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Représentation de Weil d'une paire duale de groupes de similitudes

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

Pour l'obtention du grade de

DOCTEUR DE L'UNIVERSITÉ DE POITIERS UFR des sciences fondamentales et appliquées

Laboratoire de mathématiques et applications - LMA (Poitiers) (Diplôme National - Arrêté du 7 août 2006)

École doctorale : Sciences et ingénierie pour l'information, mathématiques - S2IM (Poitiers) Secteur de recherche : Mathématiques

Présentée par :

Alice Gaborieau

Représentation de Weil d'une paire duale de groupes de similitudes

Directeur(s) de Thèse : Pierre Torasso, Guy Henniart Soutenue le 01 octobre 2015 devant le jury Jury :

Président Jean Michel Directeur de recherche CNRS, Université de Paris 7 Rapporteur Jean Michel Directeur de recherche CNRS, Université de Paris 7 Rapporteur David Soudry Professeur, Université de Tel-Aviv, Israël

Membre Pierre Torasso Professeur des Universités, Université de Poitiers Membre Guy Henniart Professeur des Universités, Université de Paris 11 Membre Paul Broussous Maître de conférences, Université de Poitiers Membre Corinne Blondel Chargée de recherche CNRS, Université de Paris 7

Pour citer cette thèse :

Alice Gaborieau. Représentation de Weil d'une paire duale de groupes de similitudes [En ligne]. Thèse

(2)

pour l’obtention du Grade de

DOCTEUR DE L’UNIVERSITE DE POITIERS (Facult´e des Sciences Fondamentales et Appliqu´ees)

(Diplˆome National – Arrˆet´e du 7 aoˆut 2006) ´

Ecole Doctorale : s2im

Secteur de Recherche : Math´ematiques Pr´esent´ee par :

Alice Gaborieau

⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆⋆

Repr´esentation de Weil d’une paire duale de groupes de similitudes d´efinis sur Fq.

⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆⋆

Directeurs de Th`ese : Pierre Torasso et Guy Henniart ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆⋆

Soutenue le 1er octobre 2015

devant la Commission d’Examen ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆ ⋆⋆

JURY

Corinne Blondel Charg´ee de Recherches CNRS Examinatrice Paul Broussous MCF Habilit´e, Universit´e de Poitiers Examinateur Guy Henniart Professeur, Universit´e de Paris 11 Directeur de th`ese Jean Michel Directeur de Recherche Rapporteur

David Soudry Professeur, Universit´e de Tel-Aviv Rapporteur

(3)
(4)

Introduction i

1 Sur les caract`eres de Deligne–Lusztig 1

1.1 Construction des caract`eres de Deligne–Lusztig . . . 1

1.2 Quelques propri´et´es des caract`eres de Deligne–Lusztig . . . 4

1.2.1 Cuspidalit´e . . . 7

1.2.2 Dualit´e de Curtis . . . 7

1.2.3 Groupe dual et caract`eres de Deligne–Lusztig . . . 8

1.2.4 Restriction des scalaires et caract`eres de Deligne–Lusztig . . . 10

1.3 Projection uniforme . . . 11

2 Groupes de similitudes 19 2.1 Description des groupes de similitudes . . . 19

2.2 Groupes de Weyl des groupes de similitude . . . 23

2.2.1 Description des groupes de Weyl . . . 23

2.2.2 Classes de conjugaison ou de F ε-conjugaison des groupes de Weyl des groupes de similitudes . . . 23

2.3 Centralisateur d’un ´el´ement semi-simple dans un groupe de similitudes . . 25

3 Repr´esentation de Weil associ´ee `a une paire duale de groupes de simi-litudes 33 3.1 Rappels sur les repr´esentations de Weil . . . 33

3.1.1 D´efinitions des repr´esentations de Weil . . . 33

3.1.2 Propri´et´es des repr´esentations de Weil . . . 35

3.2 Paires duales de groupes de similitudes. Repr´esentations de Weil associ´ees . . . 37

3.2.1 Les paires duales ´etudi´ees . . . 37

3.2.2 D´efinition des repr´esentations de Weil ´etudi´ees . . . 38

3.3 Projection uniforme des caract`eres de ˜ω(G,G′,k) et ˜ωψ(G,G′,k) . . . 39

3.3.1 Le cas d’une paire duale de groupes lin´eaires de similitudes . . . 39

3.3.2 Le cas d’une paire duale de groupes unitaires de similitudes . . . . 41

3.3.3 Le cas d’une paire duale de la forme (GSp2m, GSOε2m′) . . . 42

3.4 Projection uniforme de la repr´esentation de Weil associ´ee `a une paire duale de groupes de similitudes . . . 46

4 Le cas d’une paire duale de groupes lin´eaires de similitudes 53 4.1 Pr´eliminaires . . . 53

4.2 D´emonstration du th´eor`eme . . . 54

4.3 Un lemme combinatoire . . . 58 i

(5)

5 Le cas d’une paire duale de groupes unitaires de similitudes 61

5.1 D´ecomposition de A(Gm, G′m′, k)(x, x′) suivant CH(s, s′)(k) . . . 62

5.2 D´ecomposition de B(Gm, G′m′, k)(x, x′) suivant CH(s, s′)(k) . . . 69

5.3 D´emonstration du th´eor`eme 3.3 . . . 85

5.3.1 Egalit´e des dimensions des deux membres . . . 85´

5.3.2 R´ecurrence sur le rang de H . . . 87

6 Le cas d’une paire duale de la forme (GSp2m, GSOε2m′) 91 6.1 D´ecomposition de A(Gm, G′εm′, k)(x, x′) suivant CH0(s, s′)(k) . . . 92

6.2 D´ecomposition de B(Gm, G′εm′, k)(x, x′) suivant CH0(s, s′)(k) . . . 107

6.3 D´emonstration du th´eor`eme 3.4 . . . 125

6.3.1 Egalit´e des dimensions . . . 125´

6.3.2 Projection uniforme du caract`ere de la repr´esentation ˜ ω(G1,G′ε1,k) ψ pour la paire (G1, G′ε1) . . . 129

(6)

Soit p un nombre premier impair et soit F une extension de degr´e fini du corps Qp des

nombres p-adiques. On note k le corps r´esiduel de F . En particulier, d’apr`es l’hypoth`ese faite sur p, k est de caract´eristique impaire.

D´ecrivons d’abord la motivation initiale de ce pr´esent travail. Si G est un groupe r´eductif connexe d´efini sur F , le groupe des points rationnels G = G(F ) poss`ede de nombreux sous-groupes ouverts compacts. Par exemple GLn(F ) contient GLn(OF) qui

lui-mˆeme contient toute la chaˆıne des 1 + pkM

n(OF) pour k ∈ N∗, o`u OF est l’anneau des

entiers de F et o`u pF est l’id´eal maximal de OF. La notion naturelle de repr´esentation de

G est celle de repr´esentation lisse : par d´efinition, une repr´esentation (ρ, V ) de G dans un espace vectoriel complexe est dite lisse si pour tout vecteur v de V , il existe un sous-groupe ouvert compact de G qui stabilise v.

Pour construire des repr´esentations de G, on peut induire `a G des repr´esentations de sous-groupes de G. Par exemple, si H est un sous-groupe ferm´e de G et (π, V ) une repr´esentation lisse de H, notant V[G] l’espace des fonctions f de G dans V telles que

f (xg) = π(x) · f (g) pour x ∈ H et g ∈ G et telles qu’il existe un sous-groupe ouvert compact K de G v´erifiant f (gk) = f (g) pour g ∈ G et k ∈ K, G agit par transla-tion `a droite sur V[G] et on obtient ainsi la repr´esentation induite IndG

Hπ. Si π est une

repr´esentation lisse de H et ρ une repr´esentation lisse de G, on a un isomorphisme naturel de HomG(ρ, IndGHπ) sur HomH(ResGH ρ, π).

Par d´efinition, une repr´esentation lisse irr´eductible de G est dite supercuspidale si π n’est sous-quotient d’aucune repr´esentation de la forme IndGPρ, o`u P est un sous-groupe parabolique propre de G et ρ est une repr´esentation lisse irr´eductible du quotient de Levi de P .

Par ailleurs, si G est un groupe r´eductif quasi-d´eploy´e sur F , son groupe dual, not´e ici

LGest le groupe alg´ebrique complexe dont la donn´ee radicielle est la duale de celle de G.

En particulier si G = GLn, LG= GLn(C) et si G = SO2n+1 alors LG= Sp2n(C).

Dans l’esprit du programme de Langlands, si G et H sont des groupes r´eductifs quasi-d´eploy´es sur F , `a un morphisme dit admissible LH LG devrait correspondre une

ap-plication de transfert locale associant `a des paquets Π(H(F )) de repr´esentations de H(F ) des paquets Π(G(F )) de repr´esentations de G(F ) et ce transfert devrait pr´eserver certains invariants appel´es facteurs locaux. En particulier, le plongement naturel de Sp2n(C) dans GL2n(C) induit une bijection entre paquets de repr´esentations irr´eductibles de SO2n+1(F )

et repr´esentations de GL2n(F ) (pour GLn, les paquets sont des singletons).

Dans [12], Jiang et Soudry se sont int´eress´es `a ce transfert, dans le cas des repr´esenta-tions de SO2n+1(F ) dites g´en´eriques. Si π est une repr´esentation lisse irr´eductible g´en´erique

de SO2n+1(F ), ρ une repr´esentation lisse irr´eductible de GLk(F ) et ψ un caract`ere additif

non trivial de F , il existe des facteurs L(π × ρ, s) et ε(π × ρ, s, ψ) qui leur sont associ´es et qui sont respectivement une fraction rationnelle et un monˆome en p−s. De plus, si σ est

une repr´esentation lisse irr´eductible de GL2n(F ), on dispose aussi de facteurs L(σ × ρ, s),

(7)

L(σ, Λ2, s) et ε(σ × ρ, s, ψ). Jiang et Soudry ont ´etabli le th´eor`eme suivant :

Th´eor`eme 0.1 (Jiang-Soudry [12]). — Il existe une bijection naturelle ℓ entre les classes d’isomorphie des repr´esentations lisses irr´eductibles supercuspidales g´en´eriques de SO2n+1(F ) et les classes d’isomorphie des repr´esentations de GL2n(F ) qui s’obtiennent par

induction `a partir de la repr´esentation τ1⊗ · · · ⊗ τr du sous-groupe de Levi GL2n1× · · · ×

GL2nr, o`u pour 1 6 i 6 r, τi est une repr´esentation irr´eductible supercuspidale de

GL2ni(F ),

r

P

i=1

ni = n, L(τi, Λ2, s) a un pˆole en s = 0 et pour i 6= j, τi n’est pas ´equivalente

`a τj. De plus, la bijection ℓ est caract´eris´ee par la pr´eservation des facteurs L et ε au sens

o`u si σ est une repr´esentation lisse irr´eductible supercuspidale g´en´erique de SO2n+1(F )

et π une repr´esentation lisse irr´eductible de GLk(F ), alors

L(σ × π, s) = L ℓ(σ) × π, s

et ε(σ × π, s, ψ) = ε ℓ(σ) × π, s, ψ.

