et à prendre conscience de la rêverie plusieurs

2 Un méditant avancé aura également moins d’occasions pour répéter des cycles sollicitant le contrôle

attentionnel, puisqu’il perdra plus rarement le contact avec l’objet méditatif. Toutefois, à ce stade, l’objectif de la pratique de l’attention pourra changer et porter plutôt sur le perfectionnement de la clarté et la stabilité de la conscience ou sur l’ouverture de celle-ci (conscience de plusieurs expériences distinctes à la fois) (Lutz, Jha, Dunne, & Saron, 2015).

et al., 2005; Fransson, 2005). A large body of task-based research

implicates these brain regions as central to various aspects of attention (Corbetta et al., 2008; Fransson, 2005; Posner and Petersen, 1990). Functional connectivity studies have further shown that the DMN and attention networks fluctuate in an anticorrelated and regular pattern, which has led to the suggestion that these two brain networks may perform at least partially opposing functions (e.g., to alternately monitor the internal and external environment;Fox et al.,

2005; Fransson, 2005). Scientific interest in these neural networks

and their relevance to brain function is rapidly increasing; however, it remains unclear how ongoing activity in each network relates to subjective experience in real time.

Mind wandering often occurs at rest, but also frequently interrupts tasks requiring sustained attention, suggesting an interplay between cognitive states that may involve fluctuations between DMN and attention network activity (Smallwood and Schooler, 2006). The study of attention has a long history in cognitive science, and numerous accounts have been proposed. Much work, for example, proposes basic distinctions between component processes of atten-tion, such as orienting, detecting targets, and maintaining altertness

(Posner and Petersen, 1990; Posner and Rothbart, 2009). Other work

establishes important attentional networks, including the dorsal and ventral attention systems (Corbetta and Shulman, 2002; Corbetta

et al., 2008), the salience network, and the executive network (Seeley

et al., 2007). Interestingly, there is also a long and detailed history of

investigating attentional mechanisms through meditation in the Buddhist tradition (e.g.,Gunaratana, 2002; Wallace, 2006), and an interdisciplinary scientific discussion has recently developed sur-rounding the possible cognitive and physiological mechanisms of meditation in light of its potential benefit for mental and physical health (Bishop et al., 2004; Chiesa and Serretti, 2010; Chiesa et al.,

2011; Hofmann et al., 2010; Ospina et al., 2007; Rubia, 2009). Some

researchers have become interested in studying meditation as a means of understanding and possibly enhancing attention, beginning

Building on this previous work, we have developed a cognitive model of the natural dynamics between mind wandering and attention that occur during a common attention-based meditation practice. The practice of focused attention (FA) meditation is intended to help the practitioner enhance awareness of his/her cognitive states while developing attentional control (Lutz et al., 2008). Indeed, recent research has demonstrated that FA meditation improves attentional skill in several domains (Jha et al., 2007; Lutz et al., 2009; MacLean

et al., 2010; Zeidan et al., 2010). During FA practice, an individual

attempts to maintain focus on a single object (e.g., the breath), bringing attention back to the object whenever the mind wanders

(Gunaratana, 2002; Wallace, 2006). In line with many traditional

accounts, our model proposes that during FA meditation, one's subjective experience follows the structure outlined in Fig. 1A. When attempting to sustain focus on an object, such as the breath, an individual inevitably experiences mind wandering. At some time during mind wandering, the practitioner becomes aware that his/her mind is not on the object, at which point he/she disengages from the current train of thought and shifts attention back to the object, where it stays focused again for some period of time. AsFig. 1A illustrates, we have termed these states MW (representing mind wandering, or loss of focus), AWARE (representing the awareness of mind wandering), SHIFT (representing shifting of focus back to the breath) and FOCUS (representing maintenance of attentional focus on the breath).1The subjective experience of these states is a cyclical process that iterates repeatedly throughout a session of FA meditation.

Fig. 1. Theoretical and analytical models of FA meditation. A) Theoretical model of dynamic cognitive states experienced during a session of FA meditation. A detailed description of

this cognitive cycle is presented in theIntroduction. The gray dashed line represents our hypothesized division between DMN and task-positive attention network activity during

these states. B) Analytical model for construction of phases surrounding each button press (represented by the heavy black vertical line). While the button press is represented here

in the middle of a TR, note that the timing of the button press within a TR will be variable. A detailed description of the phases is presented inMaterials and methods.

