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Étude des bryophytes de la RNN des coteaux de Seine
Sébastien Filoche
To cite this version:
Sébastien Filoche. Étude des bryophytes de la RNN des coteaux de Seine. [Rapport de recherche]
CBNBP-MNHN, Délégation Île-de-France, 61 rue Buffon CP 53, 75005 Paris cedex 05 - France. 2016,
19p. �hal-01826608v2�
Auteur : Sébastien Filoche/CBNBP-MNHN
Décembre 2016
Conservatoire botanique national du Bassin parisien
UMS 2699 – Unité Inventaire et suivi de la biodiversité Muséum national d’Histoire naturelle
61, rue Buffon - CP 53 - 75005 Paris Cedex 05 – France
Tél. : 01 40 79 35 54– cbnbp@mnhn.fr
Etude des bryophytes de la RNN
des coteaux de la Seine
Etude des bryophytes de la RNN
des coteaux de la Seine
Ce document a été réalisé par le Conservatoire botanique national du Bassin
parisien, délégation Île-de-France, sous la direction scientifique de
Frédéric Hendoux, directeur
Conservatoire botanique national du Bassin Parisien / Muséum national d’Histoire naturelle
61 rue Buffon CP 53, 75005 Paris Cedex 05
Tel. : 03.86.78.79.60– Fax : 01 40 79 35 53
E-mail : cbnbp@mnhn.fr
Sébastien Filoche, responsable de la délégation Île-de-France
Conservatoire botanique national du Bassin Parisien / Muséum national d’Histoire naturelle
61 rue Buffon CP 53, 75005 Paris Cedex 05
Tel. : 01 40 79 56 47 - Fax : 01 40 79 35 53
E-mail : filoche@mnhn.fr
Inventaires de terrain :
Sébastien FILOCHE
Vérification, détermination :
Olivier BARDET
Relecture :
Olivier BARDET, Fabrice PERRIAT
Saisie des données :
Christine HEIM
Le partenaire de cette étude est
:
Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie
Introduction
Les bryophytes sont des indicateurs de paramètres écologiques et de modifications du fonctionnement des écosystèmes de par leur grande sensibilité aux facteurs environnementaux. Les différentes études sur ce groupe ont démontré, par exemple, le rôle important des bryophytes dans le cycle des nutriments, dans la rétention et la disponibilité en eau, trois critères fondamentaux dans le fonctionnement des zones humides. On notera également en contexte forestier l’importance des tapis moussus pour la microfaune du sol.
L’étude des bryophytes de la Réserve naturelle nationale des coteaux de la Seine vise à établir une liste de référence des bryophytes présentes dans la réserve, et à en définir rapidement les éléments les plus remarquables. Une journée de prospection terrain a été effectuée sur une partie de la
réserve, complétée par la détermination d’échantillons récoltés par Nolwenn Quilliec, Conservatrice de la réserve.
Généralités
Notion d'habitat chez les bryophytes
Un point important à évoquer, qui a une forte implication sur le dimensionnement de l'activité, est la très petite taille des habitats utilisés par les bryophytes. Cette dernière se mesure souvent en dm² ou plus rarement en m². On parle souvent de micro-habitats, en particulier pour les espèces les plus exigeantes. Un arbre ou un rocher portent donc de nombreux habitats différents en fonction de l’exposition, de la présence de fissures, de surplombs, de zones d'accumulation d'eau ou de débris fins, de la hauteur de l'arbre… A une échelle supérieure, une parcelle forestière peut être divisée en fonction des grandes expositions, de la présence de bancs de roches, de sources, avec des cortèges différents sur le bois mort et le bois sur pied ou selon les essences.
L'étude des bryophytes d'un lieu donné doit donc tenir compte de toutes ces variations afin de collecter toutes les espèces présentes, ce qui rend la phase de terrain assez longue pour des surfaces effectivement inventoriées assez faibles.
En revanche, cette particularité des habitats des bryophytes fait que l'on trouve souvent un grand nombre d'espèces sur de petits espaces. On notera également que certains de ces micro-milieux peuvent présenter des caractéristiques beaucoup plus extrêmes ou tranchées que la flore vasculaire ne le traduit dans sa globalité.
