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Identification de patterns de violence physique et psychologique infligée et subie dans les relations amoureuses à l'adolescence

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Identification de patterns de violence physique et

psychologique infligée et subie dans les relations

amoureuses à l’adolescence

Mémoire doctoral

Olivia Beaulieu-Denault

Doctorat en psychologie

Docteur en psychologie (D.Psy)

Québec, Canada

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iii

Résumé

Ce mémoire doctoral vise à approfondir les connaissances sur la violence dans les relations amoureuses à l’adolescence à l’aide d’une approche centrée sur la personne. L’objectif principal de ce mémoire doctoral est d’identifier différents patterns de violence physique et psychologique vécus dans les relations amoureuses à l’adolescence, pour les deux genres séparément, à l’aide d’une analyse de classes latentes. Secondairement, il vise à vérifier si les patterns de violence se distinguent sur certains facteurs associés, à l’aide d’une analyse de variance. Un sous-échantillon de 2 730 adolescents (de 14 à 18 ans) ayant infligé ou subi au moins un geste de violence physique ou psychologique dans la dernière année a été sélectionné parmi un échantillon représentatif d’élèves du secondaire de la province de Québec. Quatre patterns de violence distincts ont été identifiés pour l’échantillon des filles et des garçons. Les patterns identifiés se distinguent quant au type de violence expérimenté ainsi qu’à la fréquence des gestes violents, mais se caractérisent tous par de la violence mutuelle. Ce mémoire doctoral démontre ainsi l’intérêt d’utiliser une approche centrée sur la personne afin d’étudier ce phénomène et propose différentes pistes d’intervention.

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Abstract

The present doctoral thesis aims to further the understanding of violence in romantic relationships during adolescence through the adoption of a person-centered approach. The primary aim of this thesis is to identify the different patterns of physical and psychological violence experienced in romantic relationships during adolescence, for both genders separately, through latent class analysis. Additionally, it aims to establish whether the violence patterns differ on certain associated factors, through an analysis of variance. A sub-sample of 2 730 adolescents (aged 14 to 18 years) having inflicted or suffered an act of physical or psychological violence during the last year were selected among a representative sample of high school students in the province of Quebec. Four distinct violence patterns were identified for the sample of girls and boys. The identified patterns differ in terms of type of violence suffered as well as frequency of violent acts, but all are characterized by mutual violence. Thus, the present doctoral thesis demonstrates the usefulness of adopting a person-centered approach to study this phenomenon, and proposes different options for intervention.

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Table des matières

Résumé ... iii

Abstract ... v

Table des matières ... vii

Liste des tableaux ... ix

Liste des figures ... xi

Remerciements ... xiii

Avant-propos ... xv

Introduction ... 1

Revue de la littérature ... 3

Chapitre 1: Le développement des relations amoureuses à l’adolescence ... 3

1.1 Le développement de l’intimité ... 3

1.2 Théories sur le développement des relations amoureuses à l’adolescence ... 5

Chapitre 2: La violence dans les relations amoureuses à l’adolescence ... 9

2.1 Prévalence de la violence dans les relations amoureuses ... 9

2.2 Définitions de la violence dans les relations amoureuses ... 10

2.3 Évolution du portrait de la violence dans les relations amoureuses ... 12

2.4 Recension des études portant sur la violence dans les relations amoureuses à l’adolescence selon une approche centrée sur la personne... 14

Chapitre 3: Modèle explicatif et facteurs associés à la violence dans les relations amoureuses ... 17

3.1 Facteurs familiaux et individuels ... 18

3.2 Facteurs relationnels ... 24

Objectifs et hypothèses ... 27

Considérations méthodologiques ... 29

Approche centrée sur la personne ... 29

Analyse de classes latentes et postulats de base ... 30

Qualités métriques des instruments de mesure ... 31

Chapitre 4: Article du mémoire doctoral ... 33

Résumé ... 34

Abstract ... 35

Introduction ... 36

Modèle conceptuel et facteurs associés à la violence dans les relations amoureuses à l’adolescence ... 39

Facteurs familiaux et individuels ... 39

Facteurs relationnels ... 41

La présente étude ... 41

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Description de l’échantillon ... 42

Mesures ... 43

Analyses statistiques ... 45

Analyses préliminaires ... 45

Analyse de classes latentes ... 45

Résultats ... 47

Statistiques descriptives ... 47

Prévalence de la violence ... 47

Analyse de classes latentes ... 47

Échantillon des filles ... 48

Échantillon des garçons ... 48

Analyses de variance ... 49

Discussion ... 50

Limites et conclusion ... 55

Références ... 62

Chapitre 5: Conclusion du mémoire doctoral... 69

Bibliographie ... 73

ANNEXE A ... 81

Énoncés et items des instruments de mesure ... 81

I. Violence physique et psychologique infligée et subie dans la relation amoureuse ... 81

II. Comportements d’attachement ... 81

III. Soutien maternel et paternel perçu ... 82

IV. Encadrement parental perçu ... 82

V. Exposition à de la violence inter-parentale exercée par la mère et par le père ... 82

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Liste des tableaux

Tableau 1. Caractéristiques de l’échantillon ...57 Tableau 2. Indices d’ajustement pour les modèles de classes latentes de 1 à 6 classes pour chacun des échantillons ...58 Tableau 3. Comparaison de moyennes entre les classes latentes pour les caractéristiques de la relation amoureuse, parentales et individuelles ...59

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Liste des figures

Figure 1. Patterns de violence physique et psychologique infligée et subie dans les relations

amoureuses pour les filles ...60 Figure 2. Patterns de violence physique et psychologique infligée et subie dans les relations

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Remerciements

Je tiens tout d’abord à remercier ma directrice de recherche, Francine Lavoie, pour son précieux soutien tout au long de la rédaction de mon mémoire doctoral. Je me considère extrêmement chanceuse d’avoir eu l’opportunité d’accomplir ce long travail de recherche en sa compagnie. Francine Lavoie a toujours été très présente, stimulante, à la fois rigoureuse et réaliste dans le travail à accomplir. J’ai beaucoup appris avec elle sur chacune des étapes de l’élaboration d’un projet de recherche, et ce, dans le plaisir et la simplicité. Ainsi, alors que j’ai commencé le doctorat avec un intérêt plus ou moins présent pour la recherche, Francine a su me transmettre son amour pour la recherche, me donnant le goût, à la fin de mes études, de continuer à m’impliquer dans des projets de recherche au cours de ma carrière. Je considère avoir énormément évolué à ses côtés, tant sur le plan professionnel que personnel.

Je tiens aussi à exprimer ma gratitude à Ginette Dionne, membre de mon comité d’encadrement, qui a su apporter un regard extérieur à mon mémoire doctoral tout au long de sa conception. Ceci m’a conduit à effectuer des ajustements majeurs dans mon travail et à en améliorer grandement la qualité. Également, je suis très reconnaissante envers Martin Blais et Martine Hébert, qui m’ont apporté des commentaires judicieux me permettant de bonifier mon article de mémoire doctoral. Je tiens à remercier spécialement Martine Hébert et l’Équipe IRSC de recherche sur les Traumas Interpersonnels, qui m’ont donné accès à la banque de données de l’enquête PAJ (enquête sur les Parcours Amoureux des Jeunes), sur laquelle ma recherche est basée.

Évidemment, la concrétisation de ce mémoire doctoral n’aurait pas été possible sans le dévouement de Bei Feng, qui a mis beaucoup d’énergie et de temps à parfaire mes analyses statistiques – loin d’être les plus faciles! Martin Blais a également apporté un appui fort apprécié au niveau des analyses statistiques. Je tiens à les remercier pour leur aide indispensable.

Je remercie mes camarades de classe et amis, tout particulièrement Sophie et Louis-Philippe, avec qui j’ai partagé plusieurs moments de pur plaisir, d’échanges profonds et de fous rires. Un merci spécial à ma bonne amie, Miriam, qui a accepté avec générosité de corriger la traduction anglaise de

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certains passages de mon mémoire doctoral. Je souhaite remercier également Samuel, mon amoureux et compagnon de vie, qui m’a épaulé avec amour et patience jusqu’à la fin.

