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Colorants et symbolique au Paléolithique

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Academic year: 2021

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Dans: La Couleur, Bruxelles, Éditions Ousia, 1993, p. 7-28 (coll. « Recueil »).

par Marc Groenen

1. Introduction

Pour la période qui m’occupe, je ne pourrai pas vraiment traiter de couleur, non par esprit de contradiction, mais par souci de rigueur. Il faut, en effet, distinguer la couleur qui implique le phénomène de la vision faisant intervenir le physiologique (œil – cerveau) et le culturel et, d’autre part, les matières colorantes qui constituent les traces objectives fournies par l’archéologie. C’est donc de matières colorantes dont je voudrais m’occuper. Bien entendu, je nommerai de temps à autre les couleurs de ces matières colorantes, mais il s’agit alors d’une appréciation faite selon nos critères culturels, il s’agit alors des couleurs telles que nous les nommons.

D’autre part, parler de symbolique pour le Paléolithique exige des précautions infinies : nous ne possédons, pour cette période, aucun texte – c’est la définition de la préhistoire – et tout ce que nous pouvons en dire résulte donc des vestiges découverts lors des fouilles. Or, ces vestiges, ce sont des déchets que les paléolithiques ont abandonnés au moment où ils ont quitté le site qu’ils occupaient. De plus, ces vestiges ont encore subi l’action du temps. Ce qui signifie que nous ne possédons plus des paléolithiques que des vestiges qui sont, en quelque sorte, des traces de traces.

La préhistoire réclame donc beaucoup de prudence, puisque c’est au départ de ces « traces de traces » que nous devons reconstituer une histoire de l’homme préhistorique, qui plus est, une histoire destinée à rester sans texte.

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Il n’en reste pas moins que les témoins que l’archéologie nous livre reflètent, par leur présence, par l’emplacement qu’ils occupent et par les relations qu’ils nouent avec d’autres vestiges, des « clichés » sur la vie, et c’est précisément quelques-uns de ces « clichés » que je voudrais essayer de dévoiler à travers ces témoins étonnants que sont les matières colorantes. Je voudrais d’abord montrer que certaines matières colorantes – toujours les mêmes – revêtaient, pour les paléolithiques, une importance capitale. Et pour ce faire, il me faut commencer par présenter un rapide aperçu des faits que l’étude des sites permet de prendre en considération. Après quoi, j’essayerai de montrer que ces matières colorantes entrent dans un système symbolique complexe.

Ma dernière remarque concerne le cadre du travail : la limite, tant géographique que chronologique, résulte du seul choix personnel. Il est important de rappeler que les mêmes colorants se retrouvent encore non seulement après le Paléolithique mais aussi hors d’Europe.

2. Les matières colorantes

Les matières colorantes découvertes dans les gisements du Paléolithique sont, en réalité, peu nombreuses : on peut les classer en deux catégories, des oxydes de fer anhydres – essentiellement la goethite – ou hydratés – l’hématite – d’une part, et des oxydes de manganèse, d’autre part. Les premiers fournissent des couleurs qui vont du jaune au brun foncé en passant par le rouge, les seconds du noir.

Une mention spéciale doit être faite pour le kaolin (argile blanche) dont on a découvert ponctuellement des quantités variant de quelques grammes à plusieurs kilos dans certains gisements du Paléolithique supérieur. Cette substance ne semble pas avoir été utilisée comme matière colorante. Je rappelle, à cet

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égard, que son utilisation dans l’art pariétal est tout à fait exceptionnelle – on ne pourrait guère citer que les quatre mains négatives et l’« objet négatif » dans la grotte de Gargas dans les Hautes-Pyrénées1, encore n’est-il pas certain qu’il s’agisse de

kaolin.

Oxydes de fer et de manganèse étaient donc systématiquement exploités par des populations paléolithiques qui se rendaient aux gîtes minéraux pour s’en approvisionner, et ce parfois à des distances significatives. À titre d’exemple, les recherches de C. Couraud2 ont montré qu’en Haute-Garonne et

en Ariège, les gisements à peintures préhistoriques se trouvent à environ 11 km des gîtes d’hématite et que le manganèse de couleur noire provient de gisements éloignés d’environ 19 km, ce qui représente une distance respectable, compte tenu du fait que les paléolithiques se déplaçaient en groupe. Mais ces distances représentent des moyennes et on connaît des sites où la distance à franchir était beaucoup plus importante : on peut citer, à titre d’exemple, les montagnes de la Sainte-Croix (Świętokrzyskie) en Pologne, qui ont fourni de l’hématite que l’on retrouve dans les gisements fouillés jusqu’à une distance de quatre cents kilomètres3 ! Je rappelle qu’on peut admettre

qu’une distance de 20 km représentait environ une journée de marche pour ces populations de chasseurs.

