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Yarza Urquiola V., Andrés Santos F.J. (éd.), Isidore de Séville. Étymologies. Livre V

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Academic year: 2021

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chroniques et comptes rendus 403

L’unique réserve que je formulerai porte sur la traduction de la figure d’antisagoge (la confrontation des arguments contraires). D’après les éditions en circulation, l’Expo-sitio Psalmorum en donne pour équivalent contradictio, dont le sens ne correspond pas. A. Grondeux propose de lire plutôt *contraductio, d’après le manuscrit Paris, BnF, lat. 12239, dont elle reproduit la page pertinente ; cela suppose de lire une ligature ct là où je ne vois qu’un t dont le trait supérieur forme une boucle à gauche (on en voit deux autres exemples sur la page). Cela dit, *contraductio reste une conjecture séduisante, ope ingenii et, surtout, le point n’a pas vraiment d’incidence sur l’argument général du livre ; on se demande même pourquoi l’auteur lui a donné un tel relief.

Pour terminer ce trop long compte-rendu par une appréciation d’ensemble, l’ouvrage, malgré son caractère indubitable d’érudition spécialisée, me semble important à deux égards. En premier lieu, il rappelle, ce qui n’est jamais inutile, l’unité de l’histoire intel-lectuelle et la fécondité d’une approche qui rassemble les corpus trop souvent séparés de l’exégèse biblique et des études profanes. En second lieu, il s’agit d’un livre qui appelle son propre dépassement en proposant des recherches à mener et en signalant la docu-mentation à publier. On peut espérer que l’appel sera entendu et que l’auteur trouvera des disciples pour mener à bien le programme esquissé dans le livre.

Cécile Conduché Université d’Orléans

Isidoro de Sevilla, Etimologías. Libro V.  De legibus – De temporibus. Introducción, edición crítica, traducción y notas por Valeriano Yarza Urquiola y Francisco Javier Andrés Santos, Paris, Les Belles Lettres, 2013 (Auteurs Latins du Moyen Âge), 270 pages.

Le livre V des Étymologies d’Isidore de Séville comporte deux ensembles théma-tiques bien distincts : la première partie (c. 1-27) porte sur le droit et la seconde (c. 28-39) explique les divisions du temps avant de s’achever sur une chronique. V. Yarza Urquiola avoue franchement (p. xiii-xiv de l’introduction) qu’il est difficile d’expliquer ce regrou-pement pour des raisons thématiques : celui qui a joint ces deux ensembles, que ce soit Braulion de Saragosse ou un autre, l’a peut-être fait seulement parce qu’ils sont relative-ment courts et qu’ils pouvaient donc être facilerelative-ment réunis en un seul livre. Dans cette nouvelle édition critique annotée, l’établissement du texte est dû à V. Yarza Urquiola, mais pour l’étude des sources, les deux co-auteurs se sont réparti la tâche : pour les c. 1-27, les notes sont dues à F. J. Andrés Santos, et pour les c. 28-39, à V. Yarza Urquiola.

Un des principaux changements par rapport à l’édition antérieure de W. M. Lindsay (Oxford, 1911) consiste dans l’intégration de plein droit dans le texte de mots ou de phrases que le savant anglais avait mis entre crochets : aux § 1, 5 ; 4, 1 ; 7, 2 ; 15, 1 ; 15, 2 ; 23, 1 ; 24, 30 ; 25, 25 ; 35, 3 ; 36, 1 (ut) ; 39, 1 ; 39, 2-42 (indication des années depuis la création du monde) ; 39, 9 ; 39, 10 (primus et sunt) ; 39, 22 ; 39, 35 ; 39, 42 (in). En sens inverse, certains passages mis entre crochets par W. M. Lindsay sont totalement rejetés : aux § 3, 1 ; 4, 2 ; 36, 1 (dicitur) ; 38, 5 ; 39, 4 ; 39, 5 ; 39, 6 ; 39, 10 (medicinae – inuenit) ;

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39, 12 ; 39, 13 ; 39, 14 ; 39, 19 ; 39, 20 ; 39, 21 ; 39, 24 ; 39, 25 ; 39, 26 ; 39, 29 ; 39, 34 ; 39, 42 (huius – Sisebuti et colligitur – VMDCCCLVII).

