AV R I L 2 0 1 9 / / / N ° 3 4
Par Mathieu Brunel (DREES) et Amélie Carrère (DREES et Ined)
La perte d’autonomie
des personnes âgées
à domicile
Grâce à l’enquête Vie quotidienne et santé (VQS) réalisée en 2014, la perte d’autonomie des personnes âgées vivant à domicile peut être comparée entre les départements français (hors Mayotte), pour divers indicateurs de limitations fonctionnelles, restrictions d’activité, ou recours à des aides professionnelles ou de l’entourage.
Dans l’Ouest de la France (Bretagne, Pays de la Loire, Centre-Val de Loire), jusqu’aux départements de l’Ouest de l’Ile-de-France, les prévalences de la perte d’autonomie à domicile sont faibles. Elles s’accompagnent d’un faible recours à l’aide professionnelle et de l’entourage. À l’inverse, les départements ultra-marins, le nord et le nord-est de la France, et une grande partie de la moitié sud de la France combinent de fortes prévalences de la perte d’autonomie à domicile et un fort recours à l’aide. Les limitations cognitives sont plus fréquentes dans les départements du sud, alors que les prévalences des limitations physiques sont plus élevées dans le nord et le nord-est
de la France.
Ces disparités de besoins et de recours à l’aide peuvent être liées à l’offre proposée sur le territoire pour prendre en charge la perte d’autonomie. Les territoires où le taux d’équipement en établissements est faible ont une prévalence des incapacités à domicile forte. Les départements où l’aide professionnelle à domicile est importante sont aussi ceux où les besoins sont élevés.
La perte d’autonomie
des personnes âgées
à domicile
Quelles disparités
entre départements ?
Avril 2019 /// Nº 34La perte d’autonomie des personnes âgées
à domicile
3
> Mathieu Brunel (DREES), Amélie Carrère (INED, DREES) 3 Des territoires marqués inégalement par la perte d’autonomie à domicile 6 Des disparités de perte d’autonomie liées au contexte socio‐ économique et d’offre sur le territoire 24 Conclusion 31 Bibliographie 33 Annexes 35 Annexe 1 ‐ Mesures de dispersion chez les 60 ans ou plus 35Annexe 2 ‐ Régressions linéaires des prévalences départementales de l’indicateur GALI, des limitations
fonctionnelles physiques et cognitives 36
Annexe 3 ‐ Quartiles des rangs chez les personnes âgées de
60 ans ou plus 37
Annexe 4 ‐ Quartiles des rangs chez les personnes âgées de
75 ans ou plus 40
La perte d’autonomie
des personnes âgées
à domicile
Quelles disparités entre départements ?
Mathieu Brunel (DREES), Amélie Carrère (INED, DREES)
Les collectivités locales ont en charge l’aide et l’action sociales en direction des personnes âgées en perte d’autonomie. Ces politiques peuvent influencer, de façon directe, l’offre d’aide à destination des personnes âgées mais aussi, indirectement, la demande d’aide ou le besoin que ce soit à domicile ou en institution : en effet, les départements orientant leur politique gérontologique vers le domicile, notamment avec des financements plus grands de la prise en charge ou une meilleure offre de service, peuvent induire un besoin plus fort à domicile lié à un moindre recours à l’institutionnalisation. Pour la première fois, une enquête nationale permet de dresser le portrait de la population des personnes âgées de 60 ans ou plus vivant à domicile, et notamment leurs conditions de santé et d’autonomie, département par département (voir encadré 1). L’enquête « Vie quotidienne et santé » (VQS) a été menée à la fin de l’année 2014 et au début de l’année 2015 auprès de 166 800 personnes vivant à domicile en métropole et dans les départements d’outre‐mer (hors Mayotte). Sans pouvoir affiner l’analyse jusqu’à l’échelle départementale, la précédente enquête VQS de 2007 avait déjà permis d’identifier des disparités régionales de dépendance (Midy, 2009). Les (anciennes) régions pour lesquelles la prévalence des limitations fonctionnelles était la plus élevée étaient alors la Guyane, la Réunion, la Champagne‐Ardenne, la Picardie, le Nord, le Limousin, l’Auvergne et la Guadeloupe. C’est en Île‐de‐France, Basse‐Normandie, Bretagne, Pays de la Loire, Alsace et Rhône‐Alpes qu’elle était la plus faible.
L’enquête VQS 2014 permet d’identifier le même type de profils de territoires mais le niveau plus fin d’analyse révèle aussi des cas plus atypiques. Bien que le questionnaire soit court, il couvre différentes dimensions de la perte d’autonomie : les trois types de limitations fonctionnelles (physiques, sensorielles et cognitives), les restrictions dans les activités et l’aide reçue. Ces différentes dimensions sont synthétisées en une mesure unique, dite « score VQS », permettant ensuite de distinguer au sein de la population vivant à domicile quatre groupes de seniors, dits « groupes VQS », allant du groupe I (les
seniors les plus autonomes) au groupe IV (les seniors très dépendants)1. Ces indicateurs construits et présentés dans ce dossier sont détaillés dans l’encadré 1.
Encadré 1 • L’enquête Vie quotidienne et santé (VQS)
Conçue par la DREES et réalisée par l’Insee en fin d’année 2014 et au début de l’année 2015, l’enquête VQS permet de décrire les difficultés rencontrées par les personnes âgées vivant à domicile pour réaliser des actes de la vie quotidienne.
Les 24 questions posées lors de l’enquête dégagent différents types de limitations fonctionnelles ou de restrictions dans les activités :
‐ Les limitations fonctionnelles physiques repèrent les seniors ayant des difficultés pour marcher, lever le bras, se servir de ses mains ou pour se pencher ;
Les questions mobilisées sont les suivantes « [La personne] a-t-elle des difficultés pour monter un étage d’escalier ou marcher sur 500 mètres ? » ; « A-t-elle des difficultés pour lever le bras (par exemple pour attraper un objet en hauteur) ? » ; « A-t-elle des difficultés pour se servir de ses mains et ses doigts (par exemple pour saisir un crayon ou utiliser des ciseaux) ? » et « Lorsqu’elle est debout, a-t-elle des difficultés pour se pencher et ramasser un objet ? ». Les personnes ayant déclaré « beaucoup de difficultés » ou « ne [pouvant] pas du tout » faire au moins une de ces activités sont considérées comme ayant des limitations fonctionnelles physiques.
‐ Les limitations fonctionnelles sensorielles repèrent les seniors ayant des difficultés pour voir (avec lunettes ou lentilles de contact le cas échéant) ou pour entendre (avec un appareil auditif le cas échéant) ;
Les questions mobilisées sont les suivantes « La personne a-t-elle des difficultés pour voir, même avec ses lunettes ou lentilles de contact si elle en porte ? » et « A-t-elle des difficultés pour entendre ce qui se dit au cours d’une conversation avec plusieurs personnes, même avec son appareil auditif si elle en porte un ? ». Les personnes ayant déclaré « beaucoup de difficultés » ou « ne [pouvant] pas du tout » faire au moins une de ces activités sont considérées comme ayant des limitations fonctionnelles sensorielles.
‐ Les limitations fonctionnelles cognitives repèrent les seniors ayant des difficultés pour se concentrer plus de 10 minutes, pour se souvenir des choses importantes, pour résoudre les problèmes de la vie quotidienne, pour comprendre les autres ou se faire comprendre des autres ;
Les questions mobilisées sont les suivantes « A-t-elle des difficultés pour se concentrer plus de 10 minutes ? » ; « A-t-elle des difficultés pour se souvenir des choses importantes ? » ; « A-t-elle des difficultés pour résoudre les problèmes de la vie quotidienne ? (comme se repérer sur un itinéraire ou compter l’argent) » et « A-t-elle des difficultés pour comprendre les autres ou se faire comprendre des autres ? ». Les personnes ayant déclaré « beaucoup de difficultés » ou « ne [pouvant] pas du tout » faire au moins une de ces activités sont considérées comme ayant des limitations fonctionnelles cognitives. ‐ Les limitations d’activité générales sont mesurées par la question « GALI » (Global Activity Limitation
Indicator, ou « indicateur de limitations d’activité générales ») : « Êtes-vous limité depuis au moins 6 mois, à
cause d’un problème de santé, dans les activités que les gens font habituellement ? ». Les personnes ayant déclaré être « fortement » limitées sont considérées comme dépendantes au sens du GALI (les personnes déclarant ne pas être limitées ou « un peu » limitées sont considérées comme autonomes).
