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Contexte de l'accessibilité des infirmières aux études supérieures

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FACULTE DES SCIENCES DE L'EDUCATION

THESE PRESENTEE

A L'ECOLE DES GRADUES DE L'UNIVERSITE LAVAL

POUR L'OBTENTION

DU GRADE DE MAITRE ES ARTS (M.A.) PAR

PAULINE GASSE BACHELIERE ES SCIENCES

CONTEXTE DE L'ACCESSIBILITE DES INFIRMIERES AUX ETUDES SUPERIEURES

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Sommaire ... . vi

Remerciements ... viii

Introduction ... 1

Chapitre I - Position du problème Champ d'investigation et pertinence du projet ... 6

But de la recherche ... 21

Question de recherche ... 23

Chapitre II - Recension des écrits La formation des infirmières ... 25

Les stéréotypes féminins et le sexisme en nursing .... 34

Les stéréotypes masculins ... 44

Modèle d'analyse ... 49

Hypothèse de recherche ... 53

Chapitre III - Méthodologie La population Clientèle de femmes ... 56

Les variables Les variables dépendantes ... 58

La variable indépendante ... 60

Grille d'analyse ... 62

Chapitre IV - Analyse des données et interprétation des résultats Les conditions d'admission ... 67

Les cours obligatoires ... 73

Les cours optionnels ... 82

Les contenus ... ... 88

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Discussion ... 92

Résumé ... ■ • 95

Conclusion ... ... 101

Appendice A Diplôme d'infirmière ... 105

Appendice B Les conditions d'admission aux programmes ... 107

Appendice C Les programmes ... 110

Appendice D Les contenus de cours ... 125

(5)

V

Liste des hors-texte

Tableaux

1. Schéma de la grille d'analyse ... . 63 2. Exigences du code d'admission aux programmes ... 68 3. Profil des programmes, répartition des crédits

et rapport proportionnel ... 71 4. Classification des cours et des crédits obligatoires ---- 73 5. Pourcentage des cours obligatoires ... 74 6. Pourcentage des crédits obligatoires ... 74 7. Précisions sur la clientèle inscrite

en sciences infirmières en 1972, 1978 et 1981 ... 75 8. Cours de tronc commun en sciences infirmières

et médecine ... 79 9. Cours optionnels disponibles

à l'intérieur des programmes ... 82 10. Types de cours optionnels exprimés en pourcentage ... . 83 H - Détail du pourcentage des crédits optionnels

selon le type et en rapport avec l'ensemble du programme. 87 12. Pourcentage de la répartition des cours

sur l'ensemble des programmes ... 92

Figure

1. Importance relative, en pourcentage, des différents types

(6)

SOMMAIRE

Le but de cette étude était de vérifier si la formation universitaire qui privilégie le développement de stéréotypes dits masculins, peut maintenir à l'écart de la formation supérieure un groupe de professionnelles majoritairement féminin.

Les programmes de formation de base en sciences infirmières à l'Université Laval pour les années 1972, 1978 et 1981 ont fait l'objet de cette étude.

A cet effet nous avons élaboré dans le cadre d'une étude exploratoire, une grille d'analyse qui a permis- de vérifier dans les programmes, la présence de stéréotypes scientifiques assimilables aux stéréotypes dits masculins décrits par Broverman et aj_. (1972), Kelly (1979), Weinreich-Haste (1981).

L'analyse des résultats a démontré une forte incidence des stéréotypes dits masculins dans les programmes des années 1972 et 1978 au niveau des pré-requis, des cours obligatoires et des cours option­ nels. Le programme de 1981 a démontré une plus faible incidence au niveau des cours obligatoires et des cours optionnels et une incidence nulle au niveau des pré-requis.

Une interprétation des résultats a révélé que les programmes universitaires de formation de base en sciences infirmières qui

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privilégient le développement de stéréotypes dits masculins ont peu de chance d'exercer de l'attrait auprès des femmes infirmières puisqu'il existe une situation conflictuelle entre le rôle développé par les programmes et celui exercé dans les milieux cliniques. Ce dernier véhiculant les stéréotypes dits féminins.

En guise de conclusion, l'auteure signale l'importance d'in­ clure aux curriculum des programmes de formation professionnelle un cours de sensibilisation à la condition des femmes en nursing et sug­ gère qu'une telle proposition s'étende aux infirmières du champ de la prati q u e .

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Cette étude a été supervisée par le Docteur Jean-Réal Nadeau, professeur agrégé au département de Counseling ët orientation de la faculté des Sciences de l'éducation. Ses conseils, ses

explications, sa disponibilité m'ont permis de mener ce travail à terme. Je l'en remercie sincèrement.

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2

La présente étude prend ses racines dans les difficultés que nous avons rencontrées tout au long de notre cheminement lors de nos études supérieures, amorçëes dans les années 70. La motivation à entreprendre une telle démarche est, sans aucun doute, née du be­ soin de donner à l'exercice de notre profession d'infirmière une assise plus scientifique.

Une explication de la motivation à rechercher un complément de formation se trouve dans l'application des théories de Knowles en andragogie. Celui-ci voit surgir le besoin éducatif, de l'écart entre le présent niveau de compétence de l'adulte et un plus haut niveau de compétence pour effectuer une performance (Knowles, 1970).

Par contre du côté des milieux de travail et de formation, la rentabilité ou l'exercice de certains pouvoirs proscrivent l'idée d'un concept andragogique. Nier que "l'éducation des adultes est un substitut, un prolongement, un perfectionnement", ne pas considérer "qu'elle est épanouissante" (Nadeau, 1981)^se traduisent par l'appli­ cation de politiques restrictives et limitantes à la poursuite d'études avancées.

La Commission Jean (1982) appuie l'idée et elle constate dans ces travaux sur la formation des adultes que les mécanismes d'accès

Nadeau, J.R. (1981). notes de cours, CSO-61075 , Education des adultes, ronéotype.

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à la formation sont sélectifs et limitatifs pour les femmes. Le trai­ tement réservé aux femmes sur le marché du travail ne favorise guère la poursuite d'études supérieures. L'acquisition d'un modèle cultu­ rel, qui incite les femmes à rester en marge d'une formation épanouis­ sante et libératrice, peut aussi être la raison du choix qu'elles font de s'orienter vers des emplois-ghettos.

Les infirmières représentent une catégorie de femmes parti­ culièrement vulnérables à ce niveau. Elles forment un corps profes­ sionnel assimilable aux stéréotypes dits féminins. Elles se parta­ gent les milieux de santé avec des professionnels mieux instruits q u 'e l le s.

Dans un effort d'autonomie, d'adaptation et de libéralisation l'Ordre des Infirmières et des Infirmiers du Québec, à l'instar des autres organismes professionnels infirmiers, recherche des solutions au problème de ses membres. Plusieurs études ont été menées en ce sens dont l'une sur: "La formation professionnelle initiale de l'infirmière au niveau universitaire en l'an 2000" (1982). Celle-ci, qui privilégie comme unique formation de base la formation universitaire, prévoit la date cible de l'an 2000 pour appliquer cette exigence d'admission à l'ordre professionnel.

Il est possible que pour devoir résoudre le problème de forma tion des infirmières, il faille explorer l'avenue que suggère

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l'influence du modèle culturel proposé aux femmes. A cet égard, il est opportun de poser de plusieurs façons le problème de 1 'accessibi­ lité à la formation universitaire des infirmières.

