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La perception de la féminité et sa relation au maquillage

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Academic year: 2021

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HAL Id: tel-02441772

https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02441772

Submitted on 16 Jan 2020

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La perception de la féminité et sa relation au maquillage

Anna Loegel

To cite this version:

Anna Loegel. La perception de la féminité et sa relation au maquillage. Psychologie. Université de Nanterre - Paris X, 2019. Français. �NNT : 2019PA100009�. �tel-02441772�

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Je remercie chaleureusement :

 Paul Fontayne pour sa patience dans cette montagne russe que fut cette expérience de thèse

 Sandra courrèges sans qui ce travail n’aurait probablement jamais démarré.  Frederique Soppelsa pour ses modèles statistiques et son amitié.

Une part de mes remerciements vont à :

 Frédérique Morizot et Aurélie Porcheron, pour leur accueil et l’intégration au sein du BWB de Chanel PB.

 Aux membres de l’unité biostatistique et épidémiologie du BWB Chanel PB, Julie Latreille, Emmanuelle Mauger et Frédérique Soppelsa pour le soutien statistique de ce travail de thèse et leur vision enrichissante du traitement et de l’analyse des données.  A tous les membres du BWB Chanel PB qui ont parsemé mon quotidien d’échanges, de

rires, de caféine et de sucre necessaire à mon métabolisme.  Aux membres du CeRSM pour leur accueil et leur soutien.

J’adresse tous mes remerciements à Madame Aïna Chalabaev, ainsi qu’à Madame Peggy Chekroun, qui ont accepté d’être rapporteurs de cette thèse.

Je remercie également Madame Isabel Urdapilleta pour avoir accepté de participer à mon jury de thèse.

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La perception de la féminité et sa relation au maquillage

Ce travail de thèse questionne la perception de la féminité et sa relation au maquillage. Cette recherche est initiée par l’étude de l’impact du maquillage sur la modification d’une caractéristique du dimorphisme sexuel : le contraste facial (CF) (Russell, 2003, 2009). Nous avons démontré que malgré la pertinence du CF, celui-ci est insuffisant pour rendre compte du lien maquillage/féminité. Ces résultats nous interpellent quant à la seule présence du maquillage pour évaluer la féminité sans se référer aux caractéristiques biologiques. Le maquillage, par sa représentation sociale, est fortement lié à celle de la féminité. Le soin du corps qu’il représente en fait un élément central pour la féminité des femmes. Huguet et al. (2006) démontre l’existence d’un stéréotype « ce dont on a pris soin est bien » pouvant être activé par la présence de maquillage. Nous avons démontré l’existence d’une norme sociale astreignant les femmes à se maquiller pour être féminine, où le maquillage est une condition nécessaire pour obtenir non seulement des jugements de féminité élevés mais également un ensemble de caractéristiques positives. La perception de la féminité intègre dans son processus de réalisation à la fois des indices perceptifs mais fait également appel aux connaissances disponibles en mémoire, les stéréotypes, les représentations et les normes sociales rendues accessibles par le maquillage. Nous pouvons alors conclure que le maquillage n’est pas, par nature, féminin et positif mais qu’il est utilisé comme un élément de référence dans une conception multidimensionnelle de la féminité.

Mots-clés : contraste facial, jugement social, maquillage, féminité, normes sociales, représentations sociales.

The perception of femininity and its relationship to makeup

This project questions the perception of femininity and its relationship to make-up. It is prompted by the impact makeup has on the alteration of a sexual dimorphism characteristic : the facial contrast (FC) (Russell, 2003, 2009). We have shown that in spite the FC’s prominence, it remains insufficient to account for the link between make-up and femininity. The results challenge the presumption that makeup is present in assessing femininity, without taking into account biological characteristics. By its social representation, make-up is strongly linked to the idea of femininity. Because makeup is representative of self body-care in women, it becomes a central element for the representation of femininity. Huguet et al. (2006) demonstrates the existence of a stereotype such as « what has been cared for is good », which can be activated by the presence of makeup. We have demonstrated the existence of a social norm that compels women to wear make-up in order to be feminine exists, where makeup becomes a necessary

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The process of acknowledging the perception of femininity incorporates perceptive characteristics, as well as using available knowledge in memory, stereotypes, social representations and social norms brought to the fore by makeup. We can then conclude that make-up is not feminine and positive by nature, but that is used as a reference element in multi-dimensional perceptions of femininity.

Key words : facial contrast, social judgment, makeup, femininity, social norms, social representation.

Cette recherche a été menée dans le cadre d’un contrat CIFRE avec : Unité perception des visages, département biologie et beauté des femmes, Centre de recherche et technologie Chanel Parfum Beauté

8 rue du cheval blanc 93500 Pantin

EA 2931 - Centre de recherches sur le sport et le mouvement – CERSM Université Paris Nanterre,

200 avenue de la république 92000 NANTERRE

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Table des matières

Introduction générale ... 15

Chapitre 1 : Etat de l’art sur la relation entre féminité et maquillage ... 20

Introduction ... 20

1 Féminité du visage ... 20

1.1 Approche anthropométrique ... 22

1.2 Approche cognitive... 25

1.2.1 Processus holistique et analytique de traitement des visages ... 25

1.2.2 Perception de la féminité ... 28

1.3 Approche sociale ... 36

1.3.1 Dimensions fondamentales du jugement social ... 36

1.3.2 Relation dimensions du jugement social et sexe biologique (femmes versus hommes) ... 39

1.4 Approches de la féminité ... 40

1.4.1 Critères morphologiques versus perception de ces critères, un consensus ? ... 40

1.4.2 Approche cognitive et sociale combinée ... 42

2 Maquillage ... 44

2.1 Fonctions du maquillage ... 44

2.1.1 Fonctions biologiques : accentuer des caractéristiques naturelles ... 44

2.1.2 Fonctions sociales : donner une bonne image de soi ... 46

2.2 Comment sont perçues les femmes maquillées ? ... 46

2.2.1 Jugements défavorables ... 47

2.2.2 Jugements favorables ... 48

2.3 Féminité et maquillage ... 49

3 Problématique générale ... 51

Résumé ... 53

Chapitre 2 : Variable biologique de la féminité faciale : le contraste facial ... 54

Introduction ... 54

4 Etude 1 : La relation entre modification du contraste facial par le maquillage et perception de la féminité physique ... 55

4.1 Objectif et hypothèses ... 55

4.2 Matériel et méthode ... 56

4.2.1 Les stimuli ... 56

4.2.2 Tâche perception ... 57

4.2.3 La mesure du contraste facial ... 57

4.3 Résultats ... 58

(8)

4.3.3 Relation entre féminité faciale et mesure de contrastes (L* a* b*) pour toutes les zones61

4.4 Synthèse des résultats ... 66

5 Etude 2 : La relation entre modification du contraste de la bouche par la couleur du rouge à lèvres et perception de la féminité ... 67

5.1 Objectif et hypothèses ... 67

5.2 Matériel et méthode ... 68

5.2.1 Les stimuli ... 68

5.2.2 Tâche perception ... 68

5.2.3 La mesure du contraste facial ... 69

5.3 Résultats ... 69

5.3.1 Analyse préliminaire de la cohérence des jugements de féminité ... 69

5.3.2 Féminité perçue avec et sans maquillage ... 70

5.3.3 Mesures de contraste facial avec et sans maquillage ... 71

5.3.4 Relation entre féminité faciale et mesure de contrastes (L* a* b*) pour la zone de la bouche ... 74

5.3.5 Synthèse des résultats ... 81

5.4 Discussion ... 82

Résumé ... 84

Chapitre 3 : Variables sociales de la féminité : Représentation et jugement social ... 85

Introduction ... 85

6 Etude 3 : Représentations sociales de la féminité et du maquillage ... 86

6.1 Objectif et hypothèses ... 86 6.2 Méthode ... 88 6.2.1 Participants ... 88 6.2.2 Procédure ... 89 6.3 Résultats ... 89 6.3.1 Analyses préliminaires ... 89 6.3.2 Résultat : RS de la féminité... 90 6.3.3 Résultats : RS du maquillage ... 92 6.4 Discussion ... 94

7 Etude 4 : Impact du maquillage sur le contenu des stéréotypes associé aux femmes ... 95

7.1 Introduction ... 95

7.1.1 Maquillage et compétence des femmes ... 97

7.1.2 Maquillage et dimension de chaleur des femmes. ... 98

(9)

