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Une union proclamée au ciel : nature et obligations du mariage selon la doctrine juive traditionnelle

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Texte intégral

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R3iX

SOPHIE RÉGNIÈRE

UNE UNION PROCLAMÉE AU CIEL : NATURE ET OBLIGATIONS DU MARIAGE SELON LA DOCTRINE JUIVE TRADITIONNELLE

Mémoire présenté

à la Faculté des études supérieures de Γ Université Laval

pour Γ obtention du grade de maître ès arts (M,A.)

FACULTÉ DE THÉOLOGIE ET DE SCIENCES RELIGIEUSES UNIVERSITÉ LAVAL

OCTOBRE 2000

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Cette recherche traite de l’étude de la nature et des obligations du mariage juif à partir d’un point de doctrine traditionnelle du Talmud de Babylone voulant que D’ieu ait uni l’homme et la femme quarante jours avant leur stade embryonnaire. S’ensuit une séparation nécessaire de ces âmes dans leur vie terrestre avant de renouer contact par le mariage, appelé kiddushin, impliquant une union par et avec D’ieu. Cette sanctification, le mariage, répond à deux buts précis : la compagnie et la procréation.

Une attention particulière sera portée au récit du tout premier mariage de la Création : celui de Adam et de Hava. Il est impossible de passer sous silence le récit de la création de la femme, puisque l’existence même des kiddushin en fut conditionnée. Nous situerons la place et l’influence que la femme peut avoir au sein du mariage, ainsi que les qualités morales que doit rechercher un homme chez une femme.

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Un travail d’une telle envergure ne peut être réalisé sans s’assurer la collaboration et le soutien de nombreuses personnes. Je souhaite donc leur exprimer mes plus sincères remerciements.

Au Grand Rabbin David Sabbah et Monsieur Jean-Claude Filteau, directeur et co- directeur de mémoire, pour leur assistance, leur encadrement, leurs encouragements constants.

Au Rabbin Samuel B. Prager, pour sa rigueur intellectuelle, son amour de la

Torah et sa passion pour l’étude, qu’il a bien voulu partager avec moi.

À Lucie Delisle, Jacques Bélanger et Jean-Thomas Nicole, mes premiers lecteurs, pour l’intérêt qu’ils ont porté à ce travail de recherche et pour les judicieux conseils qu’ils m’ont prodigués.

À Nestor Fiamba Mpimpa, pour la relecture complète de ce mémoire et l’aide apportée pour sa présentation matérielle.

À Hava et Moché Suissa, pour leurs encouragements et pour être, dans leur vie quotidienne, le meilleur exemple d’application de ce mémoire.

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Résumé... i

Avant-propos...ii

Table des matières...iii

Liste des tableaux...vi

Liste des illustrations...vii

INTRODUCTION 0.1 Introduction générale... 1

0.2 Intérêt du sujet... 3

0.3 Méthodologie... 3

0.3.1 La Torah... 5

0.3.2 Les commentaires classiques, les Midrashim, Talmudim et Zohar 6 0.3.3 Les codes de lois mosaïques... 8

0.4 Approches herméneutiques préliminaires... 9

0.5 Présentation du plan du mémoire... 11

Repères chronologiques... 13

Tableau des concordances des livres de la Bible... 20

Tableau de la disposition et du contenu des traités de la Mishna et du Talmud... 21

Glossaire des termes hébraïques et yiddish utilisés... 25

Conclusion générale... 187

Bibliographie... ... 191

CHAPITRE PREMIER : LES FONDEMENTS THÉOLOGIQUES DES KIDDUSHIN 1.1 Le mariage, une institution humaine... 30

1.2 La vision du Judaïsme : les kiddushin... 33

1.3 Importance des kiddushin... 34

1.4 Une pré-union : un seul être bien avant la naissance... 38

1.5 Le troisième partenaire : la présence de D’ieu dans les kiddushin... 45

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1.7 Le premier mariage : Adam et Hava... 53

1.7.1 Le double principe mâle et femelle... 53

1.7.2 La création de la femme... 55

1.7.3 La célébration du tout premier mariage... 58

1.7.4 La prédestination des époux... 60

CHAPITRE DEUX : LES BUTS DU MARIAGE 2.1 Le support et Γaffection mutuels... 64

2.1.1 Le rejet du célibat... 64

2.1.2 La complicité de D’ieu : la prédestination... 66

2.1.3 L’amitié : le ciment de la vie conjugale... 68

2.1.4 La Règle d’Or : les différentes facettes de l’amour... 69

2.1.5 Les allégories du mariage... 75

2.1.6 La complémentarité des époux... 78

2.2 La procréation... 80

2.2.1 Importance de la mitzvah de procréer... 80

2.2.2 Les couples sans enfants... 84

2.2.3 La contraception et l’avortement... 87

CHAPITRE TROIS : LE MARIAGE : CÉRÉMONIE ET ENGAGEMENTS 3.1 Les diverses obligations des époux... 91

3.2 Un devoir mutuel : la fidélité... 93

3.3 La Huppah ou la cérémonie... ... 95

3.3.1 Le moment de la célébration... 96

3.3.2 Un cérémonie en deux étapes : kiddushin et nissuin... 97

3.3.3 Coutumes précédant la cérémonie... 98

3.3.4 La première partie de la cérémonie : les erusin... 103

3.3.5 La seconde partie de la cérémonie : les kiddushin... 104

3.3.6 Conclusion de la cérémonie et festivités... 106

3.4 La Ketubah ou les devoirs du mari envers son épouse... 108

3.4.1 Le contrat de fiançailles : les Tenaim... 109

3.4.2 Le contrat de mariage : la Ketubah... 113

3.5 Un devoir particulier au mari : le devoir conjugal... 121

3.6 Les devoirs de l’épouse envers son mari... 127

(6)

3.7.1 Táharah et Toumah : les concepts de pureté et d’impureté... 132

3.7.2 L’importance des lois de la Pureté familiale... 134

3.7.3 Le lien indissociable entre la pureté et la sainteté... 135

3.7.4 Une autre manière de démontrer son amour... 138

CHAPITRE QUATRE : LES CONDITIONS DE FORMATION DU MARIAGE 4.1 Les mariages prohibés de façon permanente... 142

4.1.1 Consanguinité et liens familiaux... 142

4.1.2 Une exception à la règle : la loi du lévirat... 146

4.1.3 Les mariages mixtes... 149

4.2 Les mariages temporairement invalides... 153

4.3 La monogamie, la polygamie et le concubinage... 154

4.4 La dissolution du mariage : la mort ou le divorce... 160

4.4.1 La procédure du divorce... 160

4.4.2 Les motifs possibles du divorce... 163

4.4.3 Une situation particulière : le cas de la Agunah... 166

CHAPITRE CINQ : LA PLACE DE LA FEMME DANS LE MARIAGE 5.1 Le mariage : une option pour la femme... 168

5.2 La place de la femme au sein du couple... 172

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Traduction du texte d’un Tenaïm... 110 Traduction du texte d’une Ketubah... 117 Tableau des mariages prohibés en raison de la cosanguinité et de liens de parenté d’après Vayïqra 18 et 20... 143 Traduction du texte d’un engagement financier pour accorder une Halizah si nécessaire... 148 Traduction du texte d’un Get... 162

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Fiancée voilée... 95

Marié portant la kittel... 99

Mariés sous la Huppah... 100

Procession de la mariée... 102

Coupes à vin... 104

Bagues de cérémonie... 104

Cheva brachot... 106

Texte hébraïque des Cheva brachot... 106

Le verre cassé... 107 Chant traditionnel... 108 Ketubah... 117 Kinyan... 120 Signature de la Ketubah... 120 Miqve... 134 Chaussure de Halizah... 147

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0.1 Introduction générale :

De nos jours, les gens ont peur de s’engager de façon définitive dans le mariage; quand bien même ils s’engagent, l’instabilité demeure. Au Canada, le nombre de couples qui décident de se marier est en chute libre1 et de plus en plus, on semble se diriger vers une nouvelle forme de liens conjugaux : l’union libre, de plus en plus populaire.

Cependant, chez ceux qui décident de s’engager dans les voies du mariage, la très grande majorité des unions proclamées le furent par un membre du clergé.2 Ce qui nous laisse néanmoins supposer que le mariage est d’actualité, et que l’ensemble de ses règles s’adaptent à chaque génération.

Le divorce est célébré comme le couronnement de l’autonomie individuelle avec toutes les conséquences que l’on connaît sur les enfants. Il va sans dire que le nombre élevé de divorces au sein des communautés juives orthodoxes pose de graves problèmes à la viabilité et à la stabilité de la famille juive. Une attention particulière doit être portée à

1 En 1998, au Canada, furent célébrés 151224 mariages, soit une baisse de 5% par rapport à l’année précédente, et de 24% par rapport à 1972, une année record où l’on avait enregistré 200470 mariages.Voir CANSIM, Statistics Canada’s online database, Matrix 6 : Marriages.