1. M. GROENEN, « Quelques problèmes à propos des mains négatives dans les grottes paléolithiques. Approche épistémologique », Annales d’Histoire de l’Art et d’Archéologie de l’ULB, 12, 1990, p. 7-29.

2. C. COURAUD, « Observations sur la proximité des gîtes minéraux », Bulletin de la Société préhistorique française, 75, 1978, p. 201-202.

3. T. MALINOWSKI, « Comments on Wreschner’s article », Current

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3. Ancienneté et abondance des matières colorantes

En fait, la présence de matières colorantes dans les gisements du Paléolithique supérieur (34.000 à 9.000 avant J.C.) a intrigué les fouilleurs dès la première moitié du XIXe siècle en

Grande-Bretagne, en Belgique et en France.

Ensuite, au début du XXe siècle, de l’oxyde de manganèse est

signalé par L. Capitan et D. Peyrony4 dans les couches

moustériennes du Pech de l’Azé, de la Tabaterie, de Combe-Capelle et de La Ferrassie en Dordogne, ramenant au Paléolithique moyen (± 200.000 à 35.000 avant J.C.) l’usage de matières colorantes.

Enfin, dans les années 1960, des découvertes d’ocre à Ambrona en Espagne5 et à Terra Amata en France6 font remonter

la présence de matières colorantes dès l’Acheuléen en Europe (il y a ± 380.000 ans pour Terra Amata !).

Mais à cette étonnante continuité diachronique, qui relie

Homo sapiens, Néandertaliens et Anté-néandertaliens, répond,

comme en écho, son énorme répartition à travers des territoires tout à fait différents, qui vont de la Grande-Bretagne à l’Italie, et de l’Espagne à la Sibérie !

Dès les périodes anciennes, seule l’hématite est présente. On la connaît en Espagne à Ambrona7 et à El Castillo8 ; en France à

4. L. CAPITAN et D. PEYRONY, « Station préhistorique de La Ferrassie, Commune de Savignac-du-Bugue (Dordogne) », Revue anthropologique, 22, 1912, p. 84.

5. F.C. HOWELL, « Observations on the earlier phases of the European Lower Palaeolithic », American Anthropologist, 88, 1966, p. 129.

6. H. DE LUMLEY, « Les fouilles de Terra Amata à Nice. Premiers résultats », Bulletin du Musée d’Anthropologie et de Préhistoire de Monaco, 13, 1966, p. 50.

7. F.C. HOWELL, op. cit., p. 129.

8. H. MÜLLER-KARPE, Handbuch der Vorgeschichte, Bd I,

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Achenheim9 et à Terra Amata10 ; en Tchécoslovaquie (Bečov)11

et à Isermia La Pineta en Italie où des traces d’ocre ont été repérées sur un sol d’habitat daté de 750.000 ans12.

Les quantités elles-mêmes sont peu importantes en général, sauf à Terra Amata où un total de 75 fragments ont été récoltés : je rappelle ici qu’il s’agit de déchets laissés pour compte. Au Paléolithique moyen, la présence d’oxyde de manganèse et d’hématite est attestée par des découvertes qui ont été faites dans des sites qui touchent tous les faciès du complexe moustérien. On a découvert de l’ocre rouge de cette époque jusqu’en Ukraine à Molodova I13.

Il semble cependant, au moins en France, que le noir de manganèse ait été davantage utilisé que l’hématite à cette époque. Les quantités retrouvées sont parfois étonnantes et on a pu récolter dans certains sites, comme au Pech de l’Azé, des centaines de morceaux14.

9. P. WERNERT, Stratigraphie paléontologique et préhistorique

des sédiments d’Alsace – Achenheim. Mémoire du service de la carte géologique d’Alsace-Lorraine, Université de Strasbourg, 1957, p. 211.

10. H. DE LUMLEY, op. cit., 1966, p. 50.

11. J. FRIDRICH, « Ein Beitrag zur Frage nach den Anfängen des künstlerischen und ästhetischen Sinns des Urmenschens”, Památky Archeologické, 67, 1976, p. 24-25 et id. : A. MARSHACK, « On Palaeolithic Ochre and the Early Uses of Color and Symbol », Current Anthropology, 22, 1981, p. 189.

12. M. CREMASCHI et C. PERETTO, « Les sols d’habitats du site paléolithique d’Isermia La Pineta (Molise, Italie centrale) », L’Anthropologie, 92, 1988, p. 1036 et 1038.

13. R.G. KLEIN, Ice-age Hunters of the Ukraine, Chicago & London, The University of Chicago Press, 1973, p. 69-71.

14. D. PEYRONY, « Le Moustier, ses gisements, ses industries, ses couches géologiques », Revue anthropologique, 1930, p. 84 et F. Bordes, « Les gisements du Pech de l’Azé (Dordogne) », L’Anthropologie, 58, 1954, p. 425.

