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Objectifs et conduite d'un plan de paysage et de sa concertation : cas de la communauté de communes de Rohrbach-lès-Bitche (57)

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HAL Id: dumas-01410055

https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01410055

Submitted on 6 Dec 2016

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Objectifs et conduite d’un plan de paysage et de sa

concertation : cas de la communauté de communes de

Rohrbach-lès-Bitche (57)

Marielle Bonnefous

To cite this version:

Marielle Bonnefous. Objectifs et conduite d’un plan de paysage et de sa concertation : cas de la communauté de communes de Rohrbach-lès-Bitche (57). Sciences agricoles. 2016. �dumas-01410055�

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AGROCAMPUS OUEST CFR Angers CFR Rennes Année universitaire : 2015 - 2016 Spécialité : Paysage

Spécialisation : Ingénierie des Territoires

Mémoire de Fin d'Études

d’Ingénieur de l’Institut Supérieur des Sciences agronomiques, agroalimentaires, horticoles et du paysage de Master de l’Institut Supérieur des Sciences agronomiques, agroalimentaires, horticoles et du paysage d'un autre établissement (étudiant arrivé en M2)

Objectifs et conduite d’un Plan de paysage et de sa concertation :

cas de la Communauté de Communes de Rohrbach-lès-Bitche (57)

Par : Marielle BONNEFOUS

Soutenu à Angers le 2 novembre 2016 Devant le jury composé de :

Président : Hervé DAVODEAU Maître de stage : Bernard CHRISTEN

Enseignant référent : David MONTEMBAULT

(3)
(4)

Fiche de confidentialité et de diffusion du mémoire

Confidentialité

Non Oui si oui : 1 an 5 ans 10 ans

Pendant toute la durée de confidentialité, aucune diffusion du mémoire n’est possible (1).

Date et signature du maître de stage (2) : 28/10/2016

A la fin de la période de confidentialité, sa diffusion est soumise aux règles ci-dessous (droits d’auteur et autorisation de diffusion par l’enseignant à renseigner). Droits d’auteur

L’auteur(3) Bonnefous Marielle

autorise la diffusion de son travail (immédiatement ou à la fin de la période de confidentialité)

Oui Non

Si oui, il autorise

la diffusion papier du mémoire uniquement(4) la diffusion papier du mémoire et la diffusion électronique du résumé la diffusion papier et électronique du mémoire (joindre dans ce cas la fiche

de conformité du mémoire numérique et le contrat de diffusion)

accepte de placer son mémoire sous licence Creative commons CC-By-Nc-Nd (voir Guide du mémoire Chap 1.4 page 6)

Date et signature de l’auteur : 03/11/2016

Autorisation de diffusion par le responsable de spécialisation ou son représentant

L’enseignant juge le mémoire de qualité suffisante pour être diffusé (immédiatement ou à la fin de la période de confidentialité)

Oui Non

Si non, seul le titre du mémoire apparaîtra dans les bases de données. Si oui, il autorise

la diffusion papier du mémoire uniquement(4)

la diffusion papier du mémoire et la diffusion électronique du résumé la diffusion papier et électronique du mémoire

Date et signature de l’enseignant : (Facultatif)

(5)

Remerciements

Je remercie mon maître de stage Bernard Christen, ainsi que Caro-le Durocher, pour la confiance qu’ils m’ont accordée, Caro-leur générosité, Caro-leurs conseils et le recul qu’ils m’ont aidée à prendre.

Merci à mon professeur David Montembault pour ses éclairages, sa grande compréhension, ses encouragements et pour le soin qu’ils ont ap-porté, avec Hervé Davodeau, à nous parler des démarches participatives au cours de notre formation, contribuant à nourrir notre intérêt pour elles. A Brigitte, pour son dévouement.

Merci à Bruno Steiner pour les agréables conditions de travail avec nous. A Elodie Lett et aux élus du territoire rohrbachois, qui nous ont réservé un accueil de qualité.

Une grande reconnaissance à mes parents, ma soeur, ma famille et à Marina, pour leur infaillible soutien matériel et leur lumineuse présence.

Merci à Louise, Pauline, Marie-Josée et tous ceux du Renouveau, qui ont apporté cette aide si particulière et fondamentale.

Aux colocataires angevines, à tous ceux qui ont contribué à la beauté du séjour alsacien et à chacun de ceux qui ont eu une parole d’encourage-ment.

(6)

Table des matières

Introduction ...8

1. Objectifs et déroulement d’un Plan de paysage et de sa

concertation, d’après la vision institutionnelle ... 10

1.1. Pourquoi agir ? Objectifs d’un Plan de paysage et de sa concertation ...10

1.1.1. Objectifs d’un Plan de paysage ...10

1.1.2. Objectifs de la concertation au sein de la démarche ...10

1.2. Comment agir ? Le cadre méthodologique de la démarche ...11

1.2.1. La communication au lancement de la démarche ... 11

1.2.2. Le déroulement de la démarche ...12

1.2.2.1. Phase 1 : Diagnostic...12

1.2.2.2. Phase 2 : Objectifs de qualité paysagère ...12

1.2.2.3. Phase 3 : Actions ...13

1.2.3. Rôle et conduite de la concertation dans la démarche ...13

1.2.3.1. En phase 1 : Diagnostic...13

1.2.3.2. En phase 2 : Objectifs de qualité paysagère ...15

1.2.3.3. En phase 3 : Actions ...15

1.2.4. L’implication des acteurs ...15

1.2.4.1. Les acteurs à impliquer dans la concertation ...15

1.2.4.2. Le degré d’implication des acteurs ...15

1.3. Apports issus de guides méthodologiques et retours d’expériences ...16

1.3.1. Les outils de concertation ...16

1.3.2. Les conditions d’une atmosphère créative ...17

2. Objectifs et conduite du Plan de paysage et de sa concertation

envisagés par le maître d’ouvrage et le bureau d’études... 18

2.1. Pourquoi agir ? Objectifs du Plan de paysage et de sa concertation ...18

2.1.1. Objectifs du Plan de paysage ...18

2.1.1.1. D’après le maître d’ouvrage ...18

2.1.1.2. D’après le bureau d’études...19

2.1.2. Objectifs de la concertation au sein de la démarche ...19

2.1.2.1. D’après le maître d’ouvrage ...19

2.1.2.2. D’après le bureau d’études...19

2.2. Comment agir ? Conception et apports de la démarche ...20

2.2.1. Objectifs, structure et apports du diagnostic paysager ...21

2.2.2. Objectifs, conduite et apports des entretiens auprès des élus ...22

2.2.3. Objectifs, conception et apports du questionnaire aux habitants ...26

2.2.4. Objectifs et conception des invitations aux ateliers participatifs ...29

2.2.5. Objectifs et conception des ateliers participatifs ...31

2.2.6. Objectifs et conduite de la suite de la démarche ...33

3. Comparaison entre la posture institutionnelle et celle du

maître d’ouvrage et du bureau d’études ... 34

3.1. Comparaison des objectifs attribués par les acteurs au Plan de paysage et à la concertation ...34

3.2. Comparaison des manières d’envisager la conduite de la démarche par les acteurs ...36

3.2.1. Quel rôle attribué aux unités paysagères ? ...36

3.2.2. Quelle appropriation du diagnostic par les acteurs ? ...38

3.2.3. Quel travail sur les valeurs attribuées aux paysages ? ...39

3.2.4. Intitulés des phases 2 et 3 : vrai ou faux écart ? ...41

3.2.5. Quelle participation des acteurs les plus fragiles du territoire ? ...42

Conclusion ...43

(7)

Glossaire

Dynamique paysagère : apparition, disparition ou modification de

structu-res ou d’éléments paysagers.