La voie adoptée dans cette étude a été de l'inscrire dans l'univers plus vaste de la problématique des femmes québécoises, et dans le contexte plus restreint des stéréotypes divergents de ceux proposés par le modèle culturel proposé aux femmes. Cela nous a ame­ née à vérifier dans les programmes de formation la présence d'agents

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Chapitre I Le problème

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Ce chapitre présente la position du problème en y incluant, au fur et à mesure la justification de l'étude, le but de l'étude, et la question de recherche.

La position du problème

Champ d'investigation et pertinence du projet

La promotion du savoir nous semble liée au développement et au progrès tant des individus que des sociétés. La Charte univer­ selle des droits de l'homme considère que tous les peuples et tous les hommes sans exception, doivent avoir le privilège d'accéder au sa­ voir. L'Organisation des Nations-unies en observant l'évolution de l'homme à l'échelle de la planète, s'interroge sur la diffusion de la connaissance. Avec les moyens à sa disposition, elle tente d'in­ former ses membres et leur suggère d'instaurer des politiques pour favoriser l'accès aux institutions d'enseignement pour le plus grand nombre d'individus possible. Une recommandation en ce sens a été proposée et l'Assemblée Générale l'a adoptée en 1967 à l'article IX de sa résolution: "Déclaration on the Elimination of Descrimination against Women." Byrne (1973) l'a rapportée en ces termes: "Toutes les mesures nécessaires doivent être prises pour assurer aux filles, aux femmes célibataires et mariées, des droits égaux en éducation

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et ce à tous les niveaux" (p. 19). En suggérant la reconnaissance des mêmes droits aux hommes et aux femmes dans le domaine de l'édu­ cation, l'ONU met en évidence l'inégalité des rapports homme-femme via-à-vis V a c q u i s i t i o n de la connaissance. Selon Botkin et al . (1980) cette inégalité entraîne des conséquences à plus grande portée :

La limitation que les femmes connaissent dans leur possibilité d'apprendre est à l'origine de leur manque de participation non seulement à la marche de la société, mais aussi à l'effort de résolution de la

problématique mondiale (p. 95).

Cependant on commence à observer une plus grande représen­ tation des femmes dans les milieux d'éducation. Est-ce que ce virage signifie que les femmes auraient de meilleures conditions pour accé­ der aux études?

L'OCDE] qui a des préocupations économiques, considère les femmes comme une source riche et inexploitée. Dans un document qui s'intitule "Les femmes et l'égalité des chances" (1979), cet organis­ me traite de 1 'accessibilité des femmes à l'éducation. On y signale entre autres: "... que dans la plupart des pays membres, les jeunes filles ne sont pas représentées dans la même proportion que les jeu­ nes gens au niveau de l'enseignement supérieur" (p. 56). D'ailleurs

O

les statistiques de la CEE (Eurostat, 1981) confirment cette situation

O.C.D.E. Organisation de coopération et de développement économiques C.E.E. Communauté économique européenne.

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A l'instar des autres pays industrialisés, le Québec connaît lui aussi une inégalité dans 1 'accessibilité des hommes et des femmes aux études supérieures. On pourrait croire à un rapport plus équita­ ble quand on note que de 1973 à 1978, le taux de féminité dans les clientèles inscrites aux universités est passé de 41,8% à 47,3%. Envi­ ron 44% des nouveaux diplômés en 1978 sont des femmes (Messier, 1981). Mais Nadeau en 1982 disait que: "l'égalité d'accès (en éducation) n'est

pas l'égalité des chances" (p. 19). Ainsi notre assertion.touchant l'i­ négalité se confirme dans le rapport sur la condition féminine à l'Uni­ versité Laval en 1980. Il en ressort que si les femmes ne semblent pas directement défavorisées lorsqu'elles font une demande d'admission à l'université, et si depuis 1975 la clientèle féminine augmente réguliè­ rement, il subsiste encore malgré tout dans les clientèles de l'ensei­ gnement régulier des trois cycles, un écart de 10%. "Cet écart qui est relativement faible au premier cycle (47%) s'accentue jusqu'à devenir important aux deuxième et troisième cycles où nous retrouvons à l'autom­ ne 1979 que 36% (2e cycle) et 26% de femmes (3e cycle)" (p. 29).

Ce phénomène de décroissance du rapport homme-femme au niveau des études graduées vient s'ajouter à d'autres phénomènes nouveaux et importants qui apparaissent. Avant d'interpréter trop rapidement la tendance à la parité observée à l'admission à l'université, il faudrait d'abord s'interroger sur certains de ces phénomènes. Par exemple, pourquoi les femmes choisissent-elles le régime d'études à temps partiel

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En examinant le taux de féminité dans la clientèle à temps partiel inscrite aux universités du Québec, on constate que celui-ci est passé à 53% en 1978-1979 alors qu'il se maintenait autour de 47% entre 1973 et 1977 (Messier, 1981). Se pourrait-il que ces chiffres révèlent l'existence de d'autres difficultés que rencontrent les femmes quand elles veulent s'instruire? Par exemple, des conditions financières difficiles et des responsabilités familiales contraignantes?

Toujours en regard de la formation supérieure, une autre question se pose en rapport avec les programmes qui retiennent la fa­ veur des femmes. On voit qu'en 1978, les sciences humaines (sociolo­ gie, philosophie, droit, histoire, etc.) et d'éducation avec 27,4% et 28% drainent près de la moitié de la clientèle féminine des universi­ tés (Messier, 1981). Celle-ci semble bouder les études à caractère plus scientifique. La sous-représentation des femmes dans les champs scientifiques de la connaissance a fait l'objet des discussions d'un groupe de scientistes canadiennes réunies par le Conseil des Sciences à Ottawa en janvier 1982. Il ressort de ces assises que le problème a de multiples causes et ce à plusieurs niveaux. Par exemple, l'in­ fluence des enseignants dans le processus de l'éducation peut être déterminant dans le choix d'une carrière. On peut alors se demander si les femmes qui comptaient pour 2/3 de l'ensemble des enseignants des classes du pré-scolaire, du primaire et du secondaire en 1978-1979 au Québec, produisent un modèle qui les défavorise une fois rendues

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aux portes de l'université, étant donné un profil scientifique inadé­ quat? Pourtant les ouvertures sur le marché de travail et les profes­ sions de l'avenir semblent se polariser autour des formations dites scientifiques: génie, micro-électronique, informatique, biotechnologie, etc. (Blouin, 1982). Les femmes ne se retrouvent-elles pas dans un cul-de-sac en choisissant les sciences humaines et l'éducation? Ou plutôt, est-ce qu'elles s'inscrivent dans ces programmes parce qu'elles n'ont pas d'autres alternatives? Ou encore, est-ce que les exigences des carrières scientifiques ne commendent-elles pas une somme de tra­ vail et une disponibilité d'esprit qui s 'accomodent mal aux autres res­ ponsabilités de femme-épouse et mère de famille?

Un élément qu'il ne faut surtout pas manquer d'observer afin d'avoir une vue un peu plus globale du problème de la formation des femmes aux études supérieures, c'est celui du marché du travail. Des- carries-Bélanger (1980) dans une argumentation qui explique le besoin de la présence des femmes sur le marché du travail et l'affectation aux tâches qui les attendent, utilise le propos d'Armstrong pour préciser sa pensée. Elle le rapporte en ces termes: "Elle s'inscrit (l'argumen­ tation) (...) dans une forte augmentation de la demande pour une main- d'oeuvre sous-qualifiée et sous-payée dans certains secteurs précis de l'économie, notamment les services" (p. 46). En conséquence, si on re­ garde la distribution de la population en emploi selon le type d'occu­ pation au Québec en 1980, on voit que les hommes se partagent assez

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également dans les différents types d'emploi. Et le taux de féminité dans ces secteurs se situe S 74% dans le travail administratif, 72,7% dans les services de santé et 57% dans l'enseignement (Messier, 1981).