Méthodes générales d'étude des bryophytes
Les inventaires de bryophytes reposent sur des recherches détaillées dans le maximum de micro-milieux contenus dans un site. Les inventaires de terrain se font généralement à vue (+loupe) et la quasi-totalité des espèces suspectées sont récoltées pour confirmation au laboratoire. Cette phase d’étude au microscope est obligatoire pour une détermination sérieuse. Les échantillons déterminés
sont conservés en herbier autant que possible et en fonction de la sensibilité du taxon (les groupes dont la taxonomie est mouvante doivent être conservés pour revenir ultérieurement sur les déterminations par exemple). Les échantillons d'espèces rares, patrimoniales ou problématiques doivent être souvent envoyés à des spécialistes externes pour validation.
Recueil historique et documentation
Une recherche de publications anciennes ou plus modernes a été réalisée sur la zone d’étude. Les
données recueillies sont assez fragmentaires, issues des herbiers d’Allorge, 1914 à 1920. Même si plusieurs données sont probablement situées sur les pelouses calcaires des coteaux de la Seine, d’autres ne concernent certainement pas directement la réserve.
La rareté de chaque taxon est issue du nouveau catalogue publié en 2016 (S. Filoche, 2016) et provient de diverses publications relatives à la flore bryophytique. Elle concerne l’indice de rareté non publié de J. Bardat. La synthèse de R. Gaume (1964) est aussi une source d’information précieuse.
Méthode d’inventaire
L’inventaire a été effectué au début du printemps, le 14 mai 2016, afin d’obtenir des échantillons
avec des capsules, ce qui facilite la détermination. Les relevés de terrains ont été effectués sur un bordereau spécifique dit bordereau d’inventaire bryophytes et saisies dans la base de données flora. Les taxons recevant un nom provisoire sur le terrain font l’objet d’une identification systématique en laboratoire à l’aide de matériel optique.
Toutes les bryophytes inventoriées ont fait l’objet d’une récolte et ont été consignées dans un « moussier » afin d’être éventuellement vérifiées. Une grande partie des déterminations a fait l’objet d’une confirmation par Olivier Bardet de la délégation Bourgogne du CBNBP.
Nous avons ciblé nos inventaires sur les différents grands types de milieu présents sur la réserve à savoir : les pelouses, les talus crayeux ombragés, les pinacles, les tonsures de pelouses, les fourrés, les boisements, les entrées de grottes, les sources calcaires. Le site étant très grand une journée supplémentaire d’inventaire serait à prévoir.
Nomenclatures utilisées
Le référentiel taxonomique des Marchantiidae (hépatiques) et des Anthocerotidae (anthocérotes) est basé sur la publication de Grolle & Long (2000), celui des Bryidae (mousses) sur la publication de Hill
et al. (2006).
A l’heure actuelle, ce référentiel national, qui n’est pas totalement satisfaisant, peut conduire à certaines imprécisions. Les lecteurs qui pourraient être déroutés par certains noms (en particulier ceux des genres) peuvent se reporter au site « Tropicos » permettant de démêler les combinaisons nomenclaturales et les synonymies.
Nous n’avons pas souhaité faire figurer les noms vernaculaires, très rares ou trop artificiels, sans usage parmi les bryologues.
Résultats
Recueil des données historiques et documentaires
Les données bibliographiques concernant les bryophytes du site sont assez succinctes, comme à l’échelle de la région. Nous avons pu identifier plusieurs données issues de parts d’herbiers, à l’échelle de la commune, sans précision de localisation. Cela concerne des données de Pierre Allorge datant entre 1914 et 1920.
L’ensemble de ces données correspond à des taxons très communs à très rares. Sur les 35 taxons concernés, 13 ont été revus lors de ces prospections. Ces données sont synthétisées dans le tableau suivant.
Tableau 1 : Synthèses des données bibliographiques (en gras les espèces revues en 2016).