Elément paysager : objet matériel composant une structure paysagère

(bâtiment, arbre isolé,...).

Objectif de qualité paysagère : formulation par les autorités publiques

compétentes, pour un paysage donné, des aspirations des populations en ce qui concerne les caractéristiques paysagères de leur cadre de vie.

Paysage : partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le

caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations.

Structure paysagère : système formé par des éléments paysagers et les

interrelations, matérielles ou immatérielles, qui les lient entre eux ainsi qu’à leurs perceptions par les populations.

Unité paysagère : ensemble de composants spatiaux, de perceptions

so-ciales et de dynamiques paysagères qui, par leurs caractères, procurent une singularité à la partie de territoire concernée. Une unité paysagère est caractérisée par un ensemble de structures paysagères. Elle se distingue des unités voisines par une différence de présence, d’organisation ou de formes de ces caractères.

Abréviations

CCRLB : Communauté de Communes de Rohrbach-lès-Bitche

MEDDE : Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de

l’Ener-gie

MEEM : Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer

OQP : Objectif de qualité paysagère

PLUi : Plan Local d’Urbanisme intercommunal

URCAUE : Union Régionale des Conseils d’Architecture d’Urbanisme et de

(8)

Table des illustrations

Figure 1 : Cadre institutionnel de conduite d’un Plan de paysage et de sa concertation ... 14

Figure 2 : Les différents degrés d’implication des acteurs dans un Plan de paysage ... 16

Figure 3 : Démarche mise en place par le maître d’ouvrage et le bureau d’études et objectifs de chaque phase ... 20

Figure 4 : Objectif du diagnostic paysager ... 21

Figure 5 : Objectifs des entretiens auprès des élus ... 22

Figure 6 : Carte d’éléments valorisables sur la commune de Bettviller d’après les élus ... 24

Figure 7 : Objectifs du questionnaire aux habitants ... 26

Figure 8 : Résultats quantitatifs de la question « Parmi les propositions suivantes, quels sont les trois éléments qui caractérisent et participent le plus à la richesse du paysage de votre territoire ? » ... 27

Figure 9 : Objectifs des invitations aux ateliers participatifs ... 29

Figure 10 : La conception de la plaquette quatre pages d’invitation aux ateliers, guidée par un objectif de large mobilisation du public ... 30

Figure 11 : Objectifs des ateliers participatifs ... 31

Figure 12 : Objectifs de la suite de la démarche ... 33

Figure 13 : Comparaison des objectifs attribués par les acteurs à un Plan de paysage et à sa concertation ... 35

Figure 14 : Unités paysagères identifiées sur la Communauté de Communes de Rohrbach-lès-Bitche ... 37

Annexes

ANNEXE I : Questionnaire adressé aux habitants ... II ANNEXE II : Résultats du questionnaire aux habitants ...IV

(9)

Introduction

Depuis les dernières décennies en Europe, les projets d’aménage-ment du territoire ont donné une place de plus en plus significative à la

question du paysage, jusqu’à voir même l’apparition et le développement

de démarches paysagères.

Cette évolution trouve sa justification dans le double rôle

générale-ment attribué au paysage, dans un projet de territoire s’appuyant sur une démarche paysagère. (Dubois, 2009) Le paysage peut en effet d’une part être considéré comme un enjeu de l’aménagement du territoire, autrement

dit un objet à aménager, dans un but d’améliorer le cadre de vie. Mais il peut d’autre part être envisagé comme un outil, une entrée, un instrument qui

semble pertinent pour penser le territoire. Cette pertinence est d’ailleurs

associée à diverses explications. En premier lieu, le paysage étant transver-sal aux facteurs naturels et humains qui façonnent le territoire et donc aux

différentes politiques sectorielles de l’aménagement, il a par conséquent un potentiel évident pour mettre en cohérence ces politiques habituellement

traités séparément, ainsi que pour mettre en oeuvre un développement territorial durable. Certains auteurs parlent même de « facilitateur de dé-veloppement durable ». (Sgard et al., 2010) Ensuite, sa dimension culturelle

permet de favoriser l’ancrage du projet de territoire dans la culture locale.

(URCAUE de Midi-Pyrénées, 2015) Enfin, renvoyant à un cadre de vie partagé, à un bien commun (Dérioz et al., 2010), intéressant

particulière-ment le public et étant assez facileparticulière-ment appropriable par tous, il permet le dialogue, il a une vertu à rassembler. (Dubois, 2009)

Mais qu’attend-on aujourd’hui de ce dialogue ? Bien sûr, la participa-tion des acteurs locaux répond à une exigence sociale, politique et juridi-que de démocratie, s’agissant pour ces deux dernières, de la Convention

d’Aarhus (1998), de la Convention européenne du paysage (2000) et de la loi relative à la démocratie de proximité (2002). En définissant le paysage comme « partie de territoire telle que perçue par les populations », la

Convention européenne invite à mettre en oeuvre une gestion démocra-tique des paysages. La participation est d’ailleurs en train de prendre une

dimension supplémentaire dans le droit français, du fait de la retranscription en cours de cette définition dans le Code de l’environnement. En outre, la Convention d’Aarhus précise que « les citoyens doivent avoir accès à

l’information, être habilités à participer au processus décisionnel et avoir accès à la justice en matière d’environnement […] ». Mais au-delà de ce

principe de démocratie, la même convention introduit la notion d’une cer-taine recherche d’efficacité : « prendre de meilleures décisions et […] les appliquer plus efficacement ».

Quelle est donc cette efficacité ? En effet, on pourrait considérer que

le trio d’acteurs qui s’occupe de manière courante des projets de territoire (élus, professionnels du paysage, partenaires institutionnels) est suffisam-ment armé pour faire un bon projet. Mais intégrer les habitants au dialogue, c’est estimer qu’ils ont un apport, qu’une large concertation a une plus-value.

Construire un projet de territoire par une démarche paysagère et en concertation avec l’ensemble des acteurs locaux, dont les habitants, c’est justement ce que propose la démarche Plan de paysage.

Nés dans les années 60 dans le cadre de l’élaboration du Schéma d’aménagement de la Loire Moyenne, les premiers Plans de paysage furent d’abord envisagés comme documents d’orientation des Plans d’Occupation des Sols. C’est ensuite au début des années 90, que la politique des Plans

de paysage est lancée par le Ministère de l’Equipement. La démarche sera alors progressivement affinée, accompagnée par la publication d’ouvrages méthodologiques (« Plan de Paysage, repères 1993 », « Guide des Plans de Paysage, des Chartes et des Contrats » en 2001). Aujourd’hui, on croit en la capacité de cette démarche à valoriser les paysages, comme en témoigne

l’appel à projets ministériel organisé tous les deux ans depuis 2013,

as-socié à la récente création d’un Club national Plans de paysage, qui met

en réseau les territoires lauréats afin de les accompagner méthodologique-ment, capitaliser de l’expérience et ainsi tendre vers un enrichissement et une diffusion de la démarche.