‐ Katz et al., 1963 proposent différentes activités élémentaires (ADL, pour activities of daily living, c’est-à-dire « activités de la vie quotidienne ») avec lesquelles mesurer les restrictions d’activité : « faire sa toilette », « se nourrir », « s’habiller », « se coucher/se lever », « aller aux toilettes ». Seule l’activité « faire sa toilette » est présente dans VQS 2014. Cette ADL capte bien à elle seule l’ensemble des autres ADL. Généralement peu fréquentes, les restrictions ADL représentent les formes les plus sévères d’incapacité approchant la notion de dépendance. Les personnes concernées par ces difficultés ont besoin de l’aide d’une tierce personne régulièrement. Les personnes ayant déclaré au moins « un peu de difficultés » pour réaliser cette activité sont considérées comme ayant une restriction pour se laver.
1
Pour ce faire, un score a été calculé à l’aide des réponses au questionnaire, il est incrémenté de 0 à 12 points selon le degré de difficulté.
Des questions portent également sur les aides reçues par les seniors, ce qui permet de repérer ceux recevant une aide de l’entourage et/ou professionnelle. La question « En raison d’un problème de santé, d’un handicap, ou de son âge, la personne reçoit-elle l’aide de professionnels (infirmier, aide-ménagère…) dans la vie quotidienne ? » permet de détecter l’aide professionnelle reçue (modalités « oui » ou « non ») tandis que la question « En raison d’un problème de santé, d’un handicap, ou de son âge, reçoit-elle l’aide de proches (conjoint, famille, ami…) dans la vie quotidienne ? » permet de repérer l’aide de l’entourage reçue. Nous considérons que les personnes déclarant « un peu » ou « beaucoup » d’aide de l’entourage reçoivent de l’aide d’un proche.
Un score décrivant le degré de dépendance a été construit à partir des réponses au questionnaire VQS. Chaque réponse ajoute de 0 à 12 points au score selon que la modalité représente l’absence de limitation, une faible limitation, une limitation moyenne ou une forte limitation. Ainsi, plus le senior déclare de difficultés1, plus son score est élevé. Ce
score est ensuite divisé par le score maximal possible pour chaque individu, et enfin normalisé : il est compris entre 0 et 100. À l’aide de ce score VQS, chaque senior se voit attribuer un groupe VQS de dépendance allant du groupe I (les seniors les plus autonomes) au groupe IV (les seniors très dépendants)3.
L’enquête VQS permet donc de mesurer la prévalence de la dépendance2 grâce à un indicateur assez global puisque
le score prend en considération presque l’ensemble des questions de VQS.
1
Les modalités de réponse sont de type : « Non / oui, un peu / oui, beaucoup / ne peut pas du tout ».
2
Mathieu Brunel (DREES) et Amélie Carrère (DREES et INED), 2017, « Incapacités et perte d’autonomie des personnes âgées en France : une évolution favorable entre 2007 et 2014 – Premiers résultats de l’enquête Vie quotidienne et santé 2014 », Les Dossiers de la Drees n° 13, mars. Rapport « Enquête Vie Quotidienne et Santé 2014 – Résultats départementaux d’une enquête auprès des seniors » – octobre 2016.
3
Carrère A., Haag O. et Soullier N., 2015, « Enquêtes VQS et CARE : ou comment prendre en compte le tirage d’échantillons dépendants dans le cadre du NCEE », Actes de la XIIe édition des Journées de méthodologie statistique,
INSEE, avril.
Des territoires marqués inégalement par la perte
d’autonomie à domicile
Dans cette étude, l’analyse porte sur les individus âgés de 75 ans ou plus. En effet, les prévalences de la perte d’autonomie sont plus élevées pour cette tranche d’âge. Par ailleurs, les résultats sont assez similaires à ceux des 60 ans ou plus (voir en annexe 1). Les résultats présentés par la suite correspondent aux prévalences brutes, elles ne sont pas standardisées sur l’âge et le sexe (une telle standardisation s’avérant n’avoir pas d’impact sur les résultats – voir encadré 2).
Carte 1 • Part des seniors âgés de 75 ans ou plus vivant à domicile en groupe IV VQS
Lecture > Dans un quart des départements, la prévalence des personnes âgées de 75 ans ou plus, classées en groupe IV VQS, est inférieure à 9,8 %.
Champ > Individus de 75 ans ou plus résidant à domicile, France entière (hors Mayotte). Source > Enquête Vie quotidienne et santé (VQS) 2014, DREES.
La prévalence de la perte d’autonomie à domicile est plus faible dans les régions Bretagne, Pays de la Loire, Centre‐Val de Loire et Île‐de‐France
La proportion d’individus classés en groupe VQS IV permet d’identifier les départements regroupant le plus d’individus dépendants (en proportion) au sens de l’indicateur VQS qui synthétise les réponses aux diverses questions de l’enquête. Il existe de grandes disparités de risque de perte d’autonomie à domicile entre les départements. Chez les individus âgés de 75 ans ou plus, la prévalence moyenne et la prévalence médiane d’individus très dépendants au niveau national sont identiques et égales à 12 % (tableau 1). La Guadeloupe est le département pour lequel la prévalence est maximale (24 %) (carte 1). Elle est plus de trois fois plus élevée que celle du Morbihan (7 %) qui a la plus faible prévalence. Un quart des départements français ont une prévalence de la dépendance à domicile parmi les individus âgés de 75 ans ou plus, inférieure à 9,8 % (beige). Il s’agit majoritairement de départements situés dans les régions Bretagne, Centre‐Val de Loire et Pays de la Loire ainsi qu’en Île‐de‐France. Un quart des départements français ont, à l’inverse, une proportion
d’individus classés en groupe VQS IV supérieure à 13,4 % (rouge très foncé). Il s’agit majoritairement de départements situés dans le Nord et le Nord‐Est, dans la moitié Sud de la France et dans les départements d’outre‐mer.
Tableau 1 • Mesures de dispersion des prévalences départementales de dépendance dans la population âgée de 75 ans ou plus vivant à domicile
Mesures de la dépendance Moyenne (en %) Écart‐ type (en points de %) Maximum (en %) 3e quartile (en %) Médiane (en %) 1er quartile (en %) Minimum (en %) Score VQS Groupe IV 12,0 3,2 24,3 (Guadeloupe) 13,4 11,6 9,8 7,1 (Morbihan) Restrictions d’activité GALI 20,2 3,0 29,9 (Guadeloupe) 21,7 19,8 18,5 14,1 (Essonne)
Difficultés pour se laver 25,8 3,9 (Guadeloupe)39,1 28,3 25,3 22,7 (Morbihan) 18,4
Limitations fonctionnelles Au moins une limitation fonctionnelle 45,2 4,8 60,0 (Guadeloupe) 47,1 45,0 42,4 35,0 (Yvelines) Au moins deux limitations fonctionnelles 27,0 5,2 45,5 (Ariège) 29,4 26,4 24,3 18,4 (Essonne) Au moins une limitation fonctionnelle physique 35,5 4,6 (La Réunion) 49,1 37,4 34,7 32,8 26,6 (Yvelines) Au moins une limitation fonctionnelle sensorielle 21,3 2,7 29,3 (Ariège) 22,5 21,2 20,0 15,6 (Essonne) Au moins une limitation fonctionnelle cognitive 15,4 3,5 31,6 (Guadeloupe) 16,9 14,8 13,7 10,0 (Morbihan) Santé Mauvais ou très mauvais état de santé déclaré 21,3 5,1 51,0 (Guadeloupe) 22,5 20,8 18,9 14,9 (Essonne) Maladies ou problèmes de santé chroniques 62,0 3,9 77,3 (Guadeloupe) 64,3 61,3 59,7 54,2 (Vienne) Aides Au moins une aide humaine 50,8 5,4 72,0 (La Réunion) 53,6 50,4 47,6 41,6 (Paris) Aide de l’entourage 41,4 5,5 64,9 (La Réunion) 44,5 40,3 37,9 32,4 (Paris)
Aide professionnelle 31,8 4,5 (Haute‐Corse) 44,5 34,5 31,9 29,1 23,6 (Oise) Au moins une aide technique pour se déplacer 34,6 3,8 47,4 (La Réunion) 37,0 34,4 31,8 27,0 (Haute‐Savoie)
Note > Les estimations des moyennes, écart-types, médianes etc. des valeurs départementales sont calculées en pondérant chaque département par sa population de 75 ans ou plus vivant à domicile (telle qu’estimée dans l’enquête).
