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Un libéralisme bien tempéré : Relire Adam Smith

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Academic year: 2021

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Un libéralisme

bien tempéré

Relire Adam Smith

A

dam Smith est présenté de maniè-re unanime comme le pèmaniè-re fonda-teur de l’économie moderne. Son

Enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations2, publiée en 1776, est célébrée à juste titre comme l’ouvrage inaugural de l’économie politique classi-que. Mais nombreux sont aussi ceux qui le considèrent comme l’auteur embléma-tique de la théorie économique libérale ou du libéralisme économique3. Or si Smith est indiscutablement un penseur libéral, il préconisait en effet « le système

évident et simple de la liberté naturelle »,

son libéralisme est bien loin des positions défendues par certains sectateurs con-temporains du libéralisme économique. C’est un libéral défendant une conception

in fine relativement tempérée du

libéra-lisme, plaçant certes le marché au centre de ses analyses, mais n’excluant ni des freins au libre-échange dans certains cas, ni l’intervention de l’État pour assurer la justice et le bien-être social.

La Richesse des nations est un livre

volumineux et foisonnant : 1100 pages en deux volumes dans l’édition de poche chez Garnier-Flammarion, plus de 1400 pages en quatre volumes dans l’édition parue aux PUF en 1995, en y incluant l’appareil critique. Malgré sa taille, il a rencontré un succès considérable du

vivant de son auteur et a connu de nom-breuses rééditions et traductions. Smith y expose une synthèse des conceptions économiques de son temps, synthèse brillante, à la fois originale et critique, s’inspirant très largement des travaux tant britanniques que français de son époque. La Richesse est en même temps la matrice à partir de laquelle vont se construire peu de temps après sa mort les analyses économiques parfois contradic-toires d’auteurs tels que David Ricardo, Thomas Malthus ou Jean-Baptiste Say, amalgamées plus tard un peu rapidement dans les histoires académiques de la pen-sée économique dans la catégorie uni-voque de « l’économie classique ». Karl Marx parfois présenté par ces mêmes his-toires comme « le dernier des classiques » développera sa réflexion hétérodoxe à partir d’une lecture critique de Smith, de ses prédécesseurs comme de ses con-tinuateurs, et plus particulièrement des trois auteurs que nous venons de citer. L’auteur du Capital prendra cependant soin de séparer ceux qu’il nommera déjà les « classiques » de ceux qu’il qualifiera sévèrement de « vulgaires », les premiers bien qu’étant aveuglés par leurs prises de position idéologiques en faveur du système capitaliste tentent selon Marx de faire œuvre scientifique alors que les

(UMR 7043 CNRS)

& Faculté des sciences sociales Université Marc Bloch, Strasbourg <pfefferk@umb.u-strasbg.fr>

À propos de :

A

DAM

S

MITH

Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations

(traduction coordonnée par Ph. Jaudel, resp. scientifique J.-M. Servet), Paris, Economica, tome 1 : 2000, t. 2 : 2002.

A

DAM

S

MITH

Théorie des sentiments moraux

(traduit, introduit et annoté par M. Biziou, Cl. Gautier et J.-F. Pradeau ), Paris, PUF, 19991.

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Roland Pfefferkorn Un libéralisme bien tempéré

seconds sont essentiellement animés par leurs visées apologétiques. Smith et Ricardo sont classés par Marx dans le premier groupe et élevés par lui au rang de « classiques », Malthus et Say étant relégués dans la seconde catégorie.

Dans un article récent, paru en fran-çais en 2002, Armatya Sen, l’économiste nobelisé d’origine bengali, souligne avec raison le caractère particulièrement com-plexe de l’ouvrage de Smith qu’il oppose aux positions simples, voire simplistes de « ceux qui en arrachent des phrases

particulières », utilisées « comme des slogans », « pour défendre des positions politiques simples (et souvent obtuses) ».