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Au Paléolithique supérieur, les colorants se retrouvent de manière systématique dans un très grand nombre de gisements. C’est l’hématite que l’on retrouve le plus fréquemment et E. Wreschner15 a pu dénombrer pour cette période 123 sites qui en

ont livré à travers l’Europe. Ce nombre n’est du reste qu’approximatif puisque – le fait mérite d’être souligné – des quantités importantes de matières colorantes attendent, dans les réserves des musées, d’être publiées. Viennent ensuite l’oxyde de manganèse, encore très bien représenté, et enfin le kaolin de couleur blanche, dont l’usage apparaît à cette époque, mais de façon plus sporadique, et sans preuve évidente de son utilisation comme colorant. En France, on a trouvé de l’ocre dans toutes les couches du Paléolithique supérieur, du Châtelperronien au Magdalénien. Dès le Châtelperronien (± 34.000-30.000), l’homme a transporté l’ocre par dizaines de kilos16. Le besoin

important de ce colorant explique peut-être les caches d’ocres de La Ferrassie en Dordogne17, de Fontéchevade18 et des Vachons

en Charente19, de Pair-non-Pair en Gironde20, et surtout de celle

des Longrais en Vaucluse comprenant plusieurs m3 d’ocre21 !

15. E.E. WRESCHNER, « Red Ochre and Human Evolution. A case for discussion », Current Anthropology, 21, 1980, p. 632.

16. A. LEROI-GOURHAN, Préhistoire de l’art occidental, Paris, L. Mazenod, 1978, p. 36.

17. L. CAPITAN et D. PEYRONY, op. cit., 1912, p. 46.

18. G. HENRI-MARTIN, La grotte de Fontéchevade. 1e partie :

Historique, fouilles, stratigraphie, archéologie, Paris, Masson, 1957 (Archives de l’Institut de Paléontologie Humaine, n° 28), p. 244.

19. J. BOUYSSONIE, « Un gisement aurignacien et périgordien, Les Vachons (Charente) », L’Anthropologie, 52, 1948, p. 22.

20. Dr A. CHEYNIER et H. BREUIL, « La caverne de Pair-non-Pair (Gironde). Fouilles de François Daleau », Documents d’Aquitaine, II, Société archéologique de Bordeaux, 1963, p. 59.

21. M.E. BONIFAY, « Comptes rendus », Gallia Préhistoire, 10, 1967, p. 317 et B. EDEINE, « Les Longrais », Bulletin de la Société préhistorique française, Comptes rendus des séances mensuelles, 1967, p. 133-134.

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4. Importance des matières colorantes

Ainsi donc, les colorants ont non seulement été transportés, mais ils ont également été stockés. Or, ces faits très importants ne semblent pas avoir éveillé l’attention des chercheurs : dans une économie de chasseurs-cueilleurs itinérants, les biens sont un fardeau ; ils constituent, comme l’a montré M. Sahlins, par le fait même qu’ils doivent être portés à dos d’homme ou de femme, une contrainte qui entrave la liberté et la facilité des déplacements. « Entre propriété et mobilité, il y a

contradiction »22. Ne sont donc transportés que des objets

revêtant, aux yeux des paléolithiques, une importance capitale, sinon vitale : les armes, des réserves de silex pour les outils (déjà épannelés pour les débarrasser de la matière superflue) et des matières colorantes !

D’autre part, le stockage entraîne une série d’activités qui mettent en jeu l’ensemble du groupe et qui impliquent, en tant que telles, une organisation complexe. C’est cette organisation que je vais essayer de mettre en évidence maintenant, en me référant aux données fournies par l’archéologie.

L’importance des quantités de colorants utilisées et mobilisées au Paléolithique supérieur, et sans doute déjà au Paléolithique moyen, montre que ceux-ci ne pouvaient pas être récoltés par simple ramassage. Des exploitations minières importantes devaient être organisées. Malheureusement, la chance de pouvoir en retrouver reste exceptionnelle. Deux sites ont cependant été découverts ces dernières années, qui prouvent de façon indubitable

l’exploitation minière d’ocre au Paléolithique supérieur :

22. M. SAHLINS, Âge de pierre, âge d’abondance. L’économie des sociétés primitives, Paris, Gallimard, 1976 (Bibliothèque des sciences humaines), p. 50.

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le premier se trouve en Hongrie23, le second en Pologne dans les

montagnes de la Sainte-Croix, où on a retrouvé des mines exploitées, autour desquelles ont été découverts et fouillés un nombre important de campements24. Ce grand nombre de

campements a son importance puisqu’il suggère non seulement une exploitation intensive de la part des paléolithiques, mais encore une halte pour le traitement ou la préparation de l’ocre extraite.

