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Validation d'un outil d'évaluation alimentaire à l'aide de biomarqueurs de l'apport alimentaire

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Academic year: 2021

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Validation d'un outil d'évaluation alimentaire à l'aide de

biomarqueurs de l'apport alimentaire

Mémoire

Frédérique Paradis

Maîtrise en nutrition - avec mémoire

Maître ès sciences (M. Sc.)

(2)

Validation d’un outil d’évaluation alimentaire à

l’aide de biomarqueurs de l’apport alimentaire

Mémoire

Frédérique Paradis

Sous la direction de :

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Résumé

Dans pratiquement tous les domaines de la recherche en nutrition humaine, il est nécessaire de questionner les individus sur leur consommation d’aliments, que ce soit pour vérifier les effets d’une intervention ou encore pour mettre en association les habitudes alimentaires avec d’autres variables en lien avec la santé. L’engouement pour les outils d’évaluation sur plateforme web dans les dernières années a permis le développement de ceux-ci. Il est primordial de valider les outils d’évaluation alimentaire utilisés en recherche avec des méthodes appropriées afin d’éviter d’obtenir des résultats erronés. Il sera mention dans ce mémoire de la validation d’un rappel de 24 heures web (R24W) sur une plateforme web pour une population québécoise francophone créé par l’équipe de recherche à l’aide de méthodes rigoureuses, soit le sodium, le potassium et l’urée urinaires de collectes urinaires de 24 heures. Les facteurs individuels pouvant influencer la précision de l’auto-évaluation alimentaire ont, aussi, été évalués. Les résultats de la validation du R24W pour le sodium, le potassium et les protéines ont permis de qualifier l’outil de valide et fiable pour la population à l’étude autant au niveau de l’individu qu’au niveau populationnel pour les trois nutriments. À l’exception de l’estime de l’image corporelle chez la femme associée à une erreur de mesure du sodium, aucun autre facteur individuel n’a été associé significativement à l’erreur de mesure. La validation de l’apport en énergie avec la technique de l’eau doublement marquée, qui sera effectuée prochainement, sera importante pour mieux comprendre la validité globale de l’outil. Celui-ci permettra, dans le cadre d’études futures, de tirer des conclusions de recherche en lien avec la qualité de l’alimentation et la santé qui seront d’une grande fiabilité.

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Abstract

In the majority of fields of human nutrition research, questioning individuals about their food intake is required either to verify the effects of an intervention or to associate usual intakes with other variables related to health. Automated self-administered web-based tools have particularly raised enthusiasm in recent years which allowed their development. Hence, it is essential to validate dietary assessment tools with appropriate methods in order to avoid obtaining biased results. This thesis will focus on the validation of a 24-hour dietary recall web application (R24W) for a French-speaking adult population from the Province of Quebec created by our research team using rigorous methods, such as sodium, potassium and urine urea from 24-hour urine collections. Individual factors that may influence the accuracy of the dietary self-report were also assessed. The results suggest the validity of R24W for sodium, potassium and protein intakes for the study population at the individual level and group level for the three nutrients. Except for body esteem related to appearance in women, no individual factors were found to be associated with the difference between the reported intakes and the measured intakes by the urine biomarkers. The upcoming validation for energy intake with the doubly labeled water method will be helpful to better appreciate the overall validity of the R24W. This will allow, in future studies, to draw very reliable research conclusions related to the quality of the diet and health.

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Table des matières

Résumé ... ii

Abstract ... iii

Table des matières ... iv

Liste des figures, tableaux, illustrations ... vi

Liste des abréviations, sigles, acronymes ... viii

Avant-propos ... ix

Introduction ... 1

Chapitre 1 Mise en contexte et problématique du sujet ... 3

1.1 Évaluation alimentaire ... 3

1.2 Outils d’évaluation alimentaire ... 3

1.3 Outils d’évaluation alimentaire web... 5

1.4 Mauvaise déclaration alimentaire ... 8

1.5 Apports alimentaires auto-rapportés ... 9

1.6 Validation des outils d’évaluation alimentaire ... 10

1.7 Biomarqueurs ... 11

1.7.1 Eau doublement marquée ... 12

1.7.2 Collecte urinaire de 24 heures ... 13

1.8 Analyses statistiques utilisées dans les études de validation d’outils d’évaluation alimentaires ... 16

1.9 Principales études de validation sur les outils d’évaluation alimentaire ... 17

1.10 Facteurs de l’erreur de mesure ... 18

1.11 R24W ... 20

Chapitre 2 Objectifs et hypothèse ... 25

Chapitre 3 Validation d’un rappel de 24 heures web avec des biomarqueurs de récupération ... 26

3.1 Résumé ... 27

3.2 Abstract ... 28

3.3 Introduction ... 29

3.4 Methods ... 30

3.4.1 Study population and design ... 30

3.4.2 Anthropometric and blood pressure assessments ... 31

3.4.3 Web-based 24-hour food recalls ... 31

(6)

3.4.6 Questionnaires ... 33 3.4.7 Statistical analysis ... 34 ... 37 3.5 Results ... 37 ... 42 3.6 Discussion ... 47 3.7 Conclusion ... 50 3.8 Acknowledgements ... 51 Conclusion ... 55 Bibliographie ... 59

(7)

Liste des figures, tableaux, illustrations

Chapitre 3

Table 1 Subjects' characteristics ... 36

Table 2 Mean daily intakes reported from three self-administered web-based 24-hour recalls

(R24W) and based on its respective biomarker (24-h urine collections), and correlations between the two measures (n=126) for sodium, potassium and protein. ... 38

Table 3 Cross-classification of daily nutrient intakes into quartiles of the distribution using three

self-administered web-based 24-hour recalls (R24W) or its respective biomarker (24-h urine

collections) and weighted kappa for sodium, potassium and protein. ... 39

Table 4 Mean values for variables related to social desirability, fear of negative evaluation, body

esteem related to appearance and eating behaviors. ... 40

Table 5 Correlations between variables related to social desirability, fear of negative evaluation,

body esteem and eating behaviors, and differences between reported and biomarkers derived intakes in sodium, potassium and protein (n=126). ... 40

Table 6 Correlations between body esteem related to appearance and differences between reported

and biomarkers derived intakes in sodium, potassium and protein (n=126). ... 41

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Chapitre 3

Figure 1 Study participants flow chart ... 37

Figure 2 Bland-Altman plot showing mean difference between both measures for mean intakes of

the two measures for sodium (mg per day), Bias = -76 mg, r=0.005, p=0.95, limits of agreements = -2918 to 2766 mg... 42

Figure 3 Bland-Altman plot showing mean difference between both measures for mean intakes of

the two measures for potassium (mg per day), Bias = -70 mg, r=-0.06, p=0.48, limits of agreements = -2050 to 1909 mg. ... 43

Figure 4 Bland-Altman plots showing mean difference between both measures for mean intakes of

the two measures for proteins (g per day), bias = 5.2 g, r=0.17, p=0.06, limits of agreements = -60.7 to 50.2 g... 44

Figure 5 Difference between reported daily intakes of sodium from R24W and its respective

biomarker (negative values indicate underestimation in self-report and positive values indicate overestimation in self-report) according to salt added at the table frequency (never and rarely or often and always). ... 46

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Liste des abréviations, sigles, acronymes

Abréviations françaises

OPDQ : Ordre professionnel des diététistes du Québec R24W : Rappel de 24 heures web

Abréviations anglaises

AMPM : Automated Multiple-Pass Method

ASA24 : American Automated Self-Administered 24-h recall DC : Dietitians of Canada

PABA : Para-aminobenzoic acid

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Avant-propos

Mon implication dans le projet de recherche de ma maîtrise a débuté avant même que j’entame mes études au 2e cycle. En effet, j’ai eu la chance de travailler, en tant qu’auxiliaire de recherche, à

l’élaboration du projet de recherche, à l’été 2018, dans l’équipe de Simone Lemieux juste avant de terminer mon baccalauréat en nutrition. J’y ai développé, entre autres, les documents nécessaires à la demande d’évaluation du comité d’éthique de l’Université Laval ainsi que les documents pour les participants du projet. C’est, d’ailleurs, cette expérience dans le domaine de la recherche et le projet en soi qui m’ont convaincue de continuer mes études aux cycles supérieurs.