Il renvoie explicitement aux déclara-tions des « extrémistes conservateurs

(notamment en Grande-Bretagne) » et

aux « effusions enflammées » d’un « soi-disant Adam Smith Institute ». Cet institut défend en effet des positions ultra-libéra-les, davantage conformes aux idées des deux autres « héros » (sic) figurant sur la page d’accueil de son site internet : Frie-drich August von Hayek et Milton Fried-man, l’un et l’autre effectivement deux des principaux inspirateurs du tournant « néo-libéral » de la fin des années 1970 et début des années 1980 (Anderson, 1996) ; le second de ces « héros » étant même à l’origine de l’expérimentation grandeur nature dudit tournant dans le Chili pinochétiste dès 1974. Armatya Sen précise dans son article que cette tradition qui consiste à « impliquer Smith

dans la justification du bon chemin »

libéral et à invoquer la « main invisible » n’est pas récente. Elle remonte selon lui à près de deux siècles. « Dès 1812, le

gouverneur de Bombay refusa une pro-position de transporter de la nourriture dans le Gujerat touché par la famine en citant l’autorité d’Adam Smith » alors que

Smith a dit peu de choses directement ou indirectement sur la manière de traiter une famine. Par contre, comme nous le soulignerons plus loin, Smith a toujours relié étroitement conceptions économi-ques et vision éthique, l’objectif étant de parvenir à une société juste4.

Les fondements philosophiques et moraux des conceptions économiques exposées dans La Richesse ont longtemps été négligés. Pourtant Smith développe explicitement ses positions morales dans son autre grand ouvrage, La Théorie des

sentiments moraux (1759) qu’il publie 17

ans avant La Richesse, alors qu’il occu-pait une chaire de philosophie morale à l’université de Glasgow. C’est ce pre-mier ouvrage qui lui permet d’acquérir une certaine renommée et de devenir quelques années plus tard le précepteur du duc de Buccleuch, de voyager avec lui en France pendant de longs mois, de 1764 à 1766, d’y rencontrer sur recom-mandation de son ami David Hume, les Encyclopédistes Jean le Rond d’Alembert et Claude Adrien Helvétius et les phy-siocrates François Quesnay, partisan du libre-échange des grains, et Anne-Robert Turgot, contrôleur général des Finances, partisan de la liberté du commerce. A son retour en Grande-Bretagne, il bénéficia en outre d’une rente à vie lui permettant désormais de consacrer tout son temps à l’écriture de ce qui deviendra dix ans plus tard La Richesse des Nations.

Tout au long de sa vie, Adam Smith accorde autant d’importance à La Théorie

des sentiments moraux qu’à La Riches-se… Du moins si on s’en tient au nombre

de rééditions de son vivant : quatre pour

La richesse (1778, 1784, 1786, 1789) ;

cinq pour La théorie des sentiments

moraux (1761, 1767, 1774, 1781, 1790),

dont deux après la parution de son second grand livre. Cela apparaît également si on prend en compte l’importance des ajouts et des modifications que l’auteur a apporté à chacun des deux livres, y compris à la veille de sa mort pour la dernière édition de La Théorie des

sen-timents moraux. Comme le notent les

traducteurs de l’édition française récente de La Théorie des sentiments moraux (PUF, 1999), « l’ampleur des corrections

qui sont apportées à La Théorie des

sen-timents moraux plusieurs années après la

parution et la révision de l’Enquête sur

la nature et les causes de la richesse des nations, montre l’intérêt que Smith n’a

pas cessé de porter à son œuvre morale

». Ajoutons encore que La Richesse des

Nations n’est pas exempte de

considéra-tions morales et de nombreuses digres-sions sur les religions, qui couvrent au moins un cinquième de son volume, et qui ont quelque cousinage avec les ana-lyses proposées bien plus tard par Max Weber.

Enfin, La Richesse ne peut être réduite au seul statut d’un ouvrage fondateur en économie. La plupart des livres qui parlent d’économie à l‘époque

multi-plient les exemples concrets et mêlent les considérations économiques avec des réflexions philosophiques morales ou politiques. Le livre de Smith ressemble de ce point de vue à ceux de ses contem-porains, mais il se prête à bien d’autres lectures, y compris les plus inattendues, ce qui est la marque des grandes œuvres. Dans l’introduction à la dernière tra-duction française (Economica, 2000), l’économiste Jean-Michel Servet écrit à juste titre : « On peut lire un tel ouvrage

comme on le fait des récits de voyage ou d’un ouvrage de la collection Terre

Humaine, ou encore de la description des

îles du pacifique par le capitaine Cook.

La Richesse des nations est un véritable

guide qui donne l’odeur des ports anglais ou écossais du XVIIIe siècle pour

s’em-barquer pour le continent européen, pour la Chine, les Indes, les Amériques ou le Proche-Orient. On y découvre les entre-preneurs britanniques vertueux et l’aris-tocratie française symbole de dépenses de luxe et de prodigalité, les petites bou-tiques des Hautes-Terres d’Ecosse (…)»

(p. IX-X).