Les matières colorantes à base d’oxydes de fer faisaient, en effet, l’objet de préparations soigneuses avant d’être utilisées ou stockées, dont la plus importante était la cuisson. La cuisson des ocres entraîne – on le sait – des variations de couleurs, et A. Bouchonnet25 a pu montrer que la goethite jaune, chauffée

jusqu’à 250°C devient brun-jaune. Puis à 250°C, elle passe brusquement au rouge (hématite). Vers 700-800°C, sa teinte devient rouge-pourpre et vers 1.000°C, elle devient noire (magnétite).

Or, à Terra Amata, site sur lequel H. de Lumley26 a découvert

un des plus anciens foyers connus, les 75 fragments de colorant retrouvés présentent une palette de coloris qui va du jaune au brun en passant par toute une série de nuances de rouge. Le fait n’est pas sans intérêt, car il suggère, dès cette époque, l’usage du feu pour la préparation des colorants, bien attesté – mais beaucoup plus tard – dans l’horizon châtelperronien de la grotte du Renne à Arcy-sur-Cure (Yonne), où A. Leroi-Gourhan

23. GY MÉSZÁROS et L. VERTES, « A Paint Mine from the Early Upper Palaeolithic Age near Lovas (Hungary, County Veszprém) », Acta Archaeologica Academiae Scientiarum Hungaricae, 5, 1954, p. 1-32.

24. R. SCHILD, 1975, p. 325, d’après T. Malinowski, « Comments on Wreschner’s article », Current Anthropology, 21, 1980, p. 638.

25. A. BOUCHONNET, « Action de la chaleur sur les ocres », Bulletin de la Société chimique de Paris, 1977, p. 345-351.

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a retiré des foyers des blocs d’ocre dont les teintes variaient du jaune au rouge27.

Mais des éléments supplémentaires vont nous permettre d’entrevoir le soin apporté par les paléolithiques à cette opération de cuisson. Pour ce faire, je présenterai brièvement un certain nombre de documents découverts dans les couches de l’Aurignacien I de La Quina par le Dr H. Martin28. Il s’agit de

pierres calcaires de forme ovoïde, au centre desquelles a été creusée, par piquetage, une cupule assez profonde. Ces pierres, que l’on considère en général comme étant des mortiers, sont fendillées par l’action du feu, et la calcination est visible sur les cassures des fragments. L’auteur note, en outre, que les traces de matières colorantes étaient importantes. Ces fendillements n’ont pas davantage attiré son attention et il semble les attribuer au fait que les pierres se trouvaient dans les foyers.

En réalité, la thermoclastie implique non seulement une chauffe prolongée, mais aussi, pour en arriver à des éclatements de fragments, une alternance de chauffes et de refroidissements. Le document porte donc en lui-même sa réponse : il servait à chauffer l’ocre qui s’y trouve encore. Les avantages d’un tel procédé sont évidents : le bloc sert de régulateur thermique et permet de contrôler soigneusement la température, et donc la couleur du pigment.

Une fois le colorant préparé, il était broyé dans un mortier au moyen d’une molette ou d’un pilon, comme l’attestent les très nombreux exemplaires retrouvés, encore souillés de colorants.

27. A. LEROI-GOURHAN, « Les fouilles d’Arcy-sur-Cure », dans :

Le fil du temps. Ethnologie et préhistoire, 1920-1970, Paris, Fayard, 1983 (Le temps des sciences), p. 188.

28. Dr H. MARTIN, « La station aurignacienne de La Quina (Charente) », Bulletin et Mémoire de la Société archéologique et historique de la Charente, 8e série, 20, 1930, p. 34.

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Il faut noter, à cet égard, la découverte à Arcy-sur-Cure de plaques d’hématite qui constituaient à la fois la source de colorant et la palette pour le broyer29.

D’autre part, la tracéologie nous apprend que le colorant était aussi raclé, comme cela a été montré pour des morceaux d’ocre de Caminade-Est (Dordogne)30 et pour ceux de Lascaux31. Ces

fragments portent des stries que l’on retrouve d’ailleurs sur un très grand nombre de morceaux de colorants retrouvés. Une fois pulvérisé, le colorant était soit stocké tel quel, comme aux Longrais32, à Fontéchevade33 ou aux Vachons34, soit mélangé à du

sable comme aux Vachons35 ou le plus souvent à du kaolin comme

à Pair-non-Pair36 ou à l’abri des Roches37. Sans doute, ces colorants

devaient-ils être également mêlés à certains liants, ne serait-ce que l’eau, au moyen de spatules – on en a, en effet, retrouvé dans bon nombre de sites, encore souillées de colorant – et ce en vue d’obtenir une pâte ou un liquide destiné à la peinture des grottes et peut-être du corps comme on a pu le suggérer38. Enfin, de petites quantités de

29. A. LEROI-GOURHAN, « Le Châtelperronien : problème ethnologique », op. cit., 1983, p. 210.

30. D. DE SONNEVILLE-BORDES, « Manganèse raclé dans le Moustérien type Ferrassie de Caminade-Est (Dordogne », Quaternaria, 11, 1969, p. 111-113.