Pour conclure, j’aimerais dédier cet ouvrage à ma mère, qui m’a offert un soutien psychologique indispensable tout au long de mon doctorat. Elle a su me soutenir et m’encourager au quotidien, en prenant le temps de m’écouter et de m’éclairer de ses précieux conseils. Merci pour ta douceur et les petites attentions à mon égard, tant appréciées. Je tiens enfin à remercier mon père, qui a toujours été prêt à m’aider tout au long de mon parcours universitaire, et dont la générosité et la présence rassurante ont été inestimables.

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Avant-propos

Ce présent mémoire doctoral inclut un article intitulé Identification de patterns de violence physique et psychologique infligée et subie dans les relations amoureuses à l’adolescence, dont Mlle Olivia Beaulieu-Denault est l’auteure principale.

L’étudiante a participé à la collecte de donnée, aux analyses statistiques et a fait l’écriture complète de l’article. Mme Francine Lavoie, Ph.D, directrice de mémoire doctoral, ainsi que Mme Ginette Dionne, Ph.D, membre de son comité d’encadrement, ont supervisé la rédaction de l’article et y ont apporté des corrections. Les analyses statistiques ont été réalisées en grande partie avec l’aide de Mme Bei Feng, M.Sc, statisticienne. M. Martin Blais, Ph.D., a également contribué aux analyses statistiques.

Cet article s’inscrit dans un projet de recherche plus large, s’intitulant enquête sur les Parcours Amoureux des Jeunes (PAJ), mené par l’Équipe IRSC de recherche sur les Traumas interpersonnels. Ce projet de recherche est dirigé par Mme Martine Hébert, Ph.D., de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et est supporté par l’Institut de Recherche sur la Santé au Canada (IRSC). Mme Martine Hébert et M. Martin Blais ont tous deux relu et suggéré des corrections à apporter à l’article.

Au moment où le présent mémoire doctoral est déposé, l’article est en voie de soumission à une revue scientifique; il sera soumis au courant de la prochaine année.

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Introduction

Alors que la prévalence élevée de violence dans les relations amoureuses à l’adolescence est de plus en plus soulignée dans la littérature, ce phénomène demeure complexe et encore mal compris par les chercheurs et intervenants oeuvrant dans ce domaine (Shorey, Cornelius & Bell, 2008). Ceci serait dû, notamment, au fait que les relations amoureuses à l’adolescence auraient longtemps été mises de côté par les chercheurs en sciences sociales, considérées comme étant des expériences éphémères et de moindre importance, alors que les relations conjugales chez les adultes auraient reçues davantage d’attention (Gover, Kaukinen & Fox, 2008; Shorey et al., 2008). Pourtant, les relations amoureuses à l’adolescence seraient vécues par un nombre important de jeunes et celles-ci prendraient une place considérable dans leur vie. En effet, 70 % des adolescents fréquentant l’école secondaire auraient déjà eu au moins une relation amoureuse au cours de leur vie (Traoré, Riberdy & Pica, 2013). De plus, vers le milieu et la fin de l’adolescence, une majorité de jeunes rapporteraient interagir plus souvent avec leur partenaire amoureux qu’avec leurs parents, amis et fratrie (Furman & Schaffer, 2003). Qui plus est, lorsque les adolescents racontent leur vécu amoureux, c’est-à-dire leur expérience de l’amour et des émotions qui y sont reliées, ils en parleraient de façon étonnamment similaire aux adultes (Connolly, Craig, Goldberg & Pepler, 1999; Levesque, 1993).

Paradoxalement, alors qu’un nombre important d’adolescents décrirait leur relation amoureuse comme étant une « relation spéciale » (Carver, Joyner & Udry, 2003), plusieurs de ces relations seraient teintées de violence. En effet, des données récentes révèlent des taux non négligeable de violence physique et psychologique au sein des relations amoureuses à l’adolescence (Halpern, Oslak, Young, Martin, & Kupper, 2001; Riberdy & Tourigny, 2009; Traoré et al., 2013), bien que plusieurs adolescents victimes ou auteurs de violence au sein de leur relation amoureuse ne percevraient pas la situation de violence dans leur couple comme étant inacceptable (Lavoie & Vézina, 2002). Les recherches montrent néanmoins que les expériences de violence à l’adolescence auraient une incidence délétère sur le plan de la santé mentale et physique, académique, comportemental et sur la satisfaction de la vie de l’adolescent (Ackard, Eisenberg, & Neumark-Sztainer, 2007; Banyard & Cross, 2008 ; Callahan, Tolman & Saunders, 2003; Haynie et al., 2013; Paradis, Hébert, Lavoie & Blais, 2013). De plus, l’expérience de violence dans les relations amoureuses à l’adolescence peut constituer l’amorce d’un parcours de violence conjugale à l’âge

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adulte, si des interventions ne sont pas mises en place rapidement (Smith, White & Holland, 2003). En dépit de l’ampleur du phénomène, les recherches portant sur la violence dans les relations amoureuses à l’adolescence sont limitées et comportent diverses lacunes (Gover et al., 2008; Lewis & Fremouw, 2001; Shorey et al., 2008). Ainsi, il apparaît primordial d’établir un meilleur portrait de la violence dans les relations amoureuses à l’adolescence, tout en palliant certaines lacunes des études antérieures et en tenant compte de la mutualité de la violence dans les relations amoureuses à l’adolescence (Kaukinen, 2014). Dans cette optique, ce présent mémoire vise à examiner l’hétérogénéité des expériences de violence physique ou psychologique infligée ou subie qui sont vécues au sein des relations amoureuses à l’adolescence, et ce, à l’aide d’une approche novatrice dans le domaine des sciences sociales : l’approche centrée sur la personne.

Ce mémoire doctoral se divise en 5 chapitres et comprend un article scientifique. Le premier chapitre porte sur l’évolution des relations amoureuses à l’adolescence et explique notamment comment se développent les relations amoureuses malsaines à l’aide de trois théories : la théorie développementale-contextuelle, la théorie de l’attachement et la théorie de l’apprentissage social. Le second chapitre porte sur la violence dans les relations amoureuses à l’adolescence et présente, plus spécifiquement, sa prévalence, ses définitions, l’évolution de son portrait au fil du temps et le recensement d’études publiées selon une approche centrée sur la personne. Le troisième chapitre fait état des études mettant en lien la violence dans les relations amoureuses et certains facteurs associés, telles que des facteurs familiaux, individuels et relationnels. Les objectifs et hypothèses de recherche sont ensuite présentés, ainsi que les considérations méthodologiques pertinentes à la compréhension des analyses. Le quatrième chapitre comporte l’article scientifique, qui représente le corps du mémoire : il comprend une introduction, la méthodologie, les résultats et la discussion. Enfin, le cinquième chapitre consiste en la conclusion du mémoire doctoral.

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Revue de la littérature

Chapitre 1: Le développement des relations amoureuses à

l’adolescence

Les expériences de relations amoureuses sont fréquentes à l’adolescence. Selon le rapport présenté par Traoré et al. (2013), près du deux-tiers des élèves de secondaire 1 à 5 auraient déjà eu au moins une relation amoureuse au cours de leur vie. Une autre enquête québécoise représentative réalisée auprès d’adolescents révèle que plus de la moitié des jeunes de 13 ans auraient déjà fréquenté un partenaire au cours de leur vie et ce ratio augmenterait à près du trois quart à l’âge de 16 ans (Lavoie & Vézina, 2002).

