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À propos du mot boulevard

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HAL Id: hal-01910342

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À propos du mot boulevard

Alain Demangeon

To cite this version:

Alain Demangeon. À propos du mot boulevard. [Rapport de recherche] 703/91, Ministère de l’équipement, du logement, des transports et de la mer / Bureau de la recherche architecturale (BRA); Ministère de la recherche et de la technologie; Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lille / Laboratoire architecture, recherche, théorie, enseignement (ARTE). 1990. �hal-01910342�

(2)

M inistère de l'urbanism e, du logem ent, des tran sp o rts e t de la m er. Direction de l' ar chi t ec tu re e t de l'urbanisme.

Sous direction des

enseignements e t des

professions.

Bureau de la

recherche arc hi tec tu ra le .

Ecole d 'a rc h ite c tu re de

Lille

e t des régions Nord.

A PROPOS DU MOT BOULEVARD. Décembre 1990. ARTE Laboratoire de recherche.

C H A P I T R E

L I I I.

BouUvards.

C ’

e s t

une promenade vafte , magnifi­

que , commode, qui ceint pour ainfi dire

la ville : elle eft de plus ouverte à tous les

états , & infiniment peuplée de tout ce qui

peut la rendre agréable & récréative : on

s y promene à pied

y

à cheval, çn cabriolet ;

l’on peut placer les boulevards à côté de

tout ce qu’il y a de plus beau

k

Paris.

Le boulevard du côté du midi eft le

moins fréquenté; c’eft néanmoins le plus

falubre : on ne peut fe laffer de l’admirer ;

il eft orné de quatre rangs d’arbres, avec

une chauffée d’encaiflement, (d e cailloux:

ou de pavés) de vingt-quatre pieds de lar­

geur , qui régné dans un contour de fix mille

quatre - vingt - trois toifes. On ne voit de

ces travaux fuperbement prolongés & uciles

que dans uneimmenfe & riche capitale. Cette

dpece d’écharpe ou de ceinture eft admi­

rable ; mais elle renferme des objets pau­

vres , dcfagréables &c mefquins.

(3)

Ministère de l'urbanisme, du logement, des t ra ns por ts e t de la mer.

Direction de l ' a r ch i t ec t u re e t de l'urbanisme.

Sous direction des enseignement s e t des professions.

Bureau de la r echerche a r c h i t e c t u r a l e .

A PROPOS DU MOT BOULEVARD. D é ce m br e 1990.

L e t t r e de commande n°81185 du 30 août 1990.

"Le présent document c on st i tue le rapport final d'une r ec herc he remise

au bureau de la re ch er c he a r c h i t e c t u r a l e en exécution du programme

général de r ec herc he mené par le Ministère de l'Equipement, du logement,

des t ra ns ports e t de la mer avec le Ministère de la Rec he rc he e t de la

Technologie. Les j ugements e t opinions émis par les responsables de la

r ec herc he n'engagent que leurs auteurs".

Ecole d ' a r ch i t ec t u re de Lille e t des régions Nord.

Laboratoire ARTE. A r c hi t e ct u r e, r echerche, théorie, enseignement.

(4)

Sommaire

Introduction, 1

les sources, la questions des mouvements.

Lexicologie. 9

L'invention du boulevard e t l'ingénierie militaire. i l

Cours, mails, promenades. 17

L'espace du nombre. 23

Le rituel de l' enceinte. 29

L'inflexion majeure. 35

Le Boulevard du 20ème siècle. 45

L'union e t la s t r u c t u r a t i o n à grande échelle. 47

Le grand Boulevard 49

(5)

1

C e t t e re cherc he a pour sujet le mot boulevard. Elle se présente

c omme un e xe r ci c e de lexicologie e t de topographie - celle-ci

prise dans son sens ancien de description d'une configuration

-, e t utilise les définitions rassemblées depuis le 18 è me siècle

par les grands dictionnaires e t les t r a i t é s d ' ar c h i t e c t u r e , ainsi

que des t e x te s e t des plans, é m a n a n t pour l'essentiel de voyageurs,

de géographes, de militaires ou d' ar chite cte s.

Le langage c oura nt a gardé en Fr anc e ce mot familier du

vocabulaire des villes qui désigne aujourd'hui par boulevard une

voie large, g é né r a l e me n t bien bordée, que l'on retrouve

p r é fé r en ci e l l e me n t ét abl i e sur les anciennes lignes des r emp ar ts

dérasés. Jadis, e t à la Rennaissance où déjà le mot exi st ai t, on

appelait boulevard le pa r ape t de défense d'une ville. Plus tard,

au 18ème siècle, le s e nt i me nt du danger disparu, il désignait

encore ce bord e x t r ê m e de la ville; on y allait pour se

montr er, n o t a m m e n t à Paris; c ' é t a i t la promenade él ég ant e des

villes, ou le "cours". Sous le Second Empire, il désignait la grande

voie, impl ac abl eme nt droite, dont Haussmann se ser vira pour

(6)

... Voici maintenant un second vertige. O n rassemble des mots, on en donne la description : c'est une encyclopédie. Parfois, c o m m e ici, on marie les deux opérations, on produit un dictionnaire des mots et des choses, un dictionnaire encyclopédique. Bien que la complémentarité des deux (onctions, l'une normative (établir l'usage des mots), l'autre objective (décrire la particularité des choses), ait été sentie, chez nous, dès le XVII0 siècle, ces dictionnaires-ency­ clopédies ne sont pas, je crois, nombreux. C'est assez paradoxal ; car en tait —

et c'est là qu'apparaît un énorme débat philosophique — tout mot appelle une chose, ou une nébuleuse de choses, mais aussi toute chose ne peut humaine­ ment exister que si elle est prise en chargo, consacrée, a s s u m é e par un mot. Les mots renvoient à des choses ? Oui, mais aussi, d'un m ê m e mouvement, à d'autres mots. La séparation des choses et des mots, c o m m e de deux ordres distincts et hiérarchisés, est donc un p h é n o m è n o idéologique, c o m m e l'a montré M. Foucault... Celte raison bourgeoise, le dictionnaire, bien qu'il en ait été historiquement le produit, si on l'observe, la tait vaciller : car pour décrire la chose, pour passer du mol à la chose, il tout encore d'autres mots, et cela à l'infini.

(7)

3

sera en core l'in stru m en t des nouveaux u rb an istes qui am bitionnent

une organisation des villes à grande échelle.

Voilà donc un m ot en apparence trè s sim ple, issu de la

fo rtific a tio n ancienne, qui ressu rg it, après une longue période

d 'effac e m e n t e t d'oubli, dans le jeu des in terv en tio n s décisives

qui vont to u ch er la ville, pour en accom pagner b ien tô t, au

com m andem ent de sa voirie, quelques unes de ces plus grandes

p erspectives.

1. En 1988, au moment du renouvellement de l'habilitation du C.E.A.A. Architectures, territoires et paysages, Marcelle Demorgon, géographe, responsable scientifique de la formation insista pour que nous organisions, François Béguin et moi même, un travail dans ce sens. De là est né l'exercice "le dictionnaire du territoire".

Voir aussi: Toponymies in "Le temps de la ville", recherche B.R.A./Ladrhaus, E.A.Versailles 1988, par David Mangin et Philippe Panerai.

Ce que l'on voudrait ici, e t ce p o u rrait ê tr e au fond le point

d'arriv ée de ces quelques pages (1), c 'e s t essay er de retro u v er,

te l que l'h isto ire a v a it pu les re s titu e r, les sens e t les usages

les plus com m uns de ce m ot si perm an en t de n o tre langue que

boulevard: reg ard er com m ent il s'in stalle e t se diffuse, rassem bler

les usages, d é crire les p a rtic u la rité s, les v ariatio n s, les acc id e n ts,

m ontrer qu'il é ta i t aussi une form e.