GALI > Global Activity Limitation Indicator, ou « indicateur de limitations d’activité générales ».
Lecture > La prévalence moyenne des personnes de 75 ans ou plus classées dans le groupe IV VQS est de 12 %. La prévalence départementale maximale est de 24,3 % alors que la prévalence départementale minimale est de 7,1 %.
Champ > Individus de 75 ans ou plus résidant à domicile, France entière (hors Mayotte). Source > Enquête Vie quotidienne et santé (VQS) 2014, DREES.
Encadré 2 • Faut-il standardiser les prévalences pour tenir compte des disparités de structure par sexe et âge ?
Pour pouvoir faire des comparaisons de territoires qui ne sont pas forcément identiques, il est d’usage de standardiser les prévalences par sexe et âge. Cela permet de comparer chaque département dans la situation hypothétique où ils auraient tous la même structure par sexe et âge. Il a été envisagé de réaliser une standardisation pour contrôler cet effet de structure. Or, les classements des départements avec et sans standardisation restent quasiment identiques (voir exemple ci-dessous avec l’indicateur GALI). Seuls 13 départements changent de classe. Certains départements se retrouvent dans des degrés de dépendance plus faible : les départements Haute-Garonne et Tarn-et-Garonne passent de l’intervalle [1er quartile ; 2e quartile] à l’intervalle [Minimum ; 1er quartile] ; les départements Gironde,
Indre-et-Loire et Hautes-Pyrénées passent de l’intervalle [2e quartile ; 3e quartile] à l’intervalle [1er quartile ; 2e quartile] ; les
départements Aube et Haute-Corse passent de l’intervalle [4e quartile ; maximum] à l’intervalle [2e quartile ; 3e quartile].
D’autres départements se retrouvent dans des degrés de dépendance plus élevés : les départements Ain et Hérault passent de l’intervalle [Minimum ; 1er quartile] à l’intervalle [1er quartile ; 2e quartile] ; les départements Ardèche, Rhône
et Haute-Saône passent de l’intervalle [1er quartile ; 2e quartile] à l’intervalle [2e quartile ; 3e quartile] ; le département
Gard passe de l’intervalle [2e quartile ; 3e quartile] à l’intervalle [3e quartile ; Maximum]. Par soucis de simplification, il a
donc été décidé de ne garder que les prévalences non standardisées.
Tableau • Comparaison des distributions non standardisées et standardisées pour l’indicateur GALI
GALI
Non standardisé Standardisé
Moyenne 20,2 % 20,1 % Coefficient de variation 142 % 142 % Maximum 29,9 % 29,1 % 3e quartile 21,7 % 21,8 % Médiane 19,8 % 19,7 % 1er quartile 18,5 % 18,3 % Minimum 14,1 % 14,6 %
Note > Les estimations des moyennes, écart-types, médianes etc. des valeurs départementales sont calculées en pondérant chaque département par sa population de 75 ans ou plus vivant à domicile (telle qu’estimée dans l’enquête).
Coefficient de variation > Rapport de l'écart-type à la moyenne. Plus la valeur du coefficient de variation est élevée, plus la dispersion autour de la moyenne est grande. Sans unité, il permet la comparaison de distributions de valeurs dont les échelles de mesure ne sont pas comparables (source : INSEE, définitions).
GALI > Global Activity Limitation Indicator, ou « indicateur de limitations d’activité générales ».
Lecture > La prévalence moyenne du nombre de personnes de 75 ans ou plus ayant des limitations d’activité est de 20,2 %. Elle est de 20,1 % lorsqu’une standardisation sur l’âge et le sexe est réalisée.
Champ > Individus de 75 ans ou plus résidant à domicile, France entière. Source > Enquête Vie quotidienne et santé (VQS) 2014, DREES.
Carte • Comparaison des prévalences départementales non standardisées et standardisées pour l’indicateur GALI
Prévalences non standardisées
Prévalences standardisées
Lecture > Chez les 75 ans ou plus, la prévalence des limitations d’activité générales à domicile est comprise entre 21,84 % et 29,14 % dans le Finistère.
Champ > Individus de 75 ans ou plus résidant à domicile, France entière. Source > Enquête Vie quotidienne et santé (VQS) 2014, DREES.
Une prévalence des limitations d’activité générales (GALI) à domicile plus élevée en Guadeloupe
L’indicateur de limitations d’activité générales, dit « GALI » (pour Global Activity Limitation
Indicator), est un autre indicateur générique de la dépendance. Il est présent dans de
nombreuses enquêtes : l’enquête européenne sur les revenus et les conditions de vie (SRCV / EU‐SILC), l’enquête santé et protection sociale (ESPS), le Survey of Health, Ageing and Retirement in Europe (SHARE), le baromètre santé, etc. (Dubost, 2018), et permet d’avoir une vision générale des limitations d’activité des personnes sans spécifier une activité particulière.
La distribution de cet indicateur est un peu plus concentrée que le groupe IV VQS. Si les départements qui se distinguent par une proportion élevée de groupe IV VQS ont généralement également une part élevée d’incapacités au sens de l’indicateur GALI, et réciproquement, la corrélation des deux indicateurs n’est pas non plus totale, et leur comparaison fait ressortir des différences pour certains départements.
La prévalence moyenne de l’indicateur GALI chez les 75 ans ou plus vivant à domicile est de 20 %, il en est de même pour la prévalence médiane (tableau 1). La prévalence de la Guadeloupe est la plus élevée (30 %), soit plus de deux fois celle de l’Essonne, où la prévalence est la plus faible (14 %).
Carte 2 • Part des seniors âgés de 75 ans ou plus vivant à domicile déclarant être limités dans leurs activités depuis au moins 6 mois (GALI)
GALI > Global Activity Limitation Indicator, ou « indicateur de limitations d’activité générales ».
Lecture > Dans un quart des départements, la prévalence des limitations d’activité générales parmi les personnes de plus de 75 ans est inférieure à 18,5 %.
Champ > Individus de 75 ans ou plus résidant à domicile, France entière (hors Mayotte). Source > Enquête Vie quotidienne et santé (VQS) 2014, DREES.
Les départements en rouge très foncé sur la carte 2 sont ceux pour lesquels la prévalence départementale des limitations d’activité générales est supérieure à 21,7 % (dernier quartile). Il s’agit des départements situés au Nord de la France (Nord, Pas‐de‐Calais, Somme et Aisne), de certains départements situés à l’Est (Moselle, Meuse, Haute‐Marne, Aube et Doubs), d’une majorité des départements du centre (Cher, Creuse, Haute‐Vienne, Dordogne, Lot, Corrèze, Puy‐de‐Dôme et Haute‐Loire), des départements d’outre‐mer (Réunion, Guadeloupe, Martinique et Guyane) et de quelques départements du Sud (Ariège, Bouches‐du‐Rhône et Haute‐Corse). Les départements pour lesquels la prévalence est inférieure à 18,5 % (1er quartile) sont la plupart des départements franciliens (Paris, Hauts‐de‐Seine, Seine‐Saint‐Denis, Essonne et Seine‐et‐Marne) et aux alentours (Loiret, Loir‐et‐Cher, Eure, Oise, Indre, Nièvre et Vosges), ainsi que des départements de la Bretagne et des alentours (Morbihan, Ille‐et‐Vilaine, Loire‐Atlantique, Maine‐et‐Loire et Vendée) et quelques départements du Sud (Hérault, Aveyron et Landes) et Sud‐Est (Ain, Haute‐Savoie, Hautes‐Alpes et Alpes‐Maritimes).