Tout le parcours de mes études à la maîtrise m’a permis de bien saisir toutes les étapes d’un projet de recherche en nutrition, l’importance de la recherche en nutrition et l’esprit d’analyse, de synthèse et de recherche. J’ai eu la chance de rencontrer les participants de mon projet de recherche et donc de collecter les données, faire les analyses statistiques et rédiger un article scientifique présent dans ce mémoire en tant que premier auteur qui sera publié prochainement. Je tiens à souligner et à remercier les coauteurs pour leur collaboration essentielle et pour leur révision de l’article : Simone Lemieux, Louise Corneau, André Tremblay, Jacynthe Lafrenière, Benoît Lamarche, Julie Robitaille et Charles Couillard.

Un énorme merci, tout particulier, à ma directrice de maîtrise, Dre Simone Lemieux, qui m’a permis de m’accomplir dans le domaine de la recherche. Dre Simone Lemieux a su m’ouvrir les portes sur toutes les opportunités présentes pour que mon passage à la maîtrise soit le plus enrichissant possible. Je lui en serai toujours reconnaissante. Sa disponibilité, sa patience et ses conseils précieux m’ont permis de cheminer tout au long de mon parcours à la maîtrise.

Merci à Louise, sa spontanéité et sa bonne humeur ont été une vague de fraîcheur durant mon passage à la maîtrise. Son désir de bien faire les choses m’a permis de développer une éthique de travail en recherche me permettant donc d’être efficace dans mon projet. Merci à André pour sa disponibilité et son sens pédagogique. Merci d’avoir pris le temps de m’expliquer des aspects de la recherche que je n’aurais pas eu la chance de découvrir.

Il faut le dire, je me suis tout de suite sentie à l’aise dans l’Équipe Lemieux. Merci pour vos commentaires constructifs et pertinents qui m’ont permis de pousser plus loin dans mes réflexions personnelles sur la nutrition grâce aux fameuses rencontres « lab meeting » ensemble. Je me compte chanceuse de faire partie de cette équipe.

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La présence de mes collègues, mes amis, l’ambiance à chaque jour et la luminosité présente à l’INAF m’auront permis de passer des moments inoubliables. Ma maîtrise n’aurait certainement pas été la même sans vous.

Je tiens aussi à remercier mes parents pour leur support inestimable tout au long de mes études. Ils m’ont toujours encouragé à suivre mon cœur et mes passions et c’est entre autres pour cette raison que je peux présenter ce mémoire aujourd’hui. Merci à ma famille, mes amis, mon copain pour m’avoir permis de garder un équilibre dans ma vie.

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Introduction

Au cours des dernières décennies, de nombreuses études épidémiologiques ont permis d’établir des liens entre la nutrition, certaines de ses composantes et la santé (1-3). Afin d’y parvenir, il est nécessaire d’obtenir de l’information concernant les apports alimentaires de la population cible aussi précisément que possible pour obtenir des liens fiables entre les deux variables d’intérêt, soit la nutrition et la santé.

L’utilisation d’outils d’évaluation alimentaire permettant d’évaluer les apports alimentaires est donc primordiale. Il existe quelques outils traditionnels : le rappel de 24 heures, le questionnaire de fréquence et le journal alimentaire. Ils ont tous chacun leurs forces et leurs limites c’est pourquoi il est important de prendre en considération leurs caractéristiques spécifiques afin de sélectionner celui qui permettra d’évaluer de manière appropriée l’alimentation selon la population que l’on désire étudier, les nutriments d’intérêt, les ressources financières et temporelles et s’il y a lieu, le protocole de l’étude (4). Au courant de la dernière décennie, plusieurs outils sur une plateforme web ont été développés (5) offrant plusieurs avantages aux outils traditionnels dont la diminution des coûts reliés à l’administration de l’outil, l’augmentation du taux de participation, la précision des données collectées, etc. (4, 6).

Lorsque des outils d’évaluation alimentaire sont développés, il est important de les valider pour s’assurer que les apports alimentaires auto-rapportés par ceux-ci soient précis et fiables. La validation à l’aide de biomarqueurs qui sont totalement indépendants des biais liés aux mesures auto-rapportées, est le standard le plus élevé concernant la validité (7). Deux méthodes utilisant des biomarqueurs bien documentées dans la littérature sont la technique de l’eau doublement marquée qui permet la validation de l’apport en énergie et la collecte urinaire de 24 heures pour la validation des apports en sodium, en potassium et en protéines.

Il est bien connu qu’il existe des biais qui peuvent influencer l’évaluation alimentaire, dont certains facteurs individuels (8-13) et certaines caractéristiques de l’outil (4, 14, 15). La littérature n’est pas unanime à ce jour sur le sujet et la majorité des études se concentrent sur les facteurs individuels de la sous-estimation de l’énergie et non sur les autres nutriments d’intérêt. Les facteurs individuels rapportés comme influençant davantage cette sous-estimation sont les suivants : être une femme (8), avoir un indice de masse corporelle élevé (9-11), ainsi qu’un niveau élevé de restriction cognitive, c’est-à-dire l’intention ou des tentative de limiter l’apport en calorie afin de contrôler le poids et de

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désirabilité sociale qui résulte en la tendance à se décrire de manière avantageuse au lieu de répondre de manière exacte et véridique (8).

Dans le cadre de la programmation de recherche intitulée Adhésion aux recommandations visant la

saine alimentation : identification des mesures, déterminants et interventions, notre équipe de

recherche a développé un outil d’évaluation alimentaire sur plateforme web. Cet outil est le premier rappel de 24 heures web automatisé pour la population québécoise francophone pouvant calculer automatiquement des scores alimentaires, tout comme les consommations relatives à des groupes d’aliments et des données reliées aux apports nutritionnels.

Mon projet de maîtrise porte sur la validation du rappel de 24 heures web automatisé (R24W) pour l’apport en sodium, en potassium et en protéines à l’aide de biomarqueurs de l’apport alimentaire dans l’urine. Plus précisément, le projet vise à comparer les apports en sodium, en potassium et en protéines estimés par le R24W avec les mesures obtenues de ces nutriments à l’aide de collectes urinaires de 24 heures et à identifier les facteurs individuels qui peuvent expliquer une évaluation inadéquate des apports.

Dans ce mémoire, il sera question au premier chapitre de la mise en contexte et de la problématique du sujet. Le deuxième chapitre décrit les objectifs du projet et l’hypothèse de recherche. L’article scientifique qui a été rédigé lors de ma maîtrise est intégré dans le troisième chapitre et le dernier chapitre correspond à la conclusion qui se veut une discussion des résultats du projet ainsi qu’une réflexion sur les perspectives de recherche en lien avec mon projet.

(14)

Chapitre 1 Mise en contexte et problématique du sujet

1.1 Évaluation alimentaire

Au cours des dernières décennies, les études épidémiologiques en nutrition ont permis d’établir que l’alimentation dans sa globalité ainsi que certaines de ses composantes étaient associées à différentes maladies chroniques et métaboliques (1, 2). Une analyse systématique de profils alimentaires réalisés dans des populations provenant de presque 200 pays a su démontrer aussi les effets des habitudes alimentaires sur la santé et les risques de mortalité. Un apport non optimal de trois composantes, soit les grains entiers en faible quantité, les fruits en faibles quantités et le sodium en grande quantité seraient responsables de plus de 50% des décès à travers le monde (3). Cela démontre bien l’importance de la recherche en nutrition pour bien comprendre les liens qui unissent la santé et l’alimentation afin de mieux coordonner les efforts pour améliorer la qualité de l’alimentation de la population.