Pour ´etablir ce r´esultat, Jiang et Soudry utilisent des arguments de nature globale. Le travail pr´esent´e ici s’inscrit dans le but de d´ecrire explicitement le transfert obtenu `a partir des repr´esentations irr´eductibles supercuspidales g´en´eriques de SO2n+1(F ), dans

le cas o`u elles sont de niveau z´ero, c’est-`a-dire qu’elles proviennent essentiellement de repr´esentations de groupes de points sur k, et lorsque n = 2. (Le cas n = 1 est connu car SO3(F ) est isomorphe `a PGL2(F ).) 1

Pour cela, grˆace `a l’isomorphisme exceptionnel de SO5 avec PGSp4 ainsi qu’`a l’isog´enie

exceptionnelle entre GL4 et GSO6 le transfert annonc´e entre repr´esentations de SO5(F )

et repr´esentations de GL4 revient `a un transfert entre repr´esentations de PGSp4(F ) et

repr´esentations de GSO6(F ). Ceci sugg`ere d’utiliser une forme de la correspondance

de Howe au niveau des groupes de similitudes. De plus, lorsque l’on se restreint aux repr´esentations dites de niveau z´ero, les repr´esentations consid´er´ees sont essentiellement d´etermin´ees par des param`etres associ´es au corps r´esiduel k de F . Notons qu’il s’av`ere n´ecessaire de passer aux groupes de similitudes car les repr´esentations irr´eductibles (mˆeme supercuspidales g´en´eriques de niveau z´ero) de PGSp4(F ) ne sont en g´en´eral pas d´eter-min´ees de mani`ere unique par leur restriction `a Sp4(F ).

Passons maintenant au contenu de cette th`ese, qui porte sur une description explicite de la partie uniforme de la repr´esentation de Weil de paires duales de similitudes d´efinies sur k. Dans le contexte des corps finis, on d´efinit la notion de repr´esentation de Weil associ´ee `a une paire duale de groupes de similitudes connexes de la mani`ere suivante : `a une paire duale de groupes de similitudes connexes (G(k), G′(k)) rapport´ee `a des espaces

V et V′, on associe le sous-groupe H(k) du produit G(k) × G(k) form´e des ´el´ements dont

le produit des multiplicateurs est ´egal `a 1. La repr´esentation de Weil associ´ee `a V ⊗kV′

fournit une repr´esentation ˜ω(G,G′,k)

de H(k) dont l’induite Ω(G,G′,k)

`a G(k) × G′(k) est

par d´efinition la repr´esentation de Weil associ´ee `a la paire (G(k), G′(k)). Lorsque la paire

duale est du type (GSp2m, GSO2m′), cette repr´esentation d´epend en plus d’un caract`ere

additif non trivial fix´e de k.

Dans [20], Srinivasan donne la projection uniforme (c’est-`a-dire la projection orthog-onale sur le sous-espace des fonctions centrales engendr´e par les caract`eres de Deligne– Lusztig) de la repr´esentation de Weil associ´ee `a une paire duale de groupes connexes form´ee de deux groupes lin´eaires ou de deux groupes unitaires ou d’un groupe symplec-tique et d’un groupe sp´ecial orthogonal de dimension paire. Nous ´etendons ce r´esultat en

1Notons qu’une toute autre approche d’une description purement locale du transfert de Jiang-Soudry est possible (voir [17]).

(8)

d´ecrivant la projection uniforme du caract`ere de la repr´esentation de Weil associ´ee `a une paire duale de groupes de similitudes connexes. Srinivasan ne propose qu’une esquisse de preuve et l’objet de ce travail est la d´emonstration compl`ete de la g´en´eralisation de son r´esultat aux groupes de similitudes. Pour cela, nous traitons au cas par cas les diff´erents types de paires, le fait de consid´erer des groupes de similitudes induisant certains effets de bord.

Pr´ecisons maintenant le r´esultat obtenu dans le cas d’une paire duale de groupes de similitudes connexes form´ee d’un groupe de similitudes symplectiques et d’un groupe de similitudes orthogonales, r´esultat pour lequel la d´emonstration repose sur les r´esultats ´etablis pour les autres types de paires.

Soient m, m′ ∈ Net soient V un k-espace vectoriel de dimension finie 2m muni

d’une forme bilin´eaire altern´ee non d´eg´en´er´ee hk

V et V′ un k-espace vectoriel de

di-mension finie 2m′ muni d’une forme bilin´eaire sym´etrique non d´eg´en´er´ee hk

V′. On note

G(V, k, hk

V) et G•(V′, k, hkV′) les groupes de similitudes associ´es : pour g ∈ G(V, k, hkV),

on a detkg = (µ(g))m et pour g ∈ G•(V′, k, hkV′), on a (detkg′)2 = (µ(g′))2m

o`u lorsque g est ´el´ement de l’un de ces deux groupes µ(g) d´esigne le multiplicateur de g. On note ´egalement G(V′, k, hk

V′) le groupe d´efini par :

G(V′, k, hkV′) = n g ∈ G•(V′, k, hkV′), detkg = µ(g) m′o . Le produit tensoriel hk

V ⊗k hkV′ est une forme bilin´eaire altern´ee non d´eg´en´er´ee sur

V ⊗kV′, et pour (g, g′) ∈ H(k) = {(g, g′) ∈ G(V, k, hVk) × G(V′, k, hkV′), µ(g) = µ(g′)}, on

a g ⊗kg′ ∈ Sp(V ⊗kV′, k, hkV ⊗khkV′). On ´etend alors la repr´esentation de Weil associ´ee `a

la paire duale Sp(V, k, hk

V), SO(V′, k, hkV′) et `a un caract`ere additif non trivial fix´e ψ de

k en une repr´esentation de H(k) donn´ee par :

(g, g′) 7−→ ωSp(V ⊗kV′,hkV⊗khkV ′,k)

ψ (g ⊗kg′),

o`u si W est un k-espace vectoriel de dimension finie muni d’une forme bilin´eaire altern´ee non d´eg´en´er´ee hk

W, on note ω Sp(W,hk

W,k)

ψ la repr´esentation de Weil de Sp(W, hkW, k) associ´ee

`a ψ.

Moyennant le choix de bases ad´equates de V et V′, le groupe G(V, k, hk

V) s’identifie

avec GSp2m(k) et il existe ε ∈ {−1, 1} tel que G(V′, k, hk

V′) s’identifie avec GSO′ε2m′(k).

En particulier, H(k) est le groupe des points sur k du groupe r´eductif connexe H donn´e par

H = {(g, g′) ∈ GSp2m× GSO′ε2m′, µ(g)µ(g′) = 1},

et on note ˜ω(GSpm,GSO′εm′,k)

ψ la repr´esentation de H(k) d´efinie ci-dessus. Induisant alors

˜

ω(GSp2m,GSO′ε2m′,k)

ψ `a GSp2m(k)×GSO2m′(k), on obtient la repr´esentation de Weil de la paire

GSp2m(k), GSO2m′(k), not´ee Ω

(GSp2m,GSO′ε 2m′,k)

ψ , pour laquelle la projection uniforme du

caract`ere s’obtient ais´ement `a partir de celle de ˜ω(GSpm,GSO′εm′,k)

ψ (voir chap. 3).

Avant de d´ecrire la projection uniforme de ˜ω(GSpm,GSO′εm′,k)

ψ , rappelons ici bri`evement la

d´efinition des groupes GSp2ℓ et GSO2ℓ et de leurs structures rationnelles associ´ees, pour

ℓ ∈ N∗.

Soit E = (e1, . . . , eℓ, e′ℓ, . . . , e′1) une base de k 2ℓ

. On note GSp2ℓ le groupe de similitudes symplectiques d´efini par :

GSp2ℓ=g ∈ GL2ℓ(k),tgJg = µ(g)J, µ(g) ∈ k ∗

(9)

o`u J est la matrice dans la base E de la forme bilin´eaire altern´ee h telle que h(ei, ej) = h(e′i, e′j) = 0, h(ei, e′j) = δi,j, 1 6 i, j, i′, j′ 6ℓ.

D’autre part, on note GO2ℓ le groupe de similitudes orthogonales d´efini par :

GO2ℓ =g ∈ GL2ℓ(k),tgJ+g = µ(g)J+, µ(g) ∈ k ∗

,

o`u J+ est la matrice dans la base E de la forme bilin´eaire sym´etrique h telle que

h(ei, ej) = h(e′i, e′j) = 0, h(ei, e′j) = δi,j, 1 6 i, j, i′, j′ 6ℓ.

Pour g ∈ GO2ℓ, on a (det g)2 = µ(g)2ℓ, et la composante connexe de GO2ℓ est le groupe

not´e GSO2ℓ d´efini par :

GSO2ℓ =g ∈ GO2ℓ, det g = µ(g)ℓ .

On munit GSp2ℓde sa structure rationnelle usuelle pour laquelle on note F le Frobenius. Sur GSO2ℓ, on dispose de deux structures rationnelles, pour lesquelles on note F ε les

Frobenius associ´es, o`u ε ∈ {−1, +1} : lorsque ε = 1, F ε d´esigne le Frobenius usuel, qui correspond `a l’´el´evation `a la puissance q des ´el´ements, et lorsque ε = −1, F ε d´esigne le Frobenius usuel compos´e avec ad σℓ, o`u

σℓ =     Iℓ−1 0 1 1 0 Iℓ−1     .