(10)

plusieurs critères, parmi lesquels « une dimension importante de concer-tation avec les acteurs du territoire qui doit se dérouler tout au long du

pro-cessus ». (MEDDE, 2013) D’ailleurs, l’un des facteurs de progrès identifiés

dans un bilan des Plans de paysage réalisés jusqu’en 2006 (Folinais, 2006), est de parvenir à davantage de concertation, notamment pour aboutir à

la concrétisation du projet. En effet, la faible concrétisation des

program-mes d’actions est identifiée comme l’un des deux problèprogram-mes majeurs de la démarche, le second étant le fait que ces programmes d’actions soient rarement ambitieux. (Dérioz et al., 2010)

Sont donc attendus de la concertation certains objectifs. Mais il ne va pas de soi que le ou les objectifs énoncés dans le cadre institutionnel au

niveau national coïncident avec ceux recherchés par le maître d’ouvrage

et les professionnels du paysage et de la concertation qui

l’accompa-gnent (généralement un (des) bureau(x) d’études). Or, la conduite de la concertation dépend nécessairement des objectifs visés par la

concerta-tion elle-même, tout comme elle dépend des objectifs de la démarche Plan de paysage.

Quels sont les objectifs recherchés par un Plan de paysage et par la concertation au sein du processus ? Sont-ils les mêmes pour l’institution, le maître d’ouvrage et le bureau d’études ? Cette diversité d’objectifs génère-t’elle un écart entre les manières dont ces acteurs envisagent la conduite de la démarche et si oui, cet écart a-t’il une importance ?

On s’appuiera sur le cas du Plan de paysage de la Communauté de Communes de Rohrbach-lès-Bitche (Moselle), territoire de 9 communes

et d’environ 10 000 habitants, lauréat de l’appel à projets 2015.

Il s’agira d’abord d’analyser la posture institutionnelle, en se

pen-chant sur les objectifs qu’elle attribue à un Plan de paysage comme à la

concertation au sein du processus, ainsi que sur le cadre méthodologique

qu’elle établit pour répondre à ces objectifs. Le même procédé sera repris en ce qui concerne les objectifs et la démarche envisagés par le maître d’ouvrage et le bureau d’études dans le cas de la Communauté de

Com-munes de Rohrbach-lès-Bitche. Enfin, la comparaison de ces visions, sur

le plan des objectifs, puis sur la conduite de la démarche, aura pour but d’identifier d’éventuels écarts entre ces postures et d’évaluer leur degré d’importance. L’étude sera orientée vers la recherche d’enseignements

en vue d’un enrichissement et d’une diffusion de la démarche Plan de pay-sage.

(11)

1. Objectifs et déroulement d’un Plan de

paysage et de sa concertation, d’après la

vision institutionnelle

Le Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer envisage le Plan de paysage et la concertation qui y est associée comme un outil pertinent afin de viser certains objectifs pour le territoire qui s’engage dans son élaboration. De là découle un cadre méthodologique, qui comporte des éléments à la fois sur la démarche globale et sur la conduite de la concer-tation. Il s’agit d’abord de se demander pourquoi agir, en identifiant les ob-jectifs attribués au Plan de paysage et à sa concertation, puis de voir com-ment agir, en s’intéressant au cadre méthodologique proposé. L’analyse sera complétée par quelques apports issus de guides méthodologiques et de retours d’expériences.

Sauf indication contraire, les éléments ci-dessous sont extraits de la plaquette de présentation de la démarche Plan de paysage (MEDDE, 2015 (a)), de documents de cadrage méthodologique (MEDDE, 2015 (b) ; Gu-glielmetti et al, 2015) et de fiches du Club Plans de paysage concernant respectivement les enjeux et les acteurs de la participation (Bennani et al., 2016 (a) et (b)).

1.1. Pourquoi agir ? Objectifs d’un Plan de

pay-sage et de sa concertation

1.1.1. Objectifs d’un Plan de paysage

Le MEEM considère le Plan de paysage comme un moyen pour ré-pondre à divers objectifs.

La démarche est d’abord présentée comme un outil pour améliorer

la qualité du cadre de vie des populations et de renforcer l’attractivité du

territoire. En remettant au cœur du processus d’aménagement du territoire

le paysage, celui-ci doit permettre de mettre en valeur l’originalité et la richesse du territoire.

Il s’agit pour cela de répondre à la question « Quel paysage voulons-nous ? », autrement dit de « faire dialoguer les acteurs du territoire pour qu’ils dessinent ensemble les contours du paysage de demain », ou encore de « définir une vision partagée de l’évolution souhaitée des paysages»

ainsi que de « définir le cadre de cette évolution ».

Un autre objectif vise la mise en œuvre d’une « politique d’amé-nagement du territoire de qualité » en permettant la « prise en compte du paysage […] dans les politiques sectorielles d’aménagement du territoire

(urbanisme, transports, infrastructures, énergies renouvelables, agricultu-re)» pour leur donner une plus grande cohérence dans la durée. Le Plan

de paysage est en effet destiné à être un « document de référence à la

mesure duquel toute décision en matière d’aménagement du territoire doit être examinée ».

C’est également un outil de développement : « appréhender le pay-sage comme une ressource et un levier pour le développement local » et

« donner un sens au développement durable des territoires ».

Enfin, le paysage étant « porteur de sens pour les populations », la démarche doit permettre d’« identifier ce qui fait sens, pour construire un projet de paysage qui contribue à renouveler le lien entre la société et son environnement ».

1.1.2. Objectifs de la concertation au sein de la

dé-marche

Quant à la concertation, elle permet également de viser plusieurs ob-jectifs.

Elle satisfait d’abord à un objectif de démocratie locale, en

répon-dant notamment à l’engagement pris par les pays signataires de la Conven-tion européenne du paysage, ainsi qu’à la ConvenConven-tion d’Aarhus de 1998.

(12)

Le discours ministériel fait ainsi référence au fait d’« impliquer les citoyens dans un projet de territoire », de « donner la parole à chacun pour faire vivre le débat public et la démocratie locale », de « renouveler le dialogue élus-citoyens », puisque les paysages résultent des pratiques de chacun et qu’il est donc essentiel que ces acteurs participent aux décisions.

En outre, le fait que la démarche permette de construire une repré-sentation collective du paysage, qui n’est ainsi plus issu du regard particu-lier d’un individu, rend ce paysage objectivable et par là, justifie sa possible

mise en politique.

La concertation constitue également un « levier pour démultiplier le potentiel de réflexion », notamment par l’enrichissement des connais-sances à la fois sur les paysages, sur les perceptions du paysage par les

acteurs et sur leurs attentes.

Elle vise aussi la mobilisation des acteurs, en étant décrite

com-me un « levier pour démultiplier le potentiel […] d’actions », un moyen d’«alimenter le vivier des actions possibles », d’« identifier des ‘‘relais’’ mo-bilisables pour l’élaboration puis la mise en œuvre du plan de paysage ».

Elle a encore vocation à obtenir une appropriation, une adhésion, au projet par les acteurs : le projet doit être « bien discuté, bien compris

et bien accepté, par un ensemble de parties prenantes » et ce, afin de fa-voriser la concrétisation des actions, c’est-à-dire que le Plan de paysage

survive à sa phase d’élaboration. Un bilan des Plans de paysage réalisés jusqu’à 2006 révèle par exemple qu’entre 1992 et 2004, « 1/3 des plans res-tent sans traduction, mettant en évidence un manque d’appropriation des plans de paysage par les élus et les populations. » (Folinais, 2006)

En ce qui concerne l’appropriation par les élus, « [l]a mise en œuvre du plan est en effet conditionnée à un portage politique fort permettant que la

stratégie définie soit traduite dans les différentes politiques publiques mises en œuvre sur le territoire. »

Et pour l’ensemble des acteurs, dont les habitants, cette appropriation du •

projet a pour objectif de « [s]’inscrire dans une prise de responsabilité partagée par rapport à un bien commun ».

