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La rhétorique de l'essai dialogue Chez Joseph de Maistre /

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(1)

J

" -'-McGILL UNIVERSITf • ,

.

LA RHE'lORIQUE DE L'ESSAI DIALOGUE ŒIEZ JOSEFH DE MAISTRE

..

' BY

BARBARA MARY SAMPSON

[1

A 'thesis submi tted to

'!he Factil ~ of Graduate Studies and Research McGin University ,

in

partiàl fulfi1.1.nent of the requirements for the degree of

...

!

, Master of Arts . .

/.

Î ' De.partment of French.

Lariguage and Li terature August~ 1977

J

~

..

~).'l'~~", ~_ ... ~.. ,-;.~ o BARBARA MARY'

SAM~.sON

0 l

~78

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---~ - - • ~. f t . ' .'1'" . F1

resa..

",

(2)

,

."..'

..

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/

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.

' - ,.1 REMERCIEMENTS

Je remerci~ le Conseil des arts du Canada dont l'aide

...

financière, sous la forme d,lune "bou-rse

spécial~/de ~a1~el.',

décernée en mars 1975, m'a permis d'entreprendre et 'de mener à terme mes études 'de ma'ttrise.

.

.

.

-Je suis/également t~ès reconnaissante au professeur IJean Terrasse qui a'eu l'obligeance d'assumer la dir~dtion de

cette thèse, etlq,ui m'a aidéeà corrige~ les fautes de style.

, -:J

.

l ' :;,," \ \ "

(3)

1 ~

(

~II

" el McGj,.ll University l Qepartment of French

~anguage and tit~ature

~aster of Arts , , ,

ra Sampson

.

)

LA RHETORIQUE L'ESSAI DIALOGUE CHEZ JOSEPH 'DE MAISTRE " fi)

Il

ABSTRACT

is an analysis of both argumentative

-'

and.rhetorléal_figures used by joseph de Mais~re i~'

. / ' . 1.. "

Saint-Féte Our primary pJrpose·

i~"'to

the nature of the relationshir between these two of -style. l

\

The relationship between the w~iter and his public is examined

'1

~i

tiI a. v iew

to~,

de

tJm~niJ).9'·

t?e

i

na t

u~~

o'i

the • essay-dialogue itself and the reasons for whicœ the author

chose this genre. 't

" \

~ e

, Finally 1 this study reveals what' oit is that makes Les

\ ,

Soirées a 1iterary werk," a's epp6sed to a philQsophical treatisei •

- j . [' .

that is, in \,'lhat way Maistre's style Idiffers frem the "degree zero" of style ~o characteristic ofi most philosophical Ol? .

1 scientific writings. 1 v P' J, , ~' 1 / .

/

, , , , '~: :...',~ ;~:I(:;'/. i,~ Îl ' " ,y " J ,. / '. '.

(4)

/. 1

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,/

" ~ / Université McGill Département ds Langue 1 et de Culture franç,aisel Maltrise ès Arts B~rbara Sampson !.'e 1 "

LA ~'l10RIQUE "DE L'ESSAI DIALOGUE CHEZ JOSEPH DE MAISTRE

1

RESUME

( 1

Cett·e thèse /consiste e,n une analyse des différentes

t~chniques argumenZ~~s

et'figures de

rhét~rique

utilisées "par Joseph de" MaH.tre

da\Le's

~';frées ~e saint-.péter~bo,:,r!l.

Notr~ b~t

princiPJi.sera

d'exarnine~ co~~nt

s'établit le

.-' J ,

râpport entre ces àeux ~léments du style. '

~ \ J ,

/

"

l"

-Nous, étudierons égal'èment les rapports entre l'émet-,

teur du message (le destinateur) et le récepteur (le

destina-tai~e) pour nous permettre d'appréci'er l.a n?ture de l'essai. dialogué', et de ,déterminer pourquoi ce' ,genre

a: . _

été choisi par l'écrtvain.

'/

<>,

/

On tacQera çIe préCise/. "finalemfnt •. en quof consiste

littérarité du texte, ~t en q~oi ce style ~'écarte du'degré zéro vers

l~quel

tend', d 'habitude,' le 'langage scientifiquè ou'

1

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1

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(5)

. Il

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1. D. P. R. 2. F.O. 3. , J. l'~ ~ / "

.

/, ~, 4. /L.I>1.' "

j/O.C."

6. ~ R. G. = 7( • S.P.

.

1" ,\

,;-a '

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S.S.'S. T.A. ~ , , Cf , ( ' 1 \ ~. ,..

1

, 4

.1

ABRIr;VIATIONS ',1 1 \ , ,

J

t • fI ,

.

j

Dictionna'ire de poétique" et de. rhétorique

.

Les Figures du 41 '\ ' t l', i ,

.

\ " l, ' \

IIL'Essai ou le pouvoir des mythes"

... \

Oeuvres complètes de . ,

J.

de'Maistre , 1

Rhétorique gé'nérale

r

'; fi

..

.

~ ~

~

Les Soirées de saint-Pétersbourgf ou Entreti ns

sur le gou~ernement temporel, de la provideAce

'"

. Sémiot,ique' et sciences social'ks '

"-I·Traité de l'argumentation, ou La nouvelle

, rhétorJ,que , " ; , \ ' ... \~ " J,_ _ i

(6)

" "

..

d

,f

INTRqnucTIoN.

Chàpitre' premier: 1 ,

,

\,

'TABLE DES MATIEH.ES

·

.

.

. .

.

i TECHNIQUES ARG~NTATIVES.

..

. .

·

.

.

·

, • 1

/

! 'r Page ' 0 1

·

..

.

10

'conciu~ion Ju/premier chapitre.

.

. . .

. .

.

.

.,. ...

.

.

101

1

chapitre II:- LES METABOLES.

.. J

· .

..

147

( &

,

(

Conclusion Cu jdeuxième chapitre

..

· .

.

-

·

.

..

184

- / ~CONCLUSION GENERALE

.

" 188

·

.

.

.

.

.

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BIBLIOGRAPHIE

.

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193 ) ,

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(7)

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1

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, INTRODUCTION'

1

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1

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i , '1 ,

(8)

A

,

..

/

jl

Après avoir.~erminé la l~c~ure des Soirées de

Saint-~ ,,:,

Pétersbourg, Henri-Fréd@ric Amiel note, dans, son 'journal ,

l

intime, à propos de Joseph de Ma-istre:

/ . \

..

'

. • • . [0] uelle au?at:e et quelle vigurr! la\

force de.t~te, l'intrépidité~ l'assurance,

le glaive bien acéré et bien lourd . • • un coup d,'oeil perçant et le verbe décidé, telles sont les armes de ce grand seigneur athlète, jetant le ~ant à tout le l8ème siècle et ' flagellant à coup de plat d'épée tous les 2dver

7

aires dè l'absolutisme' religieuX et

poli~~que . • • E~ il faut avouer qulon nia

jarhais rendu plus pI,lausibles et pius appétis-, / santes toutes les choses qui révoltent

d'ordinaire, le sang, l~~ourreau,

llinqu\si-tiqn, les indulgen~es, le ~~rgatoire, et tous les fléaux. . • . [1]1 vo~s enferme,d'abord

l ' \

dans sa Weltans hauun , il vous enveloppe du

1

cerGle de feu d son impétueuse éloquence et vous enivre du magnétisme de sa despotique volon±é-;,

1

o

La prése,nte étude consiste en un examen tlétai11é des

..

1

. l

"armes" de ce grand seigneur et de la manière dont i). sien sert pour emporter l'adhésion de son pUblic. En quoi consiste cette

impétueuse éloquence qui impressionna Amiel et bien d'autres? 1

1 J.I., pp. 171-172.

",\

)

;.

