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Enquête sur l'expérience sportive d'athlètes canadien.ne.s : portrait des expériences vécues en sport par des athlètes trans

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Academic year: 2021

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Enquête sur l'expérience sportive d

'athlètes

canadien.ne.s : Portrait des expériences vécues en

sport par des athlètes trans

Mémoire

Camille Michon

Maîtrise en psychopédagogie - avec mémoire

Maître ès arts (M.A.)

Québec, Canada

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Enquête sur l’expérience sportive d’athlètes

canadien

nes :

Portrait des expériences vécues en sport par des athlètes

trans

Mémoire

Camille Michon

Sous la direction de :

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ii

Résumé

La présente recherche vise à décrire l'expérience sportive d’athlètes trans canadiennes. Afin de rejoindre un maximum d’athlètes canadiennes âgées de 18 à 25 ans, un questionnaire en ligne a été envoyé aux responsables des sports des universités et collèges du Canada ainsi qu’à travers les réseaux sociaux. Un total de 1728 athlètes y ont répondu, dont 25 athlètes qui s’identifient comme trans. Les réponses issues des questionnaires, variant entre 11 et 25 répondantes par question, ont permis de mettre en lumière certains constats quant à l’expérience sportive d’athlètes trans au Canada en matière de LGBT-phobie. Tout d’abord, près de la moitié des 20 répondantes (45%, n=9) ont affirmé dévoiler leur identité de genre à tous les membres de leur environnement sportif, 40% (n=8) d’entre eux l’ont dévoilée à au moins un membre de leur environnement sportif, alors que seulement 15% (n=3) préfèrent ne pas divulguer cette information. Cette ouverture dans le contexte sportif est principalement due à une culture plus accueillante aux diversités qu’auparavant ainsi qu’un sentiment de confiance en soi chez les athlètes trans en lien avec leur identité de genre. De plus, les athlètes considéraient le degré d’ouverture de leur environnement sportif comme majoritairement positif, surtout de la part des membres de leur équipe ainsi que de leur entraineure. Malgré ces statistiques encourageantes, les athlètes trans sont le groupe le plus à risque d’être victime de LGBT-phobie dans le cadre de leur expérience sportive selon l’étude réalisée. En effet, sur 11 athlètes questionnées, 9 d’entre eux (81%) avaient vécu un minimum d’un épisode de LGBT-phobie durant leur expérience sportive, comparativement aux athlètes qui s’identifient comme cisgenres (46,1%, n=558). Le groupe se rapprochant le plus de celui des athlètes trans en fait d’expériences vécues de LGBT-phobie est celui des athlètes qui s’identifient comme queer ou bispirituelle (73,1%, n=40). Il semblerait donc que l’identité de genre soit un facteur lié à une plus grande fréquence d’événements LGBT-phobes vécus par une athlète au Canada. Ainsi, bien qu’il semble y avoir des progrès lorsqu’il est question d’accessibilité ainsi que d’ouverture aux diversités sexuelles et d’identité de genre en contexte sportif, il reste que les situations LGBT-phobes pour les athlètes trans demeurent présentes. Pour en savoir plus sur l’expérience sportive des athlètes trans, des entrevues ont été menées auprès de trois athlètes féminines trans de haut niveau au Canada. Ces entrevues ont permis de saisir l’importance du contexte sportif dans la vie d’athlètes trans et ainsi mettre de l’avant des actions concrètes pour l’avenir. Que ce soit concernant l’élaboration de politiques d’inclusion dans toutes les sphères du sport, de l’éducation à la réalité trans aux acteurs du contexte sportif ainsi que de la promotion des sports où la

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diversité sexuelle et d’identités de genre est mise de l’avant, les actions possibles sont multiples. De manière générale, les athlètes rencontrées étaient unanimes sur les bienfaits liés à la pratique d’un sport et du réseau de soutien qu’il peut apporter pour une personne trans. Cependant, le contexte sportif doit être ouvert, accueillant et sécuritaire pour que l’athlète trans puisse évoluer positivement.

Mots clés : athlètes trans, athlètes féminines trans, LGBT-phobie en sport, sport féminin, sport masculin, Canada

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iv

Abstract

The purpose of this research is to describe the sporting experience of Canadian trans athletes. First, an online questionnaire was sent out to the various sports managers at Canadian universities and colleges as well as through social networks, in order to reach a maximum of athletes between 18 and 25 years old. 1728 athletes responded to the questionnaire, including 25 athletes who identify as trans. The responses from the questionnaires, varying between 11 and 25 respondents per question, shed light on some of the findings regarding the sporting experience of trans athletes in Canada towards LGBT-phobia. First of all, almost half of the 20 respondents (45%, n = 9) claimed to reveal their gender identity to all members of their sporting context, 40% (n = 8) of them revealed it to at least one member of their sporting context while only 15% (n=3) prefer to keep this information for themselves. This openness in the sporting context is mainly due to a culture more open to diversities as well as a feeling of self-confidence from the athletes towards their gender identity. Also, athletes considered the openness of their sporting context to be mostly positive, especially from their team members and their coach. Despite these encouraging statistics, trans athletes is the most at risk group of experiencing LGBT-phobia as part of their sporting experience. In fact, from 11 trans athletes questioned, 9 of them (81%) experienced a minimum of one LGBT-phobia episode during their sporting experience, compared to athletes who identify as cisgender (46,1%, n=558). The group closest to trans athletes in LGBT-phobic experiments is the one with athletes who identify as queer or two-spirit (73,1%, n=40). Thus, gender identity appears to be the element related to a higher frequency of LGBT-phobic events experienced by an athlete. While there is clear progress when it comes to accessibility and openness to sexual diversity and gender identity in sport, LGBT-phobic situations for trans athletes remain present in the sporting context. To deepen this finding, interviews were conducted with three high-level trans women athletes in Canada. These interviews made it possible to grasp the importance of the sporting context in the lives of trans athletes and thus to put forward concrete courses of action for the future. For these athletes the priorities were to develop inclusion policies in all spheres of sport, to educate the actors in the sporting context about trans’ reality and to promote sports where sexual diversity and gender identities were put forward. In general, the athletes met were unanimous about the benefits of playing a sport and the support network it creates, especially for trans people. However, the sporting context must be open, welcoming and safe for trans athletes to evolve positively.

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Key words: trans athletes, female trans athletes, LGBT-phobia in sport, women's sport, men's sport, Canada

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Table des matières

Résumé ... ii

Abstract ... iv

Table des matières ... vi

Liste des tableaux ... ix

Liste des figures ... x

Liste des abréviations ... xi

Remerciements ... xii

Introduction ... 1

Chapitre I : Problématique ... 5

Théorie transféministe ... 8

But et objectifs de recherche... 11

Chapitre II : Revue de documentation scientifique ... 12

Principaux concepts ... 12

Différencier sexe et genre ... 12

Orientations sexuelles ... 14

Discriminations liées à l’orientation sexuelle ... 16

Identité de genre et expression de genre ... 18

Représentations du genre ... 19

Discriminations liées à l’expression de genre ... 22

Les manifestations et effets de la transphobie ... 23

Certaines difficultés rencontrées par les personnes trans... 23

La culture du sport ... 25

Binarité en sport ... 25

Histoire de l’évolution des sexes et du genre en sport ... 26

Origines des tests de féminité ... 28

Faits marquants de l’histoire des tests de féminité ... 30

Sport et personnes trans ... 32

Point de vue médical ... 32

Hormonothérapie ... 33

Interventions chirurgicales ... 35

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Politiques d’inclusion anciennes et actuelles ... 37

