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Recherches archéologiques dans la région d’Aix-en-Provence

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Recherches archéologiques dans la région

d’Aix-en-Provence

Fernand Benoit

To cite this version:

Fernand Benoit. Recherches archéologiques dans la région d’Aix-en-Provence. Gallia - Fouilles et monuments archéologiques en France métropolitaine, Éditions du CNRS, 1954, 12 (2), pp.285-300. �10.3406/galia.1954.1391�. �hal-01924465�

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RECHERCHES ARCHEOLOGIQUES BANS LA RÉGION D'AIX-EN-PROVENCE

par M. Fernand Benoit

1. — Les fouilles d'Entremont en 1953-1954*

La fouille dos campagnes 1953-1954 a porté sur les insulae bordant au S. cl, au N. la rue XVIT 2, à la limite de la parodie 3407 occupée par l'Aviation (.fig. 1). Elle a permis de reconnaître deux niveaux, très rapprochés par la date et de mettre au jour un édifice religieux en rapport avec le «culte des crânes » .

Le premier niveau de cette rue, à quelques centimètres au-dessous des fondations des cases, est marqué par un petit cailloutis, tassé, analogue à celui de la «voie sacrée» où avait été trouvée la statuaire (3407). A ce niveau quelques menus fragments de poterie campanienne et indigène contrastent par leur fractionnement avec la quantité de vaisselle et de dolia qui

recouvrent le niveau le plus récent, daté de la destruction de 123.

La prospection des fonds de cases avec le détecteur de mines, difficile parce que celui-ci est un instrument sensible à la céramique et au métal et n'a pas d'action au delà de 40 cm environ1, a permis de découvrir à l'angle de la case XX 3, un silo creusé dans le gypse (prof. 1 m; diam. 0m60 env.), dont la paroi était revêtue de plaques de calcaire cramponnées avec des clous de fer. Il paraît appartenir à la première époque de l'habitat, établi sur le lit du rocher, irrégulier, et avoir été obstrué par le comblement de terre sur lequel reposent les murs de la case, à. 0m,15 environ au-dessus du roc. Au haut du silo, masses de fer (marteau), pointes de javelot et de flèches de fer; sur le sol du premier niveau et dans le silo, cent oboles de Marseille (tête à gauche),

(*) Cf. Gallla, V-1947, p. 81 et suiv. Assistant aux fouilles: R. Ambard.

(1) Le Prof. Canac, directeur du Centre de Recherches Scientifiques de Marseille, a mis au point un détecteur, dont, la sensibilité permettra une prospection plus profonde.

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Fig. 1. — Plan el profils straligraphiqucs des fouilles dans le quartier du Sanctuaire, suivant Ai> et CD du plan de dégagement de la parcelle 8408 {Relevé de 11. Amlxird).

Alî. 1, 2 : Mur nord de la case XX 3 avec vestiges (c) du mur antérieur. •— d : 2e niveau de la case XX 3 recouvrant le silo; d' : niveau antérieur de la case. — b : Niveau acluel de la rue XVII 2; t/ : niveau antérieur. — 4, 5 : Sondage à l'extrémité N. de l'impasse. — 5, 6 : Masse de terre et de pierre bornant au nord les cases des îlots XIII et XVI et établie sur les vestiges d'un large mur antérieur. — 6, 7 : 2e niveau de la case XII 2. — 7, 8 : Niveau primitif de la case. — 9 {a) : Sondage à la base du mur bordant au S. la case XII 2 (débris d'amphores italiques, jarres, campanienne, poterie cloutée). — s 10, 11 (en pointillé) : Niveau de la Voie Sacrée au-dessus du cailloulis antérieur.

CD. a : Niveau antérieur de la case XII 2; af : 2e niveau (abondante poterie, amphores, jarres, campanienne, indigène). Couche cendreuse sur toute la superficie.