7.3 Méthode ... 100 7.3.1 Participants ... 100 7.3.2 Matériel ... 100 7.3.3 Procédure ... 101 7.4 Résultats ... 101 7.5 Discussion ... 106

8 Etude 5 : Impact du maquillage sur le contenu des stéréotypes associé aux femmes en milieu professionnel ... 109 8.1 Objectif et hypothèses ... 109 8.2 Méthode ... 110 8.2.1 Participants ... 110 8.2.2 Matériel ... 110 8.2.3 Procédure ... 110 8.3 Résultats ... 112 8.4 Discussion ... 115 9 Conclusion du chapitre ... 116 Résumé ... 118

Chapitre 4 : Se maquiller pour être perçue féminine, une norme sociale ? ... 119

Etude 6 : Se maquiller pour être perçue féminine, une norme sociale? ... 119

10 Objectif et hypothèses ... 123

11 Méthode ... 124

11.1 Participants ... 124

11.2 Procédure générale de l’étude ... 124

11.3 Matériel et méthode ... 126

11.3.1 Tâche 1 : perception et adhésion au stéréotype ... 126

11.3.2 Tâche 2 : jugements de féminité avec et sans maquillage sans contexte social ... 127

11.3.3 Tâche 3 : questionnaire de comportement de maquillage selon le paradigme d’identification ... 128

11.3.4 Tâche 4 : Le paradigme des juges pour établir l’existence d’ « une norme de maquillage pour être féminine » ... 129

12 Résultats ... 130

12.1 Hypothèse de l’existence d’une norme : la clairvoyance normative ... 130

12.1.1 Paradigme d’identification ... 130

12.1.2 Paradigme des juges ... 138

12.2 Hypothèse de l’effet du contexte et hypothèse du stéréotype ... 140

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physique » influence-t-il les jugements de féminité liés au maquillage ? ... 142

13 Discussion ... 144

Résumé ... 148

Chapitre 5 : Féminité maquillage et expertise ... 149

Introduction ... 149

14 Déroulement global des études ... 152

15 Etude 7 a : Constitution de la base de données photos et questionnaires... 152

15.1 Participants (femmes et maquilleurs professionnels) ... 153

15.2 Déroulement ... 153

15.3 Matériel : questionnaire ... 155

16 Etude 7 b : Tâches perception ... 156

16.1 Matériel et méthode ... 156

16.1.1 Participants ... 156

16.1.2 Tâche 1 : Evaluation de la féminité selon l’expertise du maquillage ... 156

16.1.3 Tâche 2 : Evaluation du jugement social selon l’expertise du maquillage ... 157

16.1.4 Tâche 3 : Adéquation entre l’objectif à atteindre par les femmes et les maquilleurs professionnels et le jugement d’autrui ... 159

16.2 Résultats ... 159

16.2.1 Tâche 1 : Evaluation de la féminité selon l’expertise du maquillage ... 159

16.2.2 Tâche 2 : Evaluation du jugement social selon l’expertise du maquillage ... 163

16.2.3 Tâche 3 : Adéquation entre l’objectif à atteindre des femmes et des maquilleurs professionnels et le jugement d’autrui ... 164

17 Etude 7 c : Entretiens ... 166

17.1 Participants ... 166

17.2 Procédure ... 166

17.3 Résultats ... 167

17.3.1 Le maquillage personnel, entretien avec les participantes ... 167

17.3.2 Le maquillage professionnel, entretien avec les maquilleurs professionnels : ... 168

18 Discussion ... 170

18.1 Contraste facial, type de maquillage et féminité perçue : un maquillage professionnel est plus féminin, mais est-ce dû à une manipulation des contrastes différente ? ... 170

18.2 Expertise et jugements sociaux : quel que soit son niveau d’expertise, le maquillage modifie de la même manière les jugements sociaux ... 171

18.3 Objectifs à atteindre lors de la réalisation d’un maquillage : d’une vision fragmentée (personnelle) à une vision holistique (professionnelle) ... 172

(11)

Conclusion générale ... 174 Bibliographie ... 184 ANNEXES ... 195

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Tableau 1 : Dimorphisme anatomique d’après Hage et al. (1997) ... 22

Tableau 2 : Différenciation des groupes selon les dimensions chaleur et compétence ainsi que les émotions suscitées ... 38

Tableau 3 : Critère de féminité faciale chirurgie versus psychologie cognitive ... 41

Tableau 4 : Notes moyennes de féminité en fonction du maquillage ... 59

Tableau 5 : Mesures de contraste par paramètre et par zone du visage pour chaque maquillage ... 60

Tableau 6 : Synthèse des résultats modèle 1 ... 61

Tableau 7 : Type de maquillage utilisés pour les mesures de contraste par zone du visage. ... 64

Tableau 8 : Synthèse résultats modèle 2 ... 64

Tableau 9 : Notes de féminité selon l’âge de femmes photographiées pour tous RàL confondus ... 71

Tableau 10 : Récapitulatif du système central et périphérique des RS selon Abric (1994). ... 87

Tableau 11 : Tableau hiérarchisé des évocations de la féminité par sexes des participants ... 90

Tableau 12: Tableau hiérarchisé des évocations du maquillage par sexe des participants ... 93

Tableau 13 : Statistiques descriptives : moyennes et écart-types (entre parenthèses) des scores de chaleur et de compétence en fonction du maquillage et l’âge des femmes ... 103

Tableau 14 : Liste des items, moyennes (écart-types) de leur valence et appartenance aux dimensions du jugement social d’après Abele et al. (2008) ... 111

Tableau 15 : Score moyen (et écart-type) d’attribution de compétence et chaleur selon la couleur du rouge à lèvres ... 113

Tableau 16 : Tableau récapitulatif des hypothèses, des méthodes et des tâches réalisées dans l’étude 6 ... 124

Tableau 17: Répartition des participant.e.s en fonction de l’âge, du sexe et du contexte... 125

Tableau 18 : Répartition des participant.e.s selon l’attribution du nombre de zone maquillée aux cibles féminines et non féminines selon la pression sociale ... 131

Tableau 19 : Effet K-way et effet d’ordre supérieur... 132

Tableau 20 : Associations partielles ... 133

Tableau 21: Répartition des participant.e.s selon l’induction de féminité et le contexte social pour le maquillage de deux zones du visage ... 134

Tableau 22 : Auto-perception et hétéro-perception de la cible féminine et non-féminine ... 137

Tableau 23 : Notes moyennes de la féminité selon le sexe pour un maquillage fixé lorsque la pression sociale est faible ... 139

Tableau 24 : Notes moyennes de la féminité selon le sexe pour un maquillage fixé lorsque la pression sociale est forte ... 140

Tableau 25 : Synthèse des jugements de féminité selon le contexte social par rapport à l’absence de contexte ... 142

Tableau 26 : Description du pourcentage des participants selon leur score de perception et d’adhésion au stéréotype ... 143

Tableau 27 : Corrélation entre le score d’adhésion au stéréotype et les jugements de féminité selon le maquillage ... 144

Tableau 28 : Notes moyennes de féminité en fonction du maquillage ... 160

Tableau 29 : Description des moyennes de CF (et écart type) par zones du visage pour chaque paramètre selon chaque type de maquillage ... 161

Tableau 30 : Effets (valeurs p du test F) issus du modèle mixte du CF et du type de maquillage sur les notes de féminité ... 162

(13)

Tableau 31 : Scores moyens de chaleur et compétence en fonction du maquillage lorsque la dimension du jugement social est fixée. ... 164 Tableau 32 : Ecarts entre les évaluations des femmes photographiées (ou des maquilleurs) et les

évaluations des juges pour les photos avec maquillage personnel (ou avec un maquillage professionnel) pour la chaleur et la compétence. ... 166

(14)

Liste des Figures

Figure 1: Le continuum de genre facial d’après Gilani, Rooney, Shafait, Walers, et Mian (2014, p. 2). .... 21

Figure 2 : Visage se différenciant uniquement par la distance entre les traits du visage, d’après Maurer et al. (2002, p. 257). ... 25

Figure 3 : Visage composite d’après Baudouin et Humphreys (2006, p. 535). ... 27

Figure 4 : Schéma de visages d’homme (a), et de femme (b), Burton et al. (1993, p. 165). ... 28