11 e st vite apparu, en e f f e t, que le m ot ne pouvait e x iste r en

dehors de la chose qu'il désignait. Ils é ta ie n t, l'un e t l'a u tre ,

presque com m e confondus e t ne v a laien t plein em en t qu'ensem ble

2. Voir ci-contre: in préface du <2 >- 11 fallait d o n c é v a l u e r c e t t e d o u b l e réalité à la fois dictionnaire encyclopédique ■ . , , . . „ , A ' C -

Hachette par Roland Barthes, 1982. linguistique e t sp atiale: brasser les m ots e t les définitions, mais aussi suivre, c ô té ville, la génèse e t l'évolution de ses form es.

Deux sources, é tro ite m e n t m êlées, a lim e n te ro n t puis guideront,

sans sép arer les m ots des choses , c e tt e "m ise à plat" sém antique

e t topographique. La p rem ière, la plus sûre e t la plus d ire c te ,

(8)
(9)

dictionnaires encyclopédiques de la langue fran çaise. Simples

outils de la langue, ces ouvrages, anciens e t m odernes, de m êm e

que les tra ité s m ilitaires e t d 'a rc h ite c tu re , o ffra ie n t l'av an tag e,

d 'aller, sans longs discours, pour les uns, au point de d é p art de

la fa b ric a tio n du m ot, pour les a u tre s, d 'ap p o rter de précieux

co m m en taires sur les usages les plus co u ran ts d'une époque.

La deuxièm e source de n o tre tra v a il é ta i t c o n stitu ée d'un

ensem ble plus épars de te x te s, de plans, de d escrip tio n s, provenant

e sse n tiellem e n t d'écrivains, de voyageurs, de m ilitaires ou

d 'a rc h ite c te s.., to u t un monde donc, proche des villes, o b serv ateu r

ou bien a c te u r, qui a v a it pu les analyser ou les d é crire dans leurs

m ultiples tra n sfo rm a tio n s ou d'une m anière intim e, avec le

boulevard pour point de rep érag e.

11 sera aussi question ici de c irc u latio n urbaine.

Une chose e st apparue en e f f e t, sur laquelle on voudrait revenir,

c 'e st qu'on retro u v e assez p récisém en t sur les configurations

plus ou moins a cc id e n tée s du boulevard, la filiatio n e t une p a rtie

de l'ex p licatio n de ce nouveau th èm e économ ique de la c ircu latio n

urbaine. La question à l'époque, vers ces années 1750, com m e

celle du nom bre e t de la m u ltitu d e qui h a n te n t les e sp rits de

3. "La politique de l'espace parisien à la fin de l'ancien régime" sous la direction de Bruno Fortier. Théories des fluides et entités urbaines, par François Béguin, p.206. DGRST. CORDA. 1975.

Voir aussi Henri Cavaillés, La route française, son histoire, sa fonction. A.Colin, 1947, p. 72 à 79.

l'ancien régim e (3), s o u m e ttra p rogressivem ent à des résolutions

sans cesse plus m arquées la fonction e t la form e de ces nouveaux

passages que l'on découvre alors a u ta n t pour leur m ouvem ent

que leur urbanité.

S'ouvre une è re nouvelle du boulevard durant laquelle on v erra

n a ître , au pied des villes pour les grandir, puis sur les villes pour

(10)
(11)

7

e t ces figures ou ces "futurs boulevards" d'un fabuleux réseau

4."Le boulevard et la ville, genèse d'un espace public". Lille, Roubaix, Tourcoing. Alain Demangeon et Ann Caroll Werquin. Atelier Thalès, Plan urbain,1987.

(12)

"Boulevart. Gros bastion. On ne se s er t plus de ce mot en t e r me s de guerre.

On dit encore à Paris, aller sur le boulevart de la P or t e St. Antoine qui

est un des plus gros bastion de France.

Nicot dérive ce mot de boule e t waer, mot flamand, ou du picard ward

qui signifie garder, c omme qui dirait défense c o n t r e les boulets.

Turnèbe croit qu'il vient de boules vertes. D' autres le dérivent de l'italien

balaordo, ou de l'espagnol balvarté, qu'on a dit aussi dans la basse latinité.

Ménage croit qu'il vient de l'allemand bolwerk, qui signifie ouvrage de

poutre ; bol signifiant poutre, e t werk ouvrage : ce qu'il a dit après Hotman.

Du Cange le dérive dè burgwart, quod burgum s er v at et tue tur.

Se dit par extension des places fo rt es qui couvrent tout un pays e t qui

défendent l' ent rée aux ennemis. Rhodes é t a i t a utre fois le boulevart delà

c h r é t i e n t é .

D ictio n n aire universel d'A ntoine F u re tiè re . 1688.

à c e t t e définition reprise in extenso Trévoux r a j ou te r a en 1771.

"...Les Grecs modernes ont f ait de ce mot Be epos.

Ne pourrait-on pas dire t out s implement que boulevart vient des mots

boule, corps sphérique avec lequel on joue, e t ve r t, verdure, gazon.

Boulevart, gazon où l'on joue à la boule. Le peuple a conservé l'ancien

mot, e t prononce encore boulevert. J e crois avoir vu c e t t e étymologie

quelque part ".

(13)

9

Lexicologie.

"Boulevard : te rm e de fo rtific a tio n qui vient de l'allem and, mais

aujourd'hui dans le propre ce m ot e st vieux e t hors d'usage e t

à sa place on d it bastion". C 'est la défin itio n qu'en donne le

d ictio n n aire P ie rre R ich elet en 1728. L 'encyclopédie D iderot

D 'A lem bert en 1751, s'en tie n t aussi à c e tt e c o u rte définition

e t renvoit à bastion. Q u a tre m ère de Quincy dans son tr a ité en

1832 ignore le m ot (5).

5. Dict.uni verse! d'Antoine Furetière,1688. Dict. de la langue française ancienne et moderne par Richelet Pierre, Lyon 1728. Encyclopédie de dict. raisonné des sciences et des métiers. 1751. Dict. historique d'architecture de Quatremère de Quincy, Paris 1832.

Viollet le Duc dans son " d ictio n n aire raisonné..." (6) reprend

Trévoux e t l'é c rit: " boluvert, boulevert: ouvrage de fo rtific a tio n

av ançée. Le boulevard a p p a ra it en m ême tem ps que l'ap p licatio n

régulière de l'a rtille rie à feu. 11 e st d'abord élevé en te rre

gazonnée e t c 'e s t p e u t-ê tre à son ap p aren ce verd o y an te à

6. Viollet le Duc. Dict. raisonné l'e x té rie u r qu'il doit son nom; il passe à l'é t a t perm an en t rev êtu

de l'architecture française du

Xlè au XVIè, 1859. de p ierre ou de c o n stru ctio n de m açonnerie ép aisse...C ito n s en p rem ière ligne la belle fo rte re s se de Schaffhausen (en Suisse

sur le lac de C onstance), la c ita d e lle , ou p lu tô t le grand boulevard

qui contourne la colline, e st à 3 é ta g e s de b a tte rie s , 2 co u v erts,

1 à ciel o u v e rt...A lb e rt D ürer tra c e des boulevards

sem i-circu laires...

C 'est en F ran ce que nous trouvons les boulevards les mieux conçus

dès le com m encem ent du XVIè...Ce ne fu t que quand l'a rtille rie

de siège fu t bien m ontée, nom breuse e t que les b a tte rie s de

rico ch et purent a tte in d re des défenses m asquées que l'on s e n tit

la n écessité d'allonger les faces des boulevards, de rem p lacer

(14)
(15)

11

les co u rtin es par des flancs étendus e t en fila n t les faces des

boulevards voisins; m ais alors les boulevards p rire n t le nom de

bastions.

La dénom ination du boulevard fu t conservée aux prom enades

p lan tées d 'arb res qui s'é ta b lire n t sur les anciens ouvrages de

défense.