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FOI JILLHS D'ENTREMONT 287 deux drachmes (2 gr, 5 déc. 2 cent, et 2 gr, 4 déc. 7 cent.) au lion arqué ; trois deniers du type sans monogramme, des environs de 200 av. J.-C, intéressants pour le synchronisme du monnayage massa liète : 1 quinaire au type de la déesse Rome à droite et au revers des Dioscures, avec légende Roma et fer de lance vertical (type 240-197), et 2 Vicloriats : tête de Jupiter et au revers Victoire couronnant un trophée, l'un avec la truie au pied de la Victoire et

légende de Rome, de 240-197 av. J.-C. (M. J. Babelon).

Fig. 2. — Quartier du sanctuaire. La voie (2e niveau) devant la salle hypostyle.

Fig. 3. — Coupe transversale de la Voie Sacrée à l'alignement du trou du poteau «2 faisant apparaître la bordure du rudus. Au premier plan, le

cailloutis du premier niveau. Parallèlement à cette rue, est apparue vers le N. une seconde voie, en direction de la « voie sacrée » de la parcelle 3407. Elle est bordée au S. d'édifices d'un type particulier qui révèlent une réfection antérieure à la

destruction de 123 (fig. 2). La poursuite de ce dégagement vers le N.-E., permettra de préciser le plan général de ce remaniement. La rue est actuellement comprise entre deux alignements de constructions, distants d'environ 8 mètres : cases

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288 FEHNAND BENOIT

nu N.-O., datant de la première époque; salle hypostylc surélevée au S.-E., datant d'une réfection à une deuxième époque. Le sol de la rue de la premiere époque, pavé de cailloutis tassé, est conservé sur une largeur de 4m, 10 ; il présente un alignement de trous de poteaux — peut-être pour des auvents — qui avaient été recouverts par l'exhaussement du niveau de ce secteur à la deuxième époque ; vers le N.-O., à proximité du mur d'une case, foyer d'argile avec cendres. — La poterie, très fragmentée, trouvée sur ce sol et celle qui a été retirée de plusieurs sondages faits en bordure de la salle hypostylc est représentée par la eampanienne à argile rose et la poterie à paroi fine, à décoration pointillée ou cloutée, remontant au milieu du 11e siècle av. J.-G.

A une seconde époque, très proche de la première, le sol a été exhaussé et mis au niveau de celui de la rue XVII, légèrement surélevé par suite de la déclivité naturelle vers le N. ; cette transformation du quartier a fait

disparaître les constructions qui bordaient le côté S. de la rue. Le sous-sol de la moitié S. de celle-ci, bordée de deux alignements de pierres, était constitué par

un véritable rudus, composé de fragments de pierre calcaire, ayant des traces de taille, parmi lesquels un fragment de statuaire, présentant sur une face, le départ d'un cercle en relief, peut-être un clip eus, avec deux bandes en retrait (dimension de la partie aplanie de la pierre sculptée : long. 0,36; larg. 0,31); ces blocs de pierre, disposés sans ordre et parfois de champ, mélangés à des fragments de dolla, appartiennent à des édifices de grande proportion, détruits et utilisés comme matériau (fig. 3 et 4).

Les constructions qui bordent celte voie, au Sud, présentent également le remploi de blocs en grand appareil, fractionnés, et un alignement de piliers légèrement pyramidaux, appartenant à un portique, dont deux présentent des sculptures sur la tranche regardant la rue :

de l'E. à l'O., pilier de pierre calcaire, brisé au milieu (long. 2,58 ; larg. (face sculptée) 0,37/34 (fig. 2, à g. et fig. 5) ; ép. 0,46), orné de 12 « têtes coupées » piriformes, traitées en chainplevé, de façon stylisée, les yeux marqués par une incision horizontale qui rejoint celle du nez triédrique ; la bouche n'est pas indiquée ; au bas de la pyramide, tête inversée ;

pilier de pierre de Bibemus, de couleur jaunâtre (carrière d'Aix), (long. 2'», 32 ; larg. 0,40/33 ; ép. 0,43/39) ;

pilier de pierre calcaire (long. lm, 24 ; larg. (face sculptée) 0in, 47 ; ép. 0m ,47/40), orné d'un signe serpentiforme, d'une ondulation sèche (long. 0in, 65), sans doute un serpent dont la tête triangulaire est écaillée (fig. 2, à dr.) ;