2 Quelle que soit la confession religieuse. En 1997, 76% des mariages célébrés le furent dans le cadre d’une cérémonie religieuse. La proportion augmente jusqu’à 82% chez les couples célébrant un premier mariage. Voir CANSIM, Statistics Canada’s online database, Matrix 6 : Marriages.

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tout ce qui a trait, au sein de ces communautés, au mariage, mais également aux responsabilités qui en découlent.

Cette recherche traite de l’étude de la nature et des obligations du mariage juif à partir d’un point de doctrine traditionnelle que nous retrouvons dans le Talmud de

Babylone*. Selon le Talmud, D’ieu a uni l’homme et la femme quarante jours avant leur

stade embryonnaire3.

Après cette union s’ensuit une séparation nécessaire de ces âmes dans leur vie terrestre avant de renouer contact par le mariage, appelé kiddushin. Ce terme signifiant « sanctification », il implique donc une union par et avec D’ieu le Créateur. Ainsi se réalise le plan de D’ieu dans leur vie, prévu depuis les débuts de la Création. Voilà qui explique le choix de l’intitulé de notre recherche : Une union proclamée au Ciel : nature

et obligations du mariage selon la doctrine juive traditionnelle.

Une attention particulière sera portée au récit du tout premier mariage de la Création : celui de Adam et de Hava. Une première union qui sert toujours de modèle encore de nos jours, malgré la désaffection du mariage.

De plus, pour et par les kiddushin, cette sanctification, le mariage répond à deux buts précis : la compagnie et la procréation. Nous montrerons en quoi ces deux objectifs sont nécessaires à l’être humain pour parfaire sa sanctification dans le mariage et dans quelle mesure l’amour a sa place dans l’exécution des commandements.

Or, en abordant l’étude du premier mariage, il est impossible de passer sous silence le récit de la création de la femme. L’existence même des kiddushin fut conditionnelle à la création de la femme. Nous situerons donc quelle place et quelle influence la femme peut avoir au sein du mariage, toujours étudié sous l’angle de la doctrine juive traditionnelle. Nous relèverons alors quelles sont les qualités morales que doit rechercher un homme chez une femme.

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0.2 Intérêt du sujet :

Comme nous l’avons déjà mentionné plus haut, les règles du mariage semblent s’être pliées à une évolution inévitable et tout à fait naturelle. Il nous a semblé intéressant de montrer que ces règles conservent toute leur souplesse tout en maintenant un encadrement nécessaire au couple marié. Nous montrerons également que cette souplesse existe au sein de la tradition juive orthodoxe, perçue par les observateurs extérieurs comme étant un monde extrêmement fermé.

En outre, le monde juif francophone ne dispose que de très peu d’ouvrages de langue française. On assiste à une émergence d’ouvrages, traductions de textes classiques ou d’études contemporaines, depuis quelques années. Nous pensons que cette recherche peut s’inscrire dans ce sillage.

Enfin, et pourquoi pas, nous espérons donner le goût à tous nos lecteurs de s’impliquer davantage dans leur union personnelle. Si nous pouvons apporter notre minime contribution à démystifier ou à expliquer le mariage du point de vue de la tradition juive à un public francophone, nous aurons atteint un but louable.

0.3 Méthodologie :

Pour y parvenir, nous utiliserons l’herméneutique textuelle selon la perspective rabbinique. Nous allons comparer certains textes fondamentaux du judaïsme traditionnel, notamment la Torah* ainsi que ses commentaires classiques, les Talmudim*, les

Midrashim* et le Zohar*. Ces textes offrent trois niveaux d’interprétation différents : pshat*, drash* et sod*. À cette étude nous ajouterons celle de textes rabbiniques de

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première importance, tels les Codes de Maïmonides ou de Yossef Caro. Nous verrons également quelques auteurs contemporains.

De cette manière, nous aurons fait la synthèse des enseignements majeurs du Judaïsme traditionnel sur le mariage.

Notre recherche sur le mariage repose en grande partie sur des textes légaux de la littérature rabbinique qui, eux-mêmes, dérivent de la Torah. Il importe donc de présenter au lecteur la nature de ces textes ainsi que les différentes méthodes d’interprétation qui y sont reliées et qui nous ont servi à cheminer dans notre projet de recherche.

La Halakah* vient de la racine hébraïque halakh, qui signifie «marcher». Elle enseigne donc la voie à suivre pour tout Juif, tel qu’il est dit dans la Torah : « Tu

élucideras pour eux les décrets et les lois et tu leur feras connaître la voie dans laquelle ils marcheront, ainsi que la façon dont ils doivent agir.4 » Elle comprend toutes les

obligations religieuses auxquelles doivent se soumettre les Juifs. Elle définit les relations personnelles, extra-personnelles, et les rapports avec D’ieu. Elle englobe également tous les aspects de l’existence.

La Halakah se fonde sur une hiérarchie des sources : ainsi, plus la source est ancienne, plus son autorité est grande. De cette manière, nous pouvons prétendre que la

Torah est plus importante que la Mishna, cette dernière faisant autorité sur la Guemara,

et celle-ci étant plus importante que les décisions halakhiques ultérieures.

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0.3.1 La Torah

La Torah constitue néanmoins le texte le plus important et la base même de la religion juive. On raconte qu’elle fut donnée par D’ieu lui-même à Moshé sur le mont Sinai.

On retrouve cependant deux Torot *: outre la Torah écrite (che birktav), la Torah orale (che be al-pe), dont la transmission se fit oralement (avant d’être consignée par écrit, sous la forme de la Mishna) et qui constitue en quelque sorte, !’application de la

Torah écrite.

On distingue deux approches différentes parmi les rabbins de l’époque talmudique concernant !’interprétation de la Torah écrite et la modalité de sa Révélation.

La première met en valeur les récepteurs humains de la Torah : on affirme que cette dernière fut rédigée dans la langue des hommes. La Torah quoique d’origine divine, constitue un document historique, donnée dans des conditions historiques précises. D’où la méthode d’interprétation dupshat.

Le pshat signifie « dévêtir » et vise à trouver le sens obvie, littéral d’un texte. Les commentaires de la Torah tombent en général dans les catégories de la littéralité ou de l’exégèse. Citons à titre d’exemple, le célèbre commentaire de Rashi qui entre dans cette catégorie; ce dernier annonçant même dans son propos que son but est justement de donner la signification littérale du texte. Une autre méthode s’inscrit en complémentarité avec celle du pshat : l’analyse étymologique, qui constitue une approche symbolique des mots hébraïques, des racines et des lettres qui les composent.5 Voilà une méthode largement utilisée par Rashi et Samson Raphaël Hirsch, menant le plus souvent vers un ultime niveau d’interprétation. Ainsi, par le pshat, on peut parvenir à voir le sens dans

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son essence. On peut parfois accéder jusqu’au sod, où l’on découvre réellement le sens caché, à force de « dévêtir » le texte.

0.3.2 Les Midrashim, Talmudim et le Zohar

La seconde approche consiste à mettre en valeur le Révélateur de la Torah, en soulignant ses traits métaphysiques. L’origine de la Torah étant divine, son langage mérite d’être interprété : voilà le drash. Le professeur David Banon définit le Midrash (rédaction : I er au XII ème siècles) comme la catégorie juive de !’interprétation qui, non seulement met l’accent sur l’importance primordiale de la lecture du texte biblique, mais aussi sur sa sollicitation6, c’est-à-dire sa capacité de produire des significations nouvelles7.

Dans cette optique, on peut prétendre que la Torah est doublée de significations, c’est-à-dire qu’il y a des versions sans cesse à découvrir. Le Midrash présente donc une liberté d’interprétation très large. Sa modalité de lecture suppose que la lettre n’est pas un obstacle pour l’exégèse, mais elle vise à faire une mise en relief du sens à partir de transformations ordonnées. Les rabbins ont ainsi mis au point des règles d’herméneutique pour élucider des significations non littérales du texte biblique et qui souligneraient son implication légale ou son message éthique.