Malgré ces différences, seulement neuf départements ont une prévalence départementale significativement différente2 de la prévalence nationale (graphique 1). La Guadeloupe, la Martinique, la Réunion, le Nord‐Pas‐de‐Calais et la Moselle se démarquent par une prévalence significativement plus élevée que la prévalence nationale. Pour la Guadeloupe l’écart de prévalence est estimé à 10 points de pourcentage. À l’inverse, la Seine‐et‐Marne, le Morbihan, l’Ille‐et‐Vilaine et l’Essonne ont une prévalence significativement plus faible que la prévalence nationale. L’écart s’élève à ‐6 points de pourcentage pour l’Essonne.
2
Le fait que certains écarts observés par rapport à la moyenne nationale soient considérés comme « non significatifs » est lié au fait que l’enquête repose sur un échantillon de la population et non sa totalité. Un écart est jugé non significatif statistiquement si son ampleur est inférieure à la marge d’erreur liée à l’échantillonnage.
Graphique 1 • Écart à la moyenne de l’indicateur GALI
Intervalles de confiance à 95 % > Les intervalles des prévalences départementales sont représentés par les traits grisés autour des barres. Celui de la prévalence nationale est représenté par les rectangles noirs. La méthode d’estimation est décrite dans l’Encadré 3. Les départements représentés en bleu clair ne sont pas significativement différents de la moyenne nationale au risque de 5 %. GALI > Global Activity
Limitation Indicator, ou
« indicateur de limitations d’activité générales ». Lecture > En Essonne, la prévalence départementale de l’indicateur GALI chez les individus de 75 ans ou plus est inférieure de 6 points de pourcentage à la prévalence moyenne française d’après l’enquête VQS. En tenant compte de l’imprécision liée au fait que cette enquête repose sur un échantillon de la population et non sa totalité, cet écart se situe dans un intervalle de confiance allant de -10 à -2 points en dessous de la moyenne.
Champ > Individus de 75 ans ou plus résidant à domicile, France entière (hors Mayotte). Source > Enquête Vie quotidienne et santé (VQS) 2014, DREES. -9 -7 -5 -3 -1 1 3 5 7 9 11 13 15 Essonne Ille-et-VilaineMorbihan Seine-et-MarneHaute-Savoie Vendée Maine-et-LoireEure Oise Loir-et-Cher Seine-Saint-DenisAveyron Hautes-AlpesCôte-d'Or Indre VosgesNièvre ParisAin Hauts-de-SeineLoiret Hérault Alpes-MaritimesLoire-Atlantique Landes Yvelines Eure-et-LoirBas-Rhin Tarn-et-GaronneHaut-Rhin Deux-Sèvres Haute-GaronneCorse-du-Sud VienneSarthe Marne Charente-MaritimeVal-d'Oise Isère Rhône Haute-SaôneArdèche Jura Pyrénées-OrientalesSeine-Maritime Gironde Côtes-d'ArmorSavoie MayenneLozère Indre-et-LoireManche Loire Pyrénées-AtlantiquesDrôme Cantal Alpes-de-Haute-ProvenceYonne Hautes-PyrénéesArdennes Lot-et-GaronneGard OrneVar Tarn Val-de-MarneAude Charente VaucluseGers Allier Meurthe-et-Moselle Territoire de BelfortSaône-et-Loire FinistèreMeuse Aube Bouches-du-RhôneHaute-Loire Somme Calvados Haute-CorseDordogne Cher Nord Creuse Haute-VienneHaute-Marne Puy-de-DômeMoselle DoubsAisne Lot Guyane CorrèzeAriège Pas-de-CalaisLa Réunion Martinique Guadeloupe
L’indicateur GALI permet d’avoir une vision générale des disparités de perte d’autonomie entre les départements. Cependant, bien que la plupart des indicateurs de perte d'autonomie soient corrélés, des disparités départementales différentes existent lorsqu’on considère d’autres indicateurs. Ces écarts peuvent être liés à des spécificités départementales (environnement, spécialisation du bassin d’emploi, etc.). Les mêmes dispersions sont donc présentées, ci‐dessous, pour d'autres indicateurs d'autonomie.
Le Morbihan est le département au sein duquel le risque de déclarer des difficultés pour se laver à domicile est le plus faible
L’indicateur des difficultés pour se laver est très corrélé à la dépendance en général. Cette activité fait partie de la liste des ADL (« activities of daily living », ou activités de la vie quotidienne), couramment utilisées pour mesurer les restrictions d’activité c’est‐à‐dire la perte d’autonomie. Réaliser sa toilette constitue l’activité la plus discriminante des ADL. Dans l’enquête Capacités, Aides et REssources des seniors en ménages de 2015, 63 % des individus ayant une restriction ADL ont au moins quelques difficultés pour se laver (68 % pour les 75 ans ou plus). La prévalence moyenne des difficultés pour se laver à domicile est de 26 %, et 25 % pour la prévalence médiane. La Guadeloupe a une prévalence de 39 % (maximum) alors que le Morbihan a une prévalence de 18 % (minimum). L’ordre des prévalences des départements est assez similaire à celui de l’indicateur GALI, excepté pour les Hautes‐Alpes et l’Aveyron qui ont une prévalence de l’indicateur GALI très faible (prévalence pour les Hautes‐Alpes : 17,1 % inférieur au premier quartile ; prévalence pour l’Aveyron : 17 % inférieur au premier quartile) et une prévalence des difficultés pour se laver très élevée (prévalence pour les Hautes‐Alpes : 28,5 % supérieur au dernier quartile ; prévalence pour l’Aveyron : 27,8 % proche du dernier quartile). Pour l’Aveyron, l’écart peut être lié à la faible proportion de personnes utilisant un aménagement du logement, qui peut faciliter l’activité toilette. En effet, seulement 12,2 % des personnes de 75 ans ou plus résidant en Aveyron déclarent utiliser un aménagement de leur logement alors qu’en France entière (hors Mayotte), 20,5 % des personnes de 75 ans ou plus déclarent en utiliser. Pour les Hautes‐Alpes, la proportion est très proche de celle au niveau national. Par contre, la proportion de personnes de 75 ans ou plus utilisant une aide technique à la mobilité y est plus basse (22,6 % contre 27,3 % en France entière hors Mayotte).
L’Ariège est le département où les individus de 75 ans ou plus vivant à domicile cumulent plus souvent au moins deux limitations fonctionnelles
L’écart entre la prévalence maximale (60 % en Guadeloupe) et la prévalence minimale (35 % dans les Yvelines) d’au moins une limitation fonctionnelle, tout type de limitations confondues, est élevé mais le rapport interquartile3 est proche de 1 (1,1). Ceci indique une forte concentration des départements autour de la prévalence médiane qui est de 45 %. Par contre, la prévalence des individus ayant « au moins deux limitations fonctionnelles sur les trois » est beaucoup plus variable d’un département à l’autre : l’écart entre la prévalence minimale (18 % en Essonne) et la prévalence maximale (46 % en Ariège) est de 28 points de pourcentage. La forte prévalence du cumul d’au moins deux limitations fonctionnelles pour l’Ariège s’explique par la forte prévalence des limitations sensorielles
3
Il s’agit du rapport entre le troisième quartile et le premier quartile, il donne une mesure relative des écarts entre les 25 % de la distribution les plus bas et les 25 % de la distribution les plus élevés.
sur ce territoire. Cet indicateur combine plusieurs dimensions de l’incapacité, or les départements ayant une prévalence élevée pour un type de limitation fonctionnelle l’ont souvent pour d’autres types, ce qui accentue les inégalités territoriales sur cet indicateur. Ainsi, de plus fortes disparités sont visibles lorsqu’on s’intéresse aux situations plus complexes d’incapacité, c’est‐à‐dire aux situations de cumuls de limitations fonctionnelles.