Taxon Rareté en Île- de-France Statut en Île-
de-France Ecologie dans la RNN coteaux de Seine
Abietinella abietina (Hedw.) M.Fleisch. C Pelouse xérique
Alleniella complanata (Hedw.) S.Olsson,
Enroth & D.Quandt C Paroi, base de tronc ombragé
Aloina ambigua (Bruch & Schimp.) Limpr. AR Terre, rocher crayeux
Bryoerythrophyllum recurvirostrum
(Hedw.) P.C.Chen AC Pelouse xérique
Campyliadelphus chrysophyllus (Brid.)
R.S.Chopra AC Pelouse xérique
Cheilothela chloropus (Brid.) Broth. RR ancienne carrière (hors réserve)
Ctenidium molluscum (Hedw.) Mitt. C Terricole, base tronc
Diphyscium foliosum (Hedw.) D.Mohr RR pelouse
Drepanocladus aduncus (Hedw.) Warnst. AR source calcaire
Entodon concinnus (De Not.) Paris AC Corticole Exsertotheca crispa (Hedw.) S.Olsson,
Enroth & D.Quandt AR Paroi, base de tronc ombragé
Grimmia crinita Brid. R Rocher crayeux
Grimmia orbicularis Bruch ex Wilson AR Rocher calcaire
Grimmia pulvinata (Hedw.) Sm. CC Rocher calcaire
Homalothecium lutescens (Hedw.)
H.Rob. CC Talus crayeux
Homalothecium sericeum (Hedw.)
Schimp. CC Corticole
Hypnum cupressiforme var.
cupressiforme Hedw. CC Humo-corticole
Leskea polycarpa Hedw. AR Tronc d'arbre en bord de Seine (hors réserve)
Leucodon sciuroides (Hedw.) Schwägr. AC Neoorthocaulis attenuatus (Mart.)
L.Söderstr., De Roo & Hedd. AR
Philonotis fontana (Hedw.) Brid. AR source calcaire Plasteurhynchium striatulum (Spruce)
M.Fleisch. R
Porella arboris-vitae (With.) Grolle R ancienne carrière (hors réserve)
Rhytidiadelphus loreus (Hedw.) Warnst. AR ZNIEFF Bois de la Roche-Guyon (hors réserve) Rhytidium rugosum (Ehrh. ex Hedw.)
Kindb. AR
Schistidium apocarpum (Hedw.) Bruch &
Schimp. AC Rocher calcaire ombragé
Streblotrichum convolutum (Hedw.)
P.Beauv. CC Tonsure de pelouse
Tortula lindbergii Broth. AR
Tortula muralis Hedw. CC Tonsure de pelouse
Tortula subulata Hedw. AC talus crayeux
Ulota bruchii Hornsch. ex Brid. AR Corticole
Weissia condensa (Voit) Lindb. AC Talus crayeux
Zygodon viridissimus (Dicks.) Brid. AC Saule creux
Liste et description quantitative des taxons observés
Un total de 67 espèces de bryophytes (4 hépatiques et 63 mousses) a été recensé sur l’ensemble du site. Aucune ne possède un statut particulier de protection, par contre 10 sont au moins assez rares et 2 taxons sont très récemment observées à Vigny (95) et constituent ici la deuxième observation pour la région : Gymnostomum viridulum et Seligeria acutifolia. A noter
aussi que l’hépatique très rare, Cephaloziella baumgartnerii reste à confirmer par d’autres observations, l’échantillon récolté étant très fragmenté et très petit.
On relève aussi une proportion très faible d’hépatiques, s’expliquant par le manque de micro-habitats favorables et l’atmosphère généralement xérique de la réserve.
La liste des taxons observés sur le site d’étude est fournie dans le tableau ci dessous. Tableau 2 : liste des taxons inventoriés dans la RNN des coteaux de Seine
Légende : * hépatique, espèces remarquables, synonyme
Taxon Rareté en Île- de-France Statut en ïle-
de-France Ecologie dans la RNN coteaux de Seine
Abietinella abietina (Hedw.) M.Fleisch. C Pelouse xérique
Alleniella complanata (Hedw.) S.Olsson,
Enroth & D.Quandt C Paroi, base de tronc ombragé
Aloina aloides (Koch ex Schultz) Kindb. AC Talus crayeux
Anomodon viticulosus (Hedw.) Hook. &
Taylor C Paroi, base de tronc ombragé
Barbula unguiculata Hedw. CC Tonsure de pelouse Brachytheciastrum velutinum (Hedw.)