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FOUILLES D'ENTREMONT 2S0

a.

a f

Fig. 4. — Entremont. Sondage de la voie du sanctuaire; en haut, plan; en bas, coupe. a : Trou de poteau («2 du plan d'ensemble). — b : Cailloutis. — c : Chaîne de pierres bordant au N. le rudus de la Voie Sacrée établi sur le cailloutis b. — d : Deuxième bordure antérieure à la bordure c. — df : Chaîne de pierres limitant au S. le rudus de la case XII 2. — h : (fig. 2) Remblai établi sur le sol rocheux f et soutenant le mur g. la Voie Sacrée. — e : rudus de la Voie Sacrée. — - / ; Sol rocheux. — g : Mur N. de constructions antérieures. L'espace compris entre d et le mur g, contient des débris de poterie (amphores à vin italiques, indigène, fragments de poterie cloutée). L'espace compris entre d et d' est remblayé avec des pierres provenant de Sur le plan, à droite : en haut salle XII 2, en bas salle XII 1 (salle des crânes).

Cet alignement, d'une longueur totale de 7m,62, se prolonge vers le S.-O., dans le terrain militaire (3407).

La tranche supérieure des trois premiers bloos présente des traces

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290 FERNAND BENOIT

Fig. G. — Fragment de linteau creusé d'alvéoles céphalif ormes sur les deux faces. (La face décorée d'une « télé coupée » était tournée vers le haul, dans sa position de remploi). Les tètes sont représentées sans l'indication

de la bouche.

Fig. 5. — Pilier décoré de douze « tètes coupées », dans sa position de remploi.

(Voir fig-. 2, p. 287).

d'une porte à laquelle correspondrait à lin,25, une profonde cupule (din.ni. 0m,12; prof. 0ni,05), qui serait une crapaudine; l'arête de ce seuil présente de l'usure; l'extrémité opposée des 2 blocs suivants porte nettement les traces d'une entaille rectangulaire de 0m,36 de longueur, pour l'assise d'un pilier à la jonction des deux blocs du stylobate.

La tranche supérieure de ces piliers, élevée au-dessus du sol de la rue de la deuxième époque, de 0m,30 environ, correspond au niveau d'une salle spacieuse, large de 5m,02 (mesures intérieures) et dont la longueur (elle dépasse 8 m) ne peut être connue. Vers le milieu, apparaît un alignement de dalles, dont les deux premières émergent au niveau du sol, probablement supports de poteaux : dalle rectangulaire à l'O. en calcaire, pilier en pierre de Bibemus (long. lm, 32 ; larg. 0m, 35), et au-dessus du sol, vers l'E., fragment de linteau, dont la face sculptée était tournée vers le ciel (long. 0m,72; larg. 0m43; ép.

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FOUILLES D'ENTREMONT 291 O\ 36). Cette face est ornée, au centre, d'une tête coupée (fig. 6), sans bouche, détourée par une gorge (haut. O\ 255), d'un type analogue à celle du pilier ; elle est encadrée de deux entailles céphaloïdcs, piriformcs, dont l'une à droite, brisée par la cassure du linteau (dimensions: haut. 0m,21 et 0m,22; prof. 0m,06 et Om,ll) ; la face postérieure porte deux entailles analogues, l'une inachevée (haut. 0m,18; prof. max. 0m,05) et l'autre terminée par une coupure droite vers le haut (haut. 0m,18; prof. Om,ll). En outre, la partie haute de la face sculptée et l'extrémité de la tranche supérieure du linteau portent des incisions linéaires figurant des raies parallèles très usées pour la première, et pour la seconde, un double encadrement enfermant des losanges, dont la technique rappelle celle des « scapulaires » des « dieux accroupis » de Roquepertuse.