Le terme Mishna (rédaction : 200-220) désigne de manière générale la Loi orale sous tous ses aspects. C’est également la première compilation exhaustive de la Loi orale, se présentant comme un recueil de discussions et de débats halakhiques (juridiques). Les opinions minoritaires sont toujours citées en premier, pour insister sur le fait qu’elles

6 BANON, David, Le midrach, Paris, P U F., 1995, collection Que sais-je, numéro 3019, p. 70.

7 Au sujet de l’emploi de textes pouvant être qualifiés de mythologiques ou de légendaires, comme le sont par exemple certains Midrashim, il convient de préciser qu’ils ne constituent pas en tant que tel des objets de croyance, mais plutôt des exemples construits pour conduire à un dépassement de la pensée. Voilà un point commun avec la philosophie occidentale : !’utilisation de la mythologie comme instrument didactique, qui peut s’illustrer par les exemples de la Théogonie d’Hésiode ou du célèbre Mythe de la

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toujours en fin de paragraphe et est introduite par l’une des deux formules suivantes :

« Rabbi Yehuda dit que... » on« mais les Sages déclarent que... »

La Mishna comporte six ordres (Shass, cet acronyme désignant également l’agencement des ordres et traités du Talmud qui sont les mêmes)8 :

1. Zeraim : (semences) : essentiellement des lois agricoles mais aussi des bénédictions; 2. Moed (les fêtes) : lois d’observance du Shabbat, des fêtes et des jeûnes;

3. Nashim (les femmes) : lois du mariage, du divorce;

4. Neziquin (les dommages) : lois civiles et criminelles, enseignements moraux;

5. Qodashim (choses saintes) : règles de l’abattage rituel des animaux, service au

Temple;

6. Tohorot (puretés) : lois de pureté et d’impureté rituelle.

Quant au Talmud, il constitue le fondement de l’autorité des lois et traditions juives accumulées sur une période de sept siècles (de -200 à 500 de notre ère). Il comprend essentiellement la Mishna et les discussions rabbiniques de la Guemara. (200- 400 et 600) Il en existe deux : le Talmud de Jérusalem (fin de la compilation vers l’an 400) et le Talmud de Babylone (fin de la compilation vers l’an 600), ce dernier faisant autorité. La Mishna demeure la même dans les deux cas, seule la Guemara varie.

Contrairement à la Mishna qui ressemble à une anthologie d’aphorismes juridiques, les textes formant la Guemara conservent la démarche des académies rabbiniques de l’époque. On peut résumer en disant qu’elle est la description des discussions polémiques se déroulant autour d’une Mishna9 afin d’en élucider le texte. Bien plus, à la différence de la Mishna, la Guemara ne se limite pas à des questions

8 Les traités qui composent la Mishna seront exposés dans le Tableau de la disposition et du contenu des

traités de la Mishna et du Talmud suivant cette introduction.

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législatives, puisque l’on y retrouve entremêlés des sections du Midrash, des histoires au sujet des rabbins, des conseils médicaux, etc.

Le Zohar (XIII ème siècle) constitue le texte fondamental de la kabbale, et est composé comme un commentaire herméneutique de la Torah. Son style imite le Midrash et préfère donc le genre homilédque à !’investigation théorique ou littérale. Le Zohar en tant que commentaire herméneutique, joue dans le monde de ce que l’on appelle le sod, c’est-à-dire celui des métaphores et des symboles, bref, du sens caché du texte.

0.3.3 Les codes de lois mosaïques

Pour faciliter la consultation de la Halakha les rabbins ont choisi d’introduire un nouveau système de codification. Le premier à l’utiliser fut Isaac Alsafi (le Rif) qui publia le Hilkhot ha-Rif (XI ème siècle). Maïmonides (ΧΠ ème siècle) rédigea lui aussi un code des lois mosaïques qui fit rapidement autorité : le Mishne Torah (ou Y ad ha-

Hazakah). Ce code demeure encore actuellement le recueil de lois juives le plus complet

et le plus systématique; il traite de tous les aspects de la Loi incluant celles relatives au Temple (même si elles ne peuvent plus être appliquées en raison de la destruction de ce dernier).

Le Shulhan Arukh de Yossef Caro (XVI ème siècle) est certainement le plus illustre de ces codes. Le Shulhan Arukh, complété par la Mappah, les commentaires de Moïse Isserles de Cracovie, est devenu le code universellement admis dans toutes les communautés juives et est consulté à chaque fois qu’il se prend une décision halakhique. Il en existe aussi une version abrégée, le Kitsur Shulhan Arukh.

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0.4 Approches herméneutiques préliminaires :

Les ouvrages de portée scientifique que nous avons consultés et parfois cités dans le cadre de cette recherche présentent un point commun : ils touchent tous, de près ou de loin, à des questions éthiques reliées au mariage. Tous soulèvent des questions actuelles, tous démontrent que la viabilité des mariages modernes est précaire. Mais tous démontrent, et voilà dans quel sens nous souhaitons orienter cette recherche, que les

kiddushin, institution aussi vieille que la Création, possèdent la capacité non seulement de

survivre à notre époque, mais aussi d’apporter 1 ’épanouissement personnel et spirituel de ceux qui se sont unis, s’ils acceptent de baser leur vie sur les principes mêmes émanant de la Torah pour autant qu’ils s’attardent à en saisir le sens et l’essence.

Les manuels d’éducation au mariage présentent l’avantage d’expliquer concrètement les modes d’application de la Halakah, particulièrement à !’attention de la femme qui devra se plier aux règles de Pureté familiale. Et voilà où le bât blesse : malgré l’effort louable de leurs auteurs, bien peu vont en profondeur en décrivant convenablement la nature même du mariage, des kiddushin, et en justifiant l’origine aussi bien que les raisons des obligations qui en découlent. Nous croyons que, malheureusement, !’incompréhension mène à la désertion; ceux qui n’auront pas saisi ces raisons n’auront pas l’intention de s’unir maritalement selon les règles religieuses.

Mais il convient de signaler d’ores et déjà que la forme actuelle des kiddushin tire son fondement de la littérature rabbinique10 qui, en canonisant les règles existantes, en les réinterprétant et en les reformulant, diffère de ce que la Bible offre.

De plus, ajoutons que la doctrine qui sera discutée est la doctrine du Judaïsme orthodoxe, elle-même découlant du Judaïsme pharisien11. À l’opposé, le Judaïsme

10 Le Judaïsme rabbinique s’est développé après la destruction du second Temple (70), alors que le peuple juif avait perdu sa référence religieuse identitaire. Les rabbins, héritiers spirituels des Pharisiens, ont alors insisté sur la vie spirituelle et communautaire. L’étude de la Loi et la prière remplacèrent le culte au Temple, qui institutionnellement se vit remplacer par la synagogue et la maison d’étude rabbinique. Pour les auteurs et les ouvrages importants, voir le tableau intitulé Repères chronologiques.

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conservateur et le Judaïsme réformé, deux mouvements contemporains11 12, ont conservé

seulement quelques éléments doctrinaux.

Par ailleurs, Γorientation de ce mémoire est ashkénaze*, puisque les sources utilisées sont ashkénazes, c’est-à-dire que leurs auteurs sont originaires de l’Europe de l’Est et des États-Unis. Néanmoins, la différence avec les Sépharades* ne se situe pas au niveau des textes fondamentaux, mais plutôt dans les traditions entourant le mariage, ou dans les références aux penseurs contemporains.

Un aspect important à mentionner est la différence existant entre la logique des Occidentaux et celle des Juifs. En effet, la logique des Occidentaux et, par extension, du mode de pensée universitaire, vient de l’aristotélisme et s’attache ainsi plus à distinguer et à classifier les idées dans une perspective cloisonnée. Le monde juif, au contraire,

11 Les Pharisiens (en hébreu : perushim, c’est-à-dire « séparés ») étaient membres d’un parti religieux qui émergea en Palestine peu de temps après la révolte des Macchabées (-165, -160). On y retrouvait des hommes de loi et des scribes. Ils croyaient en l’existence de deux Torot* de nature divine et admettaient le principe de l’évolution de la Loi. Ils ont tenté de rendre la religion juive accessible à tous et à la soustraire au contrôle des prêtres du Temple. Ainsi, pour eux, le culte ne devait pas consister en des sacrifices sanglants, mais en 1’ étude de la Loi et la prière. De là naquit !’institution de la synagogue, appelée à remplacer le Temple comme lieu prédominant de la vie religieuse juive. D’autres mouvements existaient en Palestine à cette époque. Les principaux opposants aux Pharisiens étaient les Sadducéens, recrutés parmi les prêtres et les aristocrates. Ils ne croyaient pas en l’existence de la Torah orale. Le Temple constituait le centre de leur culte. Es adoptaient également les coutumes hellénistiques. Les Esséniens, de leur côté, formaient un groupe mystique et ascétique, et vivaient isolés du reste de la population. Quant aux Zélotes, ils ne formaient pas un groupe religieux, mais un mouvement politique nationaliste. Es favorisaient la rébellion contre Rome et croyaient que la mort constituait un sort préférable à celui de vivre sous le joug de l’envahisseur.