Mais si les spécialistes rendent aujourd’hui largement justice à Smith, il n’en reste pas moins qu’il est régulière-ment enrôlé, au service d’une idéologie qu’il est pourtant loin de défendre, une idéologie qui n’est pas seulement libé-rale, mais qui pourrait être qualifiée de libérale extrémiste ou radicale, de néo ou ultra-libérale, voire « libertarienne ». Nous reviendrons plus loin sur certai-nes analyses discutables de La Richesse, parfois répandues depuis longtemps. L’écho de ces commentaires ne manque pas d’étonner dans la mesure où ces interprétations s’opposent précisément au noyau dur des thèses exposées par Smith lui-même dans La Théorie des sentiments

moraux5. Il y propose en effet des éclaira-ges qui devraient permettre d’éviter des exégèses abusives de certains points de

l’Enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations.

Une des toutes premières questions qui s’est posée aux commentateurs est relative à l’unité de l’œuvre de Smith. Les philosophes et les historiens du milieu du 19e siècle avaient longuement débattu de la supposée contradiction entre les deux œuvres. L’une des figures les plus mar-quantes de l’école historique allemande, Karl Knies, avait notamment soulevé ce

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yeux fondamentale entre les deux ouvra-ges. Selon Knies, Smith semble en effet promouvoir la sympathie dans La théorie

des sentiments moraux (TSM) et

l’égo-ïsme dans La Richesse. Cette opposition n’est cependant pas aussi évidente qu’il n’y paraît à première vue. Dans ses deux livres, le comportement de chaque indi-vidu est en effet toujours déterminé par le comportement des autres. On a affaire à chaque fois à une interaction ou, sui-vant la formule de Georg Simmel, à une action réciproque. Chaque personne tient compte de l’autre ou des autres, tente d’imiter l’autre, cherche à tenir compte de sa présence ou encore à se mettre à sa place. La sympathie smithienne peut donc être envisagée comme la faculté proprement humaine de disposer de la capacité à se mettre à la place d’autrui et de comprendre par ce biais, ses expérien-ces, ses sentiments et les motifs de ses actions. Cette faculté est en outre pensée par Smith comme étant innée et d’origine divine. Elle correspond très précisément à ce qu’aujourd’hui nous désignerons plutôt par l’empathie. On peut donc sou-tenir l’idée que l’individu smithien entre en contact avec autrui sur le mode de l’imagination compréhensive empathi-que (cf. TSM, p. 23-31). Cette dernière a très peu de chose à voir avec l’égoïsme de ce personnage rationnel inventé non pas dans La Richesse, mais bien plus tard par les économistes marginalistes et néo-classiques : l’homo oeconomicus. En effet la sympathie smithienne doit conduire à rechercher la justice et le bien commun.

Par la suite, au cours du vingtième siècle, plutôt que d’opposer La Richesse et la TSM, les économistes ont eu ten-dance, pour la plupart d’entre eux, à négliger ou ignorer la TSM en oubliant totalement le fait que l’œuvre de Smith, y compris La Richesse, est aussi une œuvre de philosophe et de moraliste. Cet oubli a conduit de nombreux auteurs à ne retenir de Smith que l’égoïsme comme le moteur des comportements humains en lieu et place de la « sympathie » en s’appuyant sur l’un des passages les plus cités de La Richesse et en l’isolant des réflexions contradictoires qui apparais-sent ailleurs, tant dans La Richesse que dans TSM : « … On n’a jamais vu

d’ani-cela est à toi; je te donnerai l’un pour l’autre. Mais l’homme a presque conti-nuellement besoin du secours de ses sem-blables, et c’est en vain qu’il l’attendrait de leur seule bienveillance. Il sera bien plus sûr de réussir, s’il s’adresse à leur intérêt personnel et s’il leur persuade que leur propre avantage leur commande de faire ce qu’il souhaite d’eux. C’est ce que fait celui qui propose à un autre un marché quelconque; le sens de sa pro-position est ceci: Donnez-moi ce dont j’ai besoin, et vous aurez de moi ce dont vous avez besoin vous-même; et la plus grande partie de ces bons offices qui nous sont nécessaires s’obtiennent de cette façon. Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger, que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu’ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme et ce n’est jamais de nos besoins que nous leur parlons, c’est toujours de leur avantage... »6. De manière significative, la dernière édition française de la TSM remontait à 1860 dans une traduction datant de la fin du 18e siècle. Et ce n’est que récemment, en 2000, en introduction à la toute dernière traduction française de

la Richesse, qu’un économiste remarque

que Smith n’est pas seulement le fonda-teur de l’économie politique classique, mais qu’il incarne « un idéal de savant

quasi-universel, économiste certes, mais plus encore peut-être selon les catégo-ries contemporaines de savoir : historien, politologue, psychologue, sociologue et philosophe ».

