HAL Id: hal-00469298
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Submitted on 1 Apr 2010
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Les Musiques des jeunes
Pierre Mayol, Éliane Daphy, Jean-Michel Lucas, Régine Boyer, Patrick
Mignon, Norbert Bandier, Jean-Rémi Julien, Mireille Collignon, Gérard
Lavigne, Luc Souvet, et al.
To cite this version:
Pierre Mayol, Éliane Daphy, Jean-Michel Lucas, Régine Boyer, Patrick Mignon, et al.. Les Musiques
des jeunes : Actes de l’université d’été, Rennes, 7-11 juillet 1986. Pierre Mayol et Eliane Daphy.
CENAM, 94 p., 1987. �hal-00469298�
LES MUSIQUES
DES JEUNES
Actes de l'Université d'été
Rennes, 7·11
lulllet
1986
Avec lesoutien du ministère de la Culture
etde la Communication (Direction de la musique et de ladanse;
Département dela chanson, des musiques traditionnelles et de la pratique amateur;
Direction de l'administration générale etde l'environnement culturel;
Département des études et de la prospective), du ministère de l'Education nationale
(Direction des lycées etcollèges) et de l'Université Rennes II, Haute-Bretagne.
CENAM
LES CAHIERS DU CENAM
Numéros disponibles.
1
1976 L'île de la vieille musique. 5 F
2
1976 Galerie sonore. 5 F
3
1977 Le musibus • 5 F
4
1977 Festivals et animation. 5 F
9
1978Tour de France
de la rentrée. 5 F
n
1979 Le Nord. 5 F
14
1980Musique ancienne. 5 F
16
1980 Eveil au monde lyrique
(1repartie) . 5 F
17
1980 Guide du jazz. 5 F
18
1981 Les J.M.F •• 5 F
19
1981 Eveil au monde lyrique
(2epartie) . 5 F
21
1981 Musique et handicaps. lOF
22
1982Jazz et musiques
improvisées. lOF
28
1983 Electroacoustique et facture
instrumentale. 20 F
29
1983 Electroacoustique et
pédagogie. 20 F
30
1983 L'éveil du tout petit. 20 F
32 ·33
1984 Enseigner le jazz. 30 F
35
1984 Le chant choral. 20 F
36
1985 Musique et perspectives de
soins. 25 F
37
1985 L'enfant et la chanson. 25 F
39
1985 Harmonies, fanfares. 25 F
40
1986 Musique et
micro-informatique. 40 F
41
1986Adultes,
à
vous de jouer. 40 F
42
1986 La musique
à
l'école. 40 F
43
1986Apprendre à danser. 40 F
GUIDES
Musiques
à
prendre.
Guide des pédagogies musicales.95
F+
76F de frais d'envoi.Maxi-rock, mini-bruits.
lieux de répétition.60 F
Musiques d'en France.
Musiques et danses des régions.50
FFrance, musiques d'ailleurs. 50 F
Guide du musicien amateur et
professionnel • 60 F
Guide de la danse. 60 F
Guide de la musique ancienne. 70 F
FICHIERS
Editions bilingues: français-anglais.
Portraits, contacts, adresses pour la diffusion.
Musiciens de jazz en France
.150 F
+
76F de frais d'envoi.La chanson en France
.180 F
+
76F de frais d'envoi.ACTES DE COLLOQUE
"Doctor jazz". Les pédagogies du jazz,
Mulhouse 1984.50
F.Recherche scientifique et facture
instrumentale. 50
F."Profession chanteur". Formation
à
la
chanson, Rennes 85 • 50
F.Les festivals de musique en France,
Cannes 1986.50
F.ANNALES MUSIQUE ET DANSE
1985 -
Certificat d'aptitude
• 50 F
+
77F de frais d'envoi.1986 -
Certificat d'aptitude, diplôme d'état,
bac F 11 .80 F
+
76F de frais d'envoi.LIVRES
la musique dont vous êtes le Héros"
CAHIERS
44
marsLa voix.
40 F45
juinLes écoles de musique.
40 F46
septembreJouer en petite formation
• 40 F
47
décembreLa musique en milieu rural
.40
F
STAGES
1eravril.
Stages été.
30 F15
novembre.Stages
87/88.30
FGUIDES
Les métiers de la musique.
60
F
Annuaire de
la
fadure instrumentale. 72 F
Guide pratique de l'orgue et de l'organiste
• 60 F
FICHIERS
Artistes lyriques de france.
Solistes classiques et formations de
musique de chambre•
ACTES DE COLLOQUE
Les musiques des jeunes. Rennes 1986
.50 F
La chanson: diffusion du spectacle vivant.
Valence 1986 • 50 F
Musiques traditionnelles : musiques
professionnelles?
MIDEM 1987.50 F
Rapport Techniques et Métiers du son.
Espaces nouveaux/Denis Fortier • 40 F
LIVRES
Les travaux d'Orphée.
Philippe Gumplowicz. (Ed. Aubier). L'histoire de France des harmonies et des orphéons.Quel enseignement musical pour demain ?
(Collection IPM/CENAM). Volume 1 : questions fondamentales. • 164 F
...
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1
SOMMAIRE
INTRODUCTION
LACULTURE JEUNE: UNE REALITE
Jean-Michel Lucas,
maîtrede conférence, Université de Haute-Bretagne, Rennes Il . 8PAROLES DE CHERCHEURS
APPROCHES QUANTITATIVES
DES PRATIQUES MUSICALES
Pierre Mayol,
chargé d'études ouDéportement études et prospectives du ministère de la Cultureet de la Communication ... 12
MUSIQUES DES LYCEENS,
MUSIQUES DES ENSEIGNANTS
Régine Boyer,
sociologue, chercheurà
l'Institut national de recherche pédagogique, Déportementde psychologiede l'éducationet de la formation 23
LES JEUNESSES DU ROCK
Patrick Mignon,
sociologue, Centrede sociologie desarts,comitéde rédactionde la revue <Nibrotions» .... 27
LES GROUPES DE ROCK,
LAFAMILLE ET l'ECOLE
Eliane Daphy,
ethnologue, Laboratoire d'anthropologie urbaine (musée de l'Homme/CNRS),comité de rédactionde la revue <Nibrotions» .... 34
UNE HISTOIRE ROCK A LYON
Norbert Bandier,
enseignant d'économie en lycée, co-responsable du Groupe de recherche interdisciplinaire sur la musique (GRIM), Lyon ... 39MUSICOLOGIE EN ATELIERS
LE ROCK DANS LES LYCEES
ET LES COLLEGES
Jean-Rémi Julien,
musicologue, professeur à l'Université Louis-Lumièreà
Lyon, comitéde rédaction de la revue <Nibrotions» .... 44LA VOIX CHEZ LES ROUING STONES
Mireille Collignon,
enseignante d'éducationmusicale, chercheur ... 46
ELEMENTS POUR UNE ANALYSE DU BLUES
ET DU ROCK'N'ROU
Gérard Lavigné,
musicien, arrangeur 49GENESIS ET LA MUSIQUE PROGRESSIVE
Luc Souvet,
enseignant d'éducation musicale,chercheur ... 53
RENCONTRES
AVEC LES PROFESSIONNELS
LA PRODUCTION
Norbert Bandier,
enseignant d'économie en lycée, co-responsable du Groupe de recherche interdisciplinaire sur la musique (GRIM), Lyon ... 60LESMEDIAS
Patrick Mignon,
sociologue, Centre de sociologie desarts, comité de rédactionde la revue«Vibrations» ... 63
LA MUSIQUE MISE EN ONDES
Cécile Meadel,
historienne, sociologue, Centre de sociologie de l'innovationde l'Ecole des Mines de Paris, comité de rédaction
de la revue «Vibrations» ... 66
LA TECHNIQUE
Eliane Dophy,
ethnologue, laboratoire d'anthropologie urbaine (musée de l'Homme/CNRS), comité de rédactionde la revue «Vibrations» ... 68
DEBAT: ROCK ET POLITIQUE
de la musique et de la danse, ministère
de la Culture et de la Communication ... 75
Jean-Michel Djian,
directeur d'Eurocréation, I}\gence des initiatives de la jeunesseen Europe; ancien chargé de mission au ministère de la Culture (responsable du programme interministériel Jeunesse
et Culture au FIC) ... 75
Martial Gabillard,
adjoint au maire de la ville de Rennes, chargé de I}\ction culturelle... 76Jean Ader,
inspecteur d'académie honoraire, ancien chargé de missionà
la Direction du développement culturelpour les relations entre le ministère de la Culture et le ministèrede l'Education nationale ... 78
Jack Ros,
directeur départemental de l'Education surveillée, Essone(ministère de la Justice) ... 79
Bruno Lion,
président de Réseau Rock ... 80EXPERIENCES
LE ROCK EN CLASSE
Mireille Collignon,
enseignante d'éducationmusicale, chercheur ... 84
LE ROLE DES DIRECTIONS REGIONALES
DES AFFAIRES CULTURELLES
Alain Decaux,
conseillerà
le Direction régionale desaffairesculturelles (DRAC), Rennes ... 86
DES MUSICIENS AU LYCEE
Gérard Lavigné,
musicien arrangeur ... 88LE CENTRE D'INFORMATION DU ROCK
Patrick Mignon,
sociologue, chercheurà
l'Institut national desarts,comité de rédaction
de la revue«Vibrations» ... 90
INTRODUCTION HISTORIQUE
Françoise Tétard,
historienne, ingénieur d'études, CNRS, Centre de recherches interdisciplinaires de Vaucresson (CRIV) .INTERVENTIONS
Dominique Ponsard,
inspecteur chargé de la chanson, du jazz et des variétés, Division de l'action musicale, Direction12
EPILOGUE
REPONDRE AL'ATIENTE DES JEUNES
Anne-Marie Green,
sociologue, chargée de coursà
l'Université de Paris, X, Laboratoire de psychologie de la culture, Paris X... 92AVANT-PROPOS
La première Université d'été sur les musiques des jeunes a eu lieu du 7 au 11 juillet
1986
dans les
locaux de l'Université de Haute-Bretagne (Rennes Il) où l'accueil et l'organisation furent
remarqua-bles.