La recherche en nutrition utilisant diverses méthodologies, par exemple les enquêtes populationnelles permettant la surveillance alimentaire et nutritionnelle, les études épidémiologiques et les études d’interventions, doit recourir à de l’information concernant l’apport alimentaire d’une population cible. Il est donc indispensable d’évaluer l’alimentation aussi précisément que possible à l’aide d’outils afin d’obtenir des liens fiables entre la nutrition et la santé sous tous ses angles.

1.2 Outils d’évaluation alimentaire

Mesurer les habitudes alimentaires est un défi de taille. Il existe quelques types d’outils traditionnels qui sont populaires pour évaluer les habitudes alimentaires d’une population ou d’un individu : le rappel de 24 heures répété, le questionnaire de fréquence alimentaire et le journal alimentaire. Ils ont tous leurs particularités et ils ont chacun leurs forces et leurs limites.

Ces outils peuvent être séparés en deux catégories distinctes : les méthodes prospectives et les méthodes rétrospectives. Le journal alimentaire correspond à un outil prospectif puisqu’il consiste, en temps réel, à noter tous les aliments et les breuvages consommés durant une période donnée. Les aliments sont donc mesurés précisément sur une période déterminée qui excède rarement plus de quatre jours consécutifs (16). Le journal alimentaire demande beaucoup de littératie puisque celui doit être très précis au niveau des quantités, des marques des aliments consommés, des recettes d’aliments, etc. Pour pallier à ce problème, une des stratégies peut être d’utiliser le dictaphone (17).

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La force du journal alimentaire est qu’il permet d’obtenir des mesures quantitatives précises puisque les aliments et breuvages sont pesés ou mesurés avant la consommation (16). De ce fait, l’omission de certains aliments consommés est moins fréquente et moins probable comparativement aux outils qui font appel à la mémoire (outils rétrospectifs). Une limite évidente de cet outil prospectif est certainement qu’il peut influencer le choix et la quantité des aliments consommés, ce qui réfère au biais de réactivité. En effet, l’individu peut choisir de manger différemment qu’à l’habitude, car il sait qu’il aura à décrire des aliments consommés en temps réel. Cela est problématique lorsque l’outil est utilisé pour évaluer les apports alimentaires habituels (16). Effectivement, certaines études ont observé une perte de poids chez des sujets durant la période où ils complétaient leur journal alimentaire ce qui confirmerait que les habitudes alimentaires n’étaient pas totalement conservées durant le protocole (18, 19).

À l’inverse, des méthodes rétrospectives, comme le rappel de 24 heures et le questionnaire de fréquence, consistent à utiliser la mémoire des répondants afin d’obtenir de l’information sur les aliments et breuvages consommés la veille (rappel de 24 heures) ou sur la fréquence d’une liste d’aliments et breuvages consommés lors d’une période définie (questionnaire de fréquence). Idéalement, ils sont tous les deux administrés par des interviewers formés, préférablement des diététistes-nutritionnistes. Lors de l’administration d’un rappel de 24 heures, l’interviewer pose des questions pour permettre au répondant de se rappeler de tous les aliments consommés la veille, incluant des aliments plus souvent oubliés comme des breuvages non alcoolisés et alcoolisés, les sucreries, collations salées, fruits, légumes, fromages, pains et autres (16, 20). Le rappel de 24 heures est utilisé de manière répétitive lors de journées de semaine et des journées de fin de semaine. Les données utilisées correspondent à la moyenne des apports alimentaires de ces journées puisque plusieurs rappels de 24 heures permettent de diminuer la variation intra-individuelle des apports et d’obtenir des apports alimentaires plus représentatifs (21). Cet outil possède plusieurs forces dont la collecte détaillée et qualitative des aliments et breuvages consommés, mais aussi qu’une littératie adéquate du répondant n’est pas nécessaire et qu’il ne requiert pas une longue période de temps à administrer (environ 20 minutes). Puisqu’au moment de l’interview les aliments ont déjà été consommés par le répondant et que celui-ci, en théorie, ne sait pas qu’il se fera administrer un rappel de 24 heures, les probabilités d’interférence avec les habitudes alimentaires sont faibles. Cependant, la limite principale de cet outil est que les répondants peuvent ne pas correctement rapporter les aliments consommés pour plusieurs raisons reliées à la mémoire et au contexte de l’entrevue en soi (16) qui sera discuté plus tard à la section 1.10 traitant des facteurs en lien avec l’erreur de mesure. Le deuxième outil rétrospectif, le questionnaire de fréquence, est administré en notant la fréquence

(16)

de consommation d’aliments et de breuvages définis sur une liste lors d’une période définie (par exemple le dernier mois). Une seule administration suffit et permet de représenter les apports alimentaires habituels du répondant. La portion de l’aliment ou du breuvage est alors inscrite ainsi que sa fréquence en termes de jours, de semaines, etc. Des questions sur les modes de cuisson peuvent également être posées. La force principale de cet outil est de refléter les habitudes alimentaires incluant des aliments moins fréquemment consommés qui ne peuvent parfois pas être détectés par les autres outils. Par contre, plusieurs détails en lien avec les apports alimentaires ne peuvent être spécifiés, car les aliments et breuvages ne sont pas mesurés. La quantification en portions des apports est donc plus difficile que pour les deux autres outils, soit le journal alimentaire et le rappel de 24 heures. Comme le questionnaire de fréquence utilise une liste définie d’aliments et de breuvages, cette liste se doit d’être adaptée à la clientèle cible (le groupe d’âge, la culture, etc.) (16, 22, 23) ainsi qu’aux nutriments spécifiques d’intérêt s’il y en a. Si le questionnaire de fréquence est conçu uniquement pour estimer l’apport d’un nutriment spécifique, il est important de se limiter à ce nutriment seulement pour l’évaluation des apports. Il faut savoir qu’une liste plus courte d’aliments et de breuvages serait associée à une estimation plus faible des apports (22, 24), alors même si un questionnaire de fréquence avec plus de 100 items peut être plus long à administrer, la diminution de la liste d’items n’est pas une solution à envisager (24).

Globalement, on doit retenir qu’il est primordial de prendre en compte les différentes caractéristiques des différents outils d’évaluation alimentaire pour en choisir un qui permettra d’évaluer de manière appropriée l’alimentation selon la population que l’on désire étudier, les nutriments d’intérêt, les ressources financières et temporelles et s’il y a lieu, le protocole de l’étude (4).

1.3 Outils d’évaluation alimentaire web

L’utilisation de technologies pour l’évaluation alimentaire s’est rapidement développée au cours de la dernière décennie (5). Une panoplie de différents outils ont vu le jour : des rappels de 24 heures web, des questionnaires de fréquence web, des applications mobiles, des outils utilisant une caméra, des capteurs portables, des bases de données utilisant les données d’achat, etc. (4, 25). Dans les prochains paragraphes, certains types d’outils utilisant de nouvelles technologies seront présentés afin d’illustrer l’éventail des outils disponibles.