" . <, , ,

(9)

,

\

2

1

CQmrnent s 'y prend Ma;istre po~r démontrer gue le pape est Dieu sur ~~,re et que le monde ne peut être bie{l g,Quverné que par 1 lEglise? Tâche surtout difficile à en;treprendre dans un

si~-o '

cIe fortement influencé par le déisme, '1 'athéisme, et l

~empi-risme. C'est ce qui fait justement des, Soirées de Saint:... \ 1 pétersbourg u~ champ idéal pour uni é~ude de "l 'art de •

1 \

persua,der": plus une littJ.èse est diffièile à faire accbpter,

-plus la tâche de 11 essayiste es t ardue, donc -plus le bexte es ... t

• 1

riche du pOlntlde vue rhéto~ique.

1

L~ premier chapitre de cette étude sera consacré à un examen, qui ne prétend nullement B~re ex~âustif, des techniques argumentatives qui apparaissent dans l'veuvre. Pour ce faire,

• • 1

on s 1 apPuie)a pr inc ipal eme

n~

s ur

Id

.::T:...:r;;;...a=i.::t.=é_,.;.::d;:.;e",--l=--' .;::a:..:::r:..-g ... u:::;;m;,:.;e=n:...:t:...:a;:;..t=i;;;:..o=n

de ch. Perelman et L. Olbrechts-Tyteca.· pouk les cas f!équents ,

où le ~aisonn~ent n'entre dans aucune catégorie précise, on,

t:!

f

'se bor_nera à "suivre le f i l du discours et la filiation des

~dées.tl2

'On s'abstiendra aussi de juger les arguments de

l ~, ,

Robert Triomphe, dans la préface de son ouvrage Joseph de Maistre,- cite un-passage de l'auteur des Soirées oi) ce dèrnier souligne que ~ Ion dit bien "Maistre" et non

pas "de MaistreJ' en français correct.

• 1 1 2 S.P., p. 55 (tome II).

\

,I

,,1 , 1 , l - , J

1

.f

(10)

1

,

3

1

l'écrivain, car s' ils. n04S paraissent faibles, à nous, lecteurs du vingtième siècle~ ils ont pu produire un tout autre effet sur les contempora~ns de Jo~eph de Maistre. _ _ Il r y a là un

pro-~

.

blème d'ordre sociologique

q~i

déborde les limites della présente étude.

\

'

Notr~ deuxième chapitre examinera en détail les figures de rhétorique ou "métaboles" dont se 'sert l'écrivain pour

con,

-vaincre son auditoire. Ces figures seront classées selon la taxinQmie proposée par le groupe de'Liège dans La Rhétorique

...,. l

generale.

Nous démontrerons en OQ~re comment s'établit le rapport entre les structures argumel\t3ti ves utilisées et les métaboles, P?ur enfin examiner daI\s quelle mesure le ,type de figure

ut;.i-.' ,

lisé convieht au but \JÎS"é..·, par l'émetteur du message, et comment

./'"

certaines déficiencys dans la logique sont

contfeba~s

par

. l

,

'la présence des figures -de rhétorique.

,

\ .

Pour des raisons de clarté, i l nous a paru avantageux d.,t'étudier séparément figures et procédés argumenta tifs. , Cette

, R.G.

.;

(11)

l , " ."

.

, " , , 4 ~.

méthode permettra d'étudier les Soirées aussi bien én tant

,

-

(

qu'essai philosophique qu'en tant qU'oeuvré l~térair~, où

, / ... !i

le JE de l'auteur'est manifeste. Dans l'essai phiros6phique#

l'auteur s'efface: son but n'est pas de nous pa!ler de

lui-. lui-. ,~

même, mais de montrer ce qui est, de-Îever le voile sur

cer-l

'

1

taines réalités -du monqe. Dans'l'oeuvre littéraire par contre,

le moi de l'écr~vain s'affirme,--qu'il s'agisse de la'poésie

lyrique ou de, l'essai l i ttêraire. Mêm~ si dans ce dernier

l'auteur évite de parler de lui-même, i l nous révèle

i

a vision du monde. ,Le JE est sous-jacent au texte, et c 'est ~e qui a permis à Amiel, de parier de l'aute~r des Spirées

de.,sàint-,v'

.

f~t~rsbourg comme s'il l'a~it véritablement connu. On verra que la formule célèbre "le style, c'est l'homme même" s'applique

c

avec beaucoup de justesse à l'oeuvre de J9seph de Mai,tre. ~

Et cependant, c'est le comte lui-même

(porte-parole-. f

de 1 tlauteu" selo~ certains crl. l.ques , qUl. Sl.gna e que 't' 2) . , 1 ,1I1orsqu'on traite des sujets philosophiques, on doit éviter

toute espèce de poésie et ne voir dans les chos'es,.

~ 1 ~

L.M., pp.. 27-29.

2voir, par exemple"1,Triomphe, ~SéPh de Maistre à la

page 360.

,.

",

i

(12)

11~~ ;è .... ,-.. ' J ~ ~~ r~IJr"" ... ~~"'-:.t4'II:t~t »;-~;n!.~~''''.( f'if-att~'}.JC:<\!z'l. ;'''.;'OY-'~~~J''i;-~ ... ~7J'l''''''"V~~''''''''.J,;t'"4l't ... .,~ , ...- .,... ... ;0 ;;-,,.., ~

" .

'5 1

qu~ les choses mêmes." Il' reproche à Voltaire l. 'usage de l'hYperbole---a.ans son Poème sur le d,ésastre de Lîsbonne; i l lui reproçhe ainsi d'imposer son propre point de vue au lieu de s'en tenir à une description fidèle du réel.2 C'est cette continuelle tension entre la description du réel et l~ besoin

'"

d • imposer un point de vue-- r lui, que nous' espé~~ns faire

. _../

ressortir en_~~ méthode choisie.

';

"

Avant d'aborder l'étude de l'oeuvre, i l serait

irnpor-,

.

~

tant d'examiner les raPPo4ts entre l'émettsur et le récepteur du message. On sait que le discours littéraire impl~que la présenèe, réelle ou supposée, d' urt"'deS"tina-t~ur qui parle et

d'U~

destinataire auquel.ce discours

~'adr~~~~!.---or:~on

l, A.J. Greimas, le

d~stinateur

doit ajuster le Iniveaul d

'inte1~i­

gibili té'.4 de son destinataire. Il

discours au degré des connaissances du.

s

'~tab'lit

doncF entre l

rémett~r

et le

.

Î

l

S.P., p •. 160.

./

2 11 s'agit du vers "cent mille infortunés que la terre dévore". Pourquoi dire "cent mille", objecte le comte, puisqu'il n'en périt qu'environ vingt mille?

8Aristote'oda~s

sa Rhétorigue,

avai~

déjà si;nalâ l'exis-tence-de ces deux êlérne~ts du discdurs, mais sous d'autres'noms

(eg:, "oratqr" et 'Jhearers" r ou ".èpe~ker" et "audience"; Rhetoric and Poetics, pp. 24. ,. 90-91). _ ' 48 • S •

s. , ,

p. 24. ' . ' ) " '

, ,_, __

,'~~','

:>"0

-:f~~<'Ç~:·,~,;~: -(., 't1' ~ ... ,1 f." , 1 -. ~h ~ '''!'~I~; i

.,

-.~

(13)

l'

récepteur, conune un cO,nt,rat que Greimas- qualifie de .. contrat énoncia'tit •• ,1

~

:j

1

- Kous approfond,irons dans la

conclu-1

sion du ~remier c~apit~~ et dans la conclusion générale ,ce

contrat énonciatif et le rÔle qu'il joue dans l'essai dialogué, mais pour le moment contentons-nous de quelques remarques

préli-1

, '

minaires sur le destinateur et le destinataire: qui sont-ils?

. ~ueTle est la nature du' <70ntrêt-t, s ' i l en" existe un, passé entre eux?

.~..

.