La concertation a aussi pour objectif de provoquer un changement culturel : il est question de sensibilisation (« sensibiliser le plus grand

nom-bre à la valeur des paysages, à leur rôle et à leurs éventuelles transforma-tions») et même au-delà, de favoriser la construction et l’appropriation d’une culture paysagère commune. Certains auteurs parlent à ce sujet

d’une « culture du percevoir, de l’habiter et de l’agir ». (URCAUE de Midi-Pyrénées, 2015) En considérant les propos du Ministère, il apparaît que cette culture commune repose sur une culture du percevoir (« vision parta-gée du territoire et de ses paysages »), pouvant générer une culture de l’ha-biter et de l’agir (« induire des changements dans les pratiques individuelles et collectives »).

C’est à ce niveau que la concertation rejoint l’objectif de développement durable : en « accompagn[ant] le changement culturel nécessaire au

déve-loppement durable », elle permet en fin de compte de « renforcer la cohé-sion et la robustesse du territoire face aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux ».

Une fois les objectifs clarifiés, il convient de s’intéresser au cadre mé-thodologique donné par le Ministère pour y répondre.

1.2. Comment agir ? Le cadre méthodologique de

la démarche

1.2.1. La communication au lancement de la

démar-che

La communication, en particulier au lancement de la démarche, doit permettre d’expliquer aux parties prenantes :

Ce qu’est un Plan de paysage. En particulier, des retours

d’expé-riences montrent l’importance d’insister sur le caractère opérationnel de

(13)

la démarche, afin de faire comprendre qu’il n’est pas question d’une étude figée mais d’un plan d’actions concrètes, ce qui encourage la participation. (Desmazières, 2015) Par exemple, la communauté d’agglomération de Blois Agglopolys parle de « Plan d’action pour les paysages » et non de Plan de paysage. Ces retours d’expériences invitent aussi à rappeler le caractère volontaire et concerté de la démarche. Certains acteurs

crai-gnent en effet qu’il s’agisse d’un outil qui leur est imposé et sera source de nouvelles contraintes.

Il est en outre recommandé de clarifier le terme de paysage. Notons

que d’une part, sa définition issue de la Convention européenne fait appel à la perception des populations et que d’autre part, la même convention souli-gne son application aux territoires ruraux comme urbains, dégradés comme de qualité, aux espaces remarquables comme ordinaires. En particulier, le présenter comme un élément sur lequel il est possible d’agir permet de clarifier des idées reçues conduisant parfois à considérer que le paysage suppose une vision protectionniste. (Desmazières, 2015)

La plus-value attendue de la démarche pour le territoire. Il s’agit

de mettre en avant les grands enjeux visibles du paysage. (Desmazières, 2015) Le Plan de paysage peut alors être présenté comme un outil pour appréhender et gérer ces évolutions, ce qui permet de susciter l’intérêt du public pour la démarche.

Les objectifs attendus de la participation.

Au cours de la démarche, une communication sur son état d’avance-ment est égaled’avance-ment importante, afin de favoriser son appropriation par les acteurs.

1.2.2. Le déroulement de la démarche

Elle comporte trois phases : le diagnostic, les objectifs de qualité pay-sagère, les actions. (Fig. 1)

1.2.2.1. Phase 1 : Diagnostic

Le diagnostic repose sur :

Une identification et caractérisation des paysages (unités,

struc-tures et éléments paysagers) et une analyse de leur perception par les acteurs.

Une identification des dynamiques paysagères qui concernent

ces structures et éléments paysagers, ainsi qu’une analyse de leur percep-tion par les acteurs.

L’identification de ces dynamiques permet d’envisager les scénario(s) dits «au fil de l’eau » : « ce vers quoi tend le paysage s’il est laissé à sa libre évolution, sans cohérence d’intervention dans le cadre d’un projet de pay-sage territorial », autrement dit, il s’agit du (des) scénario(s) prévisible(s) si les dynamiques actuelles se poursuivent.

Une identification des besoins, attentes et aspirations des

ac-teurs.

Ces éléments conduisent à la définition d’enjeux paysagers, « au

regard des aspirations des populations et de ces dynamiques identifiées ». Ils doivent être spatialisés.

1.2.2.2. Phase 2 : Objectifs de qualité paysagère

Cette phase consiste en une réflexion commune sur une vision parta-gée de l’évolution souhaitée des paysages (variante à une évolution « au fil de l’eau ») et conduisant à :

Une hiérarchisation des enjeux.

La formulation des objectifs de qualité paysagère, « sur lesquels

s’accordent les acteurs du territoire et les populations ». Ils traduisent les «aspirations des acteurs en matière d’évolution des caractéristiques paysa-gères de leur cadre de vie ».

• • • • • •

(14)

Ils sont formulés à l’échelle d’une unité paysagère (ou d’un regroupement d’unités) et se rapportent à ses structures paysagères. Ils doivent tenir compte des attentes des acteurs, ainsi que des valeurs qu’ils attribuent aux paysages. Ils doivent enfin être spatialisés.

1.2.2.3. Phase 3 : Actions

Cette phase se compose de :

La traduction des objectifs de qualité paysagère en un programme d’actions.

Les actions peuvent être à court, moyen et long termes. Divers types d’ac-tions sont possibles : acd’ac-tions réglementaires, opérationnelles, ou pédago-giques (recommandations, sensibilisation, information,…). Dans tous les cas, elles doivent être « précises aux contours techniques, administratifs, juridiques ou financiers clairs », afin d’« ancre[r] le Plan de paysage dans l’opérationnalité». Elles aussi sont à spatialiser.

La mise en œuvre du programme d’actions.

En particulier, elle nécessite une animation au sein de la structure porteu-se.

L’évaluation de la concrétisation des actions.

Par ailleurs, un souci de pédagogie graphique est demandé tout au

long de la démarche : « Afin de faciliter le partage du contenu du Plan de paysage, il est précisé que la spatialisation des enjeux, des orientations et objectifs et des actions est primordiale, l’utilisation de blocs-diagrammes, de schémas illustratifs et de cartes explicatives doivent être privilégiés. » Un bilan de retours d’expériences confirme l’importance d’en faire un docu-ment opérationnel. La Direction Régionale de l’Environnedocu-ment d’Auvergne fait par exemple le constat suivant au sujet d’une charte architecturale et paysagère (assimilée à un Plan de paysage) : « C’est une belle étude qui reste cependant très théorique. […] Ce document n’est pas assez

opéra-•

tionnel, c’est un document difficile à s’approprier.» (Folinais, 2006)

1.2.3. Rôle et conduite de la concertation dans la

dé-marche

Elle concerne les trois phases de la démarche. (Fig.1)

1.2.3.1. En phase 1 : Diagnostic

Le diagnostic doit recueillir les points de vue des acteurs pour : Enrichir la connaissance des paysages et de leurs dy-namiques (incluant pour la connaissance des dydy-namiques,

d’éventuelles informations sur des projets en cours mais non encore visibles).

Connaître la manière dont les acteurs perçoivent ces paysages et dynamiques. En particulier, il s’agit du recueil des

différentes valeurs (esthétiques, symboliques, économiques,

d’usage,…) attachées aux paysages par les acteurs.

Connaître les besoins, attentes et aspirations des

ac-teurs.

Concernant ces deux derniers points, des contradictions et at-tentes divergentes peuvent exister. Il est ici important de les ex-pliciter, de les mettre en lumière, sans chercher à conserver une vision unique.

Par la suite, le partage du diagnostic avec « tous les acteurs du

territoire » doit permettre à ces derniers de :

« [P]rendre conscience [...] du devenir du territoire d’un

point de vue paysager », ce qui implique que « le constat des dynamiques en cours soit partagé par tous ».