Figure 5 : Distance liées à la féminité faciale d’après Fellous (1997) ... 29

Figure 6 : Espace colorimétrique CIE L*a*b* ... 33

Figure 7 : L’illusion de sexe (Russell, 2009, p. 1215). ... 34

Figure 8 : Exemple des étapes de maquillage pour une femme de 48-52 ans ... 56

Figure 9 : Zones du visage analysées par Matlab pour mesurer le CF par photo ... 58

Figure 10 : Relation entre les notes de féminité et le contraste de L* peau nue pour la zone des yeux .. 62

Figure 11 : Relation entre les notes de féminité et contraste de a* peau nue pour la zone de la bouche 63 Figure 12 : Relation entre l’écart de note de féminité [maquillage intense -peau nue], et l’écart de contraste de L* [maquillage intense - peau nue] pour la zone des yeux ... 65

Figure 13 : Relation entre l’écart de note de féminité [maquillage des lèvres -peau nue], et l’écart de contraste de a* [maquillage des lèvres -peau nue] pour la zone de la bouche ... 66

Figure 14 : Exemple des étapes de RàL ... 68

Figure 15 : Comparaison des contrastes de L* avec et sans RàL ... 72

Figure 16 : Comparaison des contrastes de a* avec et sans RàL ... 73

Figure 17 : Comparaison des contrastes de b* avec et sans RàL ... 73

Figure 18 : Relation entre la note de féminité et le contraste L de la bouche en fonction du RàL ... 75

Figure 19 : Relation entre écart de contraste de L* [RàL-peau nue] et écart de féminité [RàL-peau nue] en fonction du RàL ... 76

Figure 20 : Relation entre la note de féminité et le contraste a* (valeur absolue) de la bouche sans maquillage ... 77

Figure 21 : Relation entre note de féminité et contraste de a*(valeur absolue) en fonction du RàL ... 78

Figure 22 : Relation entre écart de contraste de a* [RàL-peau nue] et écart de féminité [RàL-peau nue] en fonction du RàL... 79

Figure 23 : Relation entre la note de féminité et le contraste b* de la bouche en fonction du rouge à lèvres ... 80

Figure 24 : Relation entre écart de contraste de b* [RàL-peau nue] et écart de féminité [RàL-peau nue] en fonction du RàL... 81

Figure 25 : Visages moyens utilisés pour l’étude, par âge sans maquillage (haut) et par condition de maquillage pour un prototype de 50 ans (bas) ... 100

Figure 26 : Score moyen de compétence et chaleur en fonction du maquillage ... 104

Figure 27 : Score moyen de chaleur en fonction de l’âge et du type de maquillage ... 105

Figure 28 : Visage moyen par type de RàL utilisés pour l’étude ... 110

Figure 29 : Impact de la couleur du RàL sur les dimensions de chaleur positive et négative ... 114

Figure 30 : Impact de la couleur du RàL sur l’attribution de compétence positive et négative ... 114

Figure 31 : Comparaison entre les dimensions de chaleur et de compétence selon la couleur du RàL .. 115

Figure 32 : Récapitulatif du déroulement de l’étude ... 125

Figure 33 : Les quatre contextes sociaux utilisés selon la pression sociale exercée sur les individus ... 126

(15)

Figure 35 : Exemple des différents maquillages pour une femme... 155 Figure 36 : Les trois visages moyens utilisés selon le type de maquillage ... 158 Figure 37 : Scores moyens des objectifs à atteindre en termes de chaleur et compétence des femmes photographiées et des maquilleurs professionnels. ... 165 Figure 38 : Scores moyens de chaleur et compétence attribués par les participants pour les photos avec maquillage personnel et maquillage professionnel ... 165

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Introduction générale

Ce travail de thèse a débuté à la suite d’une demande industrielle, de la part du Centre de Recherche et technologie de division Parfum Beauté de Chanel au sein du département Biology

and Women Beauty (BWB). La demande de l’entreprise n’était au départ qu’un projet pour un

stage de fin d’étude (master 2), et a, par la suite, abouti à un projet de thèse CIFRE en collaboration avec le Centre de Recherche sur le Sport et le Mouvement (CeRSM) de l’université de Paris Nanterre.

Le département BWB s’organise autour de six unités qui mènent parfois des projets pluridisciplinaires : l’unité Perception des visages et critères de beauté, l’unité Clinique (approche dermatologique de la peau saine), l’unité Bio métrologique, l’unité Epidémiologique et biostatistiques, l’unité Biologie de l’épiderme (hydratation et pigmentation) et l’unité Biologie du derme (sensibilité et vieillissement).

Les principaux enjeux de ce département, sont :

• De mener des projets de recherche innovants et compétitifs pour développer des connaissances originales et de haut niveau sur la peau et la beauté des femmes,

• D’établir des points de vue singuliers sur l’hydratation de la peau, la sensibilité cutanée, la couleur de la peau et les irrégularités pigmentaires, le vieillissement cutané et sur la contribution de ces éléments à l’apparence et au confort des femmes,

• De proposer des concepts scientifiques innovants pour les produits de soins et de maquillage,

• D’étudier les mécanismes d’action des produits cosmétiques sur la peau et la beauté des femmes,

• De contribuer à la reconnaissance scientifique de Chanel Recherche et Technologie.

La demande initiale de stage émanait de l’unité « Perception des visages et critères de beauté » qui mène des études dans le domaine de la psychologie cognitive afin de développer une expertise sur le traitement des visages. L’objectif est donc de fournir des connaissances scientifiques pour enrichir le discours de la marque autour de la beauté et proposer des concepts de produits innovants.

L’unité « Perception des visages et critères de beauté » développe des connaissances dans le domaine de la perception des visages selon deux axes :

(17)

Introduction générale • Axe 1 : Les critères de beauté en lien avec la perception de l’attirance, de l’âge, de la

santé, et de la féminité

• Axe 2 : L’effet des cosmétiques

Il s’agit donc de recherches fondamentales visant à déterminer quels sont les critères perceptifs de beauté, comprendre leur implication dans le jugement de l’âge d’une personne, son état de santé, et ainsi de mieux appréhender la manière dont l’utilisation des cosmétiques pourrait modifier la perception de ces critères.

Ce programme de recherches débuté au sein du BWB s’inscrit dans une collaboration active avec les recherches de Richard Russell (2003, 2009), sur la prise en compte du contraste facial1 dans la perception de l’attirance de l’âge et de la santé, et sa modification par le

maquillage. Celui-ci a pu produire divers résultats percutants : si naturellement les femmes possèdent un contraste facial plus élevé que les hommes, sa manipulation par le maquillage les fait percevoir à la fois plus attirantes, plus jeunes, en meilleure santé et montrent une plus grande féminité.

Mais que faut-il comprendre par féminité ?

Selon le Trésor de la langue française (1980), l’adjectif féminin dérive historiquement et étymologiquement de femenin (Ca 1165) « qui a le caractère de la femme » (B. de Ste Maure,

Troie, 5515 ds T.-L.). Ce terme, emprunté au latin classique femininus « féminin, de femme »,

semble s’être construit en opposition à mâle, masculin ou viril. Féminin se décline tant sur les versants physique (aspect extérieur tels chair, odeur, voix féminine, toilette féminine, charme, grâce féminine…) que psychologique (tels : esprit, intuition féminine, caractère, âme, cœur, sensibilité, douceur, tendresse…). Le terme de féminité, quant à lui, apparaît durant le bas Moyen-Age, en 1265 (B. Latini, Trésor, éd. F.-J. Carmody, I, 146, p.137, 1 25), et dérive du latin

femina (femme). Il désigne en tant que substantif féminin, l’ensemble des caractères spécifiques,

ou considérés comme tels, de la femme. Selon le Vocabulaire de la psychologie (Pieron, 1973), la féminité désigne l’ensemble des « caractéristiques différentielles admises de la femme, liées

biologiquement au sexe, pour une part, mais, pour une plus grande part, conditionnées par l’influence du milieu sociopolitique et religieux ». En raison de cette définition, le critère de

féminité abordé dans le programme de recherches se différencie, par son approche sociale et culturelle, des critères de l’âge et de la santé perçue.