La grande a r tè r e qui à P aris en to u re la rive d ro ite, de la

M adeleine à la B astille a longtem ps laissé voir la tra c e des anciens

boulevards sur lesquels elle passait".

L'invention du boulevard e t l'ingénierie m ilitaire.

Sur ce q u 'é ta it à l'origine le boulevard dans la fo rtific a tio n e t

n o tam m en t le processus de son é d ificatio n e t de mise au point,

7- Rocolle. Article boulevard, puis d'abandon, le t r a ité du colonel R ocolle (7) ap p o rte les

ln 2000 ans de fortifications.

Paris Limoges 1973. Charles éclaircissements suivants. On lit à l'article boulevard:

Lavauzelle.

"Rien, dans la fo rtific a tio n ancienne, chem in de ronde,

p latefo rm es des tours, n 'é ta it assez v a ste pour c a se r les pièces

d 'a rtille rie ...D e plus ces p latefo rm es n'av aien t pas é té conçues

pour su p p o rter le poids considérable des bouches à feu e t de

leur m unitions. Pour in sta ller ces canons il fa lla it ré a lise r des

p lates-fo rm es grandes e t ré sista n te s com m e le fa is a it l'assaillan t

lorsqu'il m e tta it en b a tte rie s ses bouches à feu pour a tta q u e r

une fo rte re sse . On co n fectio n n a dans la deuxièm e m o itié du

XVéme les p rem iers gabions à Rhodes pour ré a lise r ces

(16)
(17)

pièces de bois, te rre , com m e pour rem p arer une brèche. F ran cesco

di giorgio M artini propose de consolider les te rre s par un

re v ê te m e n t de poutres e t de planches e t il é ta i t advenu qu'on

é ta y e a priori une co u rtin e, en la m a te lassan t avec des te rre s

rap p o rtées su ffisam m en t h au tes pour que les pièces soient en

m esure de tir e r par dessus.

...C e rta in s a rc h ite c te s a v aie n t im aginé d 'éta b lir ces p latefo rm es

devant les rem p arts. Il y a v a it là to u te la place n écessaire pour

am énager des positions de b a tte rie ; de plus les canons

b én éficiaien t d'un gain de p o rté e ap p réciab le e t la chose é ta it

loin d 'ê tre négligeable à une époque où le tir n 'é ta it e ffic a c e

qu'à trè s c o u rte d istan ce. Les boulevards fu re n t donc des

rem blayages continus de te r r e devant les re m p a rts pour ob ten ir

des em p lacem en ts d 'a rtille rie , te lle e s t la d éfin itio n g én érale

que nous avons re te n u e..."

Q uant à l'origine du te rm e boulevard, il e st a tt e s té aux XIV e t

XVéme nous d it le d ictio n n aire de la langue du XIX e t XXéme

8- Dict. de la langue française du XlXè et du XXè s. sous la direction de Paul Imbs. Ed. du

c-N.R.S. 1975.

(8) dans des te x te s d'origine wallone e t picarde. Plus probablem ent

em p ru n té au moyen néerlandais bol-w erc ou h aut allem and bol-

w ërc litté ra le m e n t po u tre ou planche, e t ouvrage.

• On a pu lire que les racines en pénétrant dans les terres de remblais empêchaient leur bouleversement. Ceci expliquerait Passage du terme, purement militaire à l'origine de boulevard, ^'emploi que nous lui connaissons et 9ui n'a plus rien de

P°liorcétique. ( ? ) .

François Loyer. "l'immeuble et a rue, Paris 19ème siècle", p.158 note 19- Hazan 1987.

R ocolle con firm e bien que l'ouvrage e st observé pour la p rem ière

fois sur des places de P icard ie e t de H ollande peu a v an t 1500.

P e rfec tio n n é e t soutenu de murs solides, en te rra s se , on passe

progressivem ent de la sim ple levée de po u tres e t de te rre

herbeuse (boule v e rte ? ) à un ouvrage plus com plexe qui

s'av an cera, en pointe, du vieux mur d 'en cein te, n 'o ffra n t plus

(18)
(19)

15

l'origine du mot bastion. C 'est dorénavant le m ot qui 6'impose.

Vauban lui m êm e, en 1704, dans son "T raité de l'a tta q u e des

9. Vauban. Traité de sièges et places" ne co n n aît que bastion (9). d'attaques des places, 1704. Voir

M. Parent et J. Verroust, note Mais le boulevard m ilitaire va aussi trè s tô t désigner par extension

62. Ed.V. Fréal 1971.

bien plus qu'un sim ple ouvrage de rem blayage in scrit devant

la fo rtific a tio n de la ville. On prend l'habitude aux alen to u rs

du 18ème siècle d'appeler boulevard les lim ites n atu re lle s d'un

pays ou les positions défensives les plus av an cées du te rrito ire

e t parfois m êm e pour fa ire im age un pays to u t e n tie r fa c e à

un a u tre .

" Le Tibre e t l'E uphrate sont les deux boulevards de c e royaum e".

" Rhodes é ta i t a u tre fo is le boulevard de la c h ré tie n té " lit-o n

souvent. ( F u re tiè re , R ich elet). " Nous redevenons le boulevard

n atu rel de l'Europe c o n tre la puissance de l'A n g leterre ".(10)

10- Chateaubriand, correspondance 9énérale.t 4. 1789-1828, p 270. 1n dict. de la langue française, artic1e boulevard.

Charles De Gaulle, conférence a l'école militaire, Paris 1925...

Raoul Blanchard, In la ^ g r a p h i e 1914. XXX. 2 grandes villes françaises Lille Nancy, P.102.

C harles de G aulle en 1925 l'em ploie dans c e tt e a cc e p tio n éten d u e

à la fois à la ville e t au te rrito ire .

" L 'énergie fran çaise au coeur de la b a taille sur les deux rives

de la Meuse en 1916 e u t-e lle é té ce qu'elle fu t s'il ne s 'é ta it point

agi ju ste m en t de g ard er Verdun, boulevard historique de la p a trie

e t place c a p ita le de son sy stèm e de fo rtific a tio n s ..." (11).

Le géographe Raoul B lanchard conserve lui aussi le m ot en 1914

pour p arler de la position de Lille e t de la form e de son plan,

après que Louvois e t Vauban l'eu ren t agrandie d'un q u a rtie r e t

d'une puissante c ita d e lle . " C 'est à son rôle nouveau de boulevard

de la F ran ce du c o té du nord que Lille dut 6a physionom ie qu'elle

(20)
(21)

13. Di e t .du XlXè, P.Larousse, 18v.1880, article boulevard. 14. Proudhon, Les confessions d'un révolutionnaire, p.153.1849, cité in note 8.

15. Edmont Huguet, dict.de la langue française du 16è s.

Ce m ot en v é rité , qui com m ence à gagner quelques civ ilités,

co n serv era toujours sa dim ension sém antique d'origine liée à

la défense, non plus p rio rita ire m e n t à la défense physique d'une

ville, d'une place fo rte , ou d'un é ta t , mais 6'éten d ra à des causes

civiles élev ées e t m êm e c é le s te s .

"C 'est une loi reg ard ée en A n g leterre com m e le boulevard de

la lib e rté , de la nation" (13). "La ré a ctio n é ta i t d 'au ta n t plus

in tra ita b le qu'elle p en sait, non sans raison, que les a te lie rs

nationaux, c o m p ta n t alors plus de c en t m ille hom m es, é ta ie n t

le boulevard du socialism e " (14).

Q uelquefois Dieu e s t appelé n o stre re m p a rt, quelque fois n o stre

h au te tour, quelque fois n o stre boulevard ..." (15).

Cours, mails e t Promenades .

La grande encyclopédie en 28v. paris 1885 Lamirault.

• Delamare, traité de la police, Paris, Brunet 1713.

" A Paris on avait en 1536 au moment d'une a lerte é lev é quelques boulevards au nord de la ville ..."(16).