A des niveaux différents, et en position inclinée, ont été recueillis d'importants fragments (ïopus signinwn, d'argile tassée, friable, décorés

d'alignements de petits cubes de pierre calcaire blanche et de pierre noire (irréguliers de 0m,005 à 0m,01 de côté). Bouleversement des travaux agricoles ou

écroulement de l'étage de l'édifice ? La composition de ce béton, différent de ceux des villae gréco-romaines d'Ampurias, datés de l'époque de César, permet de lui

donner une date antérieure à 1,23 2, que confirment la céramique et la destination de la salle hypostyle. Sur le sol de la salle et de la rue de deuxième époque, fragments de fer de pilurn, boulets de basalte (diam. 0™, 15/20), petits bronzes massalièles au taureau et très nombreux fragments d'amphores appartenant aux deux types italiques reconnus dans le gisement sous-marin de Marseille 2bls :

amphore italique (type I de Dressel), à col élevé et lèvre droite ou concave avec gorge (haut: 0m,04), en pâte rouge, très (mite avec granulations noirâtres; un col avec marque en relie! CL- FE, dans cachet rectangulaire (0m,024 xOm,13) ;

amphore gréco-italique, à panse en forme de toupie et épaulement, lèvre inclinée parfois très étroite (0m,02), pied terminé par un empattement, en pâte allant du jaunâtre au rouge, avec incrustation de dégraissants et de tiiileaux rouges; un bas de panse avec marque en relief T (haut.: 0m,012), dans cachet circulaire en creux de 0m,022 diam., analogue à une marque du Gayla de Mail- hac 3 et très voisin d'un cachet circulaire d'une amphore de Roquepertuse.

Le mur E. de cette salle repose sur de larges substructions qui se

retournent à angle droit et délimitent une seconde salle, dont le niveau plus élevé (2) Ci'. Fr. Winter et E. Pernice, Die hellenisUche Kunsl In Pompai (Pavim. und fi gui. mos.), Berlin, 1938.

(2&'«) Cf. F. Benoit, Amphores et céramiques de l'épave de Marseille, in G allia,. XiI-1954, 1, j). 37, fig. 2, nos III el, IV.

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21)2 KUHNANI) BUNOIT

est marqué par une épaisse couche de cendres avec ossements d'animaux, céramique campanienne, fragments d'amphores et houlcts de lithobole romain.

Les deux édifices, d'un appareil différent de celui des insulae

précédemment fouillées, révèlent une reconstruction hâtive, dans laquelle sont entrés des remplois d'éléments d'architecture de grande proportion, dont on retrouve les fragments dans le rudus de la rue. Ils se sont insérés dans le quadrillage (.ï insulae , dont les ruelles transversales (îlot XVI) ont été coupées par le nouvel édifice (Gallia, XI, 1958, p. 106).

L'élargissement de la rue exhaussée, qui a comblé les trous de poteau de la première époque, formant une sorte de place de plus de 8 m de largeur, semble indiquer que ces édifices avaient une importance religieuse ; celle-ci est attestée par la découverte d'une quinzaine de crânes au niveau du sol de la salle hypostyle et de la voie, particulièrement au pied des piliers remployés, — découverte qui confirme la datation préromaine de cet ensemble. Les cranes, qui ont subi l'action des eaux d'infiltration, sont en mauvais étaf et incomplets ; aucun ossement ni aucune vertèbre cervicale n'ont été trouvés avec eux. L'identification de huit d'entre eux montre qu'ils

appartenaient à des individus d'âge différent dont six ayant dépassé 40 ans, d'après le degré d'ossification des sutures de la calotte (table du Professeur Vallois) 4. Trois portent des trous de percement pour l'enclouage ou la suspension, vers le haut du crâne, sur le frontal gauche. L'un, peut-être de femme, âgé de 50 ans, est percé d'un trou carré de 0m, 04 de côté avec traces de rouille ; le clou de fer (long. 0™, 225), à tête convexe (diam. 0m, 035) a été retrouvé dans le crâne (fig. 7). L'autre appartient à un homme de 30 à 40 ans ; le trou, en moins bon état, présente également des traces de rouille. Des fragments d'autres calottes paraissent avoir été percés de la même façon. Un autre révèle un mode de suspension différent : le côté gauche du frontal, seul retrouvé, porte vers le milieu deux petits trous circulaires de 0™, 005 de diam., distants de 0m, 10, analogues aux trous de suspension des céramiques pour le passage d'une attache. Leur indice, dolichocéphale, est sensiblement différent des crânes des tombes grecques de la nécropole de Marseille et d'Ampurias.