Dans la suite, pour all´eger les notations, on ´ecrira Gℓ pour GSp2ℓet G′εℓ pour (GSO2ℓ, F ε).

Revenons maintenant `a la repr´esentation ˜ω(Gm,G′εm′,k)

ψ . La projection uniforme de son

caract`ere fait intervenir des tores maximaux rationnels de Gm et G′εm′, not´es (Tw×Tv)∩Gm

et (Tλ(w)× Tλ(v′)) ∩ G′εm′, que nous d´efinissons ci-dessous.

Tout d’abord, pour ℓ ∈ N∗ on note W

ℓ le groupe de Weyl de GSp2ℓ, et Wℓ0 le groupe de

Weyl de GSO2ℓ(par rapport aux tores diagonaux). Alors Wℓ s’identifie au groupe de Weyl

de GO2ℓ et Wℓ0 s’identifie `a un sous-groupe d’indice 2 de Wℓ. Soit φ le seul morphisme

non trivial de Wℓ dans {−1, 1} et soit λ : Wℓ → Wℓ0 l’application telle que pour w ∈ Wℓ0,

on a λ(w) = w et λ(w) = wσℓ sinon, o`u σℓ est identifi´e `a un ´el´ement de Wℓ.

Pour w ∈ Wℓ, Tw d´esigne un tore maximal rationnel de Gℓ de type w par rapport au

tore diagonal Tℓ, et Tλ(w) d´esigne un tore maximal rationnel de G′φ(w) de type λ(w) par

rapport au tore diagonal T′ ℓ.

Soient maintenant 0 6 ℓ 6 min(m, m′), w ∈ W

ℓ, v ∈ Wm−ℓ et v′ ∈ Wm′−ℓ v´erifiant

φ(wv′) = ε.

• D´efinissons (Tw × Tv) ∩ Gm.

Soient (e1, . . . , em, em′, . . . , e′1) la base canonique de k

2m

et h la forme bilin´eaire altern´ee sur k2m telle que

h(ei, ej) = h(e′i, e′j) = 0, h(ei, e′j) = δi,j, 1 6 i, j, i′, j′ 6m.

´

Ecrivant {1, . . . , m} = {i1, . . . , iℓ} ∪ {j1, . . . , jm−ℓ}, on identifie Gℓ avec le groupe des

similitudes symplectiques de kei1 ⊕ · · · ⊕ keiℓ ⊕ ke

iℓ ⊕ · · · ⊕ ke

(10)

de h et on identifie ´egalement Gm−ℓ avec le groupe des similitudes symplectiques de

kej1⊕ · · · ⊕ kejm−ℓ⊕ ke

jm−ℓ⊕ · · · ⊕ ke

j1 muni de la restriction de h. Ceci permet de plonger

{(g1, g2) ∈ Gℓ × Gm−ℓ, µ(g1) = µ(g2)} dans Gm et on note alors (Tw × Tv) ∩ Gm le tore

maximal rationnel de Gm correspondant `a {(t1, t2) ∈ Tw× Tv, µ(t1) = µ(t2)}.

De plus, changer le plongement {(g1, g2) ∈ Gℓ × Gm−ℓ, µ(g1) = µ(g2)} ֒→ Gm (i. e.

choisir d’autres entiers ik et jk) revient `a conjuguer (Tw× Tv) ∩ Gm par un ´el´ement de

Gm(k). • D´efinissons (Tλ(w)× Tλ(v′)) ∩ G′εm′. 1) Soient (e1, . . . , em′, e′ m′, . . . , e′1) la base canonique de k 2m′ et h la forme bilin´eaire sym´etrique sur k2m′ telle que

h(ei, ej) = h(e′i, e′j) = 0, h(ei, e′j) = δi,j, 1 6 i, j, i′, j′ 6n.

´

Ecrivant {1, . . . , m′} = {i

1, . . . , iℓ} ∪ {j1, . . . , jm′−ℓ}, on identifie G′ avec le groupe des

similitudes orthogonales de kei1 ⊕ · · · ⊕ keiℓ ⊕ ke ′ iℓ ⊕ · · · ⊕ ke ′ i1 muni de la restriction de h et on identifie ´egalement G′

m′−ℓ avec le groupe des similitudes orthogonales de kej1 ⊕

· · · ⊕ kejm′−ℓ ⊕ ke′jm′−ℓ ⊕ · · · ⊕ ke′j1 muni de la restriction de h. Ceci permet de plonger

{(g1, g2) ∈ G′m′ 1 × G ′ m′ 2, µ(g1) = µ(g2)} dans G ′ m′. 2) On choisit b′ ∈ G′ m′ tel que b′−1F εb′ = σ δφ(w),−1 ℓ σ δφ(v′),−1 m′−ℓ σ δε,−1

m′ (un tel ´el´ement b′ existe

car puisque φ(wv′) = ε on a σδφ(w),−1

ℓ σ

δφ(v′),−1

m′−ℓ σ

δε,−1

m′ ∈ G′m′), de sorte que la conjugaison par

b′ induit un isomorphisme (G′m′ 1 × G ′ m′ 2) ∩ G ′ m′, F φ(w) × F φ(v′) ∼  b′ (G′m′ 1 × G ′ m′ 2) ∩ G ′ m′, F ε  .

Alors (Tλ(w)× Tλ(v′)) ∩ G′m′ est un tore maximal rationnel de (G′× G′m−ℓ) ∩ G′m′ muni du

Frobenius F φ(w) × F φ(v′), et pour ne pas trop alourdir les notations, on ´ecrira (T λ(w)×

Tλ(v′)) ∩ G′εm′ au lieu de b ′

((Tλ(w)× Tλ(v′)) ∩ G′m′) son image par l’isomorphisme ci-dessus.

De plus, changer b′ dans le point 2) ci-dessus ou bien changer le plongement du point 1)

reviennent `a conjuguer (Tλ(w)× Tλ(v′)) ∩ G′εm′ par un ´el´ement de G′εm′(k).

D’autre part, pour 1 6 ℓ 6 min(m, m′) et w ∈ W

ℓ, on a une identification naturelle

entre Tℓ et Tℓ′. De plus, wF agit sur Tℓcomme λ(w)F φ(w) agit sur Tℓ′. Cela permet, lorsque

Tw est un tore de Gℓ de type w par rapport `a Tℓ et Tλ(w) est un tore de G′φ(w)ℓ de type λ(w)

par rapport `a T′

ℓ, d’identifier TwF et T F φ(w)

λ(w) , et une telle identification jw : TwF → T F φ(w) λ(w)

est d´efinie modulo conjugaison par des ´el´ements de N (Tw)F et N (Tλ(w))F φ(w).

Ainsi, pour 0 6 ℓ 6 min(m, m′) et (w, v, v) ∈ W

ℓ× Wm−ℓ× Wm′−ℓ tel que φ(wv′) = ε,

si θ est un caract`ere de TF

w alors le caract`ere de Deligne–Lusztig

RGm (Tw×Tv)∩Gm(θ ⊗ 1) ⊗ R G′ε m′ (Tλ(w)×Tλ(v′))∩G′m′(θ ◦ j −1 w ⊗ 1)

de Gm(k) × G′εm′(k) d´efinit par restriction (voir chap. 3) un caract`ere de Deligne–Lusztig

de H(k), o`u RG′εm′ (Tλ(w)×Tλ(v′))∩G′εm′(θ ◦ j −1 w ⊗ 1) d´esigne en fait R G′ε m′ b′((T λ(w)×Tλ(v′))∩G′m′) b′ (θ ◦ j−1 w ⊗ 1)

avec la notation ci-dessus. De plus (voir chap. 3), la somme X θ∈Irr(Tw(k)) RGm (Tw×Tv)∩Gm(θ ⊗ 1) ⊗ R G′ε m′ (Tλ(w)×Tλ(v′))∩G′εm′(θ ◦ j −1 w ⊗ 1)

ne d´epend pas de l’identification jw entre TwF et T F φ(w) λ(w) .

(11)

Par ailleurs, on note χ le caract`ere de H(k) `a valeurs dans {−1, 1} ⊂ C∗ tel que, pour

(g, g′) ∈ H(k) on ait :

χ(g, g′) = µ(g)mm′q−12 .

Avec ces notations, le r´esultat principal de la th`ese s’´enonce ainsi :

Th´eor`eme 0.2. — Si q est assez grand, le caract`ere de la repr´esentation ˜ω(Gm,G′εm′,k)

ψ

associ´ee `a la paire duale (Gm(k), G′εm′(k)) est tel que sa projection uniforme v´erifie :

 tr ˜ω(Gm,G′εm′,k) ψ  unif · χ = min(m,m′) X ℓ=0 1 |Wℓ| × 1 |Wm−ℓ| × 2 |Wm′−ℓ| × X w∈Wℓ φ(w)|Tw(k) ∩ G Is ℓ | |Tw(k)| X v∈Wm−ℓ X v′∈W m′−ℓ φ(wv′)=ε X θ∈Irr(Tw(k)) ResGm(k)×G′εm′(k) H(k) ×RGm (Tw×Tv)∩Gm(θ ⊗ 1) ⊗ R G′ε m′ (Tλ(w)×Tλ(v′))∩G′εm′(θ ◦ j −1 w ⊗ 1) 

Les formules obtenues pour les autres types de paires duales sont analogues et afin d’uniformiser les notations entre les diff´erents types de paires, on note A(Gm, G′εm′, k) le

premier membre de la formule du th´eor`eme, et B(Gm, G′εm′, k) le second membre.

D´ecrivons maintenant la m´ethode utilis´ee pour la d´emonstration. Soit (g, g′) un ´el´ement

de H(k), de composante semi-simple (s, s′). Il s’agit de prouver que les deux membres de

la formule ´evalu´es en (g, g′) sont ´egaux. La strat´egie utilis´ee par Srinivasan et que nous

reprenons ici est classique, elle consiste `a raisonner par r´ecurrence sur le rang 2 de H

grˆace `a une d´ecomposition des deux membres de la formule suivant le centralisateur de (s, s′). Comme des groupes lin´eaires ou unitaires de similitudes peuvent apparaˆıtre dans

ce dernier, le r´esultat pour la paire (Gm, G′εm′) s’appuie sur les r´esultats pour les autres

types de paires, que nous traiterons donc auparavant.