Ce qui se dessine ici progressivem ent sur le sol," ces quelques

boulevards" p réfig u ren t d éjà l'assise de leur deuxièm e grande

fonction devant la ville, lorsqu'ils au ro n t perdu to u t rôle défensif:

la prom enade publique. Mai6 il y a en core loin, de la froide

c e in tu re e n to u ra n t ici la ville, au boulevard ou prom enade, où

to u te la ville passera b ien tô t.

Sur les plans gravés rassem blés par D elam are (17), ils ap p araissen t

(22)

18

C o u rs d e l a P o r t e S a i n t A n to in e & l a P o r t e S a in t H o n o r é . — (4 Novembre 1684).

Arrest du Conseil d’Estat du Roy. — Le Roy ayant par les arrest* de son Conseil des 7 juin 1670 et 11 mars 1671, et lettres patentes «lu mois de juillet 1676. ordonné aux Prévost des marchands et Eschevins de sa bonne ville de Paris de former les remparts de ladite ville de l\m>, depuis la Porte Saint Antoine jusque vers celle de Saint Honoré, et d'y planter dos arbres pour y faire un cours, tant pour la décoration do ladite ville, que pour procurer des promenades aux bourgeois et halutans d'icelle; ils auroient avec beaucoup de soin et de despense formé lesdits remparts, et porté ledit cours jusqu’à la porte Sainte Anne, dite Poissonnière, ayant à -cet effet fait démolir l'ancienne porte du Temple, pour la faire construire de neuf au delà dudit cours. — Et avant, sa dite Majesté, esté informée par lesdits Prévost des marchands et Eschevins, que pour donner une entière per­ fection ausdits ouvrages, suivant le plan qui en avait esté levé par ses ordres, et dont elle auroil ordonné l’exécution par sesdites lettres patentes et arrests, il convenait réduire ot applanir plusieurs buttes de terre en plusieurs endroits et environs dudit cours, qui serviraient à remplir les ni irais <»t trous estants le long diceluy, et de faire acqui­ sition de plusieurs maisons qui sc rencontraient dans l’alignement dudit cours, qui dévoient estre démolies, et de quelques terres et marais nécessaires pour former iceluy : ce qui devait coûter des som­ mes considérables; et qu’il y avoit le long dudit cours, depuis la |>orto Saint Antoine jusque* où il doit estre porté suivant ledit plan, quel­ ques places vaines et vagues en buttes, marais et fossez, mesmo quelques masures de maisons de jk ïu de valeur construites sur lesdits remparts et ès environs d ’ioeluy, dont on pourront disposer et en tirer quelque avantage. — Ouy lo rapport du sieur Le Pelletier, conseiller ordinaire au Conseil royal, controlleur général desjfinances ; 8a Majeaté, en son Conseil, a ordonné et ordonne que lesdits Prévost des mar­ chands cl Eschevins de la ville de Paris feront construire de neuf ladite porte du Temple, suivant et conformément nu plan qui en a esté dressé; et à cet effet Sa Majesté leur permet de prendre les maisons, terres, marais et héritages qui se trouveront dans l’es tondue de ladite porte, ou le long du cours qui doit estre construit en tout ou en partie, en remboursant les propriétaires d ’iceux. — E t pour leur donner moyen de subvenir aux dépenses nécessaires à faire pour raison île ce. Sa Majesté leur permet de vendre et disposer des places vaines et vagues, fossez, marais, petites maisons et édifices qui se trouvent depuis la porte Saint Antoine jusqu a celle de Saint Martin, que ladite ville avait cy-dev.mt donnez par baux emphytéotiques ou autrement; en remboursant néanmoins les délemptcurs d ’iceux, qui justifieront par quittances avoir payé quelques sommes à Sa Majesté pour jouir en propriété desdits héritages; & la charge d’employer les deniers qui proviendront desdites ventes, tant à la construction de la nouvelle P< rte du Temple, qu’au dédommagement desdits propriétaires desdites maisons et héritages qui seront prises pour former lesdits remparts, cours et autres ouvrages qu’il conviendra faire pour les construire.

Et sera le présept arrest exécuté nonobstant oppositions ou appella­ tions quelconques, dont, si aucunes interviennent, Sa Majesté s ’en ré-erve et à son Conseil la connoissancc, et icelle interdit à toutes ses fours et juges.

l’ait au Conseil du Roy, tenu à Paris le 4« jour de novembre 1C84.

(23)

19

e n tre p ris a u tre fo is par C harles V en 1357 (cf R ocolle), mai6 déjà

une ligne de quelques bastions devant la m uraille. Le géographe

N.de Fer en 1638/1697? re p ré se n te P aris rive d ro ite, plan n°

8 (17), la ligne de bastions p ré c éd e n te , à la h au teu r de la porte

Saint Honoré e t jusqu'à la Seine, lé g èrem e n t e ffa c é e e t p lan tée

sur l'e x té rie u r de deux lignes d'arbres. E t la légende dit:

"L'on y v e rra un cours p lan té d'arbres qui règne au to u r de ville

e t qui ne co n trib u e pas moins à l'em b ellissem en t de c e tt e c a p ita le

qu'à l'ag rém en t de ses cito y en s ".

18. Ann Caroll Werquin, Les grandes Paris en 1 6 3 0 co m p te désorm ais q u atre prom enades (18) dont

armatures vége'tales urbaines,

•"apport introductif, Atelier tro is sont situ ées 6ur des rem b laiem en ts d'anciennes fo rtific atio n s:

Thalès, MEL/DAU, Paris 1988.

le m ail de l'A rsenal, p lan té en quinconce en 1599, l'en d ro it le 19- Marcel Poete, Une vie de cité,

tome i n , p.462. Picard 1924-31. plus mondain de la ville. Pas loin à l'E st c 'e s t "le cours", (in tro d u it

par Marie de Médicis à l'im age du corso de F lo ren ce ?) ou

boulevard, situ é hors de la p o rte Saint-A ntoine, e t où le beau

monde au tem ps de Louis XIII se prom ène en c aro sse, " c'est

le grand boulevard ou bastion de c e t te porte; on a applani ce lieu en 1609 ..."(19). A l'O uest, tra c é en 1628, c 'e s t le "cours

la R eine", le nouveau balcon sur la Seine. Enfin vers le nord,

le grand paillm ail de la p o rte Saint-H onoré le long du re m p a rt

de C harles V. Tout annonce déjà ce qu 'am p lifiera plus ta rd Louis

XIV, co d ifian t les prom enades urbaines, im pulsant les boulevards

p lantés dans to u te s les provinces, dans un m ouvem ent qui sans

ê tre spécifique à la F ran ce y prend de v astes proportions.

" L 'a rrê t du conseil du 7 juin 1670 am en ait de la B astille à la

(24)
(25)

allées d'arbre6, celle du m ilieu m esurant seize toises -to u t près

de 32 m è tre s - e t chacune des c o n tre -a llé e s de 18 à 20 pieds

- un peu plus de six m è tre s. E t on les donnait o fficie lle m e n t

pour des "boulevards A ce te rm e d'origine p o u rtan t m ilitaire,

les usagers p ré fè re n t longtem ps en core celui de re m p a rt. L'an

suivant, un nouvel a r r ê t prolongea jusqu'à la p o rte Saint-H onoré

c e tt e "enceinte" qui d ev en ait la prom enade fa v o rite des parisiens

de to u te s les c lasses."(20)

a ‘ ^ean Valmy-Baysse, La curieu

p des boulevards extérieu 9 - A. Michel, Paris 1951

Tski l*ouis Sébastien Mercier, IIi 6!U de Paris> livre I, ch.L

> Amsterdam. Reprint 1979.