Conçue dans le cadre des développements de l'action culturelle dans les universités et des
enseignements artistiques, ses organisateurs (J.-M. Lucas, assisté de Pierre Mayol, puis de Norbert
Bandier, Gérard Bourgeat, Eliane Daphy, Jean-Rémi Julien et Patrick Mignon) l'ont voulu centrée sur
le rock considérant qu'il est le genre musical le plus (ce qui ne signifie pas le seul) pratiqué par les
l
'eunes, comme le montrent des chiffres cités plus loin. La passion de quelques-uns, multipliée par
'intérêt de tous et conjuguée à quelques brillantes démonstrations sonores (vidéo, disques,
concerts...) ont permis d'accroître la connaissance d'un genre musical fréquemment entendu ou
écouté,. mais peu connu dans
s~s li~.éaments
historiques, so.ciologiques, esthéti9ues .ou
écono~iques.
Il convient de saluer tout porticulièrement les commentoires chaleureux et érudits de Christophe
Brault.
D'autres Universités d'été, espérons-le, permettront une approche plus concrète et plus diversifiée
des genres musicaux pratiqués par les jeunes (chant choral, pratique instrumentale, etc.). Ce
document est donc un premier essai, assez complet tout de même puisqu'il contient des textes de
chercheurs, des témoignages de professionnels, des compte-rendus d'expériences pédagogiques et
d'ateliers techniques, ainsi que des éléments pourun débat politique et institutionnel.
Les textes ont été corrigés par Eliane Daphy et, pour une bonne partie d'entre eux, réécrits par elle,
surtout lorsqu'il s'agissait de documents enregistrés, tâche délicate, exigeant patience etcompétence.
Le Département des études et de la prospective du ministère deJa Culture et de la Communication a
accompagné cette Université d'été dès sa conception, contribuant à son élaboration, son
organisa-tion, son animaorganisa-tion, ainsi qu'à la réalisation de ce document final. Nous remercions aussi la
Direction de la musique et de la danse et le ministère de l'Education nationale, pour l'aide
importante qu'ils ont accordée
à
cette expérience.
INTRODUCTION
LA CULTURE JEUNE:
UNE REALITE
Jean-Michel LUW
maître de conférence
Université de Haute-Bretagne, Rennes Il
l'enseiqnernent de la musique connaît depuis plusieurs années un développement remarquable, appelé sem-ble-t-il à s'étendre en particulier au sein du système éducatif. Il n'échappe à personne que les jeunes manifestent un engouement massif pour les musiques dites populaires ou de variétés. Impossible dès lors d'éviter l'interrogation: quelles relations l'enseigne-ment musical entretient-il- peut-il entretenir- doit-il entretenir avec les pratiques musicales des jeunes générations?
l'Université
d'été sur les musiques des jeunes qui s'est déroulée à Rennes du 7 au 11 juillet 1986, a sondé les multiples aspects de cette interrogation: cinq jours de réflexion et de confrontation, traversés d'exposés sur l'état le plus récent de la recherche, de témoignages de professionnels du show-business, d'expériences menées par les acteurs du système éducatif, de dialo-gues avec les jeunes artistes, de comptes rendus d'actions politiques en faveur de la jeunesse... pour tenter de dégager les lignes de force d'un phénomène pour le moins complexe.Il est immédiatement repérable que l'enseignement musical connaît une dynamique prometteuse; il est tout aussi évident que les pratiques musicales des jeunes imprègnent le quotidien de la vie culturelle. Il est par contre paradoxal que ces univers de sons vivent chacun dans l'ignorance réciproque de l'autre et, loin de générer des convergences, ils paraissent plutôt porter sur la mise à distance.
TROP DE $IUNCE
!
Ainsi, la première dimension du problème est bien celle du silence, silence à la fois injustifiable et trom-peur. Injustifiable par nature car la formation des nouvelles générations ne saurait faillir à sa mission.
l'école,
soustoutes ses formes, se donne des ambitions éducatives et si, à tort ou à raison, on a le sentiment, l'impression, la conviction que toutes ces musiques, écoutées aujourd'hui par les jeunes, ne valent que le plaisir dérisoire d'un instant, il faut alors savoir le dire. Cette musique de variétés, si puissamment présentedans la «culture jeune», mérite d'être encensée ou dénoncée; elle ne peut être annulée par le silence, d'autant que les médias en amplifiant le phénomène occultent de fait le débat social et politique sur l'iden-tité culturel des jeunes. Trompeur, car à tout prendre, le phénomène «musique des jeunes» est loin d'être interprétable en termes simples. Depuis une trentaine d'années déjà, les configurations héritées de la musi-que rock ont suivi des chemins tortueux, contradictoi-res, diversifiés, et le silence sur cette histoire et ses ramifications multiples, n'est sans doute pas le signe d'une stratégie éducative efficace. Complémentaire-ment, refuser à l'école son rôle de formation techni-que et d'émancipation culturelle... en pratiquant spon-tanément la musique dans son garage... c'est souvent s'engager dans une voie étroite, empreinte de décep-tions. Si le silence des uns sur les autres est au fond impossible, il reste à sovoir que dire, sans naïveté ni faux-semblant.
l'Université
d'été aura permis, en dehors de toute polémique et de tout angélisme, d'indiquer les voies d'accès vers une confrontation positive.UNDIALOGUE DIFFICILE
MAISNECUSAIRE
l'on retiendra ainsi une seconde dimension du phéno-mène: le dialogue des deux univers suppose une reconnaissance réciproque de leur logique propre. Si l'école et l'enseignement musical en particulier possè-dent leurs exigences de qualité, de hiérarchie et de méthodes, il faut aussi admettre que les critères de sélection mis en œuvre ne sont pas les mêmes. Ils n'en demeurent pas moins qu'ils existent: les musiques des jeunes savent nommer leurs pères fondateurs, hiérar-chiser leurs créateurs; elles contiennent aussi leurs propres errements, leurs médiocres et leurs simula-teurs. De surcroît, elles évoluent dans un bouillonne-ment de productions symboliques dont la musique n'est qu'une manifestation parmi d'autres. Ellesportent plus loin que leurs sonorités en s'investissant le plus souvent dans le social, l'idéologique, sinon la
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que. Elles formulent ainsi des univers vivants qui ne sauraient passer pour futiles.