Notons d'abord que le comte s'adresse à deux aud1to1res:

~~ ,

à

"'s~s

deux interlocuteurs et au lecteur éve,ntuel •. L

'audi~~ire

o

immédiat se compose de dèUX hommes qui diffèrent par l'~ge, la

~~.--/'~ 1

formation, la nat.ional'ité,e-Î: le tempérament: le chevalier B***, et le conseiller privé de T***, membre du sénat de Saint-pétersbourg. Le comt-é" nous fait savoir qu'il existe entre lui

,

\

et ses deux interlocuteurs "une liaison intimer, fondée sur

i

~\' 1 • ,estime réciproque, la conformité de gants, et quelques rela-tions précieu.13es de services et d '.hospitalité ... 2,1 Cette liaison sera d'une importance capitale pour le progrès de

II'

argume~ta"7

~-~

tion. car le comte, pa~ ce procédé, crée

lS.~.S.,

pp.

2~-25.

---~ 2S0p., p. 1

(tomê~i;:-

..

~-',~

---

. , ~-- "

..

\ , , >

(14)

If . fi .~~ ... - .... , l~ t',-.. - , ___ { - 1 , , 7 Q

immédiat qu'il tentera de persuader, ou du moins, feindra de

él 1

vouloir persuader.

On constatè que,dès le début du premier entretien, le comte tache d'ét~blir sa compétence à discourir sur le

gouver-, i

nement temporel de la Providence. Les auteurs du)Traité de

\

l'argumentation affirment qu'e "[1] 'oratel.lr doit, en effet, inspirer confiance: sans elle, son discot. <.~ ne mér i te pas

l 1

créance." Le comte nous présente ce qui (~uivaut à une let'tre de créance: "il n'y a pas dk sujet'sur lequel-je me sente plus

,.

fort que celui du gouvernement temporel de la Providence". 2 Certain de détenir la vérité sur ce sujet, , i l affirme son désir d'éclairer son auditoire:

..

..

. • c'est a~~c une satisfaction délicieuse que j-l'exposerai à deux honunes .~ j t aime t~ndremÈmt

quelques pensées que j 'ai re~ueill~es sur la route,'déjà

1

.. "

~"ngue.

d'une vie

co~sacrée

tout

enriè~e

à

d~s

étU!1es\érieuses. ,,3,

- lCette sonnerie de trompette peut sembl,er superflue car ~ homme dUi, discute av,ec ses amis

~ntimes

nia pas besoin de teur

anJ;1on-J c e r que sa vie a été "[toute1 entiàre consacrée à des études

) ,

---IT.~.,'

p. 428.

~S.P.,

p. 9 1

CtJmct.

1). J'Ibid. -, - ~, ".

(15)

·

, 8 ..

sérieuses. Il Et pourtant, ces paroles remplissent une fonction

précise,_ " Même avant que le symposium soit entamé, le 'lecteur

" 1

1

éVéntuel saura que le comte est assez agé et expé,rimenté pour posséder la sagesse, assez sérieux et travailleur pour av oit. pu entrevoir la vérité sur certaines questions.

,

/

L'auditoire éventuel, que l'auteur vise principalement, semble

diviser en deux groupes: la foule des ighorants que

./

.

le comte disqualifie d'emblée et qui ne pourra ]amaJ.s "se

moui1-l

10er les lèvres à la coup~ de la vraie philosophiell

, et les

"e,;:;prits droitsll

qui sont à la rechercl;1e de la vérité,ne deman-dant qu'à être éclairés_ C'est à ceux-ci que s'adresse le discours car i l existerait, selon le c~eva1ier qui entreprenê

la publication de ces -entretiens, beaucoup d'hommes ,"dégontés "des doctrines modernes • [qui] flot~ent et ne demandent

qu'à se fixer. "( ':Je voudrais leur communiquer ces mêmes idées

qui ont occupé nos soirres," explique le chevalier, "persuadé que je serais utile~à quelques-uns" et agréable a~ moins à

beau-'3

coup d'autres." ' I l est ~igni:Èicatif que c'est chez le chevalier

1 S. P., 2 56 (tome II). S.P. , p. 1

-/

3Ibid •

~

"

/

.,.

\ !

1 " '

