Frédéric Paques
Lcencié en h stône de lan etâr.héôt..iê
B!ê Schmerlnq 6 8.4000 L ège
Bandes
à
part
En marge
de
la
bande dessinée
Anayser les
lens q!'entreiient a
bande dessinée avec t,artbrut n'est pas simpe.
A
première
vLre,its
n,ont
rien
en commun. À,4as
orsquion s'aveniure aLrx miies des concepts,orsqu'on
les
prend dans teurssigntcatons
tes ptus târges, cerrâ nes connexions apparaissenl.Daprès a définlon
strtclede
t,artbrui de Jeân Dub!fier.
itconcerne
"
des ouvrages réalisés par des personnesirdem-nes de la
cuit!re arlistiq!e,
dans iequel le mimétisrne, conlraremenl à ce qui se passe
chez
es inreecilets,
ait peu ou pasde
pad,
de
sorte
que es
auleursy
Iirent rout
(...) de
teur propre fonds et non des ponc tsde
,art ctassiq u e ou de I'arl àlâ
mode..."
(,). Les arrsles brurs sestuênl
donc en mâroê .t.,ald
\o.,ête oo-r
,t.
co1."rê-t
"o.uo.t
"- ,rer,
ô"t"
délnition
doitêtre
nuancéesous
peinede
mlrer trop forle-mênlfotre
champd'nvêsligalon.
La conscenusalion rlre leprncipe
d'artbrut
Les aulhentiques artistes lrruls devienfent de p usen
plus rares (,). A nsi. comme Michet Thévoz. nousparlerons de pôles (pour
iâd
brut er l,ârt cutiuret) p uiôi qlre ctecatégories éianches (3). Les
arlsles
sont donc ptus ou rnoins proches de chacune de ces ten.lânces. C,esl pourcea
qu,estappar]re,
à
côté
de la
Coeclon
de
Arr
brut,la
Co
ection Neuve lnvenlion, plus poreuse.Lâd
brur appâdient désormatsaux
rélérences
de
beaucoup
ct,afiislesdrs
culurets.
qui marqlrentains
leur rejet de t'académismeComme 'ad
brut,la
bandedessnée
possècte des définiionsp us ou rnoins larges, réunissânt p usreurs critères cornme ta
so darté
lcon que,ia
présence detexle
(dans dêsbules
o!
non) et
la
reprôduci bitité rechnique (une bande dess née estdeslifée
à être diJTuséeà
un nombre ptus ou rnoins qrand delecteurs).
Ces défniions concemenl
a
bande
dessnée
comme techf que d'expression, cornme médrum.
Ef
tant qlresphère cu
lure
e, elle se présenie sous ta forme d,un m cro-cosrne à la produciion très cod liée. Elle reste dâns le chet de la pluparl des gens, et en premier des principaux édileurs, unorod
ri
ded,vên<<erê1
to.nâe,eon
t"s exgêrces s.ooo
dJ
.orsorna.eur
"L9si
ote.
,
[
'c
lormeqle
sur
le
fond.
Formatsifiposés,
tot clesséres,
ut
saton
jusqu'à
la
corde des poncfs
de ta
titéraiure
cte
genre, nféodaUonaux autres
médiasde
nrasse(cnénrâ
el
téévl-son).
répélitiôn inlassablede
moctèes ayantfait
eurs preu-ves rc'esl bel
etben
d'académrsme qu'onpa e.
pour sortir de cette vision étroiie, nous parterons de bancte dessinée entant que
mouvance culturelle baséesur la
narraiionoâr
tedessir,
oommanl ansi
a
mite avec tittusùatonl-,
p",1a. ":
t^+;-"
s*
!-
*,'.r.++r'{.,'.:É
-,t-t
*-
t';-g
"=4.-inl
":ÇL,;,,'.s-
a--,
.,îs."t;
,.,r.4.ÿr"L.
,^F-:
I
'i-"'''
"-:l€
'
4.Êll:
',i'';,r.