Les adolescents appellent communément leur partenaire amoureux leur « chum » ou leur « blonde », toutefois, la signification qu’ils donnent à ces termes n’est pas claire et semble varier d’un adolescent à l’autre, notamment en fonction de l’âge, de l’étape développementale et de l’évolution de la relation amoureuse (Connolly & McIsaac, 2011). De plus, puisque les relations amoureuses à l’adolescence sont relativement courtes, le temps nécessaire avant qu’une relation entre deux adolescents puisse être qualifiée de « relation amoureuse » peut varier considérablement et il n’y a pas de consensus à ce sujet, tant pour les adolescents que pour les chercheurs (Wolfe & Wekerle, 2014). Les adolescents vont utiliser différents termes : ils vont tantôt dire qu’ils « date » une personne ou qu’ils la « fréquentent ». Par ailleurs, lorsqu’un engagement a été pris entre deux partenaires, les jeunes vont communément dire « nous sommes ensemble » pour signifier qu’ils sont dans une relation amoureuse (Wolfe & Wekerle, 2014). Quoi qu’il en soit, il n’existe toujours pas, jusqu’à ce jour, de définition précise et systématique afin d’établir ce qu’est une « relation amoureuse à l’adolescence ».

1.1 Le développement de l’intimité

La capacité de former une intimité au sein d’une relation amoureuse se développerait graduellement au cours de l’adolescence et dépendrait grandement des compétences relationnelles acquises au sein de relations significatives antérieures, c’est-à-dire, des relations positives et supportantes entretenues avec les parents et les pairs (Collins & Sroufe, 1999). Reis et Shaver (1988) définissent l’intimité comme étant un processus interpersonnel à l’intérieur duquel deux partenaires en interaction éprouvent et expriment des émotions, communiquent verbalement et non verbalement

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[...]. Les auteurs ajoutent que l’intimité implique, en plus des comportements de dévoilement de soi, une expérience mutuelle de compréhension, de validation et de caring (i.e. prendre soin de l’autre). Collins et Sroufe (1999) notent que comme chez les couples adultes, il existerait une différenciation dans le degré d’intimité pouvant être atteint entre deux partenaires adolescents. Par exemple, une relation amoureuse peut être qualifiée de relation étroite (close relationship), qui se caractérise par de hauts niveaux de contacts et d’interdépendance entre les partenaires ou de relation intime (intimate relationship), qui implique un sentiment mutuel d’être compris, validé et dans laquelle les deux partenaires prennent soin l’un de l’autre.

Dans les années 1980, il a été proposé de conceptualiser la relation amoureuse à l’aide de trois sphères distinctes, soit la passion sexuelle, l’engagement et l’intimité, toutes les trois étant présentes à différents niveaux au sein d’une relation amoureuse (Sternberg, 1986). Selon cette conceptualisation, la passion sexuelle serait nécessaire afin que la relation passe d’une relation amicale à une relation amoureuse, mais une relation doit également être motivée par un désir de proximité émotionnelle (i.e. d’intimité) entre les deux partenaires. L’engagement correspondrait au choix mutuel et délibéré des deux partenaires de demeurer en couple dans un futur proche et d’être fidèle l’un à l’autre. L’engagement serait la composante la moins caractéristique des relations amoureuses à l’adolescence et s’installerait plutôt à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte (Connolly et al., 1999).

Il existe différentes théories afin d’expliquer le développement des relations amoureuses à l’adolescence. Une première conception donne un éclairage normatif sur l’évolution des relations amoureuses à l’adolescence, à partir des étapes développementales par lesquelles les jeunes passent habituellement. Les théories de l’attachement et de l’apprentissage social fournissent quant à elles des explications sur les facteurs développementaux pouvant influencer différents parcours relationnels.

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1.2 Théories sur le développement des relations amoureuses à

l’adolescence

1.2.1 Théorie contextuelle-développementale

D’après l’ouvrage de Connolly et McIsaac (2011), qui fait état des différents modèles portant sur le développement des relations amoureuses à l’adolescence, les recherches convergeraient vers trois grandes étapes développementales distinctes. La première étape, allant de 11 à 13 ans, serait provoquée notamment par le début de la puberté. Lors de cette période, l’intérêt fleurissant pour les relations amoureuses amènerait les jeunes à avoir de plus en plus d’amis, ce qui augmenterait par conséquent l’attirance et les opportunités de flirts. La seconde étape, allant de 14-16 ans, constituerait une étape d’exploration. À ce moment, l’adolescent développerait essentiellement des relations amoureuses de type « casual dating » ou « dating in group », qui surviendraient dans le contexte d’affiliation à des groupes de pairs. Ces relations ressembleraient davantage à des relations amicales, ne dureraient généralement pas longtemps et seraient souvent reliées au statut social. Enfin, la troisième étape se déroulerait entre les âges de 16-18 ans et il s’agirait de l’étape de consolidation des liens amoureux dyadiques. Les relations amoureuses prendraient alors une plus grande signification et seraient de plus longue durée.

Vers le milieu et la fin de l’adolescence, la relation amoureuse commencerait à remplir davantage les fonctions propres à une relation d’attachement, tels que les besoins d’intimité et de « caring » (i.e. prendre soin de l’autre) (Connolly & McIsaac, 2011; Furman & Buhrmester, 2009). En effet, au début de leurs expériences amoureuses, les adolescents accorderaient une plus grande importance à l’affiliation (ou au « compagnonnage ») et moins à l’intimité émotionnelle et ceci se renverserait progressivement à partir du milieu de l’adolescence (Connolly et al., 1999). L’importance grandissante accordée à l’intimité et à la qualité de la relation amoureuse coïnciderait avec la diminution de l’engagement envers les groupes de pairs et également, avec l’augmentation du temps passé avec le partenaire amoureux. Déjà vers l’âge de 15 ans, une majorité d’adolescents en couple rapporteraient passer plus de temps avec leur partenaire amoureux qu’avec leurs parents, amis et fratrie (Furman & Schaffer, 2003).

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adolescents, cette description normative de l’évolution des relations amoureuses ne laisse pas beaucoup de place aux variations individuelles faisant qu’un adolescent, plutôt qu’un autre, s’engagera dans des relations amoureuses malsaines. Les théories de l’attachement et de l’apprentissage social procurent quant à elles certaines explications sous-jacentes à des parcours amoureux distincts.

1.2.2 Théorie de l’attachement

La théorie de l’attachement, développée par Bowlby (1969; 1973; 1980), met en lumière les processus développementaux à travers lesquels des liens d’attachement se créent entre l’enfant et ses parents. Cette théorie s’est ensuite étendue aux liens d’attachement développés entre deux partenaires amoureux puisqu’il s’agirait, essentiellement, de processus semblables (Hazan & Shaver, 1987).

D’après la théorie de l’attachement de Bowlby (1969; 1973; 1980), les interactions comportementales répétées entre l’enfant et ses premières figures d’attachement, habituellement les parents, lui permettraient d’apprendre un système comportemental d’attachement ayant comme fonction la mise en place et le maintien d’une proximité affective avec des figures d'attachement significatives. À travers ces interactions, l’enfant développerait diverses habiletés relationnelles ainsi que des représentations mentales sur soi et sur les autres, en fonction de la capacité des parents à répondre à ses besoins en lui procurant un lieu sûr (safe haven) ainsi qu’une base de sécurité (secure base). Ainsi, dès les premières années de sa vie, l’enfant développerait des représentations mentales plus ou moins positives sur soi (i.e. quant à son mérite de recevoir du soutien et du réconfort) et sur les autres (i.e. quant à la capacité et à la disponibilité de sa figure d’attachement à lui fournir du réconfort et une protection).