Pour lever le silence et ouvrir le dialogue, il s'impose d'abord de ne pas iuger trop vite; l'Université d'été aura surtout permis de saisir les diversités et de contribuer
à
invalider les regards simplificateurs. Cette reconnaisance que l'école et les musiques des jeunes ont chacune leur logique est un atout appréciable. Elle fonde le principe simple mais essentielque chacun joue son propre jeu et que le dialogue, l'ouverture, la réalisation d'opérations communes imposent au préa-lable une bonne connaissance des règles de ces jeux symboliquesà
partenaires multiples.Cette perspective que les textes ci-après ne manque-ront pas d'évoquer, est
à
même de déboucher sur de nouveaux champs de pratiques. C'est tout au moins l'un des enseignements importants esquissé par cette Université d'été. Le fait sans doute le plus nouveau qui oblige en quelque sorteà
rompre le silence, c'est l'existence d'intermédiaires. Les musiques des jeunes ne recouvrent plus un ensemble vague de pratiques individuelles, éclatées et volatiles, un monde impalpa-ble auquel l'éducateur serait confronté sans espoir d'en saisir la logique. Il apparaît aujourd'hui, traversé de projets construits et souvent menésà
bien, une multitude d'associations locales, qui structurent la dynamique des musiques des jeunes, organisent lesexpériences de création, de diffusion de formation. En ce sens, la présence de ces intermédiaires peut apporter beaucoup aux initiatives et aux projets de l'école pour dépasser le stade actuel de l'indifférence. l'intermédiaire a la fonction de régulation qui réduit les risques d'inadaptation. Il autorise une réflexion plus opérationnelle et élimine les tentations d'intégra-tion simpliste et les solud'intégra-tions pédagogiques naïves. Certes, tous ces intermédiaires ne sont pas efficaces par nature, tous ne défendent pas les mêmes règles du jeu..., mais leur existence permet d'engager la discussion, de rechercher les conditions de faisabilité des projets et d'éviter les initiatives irréalisables. Ce dialogue entre l'école et les intermédiaires s'est ouvert pour la première fois lors de cette Université d'été: il n'ouvre pas toutes les portes mais n'en ferme aucune. Dès lors, il contribue
à
renverser l'image età
faire de ces «musiques de jeunes», terme toujours un peu dévalorisant, une jeune musique
à
découvrir. 11 reste beaucoupà
faire pour que tous les interlocu-teurs se retrouvent et s'associent autour d'actions communes.Il
est même probable que nombre d'ex-pressions rock et nombre de pratiques pédagogiques auront bien des difficultésàœuvrer ensemble, et sans doute est-il bon que chacun préserve son identité. Il demeure que le champ des possibles est loin d'êtrea
priori
fermé, pour le plus grand bien de la musique, qu'elle soit jeune ou plus âgée.PAROLES
DE CHERCHEURS
PAROLES DE CHERCHEURS
APPROCHES QUANTITATIVES
DES PRATIQUES MUSICALES
_ . _
-«C'est lo fièvre de la jeunesse quimaintient le restedu mandeàsa température normale. Quandla jeunesse se refroidit, le restedu mande claque des dents»
G.Bernanos
PÎewe MAYOL
chargé d'études au Département des études et de la prospective
ministère de la Culture et de la Communication
Ces pages sont la reprise, largement déployée et complétée, de la fresque sociologique et
économique bien vite brossée lepremier matin de l'Université d'été qui nous a rassemblés quelques,
jours sur les musiques des jeunes. L'énumération des chiffres, oralement fastidieux, a été ici
complètement réécrite, afin de ne pas entamer la patience du ledeur. Dès lors qu'on s'exile des
sondages simplistes dont nous sommes surabondamment abreuvés, de la préférence pour le
camembert aux opinions sur la peine de mort, et qu'on s'affronte aux vraies enquêtes
scientifique-ment éprouvées, le travail devient réellescientifique-ment compliqué pour le destinateur comme pour le
destinataire. Le premier doit résumer un bon millier de pages en quelques-unes, quant au second.
une fois introduit aux problématiques générales et frotté auxrésultats principaux ousynthétiques, il
conviendrait qu'à son tour ilprÎt son bâton de pélerin et s'enfonçât dans l'épaisseur des chiffres.
Aussi austères qu'elles paraissent prenons ces pages comme une invitation au voyage. Dont ode.
Celte première partie s'appuie pour l'essentiel sur l'enquête
Pratiques culturelles des Français,
descrip-tion socio-démographique,
évolution
7973-7987
(Edit. Dalloz, Paris, 1982, 438 p.). Réalisée par le Service des études et recherches (SER)
(7)
du ministère de la Culture, avec le concours de l'Institut ARCmc, elle porte sur les années 1980-1981 et contient des éléments de comparaison avec l'enquête similaire effectuée en 1973 et publiée en 1974. Le question-naire (élaboré en commun par le SER et ARCme) contient 131 questions (dont certaines comportait plu-sieurs dizaines d'items) soumises à 4000 personnes, dont un cinquième est constitué de jeunes âgés de 15à 24 ans: soit 800 jeunes. Ces limites d'âges sont méthodologiquement conventionnelles et l'on a cou-tume de distinguer habituellement deux groupes: les 15-19 ans, encore fortement scolarisés, et les 20-24 ans, qui affrontent l'étape, bien problématique aujourd'hui, de <d'entrée dans la vie».
Pour austère qu'elle soit, la lecture de cet ouvrage est bien utile
à
qui veut approfondir, chiffres fiables en main, tel ou tel aspect des pratiques culturelles. Je conseille de lire d'abord la «méthode de l'enquête. La deuxième partie contient les «tobleoux des résultats» selon l'ordre de succession des questions, répartis en regard de sept critères systématiques: le sexe; l'âge; la catégorie socio-professionnelle (CSP) de la per-sonne interrogée; celle du chef de ménage; la taillede l'agglomération de résidence; le diplôme de fin d'études; enfin, la situation de famille.
Dans le cadre de ces quelques pages qui ne peuvent qu'être «indicatives», comme le titre l'indique, nous avons privilégié presque exclusivement le critère de l'âge. Les mots «jeunes» ou «jeunesse» seront affectés aux chiffres concernant les 15-24 ans, ovecindico-tions éventuelles des subdivisions 15-19, 20-24. Le mot «populotion» renverra aux chiffres concernant «l'ensemble de la population française âgée de 15 ans et plus», c'est-ô-dire jusqu'aux plus âgées des personnes interrogées. Ici ou là, la distinction entre le groupe «15-24» et «25 et plus» est utilisée' elle sera alors marquée en toutes
lettres,
I.E llAPPOIlTA
LA MUSIOUE
Il ressort de celte enquête que les jeunes ont, sur de nombreux postes,des pratiques culturelles supérieures à celles des moyennes nationales. Ainsi, l'adolescence et la jeunesse constituent la période où l'activité de la lecture est la plus grande: 90% des jeunes ont lu au moins un livre dons l'année (population: 70%) et ils lisent en moyenne 22 livres par an (population: 15), livres scolaires exclus
(2).