Athlètes trans en sport ... 40

Chapitre III : Méthodologie ... 44

Stratégie de recherche ... 44

Posture épistémologique ... 44

Approche méthodologique ... 44

Participantes à l’étude quantitative ... 45

Participantes à l’étude qualitative ... 45

Méthode de collecte de données ... 45

Conception du questionnaire en ligne ... 46

Composantes du questionnaire en ligne ... 47

Modifications au questionnaire en ligne ... 49

Diffusion et promotion du questionnaire en ligne ... 49

Conception et composition du guide d’entretien ... 50

Analyse des données quantitatives ... 51

Analyse des données qualitatives ... 51

Chapitre IV : Résultats et discussion ... 53

Résultats quantitatifs ... 53

Données démographiques ... 53

Identité de genre et sport ... 56

Perceptions envers la LGBT-phobie ... 59

Expérience de LGBT-phobie ... 63

Actions à prendre pour réduire la LGBT-phobie en sport ... 72

Sommaire de l’analyse quantitative ... 73

Résultats qualitatifs ... 75

Anna………. ... 75

Rosy………. ... 83

Karen……. ... 87

Points communs des expériences ... 91

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viii

Éducation et modèles d’athlètes trans ... 93

Le Canada et les politiques d’inclusion ... 95

Présence de sports émergents ... 97

Sommaire de l’analyse qualitative ... 98

Conclusion ... 100

Conclusion de l’analyse quantitative ... 100

Conclusion de l’analyse qualitative ... 102

Limites de l’étude ... 104

Futures avenues de recherche ... 105

Bibliographie ... 108

Annexes ... 121

Annexe 1. Courriel no.1 : Recrutement pour des entrevues ... 121

Annexe 2. Formulaire de consentement ... 122

Annexe 3. Questionnaire en ligne ... 126

Annexe 4. Courriel no.2 : Responsable des sports Canada ... 138

Annexe 5. Courriel no.3 : Responsable des sports Canada ... 142

Annexe 6. Courriel no.4 : Responsable des sports du RSEQ ... 146

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Liste des tableaux

Tableau 1 Données démographiques des participantes au questionnaire ... 54

Tableau 2 Révélation de l’identité de genre dans le contexte sportif ... 56

Tableau 3 Raisons pour ne pas révéler son identité de genre ... 57

Tableau 4 Raisons de révéler son identité de genre ... 58

Tableau 5 Milieux où la LGBT-phobie est plus commune ... 60

Tableau 6 Endroits liés aux événements LGBT-phobes ... 61

Tableau 7 Degré d’ouverture de l’environnement sportif direct ... 62

Tableau 8 Facteurs expliquant l'apparition de la LGBT-phobie en contexte sportif .. 63

Tableau 9 Victime de LGBT-phobie(s) ... 64

Tableau 10 Formes de LGBT-phobies vécues ... 65

Tableau 11 Degrés de sévérité des formes de LGBT-phobies vécues ... 66

Tableau 12 Façons dont les formes de LGBT-phobies ont été vécues ... 67

Tableau 13 Endroits où les formes de LGBT-phobies ont été vécues ... 68

Tableau 14 Sources des formes de LGBT-phobies vécues ... 69

Tableau 15 Répercussion des formes de LGBT-phobies vécues ... 70

Tableau 16 Réactions face aux formes de LGBT-phobies vécues ... 71

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Liste des figures

Figure 1. Ligne du temps de l’expérience sportive d’Anna ... 75 Figure 2. Ligne du temps de l’expérience sportive de Rosy ... 83 Figure 3. Ligne du temps de l’expérience sportive de Karen ... 87

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Liste des abréviations

AAP : Association Américaine de Psychiatrie

AMEQ : Association des médecins endocrinologues du Québec APA : American Psychological Association

CCES : Centre canadien pour l’éthique dans le sport CIO : Comité international olympique

CRSH : Conseil de recherches en sciences humaines du Canada DSM : Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux FIS : Fédération internationale de Ski

FISG : Fédération italienne des sports de glace FvH : Femme vers Homme

GLSEN : Gay, Lesbian et Straight Education Network HvF : Homme vers Femme

IAAF : Association internationale des fédérations d'athlétisme LGBT : Lesbiennes, gaies, bisexuelles ou transidentitaires

LGB+ : Lesbiennes, gaies, bisexuelles et autres orientations sexuelles NCAA : National Collegiate Athletic Association

RSEQ : Réseau du Sport-Étudiant du Québec

T : Trans

USTA : United States Tennis Association WTA : Women’s Tennis Association

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Remerciements

Je tiens d’abord à remercier ma directrice de maîtrise, Mme Guylaine Demers, de m’avoir guidée dans ce projet de recherche. Je voudrais aussi remercier mes parents, Sylvie et François, qui m’ont encouragée du début jusqu’à la toute fin de cette aventure à donner le meilleur de moi-même. Mes amies précieuses, Mélissa, Sarah-Jeanne et Marie-Christine, sans vous, rien de tout cela ne serait achevé, j’en suis sincèrement convaincue. Un merci particulier à Léandre, Brindille et nouvellement Brioche, trois phares dans ce périple qui fut (un peu) plus long que prévu. Je tiens également à souligner la générosité des participantes de l’étude, leur implication dans ce projet était essentielle et cruciale. J’aimerais aussi remercier M. Michel Dorais et M. Jocelyn Gagnon, membres de mon jury d’évaluation, pour les commentaires formulés et le temps qu’ils ont consacré à évaluer ce mémoire. Bref, merci à tous ceux qui de près ou de loin m’ont épaulée pendant les dernières années, grâce à vous j’ai pu accomplir ce document dont je suis fière.

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Introduction

Ce projet de recherche s’inscrit dans une étude plus vaste portant sur l'expérience sportive des athlètes canadiennes LGBT et hétérosexuelles financée par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) et dirigée par Guylaine Demers. La section présentée dans le cadre de ce mémoire concerne l’expérience sportive d’athlètes trans canadiennes et, plus particulièrement, celle des femmes trans en contexte de sport de haut niveau. Afin de tracer un portrait de la réalité du milieu sportif actuel concernant la LGBT-phobie, la population ciblée est celle d’athlètes canadiennes âgées entre 18 et 25 ans. Grâce à une méthode de recherche mixte, les données quantitatives et qualitatives permettent d’avoir un portrait plus détaillé de la situation des athlètes trans et de mieux cerner l’expérience sportive de ces athlètes. Les données quantitatives ont été obtenues par l’entremise d’un questionnaire en ligne diffusé à travers tout le Canada. La population cible pour ce questionnaire distribué par l’entremise de SurveyMonkey était des athlètes canadiennes âgées entre 18 et 25 ans. Quant aux données qualitatives, elles sont issues d’entrevues semi-dirigées réalisées auprès de trois athlètes féminines trans.

Dans le cadre de cette étude, il est entendu que le terme athlète regroupe toutes les personnes qui s’identifient comme telles, étant donné la pratique active d’un ou de plusieurs sports et peu importe le niveau de compétition (c.-à-d., de récréatif à international). De plus, le terme trans fait référence à toutes personnes qui s’identifient comme telles, et ce, peu importe l’étape du processus de transition. Ainsi, dans cette étude, le terme trans fait office de terme « parapluie », en regroupant les personnes qui s’identifient comme trans, transidentitaires, transexuées, non-binaires dans le genre et transgenres (Ministère de la Sécurité publique du Québec, Bureau du coroner du Québec, Chaire de recherche sur l'homophobie de l'UQAM, Coalition des Familles LGBT et Gai Écoute, 2018; Office québécois de la langue française, 2019a) sous un même mot. La formulation succincte d’« athlètes trans » fait référence autant aux athlètes féminines trans qu’aux athlètes masculins trans qui ont été consultées par l’entremise du questionnaire en ligne. Lorsqu’il est question d’athlètes féminines trans, il est important de mentionner qu’il s’agit de femmes trans, et non d’athlètes trans qui démontrent des traits féminins ou de féminité. En effet, les athlètes féminines trans sont des athlètes dont l’identité de genre est celle de femmes trans, et ce, peu importe leur processus de transition.