31. C. COURAUD et A. LAMING-EMPERAIRE, « Les colorants », dans : Lascaux inconnu, Paris, CNRS, 1979 (12e supplément à Gallia

Préhistoire), p. 153-169.

32. M.E. BONIFAY, loc. cit. et B. Edeine, loc. cit. 33. Dr G. HENRI-MARTIN, loc. cit.

34. J. BOUYSSONIE, op. cit., 1948, p. 4-5. 35. J. BOUYSSONIE, op. cit., 1948, p. 22.

36. A. CHEYNIER et H. BREUIL, op. cit., 1963, p. 59.

37. M. SEPTIER, « La station des Roches (Indre) », L’homme

préhistorique, 1904, p. 265.

38. J. DÉCHELETTE, « La peinture corporelle et le tatouage », Revue archéologique, 4e série, 9, 1907, p. 38-50 ; H. BÉGOUËN, « Intervention

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poudre d’ocre étaient souvent placées dans de petits flacons en canon de renne ou en os d’oiseau, comme ceux décorés de très belles gravures de La Ferrassie39, des Cottés, du Chaffaud

(Vienne), de La Madeleine, de Laugerie-Basse (Dordogne)40, etc.

5. Vers une symbolique des colorants

Jusqu’à présent, nous avons vu que certaines matières colorantes – les oxydes de fer en particulier – occupaient une place très importante dans la vie des paléolithiques. L’ensemble des opérations attachées aux colorants – recherche, extraction, transport, préparations diverses et stockage – ne pouvait pas s’improviser, ni évidemment être le fait du caprice de quelques individus. Tout cela ne peut se concevoir qu’en tant que fait socialement établi. C’est, en effet, l’ensemble du groupe qui est impliqué. Et cette importante se justifie par la présence obstinée des mêmes colorants dans bon nombre de contextes de la vie – et de la mort – des individus : présence sur les sols d’habitat, utilisation dans l’art pariétal et mobilier et en association avec les cadavres dans les sépultures41. En outre, en tant qu’on

après la communication de Ch. Peabody », dans : Congrès de l’Institut international d’Anthropologie, 2e session, Pragues, 1924, 1926, p. 380 ;

F. BORDES, « Sur l’usage probable de la peinture corporelle dans certaines tribus moustériennes », Bulletin de la Société préhistorique française, 49, 1952, p. 169-170.

39. L. CAPITAN et D. PEYRONY, op. cit., 1912, p. 42, fig. 10. 40. H. BREUIL, « Les Cottés, une grotte du vieil âge du Renne à Saint-Pierre-de-Maillé (Vienne) », Revue de l’École d’Anthropologie, 17, 1906, p. 53-54, fig. 79.

41. M. GROENEN, « Présence de matières colorantes dans l’Europe paléolithique », Bulletin de la Société royale belge d’Anthropologie et de Préhistoire, 102, 1991.

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retrouve des colorants à base d’oxyde de fer de l’Acheuléen au Magdalénien final, et des pigments composés de manganèse dès le Moustérien, dans un espace qui semble d’emblée s’étendre à toute l’Europe, ce fait ne peut avoir que valeur de fait culturel : l’hématite, puis l’oxyde de manganèse n’ont pas seulement une valeur qui s’inscrit au niveau d’une ethnie, ni même d’une série circonscrite d’ethnies, ils sont chargés d’une valeur à travers l’ensemble de la culture paléolithique, entendue comme ensemble de groupes ethniques porteurs d’un même fonds culturel et dont l’économie de subsistance est axée autour de la chasse, de la pêche et de la cueillette, avec ceci de nouveau pour la mentalité du « chasseur-cueilleur » que se donne ici à penser précisément cette notion de la valeur42. Rien n’est, en effet, plus

étranger a priori à cette mentalité que celle du stockage qui implique pour le groupe qu’il doive séjourner un certain temps au même endroit ou qu’il doive y revenir, mais qui implique surtout que certains individus du groupe, ou le groupe tout entier, soient attachés à un produit dont ils prévoient le manque et se garantissent la constance. Ceci préfigure, mais dans un tout autre contexte, la notion de « grenier » qui apparaîtra au Néolithique. C’est encore la notion de valeur qui ressort de l’examen des données qui proviennent des sites d’exploitation d’hématite en Pologne. Dans ces gisements, les fouilles ont révélé l’association régulière de l’hématite avec un matériel homogène en silex chocolat qui permet d’attribuer ces restes à un complexe culturel spécifique43 au sein duquel ce colorant recevait suffisamment

d’importance que pour être transporté sur une distance d’au

42. M. GROENEN, « Dépôts et cachettes : permanence et valeur dans la préhistoire paléolithique » (à paraître).

43. R. SCHILD, « Location of the so-called chocolate flint extraction sites on the North-Eastern Footslopes of the Holy Cross Mountains », Folia Quaternaria, 39, 1971, p. 51-56 (pour le résumé anglais).