(16)

~~~-".~'r~""::.~ :;~~~"1:~""~J,1l~"'4..t:.~1"'~ -':"'-;

.. --, - , , ) i,J.-f' ~"L?'~i "I~~:~,..t'~i! .... i'I~

..

~~

..

;:.t,o:;.--~Y.;[""",_.A""'''',;~''fç:_z.._ "J"'<kr ....

~ ~, ;.<. ... ~<3:.J-.. '-.1 ... .,- ... -rl .... ' .,-_....,-:l ... l");Pt'O, "" ... "\1...- ....

"

et non

1

fi

pas che) J:e COlilte que

"--...

9 '1

"-naît l'idée de transcrire le

procès-verbal des séances. ~e chevalier, grace à sa jeunesse,

1

nous est mOI).tré c~mrn,e l 'e~pri t le plus" 'réfra,ptaire dq;' grolfpe,

~ ,

j - "

esprit avec lequel 1.1'!:l'..,.~ecteur rétic -nt 'pourrait plus facile,ment

, - ,

, , ~

S i identifier. Il semble décider n --Pleine liberté ,tfraccepter

""

ou de refuser les thès,es que lk GQmte présente souvent avec

, ...J •

trop d'assurance et de despo

!

ra

0

liberté, nous semble-t-il, Ué

sme, et c'est

:V

le ohevalier (9 également en toute JortÇOit

l~

projet \ ,.1 - 1

de publier les entretien • Le comte évite ainsi de donner l'impression de vouloi imp.osèr ses idé~s au.public: i l n'en-courage pas le cheva er à réaliser ce projet: ". je ne crois pas qu' 'tm te ouvrage réussît" 1 prévoit-il.

Qut

le

lec-'.

~ te ur en .soit juge.

,

,

.

, l

1

(

'\

~ S'.P., p. ,56 (tome II).

'"

"

.

, , ' , . , . ! . l' l, l 1

(17)

1-'L"..~\'i-~"" :;'.!i>r"1~'\""!O'"""""'T~~<''''''''''''''''"~,_~~~' _ _ j':>rc"""",,,,~ "'-,~<_.~,.,~'''~,,>- _ --- - .. - --- _

1.

rt'~,., .. ~ - ~,I ~'.l'-~--1 ·~".;.r,;tt-\.·'7i'..:p.Vr--r~'" __ ... " .. ~.~ ~~ .. _,~ .. .." ~ ~ , , , \

-

(. 1 :. ,j

..

CHAPITRE PREMIER

.

' TECHNIQUES ARGUMENTATIVES

1

\ If 1,1 1,.;'

.

,

(18)

o • , '

1

1 1 , " ,

.

o \

Il

....

- ... ,. , • f

, Le pre~ie~ entfetien examine la just~sse ~es pl~intes

• • 1

'qulon ~lève.habituellernent contre la Providence concernant le

\

,

, " '

prét~ndu bonheur des méchants et le malheur des justes.

, j

Le comte constate que la majorité de ces griefs contre , la jus·tice divine sont mal 'formulés, ca):', i:lit-il, uSi l'homme /

.

de bien souffrait, parce qulil est homme de bien, et si le méchant prospérait de mêmeoparfe qui ~l est méchant, l'argument,serait insoluble; i l tombe à terre si lion suppose seulement que le

1 • -:. 1

bien et le mal sont distribués indifféremment à tous les hommes. ft

Il faudrait reformuler la question pour pouvoir lui trouver une réponse; i l faudrait demander

le ju~te n'est pas exempt d~s

pable, et ,pou;rquoi le méchant

. jouir?,,2 juste peut -

}

~

I~

1 S.P. , p.

15.

; 2 Ibid ., p. Ill'. 1 Itpoul::quoi, dans l 1 ordre temporel, mJux qui peuvent

affl~ger

le

cou-r

n'est pas privé des biens dont le

..

'. , . { 1 •

i

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1

.

-

0 , •

.

,

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"

" ;) >-" .

(19)

"

1

12 , , ! ~

, Ainsi rèformulée, la question, "tout , à fait différente

l

de l'autre", paraît encore absurQe au qomte: "je suis même "

fort étonné si le ,simple énoncé ne vous en démontre pas

l'absur-1

dité"~

d,it-il

a~

sénateur' ét au cheval'ier.

Le comtè prétend qu'il existe une "oonscience

intellec-~ '4 5

tuelle" qui permet à 11 "homme sensé'! ou à l' "homme droit" de percevoir la vérité ou 'la fausseté de certaines propositions

\

. 6

"avant tout examen". Certaines théories, à son avis, "refusent absolument d'

~nt~er

"dans [1]' espr'l,,7 ;de.'ces hommes

droit~

grâce'

à cet "instinct secret,,8 ou à ce "sentiment intérieur",9 fruits dl une "droi ture d~ coeur"lO> et dl une pureté habituelle' dl

in-Il tention. " ,la 1 l S.P. , 'p. Il. 2 Ibid • 3 Ibid ., ,p.1 1 14 • • 4- • Ibl.d. , p. 10. ' . , , SIbid. , p. I l . , \ ( 6Il?id. () , 7 Ibid • , p. 12. , ' 8Ibid~ , p.

14.

-9 Ibid • , p. 13. IOIbid. ,

p.

14. llIbide -1

Il

" , , , Q , - -:, '!,'~' l '" ~ ~ . Ii J

/

/

(20)

\

.

/ Le

s~nateur ~e

aé'clare :"vigoureusement dl accord avec le , comte, et corrobore ainsi l'existence de cette conscience intel-lectuelle:

S'l l'on vient me raconter

qu~

cette planète que

nous habiton

7

nlest qui une éclaboussure du soleil,

enlevée • par une comète extravagante courant

dans l'espace; ou que les animaux se font comme

des marsons . • . i ou ~ue toutes les couche~ de

notre globe ne sont qu~ le résultat fo~tuit dlune

précipitation chimique, • • ~ faut-il don~ avoir

beaucoup lu, bea~~oup réfléc~i; ~aut-il être dé

quatre ou cinq académies pour sentir

t'extrava-ganc~ de ces théories?l

Si ces théories nous semblent sortir des 'limites du bon sens,

---0- --' / ...

c'est notre conscience-intellectUelle qui nous le dit, suggere

\

le sénateur. Il tâche'd'établir un li~n entre ce genre de

pré-tentign ,

(

l' ,

'hustice examen"

extravagante.et les plaintes de La' foule contre la

divine, par les

cer

deux .rejet~es

esprits droits.

nat-ùrellement et "avant tout

Il est essentiel, selon l,e comte, que la question soit 'bien formulée dès le début de l'entretien, non pas seulement

i

pour que l'argument lui-même soit pertinent et co~struit·avec

. ' . •

eO"''''41~re,

justesse, mais aussi pour que les' esprl.ts drol.ts pUl.ssent --- ~-:-,

o

par intui tion, 1~ "v:r;:aie ", réppnse à la ques tian avant de la

sau-mettre à la raison. "J1ai donc eu raison d'àffirmeru, dé~lare

l S • P., p. 12 -.

/

.

' ,~ \ .

i'

l

(21)

1 1 14

1

te comte, "que .la question_ qui nous occupe étant une fois' posée exactement, la détermination in~érieure de tout esprit bien

, fait dèvait nécessairement précéder la discussion."l , Le put de ce, type d'affinnation'de la part du comt~ est v~~isemblablement de prédisposer ses auditeurs à adhérer aux arguments qu'il

pré-" \

sentera dans/~a suite de l'entretient Qui, àprès tout, ne désirerait pas se ranger du côté des lJespr~ts,bien faits" qui perçoivent intuitivement la fausseté ou la vérité des

·proposi-4\

tions? Ains"i,

aussi bien que ceux

ceux qui se piquent d'être'des esprits droits,

l

red,+uk

quJ. souhai ten! atte~ndre cet.fe.. . sont disposés d'emblée à accepter les décisions de-ces trois

inter-\

loouteurs à l'esprit bien rait, sous pelne de perdre ce statut

1

privilégié, et d'être ,étiquetés comme un ignorant.

La question du prétendu succès du crime et des malheurs de la vertu, qui sera comme le leitmotiv de l'oeuvre enti~re,

\èst-provisoiremept abandonnée à ce mome~t de l'entretien\ pour faire place à un autre aspect du même problème, à savoir,

l'origine du mal. ( \, l S •p ., p. 14.

1

, i

!

~

J

(22)

l' 'IL.," ~ ~œÎ\"'Qlwzœ.~-~--.".,....~--._--~-~---1 . ' , \ 15 l

ilLe mal est sur la terre; h~la's l c'est

lune

vé-ri té 'Il

°qu~"nl a pas besoin d' être prouvée; mais de plus, "',~\)-';;'continue le

~

...

comte, "Il Y est très justement, et Dieu ne saurai t'en être "2 .

l'autieur .. " Le comte essaie de faire accepter d'un trait trois '\.h ,

proposi~ions dont seule la preqtière. jouit du statut d'un "fait 3

Çi' observation I l , car elle se caractérise par "une adhésion de

l'auditoire u~iversel, adhésion telle qu'il soit inutile de la

4 1

renforcer~' 1 un accord commun qui ni esij: qu' lIune réaction sub-.

jective à quelque chose énoncés ne sont que des

q~i

s'impose .à nous .. ,,5 Les deux autrés prétentions exprimées de

façJb