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2

Le contexte sportif représente une situation particulièrement délicate pour les athlètes trans, puisque, dans la majorité des cas, les sports sont séparés selon les sexes. Afin d’assurer l’intégration des athlètes trans en contexte sportif, des balises ont été développées, principalement concernant les sports de haut niveau, pour permettre une pratique sportive sécuritaire et inclusive pour tous. Il est à noter que les réglementations sont différentes selon le processus de transition de l’athlète, c’est-à-dire si ce dernier ou cette dernière fait la transition de femme vers homme (FvH) ou à l’inverse d’homme vers femme (HvF). Cette particularité est intéressante à explorer et elle constitue le fil conducteur de cette étude. En effet, pourquoi existe-t-il une disparité entre les deux cas? Parce que la légitimité des athlètes féminines trans est remise en question avec comme présomption que les athlètes qui ont un passé en tant qu’homme ont nécessairement un avantage sur les femmes (Jones, Arcelus, Bouman et Haycraft, 2017a). Le contexte sportif, déjà un terrain particulier pour les personnes trans ou en transition étant donné les politiques d’inclusion, semble devenir encore plus contraignant pour les femmes trans qui souhaitent prendre part à un sport organisé ou à une compétition sportive. Cet aspect peu documenté dans la documentation scientifique, autant d’un point de vue sportif que féministe, est le point de départ de cette étude.

En tant que femme cisgenre et hétérosexuelle, la posture adoptée dans le cadre de cette étude est nécessairement teintée par mon expérience vécue jusqu’à ce jour et ne peut certainement pas s’approprier celles des athlètes questionnées et rencontrées dans le cadre de ce projet. À défaut de ne pas avoir l’expérience vécue, la présente étude tend à donner une voix aux athlètes trans.

Le présent mémoire a pour objectif de documenter d’un point de vue quantitatif et qualitatif l’expérience sportive d’athlètes trans canadiennes, qu’ils soient hommes ou femmes. Le premier chapitre est consacré à la présentation de la problématique, de la théorie transféministe ainsi que des objectifs de recherche. L’étude est ancrée dans la théorie transféministe (Espineira & Bourcier, 2016; Koyama 2001, Koyama 2003) dont les grandes lignes sont énumérées à cette étape. Ce modèle théorique permet de camper le sujet de l’étude dans la réalité des personnes rencontrées durant ce projet de recherche. Faisant partie de la troisième vague de féminisme, le transféminisme constitue le meilleur véhicule pour transmettre l’expérience sportive des athlètes trans. Quant aux objectifs de recherche, ils sont divisés selon qu’ils répondent aux attentes des sections quantitative ou qualitative du projet.

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Ces derniers sont exposés à la fin de ce chapitre et permettent de saisir les orientations que prendra cette étude.

Le deuxième chapitre fait état de la revue de documentation scientifique et commence par une description détaillée de différents concepts abordés dans le cadre de la recherche. Que ce soit de différencier les orientations sexuelles des identités de genre ainsi que des discriminations vécues par les groupes minoritaires, cette section permet de mettre la table sur les thématiques explorées tout au long du mémoire et, aussi, de distinguer les concepts clés qui y sont mis de l’avant. Par la suite, une revue de la documentation scientifique portant sur la culture du sport actuelle et passée est présentée. Finalement, les principaux éléments de la documentation scientifique entourant l’expérience sportive des athlètes trans sont abordés à la fin de ce chapitre. Il est ainsi possible de comprendre l’utilité et la pertinence de ce projet de recherche à l’intérieur de la documentation scientifique actuelle sur le sujet.

Le troisième chapitre concerne la méthodologie utilisée dans le cadre de ce projet de recherche. À ce point-ci, il est possible de comprendre la stratégie de recherche déployée pour répondre aux objectifs fixés précédemment. De plus, la posture épistémologique ainsi que l’approche méthodologique sont explicitées afin de bien comprendre dans quel champ de la recherche s’insère cette étude. Par la suite, les éléments relatifs aux participantes sont détaillés ainsi que la façon dont s’est effectué le recrutement. Il est aussi mention de la conception du questionnaire en ligne pour la collecte de données quantitatives ainsi que du guide d’entretien pour la collecte de données qualitatives. Le chapitre se conclut sur les différentes analyses qui sont réalisées sur les données récoltées. Une première analyse met en lumière les constats communs de l’expérience sportive des athlètes trans canadiennes grâce à des données quantitatives. La deuxième analyse, issues des données qualitatives, permet d’explorer plus spécifiquement l’expérience sportive de trois athlètes féminines trans de haut niveau.

Le quatrième chapitre présente d’abord les résultats quantitatifs du projet. Les points abordés dans le questionnaire en ligne sont présentés sous forme de tableau et offrent un portrait statistique de l’expérience sportive des athlètes trans. Ensuite, ce sont les résultats qualitatifs qui y sont exposés grâce aux entretiens réalisés avec les trois athlètes féminines trans de haut niveau. Les récits de chacune des athlètes sont détaillés et des points communs de leurs expériences sont mis de l’avant dans ce chapitre.

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Finalement, le cinquième chapitre présente l’aboutissement de ce projet de recherche grâce aux conclusions des analyses qualitatives et quantitatives qui y sont détaillées. De plus, les limites de l’étude sont énoncées dans ce chapitre. Puis, les futures avenues de recherche sont annoncées afin d’ouvrir sur de prochaines études en lien avec les athlètes trans.

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Chapitre I : Problématique

La présente étude s’inscrit dans le courant des études féministes dans le domaine du sport, plus précisément en ce qui concerne la théorie transféministe appliquée au contexte sportif. Ce courant d’études qui rallie les concepts de féminisme et de personnes trans permet de réaliser des analyses qui tiennent compte de ce groupe en particulier en adoptant une posture inclusive et une approche féministe sensible à cet égard (Baril, 2017). Comme l’avance Emi Koyama, dans The transfeminist

manifesto « Le transféminisme est avant tout un mouvement formé par et pour les femmes trans qui

considèrent que leur libération est intrinsèquement liée à la libération de toutes les femmes et au-delà » (Koyama, 2001). Ainsi, cette étude vise à étendre le champ d’études féministes en incluant la réalité des femmes trans. Quant au contexte sportif, il se rapporte entre autres à un système binaire des sexes et dans lequel la situation des personnes trans vient particulièrement bouleverser cette conception (Schmalz et Kerstetter, 2006; Sobal et Milgrim, 2019). Les questions d’identité de genre et de sport sont centrales dans cette étude. Le point de vue féministe cherche à apporter un regard différent sur le contexte sportif dont l’histoire est teintée de domination masculine (Messner, 1988). Plus spécifiquement, les études féministes en contexte sportif prennent racine dans les années 70, alors que l’émancipation des femmes dans ce milieu particulièrement masculin est en ébullition (Messner, 1988). Les études féministes dans ce contexte ont fait leur marque, que ce soit en lien avec la participation des femmes dans toutes les sphères du monde sportif, ou dans l’inclusion de groupes de femmes minoritaires, surtout concernant l’orientation sexuelle.

Les études réalisées dans les dernières années ont permis de mettre en lumière certaines réalités concernant l’expérience sportive des athlètes LGB à travers le monde. En effet, la plus importante recherche effectuée dans le domaine est sans contredit Out on the Fields (Denison et Kitchen, 2015). Cette étude est appuyée d’un groupe d’experts composé de sept chercheurs provenant de l’Australie, du Canada, des États-Unis et de la Grande-Bretagne et est soutenue par la Bingham Cup de Sydney en 2014, qui correspond à la Coupe du monde de rugby gai, ainsi que par les membres du Sydney Convicts, soit le premier club australien de rugby gai. De plus, l'étude est menée par une coalition internationale de groupes sportifs LGBT, en partenariat avec le gouvernement fédéral australien. De cette étude sont issus des résultats spécifiques concernant des athlètes de différents pays, dont le Canada et les résultats canadiens sont préoccupants, comme le soulignent les auteurs. Sur les 1123

