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Le maintien à domicile des personnes âgées en perte d autonomie

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Academic year: 2022

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ROTHENMACHER Delphine

Mémoire d’initiation à la recherche dans le champ professionnel

Diplôme d’Etat de Conseiller en Economie Sociale Familiale Session 2019

Le maintien à domicile des personnes âgées en perte

d’autonomie

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SOMMAIRE

Introduction ... 1

1ère partie : Phase préparatoire ... 2

I. Origine du questionnement... 2

II. Question de départ ... 3

2ème partie : Méthodologie de recueil de données ... 4

I. Recherches documentaires ... 4

II. Recherches empiriques ... 5

1. Les professionnels ... 5

2. Le public ... 5

3. Les entretiens ... 6

3ème Partie : Phase exploratoire ... 7

I. Quelques chiffres sur les personnes âgées ... 7

1. Allongement de la durée de vie ... 7

2. Perte d’autonomie et dépendance ... 9

3. Situation personnelle des personnes âgées ... 10

4. Dispositifs en faveur des personnes âgées ... 12

II. Les éléments facilitants le maintien à domicile des personnes âgées en perte d’autonomie ... 13

1. Habitat ... 13

1.1 Le logement ... 13

1.2 Aménagement de l’habitat ... 14

2. Situation géographique et environnement ... 17

2.1 Le milieu urbain ... 17

2.2 Le milieu rural ... 18

3. Santé : Les soins à domicile ... 18

4. Les aidants ... 20

4.1 Les aidants proches... 20

4.2 Les aidants professionnels ... 21

5. L’Aide Personnalisée d’Autonomie ... 22

5.1 Prestataire : le choix le plus utilisé par les bénéficiaires de l’APA ... 23

5.2 Mandataire : le choix intermédiaire ... 23

5.3 Emploi direct : le choix le moins onéreux ... 24

III. Les limites du maintien à domicile des personnes âgées en perte d’autonomie ... 24

1. Difficultés d’ordre technique ... 24

(3)

2. Difficultés dues à l’état de santé ... 26

3. Difficultés d’ordre personnel ... 27

4ème partie : Problématique ... 30

Conclusion ... 34

BIBLIOGRAPHIE ... 35 Annexe 1 : Grille d’entretien pour les professionnels ...

Annexe 2 : Grille d’entretien pour le public ...

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1

Introduction

Dans les représentations traditionnelles de la société, la personne âgée fait souvent référence à la dépendance, à la maladie, à la dégradation physique et psychologique ou encore à la mort.

Cela nous donne un aspect négatif de la vie et du futur de tout être humain. Le regard de notre société valorise en effet la jeunesse qui fait référence à la performance, au dynamisme ou encore à la productivité. Cependant, nous pouvons remarquer qu’il y a une évolution : de plus en plus de représentations de la personne âgée ont un aspect positif, notamment dans les médias où la personne âgée est qualifiée de « sénior ». Davantage de magazines et d’émissions lui sont consacrés et il y a notamment un marché qui se crée autour de ce public (publicité, tourisme adapté, animation, …).

L’allongement de l’espérance de vie en France va forcément impacter la société. Il va falloir que celle-ci s’adapte au vieillissement de la population en repensant les modalités de la prise en charge de la dépendance, soit en créant des places en EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) ou en institut, soit en aidant au maintien à domicile.

L’accompagnement de tout être humain durant cette période de dépendance est primordial. Il est évident qu’il faudra que les pouvoirs publics envisagent de nouvelles mesures concernant les personnes âgées dépendantes dans les années à venir.

J’ai choisi le thème du maintien à domicile des personnes âgées comme sujet de mon mémoire.

Je me suis orientée vers ce thème car, au départ, je ne connaissais pas l’ampleur des aides possibles pour le maintien à domicile et je trouvais intéressant de m’instruire sur ce sujet. En effet, dans ma vie personnelle je n’ai connu aucune personne âgée dépendante qui est restée à son domicile, elles ont toutes été en EHPAD. Cette différence de mode de vie a aiguisé ma curiosité.

Dans ce mémoire, nous allons tout d’abord aborder la phase préparatoire de mon écrit. Elle sera consacrée à l’origine de mon questionnement et aboutira à ma question de départ. La deuxième partie sera dédiée à la méthodologie de recueil de données et détaillera mes recherches documentaires ainsi que mes recherches empiriques. Dans la troisième partie, nous nous intéresserons à la phase exploratoire dans laquelle les recherches documentaires et l’analyse des entretiens seront abordés pour répondre à ma question de départ. La dernière partie ouvrira sur la problématique.

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2

1

ère

partie : Phase préparatoire

I. Origine du questionnement

Au niveau professionnel, je n’avais jamais travaillé avec le public des personnes âgées avant cette année. Je n’avais donc pas de connaissances précises sur cette population. Le stage que j’ai effectué pendant cette année étant en rapport avec les personnes âgées, cela m’a donné l’envie de me renseigner plus précisément sur ce sujet. En effet, j’ai effectué ce stage au Conseil Départemental dans le service Pôle Autonomie. Au fur et à mesure de mon année scolaire, je me suis renseignée sur le public des personnes âgées à travers des ouvrages. Cela m’a aidée à mieux comprendre leurs besoins en fonction de leurs caractéristiques. Je peux être amenée, en tant que CESF (Conseiller en Economie Sociale Familiale), à travailler auprès des personnes âgées. Il est donc important, en tant que professionnelle, de me renseigner sur ce public et sur le thème du maintien à domicile qui est un sujet important concernant les personnes âgées.

Après le choix de mon sujet, je me suis posée différentes questions : Quelles sont les caractéristiques du public des personnes âgées ? Quelles sont les aides humaines et techniques dont peuvent bénéficier les personnes âgées pour rester au domicile ? Qu’est-ce qui freine le maintien à domicile des personnes âgées ? Quelle place ont les aidants dans le maintien à domicile ?

La représentation que je me faisais du sujet était que seules peu de personnes âgées en perte d’autonomie restaient à domicile. Il me semblait que celles qui avaient fait ce choix vivaient en cohabitation avec leurs enfants ou leurs proches. Je ne connaissais pas tous les dispositifs permettant de faciliter le quotidien des personnes âgées, que ce soit les services, institutions, matériels, … Je pensais également que le fait que les personnes âgées aient des aidants était un facteur avantageux pour leur maintien à domicile. Cependant, lors de mes recherches, j’ai pu constater que cela n’était pas toujours le cas. Ces contradictions entre mes représentations et la réalité m’ont permis de développer ma réflexion sur différents sujets et situations tout au long de mon mémoire.

Pour la réalisation de ce mémoire, je me suis appuyée sur les cours qui m’ont été enseignés lors de mon Brevet de Technicien Supérieur (BTS) Economie Sociale Familiale (ESF) et lors de mon année scolaire au Diplôme d’Etat de CESF concernant les personnes âgées et le

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vieillissement. Afin d’enrichir mes connaissances, j’ai réalisé plusieurs lectures et cela m’a conduit à avoir une réflexion sur ce sujet. Pour cela, j’ai fait des recherches dans le centre documentaire de mon école mais aussi via internet. De par mes lectures, je me suis penchée sur les différents professionnels qu’il serait intéressant d’interroger dans le cadre de ce mémoire pour acquérir des informations complémentaires et avoir un point de vue sur mes différentes interrogations soulevées lors de mes recherches documentaires. Cela m’a permis de cibler mes questionnements en fonction des professionnels souhaités.

II. Question de départ

Après le choix de mon public (les personnes âgées) et de mon thème (le maintien à domicile), la première question que je me suis posée dans le cadre du mémoire était : « Comment bien vieillir à domicile ? ». Cependant, j’ai vite réalisé que cette question était plutôt une affirmation.