Louis Sebastien M ercier, a v o cat au p arlem en t é c rira bien plu6

ta rd , en 1782, dans Tableau de Pari6 à l'a rtic le boulevard:

" C'est une promenade vaste, magnifique qui cein t pour ainsi dire la ville: elle e st de plus o u v e rte à tous les é ta ts , e t infinim ent peuplée de to u t ce qui peut la ren d re a g réab le e t

ré c ré a tiv e : on s'y prom ène à pied, à cheval, en c a b rio le t; e t l'on

peut placer les boulevards à c ô té de to u t ce qu'il y a de plus

beau à Paris. Le boulevard du c ô té du midi e st le moins fréq u e n té ;

c 'e s t néanm oins le plus salubre: on ne peut se lasser de l'ad m irer;

il e st orné de q u atre rangs d 'arbres, avec une chaussée

d'encais6em ent (de cailloux ou de pavés) de 24 pieds de largeur,

qui règne dans un contour de six m ille q u a tre vingt tro is toises.

On ne voit de ces trav au x superbem ent prolongés e t u tiles que

dans une im m ense e t rich e c ap itale . C e tte esp ece d échange

ou de cein tu re e st adm irable; mais elle ren ferm e des objets

pauvres, désagréables e t mesquins." (21)

D istance, b eau té, em p rise...o n re tie n d ra it volontiers ici aussi

(26)
(27)

23

22. Pierre Lavedan, Histoire de l'urbanisme t.II, p.149. H. Laurens 1952.

23. Arthur Young, Voyages en France 1787-1789, traduit par Henri Sée 1931, p . 196. A. Colin Paris 1976.

m ultitude, aux évolutions e t à la sim u lta n éité des modes de

dép lacem en ts. C e tte observation de c a r a c tè r e technique sur

l'un des dégagem ents lin éaires les plus v astes de la c a p ita le ,

n'a rien de su rp ren an t à l'époque où l'en co m b rem en t des rues

e st d é c rit à son com ble e t que l'on songe à les vider de ses

c h an tiers p erm anents, de ses m archés, où l'on envisage des

sép aratio n s e n tre "les flux e t les reflux" len ts e t ra p id e s,:

im aginant des bornes ou des b a rriè re s e t fin alem en t des

tro tto irs surélevés à l'anglaise. L'exem ple le plus connu e t sans

doute le plus ancien, en F ran ce, de c e tt e sép a ra tio n rem onte

à 1606 au Pont N euf, qui o ff ra it dans sa larg eu r de 28 m ètres,

14 m ètres de tr o tto irs surélevés (22.).

L'espace du nombre.

"...Des ca fés sur les boulevards, de la musique, du bruit e t des filles sans fin. Il y a de to u t, e x ce p té des balayeurs e t des lam pes.

Les pieds plongent dans une boue épaisse, e t c e rta in e s p a rtie s

du boulevard n'ont pas une seule lu m ière...L es boulevards, jusqu'en

1784 m arq u aien t bien l'en c e in te de P aris e t to u c h aien t aux

faubourgs; à c e tt e d a te , sur la proposition des fe rm ie rs généraux,

on engloba les faubourgs dans P aris e t l'en c e in te fu t re p o rté e

n

à ce qu'on appelle en core le6 boulevards e x té rie u rs (23).

Là où le boulevard é ta i t le plus près de la ville, des parisiens

(28)
(29)

24. Arthur Young, Voyages en France "l'horrible fatig u e des rues" (24). De la place du Trône à la po rte voir note 23, la circulation à

Paris p.201. Saint-Denis, tout le monde y venait, et le commerce à son tour

suivait la foule et cherchait à la retenir. Des hôtels du Marais

à la nouvelle place royale Louis XV la voie la plus d ire c te pour

les a tte la g e s passe dorén av an t par les " boulevards En 1778

25. pi erre Gaxotte, Paris au

XVIIiè, p . 137. Arthaud 1966. e st dém olie la p o rte Saint A ntoine qui fo rm ait l'e n tré e triom phale

26. Claude Nicolas Ledoux, L'architecture considérée sous le rapport de 1 'art, des mœurs et de la législation, les Propylées de Paris, Paris 1804, in L'œuvre et les rêves de Ledoux p.42, par Yvan Christ. Ed. du Chêne 1971.

de la vieille ville à l'est m ais qui g ên ait la c irc u la tio n .(25)

C.N.Ledoux p a rla it de d éso b stru er l'in té rie u r de la ville:

" ces magnifiques boulevards sans exem ple pour l'étendue, je les préserverai des fardeaux exèdants qui écrasent le g r és..."(26).

Les indices ne m anquent donc pas qui v ien d raien t co n firm er

com m ent, à c e tt e époque, é ta it perçu ces phénom ènes

d 'en tassem en t e t de nom bre, e t ceux qui o b serv aien t la ville,

l'A cadém ie des Sciences e t la Société R oyale de M édecine

n o tam m en t a d m e tta ie n t c e tt e ré a lité , de so rte qu'en 1788 on

m et à l'étu d e pour P aris un plan g én éral d'em b ellissem en t e t

d'am énagem ent. Deux ou tro is p ro jets fra g m e n ta ire s su b sisten t

27. Bruno Fortier, La politique nous d it B. F o rtie r (27). L'un deux, soum it par l'a r c h ite c te C orbet

de l'espace parisien à la fin

l'ancien régime p.67, DGRST- propose une place sur l'emplacement de la Bastille devenue simple

corda 1975.

c arrefo u r au débouché du boulevard S t.A ntoine, d'où p a rte n t,

en d irectio n de l'e st, sur des te rra in s peu occupés, les rues e t

les avenues d'un nouveau q u a rtie r qui descend jusqu'à la Seine

dont on a redressé les quais.

Mais ces p ro jets ne to u ch en t pas ré e llem en t à la ville, ou trè s

peu.

"Il n'est, d'ailleurs, pas nécessaire qu'une ville soit percée avec la froide sym étrie des villes du Japon e t de C hine...L 'essentiel

(30)
(31)

27

e st que ces abords soient faciles, qu'il y a it su ffisam m en t de

débouchés d'un q u a rtie r à un a u tre pour le tra n sp o rt des

28. Pierre Patte, Monuments élevés m archandises la libre c ircu latio n des voitures e t que to u t se à la gloire de Louis XV, p.222.

Paris 1765. Voir aussi plan des dégage du c e n tre à la c irc o n fé ren c e sans confusion" (28).

Artistes. 1793.

C et urbanism e ne p erce pas, il enveloppe. Et les boulevards

re s te n t ce qu'il ya de plus beau à Paris:

"lignes royales en m êm e temps lignes de beauté sur la physionomie urbaine ces lignes se tro u v en t à la périphérie de la ville. Le

Monarque ne d é tru it rien à l'in té rie u r de c e tt e d ern ière, pour

y m e ttre son em p rein te. Il procure seu lem en t un cad re de beauté

29. Marcel Pôete, Une vie de cité, à la ville m é d i é v a l e " . (29) t.III p.465. Picard 1924-31.

Ce co m m en taire de M arcel P o ète s e ra it à rap p ro ch er du plan

de P aris au l/1 0 .0 0 0 èm e dressé en 1789 par l'ingénieur géographe

Pichon (30). R eg ard an t sur ce plan ad m irab lem en t dessiné "Les

Boulevards", on peut y m esurer to u te leur fo rce, dans une ville

prochainem ent dom inée par ce nouveau th èm e économ ique de

la circu latio n e t des échanges.

Il y a en 1791 dans la n o m en clatu re des voies de P aris de l'atlas

de V erniquet (31), 15 boulevards e t 12 avenues. Les boulevards

se d iffé re n c ie n t des avenues par leur d irectio n sur la ville. Ce

sont les sections discontinues de voies qui e m p ru n te n t les

anciennes lignes de rem p arts. Les avenues n'ont pas la m êm e

o rie n ta tio n . Elles vont au c e n tre en voies d ire c te s.