A sa parution La Richesse des nations semble marquer une rupture avec les représentations économiques antérieu-res. Ceci est particulièrement clair en ce qui concerne certaines conceptions économiques d’auteurs français, anglais ou espagnols regroupés ultérieurement sous l’appellation de « mercantilistes ». Ces auteurs, parmi lesquels on peut notamment ranger Jean Bodin, Antoine de Montchrestien, Thomas Mun, mais aussi William Petty et John Locke, déve-loppaient des analyses, fortement mar-quées par les différentes conjonctures nationales, au cours du grand 17e siècle, mais dont l’influence n’a pas encore dis-paru dans les premières décennies du

propres termes. Il critique « l’erreur » qui voit dans l’abondance de la monnaie, plus précisément même dans l’abondance d’or et de métaux précieux, la condition de la création des richesses. A l’opposé des adeptes du « système mercantile », il met l’accent dès les premiers mots de

La richesse sur le facteur qui, selon lui,

est à son origine : « le travail annuel de

toute nation ». Ce dernier « est le fonds qui la pourvoit à l’origine de toutes les nécessités et commodités de la vie qu’il consomme annuellement ». La force de La Richesse réside précisément dans cette

affirmation que le travail est la source de toute richesse et la mesure réelle de la valeur échangeable des biens. La richesse n’est donc pas définie par Smith comme un stock monétaire, par exemple une certaine quantité d’or et d’argent, mais comme « les choses nécessaires et

com-modes à la vie » crées par le travail. Ce

faisant, s’il rompt avec le point de vue mercantiliste, il ne fait que reprendre à son compte une consécration du travail et une critique de l’or et de l’argent défen-due bien avant lui par des auteurs aussi différents que William Petty (dès 1671), John Locke (dès 1690), ou encore Pierre Le Pesant de Boisguilbert (en 1704) dans sa Dissertation de la nature des

riches-ses, de l’argent et des tributs.

Par ailleurs, il ne partage pas la vision pessimiste des mercantilistes qui voient dans le commerce extérieur un jeu à somme nulle, c’est-à-dire que si une nation est gagnante dans le commerce extérieur, c’est parce qu’une autre nation est perdante, et inversement. L’auteur de

La Richesse considère qu’on a affaire

à un jeu à somme positive, c’est-à-dire que chaque nation devrait être gagnante en développant son commerce extérieur. Cependant, contrairement aux positions esquissées sur ce point par Smith, déve-loppées par la suite par Ricardo, puis les néo-classiques, et devenues aujourd’hui le dogme tant de l’Organisation de coopé-ration et de développement économique (OCDE) que de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), il n’en reste pas moins que l’histoire économique et socia-le montre qu’il y a bien eu des gagnants et des perdants, certes pas forcément les même aux différentes époques de la formation et de l’extension de

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l’écono-147

Roland Pfefferkorn Un libéralisme bien tempéré

mie-monde capitaliste, du 16e siècle à nos jours (Wallerstein, 1984, 2002).

Smith semble se démarquer aussi des conceptions les plus caractéristiques des « physiocrates » qui dominent le champ des idées économiques en France à l’épo-que de son voyage en compagnie du duc de Buccleuch : Il critique de manière ferme l’erreur de François Quesnay relative à la stérilité de l’industrie et condamne ce qu’il appelle le « système

agricole ». Pour Quesnay et les membres

de la « secte physiocratique » (c’est ainsi qu’ils se nommaient eux-mêmes), seule l’agriculture était productive. Ils con-sidéraient suivant une conception prés-cientifique de la chimie que l’agriculture avait la capacité d’accroître le volume des richesses alors que l’industrie ne ferait que les transformer mais sans en accroître le volume. Il faut se rappeler qu’au moment de cette controverse entre Smith et les physiocrates, le poids de l’industrie reste relativement modeste par rapport à l’agriculture qui connaît des crises récurrentes en raison de sa faible productivité. Par ailleurs à cette époque la production dite aujourd’hui industrielle repose encore fondamentalement sur une petite production domestique ou artisa-nale. Même en Angleterre, nous sommes seulement à l’orée de la « Révolution industrielle », la population active agri-cole de la Grande-Bretagne représente encore la moitié de la population active en 1770. L’évolution sera cependant très rapide puisque la part de la population active agricole n’y atteindra plus que le tiers dès 1800.