Nous ne sommes pas sûrs de « bien » vieillir à domicile. De plus, ce sujet était trop vaste. Cette question a donc été écartée. Je me suis alors dirigée vers des lectures pour avoir une idée plus précise de ce que je pouvais étudier dans ce mémoire.

Je me suis ensuite posée d’autres questions : « Quelles sont les avantages et inconvénients du maintien à domicile ? », « Quelles aides existe-t-il pour rester à domicile ? » ou encore « Le maintien des personnes âgées à leur domicile favorise-t-il leur isolement ? ». Cependant ces questions étaient trop précises pour mon mémoire et pour les points que je souhaitais aborder.

Je me suis donc tournée vers une question plus générale qui regrouperait les aspects qui me semblent personnellement plus intéressants.

Je me suis alors dirigée vers la question finale suivante : « Quels sont les freins et leviers qu’ont les personnes âgées en perte d’autonomie pour rester à domicile ? ».

Dans ce cas, les freins sont vus comme des facteurs désavantageux pour un maintien à domicile tandis que les leviers sont des facteurs avantageux pour ce maintien.

Cette question reprendrait le thème de la perte de l’autonomie des personnes âgées d’une part et du maintien à domicile d’autre part. Je pourrais y évoquer des statistiques concernant les personnes âgées, les différentes aides possibles, qu’elles soient médicales, techniques, humaines, le rôle des aidants mais aussi les freins que les personnes âgées peuvent avoir à rester à domicile.

(7)

4

2

ème

partie : Méthodologie de recueil de données I. Recherches documentaires

De prime abord, dans le cadre de mon mémoire, j’ai choisi de réaliser des recherches sur internet. L’objectif de ces recherches était principalement de me renseigner sur les différentes statistiques concernant mon public et mon thème. Il me semble important de bien connaitre les statistiques du public que je souhaite étudier, notamment le nombre de personnes concernées par mes recherches, le nombre de personnes âgées dépendantes et aussi les caractéristiques de leur lieu de vie. Ce sont des données significatives car il y a une évolution du nombre de personnes âgées et le maintien à domicile ne les concerne pas toutes.

Au départ, je me suis également concentrée sur les définitions qu’il me semble utile de préciser pour que chaque lecteur comprenne au mieux les termes que je vais utiliser tout au long de mon mémoire (perte d’autonomie, dépendance, grille AGGIR, …).

J’ai également souhaité faire une partie sur les différentes lois qui vont cadrer mon travail. En effet, il faut que j’acquière une connaissance des lois concernant les personnes âgées et le maintien à domicile pour pouvoir en parler au mieux. Aujourd’hui, nous pouvons avoir le choix de notre lieu de vie, et ce, grâce aux différentes actions des pouvoirs publics. C’est pour cela que j’estime indispensable la connaissance des principales lois qui régissent l’aide au maintien à domicile.

Par la suite, je me suis penchée sur la lecture de différents ouvrages : livres et articles de presse.

Ils m’ont permis de mieux comprendre l’aspect du vieillissement et les notions qui l’entourent.

J’ai également pu y obtenir davantage d’informations sur le thème du maintien à domicile. Ce thème a été abordé de façons différentes, avec des points de vue multiples et des sujets plus ou moins développés. De par ma question de départ, j’ai ciblé mes lectures sur les différents freins et leviers du maintien à domicile. De ce fait, je regardais le sommaire de l’ouvrage en question et je lisais les parties qui, pour moi, me semblaient les plus intéressantes pour l’enrichissement de mon mémoire.

Les recherches documentaires m’ont aidée à me poser différentes questions au fur et à mesure de mes lectures. Cela m’a permis de cibler au mieux les professionnels qu’il serait intéressant

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5

d’interroger dans le cadre de mon mémoire et par conséquent, cibler les thèmes et les différentes questions que je pourrais aborder avec eux.

II. Recherches empiriques

1. Les professionnels

Afin de compléter mes recherches documentaires, je me suis rendue sur le terrain. J’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs professionnels. Il a été intéressant pour moi de les interroger dans le cadre de mon mémoire. En effet, leur principale mission est d’évaluer l’autonomie des personnes âgées de plus de 60 ans et de favoriser leur maintien à domicile. Ils sont tous en contact quotidien avec les personnes âgées dans le cadre de leurs métiers.

Pour faciliter la compréhension des lecteurs, j’ai réalisé un tableau qui reprend les principales données de présentation des professionnels interrogés :

Structure Poste Objectif Public

Professionnel A Caisse de retraite de l’Agence Nationale pour la Garantie des Droits des Mineurs (ANGDM)

Assistante Sociale Evaluer l’autonomie des personnes âgées et favoriser leur maintien dans leur logement

Retraités de la mine ou leurs ayants droit de plus de 60 ans en GIR 5 ou 6

Professionnel C Conseil Départemental - Service Pôle Autonomie

CESF, employé en tant que Evaluateur APA

Evaluer l’autonomie des personnes âgées et favoriser leur maintien dans leur logement

Personnes âgées de plus de 60 ans en GIR 1 à 4

Professionnel E Conseil Départemental - Service Pôle Autonomie

CESF, employé en tant que Evaluateur APA

Evaluer l’autonomie des personnes âgées et favoriser leur maintien dans leur logement

Personnes âgées de plus de 60 ans en GIR 1 à 4

2. Le public

Concernant le public, j’ai ciblé mes recherches sur des personnes âgées de plus de 60 ans, en essayant d’obtenir des entretiens d’autant de femmes que d’hommes. J’ai utilisé le « bouche à

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6

oreille » pour obtenir la sélection des personnes interrogées. Il est important de préciser que ce sont toutes des personnes que je ne connais pas personnellement.

J’ai eu l’occasion d’interroger 6 personnes âgées de 64 à 88 ans avec des profils divers. Le fait d’interroger des hommes et des femmes avec des caractéristiques différentes m’a apporté une plus grande variété de réponses.

Pour faciliter la compréhension des lecteurs, j’ai réalisé un tableau qui reprend les principales données du public interrogé :

Age Lieux de vie Situation familiale Dépendance

Madame E 73 ans Urbain Veuve GIR 6

Madame A 82 ans Urbain Veuve Pas d’évaluation de dépendance

Monsieur G 88 ans Rural En couple GIR 4

Madame H 78 ans Rural En couple GIR 4

Monsieur P 66 ans Urbain Veuf GIR 3

Monsieur L 64 ans Urbain En couple GIR 6

3. Les entretiens

Mes entretiens ont été semi-directifs pour les professionnels (annexe 1) comme pour le public (annexe 2). J’ai choisi ce type de questionnaire car c’est une technique d’entretien plutôt qualitative. En effet, cela me permet d’orienter le discours des personnes interrogées autour des thèmes que j’ai préalablement définis, sans les influencer. J’ai utilisé des questions plutôt ouvertes pour que les personnes puissent s’exprimer librement. Dans ma grille d’entretien, j’avais noté les principales questions mais aussi des questions de relance, au cas où les personnes interrogées ne comprenaient pas bien mes questions ou ne développaient pas leur réponse. Les thèmes que j’ai retenus sont : la présentation, le logement, les freins, les leviers et les aidants. J’ai choisi de commencer par la présentation pour apprendre à connaitre les personnes interrogées dans leur globalité et pour cibler mes questions de relance par la suite.

