CONSCIENCE DU PHÉNOMÈNE SISMIQUE DANS LA ZONE
DE NEW MADRID (U.S.A.) :
UNE EXPOSITION DU U.S. GEOLOGICAL SURVEY
Marco GIARDIN01,2
L.A. BRADLEy2, D.S. COLLINS2, J.A. MICHAEL2, A.J. CRONE2
IDipartÏmento di Scienze della Terra, Università di Torina, Italia
2U.S. Geological Survey - B.E.L.H., Denver, Colorado, U.S.A.
MOTS-CLÉS: RECHERCHE SCIENTIFIQUE - VULGARISATION SCIENTIFIQUE-SÉISMES - PRÉVENTION DU RISQUE SISMIQUE
RÉSUMÉ: Le projet de réaliser des tableaux informatifs sur la Zone Sismique de New Madrid a occupé les chercheurs de l'U.S. Geological Survey avec le double problème des contenus et du
langage scientifique.Letexte, les illustrations et la présentation graphique d'ensemble sont organisés
pour attirer, informer et stimuler le désir de savoir et se proposent comme un premier pas de la communauté scientifique pour accomplir sa responsabilité d'information et d'éducation de la société.
SUMMARY : The U.S.G.S. project of a Public Display on earthquake information in the New Madrid Seismic Zone engaged researcher on bath contents and language problems. Text, illustrations and visual design are organized to attract, inform and stimulate viewer's interest on scientific topies, to fulfill the scientific community's responsibility to inform and educate society.
1. INTRODUCTION
La recherche est la première mission des organismes scientifiques. Cependant, les membres de ces organismes ont aussi la grande responsabilité sociale de communiquer leurs résultats soit aux pairs, soit au grand public. Ce double rôle est particulièrement important dans le domaine des Sciences de la Terre, puisqu'elles étudient des phénomènes qui sont en état de provoquer des désastres naturels. Il paraît souhaitable que les recherches sur tels processus, au-delà d'en favoriser leur compréhension, puissent diffuser parmi la population une "conscience" capable de limiter la vulnérabilité sociale. Avec ce but, il faut évaluer avec une grande attention les problèmes de l'alphabétisation scientifique, ici entendue comme "apprentissage" et "enseignement" de la "lecture" d'un phénomène naturel, selon un procédé scientifique. La création d'un public lettré dans les disciplines scientifiques suppose d'offrir au grand public un "alphabet" formé d'éléments de base pour la compréhension, construction et
communication du savoir. L'V.S. Geological Survey est engagé depuis longtemps dans l'œuvre
d'alphabétisation scientifique: on va présenter l'activité d'un groupe de travail finalisé pour transférer des informations scientifiques au grand public. Le sujet du projet concerne la diffusion de la "conscience" du risque sismique dans la zone de New Madrid.
2. COMMUNICATION SCIENTIFIQUE AU GRAND PUBLIC GÉNÉRAUX ET SPÉCIFIQUES
PROBLÈMES
Pour bâtir un pont solide,ilfaut satisfaire à des conditions fondamentales :repérer un endroit
propice, choisir le projet le meilleur, utiliser les matériaux appropriés. Les mêmes exigences doivent
être satisfaites dans le cas de la construction de la communication scientifique.
2.1 Repérer un endroit propice
Dans le cas d'un pont,il s'agit de repérer un endroit où les deux rives à réunir sont à la moindre
distance possible, un endroit où les fondations peuvent reposer sur un terrain solide et stable et les conditions ambiantes ne sont pas trop adverses à la construction et à la durée de la structure. Pour le pont de la communication scientifique le milieu minimum de conditions adverses est repérable là où le grand public présente déjà un quelconque intérêt pour le sujet scientifique que l'on veut communiquer. Le cas typique est celui de phénomènes naturels dont la dynamique peut provoquer des désastres. Le fon impact de tels phénomènes sur l'environnement naturel et humain dispose le
grand public àêtreréceptif au sujet, et la distance, c'est-à-dire la difficultéàétablir la communication
entre le monde scientifique et le grand public, est au minimum.