Les deux plus fréquents outils d’évaluation web sont le questionnaire de fréquence et le rappel de 24 heures qui correspondent à la version informatisée de leur outil traditionnel respectif. Le premier

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consiste à rapporter la fréquence des aliments consommés lors d’une période définie tandis que le deuxième consiste à rapporter tous les aliments et les breuvages consommés la veille tout comme le rappel de 24 heures traditionnel. Le questionnaire de fréquence web est assez similaire à sa version traditionnelle qui consiste à utiliser une liste définie de questions. Cette liste de questions peut donc être plus facilement répliquée sur une application web. Cependant, les différences avec la version traditionnelle du questionnaire de fréquence se retrouvent, entre autres, dans les instructions pour que les répondants puissent être totalement autonomes durant la complétion du questionnaire. Le rappel de 24 heures web, quant à lui, comporte plusieurs différences comparativement à sa version traditionnelle. En effet, lorsqu’un rappel de 24 heures est administré par un interviewer (version traditionnelle), la possibilité des différents aliments choisis est presque infinie et les questions posées aux répondants aussi. Par contre, lors de l’administration d’un rappel de 24 heures web, il y a une sélection de choix d’aliments qui se doit d’être définie pour que le répondant puisse sélectionner l’aliment choisi. La structure, les questions, les instructions, les images sélectionnées lors de l’administration d’un rappel de 24 heures web varient d’un rappel de 24 heures web à l’autre contrairement à la version traditionnelle.

Le rappel de 24 heures web et le questionnaire de fréquence web sont complétés sous des applications qui sont généralement spécifiques à chaque outil d’évaluation alimentaire web et qui diffèrent, entre elles, par le modèle et les instructions de la complétion de l’outil, par la liste d’aliments et de breuvages disponibles, par la base de données nutritionnelles, ainsi que par les choix de portions disponibles. Ils sont d’ailleurs habituellement conçus pour une population cible (26) que ce soit en termes d’âge (jeunes enfants, adolescents et adultes) ou définie selon l’identité culturelle (pays, ethnies, etc.). La base de données doit donc être choisie ou adaptée en prenant en considération des particularités alimentaires de la culture ainsi que la diversité de culture de la population cible (27). Les images utilisées pour ces deux outils correspondent à des images statiques qui restent les mêmes pour tous les répondants et donc ne représentent pas nécessairement exactement les aliments consommés par ceux-ci (14). Les répondants doivent donc utiliser ces images statiques afin d’imaginer leur propre représentation des aliments consommés.

Certains outils prospectifs utilisent quant à eux des images dynamiques. La différence entre les images dynamiques et les images statiques est que celles-ci sont captées par le répondant et, de ce fait, représentent exactement l’expérience réelle des aliments consommés. Deux concepts d’outils utilisent une approche d’image dynamique, soit un outil traditionnel, le journal alimentaire, assisté par des images dynamiques (« photo-assisted dietary assessments ») ou des approches totalement

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basées sur ces images (« image-based dietary assessments ») (4, 14, 28). La méthode d’utilisation des images dynamiques est limitée par le manque d’automatisation possible suite à la prise de photos qui rend l’analyse nutritionnelle plus ardue (4). Globalement, ces limites font en sorte que l’utilisation du questionnaire de fréquence et du rappel de 24 heures est souvent privilégiée.

Le succès des outils informatisés peut s’expliquer par plusieurs facteurs comprenant l’administration du questionnaire dans un endroit neutre où il existe un plus grand sentiment de confidentialité et même d’intimité de la part du répondant, la centralisation de l’information nutritionnelle rapportée, l’utilisation d’images pour mieux estimer les grosseurs de portions et des séquences définies de questions standardisées (6, 29). Certaines études récentes démontrent que les utilisateurs préfèrent les outils d’évaluation alimentaire web aux outils traditionnels ce qui s’expliquerait par l’aisance face à l’utilisation des dispositifs technologiques qui se fait maintenant au quotidien dans leur vie : téléphone cellulaire intelligent, tablette, ordinateur portable, etc. (14, 30). Plusieurs de ces outils d’évaluation alimentaire ont permis de surmonter certaines limites des outils traditionnels : diminution des coûts reliés à l’administration de l’outil, augmentation du taux de participation dans les études, précision des données collectées (4, 6). En effet, certains de ces outils présentent une base de données de recherche interactive qui permet aux répondants de plus facilement identifier les aliments consommés (31). Ils peuvent aussi offrir aussi une sélection de photographies pour permettre aux répondants de bien sélectionner la portion consommée (4). D’ailleurs, une revue de la littérature sur les outils d’évaluation alimentaire utilisant des images pour estimer les portions des aliments consommés a observé une plus grande précision des apports par ces derniers que les outils d’évaluation alimentaire dits traditionnels qui utilisent habituellement des modèles d’aliments représentant des portions standards (14). Les outils web permettent de relier les aliments à des bases de données nutritionnelles directement pour obtenir les apports alimentaires spécifiques pour chaque nutriment sans avoir à faire de la saisie manuellement (25). Cela permet d’extraire en temps réel les apports rapportés et d’offrir la possibilité de pouvoir réagir directement à la suite de l’administration du questionnaire, ce qui permet un gain de temps considérable (5). Comme la majorité de ces outils d’évaluation alimentaire web nécessite un ordinateur et une bonne connexion Internet, l’utilisation des outils d’évaluation alimentaire web peut être moins adéquate pour des populations plus défavorisées ou pour certains groupes de la population, par exemple, les personnes âgées (4). De plus, certaines personnes avec un niveau de littératie plus faible peuvent avoir plus de difficulté à remplir un outil d’évaluation alimentaire web puisque celui-ci se complète de manière autonome contrairement à un outil d’évaluation alimentaire traditionnel qui est administré par un interviewer.

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1.4 Mauvaise déclaration alimentaire

Afin de mieux comprendre les prochains paragraphes, une définition de ce qui est entendu par la mauvaise déclaration alimentaire est nécessaire. Le concept expliquant la différence entre ce qui est rapporté par l’individu et ce qui est réellement consommé par celui-ci est appelé la mauvaise déclaration (misreporting en anglais) ou l’erreur de mesure qui correspond à de la sous-estimation ou de la surestimation. La mauvaise déclaration alimentaire nuit à la précision de l’outil d’évaluation alimentaire. Plus un outil d’évaluation alimentaire est précis, plus celui-ci reflète les apports alimentaires réels.

Tous les outils d’évaluation sont sujets à de l’erreur aléatoire et de l’erreur systématique (32). L’erreur aléatoire est une source d’erreur imprédictible reliée à la variabilité (33). Celle-ci réduit la précision des mesures de l’outil, ce qui peut réduire la puissance statistique des analyses qui visent à comprendre les liens qui unissent la santé et l’alimentation (32). Cette erreur peut survenir lors de la mesure des apports alimentaires en raison de la variabilité intra- et inter-individuelle. En effet, les apports alimentaires varient d’une journée à l’autre pour un même individu et pour un groupe. Il est possible de minimiser cette erreur à l’aide de la standardisation du protocole de mesures, soit en administrant plus d’une fois l’outil par exemple. L’erreur systématique, quant à elle, génère un biais qui réduit la précision des mesures et qui peut provoquer des conclusions erronées. À l’inverse de l’erreur aléatoire, l’erreur systématique ne peut être atténuée par la moyenne de plus d’un rappel de 24 heures par exemple. Cette erreur provoque un biais, c’est-à-dire une différence systématique entre la mesure rapportée et la mesure réelle et ce dans la même direction (33). Certaines sources d’erreur systématique correspondent par exemple au jour de la semaine, la saison, la région, l’emplacement des individus (rural ou urbain), la présence d’une Fête durant la période d’évaluation (Pâques, temps des Fêtes, etc.) (32). Le fait de sous-estimer ou d’omettre spécifiquement certains aliments favorise l’introduction d’une erreur systématique (34).

Dans les études qui se sont intéressées à documenter la mauvaise déclaration alimentaire, il a été démontré que celle-ci se caractérise plus souvent par de la sous-estimation que de la surestimation des apports (35-37), c’est-à-dire que les apports en énergie ou en d’autres nutriments rapportés par l’individu sont plus faibles que les apports réels. Cette disparité peut être expliquée par des facteurs individuels qui sont intentionnels ou non intentionnels (38). Bien entendu, cette erreur de mesure n’est pas seulement reliée à l’individu, mais peut aussi être associée aux caractéristiques de l’outil utilisé (14, 15). Les facteurs expliquant une mauvaise déclaration alimentaire seront discutés plus en détail à la section 1.10 qui traitera des facteurs impliqués dans l’erreur de mesure.

