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La délicate question de la transformation du paysage

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La délicate question de la transformation du paysage

DEBARBIEUX, Bernard

Abstract

Si les transformations du paysage sont souvent inéluctables, en raison des activités humaines, il est aussi possible de les accompagner, afin de maintenir ou d'améliorer cette ressource. Toutefois, ce genre de démarche est parfois délicat, car le paysage est un bien local, souvent considéré comme étant d'intérêt général. Bernard Debarbieux, professeur en géographie politique et culturelle et en aménagement du territoire auprès de l'Université de Genève, nous a donné son avis sur le sujet.

DEBARBIEUX, Bernard. La délicate question de la transformation du paysage. Montagna , 2017, no. 5, p. 4-5

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:94464

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Montagna 5 | 2017

omment eWpliquez-vous l’inté- r»t croissant pour des objets po- litiques ayant des répercussions sur l’évolution du paysage suisse ?

Bernard DebarbieuW:D’une part, il existe, au sein de la société, une at- tention grandissante pour les sujets de proximité. Dans ce contexte, l’une des façons les plus simples de débattre et d’agir sur son environne- ment consiste à s’intéresser au pay- sage, en raison de sa visibilité et de l’influence que l’on peut exercer sur sa conservation et son évolution.

D’autre part, le paysage a, depuis le XIXe siècle, une dimension politique en Suisse. La population a com- mencé à s’approprier cette question au cours de ces dernières années; il n’y a qu’à penser à l’initiative Weber.

L’intérêt pour le paysage rend ici compte d’une certaine crainte, rela- tive notamment à la mondialisation et à la croissance démographique.

–uels sont les types de dé- marches qui sont l’origine d’une transformation du pay- sage ?

Il y a deux cas de figure. Le premier consiste à s’intéresser à des pay- sages emblématiques, souvent déjà protégés, afin de les conserver. La seconde approche vise à dévelop- per une réflexion sur les paysages ordinaires, les plus concernés par la transformation de nos modes de vie et de production. Dans ce dernier

cas, une possibilité consiste à pren- dre en compte la dimension paysa- gère, dans les réflexions sur la ges- tion de l’environnement local, notamment lors de projets d’aména- gement. Cela permet d’anticiper les effets de multiples décisions ba- nales, mais aussi de révéler des qualités paysagères qui seraient res- tées dans l’ombre sans cela. Cette seconde approche est plus décisive pour l’avenir, car elle englobe la grande majorité des territoires de montagne.

La transformation ou la mise en scCne du paysage ne recCle-t- elle pas en soi une certaine am- bigu té, étant donné que ce bien peut la fois »tre considéré comme une ressource locale et un bien commun ?

Cette ambiguïté existe depuis long- temps, mais elle s’est particulière- ment révélée au cours de la votation sur l’initiative Weber et lors de la ré- vision de la loi sur l’aménagement du territoire (LAT). A cette occasion, on s’est rendu compte que la sensi- bilité paysagère variait, selon que l’on s’adressait aux populations lo- cales ou à l’ensemble du peuple suisse. Ce thème engendre des ten- sions, en raison des différents ac- teurs qui interviennent et de leur conception respective du paysage (Confédération, citadins, consom- mateurs de paysage, populations al- pines, etc.). Plus que tous les autres,

les habitants des régions concer- nées sont pris en tenaille entre leur attachement pour le paysage et les impératifs économiques de dévelop- pement.

Est-il possible de trouver des so- lutions pour apaiser ces ten- sions ?

J’ai l’impression que l’initiative We- ber et la LAT ont constitué le pa- roxysme de ces tensions. Si l’adop- tion de ces dispositions législatives a constitué un coup de massue pour beaucoup d’acteurs concernés, en particulier dans les milieux touris- tiques alpins, elle a aussi, par la force des choses, favorisé une ré- flexion. Autrement dit, je pense que des changements de pratiques vont émerger, notamment dans le do- maine de la planification spatiale.

Les projets de valorisation du paysage ne découlent-ils pas, le plus souvent, d aménagements d’infrastructures, plut…t que d’initiatives visant en premier lieu tirer parti des ressources paysagCres ?