Ce rite est connu par plusieurs exemples, qui révèlent une signification différente, mais également religieuse : le crâne encloué du Puig Gastelar, oppidum de la région de Barcelone, trouvé au pied du rempart5, comme les squelettes et le crâne d'enfant déposés face à l'ennemi dans des caissons à l'inté-

(4) L'étude a été confiée à Al. R. Charles et au professeur Ollivier, qui avec l'assistance du Dr. Aubert, étudie le mode d'enclouage du crâne.

(5) Crâne au musée de Barcelone, percé d'un trou rond, légèrement écaillé, en haut du crâne, à l'extrémité postérieure du frontal, côté droit, clou à tète carrée : Ampurias, IV, 1942, p. 103.

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FOUILLKS JVENTKEMONT 293 rieur du rempart de Y oppidum de l'Impernal à Luzech c, du milieu du 11e siècle av. J.-C, ont une valeur apotropaïque. L'enclouage du crâne, dans les sépultures signalées dans le Nord de l'Espagne, à l'époque antique 7, et en Gaule,

Cliché II. Ely. Fig. 7. — Crâne encloué d'un individu de 50 ans trouvé sur le sol la

Voie Sacrée.

du Bas-Empire à l'époque barbare8, paraît obéir à la crainte superstitieuse du mort et à la peur du vampire. L'âge relativement avancé de certains de ces crânes, déjà noté à Roquepertuse 9, remplacement du local où étaient conser-

((5) A. VruÉ, Les opjiida du Quarry, Bull. Soc. lit. LUI. du Loi, Culiors, 1936.

(7) II. ObkkiMAïku, LeichcnnatjelwKj in AUspcmien, m Festschrift P.W. Schmidt, 1928, p. 493; cité par R. Lantiek, Bull, arch., 1943-45, p. 395.

(8) Ad. Blanchet et R. Lantier, Crânes percés de clous, ibid., p. 391.

(9) Quatre fragments identifiables appartenaient à des sujets jeunes el robustes, âgés de 30 à 40 ans, de 35 à 40 et de 35 à 45 : H. de Gérin-Ricaud, Le sanctuaire préromain de Ro~ queperiuse (Centenaire Soc. Stat., Marseille, 1927), p. 23.

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294 FERN AND BENOIT

vos ces « trophées », associés sur un linteau avec une effigie sculptée, au centre de la ville, apportent un élément nouveau pour la signification religieuse du «culte du crâne», dont la fixation avait pour fin de conserver l'esprit du défunt.

Crane d'ennemi décapité, dont la force vitale avait été mise au service de son vainqueur, ou relique des ancêtres ? L'cnclouage, qui paraît avoir été fait

sur une tête fraîchement séparée du tronc, donc avant décharncment et probablement momifiée, illustrerait ainsi, dans ce cas particulier, la description de la coutume barbare des Salyens, qui nous a été rapportée par Diodore de Sicile et Strabon.

11. — Le plan de la colonie d'Aix.

Trois découvertes permettent de préciser le périmètre de la colonie et l'orientation du cardo :

1) Le rempart occidental, précédemment signalé 10, a été retrouve plus au Sud, dans le clos Notre-Damc-de-la-Seds, à l'O. de la route d'Avignon. 11 a ainsi été reconnu sur une longueur de 110 m environ; arasé vers le N. du clos, où il est à, peu de profondeur, il est, au contraire, mieux conservé (fig. 8) vers le milieu jusqu'au Sud, où il a plus d'1 m de hauteur (7 à 8 assises, dont deux pour le socle). D'une largeur de 2m,20, il présente un petit appareil smillé, régulier (moellons de 0m, 10/20 long, et 0m,08/14 haut,), reposant sur un socle en forte saillie (0in,12). Au Sud, il faisait retour vers l'E., en direction de la «Porte d'Italie», par où pénétrait la voie romaine venant de Fréjus (la porte monumentale, en demi-lune, a été arasée à la fin du xvnr siècle) ; le tracé du front sud était encore visible, au début du xixe siècle, sous la

traverse de l'Aigle d'Or (rue Irma M or eau) n.