Encadré 3 • Intervalles de confiance des écarts à la moyenne Les intervalles sont estimés sur l’échantillon, grâce à la formule suivante :
1,96 ∗ 2 ∗ ; 1,96 ∗ 2 ∗
Où :
‐ est la prévalence estimée au niveau départemental, ‐ est la prévalence estimée au niveau national,
‐ est la variance départementale estimée par : 1 ∗ ∗ , ‐ la taille de l’échantillon dans le département,
‐ la taille de la population dans le département.
Un Design effect de 2 a été appliqué (multiplication par 2 de la variance d'un sondage aléatoire). Le « design effect » est calculé comme : le rapport entre la variance (telle qu’elle est estimée dans l’échantillon et compte tenu du plan de sondage mobilisé) et la variance d’un sondage aléatoire simple. Ce chiffre « 2 » correspond donc à l’accroissement de la variance liée au plan de sondage. L’intervalle de confiance pour le « zéro » c’est-à-dire l’écart à la moyenne nationale de la prévalence nationale est estimé par :
1,96 ∗ 2 ∗ ; 1,96 ∗ 2 ∗ ⇔ 1,96 ∗ 2 ∗ ; 1,96 ∗ 2 ∗
V est la variance estimée au niveau national.
La prévalence départementale est significativement différente de la prévalence nationale lorsque ces deux intervalles ne se recouvrent pas (graphiquement lorsque les barres en gris clair ne sont pas inclues dans les rectangles noirs).Les départements représentés en bleu clair ne sont pas significativement différents de la moyenne nationale au risque de 5 %.
À domicile, La Réunion est le département le plus touché par les limitations dans les fonctions physiques
La prévalence moyenne à domicile des limitations physiques est de 36 % (35 % pour la prévalence médiane). La Réunion (maximum) a une prévalence de la dépendance de 49 % contre 27 % pour les Yvelines (minimum).
Le risque d’avoir des limitations physiques est le plus élevé (prévalence supérieure à 37,4 % qui correspond au dernier quartile, carte 3) pour les départements situés au Nord de la France (Nord, Pas‐de‐Calais, Somme et Aisne ainsi que le Calvados), pour certains départements situés plutôt à l’Est (Moselle, et Haute‐Marne), pour une majorité des départements du centre (Cher, Allier, Creuse, Haute‐Vienne, Charente, Dordogne, Corrèze, Puy‐de‐Dôme et Saône‐et‐Loire), pour les départements d’outre‐mer (Réunion, Guadeloupe, Martinique et Guyane) et pour quelques départements du Sud (Gers, Ariège, Tarn, Aveyron et Haute‐Corse). Les départements pour lesquels la prévalence est inférieure à 32,8 % (1er quartile) sont la plupart des départements franciliens (Paris, Hauts‐de‐Seine, Yvelines et Essonne) et aux alentours (Loiret, Oise, Eure, Loir‐et‐Cher, Nièvre et Côte‐d’Or ainsi que le Territoire de Belfort), la plupart des départements de la Bretagne et des alentours (Morbihan, Ille‐et‐Vilaine, Maine‐et‐Loire, Sarthe et Vienne) et quelques
départements du Sud‐Est (Hérault, Lozère, Drome, Var, Alpes‐Maritimes, Corse‐du‐Sud, Ain, Haute‐Savoie et Savoie).
Dix‐huit départements ont une prévalence départementale significativement différente de la prévalence nationale (graphique 2). La Réunion, la Guadeloupe, le Pas‐de‐Calais, la Haute‐Corse, l’Aisne, la Guyane, la Moselle, la Martinique, la Haute‐Marne et le Nord se démarquent par une prévalence significativement plus élevée que la prévalence nationale. Pour La Réunion l’écart de prévalence est estimé à 14 points de pourcentage. À l’inverse, Paris, le Maine‐et‐Loire, les Hauts‐de‐Seine, l’Ille‐et‐Vilaine, la Haute‐Savoie, l’Essonne, le Morbihan, et les Yvelines ont une prévalence significativement plus faible que la prévalence nationale. L’écart s’élève à ‐9 points de pourcentage pour les Yvelines.
Le centre de la France est plus touché par les limitations fonctionnelles sensorielles à domicile
Les prévalences départementales des limitations sensorielles sont encore moins dispersées que pour les limitations physiques. Ces écarts entre départements, bien que faibles, peuvent trouver leur origine dans des disparités de catégorie socioprofessionnelle et donc d’exposition aux risques. Les employés et ouvriers ont des risques de rencontrer des limitations sensorielles et/ou physiques plus accrus que les cadres (Cambois, Robine, 2004). Plus récemment, l’enquête CARE‐M a mis en évidence des inégalités de difficultés d’audition et de vision liées à la catégorie socioprofessionnelle (Rolland‐Guillard, 2018). Ces résultats avaient déjà été mis en évidence grâce aux enquêtes handicaps‐incapacités‐ dépendance (HID) en 1999‐2000 (Sander M.S., 2007), Handicap‐Santé en 2008 chez les plus de 20 ans en ménage et en institution (Haeusler L., 2014) et Handicap‐Santé en ménage (2008) pour les limitations fonctionnelles de vision (Calvet L., 2014). Or, les différences départementales de ratio ouvriers/cadres sont très marquées. On retrouve un nombre beaucoup plus important d’ouvriers que de cadre dans les régions du Nord par rapport à l’Ile‐de‐France par exemple.
Les habitants du Sud vivant à domicile sont plus touchés par les limitations fonctionnelles cognitives comparativement aux autres types de limitations fonctionnelles
La prévalence moyenne des limitations cognitives est de 15 % (il en est de même pour la prévalence médiane). La Guadeloupe à une prévalence de 32 % (maximum), elle est supérieure de 16 points de pourcentage à la moyenne nationale et représente plus de 3 fois celle du Morbihan (10 %, le minimum).
La plupart des départements ayant une prévalence élevée pour les limitations physiques ont également une prévalence élevée pour les limitations cognitives ; et inversement ceux ayant une prévalence faible pour une des limitations l’ont pour les deux types de limitations fonctionnelles (graphique 2). Toutefois, les départements plus au Sud sont davantage touchés par les limitations cognitives que les limitations physiques (carte 3). L’Ariège, le Gers et la Corrèze ont des prévalences significativement plus élevées de la moyenne nationale pour les limitations cognitives, alors qu’ils sont dans la moyenne pour les limitations physiques. À l’inverse, le Nord, la Moselle, la Haute‐Marne, la Haute‐Corse se distinguent par une prévalence significativement plus élevée que la moyenne nationale seulement pour les limitations physiques (et non cognitives). Par ailleurs, Paris, le Maine‐
et‐Loire, les Hauts‐de‐Seine et l’Ille‐et‐Vilaine ont des prévalences significativement plus faibles de la moyenne nationale pour les limitations physiques, alors qu’ils sont dans la moyenne pour les limitations cognitives. À l’inverse, la Marne se distingue par une prévalence significativement plus faible que la moyenne nationale seulement pour les limitations cognitives (et non physiques).
L’exposition à certaines pollutions, des conditions de travail difficiles, l’obésité (Qizilbash et al. 2015), le diabète (Cooper et al. 2015) constituent des facteurs déclenchants de limitations cognitives. Ils sont plus présents sur certains territoires. Par ailleurs, des réponses institutionnelles ou familiales mieux adaptées aux personnes ayant ces troubles peuvent leur permettre de rester plus longtemps à domicile contrairement à d’autres territoires dans lesquels les personnes ayant ces troubles peuvent être contraintes d’entrer en institution et donc sortent de notre champ d’étude4 (voir infra).
Carte 3 • Part des seniors âgés de 75 ans ou plus vivant à domicile déclarant… … des limitations physiques
4
… des limitations sensorielles
… des limitations cognitives
Lecture > Dans un quart des départements, la prévalence d’au moins une limitation cognitive parmi les personnes de plus de 75 ans est inférieure à 13,7 %.