Mais, tout en récusant l’erreur agri-cole des physiocrates, Adam Smith s’ins-crit aussi dans une certaine continuité avec des « économistes » français dans la mesure où il s’efforce comme eux de décrire la vie économique comme un pro-cessus mis en mouvement par la dépense de capital et permettant sa reconstitution. En d’autres termes, comme les physiocra-tes et à leur suite, il va développer une approche en termes de circuit économi-que. Par ailleurs, s’il s’inscrit plutôt dans la perspective du libéralisme économique des physiocrates, il n’en reste pas moins que sa conception du libéralisme est fina-lement moins radicale que celui de ces derniers. Les libéraux français étaient alors relativement partagés et défendaient des thèses diverses. On peut rappeler ici

l’importance d’un libéralisme français égalitaire tout à fait original et cohérent qui s’opposait au libéralisme économi-que des physiocrates7. À l’écart de toute tentation extrême de niveler les fortunes ou d’instaurer la communauté des biens, ce libéralisme égalitaire est foncièrement politique. Il relève d’un projet humaniste libéral de cohésion des besoins sociaux réciproques, donc fondé sur une concep-tion de l’homme libre où s’affirme avec force l’effectivité de la théorie lockienne des droits naturels, c’est-à-dire le droit à la liberté, avec pour corollaire le devoir d’égalité ou de réciprocité. Smith ne sem-ble pas avoir été en contact direct avec les libéraux égalitaires, peut-être est-ce l’influence de John Locke via Hume qui explique le libéralisme économique plus tempéré de l’auteur de La Richesse ?

Comme on vient de le voir, Smith innove sur certains points tant par rapport à ses contemporains que par rapport à des conceptions plus anciennes. Mais il emprunte aussi certains thèmes, parfois en s’appuyant sur certains auteurs pour en critiquer d’autres, parfois en reprenant à son compte certaines analyses tout en délaissant ou en se démarquant d’autres. Ces emprunts peuvent même concerner des passages entiers de son ouvrage qui n’émanent pas d’observations de terrain ou de discussions de salon originales, mais de synthèses effectuées à partir de diverses lectures. Par exemple, un des plus célèbres passages de la Richesse, souvent cité, celui consacré à la divi-sion du travail dans lequel il développe l’exemple d’une manufacture d’épingles (exemple repris également par la suite par Hegel et par Jean-Baptiste Say) est-il emprunté à l’article « Manufacture » consacré à cette fabrication, rédigé par Helvétius et publié dans

l’Encyclopé-die de Diderot et d’Alembert. Ajoutons

encore que si Smith met l’accent sur les effets bénéfiques de la division du travail, notamment en termes de gains de productivité, d’augmentation de la production et de diffusion au sein de la société de l’opulence générale, il n’oublie pas pour autant le revers de la médaille. Il souligne l’abrutissement de ceux dont le travail « se borne à un très petit

nom-bre d’opérations très simples », ainsi que

« l’engourdissement » de leurs « facultés

morales ».

Au cours des dernières décennies, trop souvent, les lectures rétrospectives de

La Richesse ont contribué à attribuer

à Smith des conceptions économiques qui n’ont été développées qu’ultérieure-ment. La métaphore smithienne de « la

main invisible » a connu de ce point de

vue une fortune considérable. Elle est considérée par les économistes et même au-delà comme la métaphore par excel-lence pour désigner le marché. Elle est devenue le symbole même de l’œuvre smithienne puisque les enseignants en sciences économique ont tendance à invoquer de manière quasi magique sa « main invisible » à chaque fois qu’ils présentent le marché aux étudiants de première année, en particulier dans sa forme pure et parfaite. La métaphore de la main invisible est censée livrer le secret du mécanisme d’un marché concurrentiel où chaque agent rationnel, en cherchant à maximiser son gain, contribuerait à un mécanisme qui conduirait à un optimum social. Par exemple Claude Jessua, auteur d’une Histoire de la théorie économique8 comportant un chapitre intitulé Adam