1While we have attempted to develop a model that is broadly applicable across

subjects, significant individual variability undoubtedly exists in the precise temporal nature of the cognitive fluctuations examined here. It is not our intention to suggest that each of these states has a consistent duration, or will always occur in a strict serial

manner; instead our idealization is necessary for analytical purposes (seeMaterials

and methods). As these mental states will actually occur over variable lengths of time,

some level of smearing between phases is inevitable within this model (Meyer et al.,

1988). Further, the arrows between these states (Fig. 1A) represent transitional

mental processes that enable the subsequent states, but are not expressly 751 W. Hasenkamp et al. / NeuroImage 59 (2012) 750–760

Attention

focalisée

Rêverie

Orienter

l’attention

Conscience

de la rêverie

Réseaux attentionnels

Entraînement de l’attention

Circuit par défaut

Circuit par défaut

Cortex préfrontal médian Cortex cingulaire postérieur

Réseau de saillance

Insula

Cortex cingulaire antérieur dorsal

Réseau exécutif

Cortex pariétal

Cortex préfrontal dorsolatéral

Réseau exécutif

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minutes après son initiation, résultant en un faible nombre de cycles méditatifs au total dans une séance. Une méditation guidée et encadrée, bien qu’elle limite l’effort de vigilance à soutenir par le méditant, permettrait de prendre conscience plus tôt de l’état de rêverie. Ceci accélèrerait l’enclenchement de la phase SHIFT et soutiendrait l’effort de maintien en phase FOCUS. Ce bénéfice de l’encadrement justifie que les IBPC prévoient des méditations guidées par l’instructeur en séance et par enregistrement audio à domicile. Un méditant avec plus d’expérience, bien qu’il puisse perdre l’objet plutôt vite, pourra le retrouver plus rapidement par lui-même, et ce dans une pratique davantage autonome. Puisqu’il aura besoin de fournir de moins en moins d’effort de vigilance, il pourra répéter plus de cycles méditatifs complets sollicitant le contrôle attentionnel (Lutz et al., 2015). Les objectifs des IBPC sont donc de développer suffisamment la capacité de vigilance et l’efficacité du contrôle attentionnel afin que le maintien de la conscience du moment présent devienne spontané et efficace en contexte de méditation formelle et se généralise à la vie quotidienne.

Effets psychologiques

L’efficacité des IBPC comme traitement pour réduire la détresse psychologique et les symptômes associés jouit d’un bon appui empirique. Une méta-analyse récente sur le traitement de la détresse découlant de différentes maladies psychiatriques attribue aux IBPC une taille d’effet modérée comparativement à une liste d’attente (d = 0,55). La taille d’effet est faible lorsque les IBPC sont comparées à un traitement minimal (d = 0,37), à un groupe contrôle actif non spécifique (d = 0,35), ou à un groupe contrôle actif spécifique3 (d = 0,23). Par ailleurs, les IBPC sont aussi efficaces que les autres traitements basés sur les données probantes (d = -0,004) (Goldberg, Tucker, Greene, Davidson, et al., 2018). De plus, les tailles d’effet obtenues aux mesures de suivi sur quelques mois soutiennent une efficacité plus importante des IBPC à long terme que les autres conditions de contrôle. Selon Lindsay et Creswell (2017), ces bénéfices des IBPC contre la détresse psychologique seraient principalement associés au processus d’acceptation promu par la pleine conscience.

3 Un groupe contrôle actif spécifique est développé spécifiquement pour répondre aux besoins de la

population clinique étudiée, mais en excluant les composantes actives de la condition expérimentale, alors qu’un groupe contrôle actif non spécifique n’est pas développé en tenant compte de la population.