Nous observons dans ces secteurs d'activités des faits' qui nous aiderons â mettre en lumière l'évidence d'une corrélation entre la scolarité des femmes et la possibilité qu'elles ont, par exemple, de se voir offrir des postes où la responsabilité, la créativité, l'es­ prit de décision prennent le pas sur les tâches répétitives que T o n retrouvent généralement dans les postes de travailleurs non spécialisés

Quand elles arrivent sur le marché du travail, les femmes sem blent vouées à devoir s'intégrer dans un processus générateur des mêmes problèmes; qu'elles soient ouvrières ou professionnelles, technicien­ nes ou sécrëtaires. Dans le Rapport de la Commission d'étude sur la formation des adultes (1982), des commentaires font foi de ces difficul tés, communes à toutes les femmes travailleuses. Elles deviennent par le fait même particulièrement vulnérables face au chômage et a la pau­ vreté. Elles se voient offrir de plus en plus d'emplois à temps par­ tiel, et peu de services de garderie sont disponibles. La famille et l'école, l'entreprise, les services de placement et d'orientation con­ courent à cantonner les femmes dans les ghettos d'emplois. Elles sont majoritairement moins rémunérées, moins syndiquées et par surcroît, moins qualifiées. Les commissaires estiment que: "...Les besoins de

formation des femmes iront en s'accroissant dans l'avenir" surtout de­ vant des facteurs sociologiques récents comme:

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L'augmentation importante du taux d'activité des femmes, du nombre de femmes chefs de famille (199,000 en 1980 au Ouëbec), l'instabilité économique, l'influence des revendications féministes (p. 138).

Dans l'enseignement, les femmes tout comme les hommes ont accès à l'université pour leur formation initiale. Est-ce que cette formation leur octroie vraiment les possibilités de se tailler un meil­ leur avenir dans ce secteur d'activité?

Avant d'analyser la situation telle que nous la connaissons aujourd'hui dans l'enseignement, il faut se rappeler deux faits impor­ tants qui ont été déterminants dans l'accès des enseignants à l'univer­ sité: la réforme scolaire et l'action des syndicats. La for­ mation des maîtres est passée des écoles normales aux universités. Le

recyclage, les études à temps partiel et parfois même des congés de perfectionnement ont profité à bon nombre d'entre eux. Des programmes de deuxième et troisième cycles ont été dispensés dans la majorité des institutions uni versitai r e s .

Nous avons vérifié les données touchant la scolarité des en­ seignants à temps plein au niveau du pré-scolaire, de l'élémentaire et du secondaire au secteur régulier des commissions scolaires de la Pro­ vince de Québec^. Même si les femmes dans ce secteur sont plus

^Ministère de l'Education. Statistiques de l'enseignement 1979-80. tableau 12-1. (document non publié)

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nombreuses avec 63,4% des effectifs, elles se répartissent inégalement, étant plus nombreuses au pré-scolaire et au primaire qu'au secondaire où elles laissent 59,03% des postes aux hommes. De plus, du côté de la scolarité, on se rend compte que le nombre d'enseignantes diminue à m e ­ sure que le nombre d'années de scolarité s'accroît. Autre point, inté­ ressant à noter, seulement 21,9% des femmes possèdent 17 années et plus de scolarité, contre 51,5% des hommes.

Si la scolarité influence le traitement, il en résulte que les femmes enseignantes du pré-scolaire, de l'élémentaire et du secon­ daire sont moins bien payées que leurs collègues masculins. Il se pour­ rait que ces conditions aient un effet sur leur possibilité de s'ins­ crire â temps complet à l'université dans des programmes de perfection­ nement ou de recyclage.

Existe-t-il un lien entre le niveau de formation des ensei­ gnants et leur chance d'accéder à des postes cadres? Les résultats sui­ vants nous incitent à le croire, En 1977-1978 les femmes dans ces mêmes commissions scolaires ne représentaient que 2% des principaux d'école (M.E.Q., 1979-80). Toujours en étudiant la même population on constate que dans ce corps professionnel majoritairement féminin, les postes de direction et d'administration sont surtout assumés par des hommes.

Pour résumer les conditions proposées aux femmes enseignantes, compte tenu de leur formation, on voit que si en principe celles-ci

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jouissent du privilège de s'instruire au niveau universitaire, elles n'en restent pas moins statistiquement moins instruites, moins payées et détenant moins de pouvoir tout en étant plus nombreuses que les en- seignantsmasculins.

Abordons maintenant de façon plus précise la population ob­ jet de notre étude. Les infirmières forment un des plus forts contin­ gents de femmes professionnelles au Québec. Sur 55,339 membres actifs de l'O.I.I.Q. en 1982, 95,1% sont de sexe féminin. Pour accéder à la corporation professionnelle, la formation de base s'acquiert soit à 1 '

u-o

ni versité (baccalauréat en sciences infirmières) soit au CEGEP (diplô­ me d'études collégiales en techniques infirmières).

3

Les organismes professionnels comme l'A.I.I.C. (Mussalem, 1966) et l'O.I.I.Q. (1973) convenaient que, pour assurer le progrès des sciences infirmières et pour répondre aux besoins de la communauté, la proportion souhaitable d'infirmières à posséder une formation de ni­ veau universitaire était de 25%. Ces recommandations, qui remontent à une dizaine d'années, ne sont-elles pas rendues caduques dans le con­ texte actuel des milieux de santé? Et les objectifs sont loin d'être atteints quand on voit que dans le rapport de l'O.I.I.Q. de 1979-80, environ 10% de ses membres détiennent un baccalauréat, une maîtrise ou

un doctorat. Il existe un écart important. Il n'est pas exagéré de dire

^Ordre des Infirmières et des infirmiers du Québec.

2

Collège d'enseignement collégial et professionnel.

Association des Infirmières et des Infirmiers du Canada.

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que les infirmières sont peu instruites par rapport aux autres corps professionnels qui sont scolarisés au niveau universitaire à 100%.

Dans les services de santé, quelles responsabilités peut-on confier à des infirmières "peu instruites" si ce n'est que d'éxëcuter des ordres ou de s'occuper à des tâches monotones et routinières (Ashley, 1976). Pourtant les infirmières occupent une place "statégique" dans l'équipe de soins. Elles sont à même de perçevoir mieux que quiconque, l'existence d'un écart entre les attentes des milieux et les besoins des clients d'une part, et d'autre part une certaine incapacité à répondre à ces attentes et à ces besoins. A cela s'ajoute une autre situation conflictuelle naissant du fait que les infirmières diplômées des universi tés et des CEGEP se voit offrir les mêmes fonctions sur le marché du tra­ vail (Fortier, 1982).