Leur pratique du cinéma est aussi hautement significative: 90% s'y rendent au moins une fois par an (population: 50%). Par contre, ils regardent moins la télévision (jeunes: 50%quofi-diennement; population: 70% et, respectivement 14 heures et 18 heures en moyenne par semaine). Sauf pour certaines émissions plus ou moins consacrées aux musiquesjeunes...(d.
infra
§
5).La musique émerge en effet comme une pratique culturelle prépondérante chez les jeunes. «Sans musi-que, je meurs»; telle est la réponse, sans détour, d'un jeune travailleur grenoblois
à
ses enquêteurs(3). Cependant, pour la rigueur de l'analyse, il importe de distinguer trois niveaux dans les pratiques musicales, selon le degré de participation qu'elles nécessitent. La pratique instrumentale amateur suppose une impli-cation personnelle, affective et effective: goûts et prédilections marqués; achat d'instruments, de parti-tions, d'ouvrages spécialisés (pédagogiques, histori-ques); exigences de services (formation, informa-tions); astreintes personnelles insérées le plus souvent dans le temps des loisirs (les«répéfifions»],l'ossistcnce aux spectacles musicaux relève d'une démarche de sorties, donc engage des coûts financiers: assistanceà
des concerts, des festivals, des rencontres. L'on distinguera du reste les spectacles «vivants» des spec-tacles dits «mécaniques» (écoute payante de musiques enregistrées: juke-box; dancings, «boites»). La consommation musicaleà
domicile comprend d'une port les supports permettant l'écoute libre, auto-enre-gistrée, ou auto-diffusée, des phonogrammes (disques, cassettes, bandes) et les postes (de radio, de télévision) permettant le contact avec les musiques programmées des différentes chaînes de radio et de télévision (les réseaux).U l'UTIQUE INSTRUMENTALE
37% des Français âgés de plus de 15 ans vivent dans un foyer où l'on possède au moins un instrument de
musique. C'est auprès des jeunes de 15
à
19 ans que la présence d'un instrument au foyer est la plus fréquente: 66%. La pratique d'un instrument de musi-que, au moins «rorernent», touche en moyenne un individu de la «population» sur cinq (19%). En revan-che, un jeune sur deux (48%) a eu un contact avec un instrument de musique dans les douze mois précédant ses réponsesà
l'enquête. Bien entendu,à
la question concernant la pratique «régulière», les pourcentages des jeunes tombentà
18% pour les 15-19 ans età
14% pour les 20-24 ans (population: 7%). Les instru-ments les plus fréquemment possédés et utilisés sont les instruments
à
vent, puis la guitare. Le taux de possession d'un instrumentà
vent est celui qui s'est le plus élevé depuis 1973 (de 12%; il est passéà
20%), vraisemblablement en raison du développement de l'enseignement de la flûte dans les programmes d'ini-tiationà
la musique. Anne-Marie Green, dans une enquête(4)
publiée récemment auprès de jeunes lycéens des LEP note qu'sun peu plus des deux tiers de ces jeunes possèdent au moins un instrument de musique» (o.c., p.61). Elle ajoute: «La flûteà
bec arrive en tête (66%), suivie de la guitare sèche (44%) et de l'harmonica (24 %»>. Les taux de possession des autres instruments n'excèdent jamais 10%. Les instru-ments les plus possédés, donc joués, le sont parce que leur coût est peu élevé, parce qu'ils permettent de jouer aisément des morceaux de structures simples, calqués sur les modèles musicaux les plus largement diffusés par les médias(o.c.,p.63-64).l'enquête
du Service des études et recherches du ministère de la Culture donne les chiffres suivants(5);
pour l'ensemble de la population étudiée:Possèdent Ont utilisé dans leur foyer' personnellement
au cours des 12 derniers mois'
1981 1973 1981 1973
Au moins un instrument de musique: 36,6 33,1 18,7 15,4
.. un instrument
à
vent 19,8 12,7 6,95
.. une guitare 15,8 12,9 6,6 6
fi un piano 7,4 8,2 4,1 4,8
fi un autre instrument
à
cordes 4,5 4,1 0,8 1,3" un autre instrument 9,7 8,6 4,2 4,3
(*) chiffres exprimésen pourcentage
On ne s'étonnera pas qu'ils soient inférieurs
à
ceux relevés parA-M.
Green: d'abord parce qu'ils portent sur l'ensemble de la population âgée de 15 ans etplus; ensuite parce que le décalage des années entre 1981 et 1985 explique que la diffusion des instruments «légers» et (relativement) "faciles» se soit accentuée
par l'intermédiaire des pédagogies musicales qui, elles-mêmes, ont vu leur audience s'accroître grâceà l'action concertée des différents partenaires publics (école, Culture; Etat, collectivités locales; sensibilisa-tion des ménagesàla dimension culturelle de l'éduca-tion des [eunes. Ce dernier facteur mérite d'être relevé car le chapitre suivant montrera que les ména-ges dépensent le plus, et de loin, pour la formation musicale des jeunes).
Généralement, la pratique d'un instrument est forte-ment corrélée avec l'âge; si 30% des «jeunes» (15-24 ans) pratiquent «souvent» ou «de temps en temps» un instrument, on ne compte que 15% des personnes de 25 à39 ans et 2% des personnes âgées de plus de 60 ans. Plus l'agglomération est importante, plus le taux de possession d'instruments est élevé. Paris intra-mures, avec 46% de possesseurs, est au sommet de la pyramide. Enfin, l'appartenanceàla catégorie socio-professionnelle est déterminante: c'est dans le milieu des cadres et celui des professions libérales qu'on trouve le plus grand nombre d'amateurs actifs, ainsi qu'auprès des [eunes étudiants et élèves, dont 40% annoncent une pratique instrumentale active. «Active», le mot est ambigu; il décrit une pratique fréquente en termes de contacts physiques avec un instrument (ou avec le chœur), mais qu'on pourrait dire «stagnante» du point de vue du perfectionnementtechniqu~.Très concrètement, il s'agit de ces jeunes qui sont capables de pianoter ou de «qrotter» une guitare avec plus ou moins de bonheuràl'occasion d'une fête quelconque, ou pour se divertir
LU SORTIUAUXCONCERTS
les 15-24 ons, toutes catégories sociales et tailles d'agglomérations confondues, sortent un peu plus aux concerts que la moyenne générale: 12,5% vont à des spectacles de variétés (population: 10,5%) ; 10%
à
des concerts classiques (population: 7,5%); 11 % à des spectacles de ballets (population 5%) ...C'est une fois encore dans la catégorie des concerts "pop, rock, folk et jazz» que l'écart est le plus impor-tant: 30% (population 10%). De plus, la fréquenta-tionàce genre de concerts est tout
à
fait particulière.l'enquête
Pratiques culturelles des François
analyse (pp.1l5 et suivantes) le caractère convivial des sorties culturelles. Vingt-sept types de sorties sont ainsi rete-nues: sorties au cinéma,àdes manifestations sporti-ves, des spectacles amateurs, folkloriques, de variétés; au théâtre, au cirque, aux différents genres de concerts, ete. En face de chacune de ces sorties il est demandéà
toutes les personnes intéressées de répan-dre si elles sortent: seules/avec des moins de 18 ans (des mineurs)/avec un, ou des amis/avec d'autres parents. Remarquons d'abord que sur les 27 sorties, la mention «avec d'autres parents» vient en première position (21 fois); preuve, s'il en est, que les sortiesà caractère familial restent très largement prépandéran-tes (quelques exemples: cinéma, cirque, ballets, concerts de grande musique, expositions, salons, bro-cantes, promenades, ete.). Sur les six sorties restantes, celle qui concerne l'assistance aux concerts «pop, folk, rock, jazz» est particulièrement éclairante: 95 % des personnes interrogées vont àun
concert de ce type accompagnées, dont 74% avec des amis. Comme ces spectateurs sont essentiellement des jeu-nes, cela signifie que ces concerts entraînent une convialité entre «pairs», ou encore: une convivialité de compagnonnage, où le rappart horizontal des générations (des «bio-classes», comme dirait Edgar Morin) l'emporte très largement sur le rapport <<Yerti-cab> des structures familiales. Ces concerts sont des lieux où les jeunes se retrouvent «entre eux», ce que ·démontre au demeurantla
plus modeste desobserva-tions empiriques.
les deux tableaux synthétiques suivants donnent une idée précise des genres musicaux préférés - mais non exclusifs - par les jeunes, tant au niveau des phonogrammes disponibles au foyer, qu'à celui de l'écoute.