1 Russell (2009) définit le contraste facial par la différence en termes de luminance et de couleur entre les traits du

(18)

L’existence d’un stéréotype concernant l’attrait physique « ce qui est beau est bien » (traduction de « what is beautiful is good » ; Dion, Berscheid, Walster, 1972) qui permet aux personnes attrayantes d’être avantagées dans différents domaines, a de nombreuses fois été démontré (Hosoda, Stone-Romero, & Coats, 2003 ; Langlois, Kalakanis, Rubenstein, Larson, Hallam & Smoo, 2000 ; Tews, Strafford, & Zhu, 2009). Par exemple, lors d’entretiens d’embauche, les candidats attrayants sont jugés plus « recrutables » que les candidats non attrayants, et ce peu importe le type de poste (Desrumaux & Pohl, 2014). Mais qu’en est-il des jugements de féminité ? Être perçue plus féminine est-il toujours un avantage ? Dans une société où les femmes atteignent plus difficilement les postes à responsabilité dans les entreprises, et perçoivent un salaire en moyenne inférieur à celui des hommes parce qu’elles sont supposées moins compétentes (Ridgeway, 2011), il nous semblait que cette question méritait d’être approfondie.

Aussi, dans la continuité du programme de recherche initial de « l’unité perception » de Chanel R&T, nous avons cherché, dans ce travail de thèse, à déterminer le plus précisément possible quelles variables biologiques et psychosociales interviennent dans la perception de la féminité, de quelle manière le maquillage peut les influencer, et quels en sont les effets sur le jugement émis à propos d’une personne.

Notre premier chapitre établit un inventaire des caractéristiques physiques du visage déterminant du dimorphisme sexuel chez l’humain, nous permettant, ainsi d’argumenter sur la pertinence du choix du contraste facial dans notre travail. Cependant, le processus de perception ne se limite pas au traitement de l’information visuelle. Si, pour Yzerbyt et Schadron (1996, p.14), « tout traitement de l’information met en jeu non seulement les capacités perceptives de

l’observateur mais aussi ses croyances, ses théories et ses attentes. », alors, lorsque nous

analysons le contraste facial d’une femme, nous lui associons tout un ensemble d’informations issues de nos apprentissages et de nos expériences passées. Donc, juger un visage de femme, c’est aussi lui attribuer un ensemble de caractéristiques, ainsi qu’une certaine valeur déterminant alors sa place dans notre société. La seconde partie de ce premier chapitre est consacrée aux effets du maquillage sur le jugement social et met en lumière des jugements paradoxaux à l’égard des femmes selon leur âge ou encore le contexte social.

Le chapitre 2 a pour objectif d’approfondir l’impact des variations de contraste facial dû au maquillage sur la perception de la féminité faciale. Deux études avec une méthodologie similaire ont été conduites. Des mesures de contraste facial ont été réalisées au préalable sur des séries de photographies de visage de femmes avec différents maquillages, puis ont été évaluées

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Introduction générale est que même lorsque le maquillage (étude 1) ou le rouge à lèvres beige (étude 2) diminue le contraste de rouge des lèvres, les femmes sont tout de même plus féminines que sans maquillage. La seule présence du maquillage permettrait donc aux femmes d’être perçues plus féminines, et ceci, indépendamment du contraste facial obtenu par le maquillage. La variable biologique du contraste facial, bien que pertinente, n’est pas suffisante pour comprendre la relation entre le maquillage et la féminité. Il semble alors que des variables sociales et culturelles sont à prendre en compte pour aborder la féminité de façon globale.

Afin d’explorer les variables sociales pouvant influencer la perception de la féminité en relation avec le maquillage, le chapitre 3 s’organise autour de trois études. L’étude 3 a pour objectif de dévoiler le contenu des représentations sociales (RS) de la féminité et du maquillage, permettant ainsi d’appréhender le contenu de ces notions pour nos participants. Comme les jugements liés au maquillage des femmes sont de natures ambivalentes dans la littérature (Richetin, Croizet & Huguet, 2004), les études 4 et 5 ont donc pour objectif d’évaluer l’impact du maquillage sur le contenu du stéréotype de genre. Les contenus des RS démontrent que la féminité et le maquillage sont intimement liés. La féminité est associée à un ensemble d’attributs personnels se rapprochant des items de jugement social des études 4 et 5. Le maquillage complet du visage semble avoir un impact positif sur le stéréotype des femmes car elles sont alors perçues plus compétentes. Cependant, lorsque qu’elles portent un rouge à lèvres rouge vif, un effet de compensation (Kervyn, Yzerbyt, & Judd, 2010) se dévoile dans le jugement, les femmes gagnent en compétence mais perdent en chaleur. L’impact du maquillage semble suivre des règles strictes pour influencer positivement les jugements de féminité.

Le chapitre 4 s’articule autour de la démonstration de l’existence d’une norme sociale pour l’utilisation de maquillage afin d’être perçue féminine. Il existe une contrainte sociale du corps plus présente pour les femmes qui incite à une présentation de soi favorisant l’insertion sociale et professionnelle, voire même l’ascension au sein des entreprises (Amadieu, 2002). Être féminine présente donc un intérêt afin d’être acceptée et intégrée socialement, et pour cela les femmes doivent utiliser du maquillage, quel que soit le contexte social.

Dans le chapitre 5, la question de l’expertise dans l’application du maquillage est prise en compte. S’il est important de se maquiller, il est également important d’en maîtriser la technique. La littérature comparant le maquillage réalisé par des professionnels à celui des novices est peu fournie (Jones & Kramer, 2016 ; Jones, Kramer & Ward, 2015), bien que la maîtrise des techniques de maquillage soit avancée pour expliquer les ambivalences dans les jugements sociaux des femmes maquillées. Si le maquillage professionnel permet aux femmes d’être jugées

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plus féminines que le maquillage personnel, en termes de jugement social la différence ne semble pas aussi significative.

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Chap. 1 Etat de l'art féminité et maquillage

Chapitre 1 : Etat de l’art sur la relation entre féminité et maquillage

Introduction

Le visage est « le miroir de l’âme » pour Cicéron et cela est très répandu dans la Grèce antique où l’on voit l’émergence de la physiognomonie. Le visage est le lieu de lecture des émotions chez autrui, il est donc au centre de la communication entre les individus et des relations sociales en général. Les premières informations que nous sommes capables de déterminer très rapidement grâce au visage sont le sexe, l’âge, ou l’ethnie d’une personne, et ces informations vont guider nos comportements envers cette personne.

Le visage peut facilement être modifié par du maquillage, moins intrusif que la chirurgie esthétique, mais le maquillage du visage, utilisé depuis l’antiquité ne serait pas qu’un acte de coquetterie, il remplirait diverses fonctions. Une fonction biologique, en modifiant la couleur, la texture du visage, le maquillage viendrait modifier des signaux naturels donnant des informations sur l’âge ou encore l’état de santé par exemple. Une fonction sociale, en modifiant leur visage d’une façon qu’elles jugent positive, les femmes cherchent à se transformer pour se plaire et plaire aux autres.

L’objet de ce travail est de recenser les principaux travaux2 portant sur la féminité du visage, le maquillage et les jugements sociaux produit par ces visages afin de comprendre, comment est perçue la féminité en fonction de différents critères (physiques/âge/statut/contexte), et comment cette perception peut être modifiée par le maquillage afin de montrer que la perception de la féminité est multidimensionnelle et que le maquillage, en jouant sur différents critères, en modifie la perception globale

1 Féminité du visage

Un visage peut être celui d’un homme ou d’une femme. Pour le déterminer, le cerveau humain extrait diverses informations de ce visage, les analyse et les interprète. Celles-ci sont analysées selon des processus particuliers, les processus analytique et holistique. Ces informations extraites du visage différenciant le sexe de la personne composent le dimorphisme sexuel, qui est alors défini par l’ensemble des différences entre le mâle et la femelle d’une même espèce, en dehors des organes sexuels eux-mêmes.

2 Recherche informatique et manuelle. Recherche informatique sur des bases de données telles que PsycInfo,

PsycArticle, PubMed, et bases de données des éditeurs Elsevier, Taylor & Francis, Wiley Library, Springer, en utilisants les mots-clefs : Face perception et Femininity perception, seuls ou croisés avec les termes Sexual dimorphism, Sex typicality, Sex categorization, Sex classification, Makeup / Make-up, cosmetic use. Recherche manuelle de référence à partir de la bibliographie, particulièrement en chirurgie esthétique et pour les articles concernant le maquillage.