Ignatov & Huttunen AC Terricole
Brachythecium albicans (Hedw.) Schimp. AC Pelouse xérique
Brachythecium rutabulum (Hedw.) Schimp. CC Terro-humicole
Bryoerythrophyllum recurvirostrum
(Hedw.) P.C.Chen AC Pelouse xérique
Bryum radiculosum Brid. AR Pelouse xérique
Calliergonella cuspidata (Hedw.) Loeske CC Terricole humide
Campyliadelphus chrysophyllus (Brid.)
R.S.Chopra AC Pelouse xérique
Campylidium calcareum (Crundw. &
Nyholm) Ochyra AC Terricole
Cephaloziella baumgartneri Schiffn.* Cf. ? RR Paroi crayeuse humide
Ceratodon purpureus (Hedw.) Brid. CC Tonsure de pelouse
Cratoneuron filicinum (Hedw.) Spruce C source calcaire
Ctenidium molluscum (Hedw.) Mitt. C Terricole, base tronc
Didymodon acutus (Brid.) K.Saito AC Tonsure de pelouse
Didymodon luridus Hornsch. AC Tonsure de pelouse
Didymodon vinealis (Brid.) R.H.Zander AC Corticole
Ditrichum gracile (Mitt.) Kuntze C Tonsure de pelouse
Eucladium verticillatum (With.) Bruch &
Schimp. AR Paroi crayeuse humide, source calcaire, ombre
Eurhynchium striatum (Hedw.) Schimp. CC Terro-humicole
Fissidens dubius P.Beauv. AC Talus crayeux
Fissidens gracilifolius Brugg.-Nann. &
Nyholm R Paroi crayeuse humide, source calcaire, ombre
Fissidens taxifolius Hedw. CC Paroi, base de tronc ombragé Fissidens viridulus (Sw. ex anon.)
Wahlenb. AC Paroi crayeuse humide, ombragée
Frullania dilatata (L.) Dumort.* CC Corticole
Funaria hygrometrica Hedw. C Tonsure de pelouse, foyer de feu
Gymnostomum viridulum Brid. RR Talus crayeux
Gyroweisia tenuis (Hedw.) Schimp. AR Talus crayeux ombragé
Homalothecium lutescens (Hedw.)
H.Rob. CC Talus crayeux
Homalothecium sericeum (Hedw.)
Schimp. CC Corticole
Hypnum cupressiforme Hedw. CC Humo-corticole
Hypnum cupressiforme var.
cupressiforme Hedw. CC Humo-corticole
Hypnum cupressiforme var. filiforme Brid. CC Corticole Hypnum cupressiforme var. lacunosum
Brid. C Pelouse xérique
Isothecium alopecuroides (Lam. ex Dubois)
Isov. C Corticole
Isothecium myosuroides Brid. C Corticole
Metzgeria furcata (L.) Dumort.* CC Corticole
Orthotrichum affine Schrad. ex Brid. CC Corticole
Orthotrichum diaphanum Schrad. ex Brid. C Corticole
Oxyrrhynchium hians (Hedw.) Loeske CC Terricole
Pellia endiviifolia (Dicks.) Dumort.* C source calcaire Plagiomnium affine (Blandow ex Funck)
T.J.Kop. C Terricole frais calcaire
Pleurozium schreberi (Willd. ex Brid.) Mitt. C Pelouse xérique
Pohlia melanodon (Brid.) A.J.Shaw C Talus crayeux ombragé frais Pseudoscleropodium purum (Hedw.)
M.Fleisch. ex Broth. CC Pelouse fermée Ptychostomum capillare (Hedw.) Holyoak &
N.Pedersen CC Tonsure de pelouse
Bryum capillare Hedw.