30. Pierre Patte, Monuments à la gloire de Louis XV, planche XXXVI. Paris 1765.

Nouveau plan routier de la ville et faubourgs de Paris par Pichon 1789.

31. Verniquet, Atlas du plan général de la ville de Paris avec Sa nouvelle enceinte levée géométriquement, planche 58, 1791.

(32)

28

Projet non réalisé de poil l’°Üll Dijon. J.-R. Penvnet inÿf»1*1

Plan de la tille de Dijon nio^j projet dans le faubourg 1

(33)

Le rituel de l'enceinte.

Bien des p ro jets d o rénavant, m arqueront c e tt e évolution

progressive du rôle du boulevard dans la nouvelle organisation

des villes qui se dessine sur le te rrito ire (32). Pas un p o rt, en

32. Voir Les vaisseaux et les villes, par A.Demangeon et B.Fortier, Mardaga 1978. L'architecture des villes, espaces, cartes et territoires par B. Fortier et B. Vayssière in revue Urbi III, 1980.

Pierre Pinon, Canaux et villes au siècle des Lumières: Caen, Nantes, Dijon, Dieppe, Rouen, Port de bouc...in Annales de la Recherche Urbaine n° 30, avril 1986, Dunod.

e f f e t, pas une ville im p o rtan te qui ne so it situ é e au c o n ta c t d'une

région ou d'un gisem en t, au débouché d'une m er ou d'un canal,

n'échappera à une saisie e t une im m ersion de ses form es b âties

e t plan tées dans des plans d'agrandissem ents où la fonction

c irc u la to ire com m ence à s'exprim er, par un quadrillage encore

in d ifféren cié de voies, appuyé sur les anciens rem p arts

p réalab lem en t red ressés, e t prolongeant la ville, dans une

d irectio n donnée de sa périphérie.

Les avancées les plus m arq u an tes que l'on re tie n t en ce dom aine

au to u r des années 1800 sont dans ces quelques ex p érien ces, qui

s 'a tta q u e n t à la re fo n te des grands ports e t des arsenaux m ilitaires

ou à la fondation pure e t sim ple de villes e n tiè re s , in d u strielles

ou ad m in istrativ es. C haux, Le C reusot, C herbourg, Pontivy,

La Roche sur Yon, La S pezzia...

Villes au d é p art o u v ertes, c 'e s t à dire conçues th éo riq u em en t

sans e n ce in te rapprochée, elles sont g én éralem en t l'œ uvre des

ingénieurs des Ponts e t C haussées, e t ce qui c a r a c té ris e en core

leur form e, c 'e s t d 'ê tre c e in tu ré e s par un "boulevard".

Mais si le boulevard re s te dan6 tous ces p ro jets un a ttrib u t

c a ra c té ris tiq u e e t c o n s titu tif de ces villes la b o r a to ire s - sans

(34)

30

s s m

1 S.iliue ]♦]de (lia

(35)

cam p, le sillon fo n d a te u r- il n 'est plus ici, du moins en dessin,

le rem blayage fo rtifié d 'an tan ni le bastion, mais bien

fo n d am en talem en t son inverse, un nivellem ent absolu du sol

pour e ffa c e r tous les ob stacles.

"je nivèlerais un jour les boulevards de la plus fam euse c ité du

33. Claude Nicolas Ledoux, La

saline de Chaux..p .42, voir note monde". Ainsi p a rla it Ledoux de C haux.(33)

2 6.

La c ré a tio n de la Saline dans le Ju ra , sur la riv ière La Loue,

qui rem o n te aux années 1776 au ra é té ce to u rn a n t où pour la

prem ière fois depuis longtem ps le dessin d'une ville va rom pre

avec l e ritu el de l'en c e in te . Aucun m ur, si ce n 'est fisc al ne

subsiste; seule une e m p re in te , englobante pour c o n ten ir la ville

la serv ira d'une fon ctio n nouvelle. Le boulevard, ici sur le plan,

e st appelé "rem p art" ou "grand chem in e n to u ra n t la saline".

Il e st devenu une assise ellip tiq u e c o n c rè te , larg e de 16 toises

com m e à Paris, dégagée e t p lan tée (34), ag issan t com m e le point

de c o n ta c t e t d'échange de la ville e t du te r r ito ir e , e t d'où

rayonneront les avenues de la fu tu re c ité .

34. 16 toises = 32 mètres. C'est largeur moyenne des anciens boulevards du Nord à Paris bcansformés en promenades par Louis XIV.

Le rôle que l'on en ten d fa ire jouer à ces nouveaux tra c é s ,

redressés, reprofilés, sem ble ê tr e aussi au d é p art juridique e t

.^5 - Décret de la fondati aPoléon Vendée du 5 pr â n . X H (25 mai 1804) Le ^ g i n a l est aux A.N. A.F IV 3°5, feuille 7.

^0ur la création de Pont- a Roche sur Yon voir aborit, Napoléon et la 1

237 à 242. Perrin, Pari; Pierre Lavedan, Histoi urbanisme, tome 3, •Laurens, Paris 1952.

foncier: pour m a té ria lise r l'aire de la ville, parfois la p ro p riété

de l'E ta t, ou, com m e à Chaux, m arquer le c e n tre ^ l'u s in e , en

rap p o rt à la périphérie en devenir.

A N apoléon-V endée (La R oche sur Yon) la nouvelle fondation

a d m in istra tiv e e t p ré fe c to ra le imposée en 1804 pour p acifier

(36)

32 / .-V-hv f oit- « J X / ;

m

mit,:/cA.//#M ... fit / W t / f / < v y « * V \ t \ , . .. V ■••■/••... ‘,’-i ; A» *"•* \ : . / IL S. ts, ‘i ~ - *■ • ' V^ k j KÏ w/ / tf*i * ft r u /' 7-J-X ' M --1Q-

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(37)

33

tra c é s selon un im m ense pentagone de 4 k ilo m ètres pour m arquer

au sol le p é rim è tre exproprié par l'E ta t, e t pour fa c ilite r autour

e t en son sein les d ép lacem en ts, les tran sp o rts de m archandises

e t l'évolution des troupes: c 'e s t là où trè s proche, qu'on y prévoit

les corps de casern es, les e n tre p ô ts...

Ces boulevards nouvelles form es, sont aussi le moyen, par la

m édiation sensible du v ég étal, de procurer un peu de salu b rité

à la ville, e t aussi de la b eau té, que l'on ne cesse d 'adm irer

ailleurs, à P aris e t dans les grandes villes, sur ces prom enades

récu p érées des anciens re m p a rts qu'il s'ag it de reconduire p a rto u t,

com m e un puissant sy stèm e d'em bellissem ent.

Quelque fu t le destin individuel de ces grands c h a n tie rs, tro p

souvent m enacés d'abandon e t d'oubli au fond de leurs provinces,

tous m arqueront c e tt e volonté de vouloir briser la vieille

m écanique de fa b ric a tio n de la ville, pour lui su b stitu er d 'au tres

règles, plus o u v ertes à l'économ ie, aux équipem ents, aux flux

bien sûr, e n tra în a n t d 'au tres p a rta g es e t n o tam m en t pour la form e

boulevard une reconnaissance a cc ru e de sa s p a tia lité fo n ctio n n elle

(38)

34

Rouen ou la cro isée d iscu tée: rue T hiers-rue Jean n e d'A rc, 1820-

1870, in "La F ran ce Urbaine" T .4, p.102. par M arcel Roncayolo.

Voir aussi Michael D arin "G randeur e t m isère de la p ercée hauss-

m anienne: le cas de Rouen e t N antes". Exposé au Plan Urbain,

(39)

35

36. Hippolyte Meynadier, Paris sur le point de vue pittoresque et monumental ou éléments d'un plan général d'ensemble, p.4, Dauvin et Fontaine 1843.

Marcel Roncayolo, La France Urt>aine, p.i8 à 39. Le Seuil 1983.