Pour ´etablir le th´eor`eme, dans les sections 1 et 2 du chapitre 6, nous d´ecomposons A(Gm, G′εm′, k)(g, g′) et B(Gm, G′εm′, k)(g, g′) suivant CH0(s, s′)(k) via trois r´eductions

suc-cessives : ´

Etape 1. — Si (g, g′) agissant sur V ⊗k V′ n’a pas de point fixe non trivial, alors

A(Gm, G′εm′, k)(g, g′) = B(Gm, G′εm′, k)(g, g′) = 1. Notons qu’ici la parit´e de la dimension

de V′ est cruciale pour le calcul de A(G

m, G′εm′, k)(g, g′).

´

Etape 2. — Si l’on dispose :

a) de d´ecompositions en somme directe orthogonale V = V1 ⊕ V2 et V′ = V1′ ⊕ V2′

stables par g et g′ pour lesquelles, en notant g = g

1 + g2, g′ = g′1 + g2′, s = s1 + s2 et

s′ = s

1 + s′2 les d´ecompositions associ´ees, (g1, g2′) (resp. (g2, g1′)) agissant sur V1 ⊗kV2′

(resp. V2⊗kV1′) n’a pas de point fixe non trivial ;

b) de plongements

{(g1, g2) ∈ Gm1 × Gm2, µ(g1) = µ(g2)} ֒→ Gm

2En fait comme Srinivasan m`ene de front la d´emonstration pour les diff´erents types de paires, dans son cas la r´ecurrence porte sur le rang semi-simple mais dans notre cas le rang suffit.

(12)

{(g1′, g′2) ∈ G′m′ 1 × G ′ m′ 2, µ(g ′ 1) = µ(g2′)} ֒→ Gm

pour lesquels d’une part que pour i = 1, 2, G(Vi, k, hkVi) s’identifie `a Gmi(k) et il existe

εi ∈ {−1, 1} tel que G(Vi′, k, hkV′

i) s’identifie `a G

′εi

m′

i(k), avec dimkVi = 2mi, dimkV

′ i = 2m′i et ε1ε2 = ε et d’autre part CG0m(s) ⊂ CG0m1(s1) × CG0m2(s2) et CG0′ε m′(s ′) ⊂ C0 G′ε1 m′1 (s′1) × CG0′ε2 m′2 (s′2). Alors on dispose des d´ecompositions suivantes :

A(Gm, G′εm′, k)(g, g′) = 2 Y i=1 A(Gmi, G ′εi m′ i, k)(gi, g ′ i), B(Gm, G′εm′, k)(g, g′) = 2 Y i=1 B(Gmi, G ′εi m′ i, k)(gi, g ′ i).

Ici, l’hypoth`ese selon laquelle les centralisateurs de s et s′ sont contenus dans les produits

des centralisateurs des si ou s′i est n´ecessaire pour d´ecomposer B(Gm, G′εm′, k)(g, g′), elle

ne l’est pas pour d´ecomposer A(Gm, G′εm′, k)(g, g′). C’est elle qui permet de d´ecomposer

et d’apparier les types des tores intervenant dans B(Gm, G′εm′, k)(g, g′), le reste de l’´etape

´etant ensuite essentiellement calculatoire. ´

Etape 3. — S’il existe une extension de degr´e fini l de k telle que C0

Gm(s)(k) s’identifie

`a Gm(l) et CG0′ε

m′(s)(k) s’identifie `a G

m′(l), o`u (Gm, Gm′ ′) est une paire duale de groupes de

similitudes 3, alors A(Gm, G′εm′, k)(g, g′) = A(Gm, Gm′ ′, l)(g, g′), B(Gm, G′εm′, k)(g, g′) = B(Gm, Gm′ ′, l)(g, g′). ´ Ecrivant alors CG0m(s)(k) = (Gm1(k1) × · · · × Gmr(kr) × Gmr+1(k)) ∩ Gm(k) CG0′ε m′(s ′)(k) = (G′ m′ 1(k1) × · · · × G ′ m′ r(kr) × G ′ m′ r+1(k)) ∩ G ′ε m′(k), o`u (Gmr+1, G ′ m′

r+1) est une paire duale de groupes de similitudes du mˆeme type que

(Gm, G′εm′), pour 1 6 i 6 r, (Gmi, G

m′i) est une paire duale de groupes de similitudes

et ki est une extension de degr´e fini de k, et o`u, en notant g = (g1, . . . , gr, gr+1) et

g′ = (g

1, . . . , g′r, g′r+1) dans ces d´ecompositions, gi⊗kgj′ n’a pas de point fixe non trivial

pour i 6= j et pour i = j = r +1, une it´eration des trois ´etapes ci-dessus permet d’obtenir : A(Gm, G′εm′, k)(g, g′) = r Y i=1 A(Gmi, G ′ m′i, ki)(gi, g ′ i), B(Gm, G′εm′, k)(g, g′) = r Y i=1 B(Gmi, G ′ m′i, ki)(gi, g ′ i),

3Notons qu’ici, contrairement au cas des paires duales de groupes d’isom´etries trait´e par Srinivasan, la paire (Gm, G′m′) peut ˆetre du type (GSp2m, GSO2m′).

(13)

Par r´ecurrence ou en utilisant les r´esultats ´etablis pour les paires duales de groupes lin´eaires ou unitaires de similitudes, si s et s′ ne sont pas centraux tous les deux, on a

A(Gmi, Gm′′ i, ki)(gi, g ′ i) = B(Gmi, Gm′′ i, ki)(gi, g ′ i) pour 1 6 i 6 r, et donc A(Gm, G′εm′, k)(g, g′) = B(Gm, G′εm′, k)(g, g′).

Par ailleurs, nous ´etablissons l’´egalit´e des dimensions des deux membres de la formule du th´eor`eme par des arguments de nature combinatoire. Le th´eor`eme r´esulte alors du fait (voir chap. 1) que la diff´erence tr ˜ω(Gm,G′εm′,k)

ψ −χ.B(Gm, G′εm′, k) ´etant une fonction centrale

`a la fois de dimension nulle et pouvant s’´ecrire comme combinaison lin´eaire `a coefficients positifs ou nuls de fonctions centrales de dimensions positives, est nulle.

Le sch´ema de d´emonstration suivi dans le chapitre 5 pour ´etablir le th´eor`eme dans le cas d’une paire duale de groupes de similitudes unitaires est le mˆeme, quoiqu’un peu plus simple. Outre l’´etablissement de l’´etape 1 pour la d´ecomposition du premier membre, qui est dans ce cas imm´ediate alors qu’elle n´ecessitait une ´etude d´etaill´ee dans le cas (GSp, GSO), les diff´erences entre les deux types de paires r´esident essentiellement dans la d´ecomposition du second membre. En effet, les tores (Tw×Tv)∩Gm qui interviennent dans

le cas o`u (Gm, G′εm′) = (GSp2m, GSOε2m′) sont index´es par les couples (w, v) ∈ Wℓ× Wm−ℓ,

avec 1 6 ℓ 6 min(m, m′), alors que les tores (T

λ(w) × Tλ(v′)) ∩ G′εm′ sont index´es par les

couples (w, v′) ∈ W

ℓ × Wm′−ℓ tels que φ(wv′) = ε, et pour certains ´el´ements w contenus

dans le groupe de Weyl W0

ℓ de GSO2ℓ, la classe de conjugaison de w dans Wℓ se scinde

en deux par restriction `a W0

ℓ. En revanche dans le cas d’une paire duale (GUm, GUm′),

les param´etrisations des tores de GUm et GUm′ intervenant dans le second membre sont

de la mˆeme forme. Notons enfin que le traitement du cas des paires duales de groupes unitaires de similitudes n´ecessite au pr´ealable d’avoir ´etabli le r´esultat analogue pour les paires duales de groupes lin´eaires de similitudes, et que dans ces deux cas, les caract`eres de repr´esentations de Weil consid´er´ees sont uniformes.

Pour terminer, dans le cas d’une paire duale de groupes lin´eaires, l’interpr´etation naturelle de la repr´esentation de Weil associ´ee comme repr´esentation bir´eguli`ere per-met d’obtenir directement la d´ecomposition de son caract`ere en termes de caract`eres de Deligne–Lusztig (sans condition sur q), ce que nous ferons au chapitre 4.

(14)

Sur les caract`

eres de Deligne–Lusztig

Soit k un corps fini `a q ´el´ements, de caract´eristique p impaire et de clˆoture alg´ebrique k. Soit G un groupe alg´ebrique r´eductif connexe d´efini sur k, et F l’endomorphisme de Frobenius associ´e. On note G(k) = GF le groupe fini des points de G `a valeurs dans k.

Si L est un sous-groupe de Levi rationnel d’un sous-groupe parabolique rationnel P de G, un proc´ed´e usuel pour obtenir des repr´esentations de G(k) consiste, `a partir d’une repr´esentation π de L(k), `a la relever en une repr´esentation de P (k) puis `a l’induire `a G(k). G´en´eralisant cette construction, Deligne et Lusztig ont d´efini un foncteur RG L

dans le cas o`u L est un sous-groupe de Levi rationnel d’un sous-groupe parabolique non n´ecessairement rationnel de G.

Dans ce chapitre, nous rappelons la construction des caract`eres RG

T(θ) lorsque T est

un tore maximal rationnel de G et θ est un caract`ere irr´eductible de T (k), et quelques propri´et´es que nous utiliserons dans la suite.

Hormis pour les sections 1.2.3 et 1.4, les r´esultats rappel´es dans ce chapitre figurent dans [9] ou dans [6].

1.1

Construction des caract`

eres de Deligne–Lusztig

Commen¸cons par rappeler le th´eor`eme fondamental pour l’´etude de G(k) :

Th´eor`eme 1.1 (Lang–Steinberg (voir [9], 3.10)). — L’application L : G → G, g 7→ g−1Fg est surjective.

Soit T un tore maximal rationnel de G, et B un sous-groupe de Borel (en particulier non n´ecessairement rationnel) contenant T . On a B = T U , o`u U est le radical unipotent de B.