Les enfants ayant vécu des expériences d’attachement négatives, voire traumatisantes, au cours de leur développement et dont les besoins n’ont pas été satisfaits adéquatement seraient plus à risque de développer des représentations mentales négatives de soi, se traduisant par une anxiété face à la possibilité de ne pas être aimé, ou des représentations mentales négatives sur les autres, se traduisant par un doute quant à la disponibilité d’autrui en cas de détresse. Les enfants ayant de telles représentations mentales seraient plus à même de développer un d’attachement de type

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7 insécurisant. Selon Hazan et Shaver (1987), les représentations mentales et le type d’attachement développés en bas âge dans les relations avec les parents et les pairs influencerait le type d’attachement développé dans les relations amoureuses futures. En effet, vers le milieu et la fin de l’adolescence, les relations amoureuses rempliraient des fonctions similaires à celles des relations parents-enfants, c’est à dire, de procurer un lieu sûr (safe haven) ainsi qu’une base de sécurité (secure base) (Connolly & McIsaac, 2011; Hazan & Shaver, 1987; Furman & Buhrmester, 2009). Ainsi, selon Hazan & Shaver (1987), les individus ayant un attachement insécurisant éprouveraient généralement un inconfort à se tourner vers leur partenaire pour du soutien, ou alors, ressentiront un besoin constant d’être réassuré et soutenu par leur partenaire amoureux. Selon une recherche menée par Campbell, Simpson, Boldry et Kashy (2005) auprès de jeunes étudiants universitaires, les individus ayant un attachement insécurisant (de type anxieux) auraient recours à des tactiques de communications moins efficaces et présenteraient plus de détresse lors de discussions visant à régler des mésententes au sein du couple. D’après l’étude de Godbout, Dutton, Lussier et Sabourin (2009) menée auprès de couples adultes, l’attachement insécurisant serait médiateur entre l’exposition à la violence familiale en bas âge et la violence dans les relations amoureuses futures. Godbout et al. (2009) expliquent leurs résultats par le fait que les jeunes ayant été exposés à de la violence familiale en bas âge doivent composer avec des figures d’attachement représentant de potentielles sources de danger. Ceci contribuerait au développement d’une vision du soi « vulnérable » et des autres, « non disponibles » pour répondre à leurs besoins.

En contrepartie, les adolescents ayant un attachement sécurisant auraient davantage confiance en la capacité de leur partenaire à les soutenir dans des moments de stress et à être émotionnellement disponible sur une base régulière et par conséquent, ils seront prompts à rechercher une proximité affective et du soutien auprès de celui-ci (Connolly & McIsaac, 2011). D’après l’étude de Sprecher et Fehr (2011), effectuée auprès d’étudiants universitaires, un attachement sécurisant serait positivement associé à un amour compatissant, c’est-à-dire, une relation caractérisée par de la tendresse, de l’empathie, du soutien, de la compréhension et une attitude générale encourageant l’épanouissement personnel de l’autre, alors qu’un attachement insécurisant serait négativement associé à ces caractéristiques

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dans les relations passées façonnerait le type d’attachement déployé dans les relations amoureuses futures et par conséquent, la capacité de développer une intimité saine avec un partenaire amoureux. La théorie de l’apprentissage social explique quant à elle le développement de relations amoureuses malsaines sous un angle comportemental et cognitif.

1.2.3 Théorie de l’apprentissage social

La théorie de l’apprentissage social de Bandura (1977, 1978) suggère que les adolescents apprendraient et reproduiraient plusieurs comportements par l’observation de modèles significatifs, tels que les parents, les pairs et d’autres adultes significatifs. Cette théorie stipule notamment que la violence envers autrui serait un comportement appris chez les enfants qui auraient grandi dans une famille où la violence était une réponse tolérée et justifiée face aux conflits. La transmission d’un comportement violent s’effectuerait selon des processus d’imitation et de renforcement des comportements violents, ainsi que par l’absence de modèle adéquat de résolution de conflits. Les enfants apprendraient également les scripts sociaux nécessaires pour devenir agresseur ou victime, en internalisant des rationalisations qui normalisent la violence interpersonnelle.

Ainsi, lorsqu’un modèle significatif considéré par l’enfant comme étant compétent, ayant du pouvoir et un statut important adopte des comportements qui engendrent des résultats positifs, ces comportements seraient susceptibles d’être répétés par le jeune selon des processus d’imitation et de renforcement. Par exemple, un enfant qui observe un parent menacer son partenaire peut percevoir que ce type de comportement procure un certain pouvoir en instillant la peur chez l’autre et qu’il permet d’obtenir ce qu’il désire. Ainsi, l’enfant peut par la suite répéter ce même comportement dans ses propres relations, d’abord avec ses pairs et ensuite, avec ses partenaires amoureux. De la même façon, si l’enfant observe des modèles significatifs avoir des interactions positives, telles que des comportements d’empathie et de soutien, l’enfant aura tendance à répéter ces mêmes comportements dans ses relations interpersonnelles et intimes.

Enfin, d’après Wolfe et Feiring (2000), en même temps qu’ils traversent des changements psychologiques importants et entreprennent leurs premières relations amoureuses, les adolescents acquerraient et consolideraient certains comportements appris durant l’enfance, ainsi que certaines attitudes et croyances, notamment celles reliées au pouvoir au sein des relations. Selon ces auteurs,

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9 l’adolescence serait une période déterminante afin d’inculquer de nouveaux comportements, attitudes, croyances quant aux relations amoureuses et ainsi, modifier certains patterns relationnels nocifs avant qu’ils ne se cristallisent à long terme.

Chapitre 2: La violence dans les relations amoureuses à

l’adolescence

2.1 Prévalence de la violence dans les relations amoureuses

Le National Longitudinal Study of Adolescent Health (Add Health) a permis de fournir les premiers estimés de la prévalence de violence physique mineure et psychologique dans les relations amoureuses à l’adolescence à partir d’un échantillon national représentatif de 7500 adolescents de grades 7 à 12. Les résultats de l’enquête, dont les données ont été colligées entre 1994 et 1995, ont révélé que 32 % des adolescents engagés dans une relation amoureuse hétérosexuelle depuis au moins 18 mois rapportaient avoir été victimes de violence physique ou psychologique (Halpern et al., 2001). Parmi ceux-ci, 12 % rapportaient avoir été victimes de violence physique mineure et 20 %, de violence psychologique. Plus récemment, un rapport rédigé par Traoré et al. (2013) qui porte sur les résultats de l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2010-2011 (Institut de la statistique du Québec, 2012) effectuée sur un échantillon représentatif d’élèves du secondaire 1 à 5, présente des résultats similaires. Les résultats indiquent que, dans la dernière année, 13 % des élèves rapportait avoir infligé de la violence physique et 12 % rapportait en avoir subie. Quant à la violence psychologique, 17 % des élèves rapportait en avoir infligée et 22 % rapportait en avoir subie. De plus, les résultats révèlent que 16 % des jeunes rapportait avoir à la fois infligé et subi de la violence physique ou psychologique. Par ailleurs, l’expérience de violence infligée et mutuelle était plus élevée chez les filles que chez les garçons. Notons que lorsque les chercheurs utilisent des questionnaires décrivant la fréquence de la violence comme source d’information, ils obtiennent un portrait dans lequel les adolescentes sont fortement impliquées dans la violence tant psychologique que physique.

Les adolescents qui rapportent des expériences de violence mutuelle présentent également un profil de violence plus sévère : ils rapportaient une fréquence plus élevée de comportements violents et une occurrence plus élevée de blessures comparativement à ceux qui vivent de la violence

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mutuelle (Gray & Foshee, 1997, Paradis et al., 2013; Swahn, Alemdar & Whitaker, 2010). Selon Shorey et al., (2008), la présence de violence mutuelle témoigne d’une dynamique particulière au sein des jeunes couples qui est encore mal comprise. Kaukinen (2014) souligne l’importance de prendre en compte l’interaction de la violence qui s’installe entre les partenaires, tant sur le plan de la recherche que de l’intervention. La violence sexuelle serait, quant à elle, plus caractéristique des jeunes hommes (infligée par 3.4 % de garçons vs 2 % de filles et subie par 14.5 % de filles vs 5.1 % de garçons; Traoré et al., 2013), mais elle ne sera pas étudiée ni commentée dans ce mémoire.