2.2 Choisir le projet le meilleur
Le projet le meilleur est celui qui va être élaboré en tenant compte de toute variable en jeu dans le positionnement, la construction et la fonctionnalité du pont. Il se fonde sur de soigneux relevés des mesures, évalue avec précision les difficultés objectives que l'on doit surmonter et choisit les
dimensions les plus appropriées pour l'ouvrage. De même,ilfaut comprendre les différences du niveau des connaissances entre le milieu scientifique et le grand public. Les difficultés objectives pour éviter les interférences négatives sur la construction et la durée de la communication sont liées à des problèmes de langage et aux modalités de raisonnement. Pour le choix des dimensions appropriées de l'ouvrage, il s'agit de trouver le "niveau" correct pour la communication, en évitant que les chercheurs se perdent dans les nuages tandis que le grand public reste sur terre.
2.3 Utiliser les matériaux appropriés
Pour construire un pont, comme pour activer la communication scientifique, on a besoin de matériaux appropriés, maniables, durables et solides. Il est donc nécessaire de trouver un adroit mixage
d'ingrédients avec lesquelles construire la communication,la rendre efficace et durable. Les éléments
utiles à considérer sont nombreux. Il faut "filtrer" les notions scientifiques à communiquer pour les rendre plus facilement compréhensibles; trouver les éléments du milieu local dans lesquels ancrer l'histoire scientifique que l'on veut communiquer (Romey, 1993); offrir au grand public le sens de l'intégration avec le savoir scientifique (Raymo, 1993) ; faire comprendre combien est important le lien entre la compréhension des phénomènes et le développement harmonieux de notre société
3. ZONE SISMIQUE DE NEW MADRID COMMUNICATION SCIENTIFIQUE
LA NÉCESSITÉ DE LA
Il Y a beaucoup de raisons pour lesquelles il paraît nécessaire de bâtir le pont de la communication scientifique dans la N.M.S.Z., localisée dans les États-Unis centraux (partie centrale de la Vallée du Mississippi: territoires du Missouri, Illinois, Kentucky, Tennessee, Arkansas). Cette zone est actuellement la zone sismiquement la plus active de la Nord-Amérique. Pendant l'hiver 1811-1812 se produirent 3 séismes avec magnitude M>7, dans l'échelle de Richter, considérés comme les plus importants événements historiques jamais vérifiés sur la croûte continentale "stable" (Johnston, Kanter, 1990). Les effets de ces événements sismiques, désastreux soit en relation au paysage, soit
en relation aux structures anthropiques existantesàcette époque-là, furent documentés par les
histoires des témoins et par les comptes rendus successifs du U.S.O.S. (Fuller, 1912). Les traces de ces séismes sont encore aujourd'hui objet d'étude par les géologues et les sismo1ogues qui ont accumulé beaucoup d'informations sur les séismes de la N.M.S.Z. et sur leurs effets possibles. Le milieu scientifique peut pourtant aider la population du New Madrid à comprendre les risques liés aux
séismes dans cette zone etàêtre préparéeàdes possibles futurs événements sismiques. La N.M.S.Z.
peut être considérée "l'endroit propice" où bâtir le pont de la communication scientifique parce que la population a une expérience directe de ces phénomènes; le grand public est "tout oreilles" envers cet argument scientifique. Mais pour réellement atteindre une "alphabétisation scientifique", une condition fondamentale est requise : l'information scientifique doit être correcte et sérieusement présentée.
L'importance d'une communication correcte avec le grand public fut démontrée en 1990 à la suite de la prédiction d'un séisme faite par Iben Browning, un climatologue et conseil d'affaires américain. En se basant sur des calculs statistiques sur l'arrivée des marées terrestres, il prédit une série de séismes et d'éruptions volcaniques pour une date autour du 3 décembre 1990, dans une localité située entre 30 et 60 degrés de latitude nord. Dans les différentes localités était comprise la N.M.S.Z., pour laquelle Browning indiqua une 50% de possibilités de l'arrivée d'un séisme de magnitude entre 6.5 et 7.5. Cette série de prédictions ne fut pas retenue scientifiquement valide par le Conseil National des États-Unis pour l'évaluation des prédictions des séismes et refusée par de très nombreux géologues et sismologues (Spence et a1., 1993). Néanmoins, la prévision d'un séisme dans New Madrid fut largement "publicisée" par la presse et la télévision. La couverture des journaux et la réaction du grand public augmentèrent progressivement jusqu'à la frénésie des derniers jours précédant la date prévue pour le séisme et démolirent tout effort des chercheurs sérieux qui essayaient d'expliquer les bases erronées de la prédiction. Le 3 décembre 1990 arrive et tout se passe sans aucun séisme; toutefois cette situation créa une alerte considérable (parfois une panique) avec un sérieux impact négatif au point de vue de l'économie; la fausse prévision créa en plus une attitude malsaine du public
qui,à partir de ce moment là, vit avec soupçon aussi les hommes de science "légitimes".