Le texte comporte en outre une quarantaine de changements par rapport à cette édition. Un certain nombre d’entre eux sont à la fois mineurs et évidents : par exemple, dans le titre du c.  14, prudentum corrigé en prudentium (attesté par tous les manus-crits). D’autres, bien qu’ils n’aient aucune incidence sur la signification du texte, sont plus contestables : par exemple, la première modification au texte de W. M. Lindsay, au § 2, 1 haec > hae, se fonde sur une base manuscrite très faible ; en réalité, la forme haec peut aussi être employée au féminin pluriel (chez Isidore, cf. Nat. 26, 6 ou Etym. XVIII, 2, 8). Afin de ne pas allonger excessivement ce compte rendu, je vais me limiter maintenant aux changements importants pour le sens, en commençant par ceux qui me semblent justifiés : 11, 1 rogatur ut > rogat ut 1 ; 20, 1 impiis > improbis ; 25, 1 et

res > haeres (leçon transmise par un seul manuscrit ancien, mais apparemment la seule à avoir un sens) ; 25, 7 adita > edita ; 27, 31 deportantur > deputantur ; 31, 4-8 ordre uesper-tenebrae-crepusculum > crepusculum-uesper-tenebrae (variante problématique car faiblement attestée, mais c’est la plus logique pour le sens – encore qu’Isidore ait pu commettre une inadvertance – et elle peut s’appuyer sur le parallèle avec Nat. 2, 2, et sur la source, Placidus, Lib. gloss. N 8).

En sens inverse, voici les rares passages où les choix de l’éditeur peuvent au moins être discutés :

27, 7 probat est attesté non seulement par l’immense majorité des manuscrits, mais aussi par la source (Tertullien, Apol. VII, 9).

39, 1 l’ajout de prima aetas saeculi, sur le modèle de secunda, tertia… aetas (saeculi), n’est fondé que sur un manuscrit. Aux § 5, 8, 13, 19 et 26 du c. 39, on peut se demander si après aetas le génitif saeculi, présent parfois seulement dans la famille hispanique, parfois aussi dans la famille italienne (mais parfois dans un seul des deux témoins de cette famille) remonte à Isidore.

39, 32 Maximinus est peut-être plus juste, historiquement, que Maximus, mais on ne le trouve que dans un manuscrit : on peut douter que cette leçon soit celle d’Isidore.

Un des apports majeurs de la nouvelle édition réside aussi dans l’étude des sources. Bien que celle-ci soit déjà très riche, je suggèrerais les ajouts suivants :

1, 1 Phoroneus – constituit < Jérôme, Chron. a. 211 (GCS, 47, p. 29b l. 19-22) 1, 2 Solon – dedit < Augustin, Ciu. Dei XVIII, 25 (CCSL, 48, l. 19)

1, 2-3 Lycurgus – exposuerunt < Augustin, Ciu. Dei II, 16 (CCSL, 47, l. 5-10) et Ps.-Aurélius Victor, Vir. ill. 21, 1 (éd. F. Pichlmayr, p. 38 l. 6-9)

3, 3-4 consuetudo – proficiat < Tertullien, Coron. 4, 5 (éd. F. Ruggiero, l. 26-33) 2

5, 18 priuilegia – priuatorum < Placidus, Lib. gloss. (éd. J. W. Pirie et W. M. Lindsay, p. 32, P 36) 3

1 Une remarque sur la traduction : plebs… rogat ut fiat est traduit par « la plebe… propone cómo

se debe proceder » ; mais le sens le plus courant de rogare ut est « demander que » et ici il semble le plus adéquat (« la plèbe demande qu’il [le plébiscite] ait lieu »).

2 Voir Maximilian  Klussmann, Excerpta Tertullianea in Isidori Hispalensis Etymologiis,

Hamburg, 1892, p. 9.