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athlètes canadiennes qui ont participé à l’étude, 1068 ont complété la section portant sur l’orientation sexuelle, et ont mentionné s’identifier comme hétérosexuelles (23%, n=225), lesbiennes (13%, n=147), gais (49%, n=547) et bisexuelles ou autres ou ceux et celles qui préfèrent ne pas le mentionner (13%, n=149). De manière plus spécifique, les athlètes ont été questionnées sur leurs perceptions à l’égard de la LGB-phobie en contexte sportif ainsi que sur leurs expériences vécues. Les résultats donnent un portrait peu reluisant de l’expérience sportive des athlètes LGB et hétérosexuelles au Canada. Ces derniers sous-tendent que 81% des athlètes ont été témoins ou victimes d’un épisode LGB-phobe au cours de leur vie sportive. En fait, plus de la moitié des athlètes gais (57%) et près de la moitié des athlètes lesbiennes (45%) et athlètes hétérosexuelles (41%) ont directement été victimes de LGB-phobie. De plus, même si les résultats démontrent que le système sportif canadien est plus ouvert aux personnes LGB comparativement aux réponses offertes par les athlètes du reste du monde, les athlètes canadienes sont en deuxième position sur les 6 pays représentés dans cette étude (c.-à-d., les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie, l’Irlande, la Nouvelle-Zélande et le Canada) lorsqu’il est question de fréquence d’expérience à titre de témoin de LGB-phobie en sport. Cependant, certaines limites à cette étude ont été soulevées, telles que le fait que l’étude ait été réalisée auprès d’athlètes dont la moyenne d’âge était élevée. En effet, 82% des athlètes questionnées avaient 22 ans et plus, dont 53% étaient au-dessus de 30 ans. De plus, l’étude a recruté des athlètes de rugby présentes lors de la Bingham Cup à Sydney qui regroupe principalement des athlètes LGB et, surtout, issues d’un même sport. Tout de même, il est important de souligner que les résultats de cette étude ont permis l’élaboration de divers projets de recherche portant sur la LGB-phobie en contexte sportif partout dans le monde.

De ce fait, une étude comparative avec des données recueillies au Québec a été réalisée en 2015 (Carrier, 2015). Les conclusions de cette étude semblent indiquer une amélioration de la situation des athlètes LGB dans les collèges et universités québécoises. L’échantillon recueilli étant relativement faible (N=260) ne permettait pas de tirer des conclusions représentatives de la totalité des athlètes qui évoluent au Québec, encore moins dans le reste du Canada. De ce projet sont ressorties des préoccupations à l’égard de l’expérience sportive des athlètes canadiennes de 18 à 25 ans concernant la LGB-phobie ainsi que la transphobie, sous l’acronyme LGBT-phobie. La lettre « T » est ajoutée à l’acronyme puisque, bien que la situation des athlètes LGB au Canada soit partiellement étudiée, l’expérience sportive des athlètes trans (T) est encore moins explorée. En effet, les seules

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études connues à ce jour concernant l’expérience sportive d’athlètes trans au Canada se comptent sur les doigts d’une main.

Ainsi, l’ouvrage Transgender athletes in competitive sport s’inscrit dans ce besoin d’alimenter la documentation scientifique sur l’expérience sportive des athlètes trans à travers le monde (Anderson et Travers, 2017). Cet ouvrage représente la première étude internationale portant exclusivement sur les athlètes trans, sur les défis de leur inclusion dans le contexte sportif binaire et sur la réalité d’être une personne trans qui navigue à l’intérieur des balises du sport. Ce livre ouvre une brèche concernant la documentation scientifique sur l’expérience sportive des athlètes trans, mais n’offre qu’un mince aperçu de la réalité de ces athlètes évoluant au Canada, grâce à l’article de Sarah Teetzel abordant la perception des athlètes trans sur les politiques d’éligibilité appliquées aux athlètes de haut niveau au Canada (Teetzel, 2017). Dans cette étude, Teetzel consulte cinq athlètes de haut niveau qui s’identifient comme cisgenres et cinq athlètes qui s’identifient comme trans qui ont déjà évolué dans le sport de compétition. À travers des entrevues réalisées auprès de ces athlètes, les résultats de cette étude permettent de nommer certains questionnements liés aux politiques d’éligibilité des athlètes trans. Les deux principaux sujets issus des entrevues se situent à des pôles pratiquement opposés, soit, d’un côté, la conviction de la nécessité d’offrir des opportunités aux athlètes trans de performer à tous les niveaux sans vivre de discriminations et, de l’autre, la perception d’injustice concernant un possible avantage chez les athlètes féminines trans lié à la testostérone. En effet, les athlètes sondées sont en accord quant au besoin de reconnaitre les athlètes trans, mais expriment aussi des inquiétudes concernant la légitimité de certaines athlètes trans en compétition. Ces premières notions sont cruciales dans la compréhension de l’expérience sportive des athlètes trans, puisqu’elles offrent un aperçu des impacts des normes de genre ainsi que des stéréotypes de genre en contexte sportif. De plus, les échanges réalisés permettent d’identifier les attitudes intentionnelles ou intériorisées de transphobie chez les athlètes (Teetzel, 2017).

À ce jour, une seule étude porte sur l’expérience sportive d’athlètes trans et elle a été réalisée aux États-Unis, sur deux cohortes d’étudiants-athlètes, soit en 2007 et en 2014 (Cunningham et Pickett, 2018). Cette étude tentait de mettre en lumière les différences dans les expériences sportives entre les athlètes LGB et les athlètes trans en ce qui concerne les préjugés qui leur sont attribués. Les résultats soulignent que les athlètes trans vivaient davantage de préjugés que les athlètes LGB, que

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ces derniers perduraient dans le temps et qu’il ne semblait pas y avoir de différence entre les athlètes féminines et les athlètes masculins trans. D’un côté plus positif, il semblerait que ces préjugés diminuent avec le temps, puisqu’ils sont moins présents dans la cohorte de 2014. Toutefois, les diminutions de ces préjugés observées au fil du temps n'étaient pas aussi importantes que les changements mesurés concernant les préjugés liés aux athlètes LGB. De plus, les préjugés envers les athlètes trans sont plus importants que ceux exprimés à l'égard des personnes LGB. Cette dernière étude offre un aperçu de ce que la présente étude tente de démontrer.

Dans la même veine, une revue de la documentation scientifique portant sur les personnes trans et le contexte sportif a été réalisée en 2017 (Jones et coll., 2017a). Il s’agit de la première revue de documentation scientifique sur le sujet et elle recense 8 articles scientifiques ainsi que 31 politiques sportives, pour un total de 39 documents. Les conclusions de cette revue de la documentation scientifique ont permis d’affirmer que le principal obstacle à la participation des personnes trans dans les activités physiques ou sportives était le manque d’environnements inclusifs et sécuritaires pour elles (Jones et coll., 2017a). De plus, les expériences sportives des personnes trans étaient majoritairement négatives en raison des politiques restrictives de leur sport. En effet, il est important de noter que la majorité des politiques consultées n’étaient pas fondées et pouvaient être restrictives pour les personnes trans. La revue de documentation scientifique conclut aussi que, selon les études actuelles, il n’existe pas de recherche directe ou cohérente suggérant que les femmes trans (ou les hommes) aient un avantage sportif, peu importe le stade de leur transition. Sur ces conclusions, il est possible d’avancer que d’éventuelles recherches sur le sujet permettraient de mieux documenter l’expérience sportive d’athlètes trans au Canada, et particulièrement celle d’athlètes féminines trans de haut niveau, ce qui constitue le propos de cette étude.