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Effets cognitifs

Plusieurs travaux de recherche ont porté sur les effets cognitifs de l’entraînement de l’attention par la méditation de pleine conscience. Une méta-analyse récente a investigué les effets de différents formats d’IBPC, incluant des formes brèves ou intensives (retraites de méditation), de même que des IBPC conventionnelles (Prakash, Fountain-Zaragoza, Kramer, Saminy, & Wegman, 2018). Les études peu rigoureuses (devis sans groupe contrôle ou avec un groupe contrôle passif) ou qui portaient sur les effets de retraites sont celles ayant obtenu les résultats les plus encourageants. Ces bénéfices ne se traduisaient toutefois pas aussi clairement dans les études randomisées et contrôlées (avec un groupe contrôle actif), qui demeurent peu nombreuses (Prakash et al., 2018). Une méta-analyse sur les effets des IBPC sur plusieurs fonctions cognitives, parue en 2011, exprimait déjà des préoccupations quant à la qualité des études publiées (Chiesa, Calati, & Serretti, 2011). Néanmoins, cette analyse dégageait des bénéfices des IBPC sur l’attention sélective, le contrôle attentionnel, la mémoire de travail et certaines fonctions exécutives, notamment la capacité d’inhibition et de fluence verbale (Chiesa et al., 2011). Plus récemment, Vago et ses collaborateurs réitéraient le constat du faible nombre d’études cliniques rigoureuses sur la cognition (Vago, Gupta, & Lazar, 2018). Les principales critiques, outre le choix des groupes contrôles (randomisation et type), touchaient la taille des échantillons, la description du contenu des interventions et la durée des suivis post-intervention (Chiesa et al., 2011; Prakash et al., 2018; Vago et al., 2018). Souvent, le choix des mesures cognitives était inadéquat pour cibler les fonctions cognitives pour lesquelles les IBPC sont efficaces (Vago et al., 2018). Ces limites empêchent de tirer des conclusions claires quant aux effets des IBPC sur la cognition, justifiant la poursuite d’études plus rigoureuses en ce sens.

Malgré ces critiques, Jha et ses collaborateurs (2016; 2017) ont jeté un éclairage nouveau sur les effets cognitifs des IBPC en démontrant qu’il est possible, au moyen de ces approches, de préserver la cognition chez des personnes à haut risque de déclin ultérieur. Il est important de souligner que dans ces conditions, c’est une absence de changement, ou maintien cognitif, suite aux IBPC qui est recherchée plutôt qu’une amélioration de la performance post-IBPC. Les études menées dans le laboratoire de Jha ont démontré un maintien des capacités d’attention soutenue et de mémoire de travail chez des militaires après un intervalle

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d’entraînement intensif pré-déploiement (Jha et al., 2016; Jha et al., 2017; Zanesco, Denkova, Rogers, MacNulty, & Jha, 2018). Or, il est attendu que ces personnes connaissent une perte d’efficacité de ces fonctions, qui découlerait de l’exposition à un stress intense, propice à la rêverie excessive (Jha et al., 2016; Jha, Stanley, Kiyonaga, Wong, & Gelfand, 2010). Le programme administré dans ces études a été adapté spécifiquement aux besoins et au vocabulaire des militaires. Il faisait notamment l’entraînement et la promotion des vertus de la concentration, de la conscience du corps, de l’ouverture aux expériences nouvelles et de la connexion aux autres. Ce programme était administré sur quatre semaines et comprenait des pratiques à domicile de 15 minutes, cinq jours par semaine. Ce curriculum bref a été développé afin de s’intégrer plus facilement à l’horaire chargé des militaires en entraînement intensif. Une telle capacité de prévenir le déclin cognitif par une intervention aussi brève est encourageante pour le potentiel d’interventions administrées sur huit semaines, qui sont plutôt la norme.

Cette protection que semblent exercer les IBPC sur la cognition des militaires est cohérente avec les effets protecteurs d’une pratique méditative mis en évidence sur la santé psychologique et cognitive dans le vieillissement. Chez les méditants d’expérience (plus de 5 ans, en moyenne 20 années d’expérience) et âgés de plus de 50 ans, le cerveau est davantage préservé que chez des adultes non méditants d’âge équivalent (Luders, Cherbuin, & Gaser, 2016; Luders, Cherbuin, & Kurth, 2015). Plus précisément, l’atrophie du volume global de matière grise associée au vieillissement normal est moins importante (Luders et al., 2016; Luders et al., 2015). Un algorithme d’apprentissage machine, le BrainAGE index (Franke, Ziegler, Kloppel, Gaser, & Alzheimer's Disease Neuroimaging, 2010), a permis d’estimer l’âge du cerveau des méditants. Selon l’algorithme, les méditants de 50 ans avaient un cerveau de 7,5 ans de moins que celui de non méditants d’âge équivalent. De plus, les méditants présentaient un vieillissement cérébral estimé moindre pour chaque année de vie supplémentaire que les non méditants (Luders et al., 2016; Luders et al., 2015). Chez des aînés en santé, l’administration d’IBPC réduit la détresse psychologique en plus de maintenir ou d’améliorer dans certains cas leur fonctionnement cognitif (Gard et al., 2014; Hazlett-Stevens et al., 2018; Laird et al., 2018; Marciniak et al., 2014; Newberg et al., 2013; Vasudev et al., 2018). Les principaux effets sur la cognition d’aînés en santé ont été observés sur l’attention, la mémoire, les fonctions exécutives, la vitesse de traitement de l’information et