Genre dont
il
yale plus d'enregistrements au foyer
Ensemble de la population
15à19 ans 20à 24 ans
Musique pop, folk ou rock 16% 35% 35%
Chanson 39% 49% 45%
Musique classique 10% 6% 5,5%
Jazz 2% 2,5% 2,5%
Autres
11%
10% 10%Genre préféré, écouté le plus souvent (6)
Musique pop, folk ou rock Chanson
Musique classique
Jazz
Autres
--~--- ---._---,--_.._--- ~
-Ensemble de 15à19ans 20à24ans la population
15"10
48"10
44"10
38"10
44"10
43"10
14"10
4,5"10
5"10 3"10 3"10 4"1016"10
13"10
15"10
Comme on le voit, les chiffres les plus «lourds» se trouvent dans les colonnes des 15-19 ans et des 20-24 ans, face aux rubriques «pop, folk ou rock» et «chanson». Lon remarquera - c'est une des révéla-tions de l'enquête -le score particulièrement bas du iozz qui ne doit plus guère rassembler que la (belle) catégorie des «passionnés»(cf.
infra,
chop.ll,§3).ECourr
DE LA MUSIQUE
ENIlEGISTIlEE ETGENIlES D'EMISSIONS
MUSICALES
PREFERES
...
.---Soixante-dix pour cent des Français disposent dans leur foyer (en 1981) d'un électrophone ou d'une chaîne
hi-fi.
La «privatique» est, de tous les phénomè-nes liés à la pratique musicale, celui qui a connu la plus grande expansion. La période 1970-1981 a connu un développement considérable du matérielhaute-fidélité en France. Le taux de pénétration est passé de 1 à 4: 7"10 des foyers en 1973,
30"10
en 1981, disposent d'une chaînehi-fi
(7).56"10
des fran-çais ont dans leur foyer en 1981 un magnétophone, la plupart à cassettes (54%), chiffre qui, là encore, rend compte d'un développement considérable en huit ans (1973: 28%, dont 18% à cassettes).l'orqu-ment selon lequel ces outils techniques n'existaient pas, ou peu, il y a quinze ou vingt ans, ne rend pas totalement compte de l'ampleur du phénomène. A celas'ojoutentla facilité de l'utilisation (une cassette est bien plus facile
à
utiliser qu'une bande magnéti-que), et la qualité acoustique de la haute fidélité qui, pour des prix concurrentiels, est beaucoup plus perfor-mante que celle des électrophones stéréophoniques et,a
priori,
que celle des «crincrins» et autres vénéra-bles«[eppoz»des années 60.En regard des chiffres évoquésàl'instant, les taux de possession par les jeunes sont les suivants:
Electrophones ou choÎnes hi-fi
Magnétophones
à
bandes ouàcassettes15-19 ans 92% 87% 20-24 ans
83"10
76% Population 70% 56%Ces résultatsnous incitent presqueàformuler l'axiome sociologique suivant: plus il y a facilitation de l'usage de l'outil (par ex.: la cassette par rapport à la bande magnétique, que l'on peut ranger aisément, transpor-ter sans encombre et manipuler de manière standardi-sée), plus il y a pénétration culturelle. Mais cet axiome ne serait pas vrai si,àla facilitation, ne s'ajoutait une augmentation sensible de la performance, le tout liéà une diminution sensible des dépenses (le coût de la privatique a été divisé par 3 ou 4 en francs constants depuis vingt ans). Pour prendre un autre domaine, celui de la photographie, la diffusion sur le marché des appareils dits «auto-focus» depuis 1983 a considé-rablement multiplié le nombre des photographes
orne-teurs pour des qualités voisines de celle de la cassette: prix abordable, encombrement réduit, facilité d'utilisa-tion, et bonnes performances.
A ce surcroît de possession correspond un surcroît d'utilisation: 65% des 15-24 ans disent utiliser «sou-vent» électrophones et chaînes hi-fi, et 58% les magnétophones (<<population» : respectivement: 37% et 27,5%). De même, les jeunes possèdent en moyenne 105 disques (population: 90 disques), et ils sont 80%
à
posséder en moyenne 30 cassettes (<<population»: 54% possèdent en moyenne 30 cas-settes). 85% des 15-24 ans disent écouter régulière-ment ces divers phonogrammes (population: 59%).TELEVISION, RADIO
La fréquentation des médias par les jeunes est en général inférieure, tant en fréquence qu'en durée,
à
celle de l'ensemble de la population. Les [eunes regardent moins la télévision que les adultes (15-24 ans: 14 heures en moyenne/semaine; 25 ans et plus: 18 heures). La question (nO 36,
cf.
Pratiques
culturelles des Français,
p.423) portant sur la fré-quence d'écoute (ont regardé «souvent» ou «de temps enternps»] de différents genres d'émissions de télévi-sion recense vingt-deux rubriques: films de cinéma, sport, théâtre, dramatiques, concerts de musique clas-sique, de «rock-folk-jazz», ballet, cirque, variété, émis-sions littéraires, scientifiques, politiques, etc. Pour qua-torze de ces rubriques, l'audience «jeune» est,grosso
modo,
comparableà
celle de «population» (par ex.: films, variétés, sport, problèmes politiques et sociaux, science, histoire...); pour sept d'entre elles, elle estinférieure (cirque, débats, opérette, théâtre, musique classique, ballet, opéra). Cela c.onstitue donc un écart négatif. Mais il y a une rubrique où le taux d'écoute «jeune» est supérieure, et de manière écrasante, puisqu'il est multiplié par trois, c'est celle qui concerne les genres musicaux «rock-folk-pop-jazz»: 43% des jeunes les écoutent régulièrement contre 15% des plus de 25 ans.
La quasi totalité des Français disposent dans leur foyer de la radio (96%).
l'écoute
de la radio par les jeunes est proche des scores nationaux - usage facilité par le transistor, la maniabilité et la miniaturisa-tion. Mais ils l'écoutent surtout pour ses programmes musicaux et comme un bruit de fond, plus que comme une source d'information. les 15-24 ans ont une prédilection pour les émissions de variétés et de chansons (46%; 22% chez les plus de 25 ans), et s'intéressent moins aux informations (18%; 35% chez les plus de 25 ans).Emissions radiophoniques les plus écoutées(en pourcentages)
. _
-Chansons Rock Grande
pop, folk musique
Ensemble de la population 38,1 15,0 13,6
15-19 ans 43,8 48,4 4,5
20-24 ans 41,6 39,9 6,3
25-29 ans 45,0 10,5 18,0
60 ans et plus 17,4 0,3 9,6
Ces quelques résultats(8)et leurs commentaires confir-ment l'affinité culturelle forte entre la musique et la jeunesse. A ce niveau de généralités, on peut presque parler d'une accointance comme si la jeunesse avait besoin de la musique pour affirmer son identité cultu-relle. Mais nous nous garderons bien d'être dupes des chiffres, surtout lorsqu'ils sont hypostasiés sous les espèces de ces deux singuliers: «la» jeunesse, <da» musique. l'une et l'autre sont infiniment plurielles, moirées et (c'est le cas de le dire!) rapsodiques. Signaler des préférences n'est pas signaler des exclusi-ves: sauf cas limites, le rock n'est pas l'ennemi ni de Chopin ni de Bach, ni du grégorien ni de Boulez. Parmi les interventions suivantes, celui de Régine Boyer montre combien il est difficile, voire impossible, de parler des lycéens et de leurs enseignants de manière homogène. Et lorsque Patrick Mignon ou Françoise Tétard retracent, chacun
à
leur manière, les aspects socio-historiques des cultures musicales jeunes depuis la Seconde Guerre mondiale, ils ne cessent de montrer les implications internationales et la diversité sociologique sur lesquelles elles reposent, et commeelles puisent des langages sans cesse renouvelés avec des allers et retours dans le temps (les années 80,
les
sixties, les fifties... )
qui étonnent parfois les observa-teurs. l'euphorie unanimiste ne saurait donc être de mise, d'autant que des disparités sociales et régionales criantes persistent. le taux des sorties, par exemple, reste très élitaire: les ruraux n'ont pas les mêmes facilités que les urbains; les classes sociales défavori-sées ont encore du malà
accéder à ce qui devrait être une culture commune, et pas seulement l'apanage d'élites initiées - fussent-elles républicaines! -(9).