• ► ► ► • ►

(15)

Figure 1 : Cadre institutionnel de conduite d’un Plan de paysage et de sa concertation

E

valuation dEla concrétisation dEs

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isEEnoEuvrE dEs

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de qualité Paysagère

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ParlEsactEurs

Phase 1 : diagnostic

enrichissement des connaissances

par les acteurs recueil des valeurs

attribuées aux paysages par les acteurs

enrichissement des connaissances

par les acteurs recueil des perceptions des dynamiques par les acteurs

recueil des besoins,

attentes, aspirations des acteurs

communication au lancement de la démarche : qu’est-ce qu’un Plan de paysage ? qu’est-ce que le paysage ? Plue-value de la démarche objectifs de la concertation Partage du diagnostic avec les acteurs

Validation du diagnostic par le Comité de pilotage

Réflexion commune sur une vision partagée de l’évolution souhaitée des paysages Validation des OQP par le Comité de pilotage enrichissement du vivier d’actions possibles et de l’élaboration des actions Validation du programme d’actions par le Comité de pilotage Partage des responsabilités

(16)

C’est aussi l’occasion de compléter éventuellement le dia-gnostic.

1.2.3.2. En phase 2 : Objectifs de qualité paysagère

« [L]a hiérarchisation des enjeux doi[t] faire l’objet d’une

démar-che concertée. »

Une réflexion commune doit permettre de définir des aspirations

partagées concernant l’évolution souhaitée des paysages. C’est à

par-tir de ces aspirations que seront formulés les OQP.

1.2.3.3. En phase 3 : Actions

La concertation doit ici permettre :

D’« alimenter le vivier des actions possibles ».

D’enrichir l’élaboration des actions, sachant que « des groupes

de travail thématiques spécifiques à chaque groupe d’acteurs pourront être constitués, de manière à appréhender plus facilement la déclinaison de cer-taines actions sectorielles. »

D’impliquer les acteurs dans la mise en œuvre des actions, afin

d’aboutir à un partage des responsabilités.

En outre, au fur et à mesure de la démarche, une validation du dia-gnostic, des OQP et du programme d’actions est à faire par le comité de pilotage. ► • • • • •

1.2.4. L’implication des acteurs

1.2.4.1. Les acteurs à impliquer dans la concertation

« Doivent être associés étroitement à l’élaboration du plan tous les acteurs qui façonnent les paysages sur le territoire.» Il s’agit :

Des élus, car ils sont d’une part garants de l’intérêt général et que

d’autre part, la concrétisation du Plan de paysage est conditionnée à un portage politique fort.

Des acteurs socio-économiques, car ils peuvent avoir une action

sur les paysages et par ailleurs, être des relais de communication auprès des habitants et/ou pour mettre en œuvre le plan d’actions.

Des habitants, car ils ont une action sur les paysages et qu’ils ont

des attentes concernant la qualité de leur cadre de vie.

Même si le choix des habitants est laissé libre (population au sens large ou bien groupes ciblés d’habitants en fonction de leur âge, leur activité, leur de-gré d’implication dans la vie du territoire, etc.), le Ministère appelle à inclure les acteurs « les plus éloignés de la vie publique ». Il peut s’agir, comme

l’indiquent certains guides de concertation locale, des personnes qui consi-dèrent qu’elles ne peuvent pas participer par manque réel ou supposé de compétences, des personnes en situation personnelle ou sociale faisant qu’elles n’imaginent pas être autorisées à participer. (Rayssac, 2006) Sont par exemple cités les jeunes, les personnes âgées, les migrants, les per-sonnes handicapées, les exclus,... Des dispositifs spécifiques peuvent être prévus pour intégrer ces acteurs et il est parfois utile de s’appuyer sur le monde associatif à cette fin.

1.2.4.2. Le degré d’implication des acteurs

Le choix est laissé libre en fonction des objectifs de la concertation à chaque phase, parmi différents degrés d’implication. (Fig.2) Il est à

préciser que le lien entre un degré plus élevé d’implication et un projet de •

(17)

meilleure qualité n’est pas évident. (Montembault et al, 2016) Par exemple, le Plan de paysage de Mamoudzou, reconnu comme un projet ambitieux, en très bonne voie de concrétisation et largement approprié par les acteurs locaux, n’est pas allé jusqu’au degré de co-construction. (Club Plans de paysage, 2016)

Dans tous les cas, la décision finale (formulation des OQP,

valida-tion du programme d’acvalida-tions) appartient aux élus. Le Ministère envisage

en effet la concertation comme « une démarche qui vise à préparer la déci-•

sion, par la confrontation entre les parties et l’explicitation des points de vue de chacun. La décision appartient aux élus en intégrant les résultats de la concertation. » (Desmazières, 2015)

En ce qui concerne plus spécifiquement les élus, leur degré d’impli-cation est appelé à s’intensifier au cours de la démarche, afin d’instaurer le

portage politique nécessaire à la concrétisation du projet. Certains

prati-ciens évoquent un passage de relais entre le bureau d’études, dont l’impli-cation décroît progressivement et les élus, pour lesquels c’est le contraire. (Bonneaud, 2016)

Outre ce cadre institutionnel, des apports issus de guides méthodolo-giques et de retours d’expériences peuvent aider à affiner l’élaboration et la conduite de la concertation.

1.3. Apports issus de guides méthodologiques et

retours d’expériences

Ils concernent à la fois les outils de concertation et les conditions

favorables à une atmosphère créative.

1.3.1. Les outils de concertation

Les temps de concertation font aujourd’hui appel à une inventivité au niveau des outils et supports utilisés. Ces derniers sont nombreux et leur choix doit être guidé par les objectifs de l’animateur (Candau & Michelin,

2009) : comprendre ou montrer la perception des paysages par les acteurs, visualiser les paysages et leurs dynamiques, débattre des scénarios de l’évolution souhaitée des paysages, etc.

Parmi les outils les plus fréquemment utilisés, figurent la visite de

terrain, le dessin, le bloc-diagramme, la cartographie, la photographie, l’ob-servatoire photographique, la maquette, le jeu de rôles, l’exposition itiné-rante, le blog, le journal, la lettre d’information,... (Davodeau & Toublanc, 2010 ; Candau & Michelin, 2009)

Figure 2 : Les différents degrés d’implication des acteurs dans un Plan de paysage

(18)

Dans tous les cas, il est intéressant d’employer des supports gra-phiques comme moyen de représentation. En effet, d’une part, un discours

seul comporte ses limites, puisqu’un même mot ne fait pas appel aux mê-mes représentations en fonction des personnes, d’autre part, des supports

expressifs permettent de favoriser les échanges, de susciter le débat.

Concernant plus particulièrement la présentation du diagnostic, il est re-commandé, pour favoriser cette expressivité, de faire en sorte que les sup-ports décrivent les paysages (unités, structures, éléments paysagers) et

les dynamiques, tout en intégrant les différentes perceptions par les

acteurs. (Guglielmetti, 2015)

1.3.2. Les conditions d’une atmosphère créative

Quelques éléments-clés peuvent favoriser cette atmosphère.

Avant les temps de construction collective, le fait de passer par une

phase d’expression individuelle des acteurs présente un intérêt.1

(Guer-raoui, 2014) En effet, les participants osant plus facilement exprimer leur avis, y compris leurs critiques, cette phase permet de limiter les non-dits et de faire en sorte que les acteurs aient conscience des éventuels avis diver-gents, ce qui apaise ainsi la future construction collective.