Théorie transféministe

L’intention dans le fait d’aborder cette étude avec un cadre transféministe est d’inclure de manière volontaire les femmes trans dans la visée des études féministes. La visibilité du préfixe trans est nécessaire dans cette étude, puisque la définition même du transféminisme bouscule les fondements du sport. En effet, le transféminisme selon Emi Koyama (2001) renvoie au fait que toutes les femmes, bien qu’elles partagent le fait de s’identifier comme femmes, sont différentes. Ainsi, il est nécessaire de reconnaitre et de respecter ces différences pour répondre au vécu de chacune. Tout en soulignant

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les différences, Koyama maintient aussi que les femmes ont des similitudes en tant que femmes, ce qui fait en sorte que la cause transféministe puisse être portée par toutes. De plus, elle soutient qu’elle s’attend à ce que chaque femme, peu importe son identité de genre, reconnaisse ses privilèges. La théorie transféministe émerge dans la troisième vague de féminisme qui nait dans les années 1990 (Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale, 2019). Cette vague de post-féminisme tend à mettre en lumière les différences au sein de la communauté féministe et surtout à les admettre afin de réduire les inégalités encore présentes dans la société (Koyama, 2001). La théorie transféministe soutient encore que le genre est un construit social, mais ajoute aussi que le sexe biologique aurait son caractère construit également (Baril, 2015). Le concept de genre en tant que construit social a permis aux femmes d’avoir un levier important pour démanteler des attitudes traditionnelles concernant les capacités des femmes. Cependant, la construction du genre laisse tout de même la possibilité que certaines politiques ou structures s’appuient sur des concepts biologiques afin de discriminer les femmes. De plus, cette perspective ne permet pas d’expliquer la réalité d’une personne trans qui ne reconnait pas son sexe biologique comme quelque chose d’immuable, bien au contraire. De ce fait, le transféminisme conçoit le sexe comme un construit social de manière concrète. L’exemple de la réalité des personnes intersexuées en est probablement la meilleure image. Auparavant, étant donné que leurs caractéristiques anatomiques ne correspondaient pas aux deux cases établies par la société, des interventions médicales étaient encouragées par différents spécialistes médicaux afin de « remédier à la situation ». Depuis peu, les interventions auprès des personnes intersexuées sont beaucoup moins invasives et il est dorénavant interdit, au Canada, d’assigner un sexe déterminé à un enfant intersexué sans son consentement. Reste que les personnes sont incitées à avoir recours à des interventions chirurgicales ou hormonales afin de « corriger » leur situation génétique et sexuelle. Du côté des personnes trans, le fait de se voir imposer un sexe biologique à la naissance est lié à un sentiment d’inconfort vécu vis-à-vis ce sexe. Ainsi, le transféminisme conçoit que toutes formes d’assignations sexuelles, qu’elles soient politiques ou sociales, sont construites et que chacun devrait avoir le choix de s’assigner son propre sexe et sa propre identité de genre. Cette définition n’est nécessairement pas adoptée par la totalité des féministes, surtout par celles et ceux qui considèrent qu’une femme trans ne peut comprendre la réalité d’une femme « biologique » comme les féministes radicales (Espineira & Bourcier, 2016). L’argument du privilège masculin est mis de l’avant par ces groupes réfractaires au transféminisme, étant donné que la prémisse est qu’une femme trans a nécessairement bénéficié des avantages d’être un homme

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dans sa vie et qu’elle a été socialisée en tant qu’homme. Ce que les porteurs de la théorie transféministe déboulonnent rapidement en rappelant que cette socialisation a probablement été perçue comme un fardeau plutôt qu’un privilège. Le fait de ne pas se conformer aux normes attendues par la société s’est traduit, pour les femmes trans, par du rejet, de la stigmatisation, de la discrimination et même de la haine. Les arguments mis de l’avant par les féministes essentialistes suggèrent que seules les « femmes » peuvent être incluses dans le mouvement féministe, les personnes trans n’y étant pas admises (OUTrans, 2019). Certains mouvements féministes pour le développement du sport chez les femmes sont réfractaires au fait que les HvF décident de prendre part à la compétition (Pieper, 2017). Les militantes de l’époque ont l’impression que les hommes qui décident d’effectuer la transition pour affronter les femmes dans le sport le font dans un but de freiner le progrès des femmes en sport. C’est le cas de Janice Raymond qui percevait l’arrivée de femmes trans dans le contexte sportif comme un moyen de discréditer leurs accomplissements de femmes (Raymond, 1979). Ainsi, les succès reliés aux performances sportives des athlètes trans ne font que renforcer l’idée préconçue que les hommes sont biologiquement et nécessairement plus forts que les femmes. Pour ces revendicatrices d’un sport réservé aux femmes qui sont nées femmes, l’intégration des athlètes trans au sport féminin n’aide en aucun point ce dernier à conserver la mince crédibilité acquise. La théorie transféministe mise de l’avant dans le cadre de ce mémoire vise, entre autres, à déboulonner ces croyances, ou du moins à offrir une autre perspective de la présence des athlètes féminines trans dans les hautes sphères du contexte sportif. Les grands principes du transféminisme ramènent au fait que chaque individu a le droit de définir sa propre identité et d’attendre de la société un respect vis-à-vis ce droit (Koyama, 2003). Ce dernier point amènera probablement quelques conflits avec certains principes de la culture sportive, étant donné ses fondements binaires.

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But et objectifs de recherche

Le but de cette étude est de documenter l’expérience sportive d’athlètes trans canadiennes, qu’ils soient hommes ou femmes. Les objectifs de recherche sont divisés selon qu’ils soient liés aux données quantitatives ou qualitatives. Ainsi, pour ce qui est des objectifs concernant le volet quantitatif, nous allons :

• Détailler statistiquement les expériences sportives d’athlètes canadiennes s’identifiant comme trans ou en questionnement sur leur identité de genre;

• Identifier des manifestations de la LGBT-phobie vécues par ces athlètes, de même que d’autres difficultés rencontrées en lien avec l’expression de genre;

• Cibler les possibles pistes d’intervention possibles afin d’améliorer l’inclusion des athlètes trans dans le contexte sportif selon les perceptions des athlètes sondées.

En ce qui concerne les objectifs liés au volet qualitatif, nous allons :

• Identifier les moments clés de l’expérience sportive des athlètes féminines trans;

• Décrire les expériences sportives des athlètes féminines trans lors du processus de transition; • Déterminer les acteurs facilitants et les acteurs contraignants lors de cette transition dans le contexte sportif;

• Décrire l’importance du sport dans la vie des athlètes féminines trans;

• Examiner les impacts possibles des expériences de victimisation vécues par ces athlètes sur leur cheminement sportif de même que certains des facteurs qui accentuent leur vulnérabilité ou qui facilitent leur résilience.

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Chapitre II : Revue de documentation scientifique

La première partie de la revue de la documentation scientifique est organisée autour des termes et concepts abordés dans le cadre du mémoire afin de mieux établir les bases conceptuelles de cette recherche. Cette section est suivie par la documentation scientifique portant sur la culture du sport et se termine par une section spécifique sur les athlètes trans.

Principaux concepts

Différencier sexe et genre

Les concepts de sexe et de genre sont parfois confondus alors qu’ils ne sont pas interchangeables (Statistique Canada, 2018a). En effet, il est plutôt commun de constater que le concept de genre est parfois utilisé à tort comme synonyme de sexe (Office québécois de la langue française, 2020). Afin d’éviter certaines confusions, les deux concepts seront distingués dans les prochains paragraphes.

Le sexe

De manière générale, il est possible de distinguer le concept de sexe selon trois définitions (Dorais et Breton, 2019). La première étant le sexe assigné à la naissance, soit celui indiqué sur le certificat de naissance, qui détermine notre identité civile (c.-à-d., féminin, masculin ou autre/indéterminé) (Chambre de commerce gaie du Québec, 2014; Dorais et Breton, 2019). La deuxième est le sexe anatomique et fait référence au corps tel qu’il est (Brousselle, 2014; Dorais et Breton 2019). Le sexe anatomique et physiologique d’une personne est souvent associé aux composantes liées à la reproduction sexuée et qui permettent de distinguer les organes mâles et femelles (Dorais et Breton, 2019; Office québécois de la langue française, 2019b, 2020; Statistique Canada, 2018a). La dernière est le sexe d’appartenance, ou l’identité sexuée, et fait référence au rapport individuel d’une personne envers son propre sexe (Centre de santé sexuelle, 2020; Dorais et Breton, 2019). Le sexe d’appartenance est la perception d’un individu quant à sa propre identité sexuée ainsi qu’à son sentiment d’appartenir à une catégorie de sexe (p. ex., femme, homme, intersexué, etc.) (Dorais et Breton, 2019). Il est important de mentionner que le sexe assigné à la naissance, le sexe anatomique et le sexe d’appartenance peuvent différer chez un individu (Dorais et Breton, 2019). La norme véhiculée par la société promeut deux sexes distincts permettant la reproduction sexuée entre l’homme et la femme, mais la nature n’est pas divisée aussi simplement qu’elle peut le laisser paraitre. En effet,