4. RÉPONSE DE L'U.S.G.S. POUR ÉDUQUER LE GRAND PUBLIC LES TABLEAUX INFORMATIFS SUR LA SISMICITÉ EN N.M.S.Z.
Pour répondre aux effets négatifs de la fausse prédiction, l'U.S.O.S. a engagé un effort pour mieux éduquer le public. Cela signifie "reconstruire" le pont de la communication entre milieu scientifique et grand public. Une partie de ce travail a été de réaliser une exposition de tableaux informatifs qui offre
des informations correctes sur le séisme et décrive les études scientifiques qui vont aider à
comprendre le risque sismique dans la région. Pour cela il est nécessaire d'aborder les problèmes du contenu, du langage et des moyens de la communication scientifique (Villeumier, 1988). Les tableaux
informatifs sont une solution efficace etàbas coût. On peut les "colloquer" en zones où ils sont
visiblesàun grand nombre de personnes (écoles, édifices publiques, centres commerciaux), ils
peuvent être d'un déplacement aisé et mis à jour afin d'offrir des informations différenciéesàdivers
publics ou pour ajouter des détails spécifiques rapportés à chaque lieu d'exposition particulier. Pour le montage de l'exposition, l'U.S.O.S. a choisi des tableaux d'un matériel plastique résistant, fixés sur une base stable et recouverts par des feuilles transparentes polycarbonatiques qui les protègent. Il faut considérer avec beaucoup d'attention le contenu technique et la façon dont sont présentées les
informations.À la différence des posters préparés pour les réunions scientifiques, le mode de
présentation du tableau est en effet essentiel à son succès. Le projet des tableaux a reçu une grande attention dans l'analyse des éléments qui jouent un rôle dans les communications scientifiques de ce genre: le texte, l'illustration, l'organisation graphique d'ensemble ou design (Perow, 1986). Dans le projet graphique on a choisi tout d'abord de créer de nets sectionnements verticaux pour différencier de façon claire les divers sujets présentés au public. Dans les tableaux seront en plus
utilisés 3 "niveaux" horizontaux de communication: du haut vers le bas de plus en plus détaillés, pour attirer, pour donner des informations de base, et enfin pour montrer des approfondissements aux notices présentées ou indiquer les autres sources auxquelles le public le plus intéressé pourra s'adresser. Les subdivisions verticales et horiwntales seront enfin "fusionnées" pour produire une grille qui présente des sujets différents aux différents niveaux de détail. Le tableau n.1 a été construit en appliquant le même principe organisateur des informations que l'on a choisi d'utiliser pour l'exposition des tableaux sur la N.M.S.Z. (au lieu des "sujets" sont présentés les "éléments" du projet de communication). Dans le projet final de l'exposition, 4 sujets sont abordés et chacun sera développé sur un tableau. Les titres choisi pour les tableaux sont: Séismes du 1811-1812, Y-a-il encore des séismes en N.M.S.Z. ?, Que sont en train de faire maintenant les géologues en
N.M.S.Z. ?, Es-tu préparé pour leshake-rattle and roll d'un séisme?
L'usage d'un langage non-technique facilement compréhensible, accompagné d'un graphique et
d'images "attrayantes" devrait contribuer de façon décisive à la reconstruction du pont de la
communication scientifique. L'impact négatif d'une fausse prédiction a, en effet, augmenté la responsabilité des hommes de science envers la communication de leurs découvertes à la société. Cette responsabilité est la ressort qui a mû l'U.S.O.S. à s'engager pour une communication efficace et pour fournir des informations sérieuses et d'une façon facilement compréhensible au grand public. Les administrateurs publics et privés, et le grand public, s'ils sont "alphabétisés" dans le camp
sismique et s'ils ontàdisposition des informations dignes de foi par des sources crédibles, seront
bien plus difficilement la proie de fausses prédictions et d'affirmations erronées. Les tableaux informatifs représentent un premier pas de la communication scientifique vers l'accomplissement de sa propre responsabilité d'information et d'éducation de la société.
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