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moins 400 km et en quantités telles que pour que soit assurée la satisfaction en besoin de cette matière au moins jusqu’au moment où le groupe pourrait se réapprovisionner. Pour ce colorant qui faisait l’objet de tant d’égards, le moins qu’on puisse dire est qu’il était chargé de valeur aux yeux des paléolithiques. D’autre part, la volonté déterminée de transformer les oxydes de fer par le feu, en vue d’obtenir une couleur précise, fait dont on retrouve des indices à partir du Paléolithique ancien, implique l’accomplissement d’une série complexe de gestes soigneusement coordonnés, ainsi que leur transmission au sein des différents complexes culturels. De plus, l’obtention de ce produit fini, quel que soit l’usage qui ait pu en être fait, ne répond à aucune nécessité physiologique et n’a pas une portée immédiatement vitale – ce qui ne signifie pas qu’il n’en ait pas eu aux yeux des paléolithiques. Enfin, en tant que cette série de gestes doivent avoir été prescrits, ils réclament nécessairement la médiation d’un langage et sont donc nécessairement investis d’une dimension symbolique.

6. L’homme et le symbole

Que les colorants aient été lestés d’une charge symbolique dès les époques anciennes n’est pas sans importance – nous allons le voir – pour la compréhension des anciens hominidés. Mais avant d’aborder cet aspect des choses, il nous faut encore en passer brièvement par l’analyse des principales fonctions du symbole afin d’essayer de comprendre la nature de la relation qui lie le symbole à l’homme. Et ici une première constatation s’impose : cette relation est exclusive. Dans le règne animal, l’homme seul a, en effet, le privilège de penser au travers de symboles. Le conditionnement opéré sur certains chimpanzés pour l’apprentissage d’un langage par l’intermédiaire d’icônes n’est, en effet, en rien comparable à la production symbolique que l’on observe chez l’homme. D’autre part, cet animal doué

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du pouvoir symbolique est également un être social. Le concept d’humanité est, en effet, impensable sans celui de socialité. Bien entendu, la plupart des animaux ont une vie sociale, qu’elle soit élémentaire comme c’est le cas lorsque les rapports sociaux sont ponctuels (reproduction, migration…), ou qu’elle soit élaborée comme c’est le cas chez les animaux eusociaux (fourmis, abeilles, termites…). Mais l’homme s’en distingue précisément en ceci que sa société se constitue en instituant le symbolique. Elle est l’invention d’un monde institué au départ d’une infinité de possibles, comme l’a bien montré Castoriadis44. Alors que chez l’animal les contacts sociaux sont

établis sur la base de la nécessité, chez l’homme il s’agit d’institutions érigées sur la base de la contingence et décrétées ensuite nécessaires, cette nécessité pouvant, du reste, elle-même être repensée de façon contingente : une loi est décrétée, son caractère de loi la revêt de nécessité qui autorisé, le cas échéant, la société – à travers la personne d’un magistrat – à prendre des sanctions si elle n’est pas respectée, mais elle ne comporte aucun caractère d’absoluité : demain elle sera autre, ou même ne sera plus.

Et ces deux notions – symbole et société – entretiennent entre elles des relations étroites dont un siècle de sociologie et d’ethnologie a montré clairement la pertinence. Cette fonction sociale se marque bien dans l’aspect contraignant du symbole. Contrairement à l’analogie qui propose une comparaison – « beau comme un dieu », par exemple – le symbole possède une force qui réclame l’adhésion générale. Que le lion soit symbole de la force n’est pas à discuter, pas plus que la couronne soit symbole du pouvoir, et il n’y a donc pas de contestation quant au sens du symbole. La force consensuelle du symbole le nimbe d’une nécessité, et il apparaît dès lors comme portant en lui un

44. . C. CASTORIADIS, L’institution imaginaire de la société, Paris, Seuil, 1975.

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sens qui se donne pour évident et qui est ressenti comme naturel par les membres d’une société. Cette idée de contrainte ne doit donc pas être entendue comme une obligation avec ce que cela a de lourd à supporter, mais comme une adhésion évidente, « naturelle », qui ne pose pas le problème de son acceptation, ni même celui de sa question.