3 Voir Robert Maltby, A Lexicon of Ancient Latin Etymologies, Leeds, 1991, p.  496 (s.  v.

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24, 3 testamentum – talia < Augustin, En. in psalm. 82, 6 (CCSL, 39, l. 3-7)

24, 21 ratum… firmum atque perpetuum < Servius, Aen. X, 629 (éd. G. Thilo, p. 455 l. 15)

25, 5 peculium – substantia < Servius, Buc. I, 32 (éd. G. Thilo, p. 9 l. 27-29) 26,  2-3 facinus – peccatorum < Augustin, Doct. christ. III, 10,  16 (CCSL, 32, l. 35-38) ; la source indiquée en note (Augustin, Sermo 9, 15) doit donc être rejetée

26, 24 qui – habentur : cf. (?) Marius Victorinus, Ars 4, 14 (éd. I. Mariotti, p. 72 l. 27)

27, 1 dupliciter – poena < Augustin, C. Adim. 26 (CSEL, 25, p. 184 l. 22-24) 27, 5 damnum – uocatum : cf. (?) Dig. 39, 2, 3 (éd. Th. Mommsen et P. Krüger, p. 380 l. 30-31) 4

27, 7 compedes – pedes : cf. (?) Placidus, Lib. gloss. (éd. J. W. Pirie et W. M. Lindsay, p. 15, C 4) 5 ; si ce rapprochement est juste, il conforte le choix de l’éditeur (compedes

dictae au féminin)

27, 8 peducae – inlaqueantur < Servius, Georg. I, 307 (éd. G. Thilo, p. 198 l. 13) 6

27, 10 manicae – capiuntur : cf. Nonius Marcellus IV (éd. W. M. Lindsay, p. 555 l. 22)

27, 12 boia – est < Jérôme, Lib. int. hebr. nom. (CCSL, 72, Lag. p. 28 l. 20-21) 27, 13 carcer – plurali < Servius, Aen. I, 54 (éd. G. Thilo, p. 34 l. 26-p. 35 l. 3) 27, 18 scorpio – infigitur < Jérôme, C. Vigil. 8 (CCSL, 79C, l. 28-29)

27, 20 ungulae – inueniatur < Placidus, Lib. gloss. (éd. J. W. Pirie et W. M. Lindsay, p. 22, F 11) 7

27, 24 laedentem – sequatur = Juvencus I, 549 (voir F. Arévalo dans PL, 82, 888) 27, 26-27 fama autem dicta – non fama < Paul-Festus (éd. W. M. Lindsay, p. 76 l. 26), peut-être Varron, De lingua latina VI, 55 (CUF, p. 27 l. 2-3 et 5), et Tertullien, Apol. VII, 8-9 et11-12 (CCSL, 1, l. 31-34, 36-39, 43 et 47-48) 8

27, 28 exilium – solum < Servius auct., Aen. II, 638 (éd. G. Thilo, p. 312 l. 24) 9

27, 32 haec [sc. seruitus] – postrema : cf. Cicéron, Phil. II, 44, 113, probablement connu par Cassiodore, Inst. II, 3, 14 (éd. R. A. B. Mynors, p. 124 l. 3-5), cf. Isidore, Etym. II, 29, 13 ;

27, 32 quae [sc. seruitus] – grauior est < Ambroise, Off. III, 17, 98 (CCSL, 15, l. 4-5) 27, 34 crux – poterant < Augustin, Trin. IV, 13, 16 (CCSL, 50, l. 16-18)

27, 35 in ipso – nouit < Tertullien, Apol. IX, 7 (CCSL, 1, l. 28-31) 10 et Grégoire le

Grand, Dial. III, 37, 12 (SC, 260, l. 112-115)

30, 1 dies – solis : cf. (?) Augustin, Gen. litt. I, 10, 21 (CSEL, 28.1, p. 16 l. 1 et 4-5) 30, 1 sol – terris < Cassiodore, Inst. II, 3, 14 (éd. R. A. B. Mynors, p. 124 l. 15-17 ; cf. Isidore, Etym. II, 29, 16)

4 Voir Robert Maltby, op. cit., p. 174 (s. v. « damnum »).

5 Voir Andreas Deverling, Luctatii Placidi grammatici Glossae, Leipzig, 1875, p. 16 (apparat à

la l. 6).