J’ai ensuite sélectionné le thème du logement pour me renseigner plus précisément sur un élément important de mon mémoire et recueillir des informations pour cibler mes questions durant l’entretien. De par ma question de départ et suite à mes différentes lectures, il me semble important d’aborder les freins et les leviers du maintien à domicile. Le sujet des aidants

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représente un enjeu dans mon mémoire car il peut entrer dans la case freins comme dans les leviers. C’est pour cela que j’ai préféré différencier cette partie dans l’entretien pour avoir un avis neutre de la part des personnes interrogées. J’ai choisi de poser des questions sur les mêmes thèmes aux professionnels et aux publics pour avoir divers points de vue et afin que les entretiens se complètent. Cependant, lors de mes échanges, d’autres questions et interrogations ont été abordées. Les entretiens ont tous été enrichissants grâce au vécu, au savoir-faire et à l’expérience des personnes interrogées.

Pour faciliter la compréhension de mon mémoire et ne pas me répéter j’ai choisi de réaliser un plan thématique, c’est-à-dire, que je vais présenter chaque thème en le développant conjointement selon mes lectures et mes analyses d’entretiens.

3

ème

Partie : Phase exploratoire

I. Quelques chiffres sur les personnes âgées

Tout d’abord, il est important de préciser que dans ce mémoire, les personnes âgées regroupent les personnes de 60 ans et plus (âge à partir duquel selon la loi on peut prétendre à l’Allocation Personnalisée d’Autonomie). Les professionnels que j’ai eu l’occasion de rencontrer dans le cadre de mon mémoire travaillent auprès de personnes de plus de 60 ans.

1. Allongement de la durée de vie

En 1967, un nouveau-né pouvait espérer vivre jusqu’à 71,5 ans en moyenne.

En 2017, l’espérance de vie à la naissance est de 82,4 ans, avec un écart entre les hommes (79,5 ans) et les femmes (85,3 ans).1 On peut imaginer qu’avec les progrès de la médecine, l’espérance de vie des hommes et des femmes va encore augmenter.

En un peu plus de 50 ans, la pyramide des âges concernant les personnes âgées de 65 ans ou plus a fortement évolué : sa base s’est élargie et elle s’élève nettement plus haut. Une des raisons

1 https://www.insee.fr/fr/statistiques/3303354?sommaire=3353488

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est l’allongement de la durée de la vie. Il y a aussi l’influence des générations anciennes : la pyramide de 1950 était marquée par le déficit de naissance dû à la guerre de 1870, celle de 2005 reste marquée par un déficit similaire dû à la guerre 1914-1918. Cependant, le « papy-mamy boom » n’avait pas encore fait sentir ses effets en 2005 car ces personnes avaient moins de 60 ans en 2005.2

Lors de mes recherches documentaires, j’ai eu l’occasion de lire un livre de l’INSEE - REFERENCES « Les personnes âgées ». Ce livre reprend les statistiques sur le thème des personnes âgées pour l’année 2005.

Les personnes de plus de 65 ans représentaient 11% de la population en 1950 et en 2005, elles représentaient 16,4%. La part des femmes de plus de 60 ans est supérieure aux hommes de plus de 60 ans. On y apprend également que les personnes vivant seules sont majoritairement des femmes, 39,7% des femmes de plus de 65 ans vivent seules, contre 16,2% des hommes.3 Lors de mes recherches, j’ai eu l’occasion de découvrir un deuxième livre intitulé « Domicile, Autonomie et Technologies » datant de 2009. Christine MAINTIER, Docteur en Psychologie, maitre de conférences et formatrice à l’UFM de Tours nous indique que la vieillesse peut être abordée sous différents aspects : physiologique, cognitif, personnel et social.

Dans cet ouvrage, les différents types de vieillissements sont détaillés. Le vieillissement physique qui est expliqué comme le changement physiologique se caractérise de façon observable par des modifications de la peau, des cheveux, de la taille, du poids et donc

2 Les personnes âgées – INSEE Références Edition 2005, p.10-11

3 Les personnes âgées – INSEE Références Edition 2005, p.11 et 37

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9

globalement d’une transformation de l’ensemble de la silhouette. Les organes sensoriels subissent également l’effet du vieillissement (la vue baisse, l’audition est moins efficace, …).

Le vieillissement cognitif s’ajoute à cette baisse de performances. De manière générale, la mémoire de travail devient moins efficace. Le traitement des informations est donc ralenti et induit à son tour un ralentissement cognitif. L’intelligence générale diminue progressivement avec l’âge, même si l’intelligence verbale qui fait appel aux connaissances accumulées au cours de l’existence, reste quant à elle, stable. L’aspect personnel et interpersonnel lié au vieillissement est également abordé. En effet, l’homme a une extraordinaire capacité d’adaptation à son environnement. En fonction de ses capacités, il arrive à faire évoluer ses besoins en activité physique ou en contact. Sa conception des relations humaines et ses attentes évoluent avec lui. Les difficultés physiques amènent à mettre en œuvre des processus d’adaptation psychologiques.4

Ces descriptions nous permettent de mieux appréhender l’évolution du vieillissement afin d’adapter l’environnement des personnes âgées.

2. Perte d’autonomie et dépendance

En raison de l’allongement de la durée de vie, le nombre de personnes en perte d’autonomie ou dépendantes augmente.

Dans l’ouvrage « Aide à domicile », l’auteur René RAGUENES cite une définition donnée par le Secrétariat d’Etat sur la perte d’autonomie : « Impossibilité pour une personne d’effectuer certains actes de la vie courante dans son environnement habituel. ». La dépendance est définie comme « Situation d’une personne qui … ne peut … effectuer des gestes essentiels à la vie quotidienne sans le concours d’autres personnes. ».5

L’INSEE nous donne comme définition de la personne âgée dépendante « toute personne d’au moins 60 ans qui, nonobstant les soins qu’elle est susceptible de recevoir, a besoin d’une aide pour l’accomplissement des actes essentiels de la vie ou dont l’état nécessite une surveillance régulière. ». La dépendance est alors évaluée grâce à l’outil grille AGGIR (Autonomie Gérontologique Groupe Iso-Ressources) : « Elle mesure l’autonomie à travers l’observation des

4 CARRE Michaël. Domicile, Autonomie et Technologies. p.13

5 RAGUENES René. Aide à domicile : Le soutien aux personnes âgées et la polyvalence professionnelle. p.27

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activités qu’effectue seule la personne âgée. A chaque personne est attribué un Groupe Iso- Ressources (GIR) parmi six possibles. Chaque groupe regroupe des personnes de profils d’incapacité différents mais qui ont besoin d’une même quantité d’heures d’aide ou de soins.

Le premier groupe (GIR 1) correspond aux cas les plus lourds, le dernier (GIR 6) aux personnes autonomes ». Les personnes appartenant aux GIR 1 à 4 sont donc considérées comme dépendantes.6

Le lieu de vie des personnes âgées est en partie fonction de leur degré de dépendance : plus du tiers des personnes dépendantes vivent en institution, un quart d’entre elles étant en unités de soins de longue durée. Proportionnellement, c’est dans ces unités que se trouvent le plus de cas de dépendance lourde et c’est à domicile qu’il y en a le moins, surtout quand il s’agit de personnes seules. Le taux de dépendance évolue en fonction de l’âge parallèlement pour les hommes et les femmes, mais chez ces dernières il croît beaucoup plus vite à partir de 75 ans.