Puis, en temps de construction collective, il apparaît important :

Matériellement, d’organiser le lieu d’échange de façon à of-frir un cadre souple, qui laisse les gens s’installer, accéder aux

supports et parler sans être bloqués. (Rayssac, 2006)

De créer des groupes d’échange hétérogènes (« un

fores-tier, un écologiste, un chasseur,… » (Bonneaud, 2016)), afin de favoriser une explosivité des points de vue et ainsi de créer un

1 Conférence « Participation des populations et renouvellement des pratiques paysagistes » par D. Montembault, Angers, 9 septembre 2015.

débat. Ce n’est que par la suite qu’une mise en commun et un travail sur les valeurs communes permet de rechercher ce qui fait consensus.

De « faire rêver » les gens dans un premier temps, sans

être tout de suite dans le concret : « Les gens rêvent de toute façon en général assez près du sol. Ils ont un rêve, mais ils savent bien quelles sont les limites par rapport à la réalité. » (Bonneaud, 2016) Il s’agit de les aider à penser le plus libre-ment possible, pour faire émerger les idées qu’ils ont, avant de revenir dans le concret ultérieurement. Cela contribue à lever d’éventuels blocages.

De favoriser un climat de confiance, non seulement en-tre les acteurs locaux, mais aussi avec le paysagiste. Des

retours d’expériences révèlent en effet que le paysagiste est souvent perçu par les élus et habitants comme un expert peu accessible. (Folinais, 2006)

Les divers objectifs attribués au Plan de paysage et à sa concerta-tion par l’instituconcerta-tion, conduisent donc cette dernière à proposer un cadre méthodologique, qui concerne à la fois la communication au lancement du projet, la structure même de la démarche et la conduite de la concertation. Afin d’analyser les éventuels écarts entre cette vision et la démarche mise en oeuvre sur le territoire de la CCRLB, il convient à présent de se pencher sur la posture de ce maître d’ouvrage et du bureau d’études qui l’accompa-gne.

(19)

2. Objectifs et conduite du Plan de

paysa-ge et de sa concertation envisagés par le

maître d’ouvrage et le bureau d’études

De la même manière que précédemment, l’identification des objectifs

attribués au Plan de paysage et à la concertation s’ensuivra d’une analyse de la manière dont le mode opératoire vise à satisfaire ces objectifs.

Le maître d’ouvrage, Communauté de Communes de

Rohrbach-lès-Bitche, est accompagné par trois bureaux d’études : un spécialisé en

paysage, un en environnement, un autre en concertation. Dans la présente étude, en-dehors des propos qui concernent le diagnostic paysager, réa-lisé par le bureau en paysage, le terme « bureau d’études » désigne celui chargé de la concertation.

2.1. Pourquoi agir ? Objectifs du Plan de paysage

et de sa concertation

Pour les objectifs du Plan de paysage comme pour ceux de la concer-tation, la vision du maître d’ouvrage et celle du bureau d’études seront

successivement analysées. Pour le maître d’ouvrage, il s’agit d’une analyse des objectifs figurant explicitement ou plus implicitement dans le cahier des charges du Plan de paysage. Pour le bureau d’études, les informations sont issues d’un entretien avec le sociologue / urbaniste qui pilote la concerta-tion.

2.1.1. Objectifs du Plan de paysage

2.1.1.1. D’après le maître d’ouvrage

« Son principal objectif est d’accompagner, cadrer et guider les dé-cisions d’aménagement et les évolutions du territoire en termes de pay-sage.»

Les objectifs sont ici d’ordre très opérationnel, certains étant généraux,

d’autres plus précis :

Garantir un cadre de vie de qualité.

Renforcer l’attractivité du territoire.

« [V]eiller aux mutations paysagères », « [p]rotéger le paysage des menaces actuelles et à venir ».

Renforcer / forger l’identité du territoire. Le but est à la fois de

«[f]aire ressortir la ‘‘charpente paysagère’’ du territoire (ensemble des

éléments structurants du paysage qui donnent une identité et une unité au territoire) » et d’agir sur les consciences (« [m]ettre en valeur les patrimoines agricoles et naturels […] afin qu’ils deviennent des patrimoines connus et reconnus […] et […] des éléments obligés de l’identité du territoire »). Est

souligné sur ce point l’objectif d’« intégrer la thématique de l’eau à l’identité du territoire ».

Valoriser l’équilibre et les transitions entre les différents espaces

(forestiers, agricoles, bâtis, cours d’eau).

Préserver et valoriser le patrimoine (naturel, agricole, bâti). Organiser le développement urbain en visant l’intégration

pay-sagère des éléments bâtis (extensions urbaines, zones d’activités écono-miques, exploitations agricoles, installations touristiques), la « valorisation réciproque entre espaces urbains et paysage ».

Favoriser le développement local : le paysage étant « source

d’ac-tivités et d’emplois non délocalisables », il est question de s’appuyer sur la valorisation du patrimoine naturel, architectural et culturel et de l’activité agricole, pour favoriser le développement économique et touristique (« [l]a ‘‘nature ordinaire’’ n’est ainsi pas considérée comme une simple réserve foncière mais comme un paysage et un espace de production économi-quement viable qui participe à l’attractivité du territoire.») L’objectif de «

développement local durable » est également cité.

• • • • •

(20)

« Préserver la biodiversité », « la qualité écologique du territoire».

« [A]nticiper au mieux les risques naturels » (inondations en

parti-culier).

Mettre en valeur les espaces perçus depuis les routes.

Reconvertir / revaloriser éventuellement la ligne SNCF.

Enfin, le Plan de paysage doit constituer un « document concret de référence facilement utilisable par les élus et partenaires », afin « qu’ils

intègrent les préoccupations paysagères dans leurs réflexions ». Il doit en-tre auen-tres nourrir le PLUi en cours d’élaboration.

2.1.1.2. D’après le bureau d’études

L’objectif ultime de s’occuper du devenir des paysages est ici de

contempler le paysage. Contempler (« con - templer », « faire temple

avec»), renvoie à une notion de sacralité, de communion. Celle-ci s’opère

en prenant un temps de pause, de recul, afin de méditer. La contemplation

d’un paysage qui a du sens permet alors de créer un rapport au lieu, à soi et éventuellement aux autres. Le paysage peut ainsi être l’occasion

d’un moment d’extériorité du quotidien, un moyen de s’extraire de la vie

stressante.

2.1.2. Objectifs de la concertation au sein de la

dé-marche

2.1.2.1. D’après le maître d’ouvrage

La concertation est ici décrite comme un moyen pour :

Apporter de l’information, « étayer les réflexions des élus ». Construire ensemble : « aboutir à une vision partagée des acteurs

de ce qu’est le paysage, ce qu’il devient et de ce qu’ils souhaiteraient qu’il • • • • •

devienne », « [f]édérer les acteurs autour d’un projet territorial commun », «permettre à chacun de trouver sa place dans la problématique locale ».

Sensibiliser au paysage, à la fois afin de forger une certaine

identité (« [p]rise de conscience de l’identité et de l’évolution du (ou des)

paysage(s) ») et d’obtenir des résultats pour le territoire (« [s]ensibiliser les

élus sur leur rôle en matière de politique paysagère et les encourager à

mettre en place des démarches paysagères »).

2.1.2.2. D’après le bureau d’études

Les objectifs ici attribués à la concertation sont les suivants :

Le fait de faire voir qu’il existe une dynamique locale sur la question de la valorisation du paysage, que les élus s’occupent de la question, per-met de donner de l’importance, un statut au paysage, de l’ institutionnali-ser, le faire voir comme une problématique, un enjeu.