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1.5 Apports alimentaires auto-rapportés

Les résultats découlant d’études utilisant des outils d’évaluation alimentaire auto-rapportés, dont le rappel de 24 heures, le questionnaire de fréquence et le journal alimentaire, font l’objet de plusieurs critiques de la part de la communauté scientifique et des professionnels de la santé puisque l’évaluation des apports alimentaires usuels dans ces études repose généralement sur des méthodes d’évaluation auto-rapportés, souvent non correctement validées, qui peuvent introduire plusieurs biais dans la mesure des apports alimentaires (39-41). La communauté scientifique semble s’entendre pour dire qu’il n’y a pas et qu’il n’y aura probablement jamais aucun outil d’évaluation alimentaire qui pourra estimer l’apport alimentaire sans aucune erreur de mesure (42).

Face à ces critiques, une majorité de chercheurs conçoivent les limites des outils d’évaluation alimentaire, mais estiment que ces outils permettent malgré tout d’obtenir des informations valables sur l’alimentation pour effectuer des liens entre la nutrition et la santé. Cette prise de position alimente la controverse au sein de la communauté scientifique considérant que d’autres chercheurs estiment que les outils d’évaluation alimentaire auto-rapportés sont tout simplement invalides, inacceptables et ne peuvent être utilisés dans la recherche scientifique en aucun cas (43). Plusieurs articles ont d’ailleurs été publiés par ces mêmes chercheurs dont Edward Archer est fréquemment l’auteur principal (37, 38, 44-53). Leur avis est en partie basé sur le fait que les outils d’évaluation auto-rapportés sont des outils basés sur la mémoire et qu’ils ne mesurent pas l’apport alimentaire, mais bien les perceptions de l’apport alimentaire d’un individu (43) et que certaines personnes peuvent avoir des intentions de ne pas déclarer de manière exacte les aliments consommés (54).

Une étude s’est d’ailleurs intéressée à cet aspect (37). Les objectifs de l’étude étaient d’évaluer la validité de l’apport énergétique auto-rapporté des participants de l’enquête NHANES (National

Health and Nutrition Examination Survey) au fil des années et d’estimer leur apport énergétique

probable incluant 28 993 hommes et 34 369 femmes âgés de 20 à 74 ans. L’étude a suggéré que la majorité de la population ne pouvait survivre avec l’apport en énergie qui avait été rapporté par les participants dans l’enquête NHANES aux États-Unis (37). Cette étude démontre le degré d’erreur présent dans les études utilisant les apports alimentaires auto-rapportés.

En acceptant cette réalité où un outil d’évaluation alimentaire aura toujours un certain degré d’erreur de mesure et que certains éléments de l’évaluation nutritionnelle ne peuvent être obtenus d’une autre

(21)

manière qu’auto-rapportées (l’heure des repas, le contexte des repas, relation avec la nourriture, etc.), il est d’autant plus important d’utiliser un outil d’évaluation alimentaire auto-rapporté adéquat qui mesure les habitudes alimentaires pour la période de référence que l’on souhaite mesurer et qui convient à la population cible de l’étude (groupe de référence). La validation de l’outil d’évaluation alimentaire utilisé est, alors, capitale.

1.6 Validation des outils d’évaluation alimentaire

La validation d’un outil d’évaluation alimentaire se veut une façon de déterminer si l’outil estime bien les apports alimentaires dans l’optique où l’on désire obtenir des apports alimentaires auto-rapportés le plus près de la réalité. Il est essentiel de valider les outils puisqu’ils permettent, en obtenant de l’information sur les habitudes alimentaires, de mieux comprendre le rôle de l’alimentation sur la santé comme il a été mentionné précédemment. Il en est de même autant pour les outils d’évaluation alimentaire plus traditionnels que ceux sur une plateforme web. D’ailleurs, l’évaluation de ces nouvelles technologies mesurant l’apport alimentaire permet de mieux comprendre leur potentiel et leurs avantages.

Lorsqu’on évalue la qualité d’un outil, il faut se questionner sur sa fiabilité, soit son habileté à donner les mêmes résultats lorsqu’il est répété dans des circonstances similaires ainsi que sa validité qui désigne le concept de mesurer ce qu’il doit mesurer (7). Il existe deux grandes catégories de validation d’outil, soit la validité relative et la validité absolue.

Tout d’abord, une étude de validité relative consiste à étudier les performances d’un outil d’évaluation alimentaire par rapport à un outil alternatif déjà établi dans la littérature scientifique qu’on considère comme ayant un plus grand degré de validité démontré, même si ce n’est pas une mesure exacte de ce que l’on souhaite mesurer (7, 26). Ce concept est aussi parfois appelé « étude de comparaison » puisqu’il consiste à comparer un outil avec un autre outil. Un aspect est important à prendre en considération lors de ce type de validation pour qu’il permette une validation relative adéquate. Il nécessite que les deux outils mesurent les mêmes habitudes alimentaires durant la même période de temps (7). Considérant la précision des détails et des portions des aliments et breuvages consommés qui sont rapportés dans un journal alimentaire, cet outil est considéré comme étant le modèle de référence et est donc utilisé régulièrement lors d’études de comparaison avec d’autres outils (16). Il est à noter qu’une analyse de validité relative ne permet pas de détecter des biais de mesure lorsque

(22)

ceux-ci sont communs aux deux outils (40). Dans le contexte spécifique d’études cherchant à valider des outils d’évaluation alimentaire web, une comparaison avec la version traditionnelle de l’outil est fréquemment effectuée afin d’évaluer la validité relative des outils web. Ces études seront abordées dans la section 1.9. Étant donné que les études de validation relative ne valident pas ce que l’outil-même mesure, la validité absolue permet de contrer cette limite. En effet, la validation absolue est le standard le plus élevé concernant la validité d’un outil puisqu’il valide l’outil avec une méthode ou un indicateur qui mesure exactement ce que l’outil reflète : une méthode de mesure dite étalon (gold

standard) (7). La validation absolue permet d’évaluer la validité d’une mesure à l’aide d’une mesure

dite objective puisqu’elle est totalement indépendante des mesures auto-rapportées, soit un marqueur biologique (qui sera décrit en détail à la section 1.7) ou même une observation directe des apports (55, 56). Cette dernière est aussi appelée : étude d’alimentation entièrement contrôlée.

Les coûts non négligeables et l’aspect moins pratique des techniques de validation absolue peuvent être des facteurs limitants à ce type de validation (26). Par exemple, l’observation des apports est définitivement une mesure invasive qui est seulement possible lors de repas spécifiquement choisis ce qui ne permet pas de bien représenter la performance d’un outil pour de plus longues périodes (26), sans oublier que ce n’est pas une façon de mesurer les apports alimentaires chez les individus dans des conditions de vie habituelles (« libres »). Il est à noter qu’il n’existe pas un marqueur biologique pour tous les apports alimentaires ce qui peut rendre difficile la validation absolue de certains types de nutriments par exemple. Ces marqueurs biologiques sont appelés : biomarqueurs.

Les résultats des études de validation relative et absolue permettent de se prononcer sur la validité convergente de l’outil d’évaluation alimentaire. La validité convergente correspond à la validité en ayant recours à plusieurs méthodes d’analyses qui concordent entre elles et qui démontrent une vue d’ensemble sur la validité (7).