Enfin, non seulement la violence dans les relations amoureuses à l’adolescence est un phénomène répandu qui donne lieu à des conséquences dommageables, mais elle constituerait bien souvent l’amorce d’un parcours de violence conjugale. Effectivement, la violence dans les relations amoureuses à l’adolescence serait un prédicteur de la violence dans les relations conjugales à l’âge adulte (Arriaga & Foshee, 2004; Cui, Ueno, Gordon & Fincham, 2013; Gómez, 2011; Smith et al., 2003). Ainsi, tel que souligné par Wolfe et Feiring (2000), l’adolescence constituerait donc une période critique afin de contrecarrer les dynamiques de violence avant qu’elles ne s’installent à plus long terme.

2.2 Définitions de la violence dans les relations amoureuses

Vu la diversité des formes, des manifestations et de la sévérité que peut prendre la violence, il existe une grande variabilité quant aux définitions établies de la violence dans les relations amoureuses et conjugales. Par exemple, certaines définitions incluent tous les types (ou formes) de violence alors que d’autres les distinguent. Certaines définitions visent plus spécifiquement les couples adultes mariés alors que d’autres ne font pas de distinction entre les couples mariés et les couples non mariés. Selon la recension des écrits de Lewis et Fremouw (2001), le manque de consensus quant à une définition précise de la violence occasionnerait des difficultés à conduire, à répliquer et à comprendre les recherches portant sur la violence dans les relations amoureuses.

En 1989, Sugarman et Hotaling ont établi une définition opérationnelle de la violence qui a été utilisée maintes fois dans les travaux sur la violence conjugale. Selon ces auteurs, la violence correspondrait à « l’utilisation ou la menace d’une force ou d’un contrôle physique sur l’autre, avec l’intention de lui causer une souffrance ou des blessures » (p. 5). Notons que cette définition de la

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11 violence est peu inclusive et évoque l’usage de violence physique uniquement. Plusieurs chercheurs ont d’ailleurs pointé du doigt le fait que les définitions de la violence dans les relations amoureuses étaient trop restreintes, c’est-à-dire qu’elles excluaient certains types de violence, comme la violence psychologique et sexuelle (Shorey et al., 2008).

Dans sa recension des écrits sur la violence dans les relations amoureuses, Jackson (1999) témoigne de l’importance de se pencher sur d’autres types de violence, notamment sur la violence psychologique, pour bien saisir la problématique dans sa totalité. L’auteure met en évidence le fait que plusieurs études montrent que ces deux types de violence surviennent souvent de concert et qu’une grande proportion de couples violents psychologiquement évoluent ensuite vers de la violence physique.

Ainsi, dans la dernière décennie, des chercheurs ont formulé de nouvelles définitions afin de mieux rendre compte de cette réalité. En 2007, Anderson et Danis ont formulé une définition de la violence qui tient compte des différents types de violence et qui se veut plus spécifique au contexte des relations amoureuses chez les adolescents, soit « la menace ou l’utilisation de violence physique, sexuelle ou psychologique, par un membre d’un couple non-marié sur l’autre membre, dans le contexte d’une relation amoureuse » (p. 88). Une autre définition plus intégrative a été définie par Lavoie, Hotton-Paquet, Laprise et Lacerte (2009) et va comme suit : « tout comportement ayant pour effet de nuire au développement de l’autre, en compromettant son intégrité physique, psychologique ou sexuelle » (p.12).

En ce qui concerne l’opérationnalisation de la violence psychologique plus spécifiquement, certains auteurs ont inclus la violence verbale et émotionnelle dans une seule et même définition, alors que d’autres en ont fait trois concepts distincts (i.e. violence psychologique, verbale et émotionnelle). Lavoie et al. (2009) ont proposé quant à eux d’intégrer la violence psychologique, verbale et émotionnelle dans un seul terme, soit la violence psychologique. Ces auteurs ont défini la violence psychologique comme étant « l’usage de menaces, de dénigrement, de tromperies et de contrôle ayant pour effet de bouleverser et de déstabiliser l’autre et de compromettre son bien-être. Cette violence psychologique peut s’exprimer par des actes ou une absence d’actes, comme le fait de bouder ou de se retirer, ou encore par des paroles » (p.12).

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12

Enfin, notons que la violence dans les relations amoureuses chez les adolescents ne peut pas être mesurée et évaluée de la même façon que la violence dans les couples adultes, notamment parce que certains actes violents dans les couples adultes sont plus communs chez les adolescents en raison de leur immaturité et de leur manque d’expérience (Wolfe et al., 2001). Pour ce présent mémoire, nous opérationnaliserons la violence dans les relations amoureuses comme étant « la menace ou l’utilisation de violence physique ou psychologique, par un membre d’un couple sur l’autre membre, dans le contexte d’une relation amoureuse » (Anderson & Danis, 2007, p. 88).

2.3 Évolution du portrait de la violence dans les relations amoureuses

Le portrait que l’on a fait de la violence dans les relations amoureuses a considérablement évolué au cours des dernières décennies. En effet, Gover et al. (2008) notent que non seulement les premières études empiriques menées sur ce sujet concernaient essentiellement les couples d’adultes mariés, mais elles conceptualisaient la violence comme étant l’apanage de l’homme. Des recherches récentes révèlent néanmoins que la violence au sein des couples adolescents est un phénomène tout aussi préoccupant que la violence au sein des couples adultes, bien qu’elle dépeigne un portrait différent. En effet, on remarque qu’à l’adolescence, les garçons rapporteraient aussi souvent que les filles être victimes de violence physique et psychologique (Halpern et al., 2001; Riberdy & Tourigny, 2009; Shorey et al., 2008; Traoré et al., 2013) et que les filles rapporteraient plus souvent être auteures de violence physique et psychologique que les garçons (Capaldi, Knoble, Shortt & Kim, 2012; Traoré et al., 2013). On remarque également une prévalence importante de violence mutuelle chez les couples adolescents (Chiodo et al., 2011; Haynie et al., 2013; Renner & Whitney, 2010; Riberdy & Tourigny, 2009; Traoré et al., 2013).

Les recherches précédentes sur la violence dans les relations amoureuses ou sur la violence conjugale comportaient également un certain nombre de lacunes. Notamment, l’une des limites réside dans le fait que les agresseurs et les victimes ont souvent été considérés comme faisant partie de groupes homogènes (Lewis & Fremouw, 2001; Shorey et al., 2008). Par conséquent, les études ont longtemps cherché à mettre en évidence les similitudes qui caractérisaient, par exemple, le groupe des « agresseurs », qui était ensuite comparé à un groupe de « non-violents ». Cette façon de conceptualiser et d’étudier un phénomène découle d’une approche centrée sur les variables et fait

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13 fi des variations de comportements entre les individus d’un groupe donné (Shorey et al., 2008). Pourtant, il existe une variété de comportements violents, donc plusieurs types d’agresseurs et ces derniers sont parfois eux-mêmes victimes de violence.

Une autre limite soulevée, mentionnée cette fois par Capaldi et Kim (2007), consiste dans le fait que le phénomène de la violence dans les relations amoureuses a trop souvent été étudié exclusivement sous un angle individuel, par exemple, par l’examen des traits de personnalité ou des attitudes qui caractérisent les agresseurs. Se faisant, les chercheurs ont négligé l’interaction entre les deux partenaires afin d’expliquer la violence dans les relations amoureuses et n’ont pas tenu compte du fait qu’il s’agit, avant tout, d’un phénomène relationnel (Giordano, Soto, Manning & Longmore, 2010). Kaukinen, (2014) et Capaldi et Kim (2007) insistent sur la nécessité de prendre en compte les comportements violents des deux partenaires afin de mettre en évidence divers patterns de violence.