Impliquer les élus et les habitants pour créer une dynamique col-lective, condition de concrétisation du Plan de paysage. Il s’agit pour cela

de mesurer et d’entretenir / augmenter « l’appétit » qu’ont les acteurs

de la démarche. En ce qui concerne les élus, l’objectif est de renforcer leur portage du projet, qui dépend en partie de leur perception de l’implication de la population : sentant que les habitants sont avec eux, ils pourront avoir davantage envie de porter le projet.

Aider à élargir le regard des habitants à la communauté, leur mon-trer aux qu’une place leur est donnée dans la construction de l’« être en-semble ». Cet élargissement du regard passe aussi par une appropriation

par les habitants de la complexité des sujets portés par les élus, afin de permettre aux premiers de relativiser leur sévérité envers les seconds.

Il est à présent question de voir comment la perspective de ces ob-jectifs guide la construction de la démarche et quels sont ainsi les résultats obtenus.

(21)

Figure 3 : Démarche mise en place par le maître d’ouvrage et le bureau d’études et objectifs de chaque phase

2.2. Comment agir ? Conception et apports de la

démarche

Chaque phase de la démarche comporte ses objectifs. (Fig. 3)

La phase 1, correspondant au diagnostic, se compose de trois

élé-ments : un diagnostic paysager, des entretiens menés auprès de l’équipe municipale de chacune des neuf communes, un questionnaire aux habi-tants, adressé à chaque ménage. Le diagnostic est ensuite restitué aux élus.

Cette phase a pour objectifs de :

Recueillir des connaissances, de la « matière première »

Prendre la mesure de la situation de départ :

► ►

Quel est « l’appétit » des acteurs ? (élus, habitants)

Quelles sont les potentialités / forces mobilisables,

ou au contraire, les obstacles ?

Instaurer une dynamique humaine

La phase 2, correspondant aux objectifs, idées et actions, se

com-pose de : six ateliers participatifs thématiques, trois réunions avec des ac-teurs spécifiques, une journée avec les élus, une réunion de synthèse avec le comité de pilotage, une réunion publique de présentation des résultats. Cette phase a pour objectifs de :

Favoriser une dynamique collective la plus large possible

et une production partagée

▪ ▪ ► • ► objectifs Phase 1 : recueillir des connaissances

Prendre la mesure de la situation de départ :

Quel est « l’appétit » des acteurs ?

Quelles sont les potentialités / forces mobilisables, ou au contraire, les obstacles ?

instaurer une dynamique humaine ► ►

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objectifs Phase 2 :

favoriser une dynamique collective la plus large possible et une production partagée aboutir à un projet (oqP et actions) ambitieux et ayant le plus de chances possible de se concrétiser

objectifs Phase 3 : aboutir à des actions opérationnelles Parvenir à leur concrétisation à court, moyen et long termes

(22)

Aboutir à un projet (OQP et actions) ambitieux et ayant le

plus de chances possible de se concrétiser

Ces deux points sont d’ailleurs intimement liés, puisqu’il s’agit de favoriser la concrétisation des futures actions en :

Hiérarchisant les idées et les considérant au regard du contexte humain et financier

Créant une dynamique humaine, un noyau dur de personnes, autour de chaque idée

La phase 3, qui correspond au programme d’actions, consiste en la traduction opérationnelle puis en la mise en oeuvre des actions.

Elle a par conséquent pour objectifs :

L’opérationnalité des actions

Leur concrétisation à court, moyen et long termes

En outre, tout au long de la démarche, l’animation d’un site internet

a pour vocation de favoriser la dynamique humaine.

Le développement qui suit explique en quoi la conception de cha-que pièce de la démarche (diagnostic paysager, entretiens auprès des élus, questionnaire aux habitants, ateliers participatifs, réunions avec les acteurs spécifiques, journée des élus) est guidée par ces objectifs.

2.2.1. Objectifs, structure et apports du diagnostic

paysager

Le diagnostic paysager, réalisé par un bureau d’études en paysage, a pour objectif (Fig. 4) le recueil de connaissances sur les spécificités des

paysages, leurs atouts et faiblesses, menaces et potentialités. ► ▪ ▪ • ► ►

• Ces connaissances sont structurées autour des grands chapitres

sui-vants :

Identification et caractérisation des unités paysagères

Evolution de la trame végétale (prairies, micro-boisements, haies,

vergers) depuis 1850

Identification et caractérisation des patrimoines paysagers : Urbains et architecturaux : cœurs de villages avec leurs

bâtisses paysannes lorraines et leurs usoirs, pièces architectu-rales maîtresses comme les châteaux et fermes domaniales,…

Religieux : églises, chapelles, très nombreux calvaires Historiques : ouvrages de la ligne Maginot, sites

gallo-ro-mains • • • ► ► ►

Figure 4 : Objectif du diagnostic paysager

objectif :

Recueillir des connaissances sur les spécificités des paysages, leurs atouts et faiblesses, menaces et potentialités

(23)

Hydriques : moulins, fontaines, lavoirs

Naturels : cours d’eau et leurs ripisylves, alignements

arbo-rés, arbres isolés ou en bouquets, poches de nature en cœurs de villages, plans d’eau,…

Ces éléments patrimoniaux sont également cartographiés, à l’aide des observations de terrain complétées par les entretiens auprès des élus.

Analyse des perceptions paysagères : vues panoramiques

d’in-térêt, vues sur fronts villageois, repères visuels (clochers, éoliennes, châ-teaux d’eau,…), itinéraires de découverte paysagère. De même, ces élé-ments sont cartographiés.

Diagnostic urbain :

Evolution historique des villages : cartographie et typologie

de chaque période

Analyse de l’accroche des villages aux structures paysagè-res (topographie, cours d’eau)

Analyse de la cohésion urbaine : rôle fédérateur du réseau

viaire, cohérence des extensions urbaines,…

Analyse de la qualité des espaces publics : place de la

voi-ture et du piéton, attention portée aux cours d’eau, appropriation des places publiques,… ce qui donne lieu à une cartographie des enjeux pour chaque village

Tout au long du diagnostic, s’effectue l’identification des dynamiques paysagères (disparition des couronnes de vergers autour des villages,

multiplication des micro-boisements par enfrichement des forts de la ligne Maginot et de la voie ferrée abandonnée, perte des spécificités du bâti an-cien lors des rénovations, sortie des villages de leur enveloppe topogra-phique d’origine,…) et des enjeux paysagers (pérennisation des vergers,

► ► • ► ► ► ►

valorisation en réseau du patrimoine militaire, remobilisation du patrimoine ferroviaire, maintien des spécificités du bâti ancien, lisibilité des silhouettes villageoises,...).

2.2.2. Objectifs, conduite et apports des entretiens

auprès des élus

Les objectifs généraux d’instaurer une dynamique, de mesurer « l’ap-pétit » des élus et de mesurer les potentialités et obstacles, sont traduits de différentes manières. (Fig. 5)

Figure 5 : Objectifs des entretiens auprès des élus

objectifs :

instaurer une dynamique humaine :

Rassembler un maximum d’élus

Leur faire comprendre l’intérêt de la démarche Les informer de son organisation

mesurer « l’appétit » des élus mesurer les potentialités et obstacles :

Perception des éléments paysagers par les élus Eléments à valoriser, éventuels projets et idées des élus Potentialités énergétiques

Difficultés relationnelles des élus avec d’autres acteurs Acteurs pouvant être mobilisés pour le Plan de paysage

► ► ► ► ► ► ► ►

(24)

L’objectif d’instaurer une dynamique consistait notamment à :

Rassembler un maximum d’élus, en insistant auprès des maires

pour que l’entretien soit ouvert au plus d’élus possible et en donnant la pos-sibilité d’horaires en soirée si besoin.