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la cognition générale (Gard et al., 2014; Hazlett-Stevens et al., 2018; Laird et al., 2018; Marciniak et al., 2014; Newberg et al., 2013). Ainsi, les effets protecteurs contre la dégradation cognitive associée au vieillissement et à l’entraînement pré-déploiement militaire sont encourageants et indicateurs d’une efficacité réelle des IBPC sur la cognition. En se basant sur ces constats, la thèse testera dans quelle mesure une IBPC engendrent des effets cognitifs similaires chez des personnes âgées présentant un vieillissement cognitif pathologique. Pour ce faire, elle se penchera sur les effets de ces interventions sur les symptômes associés à l’évolution vers la MA. Il s’agit d’une maladie neurodégénérative marquée par une perte progressive de la mémoire et de l’autonomie fonctionnelle. Les personnes à risque de développer la MA risquent également de souffrir de symptômes dépressifs et anxieux (Apostolova & Cummings, 2008; Ismail et al., 2016). Cette pathologie a d’ailleurs été ciblée dans la thèse en raison de la relation étroite entre son développement et l’expérience de stress chronique (McEwen & Rasgon, 2018). L’exposition prolongée au stress endommage le cerveau et peut nuire à son fonctionnement. À long terme, ces dommages contribuent à la survenue de la démence chez les personnes âgées et en accélèrent la progression. La thèse testera si l’administration d’une IBPC permet de réduire les symptômes psycho-cognitifs d’aînés à risque de développer la MA. La prochaine section décrit la MA et le TCLa, son principal prodrome, qui constitue la population ciblée dans la thèse. Elle expose ensuite les raisons qui justifient le choix d’intervenir au stade du TCLa. Les liens entre le stress chronique et le développement de la MA, de même que la contribution des symptômes psychologiques à son évolution sont abordés dans la section subséquente.

Maladie d’Alzheimer et trouble cognitif léger amnésique

La MA est la forme de démence la plus prévalente et se caractérise par une perte progressive de la mémoire et de l’autonomie fonctionnelle. Ce trouble neurodégénératif affectait environ 514 000 Canadiens en 2014, 60 000 de plus en 2018, et ce nombre augmentera à près de 1 million d’ici 2033 si rien n’est instauré pour mieux prévenir ou traiter cette maladie (Chambers, Bancej, & McDowell, 2016). En 2015, les estimations ont prévu que le nombre de personnes atteintes dans le monde doublera à chaque 20 ans jusqu’en 2050 (Prince et al., 2015). Ces prédictions étaient plus élevées d’environ 13 % que celles de 2009, indiquant une

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situation en aggravation (Prince et al., 2015). Au moment du diagnostic clinique de MA, les atteintes cognitives et cérébrales sont déjà suffisamment sévères pour interférer avec le fonctionnement social ou professionnel (McKhann et al., 2011). La recherche a permis d’identifier de multiples marqueurs qui précèdent l’apparition des symptômes cognitifs, incluant la déposition de plaques amyloïdes et la survenue de dommages et de dysfonctions cérébrales associées à la protéine Tau. Ultimement, le début de l’atrophie de la matière grise survient d’abord au niveau du lobe temporal médian (cortex entorhinal et hippocampe), puis se généralise aux autres régions corticales (Jack et al., 2013; Jack et al., 2010). L’atrophie hippocampique est l’atteinte physiologique la plus directement associée aux pertes mnésiques dans la MA (Schroder & Pantel, 2016). Alors que les modèles initiaux présentaient la progression de la maladie comme linéaire, les modèles plus récents proposent une interaction complexe entre les marqueurs d’une MA en progression et des facteurs de risque vasculaires pour expliquer l’atrophie de la matière grise (Veitch et al., 2019).