L'inflexion majeure

"Dans une ville où les minutes sont com ptées par les gens qui gagnent les heures com m e par ceux qui les p erd en t, le problèm e

à résoudre s e ra it en p a rta n t d'un point quelconque pour a rriv e r

à un a u tre d'avoir toujours devant soit une ligne d ro ite " .(36).

Après P a tte e t Ledoux, ap rès ce qui n 'é ta it qu'un schém a encore

ex p érim en tal pour quelques villes de fondation que Napoléon

e t ses ingénieurs n'auront ni le tem ps ni l'arg en t d 'ach ev er, co n tre

l'ordre inchangé des villes, qui craq u en t dans leur s tru c tu re ,

sous la poussée des ry th m es de croissance e t de la dém ographie

(37), va s'ouvrir e n tre 1820 e t 1850 pour le boulevard une ère

absolum ent nouvelle.

Toutes les villes désorm ais, celles de l'in té rie u r, e t l'a rm a tu re

qu'elles c o n stitu e n t, les p o rts de m er ou v erts aux colonies, les

nouveaux pôles industriels du Nord, du C e n tre e t de l'E st vont

se mouvoir ensem ble, e t se redessiner dans un v a ste m ouvem ent

qui prend une p a rtie de son élan dans le réseau fe rré des grandes

lignes qui les inervent depuis la cap itale .

S'il n 'est point question ici, dans ce te x te , de boulevard en te rm e

précis, le m ot d'ailleurs n'a pa6 disparu mais il sem ble qu'on lui

p ré fè re alors celu i de grande a r tè r e , ou grande voie de

com m unication, une convergence 6 'étab lit au ssitô t "de la ligne

droite" évoquée à la figure m onum entale qui va n a ître , le grand

vide urbain re c tilig n e qui va sym boliser c e tt e v ita lité économ ique

(40)
(41)

37

du 19ème siècle.

Ce qui c a ra c té ris e c e tt e période de la R esta u ra tio n , c 'e s t le

ton trè s technique donné aux discussions engagées par les élite s

sur le th èm e de la circu latio n .

"C'est en observant les directions que prennent les oscillations des masses plébéiennes sur la voie publique, en p é n é tra n t dans

les recoins e t coins de to u te s les vieilles rues e t les plus é tro ite s

qu'on peut indiquer avec plus de sû re té les points les plus u tiles

pour leur d ép art, leur tra v e rs é e e t leur a b o u tissem en t".(38).

Hippolyte Meynadier, op. C1té note 36, p.6.

N ’ R. D'Allemagne, Les Saints 1 "ioniens, 1827-1837. Paris 1930. 40.

SaintMichel Simonienne, Chevalier, politique Religion

ndustrielle. 1832, liaison Louvre 5astille p.34 à 47.

^6an Autin, Les frères Perreire. e bonheur d'entreprendre. Perrin, Haris 1984.

Fondé sur des observations e t des m esures, le th èm e a gagné

en précision e t lég itim e c o m p lètem en t les grands travaux,

d 'au ta n t plus sû rem en t qu'une bonne p a rt de c e tt e "agitation"

e s t à m e ttre au co m p te des jeunes hom m es so rtis des grandes

écoles techniques qui viennent grossir ré g u lièrem en t e t re n fo rc e r

les "corps", ju ste m e n t ceux à qui l'E ta t e t les villes co n fiero n t

b ien tô t c e tt e gigantesque e n tre p rise de tra n sfo rm a tio n s.

Presque tous polytechniciens, ingénieurs des ponts e t chaussées

ou ingénieurs des m ines, gagnés par la religion sain t-sim o n ien n e

(39), ils s'engagent à fond pour le renouveau in d u striel e t urbain.

"Un seul but produire" e st devenu depuis 1825 la devise de leur

journal Le Globe. Passionnés par l'in d u strie e t le d éb at sur les

chem ins de fe r, les ro u tes, les canaux, leurs m é rite s com parés,

ils m a rtè le n t les slogans. "Les richesses ex isten t, il su ffit de les véhiculer" ; ils av an cen t des propositions pour les villes (40),

relan cen t à P aris l'ancien p ro jet de l'a rc h ite c te Soufflot sur la

liaison Louvre-B astille.

(42)
(43)

39

boulevards, qui e x iste n t dans to u tes les villes, récu p érés sur

les anciens re m p a rts év an escen ts; prom enades rustiques e t voles

c ircu lan tes à la fols, som m airem ent ou so m p tu alrem en t am énagés,

sans jam ais cessé d 'ê tre c e lieu d'excursion e t de fê te s, ils sont

devenus le m odèle presque e x a c t de ce qui fonctionne, la grande

resp iratio n des villes.

41. Maurice Allem, La vie quotidienne sous le second empire, P-190. Hachette 1948.

"Le boulevard avait é t é com m e une p etite ville au sein de la

grande".(41).

42. Dict. Larousse du XlXè, 18v, article boulevard.

"Le boulevard devenait un cen tre commun vers lequel les

h ab itan ts des 2 zones qu'il sé p a ra it se tro u v a ie n t sans cesse

43. Honoré de Balzac, La fille au* yeux d'or, p.258, Livre de Poche, Paris 1973.

a ttir é s " .(42).

"La population parisienne so rt de ces alvéoles, vient bourdonner

44. François Loyer, Paris au XIXè. L'immeuble et la rue. Les tâtonne- ments de Rambuteau, p .116. Hazan 1987.

sur les boulevards, coule com m e un serp en t aux m ille couleurs,

par la rue de la Paix vers les T u ileries."(43).

Bernard Rouleau, Le tracé des rues de Paris, p.66. Ed. du CNRS 1983.

C 'est enfin l'ab o u tissem en t de 20 ans de tâ to n n e m e n ts prudents

au serv ice de l'actio n é d ilita ire . R am buteau, d isc re t p ré fe t de

P aris de 1833 à 1848 (44), m e ttra en place les prem iers

in stru m en ts juridiques spécifiques de la tra n sfo rm a tio n urbaine

à l'occasion de la mise à l'alignem ent de la rue qui aujourd'hui

p o rte son nom dans le 3èm e arrondissem ent. L'ordonnance du

5 m ars 1838 qui en d écid ait les trav au x prévoyait l'ex p ro p riatio n

par la ville de to u t un c ô té de la vole pour son é larg issem en t

à 13 m ètres. La notion d'expropiation pour cause d 'u tilité publique

sera p récisée en core dans les te x te s de la grande loi du 3 mai

(44)

"R egarde là-bas, du c ô té des H alles on a coupé P aris en Q u atre...T u veux

parler de la rue de Rivoli e t du nouveau boulevard que l'on perce? Oui,

la grande cro isée de P aris, com m e ils disent. Ils dégagent le Louvre e t

L'H ôtel de ville. Jeux d 'en fan ts que cela! C 'est bon pour m e ttre le public

en a p p é tit. Quand le p rem ier réseau sera fini, alors co m m en cera la grande

danse. Le second réseau tro u e ra la ville de to u te s p a rts, pour ra tta c h e r

les faubourgs au prem ier réseau. Les tronçons agoniseront dans le

p lâ tre ...T ie n s, suis un peu ma m ain. Du boulevard du Tem ple à la b arriè re

du Trône, une en taille; puis de ce c ô té, une a u tre e n taille, de la M adeleine

à la Plaine Monceau; e t une tro isièm e e n ta ille dans ce sens, une a u tre

dans celu i-ci, une e n ta ille là, une en taille plus loin, des e n tailles p arto u t.

P aris haché à coups de sabre, les veines o u v ertes, nourrissant cen t m ille

te rra s sie rs e t m açons, tra v e rs é par d'adm irables voies stra té g iq u e s...

Il y au ra un tro isièm e réseau; celu i-là e st tro p lo in tain ,je le vois moins.