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Il existe dans la littérature une même acception pour les termes dimorphisme sexuel et typicité sexuelle concernant les visages. Les auteurs emploient soit l’un (Little, Jones, DeBruine, & Feinberg, 2008 ; Stephen & McKeegan, 2010), soit l’autre (Rhodes, Hickford, & Jeffery, 2000). La féminité est alors l’opérationnalisation du jugement de typicité sexuelle ou du dimorphisme sexuel d’un visage, de « pas du tout féminin » à « très féminin » (« emphasis of sexual dimorphism » Russell, 2009, p. 1105). Les auteurs parlent également de « féminité faciale » (Hage, Becking, de Graaf, & Tuinzing, 1997), de « féminité des visages » (Burriss, Welling, & Puts, 2011 ; Spiegel, 2011), ou encore de « genre facial » (Campanella, Chrysochoos, & Bruyer, 2001 ; Nestor & Tarr, 2008 ; O’Toole, Deffenbacher, Valentin, McKee, Huff, & Abdi, 1998 ; Spiegel, 2011).Pour Bruce, Burton, Hanna, Healey, et al. (1993), il conviendrait de parler de sexe, le terme genre étant plutôt réservé pour décrire les caractéristiques psychologiques associées à la masculinité et la féminité que les caractéristiques physiques. Pourtant, le sexe et le genre facial sont dissociables, nous pouvons juger un visage masculin et reconnaitre qu’il s’agit d’une femme. Gilani, Rooney, Shafait, Walters, et Mian (2014) avancent que si le sexe est vu de façon binaire (homme versus femme), le genre facial doit être considéré sur un continuum, avec la possibilité de juger une même personne de très masculin à très féminin (figure 1).

Figure 1: Le continuum de genre facial d’après Gilani, Rooney, Shafait, Walers, et Mian (2014, p. 2).

La féminité du visage renvoie donc au genre facial. Elle est indépendante du sexe biologique de la personne, même si notre travail se concentre sur la féminité perçue chez les femmes.

Les approches pour étudier la féminité du visage sont multiples. Nous allons détailler trois approches différentes, mais néanmoins complémentaires, pour une compréhension générale des jugements de féminité. Dans une première partie nous étudierons les pratiques actuelles de féminisation du visage en chirurgie, partant du postulat que ces pratiques les plus courantes constitueraient de bons indicateurs de la féminité du visage. Dans une seconde partie, nous aborderons brièvement les processus de traitement de l’information visuelle extraite des visages,

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Chap. 1 Etat de l'art féminité et maquillage pour comprendre que l’analyse du genre facial se fait plutôt de façon globale, bien qu’une analyse, élément par élément, soit possible. Puis, nous détaillerons les éléments du visage qui nous permettent de faire la distinction d’un genre facial. Il ne semble pas exister un élément prépondérant dans cette décision, probablement parce que nous traitons plusieurs informations simultanément. Cependant, certaines informations comme la couleur ont une importance considérable. Enfin, pour terminer nous mettrons en avant les liens entre féminité d’un visage et les jugements que celui-ci va produire chez autrui.

1.1 Approche anthropométrique

Un visage féminin est défini ici par des mesures anthropométriques. Les données issues des mesures anthropométriques des visages sont indispensables aux chirurgiens effectuant des opérations reconstructrices du visage sur des patients atteints de malformations ou des patients défigurés. Elles permettent de déterminer avec précision le degré de déviation par rapport à la moyenne. Il ne s’agit pas ici de lister les différentes mesures anthropométriques qui définissent le genre facial, mais de décrire ce qui est observé visuellement.

Hage et ses collaborateurs (1997) répertorient, d’après la littérature en médecine et chirurgie, toutes les différences au niveau du visage qui existent entre les hommes et les femmes caucasiens entre 30 et 50 ans. Ces différences prennent en compte le squelette, les muscles, la peau, les tissus mous sous-cutanés et le contour du visage. Un visage féminin est décrit comme ayant une forme générale plutôt ronde, des joues rebondies, une peau lisse et une bouche charnue ; le visage masculin est décrit en comparaison comme anguleux, un front saillant et une peau rugueuse. Lorsqu’une personne souhaite des opérations chirurgicales du visage dans le but de changer de sexe, les régions de la mâchoire, du front et des sourcils sont les premières à être modifiées (Hage et al., 1997).

Une synthèse de ce dimorphisme anatomique est présentée dans le tableau ci-après (Tableau 1).

Tableau 1 : Dimorphisme anatomique d’après Hage et al. (1997)

Femme

Homme

Squelette facial

Arcade sourcilière

• Peu développée, bosse frontale quasi-inexistante (Ousterhout, 1987)

• Très développée formant une bosse au niveau de l’os frontal et considéré comme typiquement masculin (Habal,1990 ; Krogman, 1973 ; Liggett, 1974) Glabelle • Moins large (Krogman, 1973). • Large glabelle considérée comme typiquement

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Femme

Homme

Front

• Moins proéminent (Bartlett, Wornom, & Whitaker, 1991; Habal,1990).

• Plus proéminent (Bartlett et al., 1991 ; Habal,1990).

Orbites

• Par rapport au squelette facial les orbites

apparaissent plus hautes plus arrondies et

relativement plus grande dans le crâne féminin (Habal, 1990 ; Whitaker, Morales, & Farkas, 1986).

• Moins hautes, moins arrondies, plus petites (Habal,1990 ; Whitaker et al., 1986).

Nez et os zygomatique

• Angle glabellaire plus obtus, marges de l’ouverture nasale sont plutôt arrondies (Krogman, 1973).

• Angle glabellaire plus aigu. Les os nasaux masculins sont généralement plus grands, l’ouverture nasale est plus haute et plus étroite et ses marges sont aiguisées (Krogman, 1973). • Pommettes plus

proéminentes, ce qui accentue les différences au niveau des orbites (Habal, 1990 ; Krogman, 1973).

• Les pommettes sont plus plates (Habal, 1990 ; Krogman, 1973).

Mandibule au niveau de l’os du menton

• Petit et pointu ou rond (Krogman, 1973 ;

Ousterhout, 1987 ; Stewart & Kerley 1979).

• Grand, large et carré Krogman, 1973 ;

Ousterhout, 1987 ; Stewart & Kerley 1979).

Dents Dents

• Dents plus petites et arc de dentition plus petit (Hage et al., 1997).

• Dents plus grandes et arc de dentition plus grand (Hage et al., 1997). Peau et poils

Peau • Plus lisse plus fine, plus

transparente (Liggett, 1974)

• Plus rugueuse (Liggett, 1974)

Pilosité du visage

• Plus fine, et peu abondante sur le visage (Whitaker et al., 1986).

• Epaisse et abondante (Whitaker et al., 1986).

Sourcils

• Tendance à être placés au-dessus de la crête supra-orbitale, (Liggett, 1974) • Forme plus arquée

(Whitaker et al., 1986 ; Tolleth, 1987).

• Positionnés sur ou sous la crête supra-orbitale, (Liggett, 1974).

• De formes plates (Whitaker et al., 1986 ; Tolleth, 1987).

Bouche et lèvres

• Plus petite, lèvre supérieure plus courte (Liggett, 1974). • Bien que plus petites ont

tendance à être plus remplies (Peck, 1951).

• Plus grande (Peck, 1951).

Altman (2012) propose un état de l’art sur la « Facial Feminization Surgery » (FFS) qu’il décrit comme un groupe de procédures chirurgicales dont l’objectif est de changer les traits du visage d’un homme en traits féminins. Cette chirurgie n’est pas réparatrice. La FFS est presque exclusivement à destination des transsexuelles femmes (hommes qui deviennent femmes) qui souffrent de « dysphorie du genre ». Mais certaines femmes (non transsexuelles) trouvant qu’elles possèdent des caractéristiques faciales masculines ont également recours à ce type de

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Chap. 1 Etat de l'art féminité et maquillage chirurgie. Diverses procédures chirurgicales faciales spécifiques sont utilisées pour féminiser le visage, impliquant souvent la sculpture du squelette facial. Ces procédures incluent la correction de la ligne des cheveux par l’avancement de cuir chevelu, la modification du front, l’augmentation de la position verticale des sourcils, la rhinoplastie, les implants de joues, l’augmentation des lèvres avec une greffe de derme, la réduction de l’angle et affinement de la mandibule, le rétrécissement et l’arrondissement du menton, et le retrait de la pomme d’Adam. Cette description identifie les critères effectivement modifiés pour avoir un visage féminin.