De ceci découle une double conséquence. Premièrement, le symbole possède, pour les membres d’une société, une valeur en soi. L’adhésion commune à un ensemble de symboles constitue, au sein d’une même groupe, la garantie de leur validité. Mais cette force dont est pourvu le symbole lui confère une dimension fonctionnelle. Le symbole est, en effet, essentiellement actif : il rend concret, il justifie, il explique. Ce fait a suffisamment été mis en évidence dans les mythes pour qu’il ne faille y revenir. Et cette activité de symbole se marque clairement dans l’efficacité qui l’accompagne. Il faut rappeler, à cet égard, la très belle analyse de Lévi-Strauss45, dans laquelle il montre l’efficacité

symbolique à l’œuvre dans une cure chamanistique. Deuxièmement, le symbole implique la notion d’appartenance. Comme le disait G. Gurvitch, « le symbole inclut et il exclut ». Cette appartenance, qui est tout à la fois une limite au-delà de laquelle l’autre n’est plus identifiable à moi, au-delà de laquelle donc il est cerné dans une altérité qui l’isole de et par rapport à moi, marque la dimension culturelle. Or, l’idée de reconnaissance qui est le corollaire de celle de culture – les êtres d’une même culture le sont parce qu’ils se reconnaissent en tant que tels – implique évidemment le langage. Les êtres d’une même culture se reconnaissent entre eux par la médiation d’un langage qui leur est commun et ce langage les identifie chacun sur base d’un fonds commun. La conséquence est que ces êtres ont entre eux la possibilité de communiquer. Communiquer est, en effet,

45. C. LÉVI-STRAUSS, Anthropologie structurale I, Paris, Plon, 1974, p. 205-206.

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la possibilité de rendre commun un capital d’expériences, d’informations. Comme l’a dit E. Ortigues46, « le langage est la

forme sensible de notre ‘être-au-monde’, de notre ouverture à l’universel, en vertu de quoi tout ce qui apparaît se donne comme la manifestation de possibilités qui nous concerne ». Cette

possibilité de communiquer est le signe de l’appartenance des hommes d’un même groupe à une humanité commune par opposition aux êtres avec qui cette possibilité n’est pas réalisée, et qui se voient donc exclus de leur humanité. Ce fait est suffisamment connu pour ne pas devoir être rappelé, le titre qu’une ethnie se donne est le plus souvent simplement celui d’homme. Mais notre insertion dans le monde ne peut se faire qu’au départ du langage. Celui-ci, comme l’a si justement souligné P. Ricœur, est « ce par quoi et à travers quoi nous nous

dirigeons vers la réalité (quelle qu’elle soit) »47. Et il est donc

« le medium, le ‘milieu’ dans quoi et par quoi le sujet se pose et le monde se montre »48.

Ainsi donc, symbole, culture, langage sont les trois termes nécessaires et inséparables d’une seule équation dont la synthèse est l’homme. Il nous apparaît donc que la fonction symbolique ne doit être considérée ni comme le résultat de la vie sociale, comme le prônait M. Mauss49, ni comme son origine,

comme l’a avancé Lévi-Strauss50. L’un et l’autre existent

46. E. ORTIGUES, Le discours et le symbole, Paris, Aubier-Montaigne, 1962, p. 203 (coll. « Philosophie de l’esprit »).

47. P. RICŒUR, Le conflit des interprétations, essais d’herméneutique, Paris, Seuil, 1969, p. 247.

48. P. RICŒUR, op. cit., 1969, p. 252.

49. M. MAUSS, « Rapports réels et pratiques de la psychologie et de la sociologie », dans : Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, 1966, p. 285-310.

50. C. LÉVI-STRAUSS, « Introduction à l’œuvre de M. Mauss », dans : M. Mauss, Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, 1966, p. 22.

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simultanément nécessairement dès lors qu’il y a homme, sans préséance de l’un sur l’autre.

Le débat est d’importance, car il revient sur des questions difficiles au sujet desquelles Leroi-Gourhan tenta d’apporter des réponses. Dans son ouvrage « Le geste et la parole » qui propose une lecture de l’histoire humaine à la triple lumière de la paléontologie, de l’ethnologie et de la préhistoire, l’auteur met en évidence l’existence d’une césure qui scande en deux, mais sans la rompre, la longue évolution de l’homme. Australanthropes et Archanthropes, selon ce modèle, auraient été soumis à une totale astreinte vis-à-vis du biologique. En effet, dans la mesure où les outils qu’ils nous ont laissés sont, à travers leur longue histoire et sur l’étendue de leur territoire, typologiquement et morphologiquement constants, ceux-ci ne peuvent pas être, selon l’auteur, le résultat d’un acte créateur, mais doivent être, au contraire, le produit d’une nécessité zoologique interne. « L’Australanthrope, lui, paraît bien avoir

possédé ses outils comme des griffes »51. Et c’est donc « comme

si son corps les exsudait progressivement »52.