Je n'ai trouvé que peu indices...M ais ce sera la folie pure, le galop infernal

des millions, P aris soûlé e t assommé!

h 2. o Jo . Lu, . 'i ? ? ! .

L* lit*;? J* esL*- p.

"..Sa M ajesté a décidé que la grande voie form ée du boulevard de

Strasbourg, du bd. du C e n tre e t de son prolongem ent à tra v e rs les q u artiers

de la rive gauche de la Seine p o rte ra it à l'avenir le nom de boulevard de

(45)

41

fer e t l'étab lissem en t des gares.

C e tte nouvelle donne urbaine, d é term in a n te pour la su ite, fu t

aussi une ru p tu re technique, p arce qu'on se lib é ra it d'un coup

de la vieille m éthode des ingénieurs voyers, qui c o n sista it pour

élarg ir les rues des villes sans qu'il n'en co û te rien au T résor,

à fixer de nouveaux alignem ents pour les re c o n stru ctio n s sans

aucune m aîtrise du processus dans le tem ps.

De c e t ouvrage de M eynadier, p récéd em m en t c ité , com m e des

nom breuses étu d es (46) d é b a ttu e s publiquem ent pour appuyer

dans les villes un "systèm e de grandes voies de com m unications

‘tb. Peyrremond. 6 études pour ^a transformation de Paris in ^a revue de l'architecture de César Daly 1843.

',°^r aussi l'article de Michel Coste, géographe EHESS. Peyrremond. un théoricien des Quartiers et de la restructuration.

es annales de la recherche urbaine n° 22. 1984.

nouvelles", com m e de la question des gares, de leur dégagem ent

dans l'urbain e t de leur liaison, on re tie n d ra it que 10 ans av an t

l'arriv ée en poste à P aris du p ré fe t H aussm ann (25 ju ille t 1853)

grand e x écu teu r du plan de Napoléon III, de te lle s propositions

e t projets, connus de tous, ap p ellen t e t d éclen ch ero n t c e tte

inflexion m ajeure du boulevard sur la ville.

Le boulevard haussm annien com m e type de voie nouvelle e st

né de c e tt e longue m atu ratio n .

Sa fonction ém inem m ent c irc u la to ire à grande d istan ce sur la

ville, la d irectio n qu'il a lla it prendre, e t que plus rien ne

rap p ro ch ait de la ligne souple e t enveloppante des boulevards

d'antan, son n ivellem ent, son profil en tra v e rs larg e de 30 m ètres

env., dessiné avec précision, découpé en tro tto irs e t chaussée,

(46)

42

1. Boulevard llausMiiann, vue prise de l’angle de l'avenue de Messine, vers l’avenue Friedland. Cliché Man ille, c. 1876.

" Au sp ec ta cle de ta n t de trouées, de ta n t de voies nouvelles, larges,

longues e t rectilignes, les Concourt é criv aien t dans leur journal, le 18

novembre 1860, qu'ils se s en ta ie n t étra n g ers "à ce qui vient, à ce qui est,

com m e à ces boulevards nouveaux sans tournants, sans av entures de

perspective, implacables de ligne droite, qui ne sen te n t plus le monde

de Balzac, qui font penser à quelque Babylone am éricain e de l'avenir"(52). reC- ^ HtM-cte Allcwv

(47)

43

un év èn em en t topographque considérable, la ré fé re n c e de to u te s

les villes, le nouvel esp ace public m oderne e t durable, le long

duquel viendront s'in scrire tous les plus grands program m es

d 'a rc h ite c tu re s, les g ares e t les th é â tre s , les plus beaux m agasins,

que l'Europe e n tiè re enviera.

"On passe sur les nouveaux boulevards, on ne se promène que

47. Guide parisien Adolphe Joanne, ch.II, p.56. Hachette, Paris 1867. 48. Pour assurer le contact de l'ensanche de Cerda avec l'ancien Passif urbain, "proyecto de un boulevard" par Garriga i Roca 1861, in catalogue Mostra dels f°ns municipal s de plans i projects d ‘urbanisme 1750-1930, p.143. Ajuntament de Barcelona. Chicago er> 1909 plan de Burnham... voir Françoise Choay, The moderne city: Planing in the 19th century, Braziller, N.Y.1969.

sur les anciens...".(47)

C 'est ainsi que l’é d ilité les appelle cou ram m en t à p a rtir de 1853.

Sans doute en souvenir de ces grands passages é tab lis par Louis

XIV sur les anciens re m p a rts, à Paris, dont on ne cesse encore

d'adm irer le m ouvem ent sur la ville e t l'u rb an ité, le m ot, qui

Le m ot, qui sem ble se fix er alors ainsi, s'ex p o rte m êm e avec

le modèle vers les années 1880 ( à B arcelone, à C hicago, à Los

A ngeles...) pour désigner ces voies nouvelles larges e t bien

bordées (48). T a n tô t avenue ta n tô t boulevard, on ne les

d ifféren cie plus topographiquem ent avec rigueur. Il y a bien

les douze avenues qui co n v erg en t à l'E toile, l'avenue de l'O péra

e t l'avenue de l'Im p é ra tric e ...11 y a les boulevards de Sébastopol

e t M alesherbes, V oltaire ou R aspail...; ne p e rc e n t ils pas eux

aussi au c e n tre avec l'o rie n ta tio n qui fe r a it d'eux p lu tô t des

(48)
(49)

45

"Le boulevard du 20èm e siècle" *

L 'ère qui n ait e st bien c elle des villes illim itées. C 'e st aussi celle

de l'apogée de la th é o rie du boulevard qui co n stitu e après

Haussm ann l'u ltim e te n ta tiv e , sans doute le d ern ier tra in d'idées

e t de p ro jets qui am bitionne une nouvelle org an isatio n des villes

à grande échelle.

"Pour les grandes villes, nous d it le géographe M. Roncayolo,

le changem ent m ajeur ap p o rté par to u t le XIXème siècle e st

Docteur Bécour. Voeu au Conseil Général avril 1896, Archives du Nord» N.33 (71-72).

Marcel Roncayolo, La France Urbaine, t.4, p.25, Seuil 1983.

le passage de la ville com m une à la ville agglom ération"(49).

On p o u rrait cep en d an t d é ce le r dans ce passage presque deux

tem ps, ou deux réponses e t deux éch elles, d istin c te s e t graduées.

L’annexion pure e t sim ple de la proche p érip h érie, rap id em en t

réalisée dans une p lan ificatio n de type en core classique par to u te s

les grandes villes. Lille a am o rcé ce m ouvem ent en j e tta n t un

, M i l

a L. e en 18555 décidé son à andissament, et passe de 410 in hectares; voir René Robinet ex introduction au catalogue Lil°S^ ° n ’ 8ne ville nouvelle: du n6 a9randie 1858-1900, Archives

P a r " ^ ’

n0v‘1974-Batv. -, 6n 1860> Vienne en 1857, sa _cel°ne en 1859.

les ^U9^ne Hénard, Etudes sur et bransformations de Paris, RëéditUtreS écrits’ 1903-1909, La \0n L'Equerre, Paris 1982.

ion de Jean Louis 5'*uvr resitue l'importance de de i * par raPPort à la naissance d'u^L.3 n°ovelle école française

barnsme .

faisceau de boulevards e t de rues vers q u a tre de ses faubourgs

les plus proches. P aris va é te n d re ses "trois réseaux", Vienne

va a ffirm é le Ring e t ses in stitu tio n s. Et B arcelone, qui a n ticip e

à une a u tre éch elle, va reco u v rir d'un fabuleux dam ier 3000

h e c ta re s de plaine (50).

o

De c e tt e péride e st né aussi le "nouveau boulevard à redans",

que l'a r c h ite c te Eugène H énard propose à p a rtir de 1903 dans

ses " Etudes sur les tra n sfo rm a tio n s de P aris " (51) pour re la n ce r

l'ach èv em en t des program m es e n tre p ris sur les villes.

(50)

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