aussi

1 1

catégorique que le fait d'observation. I l est, en effet, discu-, ~ab1e que

1,

ma~ soit "très justement" s.ur terre et que "Dieu ne '

sâurait en être l'auteur." Mais pour facilite l'adhésion de son auditoire à ces uvéri tés", le comte recourt à la flatterie:

~ICI est une autre véri té dont nous ne doutons,

ni moi, et que je puis me dispenser de prouver, qui je parle. ,,6

1 En italiques dans le texte.

\\ 2 S .P., p. 17. 3T.A.i, p. 91. 4 XbidJ 5Xbid. 6S.P., p. 17.

i'

1. / 1. <l espère, ni ~us ar je sais à l ' . , '.

.

, , .

(23)

-- J o ~ z .... y_....,.. ... ~~~_~_~~ __ ~_

-16 , .... "'" .

L,1 affirmation

qJ'e

Dieu ne saurai t être 11 ruteur du mal constitue,/en outre, une pétition de princil?~' formé dl argument très répandue au cours des entretiens. Le comte postule ici ce., qu'il veut prouver: on sait que son ~t est de défendre la

cause de la Providence dans l~ distribution de's b'iens et des .

,,-

.;'

maux, mais lorsqu 1 i l constate que "Dieù ne saurait être l'auteur

o

r [du mal]", i l suppose que son auditoiiê immédiat "a déjà adhéré

:'

à

une thèse que lion Si efforce justement de lui faire admettre ... l

Le sénateur avoue être d'acco~d avec le comte, mais on c,onn/).?t .- - "-~ \.

ne pas l'avi"$ du chevalier. "Qui ne dit mot consent", doit-on supposer.

\ ~

Le sénateur tient seulement à clàrif~er~s

catégoriques du comte dont i l note la "l a t i tude". 2

\

énon\és Il souligne que Dieu est ... 1' auteur indirect du rllal "qui punit", 3 mais que l'homme lui-même est 11 auteur direct de tout mal, physique et moral, qui se trouve sur terre. A l'appui de cette affirmation,

i l présente deux types dl arguments: d'abord une série d'argu-ments dl autorité, puis' un, argument d'incompatibilité.

i 1 ' T .A., p. 151. 2 S • P., 9:. 18. 3Ibid. o ...

'.

,-1 ,

.

r ' 1 ~ f( , , ~

',"

! .~~ , l-;'~' c;" " . ", " ,

(24)

o

17

q •

.

~

L'argument d'autorité est très fréquemment utilisé au °cours des onze entretiens, et su~tout par le comtà qui, selon le sénateur, a l' habi tude de ';dormi"r sur cet oreiller. ,,1 Ici,

{

c'est le sénateur qui est coupable de la même faiblesse; i l cite Platon et saint Thomas qui ~outienne~t, tous les\ deux, que 'Dieu n'es t pas

;l.'

au teur direct du mal IIqui souille:

~12

En

"

citant ces deux autorités,_ le sénateur espère acco~der à sa thèse lIune valeur contraignante', comme si les autorités invo-quées avaient été infaillibles. ,,3

En outre, le sénateur s'appuie sur l'argument

quasi-,

iogique d'incompatibilité: on ne ~eyt affirmer simultanément

~ Ir

que Dieu soit infiniment "bon et qu'il soit l'auteur du mal.

1 \ ,

Quicon!que admet" donc,

q~e

Dieu est infiniment bon et tout puis-sant par essence, ne peut pas prétendre que Dieu est l'origine

'/

directe du mal, car "l'être bon· ne peut vouloir nuire à per-sonne."4 uPl~ton lia dit, et rien n'est plus évident d~ soi."S

I S •p ., p. 164. 2 . Ib id., P • 18 • 3 T.A., p. 411. \ 4S. P., p. ;18. 5 I bid.

..

i !

!I

1· ,1 ,1

,I

1 " v •

(25)

, 1

i.

...

-

. _b

.

18 '

"-I,e comte résum~1 dans cette généralisation hâtive, ce

? l ';J f

,/

" qui a été "prouvé" ou approuvé par les trois interlocuteurs

1

jusqu'à ce moment d~~ 1 entretien,:

Sans doute, le mal physiqu~ n'a pu entrer

dans l'uni~ers que par la faute des

créatu-res libcréatu-res; il ne pèut y être que comme remède ou expiation, et par conséquent il

ne

peut avoir Dieb pour auteur direct; ce

sont des dogmes incontestables pour nous. l

La fonction du mal sur la terre "comme remède ou expiat-ion" sera

examinée dans les entre~ns deux, trois, et quatre, mais pour

, le moment, cet énoncé constitue un argu~nt acl hominem: par

l'emploi de l'expression "pour nous", le comte admet que son

.,

argument ~st valide "pour eux:", ltlais non pas pour l'humanité tout entière.

..

.

-Le comte tâche de prouver que le bonheur et le malheur pleuv nt sans distinction sur· l'humanité tout entière. Pour ce fair, il recourt à un argument quas)i-logique, le raisonnement

par A'absurde. Cette technique argumentative, utilisée égale~

mef en

~~ét.rie. con~iste...:'à

admettre momentanément' une thlose

!

OR osée à ceille que l'on veut, défendre, à ~déve~opper ses

consé-.

ences,

à!

..

montre'r leur incornpatibili té avec ce à quoi l'on

, , l' I 19. ,..f"

!

\1

lV

hl:..,

p. 1 l' l '

r,

Il

tl

(26)

B

19

croit par ailleurs, et à prétendre passer de là à la vérité de la thèse que l'on soutient. III Ainsi, le comte

ad~et

provisoi-rement l'hypothèse que la Providence épargne les justes du mal parce qu'ils sont justes, pour prouver ensuite que cet,état de choses détruirait l'ordre moral du mon~e:

'1

Vous, n'avez pas la prétention fondements de la te~rass~ où nous parlons que~ si les étaient mis subitement en"; l'air par quelque éboulement souterrain, Dieu fût obligé de suspendre en notre faveur les lois de la gravité, parce que cette terrasse porte

dans ce moment trois hommes ~ui n'ont jamais tué ni volé • • • . Voudriez-vous lorsqu'il grêle que le champ du juste fût épargné? A." "

D~ sorte que chaque instant exigeant un mira-cle, le miracle deviendrait l'état ord~~aire du 'mondei c'est-à-dire qu'il ne pourra'it plus y avoir de miracle; que l'exception

s~rait la règle, et le désordre l'ordre. 2

Il n'est pas possible, donc, que la Providence épargne

constam

-ment aux justes les malheu~s terrestres, car, affirme le comte' 1 après avoir présenté cet argument, "Exposer de pareil'les idées,

c'est les r~futer suffisamment. ,,3_ Son raisQnnement se résume, donc, à ceci: un autre ordre du monde serait ~bsùrde,

impossi-~

hIe même, puis~'il serait autre que celui que nous connaissons.

lTr.A., p. 27J~. 2 S •p

.<,

pp!" 19-20. J

l '

,} 1 l'

il

, < ! " t " , ,

(27)

1\

..

20

Ceux qui accusent la Providence d'injustice dans la distribution des ~t des maux ne ~avent ce qu'ils disent, selon 'le comte, car rtOttt homme, en ,qualité d' homme, est. su'jet

à tous les malheurs de l ' humani té. , Cela 'constitue une des

. 2

"lois généra~es et nécess,aires" qui régissent l'univers i cha-que être hu4ain est soumis à la meme loi, "donc el,le nI est pas

1

Cette idée a été sommairement traitée au début de cet entretieni4 ici, le comte se borne à la répéter. Le pro~édé consiste à familiariser l'auditoire avec une idée avant qu'elle ne soit utilisée dans une argumentation plus élaborée.

Et pourtant, dit le co~te, Il il n' y a rien de plus faux" 5

que cette prétendue lo.,i générale de l' égalitl~ des hommes face au malheur: i l l ' a soutenue uniquem~nt "pour [se] donner plus beau

jeu", '(di

t-il~

Cette argumentation,' quoique .. faussèfl

, a permis

~e.Lm lQ..~(.t(,l\(,

néanmoins au comte d'établir la thèseA _ ' le :nonde est r~gi par

l

s

.P.,

pp. 20-21.

2 Ibid., p. 2J..

3Ibid~

4 11I 1 est manifestement prouvé" affirme-t-il, "que les

maux de toute espèce pleuvent sur tout le genre humain comme'

des balles ,sur une arméé. If 1 Ibid., p. I l . \

,

-

!

'

5 ~ Ibid., p •. ,2l. o • 1

.

~ ! f

J

(28)

<

,., , J ,

• J ,. }

des lois

générales,J~t, -~n

outre, qu'on ne saurait accuser la

1 _/..,~

.. "

~

Divinité d' Il injusticell dans la distri'bution des blens et des