1.7 Biomarqueurs

Un biomarqueur est une mesure externe, habituellement une composante d’un fluide corporel (sang, urine, salive, etc.) ou même d’un tissu corporel qui a un lien direct avec les apports alimentaires d’un ou plusieurs éléments (7). Il existe deux types de biomarqueurs bien connus : les biomarqueurs de récupération et les biomarqueurs de concentration. Les biomarqueurs de récupération permettent d’établir une relation directe entre les apports alimentaires d’un composé spécifique et la quantité d’un composé dans un fluide ou un tissu corporel. Les seuls biomarqueurs de récupération qui

(23)

existent, à ce jour, sont la technique de l’eau doublement marquée de même que le sodium, le potassium et l’azote urinaires. Les biomarqueurs de concentration ne permettent pas d’établir une telle relation directe. En effet, le composé dans le fluide ou le tissu corporel peut corréler avec l’apport d’un composé spécifique sans toutefois permettre de déterminer l’apport exact (57). Par exemple, les caroténoïdes sériques correspondent au biomarqueur de l’apport en fruits et en légumes. Depuis tout récemment, un nouveau type de biomarqueur a été proposé : le biomarqueur prédictif (58). Le fructose et le saccharose contenus dans une collecte urinaire de 24 heures en serait un exemple (57,

59). Cette catégorie a été créée puisque ces biomarqueurs ont démontré une relation beaucoup plus

complexe avec les apports alimentaires que les biomarqueurs de récupération tout en ayant une relation beaucoup plus forte avec les apports alimentaires qu’un biomarqueur de concentration (58). Le biomarqueur prédictif est sensible, stable et dépendant du temps. Même si les caractéristiques de l’individu peuvent l’affecter, la relation entre les apports alimentaires et celui-ci prévaut.

Le développement des biomarqueurs de l’apport alimentaire est un domaine en émergence. Les biomarqueurs peuvent être divisés en plusieurs catégories selon ce qu’ils reflètent comme apport en termes de temps : de court terme (dernier(ère)s heures/jours), de moyen terme (dernier(ère)s semaines/mois) et de long terme (dernier(ère)s mois/années) (56). Les exemples de biomarqueurs en termes de temps sont le sodium urinaire (apport en sodium), les caroténoïdes sériques (apports en fruits et légumes) et l’index oméga-3 (apport en acide eicosapentaénoïque et en acide docosahexaénoïque) respectivement. L’utilisation de biomarqueurs pour décrire les apports alimentaires n’est pas une technique sans limites. En effet, bien que l’utilisation de ces marqueurs permette une évaluation très précise, objective et sans biais de l’alimentation réelle des individus, le coût et le caractère invasif sont à prendre en considération (27). Tout cela demande beaucoup d’implication pour l’individu et nécessite un contexte particulier d’où l’importance d’optimiser des outils d’évaluation plus traditionnels comme des versions informatisées de ces outils. À la suite de la création d’outils d’évaluation alimentaire web, leur validation avec des biomarqueurs permet son administration facilement aux individus, par la suite, sans avoir à utiliser les biomarqueurs constamment. Deux méthodes utilisant des biomarqueurs bien documentées dans la littérature sont la technique de l’eau doublement marquée et la collecte urinaire de 24 heures.

1.7.1 Eau doublement marquée

Lors de la validation d’un outil d’évaluation alimentaire, habituellement, un des éléments les plus souvent validés, d’emblée, est l’apport en énergie. La méthode de l’eau doublement marquée est une

(24)

technique utilisant un biomarqueur de récupération. Elle correspond à la méthode étalon (« gold standard ») de la dépense énergétique totale (26, 40, 60, 61) en condition de vie « libre » qui permet de valider un outil d’évaluation alimentaire pour l’apport énergétique. Le principe de la méthode est l’ingestion d’eau marquée avec des isotopes stables d’hydrogène (2H, le deutérium) et d’oxygène

(18O). Le 18O est éliminé par le corps sous forme de gaz carbonique (C18O

2) et d’eau (H218O) tandis

que le 2H est éliminé seulement en eau. La différence d’élimination entre les deux isotopes représente

la mesure de gaz carbonique produit par le corps durant la période donnée et plus cette différence est grande, plus la dépense énergétique est élevée (40). Les taux d’élimination de ces isotopes peuvent être mesurés dans des échantillons de sang, d’urine ou de salive (62). Un échantillon de base est nécessaire avant d’administrer oralement l’eau doublement marquée afin de déterminer le taux d’isotopes naturellement présent dans le fluide corporel choisi. Ensuite, un nombre précis d’échantillons doit être prélevé selon le protocole utilisé afin de déterminer le taux d’isotopes lorsque ceux-ci sont équilibrés dans les fluides corporels et puis après une certaine période définie (entre 10 à 21 jours) pour déterminer les taux d’élimination des deux isotopes. De plus en plus, les laboratoires utilisent le protocole de cinq échantillons avec l’urine, soit un échantillon de base, deux échantillons pour le taux d’isotopes équilibrés et deux échantillons pour la fin du protocole. Il suffit de faire la moyenne des deux échantillons pour obtenir des résultats plus précis (63, 64). Cela permet d’obtenir le taux quotidien moyen de production de gaz carbonique durant cette période qui sert à déterminer le volume de gaz carbonique produit. Ensuite, cela permet de déterminer la dépense énergétique totale à l’aide de l’équation de Weir (65). En s’appuyant sur la loi de la conservation de l’énergie qui stipule que l’énergie d’un système ne peut changer c’est-à-dire qu’elle ne peut être créée ni détruite, un individu ayant un poids stable et qui n’est pas à un stade de croissance aura une dépense énergétique totale équivalente à son apport en énergie habituel (40). C’est alors de cette façon qu’un outil d’évaluation alimentaire peut être validé pour l’énergie ce qui permet donc de déterminer la validité de l’apport en énergie obtenu avec l’outil d’évaluation alimentaire en comparaison à la mesure « théorique » ou « réelle » obtenue grâce à la technique de l’eau doublement marquée.

1.7.2 Collecte urinaire de 24 heures

Une des raisons qui explique l’importance de valider un outil d’évaluation alimentaire en ce qui a trait aux nutriments de l’apport alimentaire est que la sous-estimation peut être sélective, c’est-à-dire que celle-ci ne serait pas proportionnellement identique pour toutes les catégories d’aliments ce qui entrainerait une sous-estimation plus importante pour certains nutriments (34, 66). Parallèlement, quelques études ont démontré que la sous-estimation de l’énergie était relativement plus élevée que

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celle associée aux protéines ce qui pourrait indiquer plus de sous-estimation pour les autres macronutriments (lipides et glucides) (9, 18, 67, 68) et l’alcool (9). Il est donc primordial de valider un outil non seulement pour l’apport énergétique, mais aussi pour des composantes de l’alimentation : les nutriments. Cela permet d’avoir une vue d’ensemble sur la précision et la validité d’un outil d’évaluation alimentaire.

Certains nutriments, en les validant à l’aide de biomarqueurs de récupération, permettent de mieux comprendre la sous-estimation sélective. La pertinence de s’intéresser à ces nutriments s’explique également par le fait qu’ils représentent des nutriments d’intérêt en termes de santé. Parmi ces nutriments d’intérêt, on retrouve les protéines mentionnées plus haut, mais aussi le sodium et le potassium. En effet, l’apport en sodium et en potassium d’une population et/ou d’un individu est important à déterminer, car un apport en sodium élevé et un faible apport en potassium sont reliés à une tension artérielle plus élevée ainsi qu’à un risque cardiovasculaire et de décès plus élevés (69). Plusieurs études ont d’ailleurs démontré que réduire la tension artérielle pourrait réduire le risque de maladies cardiovasculaires et que de réduire l’apport en sodium aurait l’effet de diminuer la tension artérielle (70-73). Plus précisément, une méta-analyse a aussi démontré qu’une diminution de l’apport en sodium quotidien de 1000 mg pourrait entraîner une réduction de l’ordre de 0.8/0.5 mm Hg sur la tension artérielle ce qui permettrait de diminuer les risques d’accident vasculaire cérébral (AVC) de 5% (74). La source principale de sodium dans l’alimentation provient des aliments de la catégorie « aliments ultra-transformés » (75, 76) tandis que les fruits et légumes correspondent à la source principale de potassium (77). Comme le potassium et le sodium représentent des groupes d’aliments particuliers, soit un groupe d’aliments où une consommation plus élevée est souhaitée pour le potassium et un groupe d’aliments dont il serait préférable de limiter la consommation pour le sodium, ces deux nutriments méritent d’être bien évalués autant au niveau individuel qu’à l’échelle populationnelle.