On note YU la vari´et´e YU = L−1(U ) = {x ∈ G, x−1Fx ∈ U }. Le produit G(k) × T (k)

agit sur cette vari´et´e, via (g, t)·x = gxt−1 pour (g, t) ∈ G(k)×T (k) et x ∈ Y

U. Pour l entier

premier distinct de p (la caract´eristique de k), on en d´eduit une action de G(k) × T (k) sur la cohomologie l-adique `a support compact Hc∗(YU, Ql).

Soit θ un caract`ere de T (k) `a valeurs dans C∗. Comme θ est en fait `a valeurs dans le

corps des entiers alg´ebriques, si on fixe pr´ealablement un plongement de Ql dans C∗, on

peut aussi consid´erer que θ est `a valeurs dans Ql. On est alors en mesure de d´efinir un

caract`ere virtuel RG

T ⊂B(θ) appel´e caract`ere de Deligne–Lusztig, qui d´epend, a priori, du

choix du sous-groupe de Borel contenant T : 1

(15)

D´efinition 1.1. — Soit θ un caract`ere de T (k). On appelle RG

T ⊂B(θ) le caract`ere virtuel

de G(k) tel que pour g ∈ G(k) on a : RGT ⊂B(θ)(g) = 1 |T (k)| X t∈T (k) θ(t) tr(g, t), Hc∗ YU, Ql  .

De plus, il s’av`ere que si u ∈ G(k) est unipotent, la valeur de RG

T ⊂B(θ) en u (qui est

un entier), est ind´ependante de θ, ce qui permet d’introduire les fonctions de Green : D´efinition 1.2. — On appelle fonctions de Green les fonctions not´ees QG

T ⊂B, d´efinies

sur les ´el´ements unipotents de G(k) par :

QGT ⊂B(u) = RGT ⊂B(1)(u), pour u ∈ G(k) unipotent.

Notation. — Si s est un ´el´ement semi-simple de G, on note CG(s) le centralisateur de s

dans G et C0

G(s) sa composante connexe.

Si θ est un caract`ere de T (k), on peut alors exprimer le caract`ere de la repr´esentation virtuelle RG

T ⊂B(θ) de G(k) en utilisant les fonctions de Green :

Th´eor`eme 1.2. — Soit θ un caract`ere de T (k). Si x = su est la d´ecomposition de Jordan d’un ´el´ement x ∈ G(k), alors :

RGT ⊂B(θ)(su) = 1 |C0 G(s)(k)| X g∈G(k) gT g−1⊂C0 G(s) gθ(s)QC0 G(s) gT ⊂gB∩C0 G(s)(u),

o`u pour g ∈ G(k), si X ⊂ G, gX = gXg−1 et gθ est le caract`ere de gT (k) d´eduit de θ

par conjugaison.

La construction pr´ec´edente des caract`eres de Deligne–Lusztig RG

T ⊂B(θ) peut ˆetre

g´en´e-ralis´ee au cas o`u L est un sous-groupe de Levi rationnel d’un sous-groupe parabolique P (non n´ecessairement rationnel) de G. On obtient ainsi le foncteur d’induction de Lusztig RG

L⊂P qui va du groupe de Grothendieck R(L(k)) dans le groupe de Grothendieck

R(G(k)). Le foncteur RG

L⊂P ´etend la d´efinition de RGT ⊂B et lorsque P est rationnel, il

co¨ıncide avec l’induction d’Harish-Chandra. De plus, on dispose de la propri´et´e de tran-sitivit´e suivante :

Proposition 1.1. — Soient Q ⊂ P deux sous-groupes paraboliques de G, et soit M (resp. L) un sous-groupe de Levi rationnel de Q (resp. P ). On suppose que M ⊂ L. Alors

RGL⊂P ◦ RLM ⊂L∩Q = RM ⊂QG .

Si L est un sous-groupe de Levi rationnel d’un sous-groupe parabolique P de G, on notera ∗RL⊂PG le foncteur adjoint de RGL⊂P. Notons que d’apr`es [9], 12.7, on a

RG

L⊂P(1G) = 1L. (1.1)

D’apr`es [4], puisque q > 2, on dispose de la formule de Mackey qui permet de calculer

RG

(16)

Th´eor`eme 1.3 (Formule de Mackey). — On a : ∗RG L⊂P ◦ RGL′⊂P′ = X w∈L(k)\S(L,L′)(k)/L(k) RLL∩wL⊂L∩wP′◦∗R wL′ L∩wL⊂P ∩wL′ ◦ ad w,

o`u S(L, L′) d´esigne l’ensemble des x ∈ G tels que L ∩xLcontient un tore maximal de G.

On en d´eduit que le produit scalaire de deux caract`eres de Deligne–Lusztig est donn´e par la formule suivante :

Corollaire 1.1. — Soient T et T′ deux tores maximaux rationnels de G. On fixe des

sous-groupes de Borel B et B′ avec T ⊂ B et T⊂ B. Alors pour θ ∈ Irr(T (k)),

θ′ ∈ Irr(T(k)), on a : RG T ⊂B(θ), RTG′⊂B′(θ′) G(k) = 1 |T (k)| {n ∈ G(k),nT = T′,nθ = θ′} . En particulier, si T = T′, on obtient RG T ⊂B(θ) − RGT ⊂B′(θ), RGT ⊂B(θ) − RGT ⊂B′(θ) G(k) = 0,

donc les caract`eres RG

T ⊂B(θ) sont en fait ind´ependants de B.

Plus g´en´eralement, si L est un sous-groupe de Levi rationnel d’un sous-groupe paraboli-que P de G, alors d’apr`es la formule de Mackey, si L est un tore maximal ou si P est rationnel, le foncteur RG

L⊂P est en fait ind´ependant de P . Dans la suite, on adoptera la

notation suivante :

Notation. — On note d´esormais RG

T les foncteurs de Deligne–Lusztig, ∗RGT leurs adjoints

et QG

T les fonctions de Green.

Si θ est un caract`ere de T (k), on a donc d´efini un caract`ere virtuel de G(k) : le caract`ere de Deligne–Lusztig RG

T(θ). D’apr`es le corollaire ci-dessus :

1) si x ∈ G(k) et θ est un caract`ere de T (k), il vient RGxT(xθ) = RGT(θ),

et par dualit´e, si π est une repr´esentation de G(k), on a aussi

x(RG

T(π)) =∗RGxT(π) ;

2) si les paires (T, θ) et (T′, θ) ne sont pas conjugu´ees sous G(k) alors

RG

T(θ), RGT′(θ′)

G(k) = 0.

Ainsi, les caract`eres RG

T(θ) forment une famille orthogonale de fonctions centrales sur

(17)

De plus, le caract`ere de la repr´esentation r´eguli`ere RegGde G(k) s’´ecrit (voir [9], 12.14) comme combinaison lin´eaire de caract`eres de Deligne–Lusztig :

tr RegG = |G(k)|−1p X

T ∈TG

θ∈Irr(T (k))

εGεTRGT(θ),

o`u si H est un groupe r´eductif connexe H d´efini sur k, on note εH = (−1)k-rang de H (o`u

par d´efinition le k-rang de H est la dimension d’un tore d´eploy´e maximal de H) le rang semi-simple de H et TH l’ensemble des tores maximaux rationnels de H.

Ceci prouve en particulier que tout caract`ere irr´eductible de G(k) est constituant d’un caract`ere de Deligne–Lusztig. Toutefois, puisque les caract`eres de Deligne–Lusztig sont des caract`eres virtuels, un caract`ere irr´eductible de G(k) peut ˆetre constituant de deux caract`eres RGT(θ) et RTG′(θ′) pour lesquels les paires (T, θ) et (T′, θ′) ne sont pas

G(k)-conjugu´ees, ce qui motive la d´efinition suivante :

D´efinition 1.3. — Soit T (resp. T′) un tore maximal rationnel de G et θ (resp. θ) un

caract`ere de T (k) (resp. T′(k)). On dit que les paires (T, θ) et (T, θ) sont

g´eom´etrique-ment conjugu´ees s’il existe g ∈ G v´erifiant : • T =gT,

• En notant F le Frobenius sur G, pour tout n ∈ N∗ v´erifiant g ∈ G(k

n) = GF

n

(o`u kn d´esigne l’unique extension de degr´e n de k contenue dans k), on a

θ ◦ NFn/F = θ′◦ NFn/F ◦ ad g,

o`u NFn/F est l’homomorphisme de TF n

dans TF d´efini par N

Fn/F(t) = tF (t) . . . Fn−1(t)

pour t ∈ TFn

.

L’int´erˆet des classes de conjugaison g´eom´etriques r´eside dans le fait qu’elles permettent d’obtenir une partition de l’ensemble des repr´esentations irr´eductibles de G(k) :

Proposition 1.2. — Soient T et T′ deux tores maximaux rationnels de G, θ (resp. θ)

un caract`ere de T (k) (resp. T′(k)) et π un constituant irr´eductible de RG

T(θ). Alors :

π, RG T′(θ′)

G(k) 6= 0 ⇐⇒ (T, θ) et (T

, θ) sont dans la mˆeme classe

de conjugaison g´eom´etrique.

1.2

Quelques propri´

et´

es des caract`

eres de Deligne–

Lusztig

Dans cette section, nous donnons les r´esultats li´es aux caract`eres de Deligne–Lusztig qui seront utilis´es dans la suite.

Soit T un tore maximal rationnel de G et soit θ un caract`ere de T (k). Avec les notations introduites `a la fin de la section pr´ec´edente, on obtient d’apr`es le th´eor`eme 1.2 la formule de caract`ere suivante : RGT(θ)(su) = 1 |C0 G(s)(k)| X g∈G(k) gT g−1⊂C0 G(s) gθ(s)QCG0(s) gT g−1(u) (1.2)

(18)

D’autre part, la dimension d’un caract`ere de Deligne–Lusztig est donn´ee par : dim RTG(θ) = εTεG

|G(k)|p′

|T (k)| . (1.3)

Comme cons´equence imm´ediate de (1.2), le lemme suivant exprime la compatibilit´e des caract`eres de Deligne–Lusztig avec la torsion par certains caract`eres :

Lemme 1.1. — Si α est un caract`ere de G(k) trivial sur le groupe des points sur k du groupe d´eriv´e de G, alors RG

T(θ) ⊗ α = RTG(θ.α|T (k)).