En utilisant des tâches couramment utilisées en psychologie cognitive (tâche de jugement de féminité faciale et de catégorisation par sexe), Spiegel (2011) cherche à déterminer quelle est la zone du visage la plus importante dans la perception de la féminité faciale, mais aussi de vérifier si les patients ayant subi des FFS sont identifiés comme appartenant à l’autre sexe. Des photos d’hommes ont été féminisées digitalement, soit la zone supérieure du visage (avancement de la ligne des cheveux, sourcils plus arqués, bosse frontale adoucie, glabelle adoucie et reculée), soit la zone médiane (nez affiné et moins proéminant, lèvres raccourcies), soit la zone inférieure (rétrécissement de la largeur de la mâchoire et de l’angle du menton). Des participant.e.s ont jugé les visages d’hommes plus féminins lorsque la partie supérieure du visage était féminisée. Des photos de patients hommes et femmes ayant subi des opérations visant à féminiser une de ces zones du visage ont été présentées dans une tâche de catégorisation par sexe. Seule la zone modifiée est présentée. Les photos postopératoires des zones supérieures, médianes et inférieures sont attribuées à des femmes par plus de 80 % des participant.e.s.

Les trois zones féminisées du visage sont bien perçues comme appartenant à des femmes, les critères féminins provenant de mesures anthropométriques sont bien perçus par l’œil humain comme des déterminants de la féminité faciale. La partie supérieure du visage avec le front et les sourcils semble prédominante dans la féminité faciale car lorsqu’elle est modifiée sur des visages d’hommes, ceux-ci s’en trouvent féminisés.

Les différences anatomiques sont nombreuses et précises. Si le front, la mâchoire et les sourcils sont modifiés en premier, ils ont probablement plus de poids dans la perception de genre facial, mais il ne semble pas que cela soit suffisant car un ensemble de procédures chirurgicales doivent également être entreprises pour modifier le genre facial : le changement du nez associé au changement de la mâchoire, du front, de la bouche…

Les patients ayant recours aux FFS effectuent plusieurs opérations chirurgicales pour arriver à un changement de genre facial. Si tous les patients ne réalisent pas toutes les opérations, il n’est pas fait mention de patients qui n’en subiraient qu’une seule (Altman, 2012). Obtenir un genre facial féminin résulterait donc de multiples critères morphologiques.

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1.2 Approche cognitive

Le champ de recherche concernant la perception des visages en psychologie cognitive est vaste. En effet, lorsqu’on parle de perception des visages, on entend à la fois les processus cognitifs en jeux dans le traitement d’un visage et sa reconnaissance, mais également les informations visuelles extraites du visage nous permettant sa reconnaissance et sa catégorisation. Dans cette partie nous allons aborder rapidement les processus cognitifs holistiques versus analytiques qui nous renseignent sur notre façon de traiter les informations du visage. Par la suite, nous détaillerons les éléments du visage que l’on analyse en priorité pour déterminer le sexe d’un visage ainsi que le genre facial

1.2.1 Processus holistique et analytique de traitement des visages

Le traitement analytique s’attache à construire un objet à partir des différentes parties qui le composent contrairement au traitement holistique qui se réfère à la théorie de la forme, la « gestalt » théorie stipulant que le tout n’est pas égal à la somme des parties (pour revue voir Wagemans, Elder, Kubovy, Palmer, Peterson, Singh, & von der Heydt, 2012). Les termes « global » et « configural » sont employés par la plupart des auteurs comme des synonymes du terme « holistique », les termes « local » et « componentiel » comme synonymes d’« analytique » (Peterson & Rhodes, 2003).

Il existe dans la littérature, trois types de traitements configuraux (pour revue voir Maurer, Le Grand, & Mondloch, 2002) :

• Un traitement configural de premier ordre : nous définissons un visage parce que le stimulus possède deux yeux situés au-dessus d’un nez, lui-même placé au-dessus d’une bouche. • Un traitement holistique : les différents éléments du visage sont perçus comme un tout. • Un traitement configural de second ordre : qui se réfère aux distances spatiales entre les traits

internes du visage (Figure 2).

Figure 2 : Visage se différenciant uniquement par la distance entre les traits du visage, d’après Maurer et al. (2002, p. 257).

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Chap. 1 Etat de l'art féminité et maquillage Le débat du traitement de l’information faciale holistique versus analytique vient parfois de ce que les auteurs nomment holistique/configural. Parfois ce sont les trois niveaux de traitement qui sont pris en compte, parfois seulement deux, voire un seul (Maurer et al., 2002).

1.2.1.1.1 Le traitement configural de 1er ordre

Le traitement configural de 1er ordre est effectué dans tous les cas. Il nous permet de décider rapidement si nous sommes en présence d’un visage humain. La présentation d’un nez ou d’une bouche ne nous fait pas automatiquement penser à un visage, alors que des formes géométriques dans la disposition configurale de 1er ordre aurait tendance à nous faire dire que c’est un visage. Ce traitement configural de 1er ordre ne nous donne aucune indication sur le sexe, les hommes et les femmes ayant tous deux un visage composé de deux yeux, un nez et une bouche disposés les uns au-dessus des autres.

1.2.1.1.2 Le traitement holistique

Il existe différents paradigmes permettant de démontrer le traitement holistique dans la reconnaissance d’un visage et du sexe plus particulièrement. Tanaka et Farah (1993) ont testé un paradigme basé sur le tout et la partie. Les participant.e.s devaient se familiariser avec le visage de Larry, puis reconnaître : soit un trait de son visage (par exemple, le nez parmi deux nez présentés) ; soit reconnaître Larry parmi deux visages dont le nez a été modifié. Les participant.e.s reconnaissent plus rapidement et plus facilement Larry lorsque le visage est présenté en entier. La présentation de traits isolés du visage ou du visage dont un trait a été modifié, produit un effet différent dans la reconnaissance du sexe (Brown & Perrett, 1993). La présentation de la partie des yeux avec les sourcils permet la meilleure reconnaissance du sexe par rapport aux autres traits du visage présentés isolément ; mais lorsqu’un trait du visage d’un prototype est remplacé par celui d’un prototype de sexe opposé, c’est lorsque la mâchoire est modifiée que les participant.e.s lui attribuent le plus le sexe opposé. Un trait est donc intégré dans le contexte du visage et vu comme un tout, les participant.e.s ne reconnaissent pas un visage d’homme ayant une mâchoire féminine, mais ils reconnaissent un visage de femme. Ce processus d’intégration d’une partie en un tout dans la reconnaissance du sexe a également été démontré par l’utilisation du paradigme de visage composite (Baudouin & Humphreys, 2006). Ce paradigme consiste à présenter un visage coupé dans le sens de la largeur au-dessus du bout du nez et associé à un autre visage, soit en alignant les parties, soit en les décalant. Le visage « cible » est associé, soit à un homme, soit à une femme (Figure 3). Les participant.e.s sont plus lents et font plus d’erreur lorsque les visages composites sont composés de visages de sexe opposé. Ces visages composites ne sont pas reconnus comme deux moitiés de visage différents mais bien comme de nouveaux visages plutôt androgynes.

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Figure 3 : Visage composite d’après Baudouin et Humphreys (2006, p. 535).

Pour simuler la précision avec laquelle l’humain est capable de catégoriser les visages par sexe, Burton, Bruce et Dench (1993) prennent en compte un ensemble de 16 variables mesurées d’après des visages en deux et trois dimensions (2D et 3D). La perturbation de l’attribution de sexe à des visages présentés sous forme de négatifs de photo ou à l’envers mise en évidence par Bruce et al. (1993) vient renforcer l’hypothèse d’un traitement holistique des visages. La présentation des visages en négatif vient perturber les informations de texture du visage (dont la présence des sourcils), bien que la forme soit préservée, il est difficile de distinguer le sexe. Bruce et al. (1993) avancent que pour reconnaitre le sexe d’une personne d’après son visage, l’humain se base sur l’ensemble des informations, dans l’espace bi et tridimensionnel.

1.2.1.1.3 Le traitement configural de 2nd ordre

La distance entre les différents traits du visage (voir Figure 2) change la reconnaissance de la personne. Dans cette figure on a au premier abord tendance à voir 5 femmes différentes même si celles-ci se ressemblent. La distance entre les points externes des yeux est un déterminant de la féminité faciale (Fellous, 1997). La modification de la distance entre les sourcils et les yeux perturbent la reconnaissance du genre (Campbell, Benson, Wallace, & Doesbergh,1999). La juste catégorisation de visages hommes dont la distance œil-sourcils a été diminuée, s’effectuent plus rapidement. La diminution de cette distance chez les femmes

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Chap. 1 Etat de l'art féminité et maquillage augmente les erreurs de catégorisation. Ainsi, les traitements holistiques et configuraux de 2nd ordre guident bien la catégorisation de genre.