Smith ou l’aurore de l’école classique

insiste sur la formule smithienne tirée de La Richesse : « En cela comme en

beaucoup d’autres cas, [chaque indi-vidu] est conduit par une main invisible à remplir des fins qui n’entrent nullement dans ses intentions »9 avant d’aboutir à cette conclusion personnelle dont nous verrons plus loin qu’elle est tout à fait abusive : « L’économie apparaît dès lors

comme un système tendant vers l’équi-libre général, où les agents n’ont qu’à obéir à des signaux clairs (les prix) et à des sollicitations simples (l’intérêt per-sonnel). C’est là l’essence de la position libérale en matière économique ». La

lecture rétrospective de Jessua attribue ici à Smith la conception du marché autorégulateur (un système tendant vers

l’équilibre général) qui n’a été formalisée

qu’à la fin du XIXe siècle par Walras et par ceux qu’on appelle les marginalistes ou les néo-classiques. Dans sa dernière phrase, « c’est là l’essence de la position

libérale en matière économique », Jessua

fait même de l’auteur de La Richesse un apologue libéral du marché (anticipant en quelque sorte les positions d’un Hayek ou d’un Friedman). En effet si Smith met effectivement au cœur de La Richesse l’analyse de la création des richesses et

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et que sa « main invisible » est beaucoup plus complexe qu’il n’y parait, et en tous cas qu’elle ne correspond pas exactement à ce que nous en dit Jessua et la plupart des économistes libéraux.

Tout d’abord Smith, tout en préconi-sant un fonctionnement libre du marché, n’est pas favorable systématiquement à ce « libre » jeu du marché. On y reviendra. De même, s’agissant du libre échange (free trade), il faut rappeler qu’il préco-nise plutôt une espèce de libre échange tempéré. Dans son esprit le marché exté-rieur ne doit pas forcément fonction-ner sans aucune entrave, dans certains cas, il peut même être souhaitable qu’il soit encadré par le souverain. Il rappelle notamment les exemples de certains can-tons suisses ou de certains États italiens qui réglementent le commerce du grain : en effet, dans chacun de ces cas les auto-rités publiques encadrent le commerce du grain pour en tout premier lieu éviter les conséquences désastreuses pour le plus grand nombre quand se produisent des pénuries. Sur ce point Quesnay défend une position nettement plus radicale10.

Par ailleurs, dans l’esprit de Smith, l’État peut et même doit intervenir dans la vie économique, Smith est tout à fait explicite sur ce point. Il accorde volon-tiers à l’État un rôle dépassant largement les seules fonctions régaliennes. Citons ici longuement l’auteur de La Richesse : « Le souverain n’a que trois devoirs à

remplir, trois devoirs de grande impor-tance, certes, mais clairs et intelligibles à l’entendement courant : premièrement, le devoir de protéger la société de la violence et de l’invasion d’autres sociétés indépendantes ; deuxièmement, le devoir de protéger, autant que possible, chaque membre de la société de l’injustice ou de l’oppression de tout autre membre, ou le devoir d’établir une administration stricte de la justice ; et, troisièmement le devoir d’ériger et d’entretenir certains travaux et institutions publics, qu’il ne peut jamais être de l’intérêt d’un indi-vidu, ou de quelques individus d’ériger ou d’entretenir, parce que le profit ne pourrait jamais en rembourser la dépense à un individu ou à quelques individus, quoiqu’il puisse souvent faire plus que le rembourser à une grande société ». (La Richesse des nations, Taieb, p. 784-785).