Un bref retour en arrière nous rappellera que la formation en sciences infirmières a été dispensée dans les hôpitaux jusqu'en 1970. Avec la réforme scolaire, la formation de l'infirmière continuait d'être dispensée surtout au niveau CEGEP. A la même époque, la formation de base qui était déjà disponible au niveau universitaire à Montréal deve­ nait possible à l'Université Laval en 1967 (O.I.I.Q., 1973). On voit que l'acuité du problème de la formation pour les infirmières n'est pas ré­ cente et elle trouve dans l'histoire toute sa dimension et son importance

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Il ressort du passé spécifique québécois, quatre facteurs environnementaux qu'il est nécessaire de signaler. Ils ont condition­

né et conditionnent encore selon nous la scolarisation des infirmières. Premièrement, de façon général la formation des infirmières était soumi­ se aux préjugés et aux stéréotypes féminins qui avaient cours et qui im­ prègnent encore aujourd'hui la mentalité populaire concernant les femmes et la science. Plus particulièrement les infirmières francophones ont été pénalisées du fait que les pré-requis pour l'inscription à l'école d 1infirmières tenaient compte des programmes existant dans le milieu à l'époque. Desjardins et al . (1970) précisent que:

L'éducation suivait propre,m.m o s différents; les élèves anglopnones recevaient une formation scientifique, alors que les francophones étudiaient surtout les humanités classiques. (...) La carence de l'enseignement scientifique était plus marquée dans les écoles d'in­ firmières de langue française, (p. 107).

Deuxièmement, ces mêmes infirmières francophones ont connu les limites posées par la langue. Ces limites ont contribué à les tenir en marge d'une littérature canadienne anglophone riche si l'on considère,

par exemple, que dès 1920 l'Université McGill offrait des études de bac­ calauréat en sciences infirmières. Bien sûr la littérature américaine était également hors de portée. Desjardins et al_. ajoutent:

Les élèves de langue anglaise avaient à leur disposition de nombreux manuels américains, contrairement à leurs homologues francophones

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qui manquaient d'ouvrages en langue française (p. 118).

Aujourd'hui encore, toute la vitalité et tout le dynamisme que reflètent les écrits des infirmières américaines, restent inacessibles pour une grande majorité d'infirmières: ce qui les prive d'un stimulant possible à l'ouverture sinon au partage de nouvelles connaissances.

Troisièmement, l'influence religieuse qui a prévalu au Québec très longtemps, et par surcroît la formation infirmière dispensée dans les hôpitaux administrés par les communautés religieuses, ont d'une certaine façon prolongé un modèle culturel de l'infirmière qui vient en conflit avec les besoins de s'affirmer et de s'affranchir intellectuel­ lement: "Quand elle avait la vocation, cette infirmière devait être dé­ vouée, soumise et effacée" (Folliet, 1961).

Un dernier facteur, tout aussi contraignant que limitatif celui- là, ajoute aux difficultés qu'ont encore lès infirmières â s'auto-aéter- miner et à s'instruire: la proximité historique vécue quotidiennement entre ce corps professionnel et la médecine est une réalité avec laquel­ le il est difficile de composer quand on veut apprendre et qu'on en a le potentiel. Les propos tirés de la revue "Hospital" et relatés par Gamarnikow (1978) témoignent déjà de la polémique qu'a soulevée Nightin- g a l e \ lors de l'institutionnalisation de la formation infirmière à la fin du siècle dernier:

^ infirmière anglaise qui fit sa marque durant Ta guerre de Crimée (1854- 56) et qui est à l'origine de l'Ecole Nightingale fondée à Londres en 1859.

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L'infirmière doit reconnaître dans l'homme médecin son chef scientifique (14 avril 1894). L'infirmière n'est pas employée comme

consultante, comme critique, comme arbître, elle est une exécutante (31 juillet 1897). L'infirmière doit être très attentive afin de maintenir une délimitation entre ses devoirs et ceux réservés à 1'homme-médecin (...) et avec des yeux bien ouverts, elle doit éviter de s'approprier des responsabilités qui sont au-dessus de ses limites (26 novembre 1904).

(pp. 107, 109).

Aujourd'hui comme autrefois la subordination se perpétue: les médecins "ordonnent" et les infirmières exécutent (Bullough, 1975). Cet état de quasi-servilité a fait dire à des historiens québécois du nursing^ (Desjardins et aj_. 1978):

...certains médecins craignaient que l'attribution des pouvoirs à la profession infirmière tendrait à diminuer ou à annihiler la traditionnelle autorité totale de la médecine sur les soins

infirmiers (p. 79).

Non seulement ces derniers étaient d'accord pour maintenir la formation à un niveau pratique, mais en plus, ils exerçaient un contrôle sur les examens d'accréditation (appendice A).

Le pouvoir médical, qui s'est construit en bonne partie au détriment de la santé des femmes (Va te faire soigner t'es m a l a d e . Guyon et al_.(1981)et Essai sur la santé des femmes. Dekonninck et aj_.

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(1981). a d'une certaine manière utilisé ces femmes pour se garantir le prestige social qu'on lui connaît. C'est ce qui a fait dire à

Ehrenreich et English (1976) que le médecin "guérit" et que l'infirmiè­ re donne des soins. Elles ajoutent: "Tout le crédit de la guérison va naturellement au médecin, car lui seul "participe" à la mystique de la science" (p. 68).

Le mouvement de sensibilisation à l'urgence d'acquérir une for­ mation intellectuelle comparable aux autres professionnels de la santé est loin d'être généralisé. Par exemple, Morissette (1983) rapporte dans le Devoir du 15 mars les commentaires de l'Office des professions et des collèges et des universités. On y lit entre autres qu'il faut concentrer au seul niveau collégial la formation de base des infirmières.

En outre, la dissidence manifeste de quelques noyaux d'infir­ mières peut-elle trouver une explication ailleurs que dans l'insécurité

que représente pour ces femmes l'adaptation à la "mystique de la scien­ ce"? Ou sont-ce les effets à long terme des dominations dénoncées pré­ cédemment?

A l'instar de plusieurs états américains et de certaines pro­ vinces canadiennes, qui se donnent comme objectif d'ici T a n 2000 la formation universitaire pour intégrer les rangs des soins infirmiers pro­ fessionnels; le Québec songe à faire de même (O.I.I.Q., 1982). Les in­ firmières enseignantes du milieu universitaire cernent bien le problème.

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Elles réalisent de façon non équivoque que l'autonomie professionnelle passe par la voie d'une formation de calibre universitaire.

Le leadership professionnel passe néanmoins par la formation intellectuelle (...) ces

programmes doivent rester le lieu d'apprentissage à la formulation d'une problématique de la

santé (...) (une) approche fondamentale de l'être humain, (...) (un) lieu d'apprentissage a une démarche logique de solution de problème, au jugement critique et â la créativité

(Fortier, 1982).

Une formation de ce type ouvre la porte à la recherche et au progrès qui en découle. Encore faut-il ajouter que les études de deuxiê me cycle en nursing ne sont disponibles que dans deux universités au Québec (à Montréal seulement) et qu'aucun programme de troisième cycle n'est dispensé dans cette discipline: conséquence indiscutable du fai­ ble nombre de canditatures aspirant à des études de ce niveau.

Les facteurs coercitifs que nous venons de décrire comportent implicitement un certain rapport de pouvoirs: pouvoir linguistique et re ligieux, pouvoir médical et scientifique. Peut-on supposer que cette conjoncture peut avoir comme effet d'inhiber en quelque sorte le désir et le goût de s'instruire? Peut-elle expliquer en partie le fait que la formation universitaire de base, qui est disponible depuis un certain nombre d'années déjà, soit si peu populaire en nursing? Ou bien serait-ce le signe d'un pouvoir plus fort, aussi subtil, plus englobant, qui se traduirait par un asservissement chronique des femmes dont les origi­ nes remonteraient au début de la dialectique patriarcale?