Cependant, en termes de moyennes générales, soumi-ses à la loi des grands nombres, force est de constater l'impact du domaine musical au coeur de la jeunesse, la fascination qu'il exerce, les désirs qu'il suscite soit pour les amateurs convaincus, peu nombreux mais actifs, soit, plus modestement, et pour le plus grand nombre, en termes de loisir et de plaisir. En tous les cas, les chiffres de l'enquête sur les
Pratiques
culturel-les des Français
sont là et ils s'imposent aux analyses avec leur propre force, limitée certes, mais efficace.Les données chiffrées qui suivent sont extraites d'une vaste étude,
L'Economie dudomaine musical
(La Docu-mentation française, Paris, 1985; 400 pages), réalisée par le Bureau d'informations et de prévisions écono-miques (BIPE) à la demande du Service des études et recherches du ministère de la Culture et du Commissa-riat général du plan. Cet ouvrage complexe et com-plet (125 tableaux et 81 graphiques) aborde tout ce qui a trait au déploiement économique, forf diversifié, de la musique: développement historique et technolo-gique; création musicale; typologie des pratiquants; formation; presse spécialisée, facture instrumentale; filières des spectacles; privatique et réseaux; musique d'ambiance; distribution des rôles économiques de l'Etat, des collectivités locales, du secteur privé. Cette étude ne traite pas explicitement des jeunes; mais l'on verra que leur présence, quand bien même en filigra-ne, représente un poids économique considérable qu'on repèrera surtout au travers des chiffres concer-nant la formation(10). Il s'agit là encore, d'un instru-ment de travail rigoureux et exigeant qui constitue une véritable somme. Les chiffres extraits et commen-tés ici sont, bien évidemment, le résultat d'un choix, dont d'éliminations; ils ne dispensent pas le lecteur (courageux) d'une lecture personnelle de cet ouvrage.U POID' ECONOMIQUE
l'étude
du BIPE définit le domaine musical à l'aide de trois fonctions déjà aperçues: la pratique amateur et ce qu'elle implique en termes de consommationd'ins-truments et de services (la formation) ; la participation aux spectacles musicaux, qu'ils soient «vivants» (concerts et bal) ou «mécaniques» (discothèque,
iuke-box,
cinéma musical); l'écoute domestique sous ses deux formes: «privatique» (auto-enregistrée, auto-dif-fusée) et «réseaux» (émissions musicales des radios et chaînestélévisuelles).Cet ensemble pèse 31 milliards de francs soit 1,5% de la «consommation finale des ménages» qui est, en 1981 d'un peu plus de 2.000 milliards de francs (soit deux fois le budget de l'Etat). Ce chiffre est tout à fait honorable;
il
est comparable à la consommation de chaussures (26 milliards),biiouterie-icoillerie (28 mil-liards), électricité (34 milmil-liards), prestations des méde-cins (36 milliards), vins-boissons alcoolisées (39 mil-liards). La comparaison avec le dieu automobile confirme la place de la musique: les achats d'automo-biles, avec 55 milliards, n'excèdent que de 80% la consommation musicale(o.e.,
p.137). Ce qui permet à D. Daude un sous-titre au cours de son article cité: «Les Français consacrent à la musique plus de la moitié de ce qu'ils consacrent aux achats d'automobi-les» (p.94).LA IlEMIImlON ECONOMIQUE
En ramenant les 31 milliards à la base 100, on obtient les répartitions suivantes qui se lisent en pourcenta-ges:
Les options de la consommation musicale (1981 )
Consommation musicale 100 Pratique Ecoute A domicile Privatique Réseaux A l'extérieur Spectacles Spectacles vivants mécaniques
Il Y a donc quatre fois plus d'argent consacre a l'écoute (80%) qu'à la pratique (20%). Deux fois et demi plus d'argent à l'écoute à domicile qu'à l'écoute
extérieure; deux fois plus d'argent aux spectacles vivants qu'aux spectacles mécaniques
(d.
art. deC.
Daude, p.95-96).Les emplois du domaine musical sont nettement infé-rieurs à leurs représentations économiques. Ils ne
Masses de dépenses culturelles
représentent que 0,3%, soit 64.500 emplois sur les 21.451.000 enregistrés en 1981, répartis ainsi:
Pratique Spectacles Privatique Réseaux (radio,
TV)
Total en pourcentages 20 23 44 13 100 en milliards de francs 6,2 7,1 13,6 4,1 31LES ((CONSOMMATEURS" DE MUs/OUE
Les emplois du domaine musical sont nettement infé-rieurs à leurs représentations économiques. Ils ne représentent que 0,3%, soit 64.500 emplois sur les 21.451.000 enregistrés en 1981, répartis ainsi: Machine (conception, fabrication)
Consommation intermédiaire (partition, presse)
Programmes (radio, télévision, phonogrammes) Services(formation, création, spectacles, distribution) Total 12.000 1.500 8.000 43.000 64.500
Les «tempérants» regroupent les «bronchés» «omsi
baptisés pour suggérer que leur consommation
(70)
essentielle passe par les appareils électriques» (étude p.86). Quant aux «réfractaires», ils sont allergiques à toute consommation musicale active et n'écoutent jamais de musique enregistrée. Dons ces distinctions, on note l'importance des critères de l'âge (32 ons en moyenne pour les pratiquants; 51 ans pour les réfrac-taires), de la CSP (33% de catégories supérieures pour les pratiquants, 7% seulement pour les réfractai-res, de la commune de résidence (52% des prati-quants vivent dans les zones urbaines de plus de 100.000 habitants, contre 39% des réfractaires)
(77).
Quant aux «pratiquants» réunissant les deux groupes les plus actifs, ils représentent 10% de la population c'est-à-dire un peu plus de 4 millions d'individus - puisque la population française, âgée de 15 ans et plus, est de 42.000.000 de personnes, les plus jeunes n'étcnt pas comptés - qui se répartissent ainsi:
DEPENSES MUS/CAUS
SELON US CATEGORIES
Dix pour cent de la population consomment 40% de la musique. Les dépenses musicales des réfractaires (25% de la population) sont, par définition, nulles. Les 31 milliards reposent, si l'on peut dire, sur les épaules Reprenant et affinant les chiffres de
Pratiques
culturel-les des Français,
les auteurs dressent la typologie suivante, pour une population totale âgée de 15 ans et plus (100%): le groupe des «accrochés» (28%) comprend: les mélomanes (18%); les pratiquants (10%, dont 8% d'amateurs et 2% de passionnés; le groupe des «tempérants» (72%) comprend: les «branchés» (47%) et les réfractaires (25%).Les «accrochés» (ce que les auteurs appellent les «occros»] regroupent les amateurs qui entretiennent avec le domaine musical un rapport constant. Ce rapport est «occasionnel» chez les «mélomanes», mais beaucoup plus serré chez les «amateurs» qui sont, pour la plupart, propriétaires d'un instrument,pratiqué au moins «de temps en temps», et qui se rendent assez régulièrement aux concerts. Les «passionnés» sont des fervents qu'on retrouve partout: dans la pratique instrumentale et vocale, aux concerts, et à l'écoute intensive des musiques enregistrées (privatique) et programmées (réseaux: radios et télévision).