Ptychostomum imbricatulum (Müll.Hal.)
Holyoak & N.Pedersen C Tonsure de pelouse Bryum caespiticium Hedw.
Rhynchostegiella tenella (Dicks.) Limpr. AR Talus crayeux ombragé Rhynchostegium confertum (Dicks.)
Schimp. AC Paroi crayeuse humide
Seligeria acutifolia Lindb. RR Talus crayeux ombragé frais
Streblotrichum convolutum (Hedw.)
P.Beauv. CC Tonsure de pelouse
Barbula convoluta Hedw.
Syntrichia ruralis (Hedw.) F.Weber &
D.Mohr C Tonsure de pelouse
Syntrichia ruralis var. ruralis (Hedw.)
F.Weber & D.Mohr C Tonsure de pelouse Thamnobryum alopecurum (Hedw.)
Tortella squarrosa (Brid.) Limpr. AC Pelouse xérique Pleurochaete squarrosa (Brid.) Lindb.
Tortella tortuosa (Hedw.) Limpr. C Tonsure de pelouse
Tortula acaulon (With.) R.H.Zander AC Pelouse xérique Phascum cuspidatum Hedw.
Tortula muralis Hedw. CC Tonsure de pelouse
Trichostomum crispulum Bruch AR Paroi crayeuse humide Weissia brachycarpa (Nees & Hornsch.)
Jur. AR Talus crayeux
Weissia condensa (Voit) Lindb. AC Talus crayeux
Intérêt général du site
Comme nous pouvions le pressentir l’intérêt de la réserve, d’un point de vue bryologique repose sur la présence de complexes bryophytiques liés aux affleurements crayeux (talus, blocs rocheux, pinacles). Ces biotopes particulièrement riches en bryophytes pionnières et spécialisées, et plus particulièrement en contexte frais et ombragés, accueillent les très rares Gymnostomum viridulum et
Cephaloziella cf. baumgartneri, par exemple. De manière générale nous remarquerons que
l’ensemble des espèces les plus intéressantes sont liées à ces affleurements crayeux. On
veillera lorsque cela est possible à limiter la dynamique de boisement des talus, les plus riches et laisser dans d’autres cas l’érosion naturelle se faire.
Les pelouses calcicoles xériques ou mésophiles ouvertes sont des plus remarquables pour la flore vasculaire mais aussi pour les bryophytes. Par contre, lorsque le milieu se ferme (pelouse à Brachypode), ces dernières disparaissent rapidement, ne subsiste alors qu’un cortège très appauvris, constitué principalement de 2 espèces banales et tapissantes : Hypnum lacunosum et
Pseudosceropodium purum (Clachaloze à Gommecourt).
Dans les pelouses en bon état de conservation et bien ouvertes, nous observons un cortège mêlant plusieurs espèces avec une proportion d’espèces pionnières importantes. Les pelouses proches
des pinacles sont ainsi des plus intéressantes (ex : Val Dame à Gommecourt ou encore Les Louises à Haute-Isle). La mise en place d’un pâturage ovin sur les pelouses les plus dynamiques sera des plus favorables, tandis que les effets de la fauche seront plus incertains.
Le site des Cronières (Vétheuil) qui offrent un intérêt plus faible pour la flore vasculaire s’avèrent d’un grand intérêt pour les Bryophytes. En effet, l’abondance de bloc rocheux crayeux
dans un contexte ombragée et frais est fort intéressant (parois fraiche à Fissidens gracilifolius et
Eucladium verticillatum). Les entrées de grottes ou les parois sont aussi très favorables aux
bryophytes à condition de les laisser s’installer (grottes des Maquisards présence remarquable de
Trichostomum crispulum). On veillera à réduire l’impact de la spéléologie sur ces parois et on évitera
tous « nettoyage » intempestifs des parois et abords de ces grottes. Par contre, on limitera la progression des espèces herbacées pour conserver, si possible des milieux pionniers.
Enfin, Les sources calcaires constituent aussi des milieux très intéressants. Par contre, la
plupart des sources ont un débit trop faible ou sont peu actives pour permettre l’installation d’un cortège complet de bryophytes spécialisées des sources calcaires. A ce titre, la source des plantes du Sault semble la plus riche.