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Le but de 1 'étude

Les activités ou plutôt les comportements de la femme infir­ mière peuvent être étroitement liés à ceux que la femme accomplit dans

ses rôles traditionnels d'épouse et de mère. D'ailleurs cela a fait dire à Ehrenreich et English (1976):

Et pendant que certaines femmes

professionnalisaient les tâches domestiques d'autres "domestiquaient" les professions comme celles d'infirmières, d'enseignantes (p. 66).

Descarries-Bélanger (1980) s'exprime à peu près dans le même sens quand elle parle des concentrations féminines dans certains secteurs d'activités "...et leur confinement à des tâches qui ne sont souvent que le prolongement de leur activité de ménagère et de mère" (p. 48).

En conséquence, les femmes qui sont poussées et conditionnées par un ensemble de contraintes socio-culturelles à acquérir ces "prédis- positions/qualifications"(Descarries-Bélanger, 1980) sont animées par les mêmes valeurs quand elles recherchent un emploi ou une profession. Elles semblent transposer cette vision de leur rôle dans le choix et l'exercice de ceux-ci. Gaucher (1981) renforce cette idée quand elle dit "...Comme si les femmes, un peu malgré elles Sans doute, avaient apporté avec elles leur bagage en quittant la maison pour le travail" (p.332). En même temps qu'elles ont intériorisé leur rôle de femme, elles ont inté­ gré, sûrement, des préjugés ou des stéréotypes souvent qui n'ont rien

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de compatible avec les chances d'avancement sur le plan de la forma­ tion et sur le plan de la carrière. Geary Dean (1982) suggère aux in­ firmières de s'interroger en regard des stéréotypes que le processus de socialisation a prédéterminés pour elles. Comme femmes elles doi­ vent soigner, être dévouées, servir, être chaleureuses, passives, dépen­ dantes et ignorantes(unknowledgeable). De plus le type d'infirmière réclamé par les gens en général est celui de la femme chaleureuse et dévouée (Rodgers, 1975).

Les stéréotypes sur lesquels se fondent l'activité même de l'exercice infirmier comme soigner, aider, servir.donnent à la profes­ sion cette caractéristique essentiellement féminine. Ces mêmes stéréo­ types sont-ils privilégiés dans la formation universitaire de base? Se pourrait-il que les femmes en nursing se refusent à toute formation venant à 1 'encontre des modèles traditionnels qu'elles ont jusque-là intégrés? Le Rapport de l'O.I.I.Q. de 1979-80 montre que les infirmiers semblent tirer plus de profit de la formation universitaire puisqu'ils occupent proportionnellement plus de postes-cadres en raison de leurs qualifications. Par là, feraient-ils la preuve que la formation univer­ sitaire leur convient mieux?

La question de recherche

Nous avons noté que le nursing est une profession majoritaire­ ment féminine. Mous avons remarqué qu'un nombre insuffisant de candidats

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choisissent une formation de base de niveau universitaire. Nous avons noté que le contexte historique, les milieux de travail et de formation ont limité d'une certaine façon les possibilités pour les femmes infirmières de s'instruire. Nous avons observé que l'activité exercée par la femme dans l'exercice des soins infirmiers est en quelque sorte un prolongement de ses rôles traditionnels. Ces consi­ dérations nous amènent à formuler notre question de recherche de la façon suivante:

Existe-t-il une relation entre un groupe de professionnels majoritairement féminin et leur niveau d'études supérieures atteint?

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Chapitre II Recension des écrits

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Dans ce chapitre, nous aborderons les éléments suivants: la formation infirmière, les stéréotypes féminins et masculins, le sexisme et le patriarcat. Plusieurs travaux et rapports de recher­ che- ont été récensés. Seuls ont été retenus ceux qui ont permis de situer dans son contexte théorique la question de cette étude. Les écrits proviennent en général d'auteurs américains et canadiens anglais.

La formation des infirmières

Les problèmes de formation en sciences infirmières se con­ centrent souvent autour de l'écart qui existe entre le nursing théo­ rique et le nursing pratique. Les analyses de Chaska (1978) Douglas (1978) Rottkamp (1980) vont dans ce sens. Selon ces auteures, cet écart engendre des contradictions qui désarticulent le processus d'in­ tervention en soins infirmiers. Dans ce cas on peut dire que la théo­ rie ne se concrétise pas dans la pratique. A l'opposé certaines pra­ tiques dépourvues de rationalité sont aussi néfastes. Chaska cite les propos que tenaient Florence Nightingale, en 1874, à ses infirmières

Nous devrions faire tout en notre pouvoir pour devenir compétentes non seulement en connaissant les symptômes et en sachant ce qui doit être fait, mais en connaissant la raison d'être de tels symptômes et pourquoi

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telle ou telle chose doit être faite. Plusieurs disent: "nous n'avons pas le temps: le travail au chevet (ward work) ne nous laisse pas de temps." Il est facile de laisser ce travail dégénérer en une simple corvée quand nous nous donnons bonne conscience pour le faire et nous aimons le travail pratique plus que faire l'effort pour en apprendre le pourquoi (p. 102).1

L'activité concrète (soins et traitements) prenait déjà à cette époque, une distance par rapport au rationnel de cette même a c ­ tivité. Par la suite l'enseignement donné aux infirmières a mis en valeur le haut niveau d'habilité dans la performance des techniques en soins infirmiers, plutôt que d'insister sur l'importance de cher­ cher à connaître et à comprendre ce que pouvait sous-entendre la perfor­ mance effective (Jacobi, 1978).

Depuis, certaines activités en soins infirmiers se sont raf­ finées sous l'impulsion du progrès technologique (monitoring sophisti­ qué, complexité de traitement et d'examen, etc.). L'automatisme est ap­ paru avec, en plus, la fragmentation des tâches. Ces facteurs combinés ensemble ont favorisé, en particulier, l'installation de la routine et le manque de motivation (O.I.I.Q., 1980). Le pouvoir dynamique qu'au­ raient eu, sur les soins infirmiers, le questionnement et la rationalisa­ tion de ces activités a été contrecarré par l'effet synergique des facteurs déjà mentionnés.

^En général, les citations des auteurs anglais et américains des réfé­ rences sont traduites librement par l'auteure.

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Cependant Diers (1977) pense que l'infirmière expérimente dans l'exercice de ses activités, des situations contradictoires qui l'inquiètent et qui peuvent devenir, quand elle les observe sys­ tématiquement, des sujets intéressants pour la recherche. Elle affir me ensuite que l'éducation continue en sciences infirmières a les m ê ­ mes objectifs que la recherche dans la même discipline: l'améliora­

tion des connaissances des infirmières. De cette façon, le dévelop­ pement de la pratique des soins infirmiers pourrait être assuré. Elle ajoute que la recherche en sciences infirmières est un travail difficile. Selon elle, des efforts de motivation doivent être four­ nis pour introduire les sciences infirmières dans le processus de recherche. L'auteure suggère que nous devrions au plus tôt intéres­ ser à la recherche les infirmières du champ de la pratique. Toute­ fois il est bon de souligner la remarque de Gotner (1980) qui dit que aux Etats-Unis, les produits de la recherche en nursing sont propor­ tionnels au peu de ressources qu'on y consacre. Dans le passé, l'ac­ cent ayant été mis sur la formation et les services.

Au Québec, il est difficile de vérifier précisément les don nées concernant la recherche en sciences infirmières. Mais l'absence d'un troisième cycle dans cette discipline limite d'une façon certai ne la disponibilité du potentiel humain nécessaire pour patronner des projets de recherche dans cette sphère d'activités. Ces derniers

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accéléreraient la promotion de la profession infirmière, comme le disait Diers (1977).