La délimitation vers l'Est et le Sud de la colonie romaine, a l'époque d'Auguste, permet ainsi de réviser le plan d'Aix qui se rapproche, par le

périmètre de son enceinte (env. 4.000 m) des grandes cités augustéennes de la vallée du Rhône et de la Saône (fig. 9) 12. Son arasement à une date ancienne, sans doute par suite des troubles politiques du ve siècle, fut si radical, que son alignement disparaîtra dans le tracé des chemins de ce quartier, revenu à l'état agreste, au Moyen Age. Il se peupla d'habitations grossièrement établies sur des ruines, au Bas Empire. Le sol d'une case, avec béton de chaux assis sur la tranche arasée du rempart, au Sud de la fouille, a donné un petit

(10) Cailla, XI-1953, p. 107. (11) F.O.R., V, p. 73.

(12)

FOUILLES D'A1X-EN-PROVENCE 295

Wïêê0è$^W^%.

Pig. 8. — Aix-cn-Provence. Parement intérieur du rempart Ouest de la colonie. . 4 «w* s: # liché IL Ely. bronze, 1res usé, de Constance II (t 361). A 55 m h l'E., des sondages ont mis au jour, à fleur de terre, des restes de construction au sol bétonné, avec canalisation de pierre. Nombreux tessons de céramique grise estampée, dite édifices, et sans doute de 1' am phi théâtre, dont les arcades étaient visibles au « wisigolhique », du ive-ve siècle, rencontrée, pour la première fois, à Aix, L'habitation de ce «quartier chrétien» entraîna la disparition de grands début du xviP siècle. Il avait servi de carrière de pierre jusqu'au moyen age. De grands parpaings, régulièrement taillés (lm,30 X 0m,60 X 0m,41) avec trous de scellement, parfois avec mouluratiori, ont été trouvés aux abords de la partie Sud du rempart, quelques-uns en remploi. A l'Est, près de la canalisation ci-dessus signalée, était, en remploi, dans un mur, une pierre, en grand appareil, sculptée sur une face de peltes et de boucliers, ayant appartenu, sans voussoir orné d'un simpulum et un fragment d'entablement avec cuirasses, boucliers et glaives, trouvés en 1843, dans le même enclos, lors des fouilles de Rouard, à quelque 100 m au S.-E. 13. doute, à un arc de triomphe; il faut en rapprocher deux grands blocs, un (13) Espérandieu, Recueil Bas-Reliefs, I. 100 et 101; F.O.R., V, p. 72.

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LE- IS OCTOBRE ft i. sue

Relevé F. Benoit et R. Ambard. Fig. 9. — Plan de coordinalion des découvertes archéologiques d'Aix, donnant la reslitulïon provisoire du Iracé de la colonie.

(14)

FOU I LLIOS D'A IX-ttN-PHOV 207 La continuation de la même tranchée a permis d'extraire d'un mur un autel votif, en pierre de Bibemus (fig. 10), de basse époque, creusé d'une cavité circulaire peu profonde pour les libations, à sa face supérieure, et

représentant, debout dans une niche rectangulaire, une Abondance ou une Déesse-mère, drapée, le voile relevé sur la tête au-dessus d'une couronne de cheveux; elle

tient, de la main gauche, une corne d'abondance et présente, de la droite abaissée, un attribut indéterminé, sans doute une patère 14.

Cliché II. Ely.

Fig. 10, — Autel votif (haut. : 0^,40; larg. : Fra. 11 (en haul). — Masque scénique. Acro- 0m,20; 6p. : 0m,15), remployé dans le « quar- 1ère, en pierre (haut: : 0m,50; larg. : 0m,55: lier chrétien » d'Aix, pierre de Bibemus. ép. : 0m,32).

Fig. 12 (en bas). — Chapiteau du Bas-Empire, en pierre (haut. : 0m,25; larg. de l'abaque : 0m,45).