Zoom sur quelques espèces remarquables
Fissidens gracilifolius Brugg.-Nann. & Nyholm
Petite mousse appartenant au genre Fissidens qui se reconnait facilement à la disposition distique des feuilles sur la tige (sur deux rangs) qui lui donne un port particulier. Cette disposition engendre parfois des confusions avec le groupe des hépatiques. Le Fissidens gracile fait partie des espèces les plus petites du genre. Il possède une marge de cellule bien différenciée sur le pourtour des feuilles et des feuilles 8 fois plus longues que larges.
Cette espèce qui croit directement sur les blocs rocheux, affectionne particulièrement les rochers calcaires crayeux dans un contexte ombragée, frais à humides en compagnie d’une autre espèce plutôt rare : Eucladium verticillatum. On peut aussi l’observer sur les rochers présents au niveau des sources ou des suintements.
Gymnostomum viridulum Brid.
Petite mousse formant des petites touffes vertes jaunâtre de quelques mm de hauteur. Les feuilles petites presque aussi longues que larges sont très arrondies à leurs extrémités et sont recourbées à l’état sec. Comme l’espèce suivante, elle était jusque-là absente de la flore de notre région jusqu’à sa découverte dans la réserve naturelle régionale de Vigny-Longuesse (Hugonnot, 2012).
Elle colonise ici un talus crayeux légèrement ombragé en compagnie d’autres bryophytes remarquables comme Cephaloziella cf. baumgartneri, Gyroweisia tenuis, Weissia brachycarpa…
Seligeria acutifolia Lindb.
Plante de très petite taille, dressée, formant des petites touffes qui affleurent sur les rochers calcaires. Elles sont de ce fait difficilement détectables. Espèce remarquable signalée uniquement et très récemment dans la réserve naturelle régionale de Vigny-Longuesse (95) (V. Hugonnot, 2012), elle demeure très rare dans le bassin parisien et en Haute-Normandie. L’espèce a été observée sur quelques cm² sur un bloc de craie dans un contexte ombragé au lieu-dit Les Louises, sur la commune de Haute-Isle. Il est fort probable qu’elle soit plus dispersée sur l’ensemble des coteaux et plus particulièrement dans les creux et les talwegs.
Conclusion
67 espèces de bryophytes (4 hépatiques et 63 mousses) ont été recensées dans la réserve naturelle national des coteaux de la Seine, avec comme principal intérêt les pelouses xériques à Astragale de Montpellier, les affleurements rocheux xériques (pinacle), les talus crayeux, les affleurements rocheux frais à humides en contexte ombragé, les tonsures des pelouses et les sources calcaires. A noter le caractère indicateur du bon état de fonctionnement des pelouses non ourléifiées avec des espaces mises à nus, lorsque l’on trouve les bryophytes en abondance.
La grande originalité de la réserve porte sur le talus crayeux, puisqu’il héberge la plupart des espèces remarquables du site parmi lesquelles nous pouvons citer : Seligeria acutifolia et Gymnostomum
viridulum.
Ce premier bilan montre la grande richesse de la réserve, d’autres inventaires permettraient assurément de faire d’autres découvertes.
Bibliographie
Casas C., Brugués M., Cros R.M., Sérgio C. 2006. Handbook of mosses of the Iberian peninsula and the Balearic islands : illustrated keys to genera and species. Institut d’estudis Catalans. Barcelona. T1 347p., T2 177p.
Filoche S., Arluison M., Bardet O., Boudier P., Fésolowicz P., Giraud J., Leblond S., 2016. Catalogue des bryophytes d’Île-de-France, CBNBP/MNHN. Version 1.0. 57p.
Gaume R. 1964. Catalogue des Muscinées des environs de Paris. Revue bryologique et lichénologique de France. 3 Vol. 714p
Grolle, R. & Long, D.G. 2000. An annotated checklist of the Hepaticae and Anthocerotae of Europe and Macaronesia. Journal of Bryology, 22: 103-140.