1nstrumentistes Chanteurs Pratique isolée Pratique de groupe Total exact du pourcentage
Soit:4millions d'individus
7,3%0
2,9% 4,8% 5,4% 10,2%des 75% restants. Les "accrochés» (28%, dont 10% de pratiquants et 18% de mélomanes)assument 60% des dépenses musicales, et les "branchés», 40%. Mais les pratiquants,
à
eux seuls (10%) dépensent 36% et consomment 39% du total, la différence entre ces deux pourcentages tenant au fait qu'ils bénéficient pour près des deux tiers des financements publics allantà
la musique. Ils consacrent plus de 4,5% de leurs dépensesà
la musique (contre 1,3% pour un Français moyen),"Aussi voit-on apparaître une hiérarchie très forte (dans les dépenses musicales des ménages en 1981) puisque 25% de la population ne dépensent rien; 47% (les
«bronchés»]
dépensent en moyenne 1.165F
an; 18% (les mélomanes) 1705 F; 8% (les amateurs) 4425 F et 2% (les passionnés) 5975F.
(Etude,
p.l48). Les auteurs ont élaboré un excellent graphique (no33, p.l50) qui donne les différentes affectations de mille francs de consommation musicale.haut) et, effectivement, reportée au 31 milliards du domaine musical, elle en représente presque les 20% (tout comme 199 F reportés
à
1000 F). A quoi s'ciou-tent 13,6% de consommation de spectacles. Total: environ 40% de la musique est consommée par 10% de la population,LA FORMATION MUSICALE:
OU, COMMENT, POUR QUI
r
Les 15-24 ans représentent 43% des "pratiquants», presque un sur deux. Ils constituent 60% des person-nes fréquentant un spectacle vivant de "pop, folk, rock»] «population»: 29%); ils constituent 20% des personnes allant aux concerts classiques et 17% de celles qui vont assister
à
des spectaclesde ballet. Mais c'est surtout sur les problèmes de la formation que nous allons les retrouver.1.000 francs de consommation musicale
Cette somme représente le poids de la seule "pratique amateur» (elle correspond à nos 199 F signalés plus Ces chiffres démontrent donc qu'un pratiquant consomme 39,4
F
de musique, là où un mélomane consomme 12F,
et là où un branché consomme8
F.
le pratiquant consomme donc trois fois plus que le mélomane et cinq fois plus que le branché, Et, dansce
qu'il dépense, la part la plus importante va à la pratique amateur,
Total
fORMATION MUSICALE SPECIALISEE
Je retiens ici les grandes lignes d'un chapitre de quatre-vingts pages, intitulé «Les Filièresde la Pratique musicale» (p.155-232 de l'étude) qui regorge d'infor-mations chiffrées très précieuses.
Les situations de formation sont disparates. D'après l'inventaire de l'INSEE (1979-1980), 4.202 communes sont pourvues d'une école de musique (36.000 com-munes en France), Ce vocable générique masque une grande hétérogénéité dans la nature des institutions puisqu'il comptabilise aussi bien les conservatoires municipaux que les initiatives individuelles ou associa-tives. Ainsi 12% des communes sont
pourvues
d'une cellule de formation musicale permettant en principe une desserted'environ 66% de la population,l'on
constate déjà un déséquilibre au niveau des régions administratives. La situation de IAlsace est très favorable (392 communes équipées sur 896, soit 45% environ). Viennent ensuite l'ile-de-France (397 communes sur 1.279: 31 %) et le Nord-Pas-de-Calais (412 sur 1.550: 27%). Rapportée au nombre d'habi-tants, la situation de l'ile-de-France est cependant difficile car elle ne dispose que de4
écoles de musique pour 10.000 habitants (Alsace: 31 ; Nord-Pas-cie-Calais:11).
A l'opposé les écoles de musique sont peu développées en Corse (1 % des communes équipées), dans le Limousin (4%) et en Bourgo-gne (4%).Les différences sont encore plus accusées entre les départements. Les mieux dotés sont le Bas-Rhin, le Rhône et le Nord. A l'inverse, dans les deux départe-ments de la Corse, en Côte-d'Or et en Corrèze,
à
peine deux communes sur 100 sont équipées. En moyenne, pour l'ensemble de la France, les élèves des communes non équipées sont
à
13,5 km d'une école de musique; mais cette distance atteint 26 km dans les Pyrénées-Orientales et la Côte-d'Or, 28 dans les Alpes de Haute-Provence, 48 en Haute-Corse et 60 en Corse du Sud. Il faut vraiment avoir la vocation! Certains secteurs géographiques sont ainsi de vérita-bles déserts musicaux.199 F 136 F 59
F
267F
124F
164F 51F
2.250 MF 160MF 3,620 MF 6.130 MF 215F
391F 394FLas
dépenses du pratiquant
Facture instrumentale (achat d'instruments) Information (presse spécialisée)
Enseignement et formation Les "branchés» (1privatique • spectacles Les mélomanes • privatique • spectaclesvivants Les pratiquants • pratique amateur • privatique • spectaclesvivants
, Dont708 MFpourlaseulerémunération des enseignants
En millions de francs
Interventions de l'Etat
LA fORMATION MUSICALE«GENERALE»
Pour l'essentiel, elle est assurée par le ministère de l'Education nationale qui dispose de 4.800 profes-seurs de musique, de conseillers pédagogiques en éducation musicale chargés de former les instituteurs et de professeurs agrégés intervenant dans les écoles normales. Existent aussi des sections spécialisées de l'enseignement supérieur (UER d'universités).
2
MF 5MF 3MF *850
MF 162 MF1.022
MF TotalMinistère de l'Education nationale Ministère de la Culture
et de
la
Communication Ministère de l'AgricultureMinistère des Relations extérieures Ministère de la Jeunesse et des Sports
CNSM (74.000 F/ élève) et 55 pour les 95.700 élèves des CNR et ENM (soit: une participation de l'Etat de 575 F/élève, le reste
à
la charge des collectivités locales et des ménages). Collectivités locales: 1.042 MF dont 362 sont affectés aux 95.700 élèves des CNR et des ENM (soit 3.783 F/ élève), et 680 affectés aux écoles municipalesà
leur seule charge formant 835.650 élèves (soit 814 F/ élève).Les ménages: 1.567 millions de francs répartis ainsi: 19 MF pour les inscriptions aux CNR et ENM (soit 200 F en moyenne par élève); 210 MF pour les inscriptions dans les écoles municipales non subven-tionnées par l'Etat (soit 250 F en moyenne par élève) ; 1.338 MF pour les cours particuliers, les stages d'été et les écoles privées. Si l'on prend la base approxima-tive de 400.000 élèves, indiquée plus haut, on obtient 3.345 F de frais de formation par élève, à la charge exclusive des ménages.
En résumé, là lù l'Etat apporte 162 millions de francs, ménages et collectivités locales apportent 2.609 MF, soit 16 fois plus haut. Là où l'Etat seul participe
à
la formation de 135.000 élèves au prix «moyen» (on a vu avec quels écarts cependant!) de 1.200 F, les ménages et les collectivités forment 1.165.000 élèves au prix moyen de 2.240 F. Notons toutefois une forte disparité d'une communeà
l'autre où les droits d'ins-cription sont dans un rapport de1
à7.
La politique financière de l'Etat reste donc très élitaire et sélective
(74)
en matière de formation musicale, en dépit de ses efforts pour implanter et aider les lieux de formation.REPARTITION ECONOMIQUE DE
LA fORMATION MUSICALE SPECIAI.ISEE
Le coût final de la formation musicale de 1.300.000 élèves est de 2.771 millions de francs répartis ainsi: Etat: 162 MF dont 107 pour les 1.470 élèves des
DESEQUILIBRE DES fiNANCEMENTS
Pour former de jeunesmusiciens appelés (en principe)
à
devenir des professionnels, la France dispose d'abord d'institutions financées, totalement ou en par-tie, par les pouvoirs publics (Etat et/ou collectivités locales).Deux Conservatoires nationaux supérieurs de musi-que (CNSM)
à
Paris depuis 1795, età
Lyon deruis 1980. Ils forment 1.450 élèves pour un coût toto de 107 millions de francs, exclusivementàla charge de l'Etat (ministère de la Culture pour l'essentiel). Cela représente donc un coût de formation de 74.000 F par élève et par an, coût qui fait de l'étudiant en CNSM l'un des plus chers de France (après les forma-tions militaires spécialisées).Trente-et-un Conservatoires nationaux de région (CNR: 43.300 élèves) et trente-six Ecoles nationales de musique (ENM: 52.400 élèves), soit 95.700 élè-ves, formés pour un coût total de 436 millions de francs répartis ainsi: Etat: 55 MF; collectivités: 362 MF; ménages: 19 MF. Coût moyen de l'élève: 4.556
F/
an(72).