La collecte urinaire de 24-heures est considérée comme une méthode de référence qui permet, à l’aide de ses composantes, de déterminer l’apport en sodium, en potassium et en protéines. Les biomarqueurs de récupération de ces nutriments sont respectivement le sodium (78, 79), le potassium (80) et l’urée (qui permet de déterminer l’excrétion urinaire d’azote) urinaires (81, 82). Pour effectuer une collecte urinaire valide, lors du jour de la collecte, les individus doivent jeter la première urine du matin et recueillir leurs urines durant 24 heures en incluant la première urine du lendemain matin dans un bidon qui doit rester au froid entre les collectes d’urines. La basse température permet de préserver l’urine jusqu’à ce qu’elle soit analysée en laboratoire. L’ajout de thymol dans les

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contenants, au préalable, aide aussi à la préservation de l’urine c’est pourquoi ce phénol est habituellement ajouté d’emblée au contenant utilisé pour la collecte urinaire de 24 heures. Il permet entre autres de contrôler la croissance bactérienne dans l’urine (83). La quantité utilisée est d’environ 0,01 g de thymol par 10 ml d’urine (83) ce qui peut correspondre à environ 2.5 g pour une collecte urinaire de 24 heures moyenne. L’ajout de toluène, dans les contenants, a aussi, un effet antibactérien démontré dans les collectes urinaires de 24 heures de la même façon que le thymol (83).

Pour obtenir les apports théoriques en sodium, potassium et protéines provenant de leur biomarqueur respectif, il faut convertir les quantités urinaires en apport consommé sachant que 86% du sodium et 80% du potassium consommé sont excrétés dans l’urine (35, 84). Pour déterminer l’apport théorique en protéines, plusieurs facteurs sont à prendre en compte : 46.67% de l’urée est de l’azote qui provient de l’urée (82) et celle-ci correspond à 85% de l’azote urinaire. En ayant la mesure d’azote urinaire, il suffit de considérer les facteurs suivants : 81 % de l’apport en azote est excrété dans l’urine et l’azote constitue 16% des protéines (85). Par la suite les apports en ces nutriments obtenus à l’aide de l’outil d’évaluation alimentaire sont comparés aux mesures obtenues par les biomarqueurs.

Dans la majorité de ces études de validation rigoureuse, un marqueur doit être consommé la journée de la collecte afin de s’assurer que toutes les urines ont été incluses dans la collecte urinaire de 24 heures. En effet, l’acide para-aminobenzoïque (PABA) est un marqueur d’observance utilisé avec la collecte urinaire de 24 heures (86, 87). Il permet de s’assurer que les individus qui font une collecte urinaire de 24 heures collectent toutes les urines. La méthode la plus fréquente consiste à prendre trois comprimés de 80 mg de PABA, à trois moments différents (déjeuner, dîner, souper), le jour de la collecte. Un pourcentage seuil de récupération de ce marqueur a été établi afin d’identifier les collectes urinaires considérées comme étant complètes. Ce seuil a été établi à 85% de récupération dans l’urine du PABA ingéré. Ainsi, une collecte ayant un pourcentage de récupération inférieur à 85% serait considérée comme étant incomplète (87-90). Un pourcentage maximum à 110% a, par ailleurs, été établi en raison d’une étude ayant trouvé une certaine récupération de PABA (moyenne de 24 mg sur 240 mg de PABA consommé) dans l’urine chez des individus ayant fait une collecte urinaire sans utiliser le marqueur d’observance (91) de telle sorte que les collectes avec un pourcentage de récupération supérieur à 110% seraient exclues ou analyser une seconde fois dû à un mauvais dosage.

(27)

1.8 Analyses statistiques utilisées dans les études de validation d’outils

d’évaluation alimentaires

Plusieurs analyses statistiques sont utilisées dans le but de valider des outils d’évaluation alimentaire. Il a été suggéré que pour avoir un portrait global de la validité d’un outil, différents types d’analyses statistiques devraient être effectués. Ces analyses permettent de vérifier des critères spécifiques en lien avec la validité des outils. Chacun de ces critères permet de valider un aspect spécifique de l’outil (7). Plusieurs analyses statistiques ont été discutées dans une revue de la littérature et des critères de validité pour chacune des analyses ont été définis comme étant : bon, acceptable ou faible (92). Ces différents types d’analyse sont aussi identifiés spécifiquement soit à la validité de l’outil au niveau de l’individu ou au niveau d’un groupe. Ceci permet ensuite de mieux juger de la pertinence d’utiliser l’outil selon le contexte de l’étude.

Pour vérifier la validité d’un outil d’évaluation alimentaire au niveau de l’individu, on suggère d’effectuer les analyses statistiques suivantes : coefficient de corrélation, classification croisée et le kappa pondéré. La corrélation entre les apports des deux mesures obtenues (la mesure obtenue par l’outil d’évaluation alimentaire et par la valeur de référence) permet de déterminer la force de l’association entre les deux méthodes. Afin d’ajuster pour l’erreur qui correspond à la variabilité journalière intra-individuelle, c’est-à-dire pour prendre en considération que les apports quotidiens obtenus par les deux outils ne correspondent pas à l’apport usuel, la corrélation déatténuée est une mesure plus juste que la corrélation brute pour déterminer la force de l’association entre les deux méthodes lors d’une étude de validation (92). Afin que l’interprétation de validité soit considérée comme étant bonne, la corrélation doit alors être supérieure ou égale à 0.50 (92). Quant à elle, la classification croisée permet d’examiner la capacité de l’outil à classer les individus dans le même tertile ou quartile que la méthode de référence ou dans un tertile ou quartile opposé. Pour que l’outil obtienne un critère de validité jugé comme étant « bon », l’outil doit obtenir un pourcentage de participants étant classés dans le même tertile ou quartile supérieur ou égal à 50% et un pourcentage plus petit ou égal à 10% des participants étant classés dans le tertile ou quartile opposé (92). Le kappa pondéré permet quant à lui d’évaluer la concordance des analyses de classification croisée. Pour que l’interprétation soit de « bonne », le kappa pondéré doit être supérieur ou égal à 0.61 (92).

Pour vérifier la validité d’un outil d’évaluation alimentaire à bien évaluer les apports d’un groupe ou d’une population, les analyses statistiques suggérées sont les suivantes : la différence en pourcentage, le test de « Student » et le graphique de Bland-Altman. La différence en pourcentage dans les apports obtenus par l’outil évalué et la méthode de référence permet de déterminer si l’outil estime des apports

(28)

inférieurs ou supérieurs à l’autre mesure et l’ampleur de cette différence. Ce pourcentage doit être inférieur à 10% pour obtenir un critère de validité « acceptable ». Le test de « Student », quant à lui, évalue s’il existe une différence significative entre les deux mesures. Pour avoir une bonne validité pour ce test statistique, la valeur-p de celui-ci doit être supérieure à 0.05. Il ne doit donc pas y avoir de différence significative entre les deux mesures. Pour sa part, le graphique de Bland-Altman permet de mettre en relation la différence entre les deux mesures (axe des y) et l’étendue des valeurs d’apports (axe des x). Si la pente du nuage de points est significative (valeur-p ≤ 0.05) cela signifie qu’il existe une différence significative d’erreur de mesure selon l’apport. Pour obtenir un critère « bon » de validité, la valeur-p de la pente doit être supérieure à 0.05 (pente non significative) (92).