D´emonstration du lemme. — Cela r´esulte imm´ediatement de (1.2), puisque le groupe d´eriv´e de G contient tous les ´el´ements unipotents de G.  Dans la suite, nous aurons ´egalement besoin du r´esultat suivant (voir [9] et [10]), qui traduit la compatibilit´e des caract`eres de Deligne–Lusztig avec la restriction `a certains sous-groupes :

Proposition 1.3. — Soit H ⊂ G un groupe r´eductif connexe contenant le groupe d´eriv´e de G. Alors si T est un tore maximal rationnel de G, T ∩H est un tore maximal rationnel de H et pour θ ∈ Irr(T (k)) on a :

ResG(k)H(k) RGT(θ) = RH

T ∩H(θ|T (k)∩H).

D’autre part, le corollaire 1.1 fournit un crit`ere d’irr´eductibilit´e des caract`eres de Deligne–Lusztig grˆace `a la d´efinition ci-dessous :

D´efinition 1.4. — Un caract`ere θ de T (k) est dit r´egulier si gθ 6= θ pour tout ´el´ement

g ∈ NG(k)(T ) tel que g /∈ T (k).

Proposition 1.4. — Si T est un tore maximal rationnel de G et θ un caract`ere de T (k) alors εTεGRGTθ est un caract`ere irr´eductible de G(k) si et seulement si θ est un caract`ere

r´egulier.

D’un autre cˆot´e, pour le foncteur adjoint ∗RG

T, si π est une repr´esentation de G(k) et

s ∈ T (k), on a : ∗RG T tr π(s) = |T (k)| |C0 G(s)(k)| X u′∈C0 G(s)(k) u′unipotent tr π(su′)QCG0(s) T (u ′). (1.4)

En particulier, comme d’apr`es (1.1), on a ∗RG

T(1G) = 1T, on obtient : |T (k)| |G(k)| X u∈G(k) u unipotent QGT(u) = 1. (1.5)

En outre, quel que soit le groupe r´eductif connexe H d´efini sur k v´erifiant C0

G(s) ⊂ H ⊂ G, on a aussi ∗RG T tr π(s) =  ∗RH T Res G(k) H(k)tr π  (s). (1.6)

Type d’un tore. — Soit T0 un tore maximal rationnel fix´e de G. Dans cette section, si

H est un sous-groupe rationnel de G, on notera HF plutˆot que H(k) son groupe de points

(19)

Notation. — On note W = W (T0) = NG(T0)/T0 le groupe de Weyl de G par rapport `a T0.

Exemples. — a) Si G = GLn d´esigne le groupe des matrices inversibles de taille n `a

coefficients dans k alors si T0 est le tore diagonal, W s’identifie naturellement au groupe

sym´etrique Sn.

b) Si G = SO2n+1 d´esigne le sous-groupe de GL2n+1 form´e des matrices g telles que tgJg = J et det g = 1, o`u J est la matrice anti-diagonale avec des 1 sur l’anti-diagonale,

alors si T0 est le tore diagonal, W s’identifie naturellement au groupe des permutations

de {1, 2, . . . , n, n′, . . . , 2, 1} qui commutent `a l’involution (11)(22) . . . (nn).

Notation. — Soit w ∈ W . On note CW(wF ) = {x ∈ W, x−1wFx = w} l’intersection avec

W du centralisateur de l’´el´ement wF dans le produit semi-direct W ⋊ hF i, et on pose ClW,F(w) = {x−1wFx, x ∈ W }. En particulier, l’indice de CW(wF ) dans W est ´egal au

cardinal de ClW,F(w).

On sait que l’ensemble des tores maximaux de G forme une seule classe sous l’action par conjugaison de G. De plus, si T = gT

0 est un tore maximal rationnel de G alors

g−1Fg ∈ N

G(T0). Ceci permet de d´efinir le type d’un tore maximal rationnel de G par

rapport `a T0 :

D´efinition 1.5. — Si T = gT

0 est un tore maximal rationnel de G, le type de T par

rapport `a T0 est la classe de F -conjugaison dans W de l’image de g−1Fg ∈ NG(T0) dans

W . Un repr´esentant de cette classe de F -conjugaison s’appelle un type de T par rapport `a T0.

Notation. — Pour w ∈ W , Tw d´esigne un tore maximal rationnel de type w par rapport

`a T0.

Les types des tores par rapport `a T0 caract´erisent les classes de G(k)-conjugaison des

tores maximaux rationnels de G. Plus pr´ecis´ement :

Proposition 1.5. — L’application qui `a un tore maximal rationnel de G associe son type par rapport `a T0 induit une bijection de l’ensemble des classes de G(k)-conjugaison

des tores maximaux rationnels de G sur l’ensemble des classes de F -conjugaison de W . Remarquons que si G n’est pas connexe et si T0 est un tore maximal rationnel fix´e de

G alors pour un tore maximal rationnel T de G on peut encore d´efinir le type de T par rapport `a T0 1. Pla¸cons-nous temporairement dans ce cas.

Soient donc G un groupe r´eductif (non n´ecessairement connexe) et T0 un tore maximal

rationnel fix´e. On note W = NG(T0)/T0 le groupe de Weyl de G par rapport `a T0.

Soit T un tore maximal rationnel de G, de type w par rapport `a T0. ´Ecrivons T =xT0,

avec x−1Fx = w. Comme T est connexe, on sait (voir [9], 3.13) que l’application

na-turelle NG(T )F → (NG(T )/T )F induit un isomorphisme entre les groupes NG(T )F/TF et

(NG(T )/T )F. D’autre part, la conjugaison par x fournit un isomorphisme entre NG(T )/T

et le groupe de Weyl W . Pour cet isomorphisme, l’action du Frobenius F sur NG(T )/T

correspond `a l’action de wF sur le groupe de Weyl. On en d´eduit le lemme suivant :

1Toutefois, dans ce cas, l’application pr´ec´edente induit une injection de l’ensemble des classes de G(k)-conjugaison des tores maximaux rationnels de G sur l’ensemble des classes de F -conjugaison de W , mais n’induit pas une bijection en g´en´eral. Par exemple, si G = O2 est muni de sa structure rationnelle naturelle, il n’existe aucun ´el´ement g de G v´erifiant g−1Fg = σ, o`u σ est l’´el´ement non trivial du groupe de Weyl de O2.

(20)

Lemme 1.2. — Si T = xT

0 est un tore maximal rationnel d’un groupe r´eductif G, de

type w = x−1Fx par rapport `a T

0 alors l’application NG(T )F → W , g 7→ x−1gx induit un

isomorphisme entre les groupes NG(T )F/TF et CW(wF ).

En particulier, si g ∈ NG(T )F et ˙g = x−1gx ∈ CW(wF ) est son image par le lemme

ci-dessus, le diagramme suivant est commutatif : TF −−−→ Tad g F ad x x   x  ad x TwF 0 ad ˙g −−−→ TwF 0

Dans toute la suite du chapitre, G est un groupe r´eductif connexe d´efini sur k.

1.2.1

Cuspidalit´

e

Un caract`ere irr´eductible de G(k) est cuspidal s’il ne peut s’obtenir par induction `a partir d’un sous-groupe parabolique rationnel propre :

D´efinition 1.6. — Soit χ un caract`ere irr´eductible de G(k). On dit que χ est un car-act`ere cuspidal si pour tout sous-groupe de Levi rationnel L d’un sous-groupe parabolique rationnel propre de G et pour tout caract`ere ρ de L(k), on a

tr π, RG Lρ

G(k) = 0.

D´efinition 1.7. — Un tore maximal rationnel est dit minisotrope s’il n’est contenu dans aucun sous-groupe parabolique rationnel autre que G.

Exemples. — a) Si G = GLn, le groupe de Weyl de G s’identifie au groupe des

permuta-tions Snde {1, . . . , n} et `a G(k)-conjugaison pr`es, il y a un seul tore maximal minisotrope,

qui est de type (1, . . . , n) par rapport au tore diagonal, son groupe de points sur k est donc isomorphe `a k∗

n, o`u kn est l’unique extension de degr´e n de k contenue dans k.

b) Si G = SO2n+1, les tores maximaux rationnels minisotropes ont leurs groupes de

points sur k isomorphes `a des produits de groupes de normes d’extensions quadratiques. On peut maintenant ´enoncer une caract´erisation de la cuspidalit´e d’un caract`ere de Deligne–Lusztig irr´eductible :

Proposition 1.6. — Si T est un tore maximal rationnel de G et θ un caract`ere r´egulier de T (k) alors εTεGRGTθ est cuspidal si et seulement si T est minisotrope.

1.2.2

Dualit´

e de Curtis

D´efinition 1.8. — Si G est un groupe r´eductif connexe, on appelle k-rang semi-simple de G , et on note r(G), le k-rang de G/RG, o`u RG d´esigne le radical de G.

Si B est un groupe de Borel rationnel de G, on peut v´erifier que si P est un sous-groupe parabolique rationnel de G contenant B, l’op´erateur RG

L◦∗RGL est ind´ependant du

sous-groupe de Levi rationnel choisi L de P . De plus, la somme P

P ⊃B

(−1)r(P )RG

L◦∗RGL, o`u

pour chaque sous-groupe parabolique rationnel P contenant B, on a fix´e un sous-groupe de Levi rationnel L, est ind´ependante de B. Ceci permet de d´efinir l’op´erateur DGsuivant,

(21)

D´efinition 1.9. — Soit B un sous-groupe de Borel rationnel de G. La dualit´e de Curtis sur G est l’op´erateur DG sur l’espace C(G(k)) des fonctions centrales sur G(k) d´efini

par :

DG=

X

P ⊃B

(−1)r(P )RGL ◦∗RGL,

o`u la somme s’effectue sur les sous-groupes paraboliques rationnels contenant B, et si P est un tel sous-groupe parabolique, on note L un sous-groupe de Levi rationnel de P .

En particulier, si G est un tore, on a DG= IdG.

L’appellation dualit´e est justifi´ee par le r´esultat suivant : Proposition 1.7. — DG◦ DG est l’identit´e de C(G(k)).

Grˆace `a la formule de Mackey, on obtient l’image d’un caract`ere de Deligne–Lusztig par la dualit´e de Curtis :

Th´eor`eme 1.4. — Si T est un tore maximal rationnel de G, alors : εGDG◦ RGT = εTRGT.