régalienne de l’État. C’est la suite qui nous intéresse davantage. « Le devoir de

protéger, autant que possible, chaque membre de la société de l’injustice ou de l’oppression de tout autre membre, ou le devoir d’établir une administration stricte de la justice ». Ce passage indique

clairement que pour Smith l’État doit se soucier du bien public et que l’économie ne saurait fonctionner a priori sans vertu. Ce souci de la justice et du bien com-mun n’est pas sans rapport avec ce qu’il nous dit de la sympathie dans la TSM. Les effets pervers du marché doivent donc être combattus par une intervention de l’État. L’idéal moral et politique de Smith est donc bien éloigné d’un libéra-lisme économique qui rêve d’un marché « libre » fonctionnant sans entraves, et d’abord sans intervention de l’État. Le troisième point de cette longue citation est encore plus intéressant car il indique que pour Smith l’État doit, par exemple, prendre en charge les dépenses en infras-tructures de transport ou les dépenses d’éducation aussi bien « de la jeunesse » que « des gens de tous âges » (ces deux points sont développées longuement aux pages 854-916 de La Richesse). Mais, il serait facile aussi pour le défenseur con-temporain de l’intervention de l’État dans l’économie, ou pour le défenseur des services publics ou d’institutions comme par exemple la protection sociale, de s’appuyer sur cette citation de Smith pour contrecarrer les thèses des libéraux actuels et montrer en quoi ils défendent des positions qui ne correspondent pas à l’esprit de celles développées par celui qu’ils présentent à tort comme le père du libéralisme économique. D’autant plus que ces interprétations en faveur de l’intervention de l’État peuvent être confortées par les positions développées par Smith autour de la sympathie dans sa

Théorie des sentiments moraux.

Avant de conclure ces quelques réflexions, revenons une dernière fois à la « main invisible ». Cette métaphore qui a connu une fortune considérable n’ap-paraît que très rarement sous sa plume, et aussi rarement dans la Richesse (deux fois seulement – dans l’édition traduite par P. Taieb (PUF), p. 513 et p. 611 –) que dans la TSM (deux fois aussi, une fois explicitement – p. 257 –, une fois

échiquier » – p. 324 –). Avant

d’appa-raître dans La richesse, la métaphore a déjà été utilisée par Smith dans un texte antérieur publié dans ses Essays in

phi-losophical subjects11 (et dans la TSM p. 257-258) pour désigner explicitement la Providence : « Ils (les riches) sont

con-duits par une main invisible à accom-plir presque la même distribution des nécessités de la vie que celle qui aurait eu lieu si la terre avait été divisée en portions égales entre tous ses habitants ; et ainsi, sans le vouloir, sans le savoir, ils servent les intérêts de la société et donnent les moyens à la multiplication de l’espèce. Quand la Providence partagea la terre entre un petit nombre de grands seigneurs, elle n’oublia ni n’abandonna ceux qui semblaient avoir été négligés dans la répartition ». Suivant ce

pas-sage, l’harmonie naît donc moins d’un mécanisme économique, en l’occurrence le marché, que de l’intervention divine. Observons en outre que guidé par une « main invisible » l’individu smithien de

la Richesse est conduit à remplir une fin

qui ne rentre pas dans ses intentions : la main invisible « le conduit à promouvoir

une fin qui n’était nullement dans ses intentions ». Smith ajoute même qu’il

est heureux qu’il en soit ainsi (cf. la réfé-rence classique à la main invisible dans

La Richesse, p. 513 ou la référence dans

la TSM, p. 256) alors que les économistes libéraux contemporains utilisent la méta-phore de la main invisible pour décrire le fonctionnement d’un marché où des agents rationnels adoptent de façon opti-male leurs choix à des signaux (les prix) qui leur fournissent une information par-faite. D’un côté, chez Smith, le résultat est explicitement produit de façon non intentionnelle alors que de l’autre, chez les économistes libéraux standard, c’est exactement l’inverse. Leur référence à la main invisible smithienne est de ce point de vue manifestement abusive, puisqu’ils ne parlent pas de la même chose que l’auteur de La Richesse et de la TSM. Pour les économistes standard la main invisible renvoie à un marché transparent, au marché pur et parfait (ou à la limite, vu l’absurdité des hypothèses théoriques adoptées, à un marché imparfait dont on postule malgré tout qu’il pourra être explicité à partir du modèle pur et parfait

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149

Roland Pfefferkorn Un libéralisme bien tempéré

149 dont on lèvera par la suite l’une ou l’autre

des hypothèses de base). En somme pour les tenants du libéralisme économique le marché est envisagé comme une sorte de « Providence laïcisée ». Smith par contre utilise la métaphore de la main invisible pour associer la Providence au marché. Celle-ci vient en quelque sorte au secours de celui-ci quand il se révèle incapable de remplir le rôle qui lui est dévolu : à savoir distribuer efficacement et équitablement le capital et le produit. La main invisible de Smith est donc en dernière instance… la main de Dieu… car le marché est inca-pable de fonctionner sans règles fixées en dehors de lui. Et en l’absence de telles règles la répartition ne peut qu'être de plus en plus inégalitaire12.