A une époque plus tardive, le quartier servit de cimetière. Adossées à l'intérieur du rempart, ont été trouvées deux sépultures sous tuiles, orientées N.-S.,

(14) Cf. à Aix mémo la pose d'une s la lue d' Abondance, en marbre, probablement, de provenance locale (Espèiïaxdteu, ITI, 2483; F.O.R., V, p. 89 (coll. Sallier).

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208 FEKNAND BKNOiT

dont l'une avait son coffrage fait de dalles de marbre en remploi et de deux fragments d'épitaphcs :

...(V) ol(Hnia) / ...vir

(haut, : 0m, 14 ; long. : 0m, 23 ; ép. : 0m, 06 ; haut, des lettres : lre l. : 0m, 06 ; 2fi L : 0m, 04), et une inscription du Bas Empire, datée du consulat d'Opilio :

...Opeliones v.../ ...n

(long. : 0m, 17 ; haut. : 0m, 09 ; ép. : 0m, 007 ; espace entre lu ln"ligne et la 2 : 0'", 08).

La date tardive de cette inscription, attestée par la substitution de l'E à l'I, et mentionnant le consulat d'Opilio^ sans doute, en 524 lr>, concorde avec celle des épitaphes chrétiennes datées qui viennent de ce cimetière : l'évêque Basi- lius, élu lors du rétablissement de l'évêché, en 475 (f 494), Adjutor et Destria- nus (début vie siècle) 1(î.

C'est également à un remploi, qu'il faut attribuer un masque scénique de pierre, formant acrotère, assis sur une tablette (fig. 11), trouvé à — lm,50, sous la route de Bcrre, à hauteur de la conciergerie, près l'entrée de la chapelle de N.-D.-de-la-Seds, à quelques mètres à l'Est du passage supposé du rempart. L'expression singulière de la tête juvénile, encadrée de boucles en «virgule», la bouche et les yeux, profondément creusés d'une cavité circulaire, permet de rapprocher cet acrotère d'un masque de marbre également aixois, aujourd'hui au musée d'Avignon 17, d'un acrotère de tombeau de Marseille et de celui de Glanum ls, à l'expression volontairement effrayante. La pupille profondément creusée, est entourée de l'annelet circulaire en relief de l'iris, lui-même dé- touré dans le globe de l'œil : cette technique est caractéristique des reliefs du Bas-Empire, en Provence (tête du Lubéron 19, stèle à portrait de Zosime, au musée Borély20), et se retrouve dans l'un des acrotères de Ghorey, en Bourgogne 21. Décoration de tombeau, ayant une fonction apotropaïque, analogue à celle des têtes de Méduse.

Ainsi apparaît l'histoire de ce quartier, la « Ville des Tours » ou ville inférieure, appartenant à l'évêque au moyen âge, indépendante du castrum éta-

(15) Cf. les inscriptions d'Opilione et Vpilione cons. (524), à Vienne, p. c. Opilionis à Lyon (454 ou 525), peut-être Opilio, à Arles : Le Blant, Inscrip. chrét. Gaule, nos 435, 694, 57, cf. 695 et Suppl., n° 106.

(16) C.I.L., XII, 591, 590 et 592; F.O.R., V, p. 76, 1 à 3. (17) Esi'érandïeu, III, 2498; F.O.H., V, p. 80 (coll. Sallier). (18) Espékandieu, I, 109; XII, 7861.

(19) Ibid., Ill, 2556.

(20) Ibid., 1, 75. Cf. sur cette technique F. Benoit, Sculptures d'art provincial au Bas Empire, en Provence, Provence Historique, I, 1950, p. 20.

(16)

FOUILLES D'AIX-EN-PROVENCE 299 bli à l'Est de la colonie, à l'emplacement de l'ancien castellum de G. Sextius Galvinus ; quartier de grands édifices publics sous le Haut Empire, ruinés sous le Bas Empire, où fut, sans doute, transférée l'église épiscopale entourée de son cimetière, au ve s. et qui fut à, nouveau abandonnée, au haut moyen âge.

Au Nord, les travaux de construction du lotissement des Castors, à peu de profondeur, au dehors de l'enceinte, ont exhumé un petit chapiteau de pierre, de style composite, avec deux rangs de feuillage épannelé et des volutes angulaires, dont la spirale est remplacée par un cercle incisé, du ive siècle (fig. 12).