6 Voir Robert Maltby, op. cit., p. 460 (s. v. « pedica »). 7 Voir A. Deverling, op. cit., p. 47 (apparat à la l. 11).

8 Voir Robert Maltby, op. cit., p. 222 (s. v. « fama ») ; M. Klussmann, op. cit., p. 11. 9 Voir Robert Maltby, op. cit., p. 214 (s. v. « exilium »).

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30, 15 in toto – inlustrat < Jérôme, In Isaiam V, 89, ad v. 18, 4 (éd. R. Gryson et alii, l. 3-4)

31, 1-2 quae idcirco – est < Augustin, Gen. litt. II, 13, 27 (CSEL, 28.1, p. 53 l. 17-23) 31, 3 umbra terrae – polumque < Servius, Aen. IV, 7 (éd. G. Thilo, p. 461 l. 19-20) 31,  4-12 noctis – aduentum : outre Servius, Aen. II,  268 et III,  587 et peut-être Varron, Ling. VII, 72, indiqués par V. Yarza Urquiola, la source principale est Placidus, Lib. gloss. (éd. J. W. Pirie et W. M. Lindsay, p. 29, N 8) ; au § 6 stella occidentali est probablement issu de Servius, Aen. I, 530 (éd. G. Thilo, p. 163 l. 2).

31, 13 aurora – praecedit < Servius, Aen. IV, 7 (éd. G. Thilo, p. 461 l. 24) 11

31, 14 est autem – acies < Servius, Aen. XI, 4 (éd. G. Thilo, p. 477 l. 9-13)

32, 1 hebdomada – peraguntur et octauus – orditur < Augustin, Gen. litt. IV, 18, 33 (CSEL, 28.1, p. 116 l. 11-16)

33, 3-11 ianuarius – claudit < Placidus, Lib. gloss. (éd. J. W. Pirie et W. M. Lindsay, p. 24-25, I 7) 12 ; les références à Varron indiquées en note sont très douteuses

34, 2-3 duo – hemisphaeria < Servius, Georg. I, 100 (éd. G. Thilo, p. 155 l. 22-p. 156 l. 7)

35, 3 tunc – rumpuntur < Jérôme, Quaest. Hebr. in Gen., ad v. 35, 19 (CCSL, 72, Lag. p. 55 l. 3-4)

35, 7-8 haec – defluit < Lactance, Diu. Inst. II, 9, 8-9 (Teubner, p. 164 l. 10-11 et 15-17)

36, 1-2 annus – semper < Servius, Aen. I, 269 (mentionné par V. Yarza Urquiola), mais aussi Aen. V,  46 et V,  85 (éd. G.  Thilo, p.  595 l.  15-17 et p.  603 l.  11-13), et Augustin, Gen. litt. II, 14, 29 (CSEL, 28.1, p. 55 l. 13-16)

36, 3 tria – plurimos < Servius, Aen. I, 269 et III, 284 (éd. G. Thilo, p. 99 l. 16-20 et p. 391 l. 28-p. 392 l. 2)

37, 3 iubileus – possessio < Jérôme, In Isaiam II, 4, ad v. 3, 3 (éd. R. Gryson et alii, l. 17-20) ; il faut rejeter les sources indiquées par V. Yarza Urquiola : Jérôme, In Isaiam XVI, 18, ad v. 58, 6-7, et In Ezechielem II, ad v. 7, 13a

38, 4 aeuum – noscitur < Servius auct., Aen. VII, 776 (éd. G. Ramires, p. 114 l. 5-6) La longueur de ce compte rendu suffit à montrer tout l’intérêt que j’ai pris à la lecture de ce bel ouvrage : grâces en soient rendues aux deux éditeurs.

Jacques Elfassi Université de Metz

11 Si on compare Isidore, Etym. V, 31, 3 et 13 et Servius, Aen. IV, 7, on constate que seul le

primo-Servius a été excerpté ; cette constatation ne prouve pas qu’ici le primo-Servius Danielis soit postérieur à Isidore (celui-ci peut très bien avoir eu à sa disposition le Servius auctus et avoir choisi de lui-même d’isoler une phrase au début et une autre à la fin de la notice), mais elle va plutôt dans ce sens.

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