Bibliographie

1) Textes d’Adam Smith

Smith A, La richesse des nations, préfacé par Daniel Diatkine, Paris, Garnier-Flammarion , 2 tomes (traduction G. Garnier, 1822, revue par A. Blanqui, 1843), 1991. [Des extraits de cette traduction sont publiés dans Smith A, Recherches sur la nature et les causes de

la richesse des nations, Les grands thèmes,

Edité et préfacé par Gérard Mairet, Paris,

Folio-Essais].

Smith A, Enquête sur la nature et les causes de

la richesse des nations, Paris, PUF , 4 tomes

(traduction P. Taïeb), 1995.

Smith A, Recherche sur la nature et les causes de

la richesse des nations, Paris, Economica (tra -duction coordonnée par Ph. Jaudel, resp. scien-tifique J.-M. Servet), tome 1, 2000, tome 2, 2002, tome 3, 2005.

Smith A, Théorie des sentiments moraux, Paris, PUF , (traduit, introduit et annoté par M. Biziou, Cl. Gautier et J.-F. Pradeau ) 1999. 2) Autres sources :

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nouvelle.»]

Notes

1. Une première version de ce texte a été pré-sentée et discutée au séminaire commun « Hospitalité », coordonné par Gilbert Vincent et Freddy Raphaël, Faculté des sciences sociales et Faculté de théologie catholique, Université Marc Bloch, Stras-bourg, 19 octobre 2002.

2. Le premier mot du titre original : Enquiry

into the Nature and Causes of the Wealth

of nations est le plus souvent rendu en

français par Recherche(s) (au singulier ou au pluriel selon les cas) aussi bien dans les premières traductions effectuées à la fin du XVIIIe siècle que dans la toute

dernière publiée en 2000. La traduction de Paulette Taieb (PUF, 1995), rend Enquiry par Enquête.

3. Depuis quelques années, les réflexions à contre courant se multiplient cependant, signalons notamment Boyer (2001), Pré-vost (2001) et Biziou (2003).

4. Les protestations de Sen contre l’embri-gadement de Smith par les ultra-libéraux s’expliquent bien sûr par la proximité étroite de ses propres analyses avec certai-nes des conceptions de Smith. Sen a mis l’accent sur la théorie du bien-être social en prenant en compte les relations entre objectifs sociaux et choix interdépendants des individus. Il a publié de nombreux travaux portant sur les inégalités sociales et la pauvreté. Il a notamment souligné le caractère double (en positif et en négatif) de la liberté individuelle qui selon lui doit être fondée dans le social, la capacité réelle des choix de vie de tous les indivi-dus devant être prise en compte. 5. Voir sur ce point les réflexions de

Gil-bert Vincent dans son article, « Souf-france, vulnérabilité et reconnaissance »,

Revue des Sciences Sociales, n° 31, 2003,

p. 101-103.

6. Garnier Flammarion, p. 84. 7. Cf. Meyssonnier (1989).

8. Claude Jessua, Histoire de la théorie

éco-nomique, Paris, PUF,1991, p. 162-164.

9. Ce qui nous donne dans une traduction moins archaïque (édition Economica, 2002) : « (…) une main invisible qui le

conduit à promouvoir une fin qui n’était nullement dans ses intentions ».

10. Signalons toutefois ici que, contrairement à Smith qui reste sur des positions plus prudentes, Diderot s’est engagé claire-ment dès 1770 dans la première bataille du libéralisme économique défendant la cause des laissés pour compte de la dérè-glementation. Cf. Michel Barillon,

Apolo-gies. Diderot dans la première bataille du libéralisme économique, suivi de Diderot, Apologie de l’Abbé Galiani et Lettre apo-logétique de l’abbé Raynal à M. Grimm, Agone éditeur, Marseille, 1998.

11. Cf. sur ce point les remarques d’Alain Béraud in Nouvelle histoire de la pensée

économique, tome 1 – p 356 et suivantes.

12. Alors que la création des richesses est le thème central du grand livre de Smith, Pierre-Noël Giraud estime en conclusion d’un article récent que « c’est l’inégalité

et non la richesse en soi qui est la question fondamentale de l’économie » (Giraud,

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