2) L'établissement d'un réseau électrique souterrain, dans la rue Paul Bert (ancienne rue Saint-Laurent) a mis au jour une voie dallée, à — 1 m sous la rue, au N.-E. du beffroi de l'Hôtel-de-Ville. La voie, pavée de grandes dalles d'lm,50 à 2 m de long., soigneusement juxtaposées avec joints obliques et percées de trous de louve, mesure 5m,75 de largeur; elle est comprise entre deux trottoirs (haut.: 0m,15), dont ne subsiste qu'un fragment de l'élément de l'Ouest. Le bord extérieur de la chaussée avait été entaillé par l'assise des trottoirs (fig. 13).

La direction de la voie S.E.-N.O., dans l'alignement de la « Porte d'Italie » au Sud, et vers le Nord de la façade Ouest de l'édifice romain de la cathédrale, permet de l'identifier au cardo de la colonie. Un segment de cette voie avait été signalé dans les caves des immeubles du côté Est de la rue Gaston de Saporta, dont l'alignement avait empiété sur la voie romaine22. Les mêmes travaux ont mis au jour, sur le côté Sud de la rue Paul Bert, à l'Est de cette voie et au-dessous de son niveau, un mur en grand appareil, avec bossage, orienté E.-O., qui correspond, peut-être, à l'enceinte du castellum de 122.

3) L'alignement de cette voie, qui paraît s'infléchir vers l'Est, après sa rencontre avec le decumanus (rues Gellony et du Bon Pasteur), a donné son orientation au réseau d'anciens chemins et aux limites de propriétés du quartier nord d'Aix, non repeuplé au Moyen Age (Ville des Tours). L'ouverture d'un collecteur, route de Puyricard, a permis de retrouver cet alignement par le dégagement du stylobate occidental (long. : 4m, 15), en grand appareil, d'un édifice tétrapyle, probablement un mausolée, à — lm,25 sous le niveau de la route. Des déblais a été retiré l'angle d'un petit fronton de pierre, orné de den- ticules (long. : 0m,34 ; haut. : 0m,34) avec départ d'acrotère à palmettes.

Au Sud, ont été mis au jour deux coffrages de pierre, dont l'un contenait une urne cinéraire de marbre, de forme circulaire (tessère anépigraphe) avec

(17)

300 FERNAND BENOIT

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marbre (haul, avec, le couvercle : 0"',40; diain. : ()'".2.'n du cimetière dc la roule de Puy-

ricard.

Pig. 13. — Dallage du cardo de la colonie, rue Paul-Bert.

Cliché H. Ely.

son couvercle orné d'iinbrien lions (fig. 14); ù l'intérieur, cendres calcinées, sans objet mobilier (haut,: 0m,40; diam.: 0m,25).

Ce cimetière était adossé à l'Est à la colline rocheuse; une découverte antérieure23, sur la même route, en face la chapelle de l'Hôpital, à 100 m environ au Sud, permet de préciser son périmètre. 11 bordait la voie des Alpes, au sortir de la porte Nord de la colonie, située à hauteur de la traverse de l'Hôpital sans qu'il soit possible encore de situer de façon précise

l'alignement Nord de l'enceinte (fig. 9).

Fern and Benoît. (23) Sl.èle d'Kufwdius, Cailla, Vl-1948, p. 209.

Figure

Fig. 1.  — Plan el  profils  straligraphiqucs des  fouilles dans  le  quartier du Sanctuaire, suivant  Ai>  et  CD  du  plan de  dégagement de  la  parcelle 8408  {Relevé  de  11
Fig.  2.  —  Quartier  du  sanctuaire.  La  voie  (2e  niveau)  devant  la salle hypostyle
Fig.  4.  —  Entremont.  Sondage  de  la  voie  du  sanctuaire;  en  haut,  plan;  en  bas,  coupe
Fig.  5.  —  Pilier  décoré  de  douze  «  tètes  coupées  »,  dans  sa  position  de  remploi
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