Projet
CIEL :
écrire
l'histoire
littéra
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14
À
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ee pnælet.
epuis
2002,
des
équipes
del'Université
de Bruxelleset
deI'Ur.riversité de Liège se sont
ré-unies
au
sein
d'un
largecollectif,
leCIEL
(Collectif interuniversitaired'étu-de
du littéraire), dont la
mission
estd'apporter
un
éclairage neuf et efficace sur l'étude de la littérature belgel.
UneAction
de
recherche concertée (ARC)d'une
duréede
cinq
ansqui
arrive
à terme. ayant Fait l'objet d'une importante subvention de la part de la Communauté fiançaise (Ministère de l'Éducation, de la Recherche et de la Formation) a permis au collectif de prendre son premier envol sur le thème d'rne Étude critique et histo' rique du parrimoine lixéraire fancophone en Belgique. Corpws, méthodes et instru-men ts tl'a tta lysc. Singulièremenr i nnouanr,tant
dans ses méthodes detravail
que dans sestnalités
scientifiques, le projetrévèlc aujourd'hui ses premiers r'ésultats.
Un
collectif
Né
de
la
rcncontre entre
1e Centre d'études dela littérature
francophone de Belgique (CELIFRAB) deI'ULg
et leCentre d'histoire de
la
littérature belgeen langue française de
I'ULB,
à la stritedes
initiatives
de
la
Bibliographie des écriuains français de Belgique (Jacques Detemmerman,ARLLF),
de Raymond Trousson,du
Dictionnaire
des æuures des Lettres françaises de Belgique(édi-tions
De
Boeck/
Duculot)
et des col-lections des Archives et Musée de la lit-térature,le CIEL
se caractérise avanttout
(la chose ne va pas de soi enscien-ces humaines, et plus particulièrement dans
le
domaine
desLettres)
par
un mode de fonctionnement reposant surla
recherche collective, transposant encela un modèle largement répandu dans
les sciences exactes. Complémentaire à
la
recherche individuelle,le
travailcol-lectif
présente l'avantaged'investir
desterritoires que celle-ci,
limitée
aux po-tentialitésd'un individu
isolé, nepour-rait
pas envisager.C'est
particulière-mentvrai
d'une approche sociologique de larges pans du littérairequi
nécessitela
collecte
et
le
traitement
de
nom-breuses données
-
unLittré
lui-mên.re yaurait perdu ses fiches.
Jean-Marie
Klinkenberg (ULg),
direc-teur du projet avec PaulAron (ULB)
etBenoît
Denis (ULg),
s'en explique
:o
On
a
bien sûr uu jusqu'à présent des projets rcndanr à l'exhaustiuité (/aBl6lio-graphie des écrivains français de Bei-gique, de lAcadémie), mais lewrconfec-tion s'étant étendue sur plus de 50 ans (la BEFB, qui en est à la lettre
Q
a étëcom-mencëe en 1958), on re/èue d'importantes
disparités de conception et de tlonnëes.
D'autres tfttuaux peuuent dussi apparaître comme collectifs, mais
il
s'agit de plansconçus p/tr un indiuidu, ou un groupe très
restreinr d'inr/iuidus.
qui
sont ensuire np-pliquëspar
les contributeurs.Ici,
au longdes
cinq
années, c'est la problématique elle-mêmequi a
été élaborée collectiae' menL,
Exhaustif
La puissance du travail collectif entamé porte de façon générale sur l'étude
des-criptive et
explicative de 1'Histoire deI'activité littéraire
en Belgique franco-phone, des origines à nosjours.
C'est donc une véritable Histoire rystémlltialuedes Lettres belges de ldngue fançaise qlue
le
CIEL
envisage de réaliser par I'inter-médiaire d'une base de données.Ceile-ci, dont la
constitution
amobilisé
et mobiiisera encore les énergies, s'articule autour de trois grands pôles limités dansie
tempsentre
1920et
1960:
les au-teurs, les æuvres et les revues.La base u Auteurs
,
a polrr objet lesper-sonnes phvsiques ayant exercé une
acti-vité littéraire
en Belgiqueet
comporte des données relatives àleur
biographieau sens strict, à leurs traiectoires scolaire
et professionnelle, à ieur cursus social, à
leur relation au monde littéraire
etcultulel,
etenfin
f inventaire bibliogra-phique des sourcesqui
leur sontconsa-crées. l)ans la base u CEuvres
,)
se trou, vent indexées les productions éditorialesdont
l'un
cles intervenants (auteur, tra-ducteur, préfacier...) est de nationalité belge.L,nfin,
la
base u Revuesr
porte pour sa part sur les contributions d'au-teurs à des revues.On
devine I'intérêt d'une telic base,qu'il
s'agisse de cerner lestraits
d'un
type d'écrivain
partici-pant à telle
ou
telle revue, les relationsentre lcs
collaborateursd'une
revue, entre plusieufs revues,olr
encore cntre une revue et un parti politique.Le
corpus de départ
s'étendrapar
lasuite,
non
seulement dansIe
remps,mais
aussi
par
une exploration
dechamps non retenus pour I'instant. Une première version de
la
base a été mise enligne
audébut
du
mois d'octobre. Accessible à I'adressehttp://www.ciel-litterature.be,
ellerépond
àla
double fonction d'être un instrument de travail scientifique er de conservation paLrimo-niale, et fera l'objet de régulières mises à jour.Et
sociologique
Collectif
quant à son mode deréalisa-tion,
voué à l'exhaustivité quant à sonobjet, le projet
CIEL
se distingue parun
troisièmetrait
(c'estla
conjonction destrois
qui
lui
donne véritablement son caractère révolutionnaire),relatif
à son angle d'approche celui-là : une pers-pective résolument sociologique. Pre-nant principalement appui sur la socio-logie des champs de Pierre Bourdieu, la démarchedu collectif
se propose de la compléter alr moyen de notions adap-tées aux réalités observées, à travers la place centrale accordée àla
notion
deréseau.