Toutes les interprétations des critères de validité (bon, acceptable, faible) de ces analyses statistiques comptabilisées permettent d’obtenir une vue d’ensemble sur la manière dont se comporte l’outil dans plusieurs contextes différents.

1.9 Principales études de validation sur les outils d’évaluation alimentaire

Quelques études ont comparé les résultats de validation à l’aide de biomarqueurs de récupération d’un outil d’évaluation alimentaire sur une plateforme web et celle d’un outil d’évaluation alimentaire traditionnel (35, 84, 93-95). Ces études ont observé que l’outil d’évaluation alimentaire web choisi est parfois semblable et plus précis que l’outil d’évaluation alimentaire traditionnel lorsqu’une vue d’ensemble des nutriments d’intérêt dans l’étude est visée. Wark et al. ont observé, pour certains nutriments, une atténuation de la sous-estimation de 10-20% avec le rappel de 24 web (myfood24) contrairement à l’outil traditionnel. Cette étude a démontré que l’erreur de mesure est plus faible avec l’outil d’évaluation web (94). D’ailleurs, les auteurs de cette étude mentionnent que l’efficacité, la rapidité et le coût moindre de l’administration des outils d’évaluation web permettent de recourir à plusieurs administrations du même questionnaire et donc d’obtenir des données le plus près possible des apports réels (94). Greenwood et al. ont observé, avec le Oxford WebQ, un rappel de 24 heures web développé au Royaume-Uni, une meilleure estimation des sucres totaux comparativement à l’outil traditionnel et les auteurs estiment que l’outil est, contrairement à l’outil plus traditionnel, plus adéquat pour estimer les apports alimentaires à long terme au niveau populationnel (93). Park et al. ont quant à eux observé que le « American Automated Self-Administered 24-h recall » (ASA24), un rappel de 24 heures web développé aux États-Unis, permettait d’estimer les apports alimentaires en énergie, sodium, potassium et protéines de manière similaire à un journal alimentaire de 4 jours (35).

(29)

Les outils d’évaluation alimentaire web sont, parfois, validés à l’aide de la méthode de l’alimentation entièrement contrôlée sous forme d’observation des apports (96, 97) représentant une validation absolue. Même si cette validation ne permet pas de valider l’outil d’évaluation alimentaire dans les conditions de vie habituelles (« libres ») (26), celle-ci permet d’obtenir des informations intéressantes sur l’outil qu’il n’aurait pas été possible de déterminer à l’aide des autres façons de valider un outil. En effet, le « American Automated Self-Administered 24-h recall » (ASA24), un rappel de 24 heures web, a été validé à l’aide de la technique de l’alimentation contrôlée dans une étude publiée en 2014. Les résultats ont démontré que les répondants ont rapporté 80% des items qui ont été véritablement consommés. Les aliments les plus souvent omis étaient ceux qui étaient présents dans les repas ou boissons composés (96).

1.10 Facteurs de l’erreur de mesure

Comme expliqué précédemment dans la section sur la mauvaise déclaration alimentaire, plusieurs facteurs permettent d’expliquer une certaine différence entre une méthode d’évaluation alimentaire et la méthode de référence. Il existe des biais qui créent une marge d’erreur entre les deux méthodes de mesure. Un des facteurs expliquant cette différence entre les deux mesures correspond aux caractéristiques de l’outil web. Certaines études ont relevé des sources d’erreur en lien avec les caractéristiques de l’outil web pouvant affecter la précision de la mesure dont des erreurs dans la base de données nutritionnelles utilisée (4, 15) et la proposition limitée de choix de portions (14) et de recettes. Cependant, à ma connaissance, aucune étude n’a tenté de déterminer qu’elles étaient les plus grandes sources d’erreurs en lien avec les caractéristiques des outils sur une plateforme web.

Certaines caractéristiques des individus qui complètent l’évaluation alimentaire peuvent contribuer à l’erreur de mesure. Cependant, ces facteurs ont tout particulièrement été étudiés dans un contexte où la variable nutritionnelle d’intérêt était l’apport énergétique. Par ailleurs, les études à ce sujet ne sont pas toutes unanimes. Une revue de la littérature a répertorié des caractéristiques reliées à la sous-estimation de l’apport en énergie (8). La compréhension de cet aspect de la sous-sous-estimation est très complexe et correspond à de la sous déclaration d’énergie, mais peut aussi inclure de la sous-consommation d’énergie dans certains cas si l’individu mange moins puisque celui-ci est évalué (12,

13). Il existe plus d’un aspect en lien avec les facteurs individuels pouvant entrainer de la

sous-estimation. Le premier étant une déclaration incomplète s’expliquant, par exemple, par la fatigue du répondant, les troubles de mémoire, la mauvaise représentation de l’estimation des portions consommées et l’omission d’items consommés ou d’un repas/collation. Le deuxième concerne les

(30)

facteurs psychologiques ou individuels du répondant qui se présentent de manière consciente ou inconsciente. Les facteurs individuels rapportés comme influençant davantage cette sous-estimation sont les suivants : être une femme (8), avoir un indice de masse corporelle élevé (9-11), présenter un niveau élevé de restriction cognitive et de désirabilité sociale (8). Plus spécifiquement, une étude de la revue systématique a observé une proportion plus grande de déclaration sévère (une sous-estimation de plus de 20% de l’apport énergétique) chez les femmes (49% de celles-ci) que chez les hommes (14% de ceux-ci) (98).

Tel que mentionné plus haut, une restriction cognitive élevée serait une caractéristique associée à la sous-déclaration d’énergie. Rappelons que la restriction cognitive consiste à une intention ou à des tentatives de limiter l’apport en calories afin de contrôler le poids (perdre du poids ou prévenir la prise de poids). Afin d’expliquer le rôle de la restriction cognitive dans la sous-estimation observée, il a été proposé dans l’étude de Bathalon et al. réalisée chez les femmes qu’une sous-estimation spécifique de l’apport en lipides était observée. La quantité importante d’énergie par gramme de lipides alimentaires (9 kcal/g) fait en sorte qu’une sous-estimation spécifique de ce macronutriment aurait un impact important à la baisse sur l’apport énergétique rapporté (99).

La désirabilité sociale est également un facteur qui a été associé à une sous-estimation de l’apport énergétique. Il faut savoir que la désirabilité sociale correspond à la tendance à se décrire de manière avantageuse au lieu de répondre de façon exacte et véridique. Cette dernière se divise en deux comportements : l’autoduperie (self-deceptive enhancement en anglais) et l’hétéroduperie (impression management en anglais). L’autoduperie correspond à la manière de se décrire de façon honnête, mais biaisée positivement et l’hétéroduperie désigne le fait de présenter une image favorable de soi aux autres (100). Un niveau de désirabilité élevé ou une plus grande tendance à répondre d’une manière plus socialement acceptable a été associé à une sous-estimation de l’énergie plus prononcée. Cette sous-estimation est d’ailleurs plus importante chez les femmes que chez les hommes ce qui démontre une différence entre les sexes en ce qui concerne ce facteur individuel (8). À ce sujet, deux études ont démontré que des interventions mettant l’accent sur des comportements « santé » pouvaient amplifier la mauvaise déclaration alimentaire puisque les participants modifient leurs apports rapportés pour mieux correspondre aux comportements « santé » sans que ceux-ci soient réels (101, 102). Ces résultats suggèrent que les interventions visant un mode de vie « sain » donnent l’indication aux participants de ce que sont les déclarations socialement acceptables ce qui peut nuire à une déclaration véridique des apports.

Figure

Table 1 Subjects' characteristics
Figure 1 Study participants flow chart
Table 2 Mean daily intakes reported from three self-administered web-based 24-hour recalls (R24W)
Table 3 Cross-classification of daily nutrient intakes into quartiles of the distribution using three self-
+7

Références

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