maux.

En réalité,

~la

loi généLale, la loi

visibl~ e~

visi-,

blement juste" qui gouverne l'univers es t celle-ci, prétend le comte: "que la plus grande masse de bonheur', même temporel,

, à ' 1

appartient non pas a l' homme vertueux, mais la vertu. Il Cet . '

{-énoncé cons ti'tue é'galemel"!t une pé t i tion de principe, puisque l'interlocuteur postul~ ce qu'il a l'intention de prouver. Il

donne, par la suite~ deux exemples pour montrer que si les crimes et les actions ~ertueu~es étaient punis ou récompensés sur le champ par la Providence., cela "mèner[ ai t

1

directement à la destruction de l'ordre moral, ou à la création d'un autre

l " 1

• 2

monde." Or, l'ordre moral qui existe ~st, déclare-t-il", "le seul possible po~r -des êtres intelligents. ",3

"

Le com~e passe ensuite à quelques cons~dérations' sur la ,justice humaine, et plus précisément, sur l'impunité du ,crime.

1 .s.P., p. ·21. 2Ibid., p. 22. 3 Ibid ., p. 21,. If

\

, ' f \

ii .

l'

.

, , ! I l ~ --'--.. _ _ ~ '-_---'---'l: _____ ~ '1 ~ i \ t Il , , , ,

(29)

'.

\

/

/

i

La justice, avoue le comte, peut se tromper 1t'de~ coupables

~I .

1\ \

peuv~~t a\nsi.échap~r au supplice qui leur est dû. Néanmoins, i l faut bien se garder de p:endre l'exception pour la règle, car ces "erreurs

ma lheurs qui

. 1

des trl.bunaux" ne sont que des 1

"n 1 éJranlent 'point' la règle. ,,2

accidents ou des Le comte introduit ensuite deux arguments pour justifier les erreurs des tribu-naux. D'abord, un de s'es arguments préférés: la foule,igno-rante a, sur ce point comme sur tant d'autres~ faussé la vérité, car IIlloreille du public acçueille avec avidité les moindres bruits qui supposent un meurtre judiciaire; mille1'assions .

individU:ell~'s

peuvent

s~oindre

à cette

inclinati~

géné-.

r~e.

u3 LI a':faire

~as,

selon le comte, constitue lIune

preuve,,4 de

J"

irratioJalité de l i foule, "rien de

~ins

prouvé

5

que l'innocence de Calas" affirme le comte, nous assuQrant

1

qu' "il y a mille raisons dl en douter, et même de croire le

con-~

• ,\ 1,6

tral.re. Ces Ilmille raisons" ne sont pourtant pas 'citées.

lS. P., p. 2 Ibid • 3 Ibid., p. 4Ibid. 5 Ibid • . 6 Ibid. ~6. ' 2·7. ,1

.

• I~ , \ 1

1

" ' Ji

\

\

Î r', l ' 1

t

!

!

(30)

~3'\. !luT :r~'Z-,UJt.~{Wl:.tj~i7~I'.in\ ~"'>!.T>t!.r~-.... --~ ... ""'1'> __ "1' "\ \ ~ 1 1 23

Le ~uxième argument consiste à dire qu'il est pôssible

-qu' "un hornme commis l ' a i t

l

iQconnu. "

envoyé'au supplice pour un crimèqu'il n'a pas

,

1 · '

réellement mérité par un autre crim~ absolument "Il yi a plus ieurs exemple,s de ce genre prouvés par

li

, ... :i -

l'aveu des coupables; , et i l y en a, je crois, un plus grand nombre que nous ignorons ... 2 L'argument n'est, au fcJnd, qu 1 une

\

~

Il

assertion fondée sur des conjectures. Mais cette assertion est , \,

utilisée à son tour comme preuve de l'intervention divine dans la justice humainè: celle-ci peut ê~re aveugle, mais Die~ ~&

l'est pas, prétend le comte: "La Providence, "pouf qui tout es't moyen, même l 'JobSjaCle, ne siest pas moins

de l'ignorance pour ex~cu~er ~ette justice 3

demandons. "

"

servie du crime ou temporelle que nous

/

"Passons mairitenant' aux maladies", 4 suggère le comte. ' I l se propose de p'rouver deux chosès: quel les maladies existent

1

-parce' ,qu' el1e~ sont nécessaires four maintenir'

1:

O~dre mor~l (Ille seul possible pour des êtres intelligents 115.), ) et que la

III ' l . 1 p. 28

ï

s.

P., 1 2 Ibid'. 3 Ibid .', p. 29'. 4 Ibid • ( S~bid. , p. '1 21. f i ~ f

.

. .

.

.

"

.

\

.

tj

i

-1:

(31)

,/

1,;

24

cause àirecte àe la majorité des maladies est le vice. Si le monde était

Pl~e

mal

exempt de maladies,

raisonne-t-i~#

i l n'y

~uraiJ

moral, car le mal physique n'est que le résultat du ma!"

mor~l.

Cet argument équivaut à une pétition de princip2, car c' est prÎciséme~t ce lien de ca~sali té que le comte a l ' in-tention de prouver: i l annonce donc sa contIusion 'avant de l'avoir étayée. Les seuls arguments q~'il avance en faveur de 'sa thèse sont des ,:.:rgtnnents d"a':ltorité

r

Sénèque, Bossuet, un

"nouvel apologiste"). (qui reste\

anonym~),

Bacon, et" finalement

2

"le divin Auteur de notre Religion" sont cités par le comte

' . '

pour prouver le l1en entre le mal physique et le mal ~oral.

,

fiLa "raison, la révélation et l'expérience" déclare-t-il, Il se,

. 3

téuniss~nt pour nous convainc~ du l~en entre les deux maux.

La suite de l'entretien contient une condamnation de la

du mariage.

et du dévergondage sexuel, et un éloge du jeû~e et

j

Ce fra~ent du texte offre une matière àssez

gourmandise 1

3~

• 1 S.P. , p. \ 2Ibid. 31bid .. , p. 33.

41bi'd. , à 'partir de la page 29.

- 1 1 1 " , 1 ...

,

1 : ·1 , 'il

p,1

1 , L: 1 1 1 , , , ... ! ,

(32)

\

1

\ ,

25

1

P auvre pour l'étude d'es techniqué-s Ç1rgumentatives,·

r

le comte

se contente de cond~ner et de louer pans se ,sou~ier de

prou-j~ê4-nt

ver, ~ ses affirmations incontestables pour un espri.t droit. Le b\t de cette tirade, toutefois, est de susciter chez l ' honune le se.ntiment de sa culpabili té, car le comte coni

,

\

clut son discours par cette réprimand'e: "Que les horrunes donc

\ 1

ne s'en prennent qu'à eux-mêmes de la ~lupart des ~aux qui les

.

J

1

/ affl~gent I l

Le comte et le sénateur terrniqent ce premier entretien par

~a

mise au :oint

\~deut

rè9les auxqu;lles l'homme doit sou-mettre sa conduite, la règle de l'utilité générale et celle de l' autori té. Le sénateur constate que "lorsqu' une opinion ,ne choque aucune vérité reconnue, et qu'elle tend d'ailleurs à

élever 1"' homme, à le perfectionner, à le rendre maître de ses 3

pas s ions" ,

i

.

elle est digne de notre adhésion, ou" dit-il plus 1

modestement, pour ne

1

pasl avoir 11air d'imposer la règle à des

;'

/

1 l

s.

P ~" pp ___ 37-38.

2Ecrit "unité" générale à la pagEj! 38, e t "utilité" à la page 39. "Utilité" au lieu dt "unité" convient dans ce contexte.

oar la._ règle de l'uni té générale ne sera traitée qu f au dixième

entretien. " 3 S.P •• p. 38. '\ 1 : , " 1 1 i

l,

(33)

li

/

~f ~~~ I~i't ~:;o~: "'ltC1.1""'-::'(.~.Jr.>Y"""'1

i

\

, ,

26

,hommes moralement inférieurs

.

à lui: "je ne vois pas pourquoi' la repousserions." Et le comte joint à cette règle une autre qu 1 i l a, en effet, utilisée à plusieurs reprises au

cours de l' entretien: "Qu' on dise, qu 'on écrive tout ce qu 'on voudra; nos pères ont jeté l'an~re, tenons-nohs-y et ne crai-gnons pas plus les illuminés que les ~mp~es. . . ,,1

*

*

*

Le deuxième entretien est pl~s varié que le premier; les interlocuteurs examinent, cette fois, des idées. que le comte quali fie d'

r

erreurs", sou tenues par les

pJnseur~

du dix-huitième siècle. L'état de nature, le sauvage, l'origine des

«'

langues,' l ' origi~e _sensi~le des idées, et l'existence de Dieu font le sujet de cette conversation.

a' ,

Le comte présente

r

abord, en torme de

~ésumé>

des

èonclusions,:, ~uf il a tirées de l' ent'r~tien "'préc~dent, et les rassemble dans un argument quasi-logique de transivi té: "Tout mal étant un châtiment, I l dit-il, "il s'ensuit que nul mal ne

l "S.P •• , p. 39. , j

1

\ , , t'; t

(34)