,es+;:-l
r
,ËiI
lPHï:1t]
&fliiu'
1lT--
*:
!-n
'
i"L.'l
\)-<
iiL
ti,-,]
w
1o'
'"
L-F":ÿJ
n.i
Fq
1
Rodoiphê TôPFFEB, ilustâr.n exxâitê de H,slona dn,ben ra4st)
ît
i0,l
.,t,
;*:4?2zzz
FiO
2:
Benoil JACOUES Codiq!êIrp,
MoitgnvsutsLoino, 2001, p. 1Nous pouvons ma nlenant suivre quelques
pstes
qui éclalreronl les
rapporlsde
ces
delx
courants
sous des
anges
différenls. Nous
p
v!]égierons un axe d'inlluencede
'art
bruivers la oa,rde des"inee pou, le
lrnêr
pa,l"']ilue,l.e
inÿer§e. D'un poinl de vue hislorique, art brut et bande dessinée ont au moins une racine commune : l\/lichelThévoz décrit e travail deRodolphe TôpTJer comme proche de ceLui des premiers ans_
ies
bruts(a). Tôpfier, considéré commele
pèrede
a
bande.less
née
moderne. réase des
hisloiresen
estampes âuxdessins
très lbres
accompagnésde
légendes manuscritesniégrées
à
la composition.ll
est très conscient du caractèrecaslraieur et maniériste
de
laformaion
académiqueei
en ad'âilleurs d ssedé dans ses Réflexrcns et
nenus
prapos d'un peintre genevois\1A4A).ll
s'est
uÈmême trouvé contrâint des'éloigner
de ce
sysième
à
calrse
de
prôbèmes
de
vue.L'arrisle
parle dans ses écrits
dê la
valeur
expressive desgral
ls o'ê_ldrl,
Porr lur
ceue vâ eur o:soa ê r orogressive_ment
dès
Iors
que lenianl
apprendà
dessiner.La
bândedes,nee
nodêrne corr-rênce
êir'i
.o-lme
ure
mars_nâLisaijon par rapport aux arts culturels. Son développement
en lani
que disciplire
de pus en
plus
reconnue, même sitoujours en marge de par son caraclère popula re, va de
pail
avec une sclérose des codes
nârrails
et de représentauon. Et ce qul avait commencé comrne une libre laniaisie imâginative,comme un dessin denfant en somme, va peu à peu se Tiger. l\,{âis
la
bande dessinée trouvedans a
pauvrelé destechnL-ques
qu'ele
nécesslie les gennes d'une nouvelle liberté. ELLea cel énorme âvanlage de pouvo r se fabriquer avec très peu de
noyens,
surtoutdepus
le déveoppement de méihodes de reprodlrctionbon
marché (photocopies, reproduclion numérl_que). Cet étai de
lait a
encouragé une masse de produciionaLrroédlée
à
un
nombre
réduLtd'exempaires.
Ce sonl
ies Tanzines (coniractionde
fanatic nagazines)-
Quelqlres_uns des auieurc amaieurs franchisseni le pasqui
es sépare d'uneédition p us professionnelle
(rarer.ent du
point devue de
larentâbiliié, mais plutôi au niveau
de
a quaité
technique desceuvres produ les) el de petites slruciules édiloriales ndépen_
dântes lLeu
ssenl.
libresde
conirainies, souventau
prix
desac
Tices tinanciers personnes.Parrn ces
auteursà la
margedu
microcosmede la
bande desslnée, cerlains adoptent une démarche proche des artislesbruts. Cetie approche
s'irscrii
à
'o
qine dansle
mouvemenl punk qui, à bien des égards, peul être rapproché delart
brul revend cationei
rejet de la soclété, ou en iout cas refus de seplier
aux
diktalsde la
vie
arlistique dominanie. Les anisiespunks
relusent
la
démonslralor
de
virluosiié graluiie
€tveulent revenir à Lrne expressivité mr.édiale, souvenl brutae.
Dans
le
domaine
de
la
bande dessinée,
Lsagit
souveniFlg. 3 : \ 51P
5
fhe Jim Banês at)ÿér ru,es spa.6 s.rea-s, sl
s.d.,@Y5/P5-Le-.