12 Plus de quatre millions des treize millions de Juifs du monde habitent aux États-Unis. Au Canada, nous pouvons en compter 343000. Es se divisent majoritairement en trois groupes majeurs : le Judaïsme orthodoxe, le Judaïsme réformé et le Judaïsme conservateur. Le Judaïsme orthodoxe inclut l’orthodoxie moderne, le hassidisme (dont les membres sont communément qualifiés d’ultra-orthodoxes). Es croient en l’existence de deux Torot de nature divine, reçue au Sinaï, et dont découlent les 613 mitzvot que doivent observer tous les Juifs. Environ 7% des Juifs américains se considèrent orthodoxes. À l’opposé, le Judaïsme réformé ne croit pas en la nature divine de la Torah mais qu’elle est le fruit de multiples rédacteurs. Es n’observent pas les mitzvot. 42% des Juifs américains prétendent appartenir à ce groupe. B convient de signaler que ce nombre inclut de nombreux Juifs non-pratiquants. Enfin, le Judaïsme conservateur est né des tensions existant entre les branches orthodoxe et réformée du Judaïsme. Ces Juifs croient que les vérités contenues dans la Torah et les autres écrits religieux viennent de D’ieu, mais que les textes sont d’origine humaine. Es croient que la Halakah doit s’assimiler à la culture prédominante. Le spectre du Judaïsme conservateur est très vaste; on retrouve différents types de communautés, certaines se distinguant difficilement du Judaïsme orthodoxe, d’autres étant pratiquement calquées sur le Judaïsme réformé. 38% des Juifs américains appartiennent à ce mouvement. Enfin, signalons également l’existence

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perçoit la discussion comme un mouvement perpétuel des idées, d’une quête de la Vérité, qui se rapproche du fides quaerens intellectum d’Anselme de Canterberry. Si l’on pouvait se permettre une autre analogie plus volcanique, la discussion chez les Juifs s’effectue à la manière des mouvements engendrés par les plaques tectoniques, c’est-à- dire que l’on ne rejette jamais l’opinion de la minorité, tout opposée soit-elle. Le Juif donc, accorde toujours du crédit aux opinions qui lui sont présentées, alors qu’un esprit occidental aurait tendance à examiner les deux opinions séparément.

Pour la commodité de lecture de ce travail, signalons la nécessité d’inclure un glossaire des termes hébreu et yiddish utilisés. Un astérisque (*) suivra la première apparition du mot dans le texte. De même, suivant cette introduction, se trouve un tableau des concordances des livres de la Bible, de l’hébreu au français, ainsi qu’un tableau de la disposition et du contenu des traités de la Mishna et du Talmud.

Enfin, mentionnons qu’il est d’usage dans la tradition juive de ne pas orthographier intégralement le Nom de D’ieu, tant dans les textes hébraïques que dans les traductions car il est interdit de détruire des documents où l’un des noms de D’ieu apparaît. Nous utiliserons donc une graphie séparant la première lettre du reste du mot. De la même façon nous utiliserons l’expression Le Saint, béni soit-il ou encore le mot Hashem* , qui signifie « le Nom », comme synonymes du Nom divin.

0.5 Présentation du plan du mémoire :

Ce travail de recherche comporte cinq chapitres.

Le premier chapitre pose les fondements théologiques des kiddushin. Il s’agira de discuter la pensée de plusieurs auteurs, en nous attardant particulièrement au mariage d’Adam et de Hava.

d’autres mouvements religieux minoritaires dont le Judaïsme reconstructionniste ou le Judaïsme messianique.

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Dans le second chapitre, nous soulignerons les objectifs fondamentaux du mariage, en relevant Γ importance aussi bien de la compagnie que de la procréation.

Le troisième chapitre développera l’engagement entre les époux à travers la cérémonie du mariage et les procédures légales qui y sont reliées.

Le quatrième chapitre présentera toutes les conditions pour former un mariage. Encore un fois, le plan juridique sera développé.

Enfin, le dernier chapitre parlera clairement de la place que la femme occupe dans le mariage et des qualités requises pour son choix.

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REPÈRES HISTORIQUES PENSEURS ET AUTEURS -1250 : Exode d’Égypte; la Révélation

au Sinaï

-1200, -1000 : Période des Juges -1050, -450 : Période des Prophètes -1030,-1010: Saül

-1010, -970 : David choisit Jérusalem comme capitale

-970, -931 : Chlomo et la construction du premier Temple

-900, -800 : Rédaction des lois les plus anciennes de la Torah

-587 : Exil à Babylone

-538 : Édit du roi Cyrrus et retour d’Exil -515 : Construction du second Temple -450 : Reconnaissance canonique de la

Torah

-332 : Alexandre le Grand fait la conquête de la Palestine

13 Les événements historiques et les noms d’auteurs inscrits en caractères gras se rapportent directement à notre recherche.

(22)
(23)

Renouveau du leadership spirituel après la destruction du Temple : Écoles de Yavné et Jamnia; ordination rabbinique 70 : Destruction de Jérusalem et du

second Temple R’ Yohanan ben Zaccaï

90-150 : Reconnaissance canonique des ketuvim*

120-135 : Consolidation du Judaïsme rabbinique

Discinles de R’ Yohanan ben Zaccaï : R’ Éliezer ben Arakh R’ Éleazar ben Azaria R’ Simeon ben Nathaniel R’ Joshuah ben Chananya R’ Yose ha-Cohen

Rédaction de la Birkat ha-minim (bénédiction contre les hérétiques) et exclusion des sectateurs (incluant les chrétiens) des synagogues. Le christianisme se sépare du judaïsme.

Rabban Gamliel

12514 R’ Simeon ben Azzaï

R’ Tarfon

132-135 Seconde révolte contre les Romains (Bar Kochbah)

R’ Akiva

Discinles de R’ Akiva :

R’ Hanina ben Dosa R’ Yehudah bar Eaï R’ Simeon ben Yohaï R’ Yose ben Halafta

175 R’ Meir

200 : Compilation de la Mishna R’ Yehuda ha-Nassi

Début de la compilation / rédaction de la Aggadah

R’ Gamliel

R’ Eliezer ben Yose R’ Simeon ben Halafta

(24)

200 - 500 : LES AMORAÏM : COMMENTATEURS DE LA MISHNA 200

EN BABYLONIE EN PALESTINE

Compilation de la Tossefta Première génération Première génération R’ Oshaïa

R’ Shila R’ Hiyya

R’ Afess 220 : Académies de Sura et de Nehardea R’ Samuel R ‘ Yonnaï

Abba Arikha (Rav / Rabba bar Abba)

230 R’ Hitta bar Abba

250 Deuxième génération Deuxième génération

Rav Huna R’ Joshuah ben Levi

259 : Transfert de l’académie de RavHanuna R’ Simeon ben Laquish

Nehardea à Pumbedita R’ Yehuda (Resh Laquish)

Rav Hisda R’ Yohanan bar Nappaha

280 Troisième génération Troisième génération

R’ Yossef R’ YossebenHanina

Abbaye R’ Levi

Rabba R’ Ammi ben Natan (Immi)

320 Quatrième génération Quatrième génération

Rav ldi ben Avin R’ Yosse

350

Abba ben Joseph bar Hama (Rava)

Cinquième génération Cinquième génération

Rav Pappa R’ Isaac Nappaha

375

Ravina

Mar bar Ravina

Sixième génération 380-391 : Le Christianisme devient la

RavKahana Rav Ashi religion de l’empire romain

400 : Fin de la rédaction du Talmud

Yerushalmi

425 Septième génération

429 : Abolition du Patriarcat

(25)

Huitième génération Ravina le second

500 - 600 : LES SABORAÏM : L’EXPANSION DU TALMUD Rab Asha

Rabbaï

600 - 1050 : LES GEONIM : LES AUTORITES TALMUDIQUES

Jehudaï Gaon Saadia Gaon Sherira Gaon

Rabbenu Geershom ben Yehuda (Lumière de l’Exil) Haï Gaon

1050 - 1500 : LES RISHONIM : LES COMMENTATEURS

Isaac ben Jacob Alfas¡ (Rif) Salomon ben Isaac (Rashi) Bahyiya Ibn Paquda Yehuda ha-Levi (Kuzari)

Samuel ben Mei'r (Rachbam)

Abraham ben David de Posquières (Ravad) Moïse ben Maimón (Maïmonides / Rambam)

Yehuda ben Samuel ben Kalonymus (Yehuda ha-Hassid) 465

600 : Fin de la rédaction du Talmud

Bavii

570-632 : Vie et prédication de Mahomet

760 : Le caraïsme, un mouvement en réaction au Judaïsme rabbinique

772 942 1006 1028 1038

1095 : Début des Croisades

Fin de la compilation des Midrashim 1103 1105 1120 1145 1174 1180 1205

Fin de la compilation de la Aggadah 1217

(26)

1291 : Fin des Croisades

Rédaction du Zohar

Aaron ha-Levi

LES CODIFICATEURS ET KABBALISTES

XIV ème siècle Eleazar de Mayence

1305 Moïse ben Chem Tov de Leon

1310 Salomon ben Abaham Adret (Rashba)

1327 Acher ben Yehiel (Rosh)

1340 Jacob ben Asher

1344 Levi ben Gershom (Gershonides / Ralbag)

1391 Israël Ibn Al-Nakava

XVème siècle

1492 : Expulsion des Juifs d’Espagne et découverte de l’Amérique.