~~~:"~~~_.;J.o~ ~,tr.""~-r" [~<1~1'",~L.~~1:-'·f?ttl.~r:.',,:;;"l}., '!.Y~!\'I' ... ;;"'..r~~>~~~

, '

27

saurait être considéré comme nécessaire, et nul mal n'étant nécessaire, i l s'ensui t que tout mal peut être prévenu 'ou par la suppression du crime q~' l ' avai t rendu nécessa;ire, ou ,par la prière qui a la force de prévenir le châ timen t

.

l

"

ou de le

\'

,mitiger ... l Cette propositi'on est une pétition de principe, car rien n'a été ,prouyé concern~nt les mesures.à prendre contre 'mal, et ce problème ne sera traité à fond que dans' les

qua-le

,

\

\ trième, cinquième, et sixième entretiens. Pour le moment" lè

\

comte donne à son argument la forme d'un syllogisme, pour qu'il ait tout au moins une apparence de s~ructure formelle.

"

.

Le chevalier soulève la question dç prern~er m~l commis par le~, hommes. Le péché 9riginel est une ~6tion clef. 'qui

2

"explique tout, et sans [laquelle] on n'explique ri.en", 'une netion essentielle à la compréhension de tout mal Gans le ~ nde.

'('

~

- '

\

'''Tout être qui a la, faculté de se prfpager ne saura t \

, " . 3 \

'produire qu' un être sem~fable à, lui", affirme le comte. est un fait, considère-t~il, qui nia pas besoin d'être

lS. P •• ; p. 43. 2 boa l J. . , p. 44. 3Ibid ., ,p. 45. \

\'

\

\

' '\ , \ . . \ ~ , \

)

!

\ ' -\" , "-::-, , • ,1 \\ ;, • 1 1.

...

1 [, , 1 l , . , , 1

r

..

(35)

\

/

i

"

28

"la règle ne souffre pas d'exceptioni elle est écrite sur

. l \

tout~s les parties de l'univers." Ceci établi, i l s'ensuit

\

que flsi un' être est dégradé. sa postérité ne sera plus'

sem-i

blable à l'état primitif de cet être. mai~ bien à l'état où i l

2

a été ravalé par une cause quelconque." Comme preuve de cet énoncé. i l avance la-constatation

~uiva~Je:

"Cela se conçoit

fi

très clairement, et la règle a lieu dans l'ordre pliysique comme dans l'ordre mora 1 ...

..

Suit un argument de comparaison: il. existe ,un péché 'originel comme i l existe une "maladie originelle". L' homme

a

\ ,

été soumis ,à une "sui te de prévarications ,,3 qui l'.ont dégradé. et c'est "en vertu pe cette dégrqdation primit~\re_[que] nOlls sommes sujets à toutes sortes de souffrances phy,siques • • .. [et] à

tout~s-

sortes de vices. 'L4

,

Le comte soutient que cette

"mal.adie l'rig,inelle'' n' est que "la capa ci té de so,ffrir tous

1 S .. P ... , p. 45.

1

4 Ibid., p. 47. '\

(

, " .. \r" ,~ " ; , - i,' , ,JO _1. ~ _'

\

~ .. ') ---=_'! __ ~_~_~~'iie::-_\ ~!.. ... u - ~ _ _ _ ---.!L _ _ _ , ~\

(36)

(

29 les maux, comme le péché originel • cité de souffrir tous les crimes. JI l

n'est que la

capa-Le comte aborde" 1 a théorie du pé'ché originel. Cettè

~

théorie servira de base à une série d'arguments destinés à d ' e rUlre t .

Il

e my th e d b . . . . u on sauvage alnSl que . ' . l a t eorle de h

~~

. l'origine sensihle des idées, et à expliquer l'origine des"

1

langues.

"L' homme est

m~Jvais ~ horrib~ement

1 mauvais ,,2 déclare,_ le comte a~rès.av?ir cité des réflexions sur l'homme de'Timée de Locres (qui cit~ Py'thagore), de Platon, de Cicéron, de saint

paUl~' OV~de

.et de

tel.

comm~

diJ pxaton.

Racil"le. Mais Dieu ne ~ra pas créé car "l'être bon ne peut ni, ne fait 3

de mal à personne." Cette dégradation, soutirmt le comte, ne ' peut être que le résultat d,'un crime, car, dit-il, "toute

;

dégradation ne pouvant être qu'une peine et _

t~:)UJe ~eine

suppo-sant un crime, la raison seule

s~

trouve conduite, comme

far

l S.P. , p. 47. 0 2Ibid. , p. 52. 3Ibid. ,

.

1 , 1 "

....

1

,.

l '

t

(37)

-30

f é h ' . . 1 l

, oree, au p e e orl.gl.ne ... Ceci n1est qu'une i

~imPle

pré-tention_g~ comte, qui n'est pas contestée par son auditoire

immédiat. I l cont'inue, en

reco~rant

encot'e à

l'argu~,ent

quasi-logique de transi,tivité: "[

~

'homme] ne peut être mécJant

~ . \

-

"

mauvais, ni mauvais sans être dégra~é, ni dégrad~' sans "être

\

sans être puni, ni puni 'sans être coupable... ,,2 Cet 'argument semble plausibl4 grâèe à sa forme stricte:' puisque le dernier mot de chaque proposition est le premier de la suivante, elles

mbl ri · d l ' l ' 3

se e t unl.es par es l.ens ogl.ques . .

..

\

Le comte conclut donc de façon péremptoire:' Énfin, Messieurs, i l n'y a rien de si attesté, rien de si universellement cru sous une forme ou sous une autre, rien enfin de si intrinsèquement plausibl'e que la tméorie du péché originel.4 '

\ 1> ,

L'hypothèse d lun état primitif de barbarie est

"rig~h-.

'reusement à rejeter, selon le comb~, car avant le déluge les

honune~ possédaient une intelligence pifférente et. supér i~ure à la nôtre. Pour étayer sa thèse, le comte recourt à un,~argument

l S.P., p. 53. 2Ibid • .\ 3T.A., p. 31l. 4S • P., ,p. 53. ,,' - 1 1

\'

/

..

\\.

\ ;

.

! , l, 1

r

- - - . , /

(38)

l'

d' autori té:

"l' es l.n~ t~

i"

'é s, les philosdphes,

31

n' ~_ca'fas dIe dissonance" 1it-il,

les poètes, l'hist61re, la

~able, l'Asie, et l'Europe n'ont qu'une voix. Un t~l accord

de la raison, de l.a révélatiol'l et de 't'outes les traditions humaines, forme une démonstration que la bouche seule peut

o 1.

contredire." En' général,!, plus l'autorité est prestigieuse, 1

2

plus l'idée paraît admissible. Qui pourràit contester ce qui a ét,.é établi par "la raison", ilIa révélation", et "toutes

q ,

les traditions humaines"?

En outre, la religion seule peut fournir une autre'

réfutation de ce soi-disant état de nature, selon le comte. .

\

Un homme qui croit en Dieu est, ipso facto, civilisé: "Partout

·oil. vous verrez un autel. là se

tr~uve

la

CiV:!liSatiOn.~.3(dit.-i1)

1- ' ,

plus loin dans son discours, le ..,co~fe ci te é~.alement -une phrase,de Voltai~e à llappui de·~tte thèse: ,LIAGE DIOR LE PREMIER SE MONTRA SUR LA TERRE. Cet argument dl autorité devient ironique, à la lumière de l'attaque virulente contre

'li Voltaire' à laque1.le~ se livre le comt~ dans le quatri~me

entre-tien.

.

, 2 . S. P.,~. 56. 1) 3Ibià ., p. 63. " ~. l i 1 -. , l '

(39)

\ '. "-) • 1

--J 32

Cela

cons~itue, ~~son

avis, "une secondé démonstration

ajou-'7 tée à la première,

, 1

qui pouvait sIen passer."

.

.

