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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Des cultures, des conceptions de la santé : le cas de la maladie de Chagas

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DES CULTURES, DES CONCEPTIONS DE LA SANTÉ :

LE CAS DE LA MALADIE DE CHAGAS

Mariana SANMARTINO

LDES, Université de Genève, Suisse – Fundación INCALP, La Plata, Argentine

MOTS-CLÉS : SANTÉ - CONCEPTIONS - MALADIE DE CHAGAS

RÉSUMÉ : Dans le cas de la maladie de Chagas, il faut considérer la méconnaissance des aspects fondamentaux du fléau comme un facteur de risque additionnel. En prenant compte des conceptions des personnes concernées, on pourra élaborer et mettre en marche des stratégies éducatives (formelles et non-formelles) avec le but d'optimiser les autres mesures de contrôle.

ABSTRACT : In Chagas disease it is important to consider the little knowledge about the disease itself as an additional risk factor. Taking into account the conceptions of the affected people will help develop educational strategies that can be used to optimize the other control measures.

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1. INTRODUCTION

Selon la question traitée ou le mode de pensée utilisé, un même vocable véhicule des idées différentes (Giordan, 1998). Par exemple, nous ne parlons pas tous la « même langue » quand nous parlons de « la santé » :

- Selon le Petit Larousse : « Santé n.f. (lat. sanitas). 1. État de quelqu’un dont l’organisme

fonctionne bien. »

- Selon la « Real Academia Española » : “Salud (Del lat. salus) 1. Estado en que el ser orgánico

ejerce normalmente todas sus funciones.”

- Selon l’OMS (www.int./about who/en/definition.html), la SANTÉ est « un état de bien-être

physique, mental et social complet et non simplement l’absence de maladie ou d’infirmité ».

Et … selon vous ? Qu’est-ce que ces phrases évoquent dans vos têtes ?

On constate que les individus adaptent leurs décisions et leur comportement selon leurs perceptions de la réalité (UNESCO, 1992). Ainsi, les conceptions sont les savoirs que l’individu a pour expliquer et se situer dans son milieu. Elles sont le produit de son histoire, son environnement, son contexte culturel, sa réalité. Les conceptions sont des sortes de « lunettes » au moyen desquelles les personnes observent et interprètent ce qui les entoure ; et à partir de ce regard individuel, elles agissent et réagissent, elles… apprennent. Pour faire connaître d’autres conceptions du monde ou d’un phénomène, le médiateur doit fonder ses arguments sur des idées et sur des valeurs partagées par son public (Giordan, 1998), c’est-à-dire, il doit partir des conceptions qu’ont les personnes sur le sujet en question.

La santé est un phénomène complexe, résultant de facteurs organiques, humains et sociaux ; la santé n’est pas la simple absence de maladie. Mais… de quoi parle-t-on quand on parle de « santé » et de « maladie » ? Et d’ailleurs, quel est le rôle de l’histoire, de l’entourage, des habitudes des individus ? Lorsqu’on parle de la santé, prend-on en compte les différentes idées des personnes ? D’où l’importance de la recherche en éducation et santé : il faut donner aux gens les éléments afin qu’ils puissent faire librement le choix des risques à prendre.

2. LA MALADIE DE CHAGAS : RÉALITÉ, CULTURE, CONCEPTIONS

Prenons le cas concret de la Maladie de Chagas en Amérique Latine. Cette maladie affecte les populations semi-rurales et rurales qui habitent les terres où les températures sont les plus élevées de l’Amérique Latine.

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de l’OMS chiffraient la population atteinte par ce fléau entre 16 et 18 millions de personnes ayant une sérologie positive, une mortalité annuelle par cette maladie de 50.000 individus et approximativement 90 millions de personnes dans une situation de très haut risque de contamination (WHO, 1991), ce qui fait de la maladie de Chagas un des plus graves problèmes de santé publique dans la région.

Conceptogramme de la maladie de Chagas

Trypanosoma cruzi (agent causal) Transmission Plaies ou égratignures Transfusion Congénitale Bouches - yeux Greffe Il reste vivant dans les vinchucas mortes Maladie de Chagas Discrimination Affecte le cœur Détection précoce : guérison possible Excréments Saisons chaudes : individus ñ "Hôte" au repos Dépôts des excréments en mangeant Aliment : sang Oiseaux Mammifères Êtres humains vinchucas (vecteurs) Adultes Nymphes

Sa présence est détectée par les excréments qu'elles

laissent sur les murs

Facteurs de risque Désordre Manque d'hygiène Construction rancho -Maisons Alentours Refuges Méconnaissance Dimension réelle du problème Conception de la population concernée Notions scientifique 3. RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES

Nous considérons ici, en tant que résultats préliminaires les données obtenues dans des travaux de recherche où l’on a vérifié le niveau de connaissance des personnes sur certains aspects de cette maladie. Or, on constate que les méthodologies utilisées mettent l’accent sur des démarches statistiques qui permettent de connaître la quantité d’information ou la présence/absence de certaines notions, mais qui ne permettent pas de cerner les idées et les croyances que les gens ont

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sur cette maladie et ses caractéristiques. Ainsi, nous avons recueilli les chiffres présentés dans le tableau 1.