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il est possible de reconnaitre trois sexes ou caractéristiques sexuelles, soit le sexe féminin, le sexe masculin et l’intersexuation (Statistique Canada, 2018b) qui fait référence à une personne présentant des caractéristiques sexuelles des deux sexes. Une personne est dite intersexuée lorsque le sexe présente naturellement des caractéristiques qui n’appartiennent pas strictement à un sexe, que ces caractéristiques soient ambiguës, incomplètes ou intermédiaires, en présentant à la fois des attributs féminins et masculins (Office québécois de la langue française, 2011). Autrefois, les personnes intersexuées étaient identifiées comme hermaphrodites, un terme utilisé en biologie pour décrire des plantes ou des animaux présentant les deux sexes, et qui, avec le temps, tend à disparaitre lorsqu’il est question d’un être humain puisqu’il peut avoir une connotation péjorative. Le terme intersexué inclut une variété de conditions où une personne est née avec des organes sexuels internes ou externes qui ne semblent pas concorder avec les balises typiques du sexe masculin ou féminin (Mazur, Colsman et Sandberg, 2007; Teich, 2012). Ainsi, il s’agit souvent du développement atypique de l’enfant où les chromosomes, les gonades ou le sexe anatomique présentent des caractéristiques hors-norme (Lee, Houk, Ahmed et Hughes, 2006). Bien que ce genre de développement semble particulièrement rare dans les grossesses, selon une estimation, 1 enfant sur 1500 présenterait des signes d’intersexuation à la naissance (Intersex Society of North America, 2006). Autrefois, les enfants qui naissaient intersexués devaient être opérés selon un protocole particulier leur attribuant le sexe féminin ou masculin selon certains facteurs. Cette méthode a mené à des erreurs médicales importantes dues à l’impossibilité de prédire sous quel genre l’enfant se développera. Ainsi, comme il n’y a pas d’urgence à agir, la médecine actuelle préconise le suivi médical d’enfants intersexuées dans le but de leur offrir la possibilité d’avoir recours ou non à l’intervention chirurgicale lorsque ces derniers et ces dernières manifesteront un désir clair et lucide d’un genre en particulier selon la situation (Fausto-Sterling, 2012; Makadon, 2007; Teich, 2012).

Le genre

Le genre aussi peut être défini selon trois différentes conceptions (Dorais et Breton, 2019). D’abord, le premier genre fait référence au genre ressenti, soit notre identité de genre (Dorais et Breton, 2019). Le genre ressenti d'une personne lui est personnel et est déterminé à partir de ce qu’elle ressent intimement à propos d’elle-même (Statistique Canada, 2018c). Le genre ressenti peut ainsi différer du sexe assigné à la naissance (c.-à-d., sexe masculin, sexe féminin ou sexe autre/indéterminé) étant donné qu’il est perçu par la personne (Dorais et Breton). Aussi, le genre ressenti d'une personne peut changer avec le temps. Ensuite, le deuxième concept lié au genre est l’expression de genre ou le genre

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exprimé et il fait référence à la manière dont le genre est véhiculé aux autres. Le genre exprimé peut être masculin, féminin, neutre, non binaire, androgyne, queer, etc. (Dorais et Breton, 2019). Le concept d’expression de genre sera abordé plus en détail dans la section à venir. Puis, le dernier concept est le genre social, soit celui qui permet de déterminer le genre d’une personne socialement selon son sexe, qu’il soit assigné ou anatomique (Dorais et Breton, 2019). Le genre social est ce que l’on attribue socialement aux sexes féminins et masculins de manière à les distinguer dans la société.

Orientations sexuelles

L’orientation sexuelle représente l’attirance physique, sexuelle, romantique ou affective d’une personne pour un type de personnes et de corps donnés (Ministère de la Sécurité publique du Québec et coll., 2018). Il peut s’agir d’une attirance envers un individu du genre opposé à soi, du même genre que soi ou de différents genres existants, et peut impliquer ou non la possibilité d’entretenir une relation intime et sexuelle avec cet individu (Chambre de commerce gaie du Québec, 2014). L’orientation sexuelle est personnelle à chacun et n’est pas nécessairement fixe dans le temps. En effet, dans une étude réalisée en ligne auprès de 17 785 participantes provenant entre autres des États-Unis ainsi que de 47 autres pays, il a été amené que l’orientation sexuelle serait potentiellement fluide (Lucas-Carr et Krane, 2011). En fait, à la manière d’un continuum, l’orientation sexuelle d’une personne pourrait varier selon les expériences vécues, les personnes rencontrées, l’environnement de la personne, etc. (Lucas-Carr et Krane, 2011). Des facteurs génétiques et environnementaux pourraient déterminer à la fois l’étendue de la gamme possible d’orientations sexuelles ainsi que le point auquel l’orientation sexuelle d’un individu se positionne sur le continuum (Buck, Plant, Ratcliff, Zielaskowski et Boerner, 2013; McGoldrick, 2016; Platt et Lenzen, 2013).

Homosexualité

L’homosexualité fait référence à une attirance émotionnelle, affective ou sexuelle d’une personne par les personnes du même sexe qu’elle (Office québécois de la langue française, 2017). Un homme qui s’identifie comme gai peut ressentir une attirance physique, romantique et émotive pour d’autres hommes (Ministère de la Sécurité publique du Québec et coll., 2018). Une femme qui s’identifie comme lesbienne ressent les mêmes choses, mais vis-à-vis les femmes. Il est aussi possible pour une femme lesbienne de s’identifier comme gaie. Dans le cadre d’une étude réalisée par Statistique Canada en 2014 soit l’Enquête sur la santé des collectivités canadiennes, le pourcentage de Canadiennes

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âgées de 18 à 59 ans qui se considèrent comme homosexuelles est de 1,7% (Statistique Canada, 2014).

Bisexualité

Une personne bisexuelle ressent de l’attirance émotionnelle, affective ou émotionnelle envers des hommes et des femmes. Toutefois, il est possible que cette attirance ne soit pas forcément simultanée ni de la même mesure selon le sexe (Ministère de la Sécurité publique du Québec et coll., 2018). D’un point de vue étymologique, le terme bisexuel est formé du bi, qui représente deux, et sexuel pour l’attirance sexuelle (Interligne, 2018). Cette analyse sémantique permet de mettre en lumière le fait que les individus qui s’identifient comme bisexuels sont attirés sexuellement par ceux qui se présentent sous le sexe féminin ou masculin, l’éventail d’identification de genre n’étant pas pris en considération. D’après la même enquête précédemment nommée conduite par Statistique Canada en 2014, le pourcentage de Canadiennes âgées de 18 à 59 ans se présentant comme bisexuelles s’élèverait à 1,3% (Statistique Canada, 2014).

Hétérosexualité

L’hétérosexualité fait référence à une attirance amoureuse ou sexuelle plus ou moins exclusive pour les personnes du sexe opposé (Chambre de commerce gaie du Québec, 2014). Dans le cadre de l’enquête réalisée en 2014 par Statistique Canada sur les couples de même sexe et l'orientation sexuelle, il a été possible d’obtenir des chiffres sur une réalité sociale peu quantifiée et quantifiable (Statistique Canada, 2014). Cependant, aucun chiffre n’a été émis pour établir le nombre d’individus hétérosexuels au Canada. Par déduction aux statistiques recueillies sur l’homosexualité et la bisexualité, il est possible d’établir à un peu moins de 97% des Canadiennes s’identifiant comme hétérosexuelles.

Pansexualité

Une personne qui est dite pansexuelle ressent une attirance amoureuse ou sexuelle pour une personne, indépendamment de son genre (Chambre de commerce gaie du Québec, 2014).

Asexualité

Une personne qui est dite asexuelle ne ressent d’attirance sexuelle pour personne (Chambre de commerce gaie du Québec, 2014). Il semble exister un vaste éventail de diversités au sein de la

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communauté de personnes asexuelles en termes d’identification et de pratiques sexuelles (Carrigan, 2011).