R’ Moché Mintz

1500 À NOS JOURS : LES A M ARONI M

1515 Obadiah Bertinoro (Raav)

1550 Obadiah ben Jacob Sforno

1570 Moïse Cordovero

1572 Moses Isserles (Rema)

1572 Isaac Louria (Ari)

1575 Yossef Caro

XVIIème siècle Isaac ben Eliakim

1609 Yehudah Loew ben Bezalel

1667 David ben Samuel ha-Levi (Taz)

XVmème siècle Rav Yitzchok Magriso (Meam Loez)

1743 Hayim ben-Attar (Or ha-Hayim)

1747 Moïse Luzzatto (Ramhal)

1780 Israël ben Eliezer (Baal Chem Tov / Becht)

1786 Moïse Mendelssohn (Rambman)

1797 Vilna Gaon

1807 R’ Moses Leib de Sassov

1813 Chneor Zalman de Lyadi (Baal ha-Tanya)

(27)

5-1382.

History of

Moché Safer (Hatam Safer) : Mouvement Réformé en Europe

: Mouvement Réformé aux Etats-1840

1850 1873 Unis

Samson Raphaël Hirsch Joseph B. Soloveitchik 1888

1892

1895 : Mouvement Conservateur aux Etats-Unis

1897 : Premier congrès sioniste 1905 : Orthodoxie moderne

1914-1918 : Première guerre mondiale 1918 : La Palestine sous domination britannique

Abraham Isaac Kook 1935

1939-1945 : Deuxième guerre mondiale

1946 R’ Isaac Breuer

1948 : Fin du mandat britannique en Palestine et déclaration d’indépendance de l’État d’Israël

1960 : Mouvement Reconstructionniste 1967 : Guerre des six jours

1973 : Guerre de Kippour

1983 : Le rabbinat réformé reconnaît la judaïté des enfants nés d’unions mixtes si le père est Juif.

1994 ___________________ Menahem Mendel Schneerson

Dictionnaire encyclopédique du Judaïsme, Paris, éditions Cerf / Robert-Laffont, 1996, pp. 1

THE JEWISH STUDENT ONLINE RESEARCH CENTER (!SOURCE) : Time-line for t

(28)

TORAH PENTATEUQUE Bereshit Genèse Chemot Exode Vayiqra Lévitique Bamidbar Nombres Devarim Deutéronome

NEVIIM RISHOMM PREMIERS PROPHÈTES

Yéhochoua Josué

Chofetim Juges

Chemouel alef, bet Samuel I et Π

Melakhim alef, bet Rois I et Π

NEVIIM A1IARONIM DERNIERS PROPHÈTES

Yéchaya Isaïe

Yirmiya Jérémie

Yéhèzqel Ézéchiel

TRE ASSAR DOUZE PROPHÈTES

Hochéa Osée Yoèl Joël Amos Amos Obadya Obadia Yona Jonas Mikha Michée Nahoum Nahum Habaqouq Habacuc Tséfania Sophonie Haggaï Aggée Zerkharya Zacharie Mal’akhi Malachie KETOUVIM HAGIOGRAPHES Tehilim Psaumes Michelè Proverbes Iyob Job

Chir ha-Chirim Cantique des Cantiques

Rout Ruth

Ekha Lamentations

Qohelete Ecclésiaste

Esther Esther

Daniel Daniel

Ezra et Nehèmya Esdras et Néhémie

Divrè ha-Yamim alef, bet Chroniques I et II

SABBAH, David, La Bible, le commentaire de la Tora, vol. 1 : Berechn / Genèse, Montréal, éditions Phidal, 1998, p. 379

(29)

Des règlements relatifs à la liturgie

Questions soulevées par la loi concernant les « coins du champ » [Vayiqral9,9]

Sur les grains, etc., acquis par une personne suspectée de ne pas avoir payé la dîme

Des mélanges, croisements prohibés par

Vayiqra 19,9

Des lois sur l’année sabbatique [Chemot 33,11 ;

Devarim 15 ss]

Des lois sur les choses offertes par élévation

[Bamidbar 18,8 ss]

De la dîme des Lévites [.Bamidbar 18, 21 ss] Règlements basés sur Devarim 14, 22 ss. Du prélèvement de la pâte à pain pour donner aux prêtres d’après Bamidbar 15,21

Loi sur les fruits et les arbres durant les quatre premières années de leur plantation

[Vayiqra 19, 23 ss]

Des prémices à présenter au Temple [Devarim 26, 1 ss]

Des travaux interdits pendant le Shabbat

Exposé d’une question technique soulevée par une loi shabbatique ; contournement de certaines lois.

Des agneaux et sacrifices de la Pâque

De la taxe annuelle due au Temple [Chemot 30, 12 ss]

Du rituel du jour des Propitiations [Vayiqra 16] De !’observation de la fête des Tabernacles

[Vayiqra 23, 34 ss]

SEDER ZERADM ORDRE DES SEMENCES

Berakhot Bénédictions

Peah Coin

Demaï Douteux

Kilayim Mixtures

Cheviit Septième

Teroumot Dons ou prélèvements

Maaserot Dîmes

Maaser Cheni Seconde dîme

Hallah Pâte

Orlah Prépuce des arbres

Bikkourim Prémices

SEDER MOED ORDRE DES FÊTES

Shabbat Shabbat Eruvin Amalgamation Pesahim Pâque Shequalim Sides Yoma Jour Soukkah Tente

(30)

Betsa Œuf Des travaux interdits et autorisés lors d’une solennité

Rosh Hashana Nouvel An De !’observation de la fête marquant le début de l’année nouvelle

Taanit Jeûnes Des jeûnes publics

Meguilla Rouleau De la récitation publique du livre de la reine Esther le jour de la fête de Pourim

Moed Katan Petite fete Des jours intermédiaires durant les fêtes de la Pâque et des Tabernacles

Hagigah Sacrifices solennels Des sacrifices offerts pendant les trois pèlerinages annuels [Devarim 16, 16 ss]

SEDER NASHIM ORDRE DES FEMMES

Yvamot Belles-sœurs Règles du Lévirat [Devarim 25, 5 ss] et des degrés de parenté prohibant le mariage

[Vayiqra 18]

Ketubot Contrats de mariage De la dot et des contrats de mariage

Nedarim Vœux Comment on contracte et annule les vœux,

particulièrement en ce qui concerne les femmes

[Bamidbar 30,3 ss]

Nazir Vœu du nam* Du vœu du nazir [Bamidbar 6]

Sotah Femme adultère De la femme suspectée d’adultère [Bamidbar 5, 12]

Gittin Lettres de répudiation Des lois annulant le mariage [Devarim 24,1 ss] Kiddushin Sanctifications Des statuts matrimoniaux

SEDER NEZIQIN ORDRE DES DOMMAGES

Baba Kamma Première porte Des dommages aux biens et des préjudices aux personnes

Baba Metzia Porte médiane De la propriété foncière, de la vente et de la location

Baba Batra Dernière porte Des biens immobiliers et de la succession héréditaire

Sanhedrin Cour de justice Des tribunaux, de la procédure judiciaire et des crimes capitaux

Makkot Coups Des pénalités frappant les parjures et des crimes punis par flagellation

(31)

Shevuot Serments Des serments privés et des serments en justice

Edouyot Témoignages Témoignages de maîtres tardifs portant sur les

dits de maîtres plus anciens

Avodah Zarah Idolâtrie Des rites et cultes païens

Avot [Pirqe Avot] Dits des Pères Traité moral rassemblant les maximes favorites des Tcmnaïm*

Horayot Décisions Du péché commis par mégarde à la suite d’un

avis erroné reçu par une autorité religieuse

SEDER KODASHIM ORDRE DES CHOSES

SAINTES

Zevahim Sacrifices Sur le système sacrificiel du Temple

Menahot Offrandes d’aliments Des offrandes de farine et de boissons

[Vayiqra 2]

Hullin Choses profanes De l’abattage des animaux et des abstinences

Bekhorot Premiers-nés Sur les premiers-nés de l’homme et des

animaux [Chemot 13,13 ss et Bamidbar 18, 15 ss]

Arakhin Estimations De la valeur estimative des choses et des

personnes reliées au Temple [Vayiqra 27]

Teroumah Substitution De l’échange d’animaux offerts en sacrifice

[Vayiqra 27 ]

Keritot Retranchements Des péchés encourant le retranchement

[Chemot 12, 15]

Meïlah Profanation Du sacrilège envers les propriétés du Temple

Tamid Offrande perpétuelle Description du rituel quotidien du Temple

Middot Dimensions Des mesures et de l’aménagement du Temple

Qinnim Nids d’oiseaux Sur les offrandes d’oiseaux [Vayiqra 1, 14; 5,7; 12, 8]