Tableau 1

Auteurs – Année Pays Chiffres par rapport aux connaissances sur la maladie de Chagas

Sanmartino et Crocco, 2000

Argentine Niveau moyen de connaissances (sur 100) : Maîtres d’école : 49

Élèves : 42

Chefs de famille : 39 Ávila Montes et al.,

1997

Honduras Des personnes interrogées :

41 % avaient entendu parler de la maladie de Chagas. 30 % savaient que la vinchuca en était le vecteur. 6 % connaissaient sa relation avec une affection cardiaque chronique.

Martínez, 1996 Argentine Moyenne de connaissances : 24 % Esteso, 1984 Argentine Connaissance inexistante sur la vinchuca

et ses conséquences : 25 % des personnes interrogées. Pinto Dias et

Borges Dias, 1982

Brésil « Non-reconnaissance » de Triatoma infestans (le vecteur le plus important) :

70 % des personnes de plus de 20 ans. 90 % des personnes de moins de 20 ans.

D’un autre côté, nous avons des données non-formelles par rapport à certaines conceptions assez répandues sur la maladie de Chagas qui servent comme exemples concrets et qui traduisent des obstacles pour l’apprentissage au moment d’envisager des actions éducatives :

- les vinchucas donnent de la chance ;

- seules les vinchucas femelles transmettent la maladie ; - les vinchucas transmettent la maladie en piquant ; - les vinchucas ne piquent pas les animaux ;

- quelqu'un qui obtient un résultat positif des analyses ne peut plus travailler.

Or, c’est aussi important dans cette problématique le manque de connaissance (et d’intérêt, par fois) sur les vraies conceptions des personnes concernées de la part des chercheurs, médiateurs, etc. Ce fait contribue largement à la situation actuelle car il faut considérer la méconnaissance des aspects fondamentaux de la maladie de Chagas comme un facteur de risque additionnel. En connaissant les idées des personnes sur un sujet particulier, on peut identifier leurs capacités et leurs difficultés, voir leurs obstacles (Giordan, 1999).

D’une façon très générale, le but serait de connaître quelles sont les conceptions que la population touchée a sur la maladie de Chagas et son agent vecteur. Tout en tenant compte de la méthodologie utilisée par la didactique des sciences, afin d’optimiser de futures actions éducatives destinées à la

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prise de conscience de la population et à l’appropriation de connaissances sur ce fléau et la façon de l’éradiquer.

4. CONCLUSIONS

Tout apprenant, et cela quel que soit son niveau de formation, son âge ou encore son origine socioculturelle, a un ensemble de connaissances avec lequel il appréhende son environnement. En même temps, on sait que pour qu’un apprenant - enfant ou adulte - s’approprie d’un morceau de savoir, s’impose une véritable déconstruction de ses conceptions (Giordan, 1998). Ainsi, la prise en compte des conceptions de l’apprenant doit impérativement devenir le point de départ de tout projet éducatif. Apprendre, c’est transformer ses conceptions (Giordan, 1998). L’apprendre se construit toujours « contre » ce que l’on sait déjà et, en même temps, l’émergence de nouveaux savoirs est inséparable des savoirs existants.

Dans le cas particulier de la maladie de Chagas, les paysans exposés chaque jour à ce fléau ont des savoirs sur la maladie et ses agents vecteurs. Ils ont déjà une conception sur la problématique qui nous permettra de choisir a posteriori des activités d’intervention pour arriver à leur transmettre des messages bien ciblés, donc plus efficaces pour aboutir à une prise de conscience sur le besoin de contribuer à l’éradication de la maladie à travers des activités quotidiennes. Car la personne qui ne connaît pas la relation entre un certain insecte et une certaine maladie ne peut pas choisir librement quels risques et quelles mesures elle va prendre face à une telle problématique. Le risque faisant partie intégrante de la vie, on propose ici plutôt que d’essayer de « convaincre » les gens d’abandonner un comportement quelconque, de les préparer à comprendre, donc à affronter le risque et les situations ou les comportements à risque par rapport à cette maladie.

Avant d’entreprendre des grandes campagnes nationales de fumigation, il faudrait commencer par des activités très ponctuelles au niveau de l’école et de la famille pour motiver et préparer les gens à une lutte contre la maladie et ses vecteurs, en partant des connaissances que chacun a sur le sujet. Bref, on attendait alors d’une communauté qui maîtrisait les connaissances adéquates sur la maladie de Chagas et ses risques, agirait afin d’éliminer les populations d’insectes vecteurs dans les maisons et les alentours et ainsi diminuer les risques de s’infecter. En prenant compte des conceptions des personnes qui vivent avec ce fléau, on pourra élaborer et mettre en marche des stratégies éducatives (formelles et non-formelles) avec le but d'optimiser les autres mesures de contrôle, mais fondamentalement qui amènent les communautés vers une prise de conscience sur l’importance de l’action quotidienne dans la lutte contre cette maladie, et aussi dans la lutte contre la discrimination sociale que la maladie de Chagas entraîne dans la plupart des cas.

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BIBLIOGRAPHIE

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GIORDAN A., Apprendre !, Paris : Éditions Belin, 1998.

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LE PETIT LAROUSSE, Dictionnaire Encyclopédique, Édition Grand Format, Paris : Larousse,

1996.

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