Discriminations liées à l’orientation sexuelle

Selon le Larousse, une discrimination concerne le « fait de distinguer et de traiter différemment (le plus souvent plus mal) quelqu'un ou un groupe par rapport au reste de la collectivité ou par rapport à une autre personne ». Dans le cas des discriminations liées à l’orientation sexuelle, elles sont négatives et prennent différentes formes : soit en considérant l’hétérosexualité comme seule orientation sexuelle admissible ou en rejetant toutes les autres orientations sexuelles.

Hétérosexisme, hétérocentrisme et hétéronormativité

Ces trois formes de discriminations liées à l’orientation sexuelle ont comme point commun le fait de considérer l’hétérosexualité comme unique orientation sexuelle ou qui la normalise. En effet, l’hétérosexisme place l’hétérosexualité comme supérieure aux autres orientations ou comme norme dans la société (Ministère de la Sécurité publique du Québec et coll., 2018). L’hétérosexisme se répercute autant dans les pratiques culturelles, sociales, légales qu’institutionnelles qui « dénient, ignorent, dénigrent ou stigmatisent toutes formes non hétérosexuelles de comportements, d’identités ou de relations ». Ainsi, c’est à travers cette forme de discrimination, souvent associée à de l’exclusion ou de l’invisibilisation des gens qui n’y adhèrent pas, que l’hétérosexisme se manifeste. Pour ce qui est de l’hétérocentrisme, il s’agit d’un système de pensée basé sur la notion que l’hétérosexualité soit la seule orientation sexuelle existante et qui soit considérée comme valide (Ekin 2005). L’hétéronormativité fait référence à la promotion de certaines normes et d’une vision principalement binaire selon quatre dimensions, soit les sexes (c.-à-d., féminin et masculins), les genres (c.-à-d., femme et homme), les orientations sexuelles (c.-à-d., hétérosexuelle et homosexuelle) ainsi que les rôles sociaux (c.-à-d., mère et père). De plus, l’hétéronormativité présuppose qu’il existe une linéarité entre ces quatre dimensions, c’est-à-dire que la femme est féminine, mère et hétérosexuelle, alors que l’homme est masculin, père et hétérosexuel. Il est donc possible de dire que l’hétéronormativité suggère ainsi des comportements, des conduites et des normes à adopter selon le sexe, le genre, l’orientation sexuelle et les rôles sociaux. Selon cette perspective, une personne qui ne s’y conforme pas est immédiatement relayée à une position inférieure puisque l’hétéronormativité est perçue comme supérieure.

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Homophobie, lesbophobie, gayphobie et biphobie

L’homophobie se traduit par des attitudes liées au rejet et à la discrimination directe ou indirecte envers les personnes homosexuelles ou des personnes dont les comportements, les conduites et l’apparence sont différents des normes véhiculées en matière de féminité ou de masculinité (Ministère de la Sécurité publique du Québec et coll., 2018). Le terme homophobie se décline en lesbophobie, gayphobie et biphobie afin de prendre en compte les préjugés particuliers que peuvent vivre les lesbiennes, les gaies et les bisexuelles. Le terme homophobie est composé du préfixe homo, qui signifie identique ou même, ainsi que du mot phobie qui signifie peur, l’homophobie réfère donc à un rejet violent de l'homosexualité (Amnesty International, 2019). Afin de regrouper ces formes de phobie en lien avec l’orientation sexuelle sous un même thème, il est possible de faire référence à la LGB-phobie. Une personne homosexuelle peut vivre une homophobie intériorisée lorsqu’elle ressent un sentiment de culpabilité, de honte ou de haine de soi dû à sa propre attirance envers une personne du même sexe (Ministère de la Sécurité publique du Québec et coll., 2018). Ce fait est aussi applicable pour les personnes lesbiennes, gaies et bisexuelles et la LGB-phobie intériorisée correspond donc à l’expression d’un rejet de sa propre orientation sexuelle.

Les effets et les manifestations de la LGB-phobie

Plusieurs études ont été réalisées sur les effets de la LGB-phobie, particulièrement chez les jeunes en contexte scolaire. Dans le cadre de ces études réalisées sur les minorités sexuelles, il était souvent question des répercussions pour une personne d’afficher son orientation sexuelle. Toutefois, le terme minorité sexuelle fait référence autant à l’orientation sexuelle qu’à l’identité de genre (Haas et coll., 2010). Dans les études récentes, il est avancé que les minorités sexuelles sont plus à risque de vivre des épisodes dépressifs ou avoir des pensées suicidaires que les personnes qui s’identifient comme hétérosexuelles (Chamberland et Bédard, 2013; Haas et coll., 2010). Une étude réalisée auprès de 1856 adolescentes de 3e, 4e et 5e secondaires au Québec, révélait des statistiques inquiétantes sur

le sujet (Zhao et coll., 2010). En effet, selon cette étude, les adolescentes ayant des attirances ou des comportements sexuels avec des personnes du même sexe, ou qui sont incertaines de leur orientation sexuelle, ont des probabilités d’avoir eu des pensées suicidaires ou d’avoir commis une tentative de suicide au cours des 12 derniers mois de deux à trois fois plus élevées que les adolescentes exclusivement hétérosexuelles. Cette différence entre les personnes appartenant à une minorité sexuelle et les personnes hétérosexuelles peut s'expliquer par des expériences

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discriminatoires et de rejet vécues comme l’ont documenté Kaufman, Baams et Dubas (2017) dans une étude menée auprès de jeunes Allemands. Cette étude a été conduite grâce à un questionnaire en ligne distribué à 267 jeunes âgés de 16 à 22 ans qui s’identifient comme non hétérosexuels (Kaufman, Baams et Dubas, 2017). À comparer aux autres études portant sur la violence explicite vécue par les minorités sexuelles, celle-ci s’est penchée sur les conséquences liées aux discriminations subtiles et quotidiennes, aussi appelées microagressions. Les chercheurs qui ont mené cette étude ont été en mesure d’établir que les expériences de microagression étaient indirectement liées aux symptômes dépressifs, par le biais de la rumination. Ces résultats appellent à une prise sur conscience de l'impact potentiellement négatif d'expériences de microagression, sur la discrimination explicite et sur les effets négatifs de la rumination sur la santé mentale.

Les manifestations de la LGB-phobie sont multiples et ont grandement été étudiées dans divers contextes. Les formes les plus couramment citées sont la discrimination, la stigmatisation et les agressions physiques ou verbales (Burton, Marshal, Chisolm, Sucato et Friedman, 2013; Hatzenbuehler, Nolen-Hoeksema et Erickson, 2008; Kuyper et Fokkema, 2011). Ces différentes manifestations surviennent sur la base de l’identité sexuelle réelle ou perçue (Burton et coll., 2013), ainsi tout le monde peut être la cible de LGB-phobie.

Identité de genre et expression de genre

Tel que mentionné précédemment, l’identité de genre découle de la perception personnelle d’un individu quant à son propre genre et la position que ce genre occupe sur un continuum (Statistique Canada, 2018c). En fait, l’identité de genre se définit comme une expérience intime et personnelle de se sentir comme homme ou comme femme, de s’identifier aux deux genres, à aucun de ces genres ou même à une identité autre (Ministère de la Sécurité publique du Québec et coll., 2018). L’identité de genre d’une personne est indépendante de son sexe assigné à la naissance ainsi que de son sexe anatomique. L’expression de genre fait référence au genre qu'une personne exprime publiquement dans toutes les sphères de sa vie quotidienne (Statistique Canada, 2018c). En effet, la société actuelle fournit des informations afin de permettre à chacun de classer, selon des critères définis, les êtres humains selon leur genre, soit traditionnellement en tant qu’homme ou femme, ou toute autre diversité de genre (Statistique Canada, 2018d). Lorsqu’il est question d’expression de genre, il s’agit de la manière dont une personne perçoit son identité de genre et l’exprime aux autres (Chambre de commerce gaie du Québec, 2014). Ainsi il est possible, à travers les codes vestimentaires, les codes

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langagiers et les autres attributs liés aux genres, pour une personne choisie d’exprimer son genre (Chamberland, Baril et Duchesne, 2011). Une personne peut décider de s’identifier comme homme, comme femme ou encore se situer quelque part entre ces deux pôles, et ce peu importe son sexe biologique. L’identité de genre est un reflet de la perception d’une personne envers son propre genre, elle peut être intériorisée et demeurer invisible au regard des autres (Chambre de commerce gaie du Québec. 2014).