Comme elles sont par ailleurs plus nombreuses aux âges élevés, plus de 2 personnes dépendantes sur 3 sont des femmes. En effet, nous remarquons avec le graphique ci-dessous qu’en 1999, 4% des personnes de 60 à 64 ans sont dépendantes (GIR 1 à 4) que ce soit pour les hommes ou pour les femmes. Cependant, il y a une différence qui se creuse pour les femmes de 85 ans, 23% d’entre elles sont dépendantes contre 17% des hommes.7

3. Situation personnelle des personnes âgées

Sur le graphique de l’INSEE datant de 2013 ci-dessous, nous pouvons observer que pour les femmes, à l’âge de 65 ans, 65% d’entre elles vivent en couple et à domicile. Cependant, ce

6 Les personnes âgées – INSEE Références Edition 2005, p.50

7 Ibid, p.50-51

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11

chiffre baisse très rapidement. En effet, à l’âge de 80 ans, elles ne sont plus que 40% et à l’âge de 90 ans, plus que 10%. Concernant les hommes de 65 ans, ils sont 78% à vivre en couple et à domicile. Ce pourcentage baisse beaucoup moins vite que pour les femmes. En effet, à l’âge de 80 ans, les hommes sont encore 70% à vivre en couple et à domicile et à l’âge de 90 ans encore 40%.

Les personnes âgées vivant en ménage avec d’autres personnes ne représentent qu’une petite partie de la population. En effet, chez les personnes de plus de 65 ans, les chiffres n’évoluent que très peu avec l’avancée en âge. Pour les femmes, seules 5 à 10% sont dans cette situation et pour les hommes seulement 3 à 10%.

Concernant les personnes vivant seules à domicile, nous constatons que la majorité sont des femmes. En effet, elles sont dès 65 ans et jusqu’à 100 ans, environ 30% à avoir ce mode de vie.

Les hommes dans cette situation sont 20% à 65 ans et 30% à partir de 95 ans.

Au sujet du nombre de personnes âgées vivant en institution, nous remarquons que seules peu de personnes y vivent entre 65 et 80 ans. Ce chiffre augmente ensuite rapidement chez les femmes, passant de 15% à 85 ans à 50% à 95 ans. Chez les hommes, cette augmentation se fait moins sentir. En effet à 85 ans, 10% des hommes sont en institution et 30% à 95 ans.

Nous constatons donc que les hommes de plus de 65 ans vivent plus souvent en couple et à domicile. Les entretiens que j’ai réalisé avec le public sont conformes aux données. En effet, sur 3 femmes, 2 étaient veuves et sur 3 hommes, 1 seul était veuf. Cela peut s’expliquer par le fait que les femmes ont une espérance de vie plus élevée que celle des hommes et donc que ces derniers vivent avec leur conjointe plus longtemps.

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12 4. Dispositifs en faveur des personnes âgées

Les aides en faveur des personnes âgées ont évolué au fil du temps. Dans le cadre de mon mémoire, je vais m’intéresser aux lois les plus récentes et qui concernent le maintien à domicile.

- Loi du 20 juillet 2001 relative à la prise en charge de la perte d’autonomie des personnes âgées et à l’allocation personnalisée d’autonomie : Création de l’Aide Personnalisée d’Autonomie (APA). La loi instaure le droit à l’APA pour toute personne

« incapable d’assumer les conséquences du manque ou de la perte d’autonomie lié à son état physique ou mental ». Elle se base sur un nouveau critère d’attribution qui est la grille AGGIR (Autonomie Gérontologie groupes Iso Ressources).8

- Loi du 31 mars 2003 portant modification de la loi du 20 juillet 2001 relative à la prise en charge de la perte d’autonomie des personnes âgées et à l’allocation personnalisée d’autonomie : cette loi envisage des mesures destinées à financer l’Allocation Personnalisée d’Autonomie. Elle modifie notamment la date d’ouverture des droits à l’APA.9

- Loi du 30 juin 2004 relative à la solidarité pour l’autonomie des personnes âgées et des personnes en situation de handicap : La loi établit dans tous les départements un dispositif de veille et d’alerte. Ce dispositif doit permettre l’intervention des services sanitaires et sociaux, sur la base des informations recueillies par les communes, auprès des personnes âgées et des personnes handicapées, dans les cas de risque exceptionnel, climatique ou autre. Cette loi instaure également la journée de solidarité pour assurer le financement de nouvelles actions en faveur des personnes âgées. D’autre part, une

« Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie » (CNSA) financée par la journée de solidarité a également été créée. C’est un établissement public qui contribue au financement d’actions favorisant l’autonomie, qui aide au développement de l’aide à domicile et à l’amélioration des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes et qui renforce les aides versées aux départements pour la prise en charge de l’APA.10

8 https://www.vie-publique.fr/rechercher/recherche.php?query=loi+20+juillet+2001&x=0&y=0&filter=&skin=

9 https://www.vie-publique.fr/actualite/panorama/texte-vote/loi-du-31-mars-2003-relative-prise-charge-perte-autonomie- personnes-agees-allocation-personnalisee-autonomie.html

10 https://www.vie-publique.fr/actualite/panorama/texte-vote/loi-du-30-juin-2004-relative-solidarite-pour-autonomie- personnes-agees-personnes-handicapees.html

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- Loi du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement : Cette loi a pour but d’anticiper les conséquences du vieillissement de la population. Elle repose sur trois principes :

• Anticiper pour prévenir la perte d’autonomie (favoriser le maintien à domicile, actions de prévention, plan national de prévention du suicide des personnes âgées, mobilisation nationale de lutte contre l’isolement). La priorité est donnée au maintien à domicile quand il est souhaité par la personne âgée.

• Adapter les politiques publiques au vieillissement (adaptation des logements, modernisation des résidences autonomie, intégration des problématiques du vieillissement dans les programmes locaux d’habitat et dans les plans de déplacement urbain, …).

• Améliorer la prise en charge des personnes en perte d’autonomie (protection des droits et libertés des personnes âgées, réforme de l’APA, soutien des proches aidants).11

II. Les éléments facilitants le maintien à domicile des personnes âgées en perte d’autonomie

1. Habitat

1.1 Le logement

Selon la sociologue-anthropologue Laurence HARDY, dans le magazine « Vieillir chez soi : choix ou nécessité ? Doc’Domicile N1 Octobre-Novembre 2006 », l’attachement au domicile, au lieu où l’on vit, est très marqué en France. Le domicile inscrit la personne dans un lieu donné et est le plus souvent fortement investi sentimentalement : il fait sens et est chargé de valeurs, de souvenirs … ; il inscrit la ou les personnes qui y vivent dans un territoire donné tout en développant un réseau social déterminé. Le « chez-soi » est vécu le plus souvent comme un espace de sécurité.12

11 https://www.vie-publique.fr/actualite/panorama/texte-discussion/projet-loi-relatif-adaptation-societe-au-vieillissement.html

12 HARDY Laurence. Rester chez soi, une « culture du domicile » très française. Doc’Domicile - Vieillir chez soi : choix ou nécessité ? Octobre-Novembre 2006, N1, p.2-3

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Lors de mes entretiens avec le public, j’ai eu les remarques suivantes :

Madame E : « Je suis encore très matérialiste, alors c’est vrai que si je pars, je devrais me séparer de beaucoup de mes meubles et ça, pour l’instant ça me chagrine un peu. »

Madame A : « J’aime ma maison, ma tranquillité et je n’ai pas envie de vivre avec des gens 24h/24 en collectivité. ».

Monsieur G : « […] Parce que j’ai mes habitudes, je m’y sens bien, je peux sortir au balcon tout seul. »

En effet, toutes les personnes âgées m’ont répondu qu’elles se sentaient bien dans leur logement. Par la présence de leurs meubles auxquels elles tiennent, par leurs habitudes, leur tranquillité ou par leurs souvenirs, elles préfèrent rester le plus longtemps possible dans leur domicile actuel. Celui-ci est synonyme de sécurité et de bien-être. Changer de domicile pour les personnes âgées peut bousculer leur habitude de vie et les perturber.