Faqù rô BOLINO, Krri kir' Fabl, sI
1996,O PaquilÔ Bolin. LeDêmerCrr aùteurs
kaval
ant polrr de très petites structures édloriaes
:-r qui sauto-pubLienl. Leurs ceuvres
rerlrenl
pârfÔls dilTlcile_-.nl
dansles
limliesde
a
slricte bande dessinée,mas
ils'.ri
clalrement partied'une
mouvanceproche A
la
iin
des:.nées
1970.
en
France.
ce
sont des
siruciures
comme:azooka
(Kiki
Picasso, LouLoLr Picasso,Olviâ
ClaveL, Luluarsen
Jean Bouzalrd, Fury)ou
Elles sont de sortie (Pascalloury
el
Bruno Bichard)qu
vont ér.erger'fâns
elrr
lignée,
Le
Dernler
Cri,
petle
maison
d'édiiioniançase,
iondée en 1993 par Caroline Sury et Paquito Bolino,.ô o\lrrqJê
pa'
ure
protr_ni'e'Ô'nÊlle
e
urâ
volorlÀ
derôrar
Ie
prc.l
es
de
an
orLl.
àroLe
ils
r'-e<reî'
oà< à mélângerd'alrlres
nfluences:"
réalllé vifiuelle et expresson' nisme, dessin libreel
Dansede la
lüori
pornographe, bruit,vioence
ei
lanqage parlé,jlrbilalon
eteilusion
y
que"
(5). Le nom cholsi pour leur revue, HôplialBrrl,
sorte d'encyclopédeqraphiqLre, esl d'ailleurs sign
licalf.
L'orig nallté de leurdémar
;he
résde
égaenreni
dans eur
larouche
déierminalion àoa.dêr
-1ê
o-ra-Le
ê\ê.
e
miliê. oe
'dr
conlêlporàir
loLl
;"--",,-".
.etu;
oe
o
oandeoêc-'eer
). Cêlle
:
.-L'e
o'êdr o,l
êc..êrllê no''rb'a odn'slôc
oê.or:
10'701 s 9éoo'a phiqlres e1 dlscip naires. Une libenéiolale
est
âisséeà
ces auteursauss
blen
sur la
lorme
(recueilde
dessins, bandedessinée,
textes...) que sur
le
Tond.En
réslrle
presquerouours une
satlrraiionde la
paqe
par
Legraphsnre
et
lâ"out"rr,
so,i"
d-âpendanl
vlsue de la
rnusique
p!nk.
Setrouvenl ici deux touche-à tout, dess naieurs de bande dessi
fée.
illustrâleurcel
réa saieurs de dess n anlmé:
StéphaneBlanquel
el
Thomas
Olt.
Paquto
Boino
a
aussl
édiiéFrédé.ck
Renauli. alias Y5/P5, créateur d un monde cauche_rnârdesque
er toriuré, pafodie
ftïÿe
des
Honot
Comicg
\
,evi
co1.rler
ego -I
Bo']e\.
L1sqLAê'le
:è1<'Ê-v'a-
qJidévore lous ceLrx
qu'l
rencontre(').
ll avârldéià publié dans leIanzine
punk
newyatkat)s
Chemical
lmbatance(Èi-
Desauieurs japonais comme Takashi Nenrolo
donl
elrâva
réun Idélomations anatomques,
sexe et
scaioogie,
ou
Sekitani Norihro qui réâise
clescolages,
passeroniégaer.eni
par.eile
malsond'édition
Au tolal,cesi
plusd'ure
cinquanlained'auteurs
quivont
cotrstiiuer le calalogue du Dernier CUne
iout auire
démarche,plus
individualisle,esl
ceLe deBenoîl Jacques qui, blen
que pubié
par desédileurs mpor
ianis. contnue
de
s'autoédiier, créantansi
une
ceuvre lrès cohérenle majsauss dlversifée.