75 Ecoles municipales agréées (EMA) : elles ne reçoi-vent pas de subreçoi-ventions de l'Etat, mais bénéficient de son agrément pédagogique (leurs diplômes sont reconnus); elles se répartissent en écoles du premier degré (66 établissements pour 33.700 élèves) et du second degré (9 établissements pour 4.800 élèves), soit un total de 38.500 élèves. L'étude ne détaille pas les sommes affectées spécifiquement aux EMA car elle les inclut dans un coût global qui comprend conservatoires et écoles municipaux non agréés (voir ci-dessous).
A cela s'ajoute les 4.200 écoles de musiquemunicipa-les (ou conservatoires municipaux) évoqués plus haut, qui ne reçoivent ni subventions de l'Etat, ni son agré-ment pédagogique. Elles foragré-ment pourtant 800.000 élèves auxquels s'ajoutent ceux des EMA (38.500) pour la somme globale de 890 millions de francs, dont: collectivités locales: 680 MF; ménages :210. Coût moyen de la formation de chacun des 838.500 élèves: 1.060 F/.
Au total: 935.650 élèves bénéficient d'une formation musicale totalement prise en charge par l'Etat, ou subventionnée par l'Etat et/ ou les collectivités locales. Bref, peu ou prou, ils bénéficient de fonds publics.
Or,
on estimeà
1.350.000 l'ensemble des élèves en formation musicale spécialisée.Il
en reste donc envi-ron 400.000 répartis dans: des cours particuliers: estimésà
496 millions de francs; des stages d'été: 642 millions de MF; des écoles privées(73):
642 millions de MF; toutes sommesà
la charge des ménages.~appelonsque ce montant comprend essentiellement les?u.d~e!sde l'Etatc?~sacrés
à
la formation musicale«spéciclisée»
(162 millions) et ceux consacrés à la formation musicale «générale», essentiellement sco-laire (850 millions). Avec ses 1.022 millions de francs il assume donc le sixième de la lignebudqètoire
intitulée «Pratique amateur» (6.130 MF dont les «ensei-gnements et formations» : 3.620 MF) ; et le trentième de l'<<Economie du domaine musical» (31 mil-liards)(lS).
Il est de bon ton d'estimer que l'Etat n'en fait pas assez; ses détracteurs trouveront quelques raisons
à
leurs revendicationsàla lecture de ces derniers chif-fres et
à
leur agencement aux réalités sociales et culture~lesdu pays. En défense et illustration de l'Etat, une fois considéré qu'il est dans sa définition essen-tielle qu'il ne peut pas tout(l6),on rétorquera qu'il est dans sa définition essentielle de s'occuper de ce qui, sans lui, irait à vau-l'eau: formation professionnelle de haut niveau (les conservatoires supérieurs coûtent très cher, nous l'avons vu), entretien des orchestres, de l'Opéra, création de nouvelles institutions (Opéra-Bas-tille, Cité de la musiqueà
la Villette...), restauration instrumentale de toutes sortes, enrichissements de fonds spécialisés... Tout cela suppose des engage-ments considérables de la Fart de l'Etat!Mais il est vrai aussi qu'i n'intervient pas assez en direction du domaine «musique des [eunes», Cette musique est livrée aux aléas du marché donc de la diffusion. La formation qu'elle nécessite relève pres-que exclusivement des cours et écoles privées. Les formations publiques au [ozz (proportionnellement moins chères que les privées) se font au compte-gout-tes; il n'existe qu'une seule formation supérieure au métier des variétés (le Studio des variétés) à laquelle il convient d'ajouter, il est vrai, quatre centres régionaux de la chanson (le plus célèbre étant celui de Bourges). ~uantau rock proprement d!t, l'aide qu'il reçoit égale zero ou presque
(ltre plus loin la vigoureuse
interven-tion de Bruno Lion).
On notera qu'une part de ces modestes sommes a eu au moins le mérite d'aider à mieux cerner les difficultés concrètes du terrain, notamment en ce qui concerne les lieux de répétition(l7),les stratégies de formation (sauvage et académique) et les tactiques de diffusion. D'autre part, on ne peut nier les efforts consentis en direction de la pratique musicale amateur dont les aides ont
été
multipliées par sept en cinq ans (6 millions de francs en 1980, 42 MF en 1985) (lB)dans les secteurs des musiques traditionnelles, des fédéra-tions d'associafédéra-tions, du [ozz, de la chanson des varié-tés et du chant choral. A tout cela, ilconvient
d'ojouter encore les rapports sur les dépenses culturelles des villes et des départements (79) qui sont de bons indicateurs de la vitalité culturelle au niveau local (régions, départements, communes), lequel prend de plus en en charge ses propres formations etanimations musicales dans le cadre de politiques culturelles définies avec des partenaires mieux au fait des besoins locaux.
Il reste cependant qu'une recherche sociologique exhaustive, quantitative et qualitative, nous manque pour appréhender le plus exactement possible la réalité vivante de
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pratique du rock en france. On a pu avancer, après force déductions et contrôles empi-riques, le chiffre de 25.000 groupes rocks ce qui représente entre 150.000 et 200.000 musiciens ama-teurs qui veulent répéter, s'exprimer, créer, dans les meilleures conditions possibles.N'y
aurait-il que 5.000 groupes, ce serait déjà une mouvance sociale significative. D'autres avancent le chiffre de 80.000 groupes. Pourquoi pas, en effet, puisque nQUS n'en savons rien? Il ne suffit pas que le président de la République avoue aimer le rock depuis les côtes américaines de l'océan Pacifique, et avance le chiffre de 35.000 groupes rock lors d'une émission de télévi-sion, pour accroître notre savoir et transformer l'essai. Encore que les chiffres ne soient pas tout, et les remarques de François Mitterrand prennent alors toute leur voleur symbolique (au sens étymologique de symbole: ce qui réunit) en montrant qu'il y a consensus sur une réalité forte de la vie culturelle moderne,à
savoir: que le rock existe, qu'il constitue une réalité historique (faut-il dire «patrimoine»? par-faitement identifiable, avec ses langages, ses esthéti-ques, sesinnovations artistiesthéti-ques, mais aussi technologi-ques (instrumentales, acoustitechnologi-ques, visuelles); qu'il pèse un poids socio-démographique et économique impor-tant, même si les chiffres précis nous manquent enco-re ; et que cela est une évidence, aussi évidente qu'ily
a. de l'architecture, d'autres genres musicaux ou, plus Simplement, des gens dans la rue; et ce quel que soit le goût qu'on en a.
Cette évidence se manifeste aussiau plan des compor-tements sociaux. Le rock est l'alliance d'une musique et d'un style de vie; il repose sur des réseaux, des vêtures aussi signifiantes dans leur genre que les frocs mon.astiques; sur des «mythes fondateurs», comme celui du voyage, de la rencontre, de la fête. Bref, il est rare qu'une partie de la société civile soit
à
ce point mobilisée pour défendre des intérêts et une action culturels qui, au bout du compte, profite au plus grand nombre. Il est donc souhaitable que les grands parte-naires de la vie culturelle se sentent concernés tant au niveau de leurs réflexions qu'à celui de leur action. D'autant que l'énergie existe sur le terrain, tant au plan de l'organisation qu'au plan intellectuel, comme le prouvent expériences récentes et études en cours et en voie de publication(JO).
NOTES
(1) Le SER s'appelle, depuis juillet 1986, le «Département des études et de la Prospective- (DEP) et le ministère, celui de la Culture et de la Communication. Nous conserverons le sigle SER pour les documents parus sous ce label, et le sigle DEP pour ceux parus depuis. Cet organisme publie un bulletin,