De plus, il s'établit un autre écart entre la théorie et la pratique, celui-là au niveau de la formation initiale des infir­ mières (Dulong, 1980). A leur entrée sur le marché du travail les in­

firmières formées au niveau collégial ne répondent pas actuellement aux besoins et aux attentes de celui-là. Il en va de même pour l'in­ firmière bachelière qui, en plus, éprouve des difficultés à s'intégrer dans l'équipe de soins (Edmonds, 1980). On peut donc s'interroger sur la pertinence de certains enseignements, sur la congruence qui existe entre les théories et leur application, de même que sur la vision que les enseignantes ont de la réalité quotidienne vécue dans le milieu cl i ni que .

Ce conflit existant entre les perceptions des infirmières, qui sont dans la formation en nursing et celles qui sont dans la pra­ tique, a des implications qui méritent d'être explorées. Chaska (1978) en a fait un objet de recherche. Les sujets qu'elle a interrogés cons­ tituaient un groupe représentatif des différents milieux cliniques et de formation. Elle les a catalogués selon l'index de "Status Consisten­ cy" basé sur trois variables: formation, poste, revenu. L'auteure a in- tervewé ses sujets sur la vision qu'ils avaient de la pratique des soins infirmiers et de la formation en sciences infirmières. Les résultats

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formation en sciences infirmières est moins valorisé chez les infir­ mières avec un bas niveau de formation, un bas salaire, un poste peu éle

vë (low status consistent) et chez celles ayant une ou deux variables à un bas niveau (inconsistent status), que celles ayant un haut niveau de formation, de poste et de revenu (high status consistency).

D'autre part, quand McClure ( 1978) démontre que la prati­ que infirmière subit une division du travail en tâches techniques et en tâches professionnelles, elle n'oublie pas de souligner que la for­ mation académique prépare l'une et l'autre pour les mêmes fonctions avec l'intention, non déclarée cependant, d'en faire deux catégories bien distinctes. Pour contrecarrer cette ambiguité, l'auteure propo­ se un troisième modèle conceptuel. Si l'on se place du point de vue du patient, on verrait ses besoins à satisfaire comme faisant partie intégrante des deux sphères de compétence: soit technique, soit profes­ sionnelle. Cependant la différence serait que l'infirmière "profes­ sionnelle" garderait l'entière responsabilité des gestes techniques qu'elle pourrait, à l'occasion, déléguer à l'infirmière "technicienne". Elle ajoute en guise de conclusion à son exposé que nous pouvons seu­ lement anticiper que les connaissances à la base des soins infirmiers continueront de se développer en une progression géométrique.

Murphy (1980) renforce cette conception de deux paliers de formation quand elle prétend que deux types d'infirmières sont

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nécessaires à la survie de la profession. D'une part, les infirmières techniciennes qui sont concernées par les soins proprement dits, et de l'autre, les infirmières dites "professionnelles" qui ont développé de la compréhension et de l'habilité à utiliser les méthodes scientifiques comme base du processus nursing. Elle ajoute même, qu'à moins d'avoir une base solide de connaissances qui servirait à rationaliser l'exer­ cice infirmier, les soins infirmiers professionnels demeurent en dan­ ger.

Le rapprochement entre le nursing pratique et le nursing théo­ rique peut-il s'effectuer par le biais de la formation? C'est en tout cas l'opinion que partage Douglas (1978). Elle nous propose pour arri­ ver à cette fin, la méthode par "modélisation" dans la formation en sciences infirmières. Elle voit, dans cette méthode, un outil qui peut être utilisé comme moyen technique dans une dialectique qui unifie le système didactique des concepts théoriques avec les situations pratiques. Cet objectif sera atteint en développant la profession par une meilleure compréhension, et en corrigeant les stéréotypes et concepts erronés que les autres individus ont de la profession.

L'exploitation de nouvelles approches de formation en nursing semblerait favoriser la réduction des écarts entre théorie et pratique. Rottkamp a voulu savoir ce que les infirmières en pensaient. Elle a donc mené une étude auprès d'infirmières-étudiantes au niveau gradué (dont le champ d'activité était la formation et l'administration) qui

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avait entre autres objectifs: premièrement, de classer par ordre d'im­ portance une série d'obstacles à la pratique professionnelle des soins infirmiers et, deuxièmement, proposer des solutions pour contrer ces ob­ stacles. La difficulté majeure sélectionnée par la majorité de ces in­ firmières a été les rites qui émanent de l'intérieur même de la profes­ sion et qui signifient l'existence d'une longue tradition. Les rites que ces infirmières aimeraient développer sont basés sur la réflexion, la création, l'agir et l'application des connaissances axées sur une activité efficace. A leur tour, de telles attitudes contribueront à une meilleure atteinte des objectifs professionnels. L'étude de Rott- Kamp (1980) fait ressortir la foi que les infirmières ont dans leur potentialité à résoudre leurs problèmes. Encore faudrait-il qu'on leur fournisse l'occasion de développer elles-mêmes leurs outils.

A partir des résultats d'une enquête menée auprès de 843 in­ firmières, O'Connor (1980) trace un portrait typique de l'infirmière en­ gagée dans des activités d'éducation continue. L'auteure essaie d'iden­ tifier les motifs qui ont amené le sujet à faire ce choix. Elle compare ses données avec les caractéristiques de l'apprenant adulte tel que dé­ crit dans les traités d'andragogie. L'auteure remarque, à T'examen de profils de formation de base, qu'il existe une relation entre le niveau de formation atteint et l'engagement dans les activités de formation continue. Cela l'amène à dire que l'éducation elle-même semble être un stimulus puissant à la participation des infirmières comme elle

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T e s t chez l'apprenant adulte en général. Et quand elle observe la motivation qui anime les sujets, elle remarque qu'au premier rang vient le désir d'améliorer les connaissances professionnelles. Enfin, l'auteure ajoute que l'étude peut aussi démontrer que la participa­ tion aux activités d'éducation continue est en elle-même stimulante et se répercute dans l'exercice des soins infirmiers.

Une autre enquête menée par Matthews et Schumacher (1979) au­ près de 150 infirmières du milieu hospitalier, corrobore l'étude de O'Connor. Cette enquête révèle que 88% des répondantes croient aux activités d'éducation continue pour le maintien de la compétence pro­

fessionnelle. Ces infirmières prétendent que les bénéfices potentiels de cette formation sont d'augmenter les connaissances et les habilités, de sensibiliser aux courants nouveaux en nursing, de procurer de meil­ leurs soins aux bénéficiaires de soins de santé, tout en maintenant un niveau convenable de compétence professionnelle. Il est intéressant de noter qu'en plus, cette étude démontre que 55% des sujets interrogés si­ gnalent qu'il devrait être possible de transformer ces activités d'édu­ cation continue en crédits permettant l'accès à une formation académi­ que plus élevée.

Quels seraient les gains pour la profession d'élever au niveau universitaire la formation obligatoire de base? Le débat qui prévaut actuellement au Québec n'est que le résultat de l'effet d'entraînement qui a pris naissance aux Etats-Unis en 1965 (O.I.I.Q., 1982).

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Dès 1932, l'auteur du Rapport Weir déclarait que: "La formation en nursing (...) ne peut demeurer de façon permanente en dehors du courant vivi­

fiant et inspirant que l'Université est le plus en mesure de produire ..." (p. 12). A plusieurs endroits, dont le Québec, la formation de base pour accéder à la profession est encore dispensée au niveau collégial.