En somme, plusieurs auteurs s’entendent maintenant sur l’impératif d’examiner l’hétérogénéité des profils d’agresseurs et de victimes qui existent au sein d’une population (Capaldi & Kim, 2007; Haynie et al., 2013; Lewis & Fremouw, 2001; Paradis et al., 2013; Shorey et al., 2008). Pour ce faire, Giang et Graham (2008) recommandent l’utilisation d’un modèle d’analyse de classes latentes, une méthode statistique qui provient d’une approche centrée sur la personne. Tandis que l’approche centrée sur les variables (e.g. analyse de variance, corrélation, analyse de régression, modèle d’équations structurelles) s’intéresse avant tout à la relation entre les variables, l’approche centrée sur la personne (e.g. analyse de clusters, analyse de classes latentes, analyse de croissance des classes latentes, modèle de croissance mixte) s’intéresse aux différences inter et intra individuelles au sein d’une population, en classifiant les individus dans des sous-groupes de façon empirique. Selon Giang et Graham (2008), l’analyse de classes latentes serait supérieure à une approche de dichotomisation traditionnelle afin de capter les variations inter et intra-groupes entre divers profils d’agresseurs et de victimes de victimisation entre pairs. D’après Lewis et Fremouw (2001), l’approche centrée sur la personne permettrait, entre autres, de mieux cibler les individus à haut risque dans une population et ainsi, de diriger les efforts de prévention et d’intervention plus efficacement.

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14

2.4 Recension des études portant sur la violence dans les relations

amoureuses à l’adolescence selon une approche centrée sur la

personne

La recherche sur la violence dans les relations amoureuses auprès de la population adolescente est assez récente. Par conséquent, rares sont les études ayant employé une approche centrée sur la personne afin d’étudier ce phénomène auprès des adolescents (Shorey et al., 2008). La première étude à s’y être intéressée a été réalisée en 1992 par Stith, Jester et Bird, auprès de jeunes adultes en première année d’université (69 garçons et 97 filles). Ces chercheurs ont utilisé une analyse de clusters afin de classifier des étudiants ayant infligé de la violence physique à leur partenaire amoureux, en fonction des caractéristiques de la relation amoureuse, du style de négociation et des stratégies d’adaptation (de coping). Ils ont ensuite vérifié si les sous-groupes identifiés différaient sur diverses variables telles que la sévérité de la violence, le niveau de violence émotionnelle et verbale, la durée de la relation et l’estime de soi. Les auteurs ont fait ressortir quatre sous-groupes d’agresseurs: secure lover (niveau le plus faible de violence physique et émotionnelle/verbale), stable minimizer (faible niveau de violence physique et émotionnelle/verbale, utilisation de stratégies d’évitement, durée de la relation la plus longue, bonne estime de soi), hostile pursuer (niveau le plus élevé de violence émotionnelle/verbale et violence physique modérée, très engagés dans le maintien de leur relation, ambivalence face à leur relation et nombreux conflits) et hostile disengaged (violence physique la plus sévère et la plus fréquente, faible niveau de violence émotionnelle/verbale, durée de la relation la plus courte et haut niveau de conflit). Cette étude a mis en évidence et ce, pour la première fois, que les étudiants qui commettent de la violence envers leur partenaire amoureux pouvaient être catégorisés en sous-groupes distincts. Néanmoins, cette étude a été réalisée sur un échantillon restreint d’étudiants à la fin de l’adolescence et au début de l’âge adulte et se limitait à ceux qui infligeaient de la violence.

Par la suite, en réponse à des recommandations voulant que les chercheurs se penchent davantage sur la problématique de la victimisation, Foster, Hagan et Brooks-Gunn (2004) ont effectué une étude à l’aide d’une approche centrée sur la personne (i.e. analyse de classes latentes) sur des adolescentes âgées de 11 à 21 ans. Leur objectif était d’examiner l’effet de la maturation physique et de l’âge chronologique sur le risque de victimisation physique et verbale au sein de leur relation amoureuse. Leurs résultats ont mis de l’avant trois classes d’adolescentes : celles n’ayant pas été

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15 exposées à de la violence verbale ou physique, celles ayant été exposées à de la violence verbale uniquement et celles ayant été exposées aux deux types de violence. Leurs résultats ont montré notamment que les adolescentes les plus âgées (15 à 21 ans) étaient plus à risque d’être exposées à de la violence verbale comparativement aux plus jeunes (11-14 ans). Bien que cette étude soit parmi les premières à avoir développé une typologie avec des victimes de violence dans les relations amoureuses à l’adolescence, elle demeure limitée à une population de genre féminin et ne considère pas celles qui sont auteures de violence ou à la fois victimes et agresseurs.

Subséquemment, afin de mieux comprendre la cooccurrence de divers types de violence, Bossarte, Simon et Swah (2008) ont élaboré une typologie comportementale auprès d’adolescents fréquentant le collège à l’aide d’une analyse de clusters. L’objectif de l’étude était d’identifier des sous-groupes d’adolescents en fonction de la perpétration et de la victimisation de violence physique et psychologique dans leur relation amoureuse et avec les pairs. Les adolescents sélectionnés devaient être en couple et avoir infligé au moins un acte de violence dans la dernière année. Les résultats ont permis de faire ressortir cinq sous-groupes, dont deux qui se distinguent selon le contexte de la violence (violence dans la relation amoureuse ou avec les pairs). Les jeunes appartenant au sous-groupe associé au plus haut niveau de violence cumulent quant à eux différents contextes de violence (relation amoureuse et pairs). Les auteurs ont constaté également que les adolescents qui infligent des comportements violents sont aussi victimes de ces mêmes comportements, ce qui appuie, selon les auteurs, la présence de violence mutuelle. En outre, contrairement aux études précédentes, cette étude s’est penchée simultanément sur la victimisation et la perpétration de violence, mais visait spécifiquement les adolescents ayant déjà infligé au moins un acte de violence dans la dernière année ainsi que les milieux à haut-risque de violence. Par conséquent, les adolescents provenant d’un milieu à plus faible risque, ainsi que les adolescents ayant été uniquement victimes de violence n’ont pas été représentés.

Plus récemment, Haynie et al. (2013) ont identifié des patterns de violence dans les relations amoureuses en fonction du rôle (victime ou agresseur) et du type de comportement violent (physique ou verbal) auprès d’un échantillon national représentatif d’élèves provenant des États-Unis (n= 2203) à l’aide d’une analyse de classes latentes. Les auteurs ont également examiné si les classes identifiées se distinguaient en fonction du genre et de certaines covariables (plaintes physiques,

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16

symptômes dépressifs et utilisation de substance). Leurs résultats ont fait ressortir trois patterns de violence dans les relations amoureuses à l’adolescence: ceux n’étant pas impliqués (65 %), ceux étant à la fois victimes et agresseurs de violence verbale (30 %) et ceux étant à la fois victimes et agresseurs de violence verbale et physique (5 %). Notons que les gestes de violence verbale et physique étaient évalués sur une échelle dichotomique (oui/non), limitant l’interprétation des résultats. De plus, dans l’étude de Haynie et al. (2013) et celle de Bossarte et al. (2008), les répondants sont invités à répondre de façon générale sur leurs relations dans les 12 derniers mois. Ainsi, il n’est pas possible de préciser si le double rôle de victime et d’agresseur est présent au sein de la même relation amoureuse. En effet, dans les enquêtes, il n’est pas souvent précisé avec quel partenaire la violence a été échangée dans la dernière année, faisant en sorte que l’information recueillie sur la violence mutuelle peut traiter de relations amoureuses différentes. Par exemple, Bossarte et al. (2008) réfèrent au partenaire des 12 derniers mois en demandant : « how often have you done any of the following things to someone you have been on a date with? ». Une stratégie afin que les données colligées réfèrent au même couple est de demander, devant l’éventualité de plusieurs partenaires pendant la période de référence, de penser au plus récent.

Enfin, une dernière étude, réalisée par Paradis et al. (2013) auprès d’un échantillon de 135 élèves de la région de Québec, visait à identifier divers profils d’adolescents de 14 à 18 ans sur la base de la cooccurrence de différentes formes de violence subie et infligée dans leur relation amoureuse récente (physique, psychologique et sexuelle). Leurs résultats ont fait ressortir quatre profils distincts de violence dans les fréquentations : peu de violence (n = 39), violence psychologique mutuelle (n = 39), violence infligée (n = 20) et violence mutuelle (n = 37).