D’autre part, on peut d´efinir la repr´esentation de Steinberg de G(k) en utilisant la dualit´e de Curtis :

D´efinition 1.10. — La repr´esentation de Steinberg de G(k) a pour caract`ere irr´eductible StG = DG(1G), o`u 1G d´esigne le caract`ere de la repr´esentation triviale de G(k).

Le caract`ere StG est donn´e, pour x ∈ G(k), par :

tr StG(x) = ( εGεC0 G(x)|C 0 G(x)(k)|p si x est semi-simple 0 sinon.

1.2.3

Groupe dual et caract`

eres de Deligne–Lusztig

On sait qu’un groupe alg´ebrique r´eductif connexe G est caract´eris´e `a isomorphisme pr`es par sa donn´ee radicielle (X(T ), Y (T ), Φ, ˇΦ), o`u T est un tore maximal de G, X(T ) est le groupe des caract`eres de T , Y (T ) est le groupe des cocaract`eres, Φ d´esigne les racines de G par rapport `a T et ˇΦ les coracines de G par rapport `a T . Si G∗ est un groupe dont la

donn´ee radicielle (X(T∗), Y (T), Φ, ˇΦ) est la duale de celle de G, c’est-`a-dire s’il existe

un isomorphisme de X(T ) sur Y (T∗) qui envoie Φ sur ˇΦet ˇΦ sur Φ, on dit que G et G

sont duaux. Si de plus G est muni d’un Frobenius F et G∗ est muni d’un Frobenius F

et que la dualit´e pr´ec´edente est compatible avec les actions de F et de F∗, on dit que les

paires (G, F ) et (G∗, F) sont duales.

Exemples. — Les groupes GLn et Un sont auto-duaux, SLn a pour dual PGLn, Sp2n a

pour dual SO2n+1 et SOε2n est auto-dual.

Supposons fix´es un plongement de F∗q dans Q∗l et un isomorphisme de F∗q sur Qp′/Z,

Qp′ d´esignant l’ensemble des rationnels de d´enominateur premier `a p. On dispose alors

(22)

Proposition 1.8. — Si (T, F ) est dual de (T∗, F) alors les groupes Irr(TF) et T∗F∗

sont isomorphes.

D´emonstration. — Puisque (T, F ) est dual de (T∗, F), X(T ) s’identifie `a Y (T). Le

r´esultat d´ecoule alors du fait que l’on dispose de deux suites exactes 0 −→ X(T )−−→ X(T ) −→ Irr(TF −1 F) −→ 1

0 −→ Y (T∗)−−→ Y (TF −1 ∗) −→ T∗F −→ 1

o`u dans la premi`ere suite exacte, l’application X(T ) −→ Irr(TF) est la restriction `a TF

(les caract`eres de X(T ) ´etant `a valeurs dans F∗q ⊂ Q∗l), et dans la deuxi`eme suite exacte, si n ∈ N∗ est tel que Test d´eploy´e sur Fn

q, l’application Y (T∗) −→ T∗F associe `a un

´el´ement y ∈ Y (T∗) l’´el´ement N

Fn/F(y(ζ)), o`u ζ est la racine (qn− 1)-`eme de l’unit´e qui

est l’image de 1/(qn− 1) ∈ Q

p′/Z par l’isomorphisme F

q ∼ Qp′/Z fix´e ci-dessus. 

D’autre part, le param´etrage des caract`eres RG

T(θ) en termes de classes de

G(k)-conjugaison de paires (T, θ) peut aussi s’´ecrire en utilisant le groupe dual :

Proposition 1.9. — Les classes de G(k)-conjugaison de paires (T, θ) o`u T est un tore maximal rationnel et θ ∈ Irr(T (k)) sont en bijection avec les classes de G∗F∗

-conjugaison de paires (T∗, s) o`u s est un ´el´ement semi-simple de G∗F∗

et T∗ est un tore maximal

rationnel de G∗ contenant s.

Ceci permet, lorsque (T, θ) correspond `a (T∗, s) dans la bijection ci-dessus, de noter

RG

T∗(s) pour RTG(θ). De plus, RGT∗(s) est au signe pr`es une repr´esentation irr´eductible de

G(k) si et seulement si s est un ´el´ement r´egulier de G∗ (i.e. le centralisateur de s est un

tore).

On peut ´egalement traduire les classes de conjugaison g´eom´etriques au niveau du groupe dual (et justifier l’appellation) :

Proposition 1.10. — Si (G, F ) et (G∗, F) sont deux paires duales, alors les classes

de conjugaison g´eom´etrique de paires (T, θ) dans G sont en bijection avec les classes de conjugaison (sous G∗) d’´el´ements semi-simples rationnels de G.

D´efinition 1.11. — Soit s un ´el´ement semi-simple rationnel de G∗. La s´erie de Lusztig

associ´ee, not´ee E(G(k), (s)), est l’ensemble des constituants irr´eductibles des caract`eres de Deligne–Lusztig RG

T(θ), o`u la classe de conjugaison g´eom´etrique de (T, θ) correspond

`a la classe de conjugaison de s dans la bijection pr´ec´edente.

Comme tout caract`ere irr´eductible de G(k) est constituant d’un caract`ere de Deligne– Lusztig et que deux caract`eres de Deligne–Lusztig correspondant `a des s´eries distinctes n’ont aucun constituant commun, les s´eries de Lusztig forment une partition de l’ensemble des repr´esentations irr´eductibles de G(k). Lorsque s = 1, on obtient une s´erie de Lusztig particuli`erement importante :

D´efinition 1.12. — On appelle caract`eres unipotents les caract`eres qui interviennent dans la s´erie de Lusztig E(G(k), (1)).

L’int´erˆet de l’´etude des caract`eres unipotents r´eside dans le r´esultat suivant, (´enonc´e ici dans le cas o`u G est `a centre connexe) :

(23)

Th´eor`eme 1.5. — Si G est `a centre connexe alors pour tout ´el´ement semi-simple ra-tionnel s de G∗, les s´eries de Lusztig E(G(k), (s)) et E(C

G∗(s)(k), (1)) sont en

bijec-tion, et cette bijection peut ˆetre ´etendue par lin´earit´e aux caract`eres virtuels de telle sorte que si T∗ est un tore maximal rationnel de C

G∗(s) alors l’image de εGRGT∗(s) soit

εCG∗(s)R

CG∗(s)

T∗ (IdT∗).

1.2.4

Restriction des scalaires et caract`

eres de Deligne–Lusztig

Commen¸cons par remarquer que dans la d´efinition du caract`ere de Deligne–Lusztig RG Tθ,

o`u θ ∈ Irr(T (k)), on peut remplacer YU par YFU (puisque FB = TFU est un sous-groupe

de Borel contenant T ). De plus, puisque U ∩ UF est une vari´et´e affine (car un sous-groupe

de U stable par la conjugaison par T est produit des Uα qu’il contient), on sait (voir

[9], 10.12) que H∗

c(YFU) est isomorphe `a Hc∗(YFU/(U ∩ FU )), et cet isomorphisme est

compatible avec l’action de GF × TF. On peut donc remplacer Y

U par

YUG,F = {x ∈ G, x−1Fx ∈FU }/U ∩FU.

Dans ce paragraphe (adapt´e de [8]), G d´esigne un groupe r´eductif connexe, muni de deux structures rationnelles (´eventuellement identiques) pour lesquelles on note F1 et F2

les Frobenius associ´es. Soit m ∈ N∗. On pose

G = G × · · · × G

(m copies de G) et on note F le Frobenius sur G tel que pour (g1, . . . , gm) ∈ G on a : F(g

1, . . . , gm) = (F2gm,F1g1, . . . ,F1gm−1).

La projection sur la premi`ere coordonn´ee permet d’identifier GF et GF2F1m−1.

Soit T un tore maximal rationnel de (G, F2F1m−1) et soit B = T U un sous-groupe de

Borel contenant T . On pose

U = (U,F1U, . . . ,F1m−1U ).

Alors on peut v´erifier par le calcul que la projection sur la premi`ere coordonn´ee d´efinit un isomorphisme de YUG,F sur YG,F2F1m−1

U . Comme cet isomorphisme est compatible avec

l’action de GF × TF (identifi´e `a GF2F1m−1× TF2F1m−1), on en d´eduit le r´esultat suivant :

Proposition 1.11. — Avec les notations ci-dessus, si θ est un caract`ere de TF2F1m−1

(identifi´e `a TF), en tant que caract`eres de GF2F1m−1 (identifi´e `a GF), on a :

RGTθ = RGTθ.

En pratique (voir Chap. 2), si F1 d´esigne le Frobenius usuel sur G (qui correspond

`a l’´el´evation `a la puissance q des coefficients de G) et si F2 = F1ε avec ε ∈ {−1, 1}, on

notera dans la suite Resl|kpour (G, F ), o`u l est l’unique extension de degr´e m de k

(24)

Avec les notations ci-dessus, nous allons expliciter les types des tores obtenus par restriction des scalaires.

Soit T0 un tore maximal rationnel fix´e de (G, F2F1m−1). Si T est un tore maximal

rationnel de (G, F2F1m−1), on pose

Resl|kT = T ×F1T × · · · ×F

m−1

1 T ⊂ Res

l|kGε.

Alors Resl|kT est un tore maximal rationnel de Resl|kGε, et tous les tores maximaux

rationnels de Resl|kGε s’obtiennent ainsi.

Lemme 1.3. — Si T est de type w par rapport `a T0, alors Resl|kT est de type (w, 1, . . . , 1)

par rapport `a Resl|kT0.

D´emonstration. — ´Ecrivons T =gT 0, avec g−1F2F n−1 1 g = w. On a Resl|kT =(g,F1g,..., F n−11 g) Resl|kT0, avec (g,F1g, . . . ,F1n−1g)−1 F(g,F1g, . . . ,F1n−1g) = (g−1, (F1g)−1, . . . , (F1n−1g)−1)(F2F n−1 1 g,F1g, . . . ,F1n−1g) = (w, 1, . . . , 1) d’o`u le r´esultat. 

1.3

Projection uniforme

D´efinition 1.13. — On appelle fonction uniforme sur G(k) toute fonction qui s’´ecrit comme combinaison lin´eaire des RG

T(θ).