Plusieurs organismes professionnels remettent en cause, et ce périodiquement, le niveau de formation pour accéder à la pratique des soins infirmiers. Non pas qu'ils établissent un lien direct entre les difficultés rapportées et la formation infirmière, mais leur responsa­ bilité vis-à-vis la société les oblige à réévaluer constamment l'adé­ quation des besoins manifestés aux services rendus.

Aux Etats-Unis, la tendance à vouloir exiger le baccalauréat pour l'accréditation professionnelle est de plus en plus courante. D'ici 1990, au moins une dizaine d'états auront adopté cette pratique. Au Canada, quelques provinces s'apprêtent à emboîter le pas (O.I.I.Q., 1982). "L'explosion des savoirs, l'évolution sociologique et politi­ que" (p. 10) sont entre autres des raisons qui motivent cette prise de décision.

Selon Meleis et Dagenais (1981), un plus haut niveau de forma­ tion semble influencer positivement la vision que les infirmières ont d'elles-mêmes et de leurs habilités. D'autre part, Shein (1972) dit

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experte autonome, quand la société requiert de plus en plus une col­ laboration entre clients et professionnels, de même qu'entre profes­ sionnels eux-mêmes. Devant la cohorte d'intervenants ayant des quali­ fications universitaires, et qui circulent dans les milieux cliniques, l'infirmière a besoin de se sentir elle aussi bien préparée. Christ­ man (1977) déclare que si elles ne sont pas éduquées au.même niveau, elles seront dépendantes.

Les quelques écrits que nous venons de recenser indiquent assez clairement, croyons-nous, un besoin de rationalisation de l'exer­ cice de la profession infirmière. Et malgré quelques problèmes d'écart entre pratique et théorie qui pourraient être engendrés par une for­ mation universitaire qui est davantage axée sur la formalisation, la

plupart des auteurs sont unanimes à reconnaître que l'évolution et la bonne santé des soins infirmiers passent par des études universitaires et même d'un niveau supérieur. Les prochains textes décrivent le contex te de l'exercice de la profession chez les femmes infirmières.

Les stéréotypes féminins et le sexisme en nursing

La profession infirmière, qui s'est structurée a l'ère vic­ torienne (1837-1901) en Angleterre, s'est fortement imprégnée de la men talité qui avait cours au sujet des femmes à l'époque. Florence Nigh­ tingale, cette aristocrate anglaise à qui revient l'initiative de la première école de formation, a joué un rôle dans ce sens. Ehrenreich

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et Ehrenreich (1981) parlent de l'infirmière issue de cette génération en ces termes:

Envers le médecin, elle témoignait d'une vertu toute conjugale d'obéissance absolue; envers le malade, elle manifestait l'altruisme dévoué d'une mère; envers les employés de l'hôpital, elle se comportait avec toute la fermeté mêlée de bienveillance d'une maîtresse de maison habituée à diriger des domestiques. Elle n'aspirait nullement à posséder les compétences et les prérogatives du médecin, dont le professionnalisme relevait du domaine masculin de la pensée scientifique, alors qu'elle tenait le sien d'une espèce de spiritualité féminine (p. 285).

Pinch (1981) dans un article qu'elle intitule "Feminine

attributes in a Masculine World" constate d'évidence que le vrai dilemme des infirmières prend son origine, à la fois dans l'histoire du nursing et dans le processus de socialisation de ses membres-femmes. Elle voit dans ce dilemme la lutte de pouvoir plus que le conflit de droits. Des groupes influents tels les médecins et les administrateurs d'hôpitaux ont réalisé dans le passé une mainmise sur la pratique des soins infir­ miers. Aujourd'hui, selon cette auteure, la profession porte encore les marques de cette domination. Pour contrer cette situation, Pinch consi­ dère qu'il est important de connaître et de comprendre certaines données du contexte historique. Elle consacre son propos à une revue de faits saillants qui ont contribué à caractériser la profession infirmière. Selon elle, le nursing s'est délimité autour des rôles et des attributs de la femme-mère-épouse. Il a été profondément influencé par les assu­ jettissements que la femme a connus dans la société. L'auteure ressort

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dans les théories de Freud, Piaget, Erickson et Kohlbert, des éléments qui ont contribué à perpétuer cet asservissement et, en conséquence, ont maintenu les infirmiêres-femmes dans une relation de dépendance vis- à-vis la profession médicale. Selon Pinch, le besoin est impérieux de promouvoir chez les femmes-infirmières le développement de caractéris­ tiques qui sont généralement reconnues aux hommes, comme l'assurance et l'indépendance. Ces caractéristiques étant synonymes de pouvoir.

Yeaworth (1978) considère comme essentielle la recherche du pou­ voir en nursing. Elle constate que même si les infirmières ont la for­ ce de la majorité dans les services de santé, elles ont de la difficul­ té à se faire reconnaître professionnellement. Elle constate que les problèmes de la femme dans la société en général s'apparentent à ceux que l'on retrouve en soins infirmiers. A l'instar de Pinch, elle impu­ te, pour une bonne part, au processus traditionnel de socialisation des femmes et à l'image de l'infirmière soignante, féminine et sacrifiée, les difficultés que connaissent les soins infirmiers à se constituer comme corps professionnel ayant de la crédibilité.

Les conséquences néfastes pour le progrès du nursing prove­ nant de certains autres facteurs historiques, sont rapportées dans le travail de recherche de Bullough (1975). L'auteure mentionne le rôle qu'a joué Florence Nightingale en matière de subordination des infir­ mières aux médecins. Elle compare son intervention à celle qu'a eu Freud sur la subordination des femmes au XiXiême siècle. Nightingale

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et Freud, ces deux figures dominantes d'une époque aux valeurs et aux traditions victoriennes, ont été des innovateurs. Mais Bullough juge qu'il serait injuste de les rendre seuls responsables. Elle précise: "Les vraies coupables sont les suiveurs(euses) du XXième siècle, qui ont, sans critiquer, accepté les caractères répressifs avec une contri­ bution positive (p. 228). Elle tient en grande partie responsable, la structure sociale institutionnalisée qui a perpétué cette subordination dans le cas des infirmières: les écoles d'infirmières d'hôpitaux. Ce n'est qu'en 1972 qu'aux Etats-Unis, rapporte l'auteure, que les infirmières formées dans les collèges ont pris le pas sur les infirmières diplômées d'hôpitaux.

Au Québec, les statistiques de l'O.I.I.Q. de 1982 montrent qu'environ 44% des infirmières employées en nursing ont 35 ans et plus. On peut donc supposer que l'influence de la formation des écoles d'hô­ pitaux (avant 1967) est encore omniprésente dans les services de santé. Et pour mieux cerner l'ambiance de ces écoles de formation, voici un commentaire de Joseph Folliet rapporté dans la revue "L'hôpital d'aujour­ d'hui " de décembre 1961:

Le métier d'infirmière correspond à quelques- uns des meilleurs aspects de la nature féminine, au besoin quasi-maternel de soigner et de

réconforter, à la pitié devant la faiblesse ou la maladie, à la soif de dévouement, à 1 'abnégation (p. 38).

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En même temps qu'étaient véhiculées ces images traditionnel­ les de la femme, les valeurs religieuses étaient transmises. La réflexion de Soeur Normandin (1958) en témoigne, quand elle disait de la formation en sciences infirmières qu'elle avait une: "mission formatrice qui lui permet d'apporter son concours à l'édification de la grande cathédrale spirituelle de l'éducation chrétienne des infirmières" (p. 70).