SEDER TOHOROT ORDRE DES PURETÉS

Kelim Ustensiles Sur la souillure rituelle des récipients [Vayiqra

11,33 ss]

Oholot Tentes Sur la souillure causée par un cadavre

[Bamidbar 19, 14 ss]

Des lois concernant la lèpre [Vayiqra 13] Plaies

(32)

Règlements concernant la vache rousse

[Bamidbar 19]

Des souillures qui durent jusqu’au coucher du soleil [Vayiqra 11,24 ss]

Des bains rituels [Vayiqra 15,11 ss]

Des lois formulées dans Vayiqra 12; 15, 19 ss Des liquides qui souillent [Vayiqra 11]

Des personnes atteintes d’écoulements et de l’impureté ainsi causée [Vayiqra 15, 2 ss] De l’état d’une personne qui s’est soumise à une immersion mais dont la purification est incomplète avant le coucher du soleil

De la souillure des mains et de leur purification Des pédoncules des fruits causant une souillure

Parah Vache

Tohorot Puretés

Miqvaot Bains

Niddah Impureté de la femme Makhchirin Préparations

Zavim Écoulements

Tevul Yom Immergé pendant un jour

Yadayim Mains

Ouqtsin Tiges

STRACK, H.L. et G. STEMBERGER, Initiation au Talmud et au Midrash, Paris, éditions du Cerf, 1986, collection Patrimoines Judaïsme, pp. 144-153

(33)

Aggadah : partie non juridique des textes rabbiniques classiques. Correspond environ au tiers du Talmud.

Agunah: femme dont le mari est porté disparu sans preuve formelle de sa mort. Aussi, femme dont le mari refuse de lui accorder le divorce, même après qu’un tribunal rabbinique ait statué en ce sens.

Aishet Hayil : littéralement : « une femme de valeur ». Désigne traditionnellement la femme et la mère juive. Aussi, un hymne tiré du livre des Proverbes (ch. 31) que l’on chante à la mère lors de la veille du Shabbat.

Al Chet : prière de confession récitée lors de l’office de Yom Kippour.

Am ora (plur. Amoraïm) : Sages palestiniens et babyloniens de la période de la rédaction du Talmud (III ème- VI ème siècles).

Ashkénazes : Juifs dont les traditions et la culture proviennent d’Europe Centrale. Ashmakhta : présomption ne reposant pas sur un point de droit.

Aufruf: littéralement : « être appelé ». Appel à la lecture publique de la Torah. Baishanut : honte, réserve.

Bavli: Talmud de Babylone.

Ben Torah : se dit d’un individu religieux.

B'deken: rituel pendant lequel le fiancé voile le visage de sa promise. Bet Din: cour de droit rabbinique.

(34)

Bne Israël : enfants d’Israël, peuple d’Israël.

Cantor: celui qui dirige les prières (cantillation) lors des offices de la synagogue. Chatan: fiancé.

Chekinah: présence divine.

Cheva Brachot: Les sept bénédictions chantées lors de la cérémonie du mariage. Cohen: membre de la famille des prêtres, de la famille d'Aaron, frère de Moïse. Cohen gadol : grand prêtre.

Drash : sens homilétique d’un texte.

Eben ha-hezer: section du Shoulhan Arukh traitant des lois du mariage et du divorce. Erusin: fiançailles.

Get: texte officialisant le divorce.

Guemara: portion du Talmud formée des discussions des Amoraïm (ΠΙ ème-V ème siècles) au sujet de la Mishna.

Halakah: lois rabbiniques.

Halizah: cérémonie qui a lieu lorsque qu’un homme refuse d'épouser la femme de son frère qui est mort sans laisser d'enfants.

Halizah Keshera: Halizah valide. Halizah Pesulah: Halizah non valide.

Haluzah: veuve libérée de l'obligation du lévirat par le rituel de la Halizah. Hashem : un des noms donnés à D’ieu.

Hassidiques : Juifs appartenant au mouvement hassidique, fondé au XVIII ème siècle par le Baal Chem-Tov.

(35)

Hesed : compassion.

Huppah: dais nuptial. Consiste en un morceau de tissu à quatre coins (sauvant un tallïf) attaché à quatre pôles sous lequel se placent les mariés. C'est un signe de la présence de D'ieu et un signe de leur futur foyer. Désigne également la cérémonie du mariage en elle- même.

Ish : homme. Isha : femme.

Kabbale : tradition rabbinique mystique. Kabbalat kinyan : voir kinyan.

Kadosh : saint. Kallah: fiancée.

Kashrut : ensemble des lois alimentaires. Kedusha : sainteté.

Ketubah: contrat de mariage, énonçant les obligations du mari envers sa femme. Ketuvim : littéralement : « écrits ». Troisième division de la Bible hébraïque. Kiddush : bénédiction sur le vin.

Kiddushin: cérémonie de fiançailles. Kinyan: acte juridique d'acquisition.

Kittel : robe blanche portée par les fidèles le jour de Yom Kippour et traditionnellement par le futur époux le jour des kiddushin.

Kol ha-moed : jours intermédiaires de certaines fêtes. Lag Ba Orner : trente-troisième jour du Orner.

Limud Torah : étude de la Torah.

Mamzer: enfant né d'une union incestueuse ou adultère. Mazal Tov : expression signifiant : « Bonne chance !».

(36)

Menorah : chandelier à sept branches, comme celui qui figurait dans le Temple de Jérusalem, devenu le principal symbole juif.

Merkavah : chariot céleste.

Midrash (plur. Midrashim) : commentaire homilétique de la Bible. Mikdash m’at : sanctuaire miniature.

jMinhah : office de prières de T après-midi.

Minyan : quorum nécessaire pour la prière publique, composé d’un minimum de dix hommes ayant atteint leur majorité religieuse.

Miqve: bain rituel construit selon des règles halakhiques bien spécifiques, dans lequel les Juifs font des immersions, afin de se purifier d'une impureté rituelle, particulièrement les femmes après leurs menstruations.

Mishna : Loi orale codifiée et mise par écrit au début du ΠΙ ème siècle. Forme avec la

Guemara, le Talmud.

Mitzvah (plur. Mitzvot) : commandement religieux. On en compte 613. Mohar: prix à débourser pour acquérir une femme.

Moredet: femme rebelle.

Nazir : personne qui se consacre à D’ieu pendant une période spécifique (trente jours au minimum) en restant en état de pureté toute la durée de son vœu.

Neqevah : femme.

Nerot : bougies du Shabbat et des fêtes.

Neviim : littéralement : « prophètes ». Seconde division de la Bible hébraïque. Niddah: femme durant une période d'impureté rituelle.

Nissuin: cérémonie du mariage. Olam ha-ba : monde à venir.

Orner : période de quarante-neuf jours entre les fêtes de Pesach et de Shavuot. Onah : relation sexuelle dans un but autre que la procréation.

(37)

Pschat : sens littéral d’un texte. Rebbetzen : épouse d’un rabbin.

Rosh Hodesh : début du mois selon le calendrier hébraïque.

Sanhédrin : la plus haute cour de justice qui existait en Israël et qui détenait les pleins pouvoirs en matière de législation.

Sépharades: Juifs dont les traditions et culture proviennent du bassin méditerranéen, incluant !Espagne et le Portugal.

Shabbat : septième jour de la semaine, du vendredi soir au coucher du soleil, jusqu’au samedi, après l’apparition des trois premières étoiles dans le ciel. Ce jour est consacré au repos et à l’étude.

Shadkan : entremetteur. Shalom bait : paix du foyer. Sheqel : unité monétaire. Shohet : abatteur rituel. Sod : sens caché d’un texte. Sukkot : fête des cabanes.

Taharat hamishpachah: lois de Pureté familiale, c’est-à-dire gouvernant les relations maritales, spécifiquement en relation avec l’état de Niddah.

Takanah : ordonnance instituée soit par les Sages du Talmud (application à tous les Juifs), soit par les dirigeants des communautés. Promulguée pour adapter la vie juive à de nouvelles situations.

Tallit: châle de prière porté par les hommes. Vêtement rectangulaire possédant un tzitzit (frange) à chaque coin.

Talmud (plur. Talmudim) : corpus des enseignements des Tanaïm comprenant des commentaires et des discussions des Amoraîm sur la Mishna.

Talmud Bavii : Talmud de Babylone.

(38)

Tanna (plur. Tannaïm) : maître de la période de la Mishna (I er - III ème siècles)

Targoum Yonathan : traduction et interprétation de la Bible hébraïque en araméen, dont la rédaction est attribuée à Yonasan ben Ouzziel.

Tenaim: conditions du mariage souvent consignées sous une forme contractuelle. Tisha B’Av : jour de deuil commémorant la destruction du Temple.