C’est vrai qu’il y a souvent une ap- proche un peu technique qui consiste à créer un beau paysage dans le cadre d’un projet spécifique, par exemple lors de la construction de lotissements. Toutefois, la ges- tion de l’environnement et de l’urba- nisation intègre de plus en plus la question paysagère, notamment

La délicate question

de la transformation du paysage

Si les transformations du paysage sont souvent inéluctables, en raison des activités humaines, il est aussi possible de les accompagner, afin de maintenir ou d’améliorer cette ressource. Toutefois, ce genre de démarche est parfois délicat, car le paysage est un bien local, souvent considéré comme étant d’intérêt général. Bernard Debarbieux, profes- seur en géographie politique et culturelle et en aménagement du ter- ritoire auprès de l’Université de Genève, nous a donné son avis sur le sujet.

Zincent èillioz, SAB, «GG1 Berne

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parce que ce thème est devenu quasiment incontournable.

Est-ce que les acteurs touris- tiques s’intéressent suffisam- ment la transformation du pay- sage, vu son importance pour ce secteur ?

Cela varie beaucoup, selon la sensi- bilité des personnes concernées.

Mais globalement, les acteurs tou- ristiques sont sur leurs gardes. Ils craignent souvent, lorsqu’ils consi- dèrent que ces démarches impli- quent une conservation du paysage, qu’elles leur imposeront certaines restrictions. Alors qu’un projet peut aussi servir à valoriser le paysage, sans impliquer une protection du ter- ritoire.

Est-il possible de modeler le paysage, un peu comme le ferait un artiste devant sa toile ? En Angleterre, on a commencé à dessiner intégralement des mor- ceaux de campagne, à partir du XVIIIème siècle. Ensuite, cette pra- tique s’est professionnalisée un siè- cle plus tard, avec la création du mé- tier d’architecte paysagiste. A l’échelle des régions de montagne, il est peut-être plus pertinent d’inté- grer les ressources et les usages fonctionnels d’un territoire, plutôt que de se limiter à des préoccupa- tions purement esthétiques. Mais ces deux aspects peuvent être inté- grés au sein d’une même démarche.

I 2USAMMENäASSUNè Die ZerVnderung einer Land- schaft, eine erausforderung Landschaftsveränderungen oder auch eine Unterschutzstellung sind eine grosse Herausforderung. Ge- mäss Bernard Debarbieux, Geogra- phieprofessor an der Universität Genf, interessiert sich ein immer grösserer Teil der Bevölkerung für dieses Thema und dies vor allem auch auf politischer Ebene (z.B. In- itiativen). Die grosse Diversität von Akteuren (Bund, Kantone, Gemein- den, Firmen, Tourismusorganisatio- nen, Umweltschutzorganisationen, lokale Bevölkerung) macht die Um- setzung von Projekten schwierig. In diesem Zusammenhang steht die betroffene Bevölkerung oft vor dem Dilemma ihrer Verbundenheit mit der Landschaft und den Konsequenzen weiterer wirtschaftlichen Entwick- lung. Dabei gibt es die Tendenz, ent- weder einen Teil unter Schutz zu stellen oder die Eigenheiten der Landschaft wirtschaftlich zu nutzen.

Letzteres ist von grösserer Bedeu- tung, da es weite Teile des Bergge- bietes betrifft.

I RIASSUNTO

La delicata questione della tra- sformazione del paesaggio Voler trasformare o proteggere un paesaggio è diventato, attualmente, un esercizio delicato. In effetti, per Bernard Debarbieux, professore di geografia presso l’Università di Gine- vra, la società s’interessa sempre di più a quest’argomento, principal- mente attraverso dei dossier politici.

La diversità degli attori che si espri- mono su questa questione (attori istituzionali, consumatori del pae- saggio, settori turistici e di protezio- ne della natura, oltre alle popolazioni locali) ha anche la tendenza a com- plicare le discussioni. In questo con- testo, gli abitanti delle regioni inte- ressate sono stretti tra il loro attaccamento per il paesaggio e gli imperativi economici di sviluppo. Ri- spetto ai progetti di trasformazione del paesaggio, questi mirano sia a proteggere una porzione del territo- rio, che a condurre una riflessione globale, in particolare per valorizzare alcune particolarità paesaggistiche.

Questo secondo approccio è più ri- levante, perché può inglobare una parte più ampia dei territori di mon- tagna.

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En raison de leur charge émotion- nelle et de leurs enjeux, les discus- sions sur le paysage sont souvent délicates.

(Switzerland Tourism – Toggenburg)

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