1.2 Aménagement de l’habitat

Selon le site internet AXA Prévention, chaque année, près de 450 000 personnes de plus de 65 ans font une chute à domicile, c’est la première cause de mortalité accidentelle chez les séniors.13

Afin de pouvoir continuer à vivre chez elles dans de bonnes conditions et le plus longtemps possible, les personnes âgées en perte d’autonomie doivent pouvoir évoluer dans un environnement sécurisé et adapté.

Le désir des retraités est de vivre chez soi et d’être indépendants. Les conditions de logement ne sont pas toujours adaptées mais les personnes âgées font souvent preuve d’une grande inventivité pour rendre leur quotidien plus facile à vivre et pallier autant que faire se peut les multiples petites incapacités liées à l’avancée en âge. Par exemple, Madame E, a mis de l’antidérapant sous ses tapis pour éviter les chutes et dans le but de les garder. Madame A et Madame H, ont investi dans un amplificateur de son pour mieux entendre leur téléphone et la sonnette de la porte d’entrée.

Toutes les pièces ne présentent pas le même degré de dangerosité, ni ne nécessitent la même ampleur de travaux. Ces travaux peuvent être réalisés afin d’anticiper une perte d’autonomie

13 https://www.axaprevention.fr/maison/domicile-seniors/risque-de-chute-personnes-agees

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ou pour faciliter le quotidien des personnes âgées. Les professionnels A, C et E m’ont indiqué les principales préconisations à connaitre :

La salle de bain : un des chantiers prioritaires

D’après les professionnels que j’ai interrogés, pour sécuriser au mieux cette pièce, il est conseillé d’installer des barres d’appui, un siège de douche ou de baignoire, des tapis antidérapants, un réhausse WC, … Il est aussi recommandé d’avoir une douche à l’italienne sans présence de marche ou de rebord pour y accéder.

La cuisine : principal lieu d’accidents domestiques

Pour prévenir les accidents domestiques, selon les entretiens que j’ai réalisé avec les professionnels, il est possible de remplacer les plaques de cuisson gaz par des plaques de cuisson électriques, de placer le four et le micro-onde et tout ustensile à la bonne hauteur et d’avoir des appareils électroménagers simples d’utilisation et d’entretien.

La chambre : un lieu de repos

Pour faciliter les transferts des personnes âgées, les professionnels interrogés m’ont indiqué qu’il est préférable d’adopter un lit dont la hauteur est suffisante pour se lever ou se coucher facilement. Il faut aussi éviter les matelas trop mous. Si besoin, il est également possible d’installer des barres de lit pour faciliter le transfert de la position couchée à la position assise au bord du lit ou encore une potence pour aider aux redressements, aux retournements et aux transferts couché-assis. Le lit médicalisé favorise la mobilité de la personne âgée à travers ses différentes fonctions : potence, barrières latérales, relève-buste, relève-jambe, sa hauteur variable électriquement. Il est aussi possible d’ajouter une chaise percée à côté du lit pour limiter les trajets nocturnes des personnes âgées.

Aucune personne âgée interrogée ne dispose de ces équipements. Cela peut s’expliquer par le fait qu’elles n’en ont pas besoin car elles sont assez autonomes ou qu’elles n’ont pas connaissance de ces aides. Cependant, deux personnes parlent d’installer leur lit dans le séjour.

Madame E : « pour l’instant je n’ai pas de problème avec les escaliers mais le jour où je peux plus, je descends mon lit et je le mets en bas. J’ai la place, j’ai une grande pièce. » Madame A : « le souci c’est la chambre car la chambre est à l’étage donc je pensais installer un lit dans le salon mais je ne sais pas, je ne sais pas trop quoi faire. ». On remarque que ces deux personnes anticipent leur future perte d’autonomie.

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Le séjour : la pièce à vivre

Afin de permettre à la personne âgée de rester chez elle, les professionnels A, C et E m’ont indiqué qu’il est possible d’aménager favorablement le séjour. Par exemple, retirer les meubles encombrants facilite la circulation dans la pièce. Il existe des télécommandes simplifiées ou des casques pour amplifier le son de la télévision. Pour les personnes éprouvant des difficultés motrices modérées, on peut envisager d’installer des assises catapulte. Pour améliorer leur confort, les personnes âgées peuvent aussi s’équiper de fauteuils de repos à inclinaison électrique.

D’après les réponses récoltées lors de mes entretiens avec le public, le séjour est adapté à leurs besoins. Cependant, Madame E a eu recours à une astuce : « J’ai mis de l’antidérapant sous les tapis mais bon voilà … c’est un peu ma folie les tapis, chez les personnes âgées c’est un peu la folie. Mais bon pour l’instant je lève encore les pieds. »

Les escaliers : un danger pour la personne âgée

Pour éviter les chutes, selon les professionnels, les personnes âgées peuvent privilégier l’installation de barre d’appui, de main courante, de nez de marche antidérapant ou encore de kit lumineux. Le monte-escalier est également une nécessité quand les personnes âgées n’arrivent plus à accéder à l’étage de leur domicile.

Le logement dans son intégralité

En général, pour éviter les accidents domestiques, il est possible de fixer les tapis, d’installer une téléalarme, d’agrandir ou d’enlever les portes, de mettre en place un revêtement de sol antidérapant, d’installer des amplificateurs de son ou des signaux lumineux, d’acquérir un téléphone adapté aux personnes âgées, d’équiper son domicile de lumière à détecteur de mouvement, d’installer des volets roulants motorisés etc…

Madame A : « J’ai une téléalarme par contre, le petit bouton qu’on appuie dessus ça prévient mon neveu et les pompiers après. Je l’ai utilisé une fois je trouve ça pratique parce que ça me rassure de me dire que si je tombe si je ne me sens pas bien il suffit que j’appuie sur le bouton pour prévenir mon neveu. ». Cet équipement qui est très présent chez les personnes âgées sert, entre autres, à les rassurer mais aussi peut s’avérer très utile en cas de chute.

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17 2. Situation géographique et environnement

Afin de ne pas confiner les personnes âgées chez elles et de maintenir un lien avec le reste de la société, leur environnement doit être adapté à leurs besoins.

2.1 Le milieu urbain

Selon les données que présente l’INPES, l’environnement quotidien des personnes âgées se limite à 500 mètres autour de leur domicile. Les lieux les plus fréquentés sont les commerces de proximité. Les déplacements piétonniers sont majoritaires et nécessitent un environnement favorable (large trottoir, présence de banc, absence de pentes, …). Les déplacements en transport en commun exigent un arrêt de transport à moins de 150 mètres du domicile pour un temps d’attente maximal de 15 minutes, sous peine de devenir source de complexité ou d’inquiétude pour les aînés.14

Sur les 6 personnes interrogées pour ce mémoire, 4 vivent en milieu urbain. Par exemple : Madame A : « Je sais pas si vous connaissez, c’est une ville de 6500 habitants. Le problème c’est qu’il n’y a pas vraiment de commerces à proximité donc il faut que je prenne ma voiture pour faire les courses. C’est pas loin mais il faut prendre la voiture. Je suis à peu près à 2 km des commerces mais je peux pas aller à pieds. »

Monsieur L : « J’habite juste à côté du supermarché donc je vais à pieds pour les petites courses et sinon je prends quand même la voiture pour pouvoir ranger les bouteilles d’eau etc ».