Exemples. — a) D’apr`es la formule de Mackey (utilis´ee pour calculer le produit scalaire de la diff´erence des deux membres avec elle-mˆeme), on a 2 :

1 |W |

X

w∈W

RTGw(1) = 1G, (1.7)

ce qui prouve que 1G est une fonction uniforme sur G(k). Comme StG = D(1G), d’apr`es

le th´eor`eme 1.4, on voit que le caract`ere de la repr´esentation de Steinberg est uniforme, et on a 3 : 1 |W | X w∈W εTwR G Tw(1) = εGStG. (1.8)

2D’apr`es la proposition 1.5, la formule ci-dessous peut aussi s’´ecrire 1

|G(k)| X

T ∈TG

|T (k)|RGT(1) = 1G.

3D’apr`es la proposition 1.5, la formule ci-dessous peut aussi s’´ecrire 1 |G(k)| X T ∈TG εT|T (k)|RG T(1) = εGStG.

(25)

b) Le caract`ere de la repr´esentation r´eguli`ere RegG de G(k) est une fonction uniforme sur G(k) car (voir [9], 12.14) on a :

tr RegG = 1 |W | X w∈W dim RGTw(IdTw)R G Tw(RegTw).

c) D’apr`es ([9], 12.20), la fonction caract´eristique d’une classe de conjugaison semi-simple est une fonction uniforme sur G(k).

d ) Si G = GLn ou Un, toutes les fonctions centrales sur G(k) sont uniformes. En effet,

d’apr`es [9], tous les caract`eres unipotents de G(k), c’est-`a-dire tous les constituants des caract`eres de la forme RG

T(1), sont des fonctions uniformes, et comme le centralisateur d’un

´el´ement semi-simple de G est un produit de groupes lin´eaires ou unitaires, le th´eor`eme 1.5 permet de conclure.

Notons qu’en g´en´eral, les caract`eres de G(k) ne s’´ecrivent pas toujours comme combi-naisons lin´eaires de caract`eres de Deligne–Lusztig 4, ce qui motive la d´efinition suivante :

D´efinition 1.14. — La projection uniforme est la projection orthogonale (dans l’espace des fonctions centrales sur G(k)) sur l’espace des fonctions uniformes.

Notation. — Si f est une fonction centrale sur G(k), on notera funif sa projection uniforme.

Remarquons en particulier que l’on dispose du lemme suivant :

Lemme 1.4. — Si π est une repr´esentation de G(k), alors dim(tr π)unif = dim π.

D´emonstration du lemme. — On sait (voir exemple c) pr´ec´edent) que 1{1}est une fonction

uniforme sur G(k), d’o`u :

dim (tr π)unif = (tr π)unif(1) = |G(k)|(tr π)unif, 1{1}

G(k) = |G(k)|tr π, 1{1} G(k) = (tr π)(1) = dim π d’o`u le r´esultat. 

Compl´ement : cas des groupes non connexes. — Dans la suite, nous aurons parfois besoin d’´etendre les notions pr´ec´edentes au cas des groupes non connexes. Soit G un groupe r´eductif d´efini sur k, et soit G0 sa composante connexe. Commen¸cons par

´etendre la notion de caract`ere de Deligne–Lusztig :

D´efinition 1.15. — Si T est un tore maximal rationnel de G et θ un caract`ere de T (k), on note RGT(θ) le caract`ere de G(k) tel que

RGT(θ) = IndG(k)G0(k)R

G0

T (θ).

On d´efinit alors de la mˆeme mani`ere que dans la d´efinition pr´ec´edente les notions de fonction uniforme et de projection uniforme.

4Par exemple, si G = SL2, en notant T le tore diagonal de G et α le caract`ere d’ordre 2 de T (k) ∼ k, RG

T(α) est la somme de deux caract`eres irr´eductibles de G(k) qui ne s’´ecrivent pas comme combinaisons lin´eaires de caract`eres de Deligne–Lusztig.

(26)

Revenons maintenant au cas o`u G est un groupe r´eductif connexe d´efini sur k. Soit f une fonction centrale sur G(k). D’apr`es [9], funif est donn´ee par l’une des deux

formules suivantes : funif = 1 |W | X w∈W RG Tw◦ ∗RG Tw(f ) = 1 |G(k)| X T ∈TG |T (k)|RG T ◦∗RGT(f ) (1.9)

o`u dans la deuxi`eme formule, TG d´esigne l’ensemble des tores maximaux rationnels de G.

En particulier, si g ∈ G(k) a pour d´ecomposition de Jordan g = su, il vient : funif(g) = 1 |G(k)| 1 |C0 G(s)(k)| X T ∈TG X x∈G(k) xT x−1⊂C0 G(s) |T (k)|x∗(RGTf )(s)QCG0(s) xT (u) = 1 |G(k)| 1 |C0 G(s)(k)| X T ∈TG X x∈G(k) xT x−1⊂C0 G(s) |T (k)|∗(RGxTf )(s)Q C0 G(s) xT (u) = 1 |C0 G(s)(k)| X T ∈TC0 G(s) |T (k)|(∗RG Tf )(s)Q C0 G(s) T (u).

On en d´eduit les deux r´esultats suivants :

Lemme 1.5. — Soit g ∈ G(k) de d´ecomposition de Jordan g = su. Soient π et ρ deux repr´esentations de G(k). On suppose qu’il existe une constante c telle que pour tout u′

C0

G(s)(k) on ait (tr π)(su′) = c × (tr ρ)(su′). Alors :

(tr π)unif(g) = c × (tr ρ)unif(g).

En particulier, si ρ est la repr´esentation triviale de G(k), on a (tr π)unif(g) = c.

D´emonstration du lemme. — Puisque pour tout u′ ∈ C0

G(s)(k), on a (tr π)(su′) = c ×

(tr ρ)(su′), d’apr`es (1.4), pour T ∈ T C0

G(s), on a (

RG

T(tr π))(s) = c(∗RGT(tr ρ))(s), donc

d’apr`es la formule pr´ec´edente (tr π)unif(g) = c × (tr ρ)unif(g) . Si ρ est la repr´esentation

triviale de G(k), le r´esultat r´esulte du fait que 1G est une fonction uniforme sur G(k) (voir

exemple 1). 

Lemme 1.6. — Soit H ⊂ G un groupe r´eductif connexe d´efini sur k et soit π une repr´esentation de G(k). Si g ∈ G(k) de d´ecomposition de Jordan g = su est tel que C0

G(s) ⊂ H, alors g ∈ H et on a :

(tr π)unif(g) = (ResG(k)H(k)tr π)unif(g).

D´emonstration du lemme. — Il suffit de v´erifier le lemme lorsque H = C0

G(s). Dans ce cas, on a : (tr π)unif(g) = |CG0(s)(k)| X T ∈TC0 G(s) |T (k)| ∗RGT(tr π)(s)QCG0(s) T (u) = 1 |C0 G(s)(k)| X T ∈TC0 G(s) |T (k)|∗RCG0(s) T Res G(k) C0 G(s)(k)tr π  (s)QCG0(s) T (u)

d’apr`es (1.6), d’o`u (tr π)unif(g) = (ResG(k)C0

G(s)(k)tr π)unif(g).

(27)

D’autre part, la projection uniforme se comporte bien vis-`a-vis de l’induction et de la restriction `a certains sous-groupes. Pour cela, nous utilisons le lemme ´el´ementaire suivant, cas particulier de ([7], 11.5) :

Lemme 1.7. — Soit G un groupe fini et soit H un sous-groupe normal de G tel que G/H est ab´elien. Alors si π est une repr´esentation de G, on a :

IndGHπ|H =

X

ξ∈Irr(G/H)

ξ ⊗ π.

En particulier le support du caract`ere de IndGHπ|H est contenu dans H.

D´emonstration. — En notant RegG/H la repr´esentation r´eguli`ere de G/H, on a

IndGHπ|H = π ⊗ IndGH1 = π ⊗ RegG/H = π ⊗

X

ξ∈Irr(G/H)

(dim ξ)ξ

et comme G/H est ab´elien, toutes ses repr´esentations irr´eductibles sont de dimension 1. De plus, si g ∈ G \ H, P

ξ∈Irr(G/H)

ξ(g) = 0, d’o`u le r´esultat.  Proposition 1.12. — Soit H ⊂ G un groupe r´eductif connexe contenant le groupe d´eriv´e de G. Soient π une repr´esentation de G(k), et ρ une repr´esentation de H(k). Alors :

(i) ResG(k)H(k)(tr π)unif = ResG(k)H(k)tr π



unif;

(ii) IndG(k)H(k)(tr ρ)unif = IndG(k)H(k)tr ρ



unif.

D´emonstration. — Puisque H contient le groupe d´eriv´e de G, on a G = H(ZG)0, de sorte

que si T1 est un tore maximal de G alors T = T1∩ H est un tore maximal de H et si T1

est rationnel alors il en est de mˆeme pour T . De plus, si T est un tore maximal de H alors T1 = T (ZG)0 est un tore maximal de G (c’est l’unique tore maximal de G contenant T ),

et si T est rationnel il en est de mˆeme pour T1.

D’apr`es la proposition 1.3, puisque tout caract`ere de T (k) se prolonge en un caract`ere de T1(k), o`u T est un tore maximal rationnel de H et T1 est un tore maximal rationnel

de G contenant T , on en d´eduit que les caract`eres de Deligne–Lusztig de H(k) sont les restrictions `a H(k) des caract`eres de Deligne–Lusztig de G(k). Par cons´equent :

• la restriction `a H(k) d’une fonction uniforme sur G(k) est une fonction uniforme sur H(k) ;

• l’induite `a G(k) d’une fonction uniforme sur H(k) est une fonction uniforme sur G(k). En effet, la premi`ere assertion est claire. Pour la deuxi`eme, si T est un tore maximal rationnel de H et θ un caract`ere de T (k) alors en notant T1 = T (ZG)0 l’unique tore

maximal rationnel de G contenant T et θ1 un prolongement de θ `a T1(k), d’apr`es la

proposition 1.3, il vient RH

T(θ) = Res G(k)

H(k)RTG1(θ1), d’o`u :

IndG(k)H(k)RGT(θ) = IndG(k)H(k)ResG(k)H(k)RGT1(θ1)

= X α∈Irr(G(k)/H(k)) α ⊗ RG T1(θ1) = X α∈Irr(G(k)/H(k)) RGT1(θ1.α|T1(k)),

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