Continuum d’évolution vers la MA

La MA se développe sur plusieurs années et la recherche clinique a permis de diviser la période qui la précède en plusieurs stades. Déjà chez les personnes en santé qui développeront éventuellement la MA, certains marqueurs physiologiques et facteurs de risque sont présents et peuvent être ciblés dans une optique de prévention primaire (Dubois et al., 2016). Éventuellement, ceux qui évolueront vers la MA passeront par un stade pré-symptomatique où les atteintes cognitives débutent, mais ne sont pas suffisantes pour être détectables par les tests neuropsychologiques traditionnels (Molinuevo et al., 2017). À ce stade, le patient peut ou non percevoir un déclin cognitif subjectif (DCS). Plusieurs poursuivront leur évolution vers une phase prodromique à la MA qui se manifeste souvent par un TCLa et qui présente une symptomatologie similaire à celle de la MA, mais de sévérité moindre (Albert et al., 2011; Petersen, 2004). À ce stade, les atteintes cognitives sont détectables par les tests neuropsychologiques, mais n’altèrent pas significativement le fonctionnement de la personne (Albert et al., 2011; Petersen, 2004). Les atteintes mnésiques dans le TCLa s’observent principalement lors de tâches d’apprentissage et de rappel en mémoire qui mettent en évidence des déficits d’encodage et de récupération de l’information (Hudon, Belleville, & Gauthier, 2008). Il a été rapporté que les difficultés d’encodage seraient plus sévères que

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celles de récupération dans le TCLa (Wang & Zhou, 2002). Des problèmes de consolidation de l’information en mémoire épisodique à long terme sont également observés chez les personnes avec un TCLa (Belleville, Sylvain-Roy, de Boysson, & Menard, 2008). De plus, une proportion importante des patients présente aussi des troubles de la mémoire sémantique (Joubert et al., 2008), des fonctions exécutives, de l’attention (Johns et al., 2012), du langage (Taler & Phillips, 2008), ou des fonctions visuo-spatiales (Mitolo et al., 2013).

La dernière mise à jour des critères diagnostiques du TCL4 découle d’une concertation des experts conviés par le National Institute of Aging et l’Alzheimer’s Association (NIA-AA) (Albert et al., 2011). Ces critères requièrent : (a) une inquiétude concernant la survenue d’un changement au niveau cognitif (mnésique dans le TCLa) qui provient du patient, d’un proche ou du clinicien; (b) un trouble objectivé dans un ou plusieurs domaines cognitifs, incluant une atteinte de la mémoire épisodique dans le TCLa, c’est-à-dire une difficulté à apprendre et à retenir de nouvelles informations (performance située à -1 écart-type et moins sous la moyenne des personnes du même âge et de même niveau de scolarité); (c) une préservation générale de l’autonomie fonctionnelle; et (d) une absence de diagnostic clinique de démence. De plus, pour qu’un patient satisfasse les critères du TCL, il faut exclure les causes exclusivement vasculaires, traumatiques et médicales du trouble cognitif. Pour améliorer la spécificité du diagnostic de prodrome de la MA, ces experts suggèrent d’investiguer la présence de changements intra-individuels, c’est-à-dire un déclin du fonctionnement cognitif avec le passage du temps. Si un patient n’est évalué qu’une seule fois, ils proposent d’inférer la présence de changements cognitifs en se basant sur un standard individuel (p. ex., histoire personnelle). Ces critères sont applicables en pratique clinique. En recherche, les experts du NIA-AA proposent également d’examiner la présence d’un biomarqueur compatible avec la MA (p. ex., atrophie hippocampique ou présence de dépôts Amyloïde-β dans le cerveau), renforçant ainsi la probabilité que le TCL soit dû à la MA.

4 L’acronyme TCL est utilisé lorsque le texte ne réfère pas spécifiquement à des personnes présentant de

Figure

Figure 1. Cycle de méditation d’attention focalisée, tiré, adapté et traduit d’Hasenkamp (2014)
Figure 1. Schematic model of MBI’s effects on MCI/AD.
Table 1. Effects of MBI on cortisol
Table 2. Effects of MBI on cortisol’s anti-inflammatory properties
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Références

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