Faire comprendre aux élus l’intérêt, le sens de la démarche :

trou-ver une ligne de conduite intercommunale sur le devenir des paysages

en construisant un « projet de villages », qui survive à sa phase

d’élabo-ration, qui se concrétise.

Des questions de la part d’élus ont concerné l’intérêt de la démar-che:

Parfois, il s’est agi de donner un exemple d’action possible. Un maire souhaitait d’ailleurs voir un exemple de Plan de pay-sage déjà réalisé, « pour voir ce qu’on peut bien faire au niveau

intercommunal ».

D’autres fois, lorsque des élus se demandaient s’il n’allait pas s’agir d’« une couche en plus » du SCoT et du PLUi qui abordent déjà la question du paysage, cela était de rappeler que le Plan de paysage n’était pas un outil réglementaire mais de projet.

Informer les élus de l’organisation de la démarche dans le temps,

par un schéma.

Pour ce qui est de l’objectif de mesure de « l’appétit » des élus, il

s’est notamment traduit par une question adressée à chaque équipe mu-nicipale : « Qu’attendez-vous du Plan de paysage ? Pour vous, quel est l’intérêt d’une valorisation du paysage ? » Ceci a permis de constater :

Un niveau d’appétit variable selon les élus, mais qui reste

globale-ment modéré. Ils sont en général partants pour s’intéresser à la question du

paysage, améliorer la qualité du cadre de vie, sans avoir toutefois d’appétit • • ► ► • •

très prononcé. Ce constat peut en partie s’expliquer par le fait que le souhait de s’engager dans la démarche émane de la Communauté de Communes, dont la probabilité d’être retenue comme territoire lauréat de l’appel à projet était renforcée par la réalisation d’un couple PLUi / Plan de paysage.

Un appétit freiné par des craintes chez plusieurs élus, concernant

la sincérité de la Communauté de Communes à vouloir faire quelque

chose de sérieux, à les écouter : « Aujourd’hui, il n’y a pas de partage »,

«Ce sont toujours les gros qui vont tirer la couverture », « La ComCom n’est pas sensible au tourisme. Elle est sensible à ses projets, point. », soulignent

des élus en référence aux projets qui concernent les communes d’où sont issus les élus de la Communauté de Communes.

L’appétit est également freiné par l’idée que la contrainte budgétai-re entravera le projet (« Nous des idées, on en a plein, mais ce qui manque c’est le porte-monnaie ! »)

Quant à l’objectif de mesure des potentialités et obstacles, il s’est

traduit par :

• Une identification des éléments pour lesquels une valorisation pay-sagère était à considérer selon les élus. Pour cela, des photos illustrant des

particularités du paysage de leur commune (bâti ancien, calvaires, moulins, forts militaires, prairies, haies, points de vue,…) ou des dynamiques obser-vées (rénovations banalisantes du bâti ancien, vieillissement des vergers, perte d’attention aux cours d’eau, perte d’appropriation piétonne des cœurs de villages,…), invitaient les élus à donner leur avis et à éventuellement compléter ces éléments. Pour chaque commune, ces éléments valorisables ont été photographiés, puis cartographiés (Fig. 6) autour des rubriques

sui-vantes (facilitant leur insertion dans le diagnostic paysager) :

Patrimoines paysagers : religieux, architectural, lié à l’eau,

gallo-romain, militaire, naturel et agricole

Formes urbaines et développement bâtis : espaces

pu-•

(25)
(26)

blics à valoriser, espaces libres valorisables, secteurs de poten-tielle urbanisation,…

Perceptions paysagères : repères paysagers, larges

ouver-tures panoramiques, perspectives sur fronts villageois, séquen-ces routières et cheminements remarquables

Usages, appropriations, aménités : cheminements

pé-destres déjà valorisés / valorisables / en projet de valorisation, plans d’eau,…

Ces échanges ont parfois permis d’intégrer des éléments peu connus (bornes historiques de séparation religieuse, maison la plus ancienne du village,…) à la future réflexion.

La connaissance de la perception des élus, de leur rapport aux éléments paysagers. Certaines équipes municipales sont par exemple

at-tachées aux haies et mettent en oeuvre des replantations en bordure de routes ou de chemins. Ou encore, lorsque le sujet de l’urbanisation banali-sante est abordé, un élu vivant en lotissement remarque : « Ils sont beaux

nos lotissements ».

L’identification des éventuels projets ou idées de chaque équipe municipale (secteurs possibles de développement urbain, projets de

va-lorisation comme les itinéraires de promenade, les aménagements,…) ou encore des projets pouvant constituer une menace pour certains éléments paysagers (par exemple, un projet de densification urbaine souhaité par les administrations contribuant à l’élaboration du PLU communal, dans un site identifié par le diagnostic paysager du Plan de paysage comme exception-nel cœur de nature).

Une connaissance de l’existence de certains acteurs ayant une

in-fluence importante sur le paysage et/ou qui pourront servir de relais pour

l’élaboration du projet ou la mise en oeuvre des actions : par exemple, les syndicats d’arboriculteurs, dont un très actif à Rohrbach, un adjoint qui est par ailleurs agriculteur, la dynamique association de valorisation du Fort

► ► • • • Casso).

L’identification de difficultés dans la relation des élus avec d’autres acteurs.

Par exemple, des situations délicates avec des habitants, au sujet des

usoirs, spécificités des villages lorrains, qui appartiennent aux communes mais dont l’aménagement et l’usage dépend des habitants.

Ou encore, des problèmes de communication avec les agriculteurs. Des

élus expriment en effet leur frustration face à la préemption de parcelles de vergers par la Chambre d’Agriculture (« On devait recevoir les agriculteurs.

Mais c’est la Chambre qui va finalement les recevoir, c’est biaisé ! Nous, cela nous aurait intéressés d’avoir l’avis des agriculteurs ! »). D’autres élus

manifestent leur sentiment d’impuissance vis-à-vis d’agriculteurs : « C’est

dommage qu’il n’entretienne pas ses vergers, j’ai seulement peur qu’un jour il arrache ça… », « Mais comment leur expliquer l’intérêt de ces micro-boi-sements autres qu’économiques ? », « La mémoire, vous pouvez l’oublier parce qu’ici, ils n’en ont pas de mémoire ! ». Un maire conclut d’ailleurs : «Il faut absolument qu’on les associe [à la réflexion] ».

L’identification de potentialités au niveau énergétique :

Les échanges ont montré que l’avis de nombreux élus n’était en général pas tranché et pouvait dépendre du fait que les éo-liennes appartiennent ou non à la commune.

Il a par ailleurs permis de constater le besoin d’une ré-flexion intercommunale à ce sujet.

Des projets éoliens sont en effet évoqués par plusieurs muni-cipalités, mais elles craignent souvent de s’y engager par peur d’hostilités entre communes.

De même, il existait un projet de méthanisation intercommu-nal, qui a été mis de côté en l’absence de consensus. Les dis-cussions ont amené à voir d’une part, que des élus seraient •

Figure

Figure 1 : Cadre institutionnel de conduite d’un Plan de paysage et de sa concertation E valuationdEla concrétisationdEs actionsMisEEnoEuvrEdEs actionstraductiondEs oQPEnunPrograMMEd’actionsPhase 3 : actionsForMulationdEs oQPHiérarcHisationdEs EnjEuxPhase
Figure 3 : Démarche mise en place par le maître d’ouvrage et le bureau d’études et objectifs de chaque phase
Figure 4 : Objectif du diagnostic paysager
Figure 5 : Objectifs des entretiens auprès des élus
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