Champ > Individus de 75 ans ou plus résidant à domicile, France entière (hors Mayotte). Source > Enquête Vie quotidienne et santé (VQS) 2014, DREES.
Graphique 2 • Écart à la moyenne de l’indicateur…
… des limitations physiques … des limitations cognitives
-14-12-10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 Yvelines MorbihanEssonne Haute-SavoieIlle-et-Vilaine Hauts-de-SeineVienne Maine-et-LoireLoiret Loir-et-CherParis Alpes-MaritimesSavoie Territoire de BelfortCôte-d'Or SartheEure Corse-du-SudAin HéraultLozère Nièvre DrômeOise Var Vaucluse Loire-AtlantiqueSeine-et-Marne Pyrénées-AtlantiquesEure-et-Loir Val-d'Oise Hautes-AlpesRhône Orne Haut-Rhin Indre-et-LoireHaute-Saône MayenneVendée Manche Haute-GaronneFinistère Landes Bas-RhinLoire Seine-Saint-DenisDoubs YonneIsère VosgesMarne Ardèche Tarn-et-GaronneAude Alpes-de-Haute-ProvenceIndre Côtes-d'ArmorGard Bouches-du-RhôneVal-de-Marne Deux-Sèvres Seine-MaritimeMeuse Hautes-PyrénéesCantal Lot Gironde Charente-MaritimeLot-et-Garonne Jura Pyrénées-OrientalesArdennes Aube Haute-Loire Meurthe-et-MoselleAveyron Allier CreuseTarn CalvadosCher Saône-et-LoireSomme Corrèze Charente Puy-de-DômeGers Dordogne Haute-VienneNord Ariège Haute-MarneMartinique Moselle GuyaneAisne Haute-Corse Pas-de-CalaisGuadeloupe La Réunion -9 -7 -5 -3 -1 1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 MorbihanYvelines Marne Haute-SavoieEssonne CalvadosAube Nièvre Eure-et-LoirEure Oise Vosges Ille-et-VilaineMeuse Vendée Maine-et-Loire Seine-et-MarneParis Loiret Alpes-MaritimesIndre-et-Loire Var GirondeVienne Sarthe Manche Haut-RhinRhône Val-de-Marne Loire-AtlantiqueVal-d'Oise Loir-et-CherLandes Hauts-de-SeineMayenne Savoie Pyrénées-AtlantiquesCharente-Maritime Côte-d'OrAin Somme Bas-Rhin Côtes-d'Armor Seine-MaritimeOrne Puy-de-DômeIndre Aude VaucluseYonne Deux-SèvresAllier FinistèreCher ArdennesMoselle Corse-du-SudHaute-Corse Loire Drôme Haute-Saône Territoire de BelfortHaute-Garonne Lot-et-Garonne Alpes-de-Haute-ProvenceNord Meurthe-et-MoselleCharente GardJura Hautes-AlpesHaute-Marne Seine-Saint-DenisDoubs Hérault Saône-et-LoireAveyron Cantal Bouches-du-RhôneTarn AisneLot Hautes-PyrénéesTarn-et-Garonne Isère Pas-de-CalaisHaute-Vienne Ardèche Pyrénées-OrientalesHaute-Loire DordogneCreuse Lozère CorrèzeGers MartiniqueGuyane Ariège La Réunion Guadeloupe
Intervalles de confiance à 95 % > Les intervalles des prévalences départementales sont représentés par les traits grisés autour des barres. Celui de la prévalence nationale est représenté par les rectangles noirs. La méthode d’estimation est décrite dans l’Encadré 3. Les départements représentés en bleu clair ne sont pas significativement différents de la moyenne nationale au risque de 5 %. Lecture > Dans le Morbihan, la prévalence départementale d’au moins une limitation cognitive chez les individus de 75 ans ou plus est inférieure de 5 points de pourcentage à la prévalence moyenne française d’après l’enquête VQS. En tenant compte de l’imprécision liée au fait que cette enquête repose sur un échantillon de la population et non sa totalité, cet écart se situe dans un intervalle de confiance allant de -8 à -3 points en dessous de la moyenne.
Champ > Individus de 75 ans ou plus résidant à domicile, France entière (hors Mayotte). Source > Enquête Vie quotidienne et santé (VQS) 2014, DREES.
L’Essonne est le département pour lequel la proportion de personnes se déclarant en mauvaise et très mauvaise santé à domicile est la plus faible
Pour l’indicateur de mauvaise et très mauvaise santé déclarée, les prévalences comprises entre le 1er quartile et le 3e quartile sont assez proches : entre 18,9 % et 22,5 %. La moyenne et la médiane de l’indicateur sont de 21 % mais les valeurs extrêmes sont très éloignées. La prévalence maximale est observée en Guadeloupe (51 %) alors que la prévalence minimale est observée en Essonne (15 %).
Les maladies ou problèmes de santé chroniques touchent de manière plus uniforme l’ensemble des départements
La prévalence des maladies ou problèmes de santé chroniques varie de 54 % (Vienne) à 77 % (Guadeloupe). Il y a donc assez peu de différences entre les individus concernant cet indicateur. En effet, la majorité des individus de 75 ans ou plus sont confrontés à ces problèmes de santé quel que soit leur lieu de résidence. Les maladies ou les problèmes de santé chroniques (ou « chocs de santé ») sont considérées comme la première étape du processus d’entrée en dépendance (Verbrugge & Jette, 1994).
L’entourage est plus impliqué dans l’aide à la vie quotidienne à domicile à la Réunion
La prévalence moyenne de l’aide de l’entourage est de 41 %, et 40 % pour la prévalence médiane. C’est à Paris que la prévalence est la plus faible (32 %) et à la Réunion qu’elle est la plus élevée (65 %). Ces disparités peuvent traduire des habitudes de solidarités familiales différentes selon les territoires. On constate notamment que la taille des ménages avec au moins une personne de 60 ans ou plus est 1,2 fois plus élevée à la Réunion qu’à Paris (2,0 habitants pour la Réunion contre 1,7 habitants pour Paris, source : VQS 2014, champ : logements ordinaires). Ces écarts de taille de ménage sont liés à des pratiques différentes de recohabitation avec les enfants lorsqu’un parent perd son autonomie mais aussi par des contraintes immobilières : la taille des logements en région parisienne limite la cohabitation avec des aidants de l’entourage.
La prévalence est la plus élevée (supérieure à 44,5 % qui correspond au dernier quartile) dans les départements situés plutôt dans le Nord (Nord, Pas‐de‐Calais et Aisne), plutôt dans l’Est (Meuse, Moselle, Bas‐Rhin, Haut‐Rhin, Territoire de Belfort et Jura), au centre (Haute‐ Vienne, Corrèze, Puy‐de‐Dôme, Cantal, Lot, Aveyron, Lozère, Ardèche, Tarn, Gers et Ariège), dans les départements d’outre‐mer (Réunion, Guadeloupe, Martinique et Guyane) ainsi qu’en Haute‐Corse (carte 4). Les départements où le taux de recours à l’aide de l’entourage est la plus faible (inférieur 37,9 %) sont les départements franciliens (Paris, Hauts‐de‐Seine, Yvelines et Essonne) ou autour de l’Île‐de‐France (Eure‐et‐Loir, Loiret, Loir‐
et‐Cher, Indre‐et‐Loire, Vienne, Nièvre et Marne), les départements bretons ou alentours (Morbihan, Côtes d’Armor, Ille‐et‐Vilaine, Loire‐Atlantique, Mayenne, Maine‐et‐Loire, Vendée et Calvados), quelques départements à l’Est (Rhône, Ain et Vosges) et au Sud‐Est (Pyrénées‐Orientales, Var et Alpes‐Maritimes).
Les écarts à la moyenne sont assez importants et disparates (graphiques 3). Quinze départements ont une prévalence départementale significativement différente de la moyenne nationale. Les écarts de prévalence par rapport à la moyenne peuvent aller jusqu’à +24 points de pourcentage à la Réunion et ‐9 points de pourcentage pour Paris.