À l’instar des études de Haynie et al. (2013) et de Paradis et al. (2013), la présente étude est l’une des rares visant à identifier des profils ou des patterns de violence, à l’aide d’une approche centrée sur la personne. Tout comme les études de Haynie et al. (2013) et de Paradis (2013), cette étude prend en compte à la fois le type de violence (physique ou psychologique) et la direction de la violence (infligée, subie ou mutuelle).

Par ailleurs, contrairement à l’étude de Paradis et al. (2013), qui a été réalisée auprès d’un petit échantillon d’élèves du secondaire, cette étude se base sur les données d’un large échantillon

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17 représentatif d’élèves du secondaire. De plus, à la différence de l’étude de Haynie et al. (2013), cette étude ne tient pas seulement compte de la présence de violence, mais également de la fréquence à laquelle les comportements violents ont été infligés ou subis, ce qui permet de mesurer différents niveaux de violence (récurrente, occasionnelle et absente). Également, les données colligées portent sur un couple de référence spécifique, soit sur la relation amoureuse la plus récente dans la dernière année. Enfin, tandis que l’étude de Haynie et al. (2013) examine les conséquences mentales et physiques associées à chaque pattern ressorti, cette étude examine plutôt le lien entre les différents patterns de violence et des facteurs associés à la violence dans les relations amoureuses (familiaux, individuels et relationnels). Ceci a pour but à la fois de valider, de distinguer et de mieux comprendre les patterns de violence identifiés.

Chapitre 3: Modèle explicatif et facteurs associés à la

violence dans les relations amoureuses

Alors que des modèles conceptuels de la violence interpersonnelle ont mis l’accent sur la trajectoire développementale des agresseurs selon une perspective individuelle et psychologique, des modèles plus récents se sont davantage intéressés au contexte relationnel et situationnel dans lequel la violence surgit (i.e. perspective interactionnelle) (Capadi & Kim, 2007; Bartholomew et Cobb, 2011). Bartholomew et Cobb (2011), quant à eux, allient ces deux perspectives en développant un modèle qui tient compte à la fois des caractéristiques individuelles et interactionnelles de la violence. D’après leur modèle dyadique de la violence, il importerait de prendre en compte divers niveaux de facteurs afin d’expliquer la violence, soit les individual background and dispositional characteristics des partenaires, qui correspondent à des facteurs qui prédisposent à la violence (e.g. caractéristiques familiales, personnalité, habiletés interpersonnelles). Également, les relational context characteristics (e.g. attachement, communication, inégalité de pouvoir), les situational characteristics (e.g. menace d’abandon, provocation du partenaire, consommation d’alcool) qui précipitent l’installation de la violence au sein du couple et enfin, les violence pattern characteristics (e.g. sévérité, mutualité, réponse à la violence du partenaire et conséquences de la violence). Dans leur ouvrage, Bartholomew et Cobb (2011) déplorent le fait que la recherche actuelle ne permette pas d’établir de liens entre des patterns spécifiques de violence et les autres niveaux de facteurs.

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18

que des facteurs relationnels, en lien avec la violence dans les relations amoureuses à l’adolescence.

3.1 Facteurs familiaux et individuels

3.1.1 Exposition à la violence inter-parentale

D’après la revue systématique de la littérature sur les facteurs de risque liés à la violence dans les relations amoureuses réalisée par Capaldi et al. (2012), il y aurait une association significative, de faible à modérée, entre l’exposition à de la violence familiale dans l’enfance (victime de violence parentale ou exposition à de la violence inter-parentale) et la violence dans les relations amoureuses futures. Plus spécifiquement, la méta-analyse de Stith et al. (2000) établit une relation modérée (r = .35) entre l’exposition à de la violence inter-parentale et la perpétration de violence dans les relations amoureuses à l’âge adulte. D’après une recherche longitudinale réalisée sur 20 ans auprès de 543 enfants, l’exposition à de la violence inter-parentale serait le second facteur de risque le plus important de perpétration de violence envers le partenaire amoureux (après le trouble des conduites) et constituerait le risque le plus important de victimisation au sein de la relation amoureuse (Ehrensaft et al., 2003). Les autres facteurs de risque étudiés étaient la maltraitance, le trouble des conduites, l’utilisation de substances et les conduites parentales.

L’hypothèse la plus répandue afin d’expliquer cette relation est celle de la transmission intergénérationnelle de la violence, avancée d’abord par Marshall et Rose (1988) et qui prend appui sur la théorie comportementale et cognitive de l’apprentissage social de Bandura (1978; 1986). Selon cette hypothèse, les enfants ayant été témoins de violence inter-parentale répèteraient ces comportements dans leurs relations intimes car ils auraient appris que la violence était une réponse acceptable et justifiée face aux conflits (Franklin & Kercher, 2012). En effet, la théorie de l’apprentissage social de Bandura (1986) propose que les enfants apprendraient une gamme d’habiletés sociales et relationnelles à travers l’observation de figures significatives ainsi que leurs interactions avec elles. Par conséquent, les parents adoptant des comportements violents nuiraient à l’apprentissage d’habiletés sociales saines, en plus d’inculquer à leurs enfants un modèle négatif de résolution de conflits.

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19 intergénérationnelle de la violence en développant divers modèles de transmission spécifiques au genre (du parent violent et de l’adolescent) ainsi qu’au rôle de victime ou d’agresseur (voir méta-analyse de Stith et al., 2000). L’étude réalisée par Kwong, Bartholomew, Henderson et Trinke (2003), auprès d’une population non-clinique de 1300 adultes, vient réfuter les modèles spécifiques au rôle (victime ou auteur) ou au genre. Les auteurs avancent que la transmission intergénérationnelle de la violence s’expliquerait plutôt par un modèle général de l’apprentissage social. Ils dénotent des lacunes méthodologiques dans les études précédentes qui seraient notamment dues au fait que la violence mutuelle est rarement contrôlée par les chercheurs. Milletich, Kelley, Doane et Pearson (2010), quant à eux, soutiennent l’importance de tenir compte du rôle et du genre, tant du parent que de l’adolescent, afin d’expliquer la transmission intergénérationnelle de la violence. En effet, ces chercheurs ont montréque lorsque l’adolescent a été exposé à de la violence exercée par le parent du même genre que lui (en plus d’avoir vécu des abus dans l’enfance), son risque de perpétrer à son tour de la violence dans une relation amoureuse s’accroîtrait. De plus, chez les garçons spécifiquement, le fait d’avoir été exposé à de la violence exercée par le père augmenterait non seulement le risque de perpétration, mais également, le risque de victimisation, alors que le fait d’avoir été exposé à de la violence exercée par le mère, au contraire, diminuerait le risque de victimisation.

3.1.2 Soutien et encadrement parental

Dans sa recension des écrits, Kaukinen (2014) dénote un manque notable de recherches étudiant les facteurs de protection de la perpétration et de la victimisation dans les relations amoureuses chez les adolescents comparativement aux recherches portant sur les facteurs de risques. Néanmoins, les facteurs de protection constitueraient des informations essentielles afin de guider l’intervention et la prévention auprès des adolescents à risque (Kaukinen, 2014). L’un des facteurs de protection importants en ce qui a trait à la violence dans les relations amoureuses est le soutien social apporté par la famille et les pairs (Kaukinen, 2014).

Au cours de l’adolescence, bien que le soutien apporté par les pairs augmente généralement, celui provenant des parents demeure fondamental, notamment, pour l’adaptation psychosociale des adolescents (Drapeau, Deschesnes, Lavallée & Lepage, 2002). Smollar et Youniss (1989) avancent que l’individuation constituerait une étape nécessaire dans la transition de l’enfance à l’âge adulte

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20

puisque celle-ci permettrait à l’enfant de se développer une identité propre, séparée de ses parents. Néanmoins, pour que ce mouvement vers l’autonomie se réalise de façon optimale, il doit être balancé par un sentiment de forte connexion aux parents, car ceux-ci demeurent une source importante de conseils et de soutien psychologique (Pipp, Shaver, Jennings, Lamborn & Fischer, 1985; Smollar et Youniss, 1989). Ainsi, à l’adolescence, les parents constitueraient une source de soutien essentielle sur plusieurs plans, que ce soit en lui procurant de l’affection (warmth), du renforcement et du soutien dans ses projets et objectifs, ainsi qu’en encourageant son autonomie et sa capacité de réflexion (Baumrind, 2005). Néanmoins, un soutien parental trop élevé pourrait, au contraire, devenir intrusif et se rapprocher du contrôle psychologique (Baumrind, 2005).

