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Recension des études portant sur la violence dans les relations amoureuses à

Chapitre 2: La violence dans les relations amoureuses à l’adolescence

2.4 Recension des études portant sur la violence dans les relations amoureuses à

personne

La recherche sur la violence dans les relations amoureuses auprès de la population adolescente est assez récente. Par conséquent, rares sont les études ayant employé une approche centrée sur la personne afin d’étudier ce phénomène auprès des adolescents (Shorey et al., 2008). La première étude à s’y être intéressée a été réalisée en 1992 par Stith, Jester et Bird, auprès de jeunes adultes en première année d’université (69 garçons et 97 filles). Ces chercheurs ont utilisé une analyse de clusters afin de classifier des étudiants ayant infligé de la violence physique à leur partenaire amoureux, en fonction des caractéristiques de la relation amoureuse, du style de négociation et des stratégies d’adaptation (de coping). Ils ont ensuite vérifié si les sous-groupes identifiés différaient sur diverses variables telles que la sévérité de la violence, le niveau de violence émotionnelle et verbale, la durée de la relation et l’estime de soi. Les auteurs ont fait ressortir quatre sous-groupes d’agresseurs: secure lover (niveau le plus faible de violence physique et émotionnelle/verbale), stable minimizer (faible niveau de violence physique et émotionnelle/verbale, utilisation de stratégies d’évitement, durée de la relation la plus longue, bonne estime de soi), hostile pursuer (niveau le plus élevé de violence émotionnelle/verbale et violence physique modérée, très engagés dans le maintien de leur relation, ambivalence face à leur relation et nombreux conflits) et hostile disengaged (violence physique la plus sévère et la plus fréquente, faible niveau de violence émotionnelle/verbale, durée de la relation la plus courte et haut niveau de conflit). Cette étude a mis en évidence et ce, pour la première fois, que les étudiants qui commettent de la violence envers leur partenaire amoureux pouvaient être catégorisés en sous-groupes distincts. Néanmoins, cette étude a été réalisée sur un échantillon restreint d’étudiants à la fin de l’adolescence et au début de l’âge adulte et se limitait à ceux qui infligeaient de la violence.

Par la suite, en réponse à des recommandations voulant que les chercheurs se penchent davantage sur la problématique de la victimisation, Foster, Hagan et Brooks-Gunn (2004) ont effectué une étude à l’aide d’une approche centrée sur la personne (i.e. analyse de classes latentes) sur des adolescentes âgées de 11 à 21 ans. Leur objectif était d’examiner l’effet de la maturation physique et de l’âge chronologique sur le risque de victimisation physique et verbale au sein de leur relation amoureuse. Leurs résultats ont mis de l’avant trois classes d’adolescentes : celles n’ayant pas été

15 exposées à de la violence verbale ou physique, celles ayant été exposées à de la violence verbale uniquement et celles ayant été exposées aux deux types de violence. Leurs résultats ont montré notamment que les adolescentes les plus âgées (15 à 21 ans) étaient plus à risque d’être exposées à de la violence verbale comparativement aux plus jeunes (11-14 ans). Bien que cette étude soit parmi les premières à avoir développé une typologie avec des victimes de violence dans les relations amoureuses à l’adolescence, elle demeure limitée à une population de genre féminin et ne considère pas celles qui sont auteures de violence ou à la fois victimes et agresseurs.

Subséquemment, afin de mieux comprendre la cooccurrence de divers types de violence, Bossarte, Simon et Swah (2008) ont élaboré une typologie comportementale auprès d’adolescents fréquentant le collège à l’aide d’une analyse de clusters. L’objectif de l’étude était d’identifier des sous-groupes d’adolescents en fonction de la perpétration et de la victimisation de violence physique et psychologique dans leur relation amoureuse et avec les pairs. Les adolescents sélectionnés devaient être en couple et avoir infligé au moins un acte de violence dans la dernière année. Les résultats ont permis de faire ressortir cinq sous-groupes, dont deux qui se distinguent selon le contexte de la violence (violence dans la relation amoureuse ou avec les pairs). Les jeunes appartenant au sous- groupe associé au plus haut niveau de violence cumulent quant à eux différents contextes de violence (relation amoureuse et pairs). Les auteurs ont constaté également que les adolescents qui infligent des comportements violents sont aussi victimes de ces mêmes comportements, ce qui appuie, selon les auteurs, la présence de violence mutuelle. En outre, contrairement aux études précédentes, cette étude s’est penchée simultanément sur la victimisation et la perpétration de violence, mais visait spécifiquement les adolescents ayant déjà infligé au moins un acte de violence dans la dernière année ainsi que les milieux à haut-risque de violence. Par conséquent, les adolescents provenant d’un milieu à plus faible risque, ainsi que les adolescents ayant été uniquement victimes de violence n’ont pas été représentés.