1.2.2 Perception de la féminité

Il semble donc exister de nombreux critères qui permettent la distinction homme-femme, mais, dans le même temps, il ne semble pas qu’un seul de ces critères soit prépondérant dans la reconnaissance du genre facial. Dans cette partie, seront recensés tout d’abord les critères morphologiques, puis les critères de couleurs qui sont primordiaux dans la reconnaissance du genre facial. Pour conclure, nous allons voir que ces deux ensembles de critères sont potentiellement dissociables, bien qu’ils ne le soient que dans des situations contraignantes.

1.2.2.1 Les informations morphologiques : les traits du visage dans la reconnaissance du genre

Dans cette partie sera présenté un ensemble d’études utilisant des tâches de catégorisation par sexe. Des visages sont présentés sur un écran, la consigne est de dire, le plus rapidement possible sans erreur, s’il s’agit d’un homme ou d’une femme. La justesse de la réponse (bonne ou mauvaise réponse) est un indicateur important, mais la latence de réponse (le temps pour désigner le sexe de la personne à l’écran) est également décisive. En effet, si nous reconnaissons une femme mais qu’il nous faut plus de temps que pour les autres visages, c’est qu’il existe des éléments qui nous demandent une analyse plus approfondie pour décider, et donc cela prend plus de temps.

Figure 4 : Schéma de visages d’homme (a), et de femme (b), Burton et al. (1993, p. 165).

1.2.2.1.1 Forme globale du visage

Le sexe d’une personne est reconnaissable grâce à la forme de son visage. Les visages schématisés reconnus systématiquement comme homme et femme, présentent une forme de visage bien distincte (Figure 4, Burton et al., 1993). La féminité faciale est associée à un visage fin et rond (respectivement petite distance W4 et petite distance L1, voir Figure 5 ; Fellous, 1997). La forme du bas du visage semble avoir une grande importance pour l’attribution du genre facial. En remplaçant la mâchoire (bas du visage allant de la bouche au menton) d’un prototype par celle d’un prototype de genre opposé, Brown et Perrett (1993) montrent que cette

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Chap. 1 Etat de l'art féminité et maquillage déterminer sans le nez. Pourtant, les résultats d’une étude menée par Brown et Perrett (1993) indiquent que tous les traits du visage donnent des informations sur le sexe excepté le nez ; de plus dans une seconde étude réalisée par Roberts et Bruce (1988), la présentation du nez de façon isolée ne permet pas la reconnaissance du sexe au-delà du seuil de probabilité lié au hasard. Dans leur première étude, il semble que le masque recouvre non seulement le nez mais également une partie des sourcils, et un espace inter sourcilier large et en relief est considéré comme typiquement masculin (Habal, 1990). D’autres études établissent également que le masquage du nez perturbe la catégorisation de sexe des visages masculins uniquement (Bruce et al., 1993) et qu’un nez vu de face à tendance à être classé comme étant masculin (Chronicle, Chan, Hawkings, Mason, Smethurst, Stallybrass,... & Wright, 1995). Mais lorsqu’il est vu de profil ou de trois quarts il est possible d’identifier le sexe à partir du nez seulement (Chronicle et al., 1995). La taille et la protubérance du nez contribuent au jugement de masculinité (Bruce et al., 1993), et des observateurs confrontés à des visages dégradés par du bruit chromatique associent le nez protubérant aux hommes (Nestor & Tarr, 2008). Si le nez protubérant est considéré comme très masculin, il pourrait en être déduit qu’il est important pour la féminité faciale d’avoir un nez plutôt petit et fin.

1.2.2.1.4 Les yeux

Les yeux ont une importance dans la reconnaissance d’un visage, mais à eux seuls ils ne permettent pas la reconnaissance du sexe. Fellous (1997) avance néanmoins que la féminité faciale est liée à une large distance entre les points externes des yeux (grande distance E3, Figure 5). Lorsque des traits du visage sont présentés de façon isolée ou par paire, la présentation des yeux et des sourcils ensemble ne diffèrent pas significativement des sourcils présentés seuls (Brown & Perrett, 1993), les auteurs avancent donc que les sourcils sont la partie des yeux la plus importante dans la perception du sexe. Les résultats de cette étude indiquent que, présentés isolément les traits qui permettent la catégorisation par sexe sont dans l’ordre : les sourcils et les yeux, les sourcils seuls, les yeux seuls. Dans une seconde étude, un trait ou une paire de traits d’un prototype sont remplacés par ceux d’un prototype de sexe opposé. Cette fois-ci la substitution des yeux seulement ne permet pas au prototype d’être catégorisé dans le sexe opposé. D’autres auteurs ont retrouvé le même pattern de résultats avec des visages japonais (Yamaguchi et al., 1995). Les yeux et les sourcils substitués ensemble ont plus d’effet que les sourcils seuls, mais la seule substitution des yeux ne permet pas l’attribution du prototype au sexe opposé au-delà du seuil de probabilité lié au hasard.

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1.2.2.1.5 Les sourcils

Les sourcils ou plus particulièrement la distance entre l’œil et le sourcil sont déterminants dans la discrimination du sexe (Burton et al.,1993 ; Fellous, 1997). L’épaisseur du sourcil est également sexuellement dimorphique (Burton et al.,1993), mais n’a pas été testée de façon expérimentale. Les femmes ont une plus grande distance entre le sourcil et l’œil (large distance B2, Figure 5 ; Fellous, 1997). Présenter des visages d’hommes et de femmes en abaissant verticalement la position de leurs sourcils perturbe la catégorisation par sexe. Les visages d’hommes ont été plus rapidement et plus précisément catégorisés comme homme avec les sourcils baissés, les visages de femmes ont quant à eux obtenus un fort taux d’erreurs de classification (Campbell et al., 1999). Des sourcils extraits de prototypes féminins et masculins nous permettent facilement de déterminer le sexe du visage auquel ils sont susceptibles d’appartenir (Brown & Perrett, 1993). Intervertir les sourcils d’un prototype par ceux d’un prototype de sexe opposé, modifie le sexe du visage (Brown & Perrett, 1993 ; Yamaguchi et al., 1995), cela est particulièrement prononcé pour les prototypes masculins (Yamaguchi et al., 1995). Si diminuer la distance œil - sourcils fait paraître masculin et que modifier les sourcils d’un prototype fait changer l’attribution du sexe, il pourrait en être déduit qu’une grande distance œil-sourcil est déterminante pour la féminité faciale.

1.2.2.1.6 La bouche

La bouche permet également la reconnaissance du sexe lorsqu’elle est présentée de façon isolée (Brown & Perrett, 1993). Les mesures métriques en 2D et 3D de Burton et al. (1993) permettent d’avancer que la largeur de la bouche est importante pour la discrimination du sexe. Des observateurs confrontés à des visages dégradés par du bruit chromatique associent une bouche ronde et étroite aux femmes (Nestor & Tarr, 2008). Cependant le changement de la zone de la bouche et des joues sur un prototype par celle d’un prototype de sexe opposé, ne permet pas l’attribution du prototype au sexe opposé au-delà du seuil de probabilité liée au hasard (Brown & Perrett, 1993 ; Yamaguchi at al., 1995). De plus les bouches issues de prototypes masculins présentées isolément, sont catégorisées plus justement que celles issues de prototypes féminins (Brown & Perrett, 1993). La bouche ne semble donc pas être un indice primordial pour la féminité faciale.

1.2.2.1.7 En conclusion

L’élément du visage le plus important pour la catégorisation de sexe varie donc selon les études : pour certains ce sont les sourcils (Brown & Perrett, 1993 ; Campbell et al., 1999 ; Yamaguchi et al.,1995), pour d’autres la mâchoire (Brown & Perrett, 1993) ou encore le nez (Chronicle et al., 1995 ; Roberts & Bruce 1988). La grande variabilité des résultats de ces études

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Chap. 1 Etat de l'art féminité et maquillage laisse supposer qu’il n’existe pas un trait spécifique pour la reconnaissance du sexe d’un visage. Bien que les résultats divergent selon les méthodes utilisées (masquage d’un trait, présentation de traits isolés ou encore substituer un trait dans un prototype par celui d’un prototype du genre opposé), certains traits du visage ont néanmoins une importance capitale pour l’attribution de féminité faciale. Si abaisser les sourcils dans un visage fait paraître très masculin (Campbell et al., 1999), et que placer des sourcils de femme sur un prototype d’homme fait plus systématiquement basculer l’attribution du sexe (Brown & Perrett, 1993 ; Yamaguchi et al., 1995), alors une grande distance œil-sourcil est un critère de féminité faciale. Si un nez protubérant est jugé comme étant très masculin (Bruce et al., 1993 ; Chronicle et al., 1995 ; Nestor & Tarr, 2008), un nez plutôt petit et fin est également un critère de féminité faciale. Si la substitution de la mâchoire sur un visage de femme en fait changer le sexe perçu (Brown & Perrett, 1993, Yamaguchi et al., 1995), la mâchoire fine schématisée par Bruce et al. (1993) (voir Figure 4) est aussi un critère important pour la féminité. Au final, il semble donc que les mesures de Fellous (1997) pour définir la féminité faciale c’est à dire: une large distance entre les sourcils et les yeux, un petit nez, et un visage fin et rond (Figure 5), soient particulièrement adaptées.