Ne peut-on faire un lien entre les aspirations des religieuses qui ont eu la responsabilité en grande partie de la formation des infir­ mières jusqu'en 1967 au Québec, et l'affirmation de Ehrenreich et Ehren-

reich (1981): "L'infirmière "à la Nightingale" se définissait par son "caractère" plutôt que par "ses compétences" (p. 285).

Un siècle nous sépare de Florence Nightingale. La conception qu'on a aujourd'hui de l'infirmière diffère-t-elle de la description d'Ehrenreich et Ehrenreich? Continue-t-on de la distinguer par ce qu'el­ le représente, plus que par le travail qu'elle exécute? Gaucher (1981) prétend que: "Le travail infirmier n'est plus comme au siècle dernier, un emploi de bonne à tout faire..." mais il conserve encore une certai­ ne image à l'intérieur de l'équipe soignante et l'auteure poursuit: "Cette équipe, c'est essentiellement le médecin paternel - celui-qui- sait-tout- et l'infirmière (...) discrète, présente, maternelle" (p.314). On voit donc que les rapports homme-femme sont continuellement transpo­ sés dans le contexte du nursing. C'est ainsi que Gaucher adopte l'expres­ sion: couple infirmière/médecin.

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La figure de l'infirmière, telle que nous venons de la dé­ crire, est précisée par la définition qu'en font Ehrenreich et English

(1978). Elles disent que celles-ci sont en quelque sorte: "une armée de servantes aux ordres des professionnels mâles". Elles ajoutent:

Ils (les médecins) ne pouvaient gaspiller leurs talents ni leur coûteuse formation médicale dans les détails fastidieux des soins des malades. Pour cette raison ils avaient besoin d'une aide patiente et obéissante, quelqu'un qui ne se sentait pas trop important pour accomplir ces tâches humbles, bref ils avaient besoin de l'infirmière (p. 12).

Ces auteures ajoutent que la soumission de l'infirmière est renforcée par son ignorance. On apprend à l'infirmière à ne pas cri­ tiquer, à ne pas poser de questions: "le médecin l'a dit" met un terme à ses efforts pour vouloir comprendre. Ce "grand manitou" comme disent les auteures, "est en contact avec un monde inconnu et d'une complexi­ té toute mystique. "Le monde de la science n'est pas à notre portée" (p. 6).

Marjorie Keller en 1979 pousse davantage l'analyse de cette inféodation. Elle suggère que le peu de propension pour l'activité intellectuelle et l'incapacité d'une pensée abstraite sont également des stéréotypes féminins qui retardent le progrès des soins infirmiers. Elle va même jusqu'à supposer que de ceux-ci découlent une impression générale: l'activité nursing, qui est pratiquée majoritairement par des femmes, n'est pas nécessairement un champ de recherche puisqu'elle est

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manifestement une activité non intellectuelle. C'est sans doute ce qui a fait dire à Ehrenreich et En gl i s h (1976) que: "Dans le domaine de la santé, on a enlevé au travail des femmes tout caractère scienti­ fique, pour les réduire aux fonctions dites "féminines". Et plus loin elles ajoutent encore: "la sensibilité et la spiritualité innées des femmes n'avaient pas de place dans le monde dur et linéaire de la scien­ ce" (pp.6, 70).

Little (1980) pour sa part cherche une autre explication à une quasi négation du potentiel intellectuel des femmes en nursing. Elle maintient l'idée que le médecin assure un contrôle sur la division du travail dans les services de santé. Pour mieux cerner le type de con­ trôle, elle a effectué une recherche auprès d'équipes de travail, com­ posées d'une infirmière praticienne^ et d'un médecin. Il en ressort que deux types de contrôle social s'exercent par la médecine. Le pre­ mier contrôle est d'ordre "structurel". Il s'effectue à travers les po­ litiques institutionnelles et les procédures qui affectent la division du travail à l'intérieur de l'organisme. Ce contrôle s'exerce le plus souvent de façon explicite. Il est donc visible par les observateurs et les autres personnes de l'entourage. Le deuxième contrôle est plus subtil: "personnel" celui-là. Il impose des sanctions plus informelles à l'infirmière. Ces sanctions sont prescrites par un autre professionnel

^infirmière praticienne: infirmière plus spécialisée que l'infirmière soignante. Se rapproche de l'infirmière clinicienne québécoise.

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de la santé, qui le plus souvent, est un médecin. L'auteure a sélec­ tionné des équipes "infirmière praticienne-médecin" qui fonctionnaient à l'intérieur de différents services de santé offerts à la population. Dans les petites cliniques privées, l'infirmière joue souvent un rôle dans l'équipe que l'auteure appelle "aide"(assistant or guest). Un haut niveau de contrôle "personnel" est exercé chez l'infirmière dans ce cas-là. Dans la situation où l'infirmière praticienne travaille aux points d'admission de services de santé institutionnalisés, celle- ci occupe des fonctions dans l'équipe que l'auteure désigne sous le terme "gardienne" (gatekeeper). A ce moment-là, le contrôle est "struc­ turel" .. Par contre dans lés agences où les contrôles "structurels" et "personnels" sont moins sévères, l'infirmière est plutôt considérée com­ me collègue ou manager. Cette étude démontre que l'efficacité comme le statut de l'infirmière praticienne sont proportionnels à la rigueur des contrôles sociaux exercés par la médecine, qu'ils soient de types "structurels" ou personnels".

Le sexisme

En 1981, lorsque Sharon Hopkins l'intervewait sur l'avenir du nursing, en tenant compte de la deuxième étape du mouvement de libéra­ tion des femmes, Betty Friedan répondait: "Mon espoir pour elles est

.1.'égalité, et ensuite elles commenceront à prendre un meilleur contrôle sur leurs propres conditions de travail" (p.667). Il va de soi que pour acquérir un statut libéré de tout contrôle, de toute oppression, il

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faut essayer de cerner les causes profondes de cette domination.

Le sexisme se définit comme étant une attitude de discrimina­ tion à l'égard du sexe féminin. Et le nursing est une profession dite "féminine". Le sexisme peut donc intervenir et briser l'équilibre

des rapports entre professionnels de sexe opposé. Hull (1982) prétend que le sexisme découle de certaines croyances diffuses. Il en cite quelques-unes. La première étant que les habilités des soins infirmiers seraient exclusivement l'apanage des femmes. Les fondements des soins infirmiers reposent sur l'analogie entre.1'infirmière-mère et le mëde- cin-père. L'auteur pose la question, à savoir: si cette théorie est correcte ou si cette théorie est sexiste? Une autre croyance voudrait que la femme possède des traits de personnalité qui la désigne na­ turellement comme la personne qui "prend soin de", alors qu'en contre­ partie, elle n'aurait pas les traits associés à l'esprit de décision et de leadership qui sont requis pour la tâche de médecin. Une troisiè­ me croyance présuppose que les fonctions de l'infirmière peuvent être

aussi bien exercées par les femmes que les hommes. Cependant, cette vision est en contradiction avec des préjugés culturels bien établis dans notre société. L'auteur de cet article juge qu'une analyse atten­ tive de ces croyances encouragerait la réduction des pratiques sexistes qui découlent de ces croyances.

Une expérience menée par Kjervik et Pal ta (1978) avait comme objectif d'explorer chez des étudiantes en sciences infirmières, leurs

Figure

Figure  1  -  Importance  relative,  en  pourcentage,  des  différents  types  de  cours  dans  les  trois  programmes  analysés.

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