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La chemise, le dictaphone et la carte postale : Éloge d’Adrian Popovici

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Academic year: 2021

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La chemise, le dictaphone et la carte postale :

Éloge d’Adrian Popovici

Allocution prononcée lors du dîner facultaire du 3 mai 2007

À ces quelques mots d’éloge de mon collègue et très grand ami Adrian Popovici, j’ai décidé de donner un titre, assez surréaliste au premier regard. C’est le suivant : La chemise, le dictaphone et la carte postale.

Commençons par la chemise, des trois l’élément de loin le plus important. On est au milieu des années ’70 et Adrian arrive un jour à la Faculté portant une chemise jaune serin, élégante, bien coupée, probablement acquise à San Francisco ou à Paris. Je lui fais part de mon impression et en moins de temps qu’il ne faut pour l’enlever et la faire laver et repasser Adrian ouvre la porte de mon bureau et me lance la chemise à la tête. « Tu l’aimais, dit-il, je te la donne ». Qu’est devenue aujourd’hui cette chemise vénérée? De toute façon, Adrian et moi y serions maintenant fort à l’étroit, ensemble et même séparément! J’y reviendrai.

Maintenant : le dictaphone. Cela se passe dans un colloque, à Ottawa ou Toronto je n’en ai plus le souvenir. Jules Deschênes, alors juge en chef de la Cour supérieure, a la parole, et comme d’habitude assez peu enclin à se déprécier, il nous vante ses méthodes de travail, en particulier le fait qu’il dicte beaucoup. Ce sur quoi Adrian intervient : « Everybody knows, Mr Justice Deschênes, that you are a great dictator ». Je vous laisse deviner la réaction de l’auditoire. La carte postale, enfin. Voyageant au centre de la France, Adrian m’expédie, de cette ville d’eaux bien connue, une carte postale porteuse de brèves salutations et signée : Popo de Vichy.

De ces trois anecdotes, il ne me reste plus qu’à tirer quelques leçons. La chemise veut représenter la générosité sans borne de notre collègue, générosité non point seulement et non point surtout vestimentaire mais qui le rend toujours prêt à partager, avec collègues et amis, ce qu’il n’est pas exagéré d’appeler son immense culture, assise sur un immense talent, culture

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juridique bien sûr mais aussi littéraire, musicale, picturale, cinématographique. Nombreuses sont celles et ceux d’entre nous à qui il a donné livres et disques. C’est non seulement ses idées qu’il partage, ce sont aussi ses biens. Nous sommes tous un peu débiteurs d’Adrian.

Plus jeune ― car le temps nous adoucit tous ― Adrian pouvait avoir la dent assez dure et le propos passablement agressif, quelques verres aidant. Son franc parlé ne lui a pas valu que des amis, encore que Jules Deschênes, homme d’autorité, ait peut-être pris sa remarque pour un compliment. Je tiens toutefois à insister sur le fait que, parfois très direct dans le face à face, il est l’être le moins médisant et le moins calomniateur que je connaisse; de sa bouche je n’ai jamais entendu aucun mot méchant ou amer à l’égard des personnes qui l’entourent. C’est même lui qui m’a initié à l’indulgence. Et à la tolérance, dont il disait un jour de son contraire, l’intolérance, qu’elle avait fait beaucoup plus de victimes dans l’histoire de l’humanité que la cigarette.

Polyglotte, Adrian est aussi ― ce que la carte postale voulait rappeler ― un grand voyageur et un ami du calembour. Il m’est arrivé de voyager avec lui et ce fut parmi les meilleurs voyages de ma vie. Et je suis certain que d’autres collègues ont, comme moi, apprécié en voyage son talent pour découvrir et faire découvrir, son sens de l’organisation, son aptitude à suggérer sans jamais imposer.

Bénéficiaire de sa fidélité en amitié, j’ai connu Adrian il y a de cela près de 40 ans si bien que la chemise, le dictaphone et la carte postale sont loin de former une liste exhaustive. Mais je n’en rajouterai pas, préférant terminer en pronostiquant plutôt qu’en remémorant. Adrian sera à la retraite à l’automne : voilà une phrase que je ne saurais prendre au pied de la lettre, tant il me paraît clair qu’il va continuer d’écrire en droit, mais aussi commencer d’écrire en littérature. Je vous prédis qu’Adrian va nous en faire voir de toutes les couleurs, ayant après tout fort bien commencé avec celle du mandat!

Tous nos vœux lui sont adressés.

François Chevrette

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