Dans une recension exhaustive des avancées théoriques et empiriques sur les relations amoureuses du début de l’adolescence à l’âge adulte, Collins, Welsh et Furman (2009) ont montré que le fait d’avoir des parents engagés et supportant, qui encouragent les comportements positifs de leur enfant et qui témoignent un intérêt actif envers ce dernier, est prédicteur, notamment, d’un meilleur soutien du jeune adulte envers son partenaire amoureux et d’une faible hostilité à son endroit. Folger et Wright (2013) montrent qu’un soutien familial élevé auprès de jeunes adultes de genre féminin diminuerait significativement le risque de victimisation dans les relations amoureuses, excepté lorsque la jeune adulte a un passé de maltraitance sévère dans l’enfance. Un faible soutien parental à l’adolescence, quant à lui, serait associé à des comportements délinquants, qui prédiraient, à leur tour, la présence de violence dans les relations amoureuses (Simons, Lin & Gordon, 1998). Pflieger et Vazsonyi (2006) notent qu’une faible estime de soi jouerait un rôle de médiateur dans le lien entre un faible soutien parental et la violence dans les relations amoureuses à l’adolescence.

Tout comme le soutien parental, l’encadrement parental constituerait un facteur de protection de la violence dans les relations amoureuses. Il a été établi, plus spécifiquement, comme étant l’un des facteurs de protection de la victimisation dans les relations amoureuses à l’adolescence (Lavoie & Vézina, 2002; Leadbeater, Banister, Ellis & Yeung, 2008). Lavoie et Vézina (2002) précisent qu’un manque d’encadrement parental et des relations affectives pauvres entre les filles et leurs parents pourraient les conduire à rechercher de l’affection ailleurs, de façon précipitée, les exposant à un plus grand risque de se retrouver avec un partenaire amoureux violent. L’encadrement parental a été également étudié en lien avec la perpétration de violence. Par exemple, Chase, Treboux et O’Leary

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21 (2002) notent que les filles qui infligent de la violence dans leur relation amoureuse percevraient leurs parents comme étant moins encadrants, impliqués et ouverts et rapporteraient que leurs parents se préoccupent moins de leur bien-être et de superviser leurs sorties comparativement aux filles non-violentes. Les auteurs expliquent ces résultats par le fait qu’un encadrement parental faible jouerait un rôle majeur dans la poursuite d’une trajectoire antisociale déjà entamée par les adolescentes. Celles-ci adopteraient de nouveaux comportements inadaptés, tels que des comportements violents au sein de leurs relations amoureuses. Notons que selon Patterson (1992), le retrait progressif de l’encadrement parental face à son enfant constituerait plutôt une conséquence du comportement délinquant du jeune.

3.1.3 Alexithymie

Le terme « alexithymie », introduit par Nemiah et Sifneos (1970), désigne une difficulté marquée à identifier et à exprimer ses émotions. D’après l’étude longitudinale de Ehrensaft et al., (2003), les enfants ayant été exposés à de la violence dans leur famille d’origine apprendraient, entre autres, des façons inadaptées de traiter et de gérer leurs émotions, ce qui se reflèteraient par des comportements inappropriés. Or, selon Wachs & Cordova (2007), l’un des aspects essentiels à une relation satisfaisante et de qualité serait la capacité des partenaires à identifier ses émotions et à les communiquer, surtout lorsqu’il est temps de résoudre un conflit et d’exprimer de la colère.

L’une des premières études à s’être penchées sur le lien entre la violence dans les relations conjugales et l’alexithymie est celle de Yelsma (1996). Cette étude visait, plus spécifiquement, à comparer les partenaires agresseurs aux partenaires victimes et fonctionnels. Les résultats ont montré que les partenaires qui infligeaient de la violence obtenaient un score significativement plus élevé d’alexithymie que les partenaires fonctionnels, mais que leur score n’était pas significativement différent de celui des victimes. En effet, les partenaires qui infligeaient et subissaient de la violence rapportaient une plus grande difficulté à identifier et à exprimer leurs émotions et se disaient moins conscients de leurs états affectifs comparativement aux partenaires fonctionnels. Selon une étude de Craparo, Gori, Petruccelli, Cannella et Simonelli (2014), les femmes victimes de violence conjugale (âgées de 18 à 59 ans) seraient significativement plus nombreuses à souffrir d’alexithymie, ou à être près du seuil clinique, comparativement à celles qui ne sont pas victimes. Les femmes victimes de violence présenteraient également des difficultés de régulation émotionnelle et un style

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d’attachement insécure.

L’étude de Daniels (2013) dévoile que l’alexithymie serait associée, quoique faiblement, à la fois à la perpétration (r= 16) et à la victimisation (r= 22) de violence physique et psychologique dans les relations amoureuses chez de jeunes adultes. Enfin, selon la recension des écrits de Rief et Broadbent (2007), les recherches portant sur l’alexithymie ont permis d’établir que les caractéristiques propres à l’alexithymie seraient plus souvent présentes chez les individus ayant expérimenté des évènements traumatisants. Selon les auteurs, l’alexithymie constituerait possiblement une stratégie d’adaptation/de régulation émotionnelle adoptée face aux menaces physiques et psychologiques perçues.

3.1.4 Genre

Enfin, la différenciation entre les genres en ce qui a trait à la perpétration et à la victimisation de violence dans les relations amoureuses est un aspect important à examiner afin de mieux comprendre comment ce phénomène est vécu par les jeunes d’aujourd’hui. En effet, l’une des premières études portant sur la violence dans les relations amoureuses à l’adolescence, réalisée par Makepeace en 1981, révélait une prévalence plus élevée de garçons rapportant avoir été « agresseur » (69.2 %) lors des altercations violentes, ainsi qu’une prévalence plus élevée de filles rapportant avoir été alors « victime » (91.7 %.). Linder, Crick et Collins (2002), quant à eux, ont démontré que les garçons au début de l’âge adulte rapporteraient davantage de victimisation de violence relationnelle, qui est similaire à la violence psychologique, que les filles. De plus, d’après Traoré et al. (2013), les filles seraient plus nombreuses que les garçons à rapporter perpétrer de la violence physique et psychologique sans en être victimes (11 % vs 6 %).

Une autre caractéristique importante de la violence dans les relations amoureuses à l’adolescence consiste en une forte proportion de jeunes couples violents où la violence serait infligée mutuellement (Chiodo et al., 2011; Haynie et al., 2013; Renner & Whitney, 2009; Riberdy & Tourigny, 2009; Traoré et al., 2013). Les filles seraient encore une fois plus nombreuses que les garçons à rapporter un double rôle d’agresseur et de victime (22% vs 11%). Swah et al. (2010) montrent des résultats similaires.

Figure

Tableau 1. Caractéristiques de l’échantillon
Tableau 2. Indices d’ajustement pour les modèles de classes latentes à 1, 2, 3, 4, 5 et 6 classes (pour l’échantillon des filles et  des garçons séparément)
Fig ure  1.  Pa tter ns  de  vi ole nce  p hy si qu e  et  p sy cho lo giq ue  in fligée  et  sub ie  d ans le s  rel at io ns  amo ureu ses  p ou r le s  fill es  (n =1734)
Fig ure  2.  Pa tter ns  de  vi ole nce  p hy si qu e  et  p sy cho lo giq ue  in fligée  et  sub ie  d ans le s  rel at io ns  amo ureu ses  p ou r le s  garç on s ( n= 994)

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