Madame E : « Pour ce qui est pour l’eau, j’achète de l’eau en bouteilles. Ma petite fille vient avec moi. On va quoi... une fois tous les 2 mois, on achète le stock. Pour la boulangerie j’achète disons voir 10 baguettes et je les mets au congélateur je coupe en 2 et je mets au congélateur car j’ai pas envie de sortir la voiture tous les jours. »

L’avantage des milieux urbains est d’avoir les commerces à proximité (commerces d’alimentation, boulangerie, pharmacie, Poste, banque, …). Cependant, lors de mes entretiens réalisés avec le public habitant en milieu urbain, 3 d’entre eux doivent néanmoins prendre leur véhicule car ils habitent à plus de 500 mètres des commerces. En effet, en milieu urbain il peut exister des zones où les commerces sont tout de même éloignés. Même si certaines personnes âgées habitent en milieu urbain, elles peuvent éprouver des difficultés car tout n’est pas conçu

14 http://inpes.santepubliquefrance.fr/jp/cr/pdf/2015/Synthese_Mobilite_personnes_agees.pdf

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pour elles. En effet, les bus ne sont pas toujours adaptés, les trottoirs peuvent être trop hauts, les personnes ont trop peu de temps pour traverser au feu tricolore, … Certaines font le choix de faire des « grosses » courses pour pouvoir stocker et ainsi ne pas devoir sortir trop régulièrement. Souvent, une tierce personne les aide pour cette tâche.

2.2 Le milieu rural

Sur les 6 personnes interrogées, 2 vivent en milieu rural.

La mobilité des personnes âgées vivant en milieu rural est étroitement liée aux types de transports existants : ligne de bus, train, taxi, ... Cependant, en milieu rural, très peu de dispositifs existent. Les moyens de transports ne sont pas très répandus, ce qui explique que la conduite automobile se fait jusqu’à un âgé avancé. La mobilité quotidienne des personnes âgées est donc plus compliquée car elle est dépendante de facteurs extérieurs.

Madame H : « On habite quand même à la campagne donc pour faire les courses on est obligé de prendre la voiture et nous on ne la prend plus depuis un moment. Heureusement que les enfants n’habitent pas trop loin pour nous les faire. »

Monsieur G : « Il n’y a pas de magasins à proximité mais ma femme roule et va faire les courses toute seule. »

Dans le milieu rural, rares sont les personnes qui ont recours aux transports en commun. Le déplacement des personnes âgées est un véritable problème. Souvent, les personnes ont besoin de leurs proches pour les aider dans leurs déplacements car prendre la voiture peut s’avérer être un danger pour les personnes en perte d’autonomie et autrui (la vue et l’ouïe des personnes âgées baissent, les reflexes diminuent, …).

3. Santé : Les soins à domicile

L’expression « soins à domicile » recouvre l’ensemble des soins infirmiers : des soins dits de nursing (soins d’hygiène et de confort, comme la réalisation de la toilette), dispensés en cas de perte d’autonomie et des actes infirmiers (pansements, injections…). C’est le médecin traitant ou un médecin de l’hôpital qui estime le besoin de soins à domicile.15 Il est possible de faire intervenir :

15 https://www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr/dossiers/comment-mettre-en-place-des-soins-domicile

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Les infirmiers libéraux

Les infirmiers libéraux sont des infirmiers diplômés d’Etat qui exercent seuls ou dans un cabinet composé de plusieurs professionnels de santé. Ils dispensent des soins au domicile de leurs patients, notamment des soins permettant aux personnes âgées de rester vivre chez elles. Les infirmiers libéraux interviennent sur prescription médicale.

Les soins dispensés sont : soins et surveillance de pathologies chroniques, injections, pansements, perfusions, soins palliatifs, soins d’hygiène corporelle…16

Les centres de santé infirmier

Les centres de santé infirmiers regroupent des infirmiers diplômés d’Etat salariés du centre qui réalisent des actes médico-infirmiers et des soins de nursing au domicile ou au centre. Ils interviennent sur prescription médicale.

Les soins dispensés sont les mêmes que ceux réalisés par les infirmiers libéraux.17

Les SSIAD (Service de Soins Infirmiers A Domicile)

Les SSIAD sont des services de soins infirmiers à domicile. Seules les personnes âgées de plus de 60 ans malades ou en perte d’autonomie, les personnes handicapées et les personnes atteintes d’une maladie chronique peuvent bénéficier de l’intervention d’un SSIAD. Ils interviennent auprès des personnes âgées pour : prévenir la perte d’autonomie, éviter l’hospitalisation, faciliter le retour à domicile après une hospitalisation et permettre à la personne âgée de continuer à vivre chez elles. Ils interviennent sur prescription médicale.

Les soins dispensés sont les mêmes que ceux réalisés par les infirmiers libéraux.18

L’HAD (Hospitalisation A Domicile)

L’HAD est une forme d’hospitalisation qui permet, au domicile, d’assurer certains soins techniques, intensifs ou complexes que le secteur libéral n’est pas en mesure de prendre en charge. Elle garantit la continuité des soins dans un environnement familier. L’HAD intervient sur prescription médicale.19

16https://www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr/vivre-domicile/etre-soigne-domicile/faire-appel-un-infirmier-liberal

17 https://www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr/vivre-domicile/etre-soigne-domicile/faire-appel-un-centre-de-sante- infirmier

18 https://www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr/vivre-domicile/etre-soigne-domicile/les-ssiad-services-de-soins-infirmiers- domicile

19 https://www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr/vivre-domicile/etre-soigne-domicile/lhad-hospitalisation-domicile

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Aucune des personnes interrogées ne dispose de soin à domicile. Toutes m’ont répondu qu’elles ne le souhaitaient pas car elles n’en ressentaient pas encore le besoin. Le panel que j’ai interrogé n’était pas assez large, les personnes étaient encore assez autonomes.

4. Les aidants

Tous les professionnels que j’ai interrogé m‘ont parlé de la place prépondérante des aidants, qu’ils soient proches ou professionnels, dans le maintien des personnes âgées à domicile.

4.1 Les aidants proches

Les aidants proches sont définis comme ceux qui viennent en aide, non professionnellement, à titre principal, pour partie ou totalement, à une personne dépendante de leur entourage, pour les activités de la vie quotidienne.20

Selon la professionnelle E: « La place de l’aidant est très importante, il faut quelque part s’appuyer sur l’aidant mais en même temps le soulager parce que sinon sur du long terme c’est compliqué. Tu ne peux pas demander à un aidant de se surinvestir. Il faut quand même le soulager »

La professionnelle C aborde ce sujet d’une manière différente car elle y répond dans le cadre d’un « couple ». En effet, les personnes âgées vivent de plus en plus longtemps en couple. C’est ce qu’elle rencontre régulièrement dans sa vie professionnelle.

Professionnelle C : « Tu peux être un couple forcément ça peut être un avantage si le conjoint est aidant, si le conjoint est l’aidé ça peut être à double tranchant. […] Ça peut être un levier ou un frein tout dépend de la situation et de la relation. »

Ces propos m’ont surprise car pour moi le terme « aidant » est synonyme d’aider et n’est pas un frein à un maintien au domicile. Cependant, en y réfléchissant, il est vrai que s’occuper d’une personne plus dépendante que soi peut entrainer une dégradation de notre état de santé. En effet, pour s’occuper d’elle, les sorties à l’extérieur se feront plus rares ce qui implique une baisse de lien social. Si, par exemple, la personne a besoin d’être portée, il est possible de subir une dégradation physique. La personne aidante peut être épuisée et il est possible qu’elle devienne alors plus dépendante que la personne aidée. Comme la professionnelle E l’indique, il est

20 https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-03/ane-trans-rbpp-soutien_aidants-interactif.pdf

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important de soulager les aidants pour assurer un maintien à domicile dans de bonnes conditions.

Lors de mes entretiens, j’ai constaté que les aidants proches sont essentiellement des aidants familiaux.