Torah: les cinq premiers livres de la Bible (Pentateuque).

Tossefta : en araméen : « addition ». Collection d’enseignements tannaïtiques complétant la Mishna.

Toumah : impureté.

Tsarah: femme d'un mariage polygamique.

Tz’niut : littéralement « pudeur ». Désigne par extension la façon correcte de s’habiller et de se comporter.

Ye’diah : concept kabbalistique de la connaissance de l’intérieur. Yerushalmi: Talmud de Jérusalem.

Yeshiva (plur. Yeshivot) : école talmudique.

Yichud: petite période de temps immédiatement suivant la cérémonie pendant laquelle le marié et la mariée se retrouvent intimement.

Yir’at Hashem : crainte de D’ieu.

Yom Kippour / Yom Kippourim : littéralement : « Jour des grands pardons ». Zakar : homme.

Zohar : œuvre de base de la Kabbale consistant en des discours sur la Bible et en enseignements sur le mysticisme, popularisé au ΧΠΙ ème siècle.

(39)

LES FONDEMENTS THÉOLOGIQUES DES KIDDUSHIN :

Pour bien comprendre à la fois la complexité et la beauté du mariage, tel qu’entendu par la doctrine juive traditionnelle, il nous faut d’abord et avant tout en définir la nature et comprendre ses bases théologiques. Ce chapitre traitera donc des bases théologiques des

kiddushin, de leur importance et la pré-union des époux. Nous découvrirons également

que D’ieu est aussi un partenaire actif du mariage, une union sans cesse en renouvellement, tout comme l’est Sa Création. Enfin, nous aborderons la création de la femme en examinant le tout premier mariage, celui de Adam et de Hava.

1.1 Le mariage, une institution humaine

La culture occidentale trouve son origine en grande partie dans la tradition juive. Certains penseurs modernes décrivent l’éthique occidentale comme étant judéo- chrétienne, et ceci se rencontre particulièrement dans l’attitude face à tout ce qui concerne la sexualité : par exemple, les degrés de relations incestueuses reconnus depuis des siècles en Occident sont basés sur les règles édictées dans la Bible1. L ’Encyclopaedia

(40)

Judaica affirme, dans son article sur le mariage, qu’il demeure le seul et unique statut

idéal et naturel2 dans cette partie du globe.

Selon Chaim Pearl, pour le Judaïsme, le célibat ne peut être un idéal volontaire accepté par un individu normal. La doctrine traditionnelle n’a jamais reconnu la valeur spirituelle du célibat volontaire et, au contraire, encourageait les jeunes gens à se marier le plus tôt possible, puisqu’un mariage célébré tôt offrait un triple bienfait : il était indispensable pour assurer la stabilité de la société, primordial pour le moral de la communauté et sain pour le potentiel d’épanouissement de l’individu.3

Pearl poursuit en soutenant que pour le Judaïsme, le mariage n’est pas un contrat, mais une consécration. En effet, le concept juif du mariage correspond à une institution sociale fondamentale établie par D’ieu au moment de la Création et parallèlement à ceci, il représente l’état idéal que doit atteindre tout être humain.4 Quant aux relations sexuelles, elles constituent une activité humaine normale, mais uniquement dans le cadre du mariage. Cependant, comme nous le verrons lorsque nous étudierons les obligations découlant du mariage, certaines règles et restrictions s’appliquent.

Sidney Goldstein soutient que les anthropologues et les sociologues reconnaissent le mariage comme formant la plus ancienne des institutions sociales, et qu’il est présent dans toutes les civilisations, en réponse à des besoins fondamentaux : biologiques, économiques et légaux. Effectivement, nous savons que le mariage repose sur une base biologique, ce qui veut dire qu’il pallie à des besoins en rapport avec la continuité de la race humaine. Le mariage repose également sur une base économique. Dans toutes les civilisations, cette institution a permis aux hommes et aux femmes d’assurer leur subsistance, de s’abriter et de se protéger, ce qui aurait été difficile s’ils avaient vécu

2 Encyclopaedia Judaica, New-York, Mac Millan, 1971, volume 11, colonne 1026.

3 PEARL, Chaim, «.Marriage forms », dans KAUFMAN, Michael, Love, marriage and family in Jewish

law and tradition, Northvale, New-Jersey, éditions J. Aronson, 1996, p. 13.

4 PEARL, Chaim, «Marriage forms », dans KAUFMAN, Michael, Love, marriage and family in Jewish

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séparément.5 Enfin, ajoute Goldstein, le mariage repose sur une base légale. Dans tous les pays, cette institution se voit incorporée au Code de lois6, non seulement pour imposer des devoirs, mais aussi pour garantir des privilèges à chacun des époux.7

Dans cette perspective, le mariage encadre également la destinée de deux personnes à travers un code moral rigoureux. Plusieurs auteurs se sont penchés sur le sujet et ont dégagé des principes éthiques fondamentaux. Pour les fins de ce travail de recherche, nous n’en retiendrons que deux, Bamett Bruckner et Robert Gordis.

D’une part, Bamett Bruckner reconnaît quatre standards religieux propres au mariage occidental:8

1. Il doit y avoir de la part des époux acceptation de l’idéal de chasteté avant le mariage ainsi que fidélité à l’intérieur des liens matrimoniaux.

2. Le but du mariage n’est pas l’union sexuelle mais la fondation d’un foyer, l’éducation des enfants et un partenariat pour assurer la sécurité financière de la famille.

3. L’union sexuelle constitue davantage qu’un simple acte physique. C’est quelque chose de psychologique et de spirituel qui implique la personne entière.

4. Le bonheur dans le mariage ne doit pas être perçu comme un cadeau ou une récompense, mais plutôt comme un défi constant entre les époux.

5 GOLDSTEIN, Sydney, « The meaning of marriage », dans BRAV, Stanley Rosenbaum, Marriage and

the Jewish tradition; toward a modem philosophy of family living, New-York, Philosophical Library,

1951, pp. 115-116.

6 Au Québec, les lois concernant le mariage sont consignées dans le Code civil du Québec, alors que pour le reste du Canada, elles font partie de la Common Law.

7 GOLDSTEIN, Sydney, « The meaning of marriage », dans BRAV, Stanley Rosenbaum, Marriage and

the Jewish tradition; toward a modem philosophy of family living ... , pp. 115-116.

8 BRUCKNER, Bamett, « Education for marriage » dans BRAV, Stanley Rosenbaum, Marriage and the

(42)

Quant à lui, Robert Gordis cible un «code de moralité » en trois points qu’il juge être la base du mariage occidental :9

1. Il doit exister une autorité parentale au sein d’une famille de type patriarcal.

2. La chasteté doit exister avant le mariage et fidélité pendant l’union (ainsi, il rejoint la pensée de Bruckner).

3. La monogamie doit être le seul système marital acceptable.

À la lumière de ce qui précède, voilà ce qui fait dire à Jerome Folkman que le mariage représente pour les Juifs la pierre angulaire de la vie sociale et constitue le fondement de la joie individuelle et de la satisfaction dans la vie.10

1.2 La vision du Judaïsme : les kiddushin :

Dans le même esprit, le Judaïsme élève le mariage au-dessus de tous les aspects sociaux et anthropologiques que nous venons de voir. En effet, le terme hébraïque désignant le mariage et le traité du Talmud* qui s’y consacre s’appellent kiddushin*, un mot issu de la racine kadosh*, signifiant «être saint ». Nous pouvons donc comprendre grâce à l’étymologie de ce terme que par l’acte du mariage l’homme a la possibilité de sanctifier son existence.11

Ainsi, les kiddushin12 constituent et impliquent une relation sacrée, où la femme est consacrée à son mari et de ce fait devient prohibée pour tous les autres hommes, et ce,

9 GORDIS, Robert, Sex andfamily in the Jewish tradition, New-York, Burning Bush Press, 1967, pp. 8-9. 10 FOLKMAN, Jerome D., The cup of life; a Jewish manual, New-York, Jonathan David co, 1955, p. ii. 11 De même, Maïmonides, dans son Mishne Torah, son code classique de Lois, inclut les lois se référant au mariage, non pas dans la section consacrée aux femmes, mais dans la section consacrée aux choses saintes. 12 Le terme kiddushin étant au pluriel, il ne faut pas se surprendre qu’il soit employé sous cette forme dans ce texte, même si le concept français qu’il désigne, le mariage, s’emploie habituellement au singulier.

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pour la durée de son union.13 De plus, le terme kiddushin ou «sanctification » signifie également «mettre de côté pour un usage saint ». Nous pouvons donc affirmer, grâce à ce second sens étymologique, que le mariage a pour but la sanctification de la vie commune du couple, créant ainsi un mikdash m’at* (un sanctuaire miniature), pour remplir les saints commandements de procréation puis d’éducation des enfants, ainsi que pour le support et l’affection mutuels ainsi que pour la sécurité que seuls deux époux peuvent s’offrir.