Plus récemment, Haynie et al. (2013) ont identifié des patterns de violence dans les relations amoureuses en fonction du rôle (victime ou agresseur) et du type de comportement violent (physique ou verbal) auprès d’un échantillon national représentatif d’élèves provenant des États-Unis (n= 2203) à l’aide d’une analyse de classes latentes. Les auteurs ont également examiné si les classes identifiées se distinguaient en fonction du genre et de certaines covariables (plaintes physiques,

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symptômes dépressifs et utilisation de substance). Leurs résultats ont fait ressortir trois patterns de violence dans les relations amoureuses à l’adolescence: ceux n’étant pas impliqués (65 %), ceux étant à la fois victimes et agresseurs de violence verbale (30 %) et ceux étant à la fois victimes et agresseurs de violence verbale et physique (5 %). Notons que les gestes de violence verbale et physique étaient évalués sur une échelle dichotomique (oui/non), limitant l’interprétation des résultats. De plus, dans l’étude de Haynie et al. (2013) et celle de Bossarte et al. (2008), les répondants sont invités à répondre de façon générale sur leurs relations dans les 12 derniers mois. Ainsi, il n’est pas possible de préciser si le double rôle de victime et d’agresseur est présent au sein de la même relation amoureuse. En effet, dans les enquêtes, il n’est pas souvent précisé avec quel partenaire la violence a été échangée dans la dernière année, faisant en sorte que l’information recueillie sur la violence mutuelle peut traiter de relations amoureuses différentes. Par exemple, Bossarte et al. (2008) réfèrent au partenaire des 12 derniers mois en demandant : « how often have you done any of the following things to someone you have been on a date with? ». Une stratégie afin que les données colligées réfèrent au même couple est de demander, devant l’éventualité de plusieurs partenaires pendant la période de référence, de penser au plus récent.

Enfin, une dernière étude, réalisée par Paradis et al. (2013) auprès d’un échantillon de 135 élèves de la région de Québec, visait à identifier divers profils d’adolescents de 14 à 18 ans sur la base de la cooccurrence de différentes formes de violence subie et infligée dans leur relation amoureuse récente (physique, psychologique et sexuelle). Leurs résultats ont fait ressortir quatre profils distincts de violence dans les fréquentations : peu de violence (n = 39), violence psychologique mutuelle (n = 39), violence infligée (n = 20) et violence mutuelle (n = 37).

À l’instar des études de Haynie et al. (2013) et de Paradis et al. (2013), la présente étude est l’une des rares visant à identifier des profils ou des patterns de violence, à l’aide d’une approche centrée sur la personne. Tout comme les études de Haynie et al. (2013) et de Paradis (2013), cette étude prend en compte à la fois le type de violence (physique ou psychologique) et la direction de la violence (infligée, subie ou mutuelle).

Par ailleurs, contrairement à l’étude de Paradis et al. (2013), qui a été réalisée auprès d’un petit échantillon d’élèves du secondaire, cette étude se base sur les données d’un large échantillon

17 représentatif d’élèves du secondaire. De plus, à la différence de l’étude de Haynie et al. (2013), cette étude ne tient pas seulement compte de la présence de violence, mais également de la fréquence à laquelle les comportements violents ont été infligés ou subis, ce qui permet de mesurer différents niveaux de violence (récurrente, occasionnelle et absente). Également, les données colligées portent sur un couple de référence spécifique, soit sur la relation amoureuse la plus récente dans la dernière année. Enfin, tandis que l’étude de Haynie et al. (2013) examine les conséquences mentales et physiques associées à chaque pattern ressorti, cette étude examine plutôt le lien entre les différents patterns de violence et des facteurs associés à la violence dans les relations amoureuses (familiaux, individuels et relationnels). Ceci a pour but à la fois de valider, de distinguer et de mieux comprendre les patterns de violence identifiés.

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