Madame E : « J’ai mes petits-enfants et mes enfants. Pour aider à tondre le gazon et puis j’ai ma petite fille pour m’aider pour les grosses courses, pour l’extérieur, pour coiffer, tout ce qui est esthétique, le reste j’arrive seule »

Monsieur G : « Ma femme fait tout à la maison, elle cuisine, fait les courses, fait le ménage, elle m’aide même à rentrer dans la douche. Les enfants viennent plutôt pour des bricoles : changer les ampoules, décrocher les rideaux… »

Madame H : « Oui mes enfants n’habitent pas loin et ils passent régulièrement, nous font les courses, tondent le gazon. Si j’avais personne pour faire les courses je pense que je serais déjà en maison de retraite. »

Madame A : « J’ai un neveu, une nièce qui passent de temps en temps. Bon c’est pas régulier mais ils viennent, aller, une fois par mois. J’ai de bons contacts avec mes voisins, je sais que je peux compter sur eux, par exemple en hiver, s’il y a de la neige et que je veux pas sortir en voiture, ils me font quelques courses. »

Toutes les personnes bénéficiant d’aidant proche ont, au minimum, une tâche réalisée par leurs enfants. Seule Madame A bénéficie d’aide extra-familiale par la présence de ces voisins. Cela peut s’expliquer par le fait qu’elle est veuve et n’a pas d’enfant.

4.2 Les aidants professionnels

Quand le maintien à domicile s’avère difficile, il est nécessaire de faire intervenir des aidants professionnels.

Les aidants professionnels peuvent être les professionnels médicaux (infirmier, médecin, kinésithérapeute, ergothérapeute, …) les travailleurs sociaux (assistante sociale, évaluateur APA, …) et les aides à domicile.

L’aide à domicile accompagne les capacités des personnes dépendantes en l’aidant à faire ce qu’elles sont capables de faire et en faisant à leur place ce qu’elles ne peuvent faire par elles-

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mêmes, cela dans l’idée de leur donner du confort de vie sur le plan matériel, physique et relationnel.21

Madame H : « Oui j’ai une jeune fille qui vient cuisiner deux jours par semaine pour me soulager un peu et qui m’aide pour le ménage. »

Madame E : « J’ai une aide-ménagère et c’est tout, 4h/mois »

Le type d’intervention réalisé par les aidants professionnels dépend souvent du niveau de dépendance de la personne âgée. En effet, pour les personnes que j’ai interrogées (assez autonomes), l’aide se porte plutôt sur les tâches domestiques ou la préparation de repas quelques jours dans la semaine pour les soulager.

Monsieur P : « Oui j’ai une aide-ménagère 8h/mois mais ça suffit, qui m’aide pour faire les courses et pour m’aider à préparer les repas tous les 2 jours, le lendemain je mange les restes. » Pour les personnes plus dépendantes, comme Monsieur P, les intervenants professionnels peuvent aider à l’accomplissement des actes essentiels de la vie quotidienne comme par exemple la préparation de repas, l’aide aux courses, l’aide au lever et au coucher, l’aide à la toilette et à l’habillage, l’assistance pour la prise de repas.

5. L’Aide Personnalisée d’Autonomie

L’APA est une prestation en nature qui doit financer les services d’aide à domicile et autres prestations (fournitures de produits ou matériels comme des couches, des repas à domicile, aménagement du logement…). Elle relève du Conseil Départemental.

Les conditions d’attribution sont les suivantes : - Être âgé de 60 ans ou plus

- Attester une résidence stable et régulière en France - Être en GIR 1 à 4 (cf page 10)

Les caisses de retraite peuvent également financer des aides à domicile pour faciliter le maintien à domicile des personnes âgées étant en GIR 5 ou 6.22

L’aide à domicile peut être réalisée par un service prestataire, un service mandataire ou en emploi direct.

21 RAGUENES René. Les clés de l’aide à domicile : La personne aidée, ses soutiens familiers et les aides à domicile. p.146.

22 FOUCAULT-GIROUX Laurent. Services à la personne Services à domicile : Les clés pour comprendre. p.284.

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5.1 Prestataire : le choix le plus utilisé par les bénéficiaires de l’APA

Lors de mes entretiens, toutes les personnes bénéficiant d’aide professionnelle avaient choisi l’intervention d’un prestataire.

Dans ce cas de figure, la personne âgée choisit une entreprise de services ou une association prestataire et définit avec elle le nombre d’heures d’intervention souhaité. Cet organisme est l’employeur des aidants à domicile.

Avantages du mode prestataire : il fournit une prestation complète à la personne âgée. De plus, le recours à un organisme prestataire est souvent gage d’une meilleure qualité d’intervention.

En effet, l’organisme dispose de plus de moyens à consacrer à la formation des aidants professionnels.

Inconvénients du mode prestataire : il constitue le mode le plus onéreux. D’autre part, la personne âgée n’a pas l’assurance d’être aidée à chaque fois par la même personne. Pour des interventions liées à l’hygiène, comme l’aide à la toilette par exemple, cela peut être dérangeant pour la personne âgée.23

5.2 Mandataire : le choix intermédiaire

Avec le mode mandataire, la personne âgée reste l’employeur du ou des professionnels qui viennent l’aider à son domicile mais elle délègue, grâce à un contrat (le mandat), la gestion administrative à un organisme (association, établissement public ou entreprise de services).

L’organisme mandataire se charge alors de recruter les intervenants, d’éditer leurs bulletins de salaires et de faire les déclarations nécessaires à l’URSSAF (Union pour le Recouvrement des cotisations de la Sécurité Sociale et des Allocations Familiales).

Avantages du mode mandataire : la personne âgée employeur est déchargée du suivi administratif quotidien de son ou ses salariés. En outre, l’organisme mandataire a aussi souvent un rôle de conseil auprès de la personne âgée et peut se charger de proposer des remplaçants lorsque l’aide à domicile attitrée est en congés.

Inconvénients du mode mandataire : en tant qu’employeur, la personne âgée reste responsable, en cas d’accident du travail par exemple. Le recours à ce type de prestation est un peu plus onéreux puisqu’il faut payer à un tiers la gestion administrative.23

23GOYARD Caroline. Le maintien à domicile des personnes âgées en perte d’autonomie et ses limites. Master professionnel, Management du secteur public : collectivités et partenaires. Institut d’Etudes Politiques de Lyon. 3 septembre 2010. p.36-38

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5.3 Emploi direct : le choix le moins onéreux

En choisissant l’emploi direct, la personne âgée devient particulier employeur, c’est-à-dire qu’elle doit elle-même se charger du recrutement : annonce, sélection des candidats, fixation du salaire, rédaction et signature du contrat mais également des formalités administratives (déclarations diverses, paiement des cotisations sociales…)

Avantages de l’emploi direct : ce mode est le moins cher car il n’y a aucun frais de gestion supplémentaire. En outre, les démarches administratives sont désormais facilitées grâce à la mise en place du CESU (Chèque Emploi Service Universel - loi du 26 juillet 2005). Avec le CESU, la personne âgée est assurée d’être dans la légalité et d’offrir à son salarié une protection sociale. Le service CESU +, gère tout le processus de rémunération du salarié. L’employeur doit uniquement déclarer mensuellement le nombre d’heures effectuées par l’employé.24 Inconvénients de l’emploi direct : pour la personne âgée en perte d’autonomie, ce mode n’est pas toujours adapté car elle peut avoir des difficultés à assumer les obligations et les responsabilités lui incombant. Elle n’est souvent pas au courant de tous les droits et devoirs du salarié.23

III. Les limites du maintien à domicile des personnes âgées en perte d’autonomie

1. Difficultés d’ordre technique

Accessibilité : éviter l’isolement

La Professionnelle A a majoritairement développé ce point car elle rencontre beaucoup de personnes âgées qui ont des problèmes d’accessibilité à leur logement : « C’est vrai qu’au niveau du domicile les escaliers peuvent être un frein, les marches à l’extérieur empêchent les personnes âgées de sortir. [… ]. Ça les isole. »

De nombreuses habitations sont dotées d’escaliers extérieurs. Cela peut rendre compliqué, voire impossible, la sortie des personnes âgées en perte d’autonomie. Pour les personnes âgées propriétaires de maison individuelle, des travaux peuvent être envisagés pour modifier l’accès

24 https://www.cesu.urssaf.fr/info/accueil/s-informer-sur-le-cesu/tout-savoir/c-est-quoi-pour-qui.html

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à leur domicile. Cependant, pour celles qui sont propriétaires ou locataires d’un logement dans un immeuble collectif, les travaux peuvent être compliqués du fait de la copropriété des parties communes.25 Cela démontre le besoin de concevoir des habitations adaptées à tous dès leur construction.