,

Un péché a été donc commis par l'homme et puni par

-('

Dieu; reste à expliquer pourquoi ce seul péché, en particu-e

lier, est lunique et irrévocable. Le comte est d'avis que

• les crimes [sont~ toujours proportionnés

aux connaissances du coupable; de

o manière que le déluge sUPFose des ~rimes

inouïs, et que ces crimes sup~senf des

'cdnnaissances infiniment au-de~stis de

celles que nous possé.dons. 2 Avant le déluge, donc,

un chef de peup~e [a] altéré chez lui le

principe moral par quelques-unes de ces

prévarications qui • ~ • ne sont plus

"possLbles dans l'état actuel des' choses~

parce que nous n'en savons heureusement

plus assez pour devenir coupables à ce '

point. 34

" . 0

tc~s énoncés ne sont que des as~ertions non appuy~es de preuves. o ; __

En ce

qui_conéer~~

1'okigine des laRgues, 1e comte

tient à balayer deux "erreurs" de son siècle et du si~cle,

1 S.P. , 63. 2 f Ibid.. p. 54. ) '3 b a d I 1. . , p.

64'.

1 .) I~ , J )

:

1 ) " 1 i , ' j •

(40)

33

passé: la théorie des "langues inventées Il et l' arbi traire du signe.

"Nu'lle langue n'a pu être -inventée",l à son avis. La différence entre "la langue" et "la parole" est essent~le à son àrgument~

. i . ,,2 J ama1S. • •

"Les langues ont commencé; mais la· parole L'homme a toujours parlé, constate le comte, qui fait appel à l'argument,d'autorité: "et c'e'st avec une sublime raison que les Hébreux ont appelé [l'homme] AME

,

PARLANTE. "

Ude "nouvelle" langue peut se former, mais elle naît toujours "au milieu d'une société qui est ~éjà en ple~ne pos-'

3

session du langage. Il Les hommes ont construit leurs langues

sur '''les ruines" des IIl.angues plus anciennes détruites ou

L

. " 1 4

oubliées "1i ils ont emprunté des termes des au tres langues

~

vivantes "et ont pesé la justesse et l'expressivité des termes

:. \ 1 Ô ~ If

s.

P. , p. 68.

t

" 2Ibid. , p.' 8~. '\ 3 I bid. , p. 82. 4 Ibi

J. ,

p. 71.

1

r-" , J " ' ./ i r .... , 'j , ri \ J

~'

·i

Il'

(41)

,

. 1

34

avant de les adopter. Donc, ce que no~s appelons la théorie

.

--

-de l'arbitraire du signe est à rejeter, car toujours on peut

~ 1

discerne]! ilIa raison qui a déterminé le mot." Le com te

pré-...

~ .

sente une longue série d'exemple~ tirés ~e différentes' lrgUeS dans le but de montrer 'que le hasard ne joue aucun rôle dans la forma'tion des motSE, et conclut ainsi:

j

...

Jamais un son arbitraire ~'a ~xprimé ni pu exprimer une idée. Comme, la pensée préexiste nécessairement aux n'lots qui ne sont que les signes physiques de la pensée,

l~s mots, à leur tour, préexistent à l~explosion. de toute langue nouvelle qui les reçoi t tout fai ts et les modi fie ensui te

à son gré. 2 '

)

Tout terme dans 1~1 langue moderne qui ne semble pas fondé sur ta. raison peut s'expliquer ainsi: l'homme moderne

• 0

s'est progressivement dégradé, et, avec l'homme) sa langue:

, \

,

à mes~r~ /qu Ion Si ,élève vers les "t:emps

cl 1 iÇfnora{nce et de barbarie qui vi 1"ent

la naissance des langués, vous trouverez toujours plus de logique et de profon-' deur dans la formation des mots, et que ce talent disparaît par une gradation Ir

contraire à mesure qu'on descend vers liés époques de ci*~lisation et de'science. 3

~

~~~

~

'1

(42)

35

Avant d'aborder la question des idées innées, le comte jüs~ifie

sOî

e~ploi fréquent de l'argument d'aqtorité:

• je voudrais voas poser le motif de décision qui doit précéder tous, les autres:

c' es t celu'i de l' autori té i peu sont en'

état de bien raisonner, et nul ne l'est de bien raisonner sur tout; en sorte qu'en général i l est bon, quoi ~u'on en dise, de commencer par l'autprité.

< 1 : ( - '

.• ~ Et pourtant, certaines autorités ne méritent pas d'être écou-tées, et les dé fen-seurs de l'origine sensible des idées se trouvent dans cette catégorie. ~e comte renonce même à' faire le bilan des champions de ce parti, car, dit-il, "leurs noms me déchirent la bouch~."

. 2

Ayant écart-5 cette "mauvaise compagnie", le comte

"

~

accueilLe. "la bonne ", à srvoir Pythagore, Platon, Cicéron, Origène, saint Augustin, Descartes, Cudworth, Lami, Polignac, pascal, - Nicole, Bossuet; Fénelon,- Leibnitz, et "cet illustre

3

Malebranche", tous adversaires de l'origine sensible des . aé' TT,.( 1 l ' n d d' 1J 1 déclt;tre

que--1 es~. peu p us 01 ans son 1SCOUuS,

1 S • P ., p. /90. 2Ibid • 3 Ibid ., '1 • l, ,> 1, . "\'~ ,- . , - ,- , . l ' 1.,

t

f 1 l ,

(43)

Il''I&Mli\WiM'la~_,

.",..

36

les plus grands, lesl plus nobles, les plus vertueux génies, de l ' un1vers s.~; sont

aqcor-à~s à rejeter l'origine sensible des id~es. C'est la plus, sainte, la plus unanime, la plus entraînante protest~tion de l'esprit humain contre la plus grossi~~€ et l~ plus vile des' er\reurs.. 1 ~1

Ii

montre, en l'occurrence, son principal adversaire sous un jour défavorable. Il accuse Locke d'ignorance et de na!veté, puisque Locke pe moquait des idées innées en disant-qu'il ne se souvenait pas "d'avoir eu dans le sein de sa

iJ mère

2 \\

COnI?ailssance du carré de l' hypoténuse" • Ce genre d' argu-ment ad personam sera é\laboré dans le sixi~me entretien.

Le comte reformule ensuite la ques~ion à ~on ~ré. On ne peut examiner la question d~ l'origine.d~s idées

"

ner celle de la nature de 1 j'âme, soutient -le comte. recourt

3

à une citation de ]'"estimable Thomas", autorité qu'il a déjà copieusement. louée, pour mpntrer que là question se réduit à

1 -" ' 4

"demander l'origine de r'origine" ilL' homme vit par son

1 p. 96. S. P., ", 2Ibid., p. 100. 3 Ibid. , p.

97.-•

4Ibid. " j J ) o' - " -' ~ o 1

-

\ " , " ,

I~

r 1

LI

~.

.. 1

(44)

l'

1

ame, l'âme est la pensée Il , 1 "écrit saint Thomas.

C'est, en effet, "au sujet de l'origine de la ~ensée et non des idées que lion devrait discuter, selon le comte: car le mot t~penséerr peut être clairement défini,' tandis ~ue

'l:! "

l'"idée" reste ~ne notion floue. I l recourt à la ~définition

sublime" Çle ~laton, qui affirme que ilIa pensée, est le discours

3 "

que l'esprit se bient à lui-même. 1I

- L'idbe ou la simple "notion" de Dieu est innée, car i l serait impossible d'être théiste, polythéiste, oU,athée

Il

1 " ,

conscience de l'existence de Dieu.

sans a~~ir eu préalablement

"Il est ih1possible de se tromper sur Dieu, sans avoir l'idée

4

de Dieu," constate le comte. Même un athée a l'idée d'un n{eu, et "c'est donc la notion ou la.pure idée qui est innée

5 et nécessairement étrangère aux sens. Il

1 S.P., p. 97. 21bi4., p. 99. -1 41bid., p. 10,1. 1 ..,

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, .. ' '" • I.,~ -~,,"\-' , • .; ~'> " " ,,' f ,r.... "" \ --~-~' _.-""-

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fOt  tenu  de  pr~senter  ses  ...  titres  pour  ~eh  obtenir  une  permission.&#34;
figure  dans  le  texte  en  majuscules,  ce  qui  indique  que  le  locuteur  veut  le  distinguer  des  autres  sémèmes  de  la  phrase

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