La déclaration du recours à l’aide professionnelle à domicile est la plus forte en Haute‐ Corse
La prévalence moyenne de l’aide professionnelle à domicile (infirmier, aide‐ménagère, …) est de 32 % (identique à la médiane). La Haute‐Corse a une prévalence de 45 % (maximum) contre 24 % pour l’Oise (minimum). Vingt départements ont une prévalence du recours à l’aide professionnelle significativement différente de la moyenne nationale (graphique 3). On constate des écarts de prévalences assez élevés entre les départements, avec des pics pour les valeurs extrêmes positives : la Haute‐Corse a une prévalence plus élevée de 13 points de pourcentage que la moyenne nationale ; respectivement 12 points de pourcentage pour la Réunion. Pour les valeurs extrêmes où la prévalence est plus faible que la moyenne nationale, les écarts sont au maximum de 8 points de pourcentage pour l’Oise.
Les cartes concernant l’aide de l’entourage et l’aide professionnelle sont assez différentes (carte 4). Pour certains départements5, on retrouve à la fois des taux de recours à l’aide professionnelle et de l’entourage élevés, révélant plutôt une complémentarité de l’aide formelle et informelle et sans doute un fort maintien à domicile des personnes en perte d’autonomie. En effet, dans ces départements les prévalences des limitations fonctionnelles physiques et cognitives sont très élevées. À l’inverse, Paris, les Hauts‐de‐ Seine et les Yvelines ont des taux de recours faibles à la fois pour l’aide de l’entourage et l’aide professionnelle, il s’agit aussi de départements au sein desquels la prévalence des limitations fonctionnelles physiques et cognitives est plus faible. Ainsi, soit ces territoires sont caractérisés par un meilleur état de santé en général ne nécessitant pas un recours à l’aide professionnelle et de l’entourage fort, soit l’offre à domicile et l’implication de l’entourage sont insuffisantes à maintenir les personnes à domicile lorsqu’elles développent des incapacités.
Certains départements ont un fort recours à l’aide de l’entourage mais le recours à l’aide professionnelle s’inscrit dans la moyenne, révélant plutôt une substituabilité de l’aide formelle et informelle (avec un recours plus fort à l’aide informelle). Il s’agit de la Moselle, le Bas‐Rhin et la Guyane. D’autres départements ont à l’inverse un fort recours à l’aide de professionnelle mais le recours à l’aide de l’entourage correspond à la moyenne : la Loire, la Manche, la Haute‐Loire et le Tarn. 5 Nord, Pas‐de‐Calais, Haute‐Corse, Martinique, Guadeloupe et La Réunion.
Carte 4 • Part des seniors âgés de 75 ans ou plus vivant à domicile déclarant… … une aide de l’entourage
… une aide professionnelle
Lecture > Dans un quart des départements, la proportion de personnes âgées de 75 ans ou plus déclarant une aide professionnelle est inférieure à 29,1 %.
Champ > Individus de 75 ans ou plus résidant à domicile, France entière (hors Mayotte). Source > Enquête Vie quotidienne et santé (VQS) 2014, DREES.
Graphique 3 • Écart à la moyenne de…
… l’aide de l’entourage … l’aide professionnelle
-14-12-10-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 1012141618202224262830 Paris Morbihan Ille-et-Vilaine Hauts-de-SeineMaine-et-Loire Yvelines Indre-et-LoireMayenne Loiret MarneAin Eure-et-Loir Loire-AtlantiqueLoir-et-Cher Vosges Côtes-d'ArmorVendée Rhône Calvados Alpes-MaritimesVienne EssonneVar Nièvre Pyrénées-OrientalesHaute-Savoie LandesSavoie Côte-d'Or Charente-MaritimeVaucluse FinistèreAllier Sarthe Seine-et-MarneEure Pyrénées-AtlantiquesManche Deux-Sèvres Lot-et-GaronneVal-de-Marne Oise Corse-du-Sud Tarn-et-GaronneHautes-Alpes Loire Somme Haute-GaronneAube Cher Alpes-de-Haute-ProvenceGironde Doubs Val-d'OiseYonne Hérault Seine-MaritimeIndre Aude Hautes-PyrénéesOrne CharenteGard CreuseDrôme Haute-SaôneArdennes Haute-Marne Saône-et-Loire Seine-Saint-DenisHaute-Loire Dordogne Bouches-du-RhôneIsère Meurthe-et-MoselleMeuse Corrèze Territoire de BelfortGers AveyronTarn Haute-VienneLot Puy-de-DômeArdèche Lozère Haut-RhinCantal Jura Ariège MoselleAisne Nord Bas-Rhin Pas-de-CalaisHaute-Corse Guyane Martinique GuadeloupeLa Réunion -14-12-10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 Oise Eure-et-Loir Hauts-de-SeineYvelines Paris Haute-SavoieEssonne Val-d'Oise Alpes-MaritimesEure Seine-et-MarneCharente Côte-d'Or Seine-Saint-DenisAube Val-de-MarneMeuse MorbihanYonne Nièvre Bas-RhinRhône Marne VaucluseSavoie Deux-Sèvres Haute-SaôneVar Haute-MarneLoiret Doubs Charente-MaritimeMaine-et-Loire Lot-et-GaronneIndre-et-Loire Vosges Pyrénées-AtlantiquesVienne Isère Calvados Haut-Rhin Ille-et-VilaineAin Meurthe-et-MoselleLoire-Atlantique Landes Pyrénées-OrientalesCôtes-d'Armor Drôme Alpes-de-Haute-ProvenceCreuse Hautes-AlpesJura Sarthe Bouches-du-RhôneAllier Seine-MaritimeFinistère Gard GirondeSomme ArdècheCher Aude Loir-et-CherHérault Puy-de-Dôme Haute-GaronneMoselle Haute-VienneGers Hautes-PyrénéesSaône-et-Loire Mayenne Tarn-et-GaronneArdennes DordogneGuyane VendéeNord AveyronAisne Indre Pas-de-CalaisLoire Corse-du-SudOrne Cantal MartiniqueCorrèze Lot LozèreAriège Manche Territoire de BelfortGuadeloupe Haute-LoireLa Réunion Tarn Haute-Corse
Intervalles de confiance à 95 % > Les intervalles des prévalences départementales sont représentés par les traits grisés autour des barres. Celui de la prévalence nationale est représenté par les rectangles noirs. La méthode d’estimation est décrite dans l’encadré 3. Les départements représentés en bleu clair ne sont pas significativement différents de la moyenne nationale au risque de 5 %. Lecture > Dans l’Oise, la prévalence départementale de personnes âgées de 75 ans ou plus déclarant de l’aide professionnelle est inférieure de 8 points de pourcentage à la prévalence moyenne française d’après l’enquête VQS. En tenant compte de l’imprécision liée au fait que cette enquête repose sur un échantillon de la population et non sa totalité, cet écart se situe dans un intervalle de confiance allant de -13 à -3 points en dessous de la moyenne.
Champ > Individus de 75 ans ou plus résidant à domicile, France entière (hors Mayotte). Source > Enquête Vie quotidienne et santé (VQS) 2014, DREES.
Des disparités de perte d’autonomie liées
au contexte socio-économique et d’offre
sur le territoire
Afin de mettre en évidence les relations entre les variables d’incapacité et le contexte socio‐économique et d’offre au niveau départemental, plusieurs types d’analyse sont réalisés : analyse des corrélations entre les différentes variables au niveau départemental, analyse des correspondances multiples (ACM, voir encadré 4)6 et régressions logistiques de chaque prévalence départementale de l’incapacité. Ces différentes analyses viennent se compléter pour donner des éléments d’explications aux disparités territoriales de perte d’autonomie et repérer des départements atypiques.
Encadré 4 • Analyse des correspondances multiples (ACM)
L’ACM est une méthode statistique descriptive permettant d’identifier les corrélations qu’il existe entre différentes variables individuelles. Ces variables ainsi que chaque individu (ici les départements) sont projetées dans un espace à plusieurs dimensions : chaque axe représente les variables utilisées. Sont sélectionnés les axes concentrant la majorité des variations (généralement deux ou trois axes). Ce type d’analyse permet d’identifier des groupes d’individus (ici départements) semblables.