C’est la seule professionnelle à m’avoir parlé de ce sujet. Cependant, d’après moi, c’est un point prioritaire car le fait de pouvoir sortir de son logement créé du lien social et permet d’être stimulé.

Aménagement intérieur : éviter les accidents domestiques

Lors des questions sur les difficultés techniques que peuvent rencontrer les personnes âgées, les professionnels m’ont principalement parlé des escaliers.

Professionnelle E : « Les difficultés d’ordre technique c’est quand le logement n’est pas adapté, par exemple une maison à étage. C’est compliqué pour les personnes âgées. »

Professionnelle A : « Les escaliers ça peut être un frein parce que beaucoup de gens ont encore leur machine à laver et tout en bas, on peut pas la mettre en haut. »

La professionnelle C aborde la question d’une façon différente : « Forcément ça va être les problèmes d’aménagement de la salle de bain, c’est une pièce qui est souvent mal agencée. » En effet, quand le thème des difficultés techniques a été abordé, le public m’a plus particulièrement parlé de la salle de bain. Nous pouvons en déduire que la salle de bain est l’endroit le plus inadapté de la maison quand les personnes prennent de l’âge. Le risque de chute par glissade y est important.

Monsieur G : « J’ai une douche normale avec une marche pour accéder dans la douche, ma femme doit m’aider à y rentrer. Elle est petite, c’est une 80x80. »

Madame H et Madame E ont une baignoire ; il est impossible pour elles d’y accéder. Pour s’adapter, elles ont fait le choix de se laver au lavabo. Elles ont toutes deux peur de chuter dans la baignoire. Madame H : « Moi c’est une baignoire donc c’est très difficile pour moi de rentrer dedans et j’ai surtout peur de tomber donc j’ai plus tendance à me laver avec le gant au lavabo. »

25 GOYARD Caroline, Le maintien à domicile des personnes âgées en perte d’autonomie et ses limites. Master professionnel, Management du secteur public : collectivités et partenaires. Institut d’Etudes Politiques de Lyon. 3 septembre 2010. p.69

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26 2. Difficultés dues à l’état de santé

Difficultés physiques

« De par le vieillissement, le corps perd très progressivement et souvent très tôt d’ailleurs un certain nombre de ses capacités. Le vieillissement touche tous les niveaux de fonctionnement du corps. […] Les cellules de certains organes, comme le foie par exemple, perdent peu à peu, avec les années, leur aptitude à remplir leurs fonctions. Tous les muscles de l’organisme s’atrophient à la longue. Les articulations changent aussi, les ligaments se calcifient en devenant plus rigides. Les os deviennent plus poreux et plus fragiles, ils se déminéralisent. La réduction de la taille est liée au raccourcissement de la colonne vertébrale. »26

Difficultés psychologiques et relationnelles

« Le cerveau humain fait fonctionner tout le corps. Le cerveau subit des changements avec l’âge en perdant des neurones. Son poids diminue, mais il n’y a pas forcément de lien entre cette perte et d’importantes difficultés intellectuelles, psychologiques et relationnelles. Le monde change encore plus pour les vieilles personnes, il n’est pas toujours facile pour elles de comprendre les mutations techniques et sociales que nous vivons. Nous avons dit que quand une fonction n’est plus exercée, elle se perd. La fonction intellectuelle non activée diminue. »26

Quelle situation est la plus difficile à couvrir ?

Selon la professionnelle E : « Parfois une personne en GIR 1, qui va être alitée en permanence, c’est contradictoire, mais c’est parfois plus simple d’avoir un maintien à domicile que pour une personne qui va déambuler, qui va risquer de se mettre en danger et pour laquelle les besoins vont être parfois plus importants. ». La professionnelle E insiste plus particulièrement sur les besoins des personnes atteintes de troubles cognitifs. La professionnelle C complète ces propos en parlant des deux situations : problèmes de santé physique et cognitif.

Professionnelle C : « Les problèmes de santé physiques, ça va être les gens qui vont être alités.

Du coup quelqu’un qui n’arrive plus à faire ses transferts ou déplacements, ça va être un gros problème dans la mesure où tu ne peux plus te lever de ton lit, tu ne peux plus aller aux toilettes, tu peux plus aller te faire à manger donc tu as besoin d’une assistance quasi constante. Du coup, le maintien à domicile est dans certains cas plus possible.

26RAGUENES René. Les clés de l’aide à domicile : La personne aidée, ses soutiens familiers et les aides à domicile. p.46-47

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Les problèmes cognitifs aussi : quelqu’un qui ne va plus pouvoir distinguer quelque chose qui est bien ou pas bien, qui va avoir des oublis importants comme laisser allumer le gaz, laisser couler l’eau, c’est des gros freins.

Dans tous les cas, c’est des heures où on va pouvoir mettre des aides en place mais financièrement ça va être lourd pour les personnes. »

Nous constatons que la professionnelle C met en balance les deux problèmes de santé possibles car pour elle, les deux situations ont leurs propres difficultés et leurs propres besoins. Le discours des professionnelles dépend peut-être du ressenti de chacune, de leurs expériences professionnelles et personnelles. Il est vrai qu’il semble plus facile de s’occuper d’une personne alitée mais, au niveau des heures d’aides, leur nombre peut être élevé pour couvrir tous les actes de la vie quotidienne. D’un autre côté, s’occuper d’une personne qui a des troubles cognitifs semble plus compliqué car il faut porter une attention constante à cette personne afin d’éviter qu’elle se mette en danger ou mette en danger autrui. Le nombre d’heures peut donc être aussi important et utile pour des personnes atteintes de problèmes de santé physique ou de troubles cognitifs.

3. Difficultés d’ordre personnel

Difficultés financières

La principale difficulté évoquée par la professionnelle E est financière : « L’aspect financier, c’est vrai que des personnes qui ne peuvent pas ou qui n’ont pas la possibilité de financer à titre privé, ça peut être un frein au maintien à domicile. » En effet, concernant le montant de l’APA à domicile, il est égal à la différence entre le montant du plan d’aide et la participation du bénéficiaire de l’allocation. Pour calculer la participation du demandeur, il faut au préalable évaluer ses ressources.

Le montant maximum du plan d’aide attribuable est fixé par un barème arrêté au niveau national. Il varie selon le degré de perte d’autonomie.27

Les personnes bénéficiant d’un plan d’aide comprenant de nombreuses heures, doivent souvent supporter un coût financier important pour assurer sa prise en charge. De plus, si le nombre d’heures est supérieur à celui proposé par l’APA, ou par la caisse de retraite, le bénéficiaire doit

27FOUCAULT-GIROUX Laurent. Services à la personne Services à domicile : Les clés pour comprendre. p.291.

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