I
esl
pluslnlluercé
par le qraphisme cle leniance, dans La lignée de Jean DLrbulfet. Ses travaux vonlcle
illusiration au dessin de presse êl à la bande dessinéeel
s'adressent tânt aux enfants qu'auxadulies
Sespanchês asseni de
cÔté
a
vioence
et
la sexuâté
pouraborder
des
lhèmes plus
ludiques,légers
ei
poétques
IJrilise oes , oll"ges.
d"
ldg,avrre
êlde:
s rppon. vdriàs. .oLe avec les codes dela
B.D.loul
enuiilsanl
un graphisrne très simple ei apparemnreni maladroit. L'ceuvre de BenoilJacqles
s'âlorqîe
poù.r"î.
d
1ô-ser5 dL
oôr"bru
DarÇ delà
c5êreq
ron.
re er ,-onscienle meme dot sse: dô -êq' ia.lôL'
loLie
avec
es codes d'une manière qLr leste conlrôléeSi on cherche mainlenânt
à Iintérie!r
de
'ad
brut des poinls communsavec
a
bande dessinée,or
peul
mettreen
évi_dence pusieurs éléments. D'une parl, les art stes bruls irsè_ renl irès souvenl du texle dans
leurs
mages polrr compéter,recléfinlr leur propos
ei
même souveni sans but parlrculler' Cequ
élail un code en bande dess née devient ci une liberié, un.lé.lolsonrement des modes expressils. L imagere 8.D., sou
vent
piusfacle
d'accèset
liéeà
l'enlance,esi
assimllée et rendue sous une forme personnelle par de nombreuxarlstes
marginaux. Enfin,
l'aspect narratii,
en
une
seuLeimage
ei parloisen
séquences,esi
présentdars la
quasi_tolalité desceuvres
:
les a,llsles bruis
raconlentsouvenl des
hlstoiresExemple extrênre, Henry Darger
prodlrli
16
000 pages
de textes illustrés pâr des aquarelles de dimensons parlois irès grandes(3 m de
Large). Darger emprLrnieaux arts
visuels aopula resei
reproduli des perconnages de rnagaz nes en lesLa bande dessinée va
auss
être perÇue comme ârl popu aireet clonc éloignée des arts
cultures
par certains adisles,ei
ceNOTES
O
lHÉvoz, M chet, cotledian de /à/t btut Lausanne p. 7.O rHÉvoz [,riche,
r]4rBu,
cênève, r97s, p.21(5) LANOUX, J€an-Lôûis, Le Derrer Cr;, dans Bar y,slba n. 29, hver
tggs-f)
<l...lon laldê l'édiliôn commeonlealdê
ad Btut, pou prendre tediriond'ûnê âulG man à€, Cesl iôut, ôn 6saye d'al er chercher dês gens quê es alnres n€ vonr pâs chercheri voilà.,, dans IBAN, Lionet, ,l/wpasrb.orgl jate/navembrcldenier cn.hh. visté
pou
a deniàê ,ôis te 30/092006, an cb pâtu in lialemenr dans la rêvue Jâde n"17, 1999, s.p.O
MATZELS John, fheMûic
visian of YÿPs, dâns Eâw yÈro,, n. 2A. \31 Chenlal lnbalanæ, lànzine édlé par [,tike Mccônniqa], padâti de punkbôk, r@e
læz
bande dêssinéê, an brul et écdlure thnsgrcsivê' êntreFiq.5:
Henry DABGER, At Câlnànnna. ente 1930 el 1s72, déôâtoue etaquarelle sur deur rêuirres de papier d'êmbalaqê æsembtées, 61 x 96 cm, e)
cô/ eclion de tArr Btu, Lausnne
au
même titre que l'art brut. En témoigneni tes courânts desannées 1980, comme typiquemeni
la
Figuration
Libre(Combas, Blanchard...),
qui va
litiéralemeni brasser toutes ces influences dans un mouvement quelque peu récupéraleur. Finalement, toul comme les ârtistes bruisonl
eu besoin d'unDubullet pour sortir du mépris et de I'anonymat, les créations
vralment marginales
en
bande dessinéesonl lribuiajres
de l'existence de 'découvreurs' très acrifs et ayanl peu de préoc-cupationsde
rentabiliié. Elles sont aussi le fait de personnesVolontairemenl'