De plus, d’un point de vue légal et social, les kiddushin fournissent également un cadre universellement reconnu pour un homme et une femme qui désirent vivre ensemble intimement. En outre, ils passent d’un état de l’existence (célibat) à un autre (couple) et donc, à la reconnaissance publique.

Nous avons vu que le mariage implique divers éléments d’ordre social, psychologique, économique et biologique, mais il ne faut pas oublier que le Judaïsme élève le mariage au-dessus de tous ces niveaux de base, en consacrant la relation mari- femme sur les fondements spirituels des kiddushin, en créant ainsi un sanctuaire à partir d’une institution humaine universelle14, en effectuant une «mise de côté » pour un usage saint, un partenaire sélectionné, «mis de côté » afin d’être consacré à l’autre.

1.3 Importance des kiddushin :

Le Judaïsme tient en telle considération le mariage, que la Loi juive permet de mettre en vente des rouleaux de la Torah* si ceci permet de tenir une cérémonie nuptiale.15 On peut en déduire que le mariage demeure l’un des commandements les plus importants parmi les six cent treize que doit honorer le peuple d’Israël. Il vaut davantage

13 Kiddushin 2a-b.

14 KAUFMAN, Michael, Love, marriage andfamily in Jewish Law and tradition ... , p. 3 15 Meguilla 27a; Mishne Torah, Sefer Torah 10,2 ; et Shulhan Arukh, Even ha-Ezer 1 :2.

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que la mitzvah d’honorer ses parents16 ; à plus forte raison supplante-t-il celle qui oblige l’homme à s’adonner à l’étude de la Torah.

Selon l’enseignement des rabbins, mieux vaut se marier d’abord, en fait, le plus tôt possible, et qu’ensuite, l’homme aura tout le loisir de se consacrer à l’étude de la Torah. Voici donc ce qu’en pensent les Sages du Talmud :

Les rabbins nous enseignent : « Si quelqu 'un doit étudier la Torah et épouser une femme, il doit d'abord se marier et ensuite étudier. Rav Judah a dit au nom de Samuel : « Voici la Halakha : un homme se marie d’abord et étudie ensuite. » Rabbi Johanan dit : « Avec une pierre autour du cou, un homme doit étudier la Torah ? »17

Rabbi Hisda a dit : « La raison pour laquelle je suis supérieur à mes collègues est que je me suis marié à seize ans (alors mon âme était parfaitement libre pour étudier). Et si je m'étais marié à quatorze ans, j'aurais pu dire à Satan : « une flèche dans ton œil » (je te mets au défi,

étant libre de toutes pensées impures) »18

Plusieurs autres textes abondent dans le même sens, dont ce récit tiré des Aggadoth

du Talmud Bavii qui illustre également nos propos :

Plus tard, Rabbi s'occupa de marier son fils dans la famille de Rabbi Yossi ben Zimra. Il fut convenu que le fiancé étudierait auparavant pendant douze ans dans un collège. Mais lorsqu’on lui présenta la jeune fille, il demanda à n'étudier que six années. Et lorsqu’elle fut devant lui pour la seconde fois, il dit [à sa famille] : « J'aimerais me marier d’abord et aller [étudier] ensuite. » Puis, il eut honte devant son père. Ce dernier lui dit : « Tu as l'approbation de ton Créateur, mon fils, car il est écrit d’abord : « Tu les amèneras [sur la terre d’Israël] puis tu les installeras » 19 Et plus loin : « Ils me feront un Temple, et j’habiterai au milieu d'eux20. » 21

16 Responsa Hatean Sofer 9:11 citée dans KAUFMAN, Michael, Love, marriage and family in Jewish Law

and tradition ... , p. 5; la décision halakhique est basée sur la directive apparaissant dans Bereshit 2, 24 :

« C ’est pourquoi l’homme abandonne son père et sa mère; il s’unit à sa femme... ». 17 Kiddushin 29b-30a.

18 Kiddushin 29b-30a. 19 Chemot 15, 17.

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Concernant l’âge requis pour le mariage d’un homme, Maïmonides 21 22 a statué que dix-sept ans correspondait à l’âge idéal, ajoutant que : « Si sa vingtième année s’est

écoulée et qu’il n’est toujours pas marié, il transgresse et annule un commandement négatif. »23 De fait, on encourage les jeunes adultes au début de la vingtaine à convoler en

justes noces le plus tôt possible. Dans le Pirke Avot*, on situe l’âge idéal pour convoler à dix-huit ans, et l’obligation du mariage s’inscrit dans un processus d’apprentissage et de maturation de la vie bien précis : « À cinq ans on doit commencer l ’étude de la Bible, à

dix ans celle de la Mishna*, à treize ans commence l’obligation des devoirs religieux, à dix-huit ans, l’obligation du mariage [...] »24.

On dissuade cependant l’inverse : les hommes qui désirent se marier trop rapidement, alors qu’ils n’ont pas de quoi assurer la subsistance de leur femme : « La

Torah enseigne la marche correcte qu 'il faut suivre : un homme doit en tout premier lieu bâtir sa maison, planter une vigne, ensuite se marier. »25 On doit donc établir ses

priorités, c’est-à-dire s’assurer d’une carrière avant de se chercher une épouse. Agir autrement serait faire preuve d’irresponsabilité, en plaçant sa femme et ses enfants dans une situation précaire. Le Zohar* suit ainsi l’avis des Sages :

De nos jours, quand tout le monde est concerné par le fait de gagner sa vie, un homme doit préparer sa maison et ses revenus en premier et seulement par la suite il pourra servir son Créateur et s’occuper [à l’étude] de la Torah, en accord avec ce qu’ont dit les Sages : « S'il n’y a pas de blé, il n’y a pas de Torah »26 [...] On peut

21 Aggadoth du Talmud de Babylone; La source de Jacob / Ein Yaakov, Paris, éditions Verdier, 1982, collection Les Dix Paroles, p. 640.

22 Moïse ben Maimón, dit Rambam, (1135 ou 1138-1204). Homme de loi et philosophe né à Cordoue, il est le penseur le plus éminent du Judaïsme médiéval. Son Mishne Torah constitue la plus importante des compilations de la loi juive qui ait été rédigée.

23 Mishne Torah, !shut 15, 2. 24 Avot 5,24.

25 Sotah 44a.

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déduire de ceci l'exemple du Saint, béni soit-Il ; Il a en premier lieu préparé une maison [le monde] et toutes les sources de subsistance pour l’humanité et seulement ensuite a-t-Il créé l’homme et la femme et les a fait engendrer des enfants dans ce monde.27

Donc, pour se marier, l’homme doit avoir acquis le sens des responsabilités, en accord avec la Halakha* qui enseigne que l’on ne peut pas faire !’acquisition d’un animal ou d’un oiseau si l’on n’est pas en mesure d’en prendre soin et de le nourrir adéquatement.28

On a beau se presser, on ne célèbre pas un mariage à la légère. En plus de la préparation matérielle, l’état d’esprit des fiancés importe beaucoup, même qu’il est conditionnel à la réalisation des kiddushin. Ainsi, les fiancés doivent, le jour de leur

Huppah*, se purifier de tous leurs péchés; ils doivent passer en revue toutes leurs actions

et se repentir. Ensuite, tout comme au jour de Yom Kippour*, ils doivent demander pardon aux autres puis à D’ieu, afin d’obtenir Son pardon ; ils mettent tout en œuvre pour commencer une nouvelle vie. De plus, tous deux doivent s’engager à servir D’ieu pleinement, à se sanctifier et à se purifier. Pendant la Huppah, ils doivent prier pour que D’ieu réside parmi eux, puisque, et nous insisterons là-dessus, D’ieu ne peut demeurer qu’au sein d’un couple uni.29 Afin de consacrer cette journée à la prière et à la repentance, il est préférable que les futurs époux aient déjà préparé à l’avance tout ce qu’il leur faut pour le déroulement de la cérémonie puis l’entrée dans leur foyer.

Enfin le Judaïsme considère que le mariage se base aussi sur la morale ; la pire détresse pouvant survenir dans le mariage vient d’une violation des principes éthiques et spirituels. Dans ce contexte, Sidney E. Goldstein définit donc le mariage comme une relation spirituelle sanctionnée par la société et sanctifiée par la religion.30

27 Zohar Hadash, Bereshit 5. 28 Talmud Yerushalmi, Yevamot 15. 29 Sotah 44a.

30 GOLSTEIN, Sidney E., Meaning of marriage andfoundations of the family : a Jewish interpretation ..., p. 290.

Figure

Abba Arikha (Rav / Rabba bar Abba)
TABLEAU DES MARIAGES PROHIBÉS EN RAISON DE LA  CONSANGUINITÉ ET DES LIENS DE PARENTÉ

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