Appliquée
au domaine des Lettres, lanotion a
I'avantagede
révéler,
pourl'étude
spéciûquedu
littéraire
enBel-gique
francophor.re, des phénomènes que les approches traditionnelles,pen-sées
pour
des ensembles littérairesna-tionaux fortement
institutionnalisés, dévoilent de façon partielle. Plus infor-mel que le champ, le réseau peut sedéfi-nir
comme u l'ensemble complexe desrelations
qui
s'établissent, au sein d'unespace culturel et social donné, entre
di-vers acteurs, groupes ou lnstltutlons, re-lations qui assurent en ourre I'unité et la
cohérence de cet espace 2
,.
Des rela-tions dont la base de données du CIELse propose d'être le dépositaire
-
l'étape suivante étant, par le biais de requêtes,de
la
faire parier.Mais
ici
comme ail-leurs, de premiers résultatsont
déjà vuou
sontle
point
devoir
lejour
:
con-ception et application ne font qu'un.Applications
Entreprise du long terme et de la
péren-nité
(de ces pérennitésqui
durent
enfaisant place à la perpétuelle évolution
/
remiseen
question),
le projet
CIEL
n'est cependant pas qu'une promesse. Si
la
base de données représente déjà une avancée considérableen
soi,
il
serait malvenu de négliger les nombreux tra-vaux quele projet
a
déjà suscités:
à l'image des u réseaux udont
il
s'attache à redessiner les traits, le projetCIEL
se présentelui-même comme une
vaste toile, nébuleuse théorique dont la carto-graphie est déjà très dense.C'est ainsi qLre plusieurs thèses de doc-torat ont été effectuées autour de la base
de données. Ces travaux
ont
nonseule-ment permis d'affiner Ia consrruction er
le
contenu dela
base (le chercheur se concentrant sur un sujet précis pouvantfournir
des informations neuvesou
deme illeure
s
façons
de les
structurer),mais
égalementde tirer de
premiersprofit
de1'outil.
Daphné de Marneffe(ULB)
a ainsi consacré sa rhèse aux re-vues modernistesdu
début des années1920, Bibiane Fréché (ULB) à la
littéra-ture
francophone belge de f immédiat après-guerre, Bjôrn-Olav Dozo (ULg) àune étude socio-statistique de la
littéra-ture
francophone belge dans I'entre-deux-guerres et Michel Fincoeur (ULB) àla
collaboration dans les lettres pen-dantla
Seconde Guerre mondiale. Ondoit
aussi à Cécile Vanderpelen (ULB)d'avoir enrichi
le
contenu
relatif
aux écrivains catholiques de I'entre-deux-guerres. Quant à Vanessa Gémis (ULB), dont la thèse est en cours de réalisation, elle apportera de nouveaux éléments surla
figure dela
femme écrivain dans leslettres francophones belges.
Promis à
un
bel
avenir dansle
cercle très fermé desoutils
de référence, lestravâux du
CIEL n'ont
pasfini
de faire parler d'eux, et à travers eux, de 1alitté-rature
belge.
De
nouveaux
finance-ments permettront âuprojet
deconti-nuer
à se déployer dans les directions qui sont les siennes. o Le Ciel ! couuerclenoir
de
la
grande marmite/
Où
bout I'imperceptib/e et uttste Humanité,,
écr.-vait Baudelaire. Plus raisonnable, moins
étendue,
serala
marmite
du
CIEL.
Mais
pour
sescuisiniers
en
tablier blanc, cebouillon
est déjàun
monde en soi.T*goy
Habrand
1. Pour une présentation plus détaillée du projet CIEL et de ses objectifs, on se
repor-tera à
ARON
(Paul), DENIS (Benoîr) etKIINKENBERG (Jean-Marie), n Littérature
belge et recherche collective
,,
dans Textlleqn"
29, 2006, p. 90-97,
ainsi qu'à DOZO (Biôrn-Olav) et FRÉCHÉ (Bibiane),"
Ré-seaux et bases de données r, dans Zes Réseaux littéraires, Bruxelles, Le
Cri
/
CIEL-ULG-ULB, p. 86-108.2. ARON (Paul), DENIS (Benoît) et KLIN-KENBERG [Jean-Marie), art. cit., p.95.