Représentations du genre

Cisgenre

Une personne cisgenre identifie son genre avec son sexe assigné à la naissance. Le préfixe « cis » fait référence au terme « du même côté », donc le genre est du même côté que le sexe (Teich, 2012). Les chiffres exacts ne sont pas disponibles sur le sujet, mais il serait juste d’avancer que la majorité de la population s’identifie comme cisgenre ou non transgenre. Au même titre que l’orientation sexuelle, il est possible de voir le genre sur un continuum (Teich, 2012). Les prochains concepts élaborés ci-dessous mettent en lumière les diversités de genres (Aultman, 2014; Teich, 2012).

Non-conformisme de genre et créativité sur le plan du genre

Le non-conformisme de genre et la créativité sur le plan du genre font référence à une personne qui choisit d’exprimer son genre différemment de la majorité. Le fait qu’une personne exprime un genre qui est non conforme n’est pas directement lié au désir de cette personne de changer de genre. En effet, le non-conformisme peut être associé à la pratique sportive, aux loisirs, au style vestimentaire favorisé, aux préférences musicales ainsi qu’au cercle d’amis de la personne (Chamberland, Baril et Duchesne 2011). Dans ce sens, il est possible d’identifier des personnes qui affichent un genre variant ou un genre queer. Le terme queer a longtemps été perçu comme péjoratif dans les communautés LGBT, puisqu’il est synonyme de différent (Teich, 2012). C’est pour cette raison que ce terme a été réapproprié par les communautés LGBT de façon à le transformer en symbole d’autodétermination et de mouvement de libération pour tous ceux qui n’adhèrent pas à la norme promue par la société (Ministère de la Sécurité publique du Québec et coll., 2018; Teich, 2012). En effet, toutes personnes

queer revendiquent la liberté de penser, d’agir et d’être sans devoir se soumettre aux normes promues

dans la société. Le terme queer est donc porteur de cette contestation des normes sociales dans la représentation individuelle de sexe, de genre, d’identité de genre et de rôles sociaux. Concrètement,

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une personne se proclamant queer soutient donc que son orientation sexuelle soit fluide ou non conforme aux orientations socialement proposées. Le genre queer est présenté comme étant un genre variant soit dans l’identité ou dans l’expression du genre. Le mouvement queer est pour ainsi dire un refus du modèle social où les gens sont présumés cisgenres et hétérosexuels.

Trans, transgenre, transsexualité et transidentité

De manière générale, il est possible d’assumer que le sexe assigné à la naissance, le genre, l’identité de genre ainsi que l’expression de genre sont souvent cohérents chez même un individu. Ce n’est toutefois pas toujours le cas. En effet, les personnes dites transgenres ressentent une incongruité entre leur sentiment personnel de genre ainsi que leur genre ou leur sexe assigné à la naissance (Burdge, 2007; Diamond, 2002; Lucas-Carr et Krane, 2011; Mayer, 2008). La racine commune des mots transgenre, transsexualité et transidentité provient du préfixe trans qui signifie au-delà, exprimant ainsi l'idée de changement, de traversée. Pour ce qui est du mot genre, il fait référence à un ensemble de traits communs à des êtres ou à des choses caractérisant et constituant un type, un groupe, un ensemble. Le terme transgenre signifie donc littéralement la traversée des genres. De nos jours, le mot trans est défini comme un mot parapluie, regroupant une variété d’identités auxquelles il réfère (Feinberg, 1998; Lucas-Carr et Krane, 2011; Plante, 2006). Comme mentionné précédemment, le nomenclature trans ou trans* est souvent utilisé afin de regrouper les différentes identités de genre, tels que les termes transgenre, transsexué, queer, travesti, troisième sexe, pangenre, androgyne et intergenre, qui font partie intégrante de la définition actuelle du mot trans, sous un même terme. De manière plus précise, il est nécessaire de différencier transgenre de transsexué, puisque ces deux mots, souvent utilisés dans des contextes similaires, ne sont toutefois pas interchangeables et nécessitent qu’on leur accorde leurs spécificités. En effet, le mot transsexué fait référence à une personne qui s’identifie au sexe opposé à celui assigné à la naissance et qui a complété sa transition (Teich, 2012). Lors d’une transition, les démarches à effectuer peuvent être d’ordre médical, social et/ou légal. Lorsqu’une personne a eu recours à un processus comprenant un traitement hormonal ainsi que chirurgical dans un but de réassignation sexuelle dans sa transition, elle est considérée comme transsexuée. Pour une personne transgenre, il n’est pas question du processus de transition complet. Il est donc possible de différencier transgenre de transsexué de manière générale, mais pas nécessairement hors de tout doute, car chaque cas est différent et doit être considéré individuellement (Chambre de commerce gaie du Québec 2014). Les termes transidentité et transgenrisme font référence au décalage avec le sexe biologique et l’identité de genre. Ce sentiment d’incohérence est

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ressenti à différents degrés pas les personnes transsexuées, les personnes transgenres ainsi que certaines personnes queers (Chambre de commerce gaie du Québec, 2014). Dans le cadre de certaines études, le terme trans* utilisé avec un astérisque permet l’inclusion d’une plus grande variété d’identités de genre, telles que les personnes transsexuées, transgenres, non binaires, bigenrées, agenrées, bispirituelles, travesties (Baril, 2017). Pour ce qui est de ce projet de recherche, les termes transgenres et trans seront utilisés.

Dans le cas d’un homme trans, il est donc question d’un homme dont le sexe assigné à la naissance n’était pas masculin et qui a effectué une transition vers ce sexe. À l’inverse, pour ce qui est d’une femme trans, il s’agit d’une femme dont le sexe assigné à la naissance n’était pas féminin et qui a effectué une transition vers ce sexe. Lorsque les personnes trans sont en processus de changement de genre, il est possible de qualifier ces transitions de femme vers homme (FvH) et d’homme vers femme (HvF) par le fait que la personne dont le sexe assigné à la naissance est en transition vers l’autre sexe. Ce processus peut être combiné d’une prise d’hormones ainsi que d’interventions chirurgicales, mais ces passages ne sont pas obligatoires, puisque la décision est propre à chacun (Chambre de commerce gaie du Québec, 2014).

Bispiritualité

Dans certaines communautés autochtones nord-américaines, une personne bispirituelle incarne des caractéristiques ainsi que des qualités considérées comme étant à la fois masculines et féminines. De manière générale, le terme bispirituel est utilisé dans certaines communautés autochtones pour désigner les personnes trans (Chambre de commerce gaie du Québec, 2014). La bispiritualié fait donc référence à la représentation à la fois masculine et féminine d’une personne dans ses identités de genres, dans ses expressions ainsi que dans ses rôles (Teich, 2012). Dans la société Navajo traditionnelle, les genres femme masculine et homme féminin sont considérés comme des genres à part entière, distincts de ceux d’homme et de femme (Wesley, 1997). Cette flexibilité dans la conception du genre permet aussi une meilleure acceptation des diversités sexuelles et de genres au sein de ces communautés. De plus, les rôles et les activités habituellement associées à un genre sont plus accessibles pour les hommes ou les femmes. Dans des communautés en Océanie, un troisième genre est aussi reconnu. Ces personnes du troisième genre sont nommées fa'afafine au Samoa (Farran, 2010; MacKinnon, 2017), fakaleiti dans les Tonga (Farran, 2010) et rae rae ou mahu en Polynésie française (Lacombe, 2013). De manière générale, ce sont des hommes élevés comme des femmes

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