1.2.2.2 Les informations de couleur dans la reconnaissance du genre d’un visage

La Commission Internationale de l’Eclairage (CIE) créée en 1976 un système « trichromatique » basé sur une méthode psycho-photométrique afin de systématiser la reproduction et la mesure des couleurs. La perception d’une couleur particulière nécessite de définir précisément trois paramètres car l’œil humain contient trois types différents de récepteur permettant la détection de couleurs dans les zones spectrales rouge, verte et bleue. Ainsi, l’analyse trichromatique convertit les informations spectrales en trois nombres qui indiquent comment la couleur d’un objet apparaît à un observateur humain. Un espace tridimensionnel particulier, le système CIE L *a*b*, a été développé pour être en corrélation linéaire avec la réponse de l’œil humain. Ce système exprime la couleur en utilisant les paramètres suivants : L * qui indique l’intensité lumineuse et prend des valeurs de 0 (noir) à 100 (blanc), a * qui indique la couleur de l’objet sur une échelle allant de vert (valeurs négatives) à rouge (valeurs positives) et b * qui indique la couleur de l’objet sur une échelle allant du bleu (valeurs négatives) au jaune (valeurs positives) (Figure 6). Le système CIE L*a*b* est également parfaitement adapté pour décrire la couleur de la peau humaine (Weatherall & Coombs, 1992).

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Bruce, & Akamatsu, 1995 ; Nestor et Tarr, 2008). Une technique masquant les visages et ne laissant apparaitre que des zones (des bulles) en nombre et en localisation variables permet de déterminer les traits du visage utilisés pour discriminer le sexe, et de mesurer les contrastes perçus sur ces zones (Dupuis-Roy et al., 2009). Les informations de luminance contenues dans la zone des yeux et des sourcils seraient les plus discriminantes pour déterminer le sexe, et l’information de couleur de la bouche (axe rouge-vert) permet des réponses plus rapides quand cette information est diagnostiquée. Les informations de contraste pour la luminance et la couleur sont donc indissociables de la zone du visage. Lorsque les informations du visage sont ambiguës, les couleurs sont des indices pertinents pour la discrimination du genre facial. Les visages utilisés dans l’étude de Hill, Bruce et Akamatsu (1995) rendaient compte, soit de la composante forme avec des visages en 3D présentés de face, de trois quarts et de profil, soit de la composante couleur avec des visages présentés sous la forme d’une projection cylindrique déroulée. Les participant.e.s catégorisent plus facilement les visages par sexe grâce à la couleur seule. La couleur donne donc des informations plus pertinentes pour catégoriser les visages par sexe. Les visages androgynes rendus ambigus par du bruit chromatique utilisés par Nestor et Tarr (2008) permettent également d’affirmer que les observateurs se basent sur les couleurs quand cette information est diagnostique et que la validité d’autres critères (comme la forme du visage) est réduite.

Bruce et al. (1993) ont bien montré que pour décider du sexe perçu, le système visuel humain prend en compte les informations en 2D et 3D, les informations de texture et l’interdépendance entre toutes ces informations. Mais lorsque que les stimuli sont ambigus (par exemple quand la forme du visage est dégradée), l’information de couleur et de contraste suffirait à elle seule à permettre la catégorisation du genre (Hill et al., 1995 ; Nestor & Tarr, 2008). Néanmoins, il existe des couleurs plus pertinentes associées à des zones du visage pour la discrimination du sexe. Le contraste de luminance est associé à la zone des yeux et des sourcils (Dupuis-Roy et al., 2009), cette zone est plus foncée chez les femmes (Nestor & Tarr, 2008), et les femmes avec un fort contraste sont jugées plus féminines que les autres (Russell, 2009). Le contraste de rouge est associé à la bouche (Dupuis-Roy et al., 2009), l’augmentation de ce contraste chez les femmes les fait paraître plus féminines (Russell 2009 ; Stephen & McKeegan, 2010), plus attirantes (Russell 2003 ; Stephen & McKeegan, 2010), et en meilleure santé (Stephen & McKeegan, 2010). La modification d’un paramètre de couleur sur une seule zone du visage fait donc varier la perception globale de la féminité.

Afin d’approfondir cette notion de perception globale de la féminité, nous allons à présent détailler un ensemble de travaux relatifs à une approche psychosociale de la féminité.

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Chap. 1 Etat de l'art féminité et maquillage

1.3 Approche sociale

Le terme de « cognition sociale » est utilisé par Bruner et Tagiuri (1954) pour décrire l’étude de la perception, du jugement, de la connaissance et du raisonnement sur des objets sociaux tel que les individus et le soi mais aussi sur les événements sociaux. La cognition sociale étudie également l’influence des facteurs sociaux sur la perception, la mémoire et le raisonnement. La perception du monde et des personnes qui nous entourent est influencée par une multitude de facteurs sociaux : le groupe auquel appartiennent l’observateur et la cible de son jugement, les rôles et les situations dans lesquelles les deux acteurs se trouvent, ainsi que les règles en vigueur dans une situation de jugement. Cette perception est sociale par son objet, elles portent sur des personnes, mais aussi par les processus par lesquels les individus se construisent leur connaissance de la réalité sociale environnante.

Lorsqu’on adresse un jugement de féminité à une personne d’après son visage, on va également lui accorder une certaine valeur, des qualités et des défauts à l’aide de traits personnologiques. Le niveau de féminité perçue d’un visage va donc donner lieu à une association avec certain nombre de traits. Il est établi que ces traits sont organisés en deux dimensions, qualifiées récemment de « Big Two » par Abele et Bruckmüller (2011), qui régissent le jugement social (Abele & Bruckmüller, 2011 ; Abele & Wojciszke, 2007 ; Bakan, 1966 ; Beauvois & Dubois, 2005 ; Parsons & Bales, 1955 ; Peeters, 1992 ; Wojciszke, 2005).

1.3.1 Dimensions fondamentales du jugement social

Chaque jour, nous établissons des jugements à l’encontre des personnes qui nous entourent, pour nous forger une impression générale et anticiper d’éventuelles interactions avec ces personnes. Leur attribuer rapidement de bonnes ou de mauvaises intentions à notre égard peut, devenir primordial. Le champ du jugement social est très prolifique et a donné lieu à un grand nombre de publications qui sous-tendent que le jugement social à propos de soi-même, des autres mais aussi des groupes, est organisé selon deux dimensions fondamentales : les « Big Two » (Abele & Bruckmüller, 2011). Ces deux dimensions sont nommées différemment selon les auteurs : agenticité et communalité (Bakan, 1966 ; Abele & Wojciszke, 2007), compétence et chaleur/agréabilité (Fiske, Cuddy, Glick, & Xu, 2002), instrumentalité et expressivité (Parsons & Bales, 1955), profitabilité pour soi et profitabilité pour autrui (Peeters, 1992), compétence et moralité (Wojciszke, 1994, 2005), ou encore utilité sociale et désirabilité sociale (Beauvois & Dubois, 2005). Nous allons détailler les modèles les plus couramment utilisés celui de Fiske, Cuddy, Glick, et Xu (2002), et d’Abele et Wojciszke (2007).

Figure

Figure  1: Le continuum de genre facial d’après Gilani, Rooney, Shafait, Walers, et  Mian  (2014, p
Figure 8 : Exemple des étapes de maquillage pour une femme de 48-52 ans
Figure  10  :  Relation  entre les notes de féminité et le contraste de L* peau nue pour la  zone des yeux
Figure 11 : Relation entre les notes de féminité et contraste de a* peau nue pour la zone  de la bouche
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