Mais à partir des Paléanthropes, on perçoit l’amorce d’un tournant décisif : l’apparition de la technique de débitage Levallois, qui requiert du paléolithique un pouvoir d’abstraction élevé puisqu’il doit déjà avoir à l’esprit, avant même d’avoir porté le premier coup sur le rognon de silex, l’outil fini et la succession précise des gestes qui permettront d’y arriver, d’une part, et l’apparition simultanée de témoins esthético-religieux tels que sépultures, présence d’hématite, de curios…, d’autre part, placent, en effet, les Néandertaliens à un point charnière de l’évolution de l’homme, qui annonce déjà l’ultime étape évolutive : celle des Néanthropes (Homo sapiens sapiens).

51. A. LEROI-GOURHAN, Le geste et la parole, I, Paris, Albin Michel, 1964, p. 151.

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Avec eux, et grâce au développement du rhinencéphale – centre des émotions – et du néocortex – centre de la « conscience lucide » –, l’homme s’est libéré de la férule du biologique et s’est ouvert les possibilités infinies de la création technique et du monde des symboles. Ce qui émerge, en effet, avec Homo

sapiens, c’est « l’aptitude à fixer la pensée dans des symboles matériels »53, grâce à quoi le patrimoine humain peut être

conservé en une mémoire extérieure à l’individu à disposition de l’organisme social. Car dès ce moment, « le groupe ethnique, la

‘nation’ remplace l’espèce et l’homme qui reste dans son corps un mammifère normal, se dédouble dans un organisme collectif aux possibilités pratiquement illimitées de cumul des innovations »54.

Il y a, cependant, ici un problème qui mérite notre attention. Sur la base des moulages endocrâniens, Leroi-Gourhan constate que, dès le départ, le cerveau de l’Australanthrope est celui d’un homme. Or, on sait qu’un outillage fruste a été retrouvé en association à des restes de cet Anthropien en Afrique, et la technicité est donc un fait qui caractérise en propre l’humain, dès ses lointaines origines.

D’autre part, on sait que les territoires de la face et de la main occupent dans le cerveau une situation topographique commune et qu’ils sont contigus dans une même zone cérébrale (aire 4) – tant chez le singe que chez l’homme –, ce qui explique l’étroite coordination que l’on observe entre l’action de la main et celle des organes de la face. Mais alors que chez le singe cette liaison concerne essentiellement les activités liées à la prise de nourriture, chez l’homme la situation gagne en complexité puisque le développement de zones d’association qui entourent le

53. A. LEROI-GOURHAN, op. cit., 1964, p. 261. 54. A. LEROI-GOURHAN, op. cit., 1964, p. 260.

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cortex moteur de la face et de la main va permettre l’élaboration de symboles phonétiques et graphiques.

Ceci est évidemment capital, car il ressort de cet examen qu’il existe chez l’homme, dès l’origine et tout au long de son évolution, « un lien étroit entre l’apparition du langage et celle

de la technicité manuelle proprement humaine qui est marquée par les premiers outils fabriqués »55. Et toute distinction qui

viserait à isoler en l’homme un être fabriquant et un être parlant est donc vaine, puisque l’homme, dès le départ, « dispose de deux

instruments : l’outil et le langage »56. Mais comment concilier le

fait que le langage aurait existé dès les premiers Anthropiens, d’une part, avec l’idée selon laquelle les derniers seuls auraient été capables de créer des symboles matériels ? Il y a ici une contradiction interne qui rend cette interprétation irrecevable. Le langage est, en effet, indissociable d’un support matériel, qu’il soit phonique, graphique ou gestuel. S’il y a langage, il y a forcément dimension symbolique. Et ceci est un caractère intrinsèque de l’homme. On ne peut, à cet égard, qu’entériner la position suggérée par Lévi-Strauss suivant laquelle « le langage

n’a pu naître que tout d’un coup, les choses n’ont pas pu se mettre à signifier progressivement »57. S’il y a, en effet, une

limite à établir entre l’animalité et l’humanité, elle se marque par

« un passage [qui] s’est effectué d’un stade où rien n’avait de sens, à un autre où tout en possédait »58. Or l’étude des colorants

nous l’a montré, cette limite, les plus vieux Anthropiens d’Europe l’avaient déjà franchie et ils méritent donc, au même titre que nous, l’appellation d’hommes.

55. A. LEROI-GOURHAN, Technique et société chez l’animal et chez

l’homme, 1957, p. 21 et id., Le fil du temps, 1983, p. 118.

56. A. LEROI-GOURHAN, « L’illusion technologique », dans : La

Technique et l’Homme, Paris, Fayard, 1960, p. 72 et id., Le fil du temps, 1983, p. 130.

57. C. LÉVI-STRAUSS, op. cit., 1966, p. 47. 58. C. LÉVI-STRAUSS, loc. cit.

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