Dans ce dossier, les variables suivantes sont utilisées comme variables actives ou discriminantes (variables permettant de classer les individus sur les axes) : les limitations physiques, les limitations cognitives, le GALI (Global Activity Limitation Indicator, ou « indicateur de limitations d’activité générales ») et le groupe IV VQS. Les variables suivantes sont projetées comme variables supplémentaires ou auxiliaires : (1) le taux d’équipement en places d’hébergement pour personnes âgées, (2) le taux d’équipement en places de services de soins infirmiers à domicile, la densité d’infirmiers libéraux, le taux de recours à de l’aide de l’entourage, le taux de recours à de l’aide professionnelle (regroupé sous l’intitulé « aide à domicile » dans le Graphique 4), (3) le ratio des PCS* et (4) le taux de pauvreté des 75 ans ou plus (voir Encadré 5).
*. Ce ratio renvoi au nombre d'anciens ouvriers, d’anciens employés et d’anciens agriculteurs exploitants rapporté au nombre d’anciens cadres et d’anciennes professions intermédiaires (Encadré 5).
Des profils d’incapacités différents selon le territoire
L’ACM identifie les départements pour lesquels la dépendance au sein de la population vivant à domicile est plus ou moins élevée en général (axe 1 du graphique 4). Cet axe explique 83 % des variations départementales. Les départements situés à droite de l’origine sont des départements où la dépendance à domicile est élevée. Il s’agit des départements déjà identifiés précédemment : départements d’outre‐mer, Pas‐de‐Calais, Aisne, Haute‐ Marne, Ariège… Ceux situés à gauche de l’origine sont des départements où la dépendance à domicile est faible : Morbihan, Haute‐Savoie, Maine‐et‐Loire, Ille‐et‐Vilaine, Essonne… Le deuxième axe qui ressort concerne le type d’incapacité (il explique 11 % des variations). Les départements situés au‐dessus de l’origine sont des départements pour lesquels la
6
L’ACM est une méthode descriptive d’analyse des données ayant pour objectif de résumer les corrélations existantes entre différentes variables (voir encadré 4).
prévalence des limitations cognitives est élevée : Lozère, Guadeloupe, Ariège, Hérault, Hautes‐Alpes… Alors que les départements situés en dessous de l’origine sont des départements où la prévalence des limitations physiques ou des limitations d’activité générales sont élevées : Calvados, Aube, Moselle… On identifie d’ailleurs, que beaucoup de départements du Sud de la France ont une perte d’autonomie plutôt moyenne mais sont plus caractérisés par des prévalences de limitations cognitives à domicile élevées.
Encadré 5 • Variables contextuelles au niveau départemental
Des variables contextuelles au niveau départemental ont été sélectionnées afin d’apporter des éléments d’explication aux disparités d’incapacité auxquelles font face les départements.
‐ Taux d’équipement en places d’hébergement pour personnes âgées : nombre de places en établissement d’hébergement pour personnes âgées (EHPA), en logements-foyers (désormais résidences-autonomie), places d’hébergement temporaire et lits de soins de longue durée, rapporté à la population de plus de 75 ans du département. Sources : DREES, ARS, FINESS, STATISS 2015 ; INSEE, Estimations de population au 01/01/2015, arrêtées fin 2015.
‐ Taux d’équipement en places de services de soins infirmiers à domicile : nombre de places rapporté à la
population, pour 1 000 personnes âgées de 75 ans ou plus. Les services de soins infirmiers à domicile pour personnes âgées regroupent les services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) et des services polyvalents d’aide et de soins à domicile (SPASAD). Les services d’aide à domicile sont hors champ. Sources : DREES, ARS, FINESS, Statistique annuelle des établissements de santé, STATISS 2015 ; INSEE, Estimations de population au 01/01/2015, arrêtées fin 2015.
‐ Densité d’infirmiers libéraux en activité : nombre d’infirmiers libéraux en activité au 1er janvier 2015 pour 100 000 habitants. Sources : DREES, répertoire Adeli ; INSEE, Estimations de population au 01/01/2014, arrêtées fin 2014.
‐ Taux de recours à de l’aide de l’entourage à domicile : proportion de personnes de 75 ans ou plus déclarant avoir recours à de l’aide de l’entourage dans l’enquête VQS (question : En raison d’un problème de santé, d’un handicap, ou de son âge, la personne reçoit-elle de l’aide de proches (conjoint, famille, ami…) dans la vie quotidienne ?). Sources : DREES, enquête Vie Quotidienne et Santé 2014.
‐ Taux de recours à de l’aide professionnelle à domicile : proportion de personnes de 75 ans ou plus déclarant
avoir recours à de l’aide professionnelle dans l’enquête VQS (question : En raison d’un problème de santé, d’un handicap, ou de son âge, la personne reçoit-elle de l’aide de professionnels (infirmier, aide-ménagère…) dans la vie quotidienne ?). Sources : DREES, enquête Vie Quotidienne et Santé 2014. ‐ Ratio des PCS (professions et catégories socioprofessionnelles : nombre d'anciens ouvriers, d’anciens
employés et d’anciens agriculteurs exploitants rapporté au nombre d’anciens cadres et d’anciennes professions intermédiaires. Source: Insee - recensement de la population 2014, exploitations complémentaires.
‐ Taux de pauvreté des ménages dont le référent fiscal à 75 ans ou plus : Sources :
Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-Ccmsa, Fichier localisé social et fiscal (Filosofi). En 2014, les indicateurs relatifs aux taux de pauvreté et au niveau de vie de la Martinique et de La Réunion sont calculés en utilisant un revenu disponible hors revenus financiers imputés alors qu’en France métropolitaine, cela comprend les revenus financiers imputés.
Graphique 4 • Analyse des composantes multiples
PCS : Professions et catégories sociales * nombre d'anciens ouvriers, d’anciens employés et d’anciens agriculteurs exploitants rapporté au nombre d’anciens cadres et d’anciennes professions intermédiaires.
Lecture > La Guadeloupe est un département pour lequel la dépendance est assez élevée et notamment concernant les limitations cognitives.
Sources > DREES, ARS, FINESS, STATISS 2015 ; INSEE, Estimations de population au 01/01/2015, arrêtées fin 2015 ; DREES, ARS, FINESS, Statistique annuelle des établissements de santé, STATISS 2015 ; DREES, répertoire Adeli ; INSEE, Estimations de population au 01/01/2014, arrêtées fin 2014 ; INSEE - recensement de la population 2014, exploitations complémentaires ; INSEE-DGFiP-CNAF-CNAV-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2014.
Afin de comprendre ces différences de profils d’incapacité, un ensemble de variables contextuelles a été sélectionné (voir encadré 5). Dans un premier temps nous avons calculé les corrélations entre les variables d’incapacité au niveau départemental et les variables contextuelles (tableau 2). Puis, nous avons projeté les variables contextuelles sur les axes de l’ACM (graphique 4). Enfin, une régression de chacune des prévalences départementales sur les variables contextuelles a été réalisée (annexe 2). Cette dernière analyse permet d’identifier l’effet propre de chaque variable contextuelle en raisonnant toutes choses égales par ailleurs. Cela identifie par exemple la variation de la prévalence des incapacités à domicile si l’offre en institution augmentait mais que les autres caractéristiques
Axe 1 (83%) : degré de dépendance global Axe 2 (11%) : Limitations cognitives surreprésentées Limitations physiques et générales (GALI) surreprésentées Guadeloupe Taux de pauvreté des seniors Équipement
en EHPA Ratio des
PCS* Aide à domicile Ariège Guyane La Réunion Martinique Corrèze Creuse Gers Lozère Hautes-Alpes Hérault
Seine-Maritime Tarn-et- Ardèche Isère Garonne Morbihan Haute-Savoie Paris Seine-et-Marne Maine-et-Loire Hauts-de-Seine Ille-et-Vilaine Essonne Eure Yvelines Marne Meuse
Somme Nord Haute-Marne Aisne Aube Calvados Puy-de-Dôme Haute-Corse Moselle Pas-de-Calais