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"dlftPOLOGZB DES DfBKVBft10RS DE L'AutEUR
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!.' ~. , ~. , ABS TRA CTNovelists intrude frequently 'into their works in
order ta express theil opinions and personal judqements •
.
.
bypassing the narrative ta address themaelves directly ta' the reader.
We believe that theae intrusions could constitute
a specifie part of the "narrative pOint of vieV'. We
~.
,.,,,,,-,1W
, ~.
, ,,'..
t
~·
".'
have. therefore, attempted to classify them. usinq the warka of Balzac because of their reputation as exemplary and
representative of ~omaneeque writinqa.
This classification is centred around two major
axes: a description of the different kinda of intrusions
(ti'tlés, maxima, proverbe, digre •• ions, addrease. to the
reader), and ~ analysia of their function. in the texte
, . ,
i, ~' , ~
! '
•
From tqis,
ve
have developed a critical analysie of the ideoloqy and narrative mode of the realist no~el.Our study i8 intended a8 a contribution to the
structural analysie of narratives, a major 1 ~ield. of semioties in the past deca~.
1 \ , / . ,-...--, ' r
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" >~ • - 1 , ~ l i ,, il r-"
..
JI J • J (' RESUME ..-/'Les rananciera interVi""!'ent
f~qu_ent
dL
l~ura/
oeuvres pour exprimer opinions et jugements
per.on~:.,
voirepour s'adresser par dell le récit directement aux lecteur •• Cee interventions de l'auteur n· ... avaient jamais fait, • notre
- \.
connaiss~ce, l'objet d'études .yBté~atique8,
Nous avons 'pensé qu'elle. pouvaient constituer un
champ iso~able de ce que l'on nomme le "point de vue
narra-,
tif". C'est pourquoi nous nous sommes proposé de, faire une
typologie des interventions de l' auteu
l'oeuvre de Balzac parce qu'elle paeee aire et
rep~.entat.lve de l'écriture romanesque.
Nou. avons axé cette typoloqie .u~ deux plana:
"~, . / . ' . 1
pr . . i~rement, la description des foxmes.d'1ntervention
,,)
•
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1 P 4 >(titres, ~i.ae, p~er.be8, di9~.i0D8, adre._ea ~u
lec-1
teur) :
dewd_?t
nt, 1'analyae de leur. fonctiona dan. letexte. A partir de ce1a, DOWI avaaa .~qagê tDle analyse
8
critique de l'id;éoloqie et du .acte narratif du rc:sm réa-i liste.
IIOtre étude 8e veut une CCXltrihution l l' analyse .'tructurale du récit, ctc.aine llajeur des ét!Jdes swdlogi-quea depùia une dizaine
,
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~ /~~ (, . , LBS INTERVENTIONS DE L'AUTEURDANs
QUELQUES OEWRBS DE BALZAC• by , , 1 Gê rard Dawidowicz
..
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A Thes is submi tted to the~aculty of Graduate Studi.s and R ••• arch
.(
MaGill University
In partial fulf11ment of the
Requirements for the Degree ,of
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Depa.rt:JDent of Frençh
Languagel and 1 Lit.r'~re
( ---- \ Master of Arta r ••
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... Girard .-I*ftdow1cz 1974 ~.
" May, 1974 '. ,~~ '.,' -' ~ .. ,.'::' ..•
•
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'TABLE DES MATIERES
Page
INTRODUCTION
.
.
.
.
.
. .
.
. . .
.
1Chapitre premier: LES CATEGORIES D" INTERVENTIONS • • 14
Chapi tre deuxième:' FONCTIONS
.
.
.
.
. .
47,Chapitre troisième: LA VERITE DU RECIT . • 95
J ,.
Chapitre quatrième: LE POINT DE VUE NARRATIF. • 108
BIBLIOGRAPHIE. • . • • • . -' 113 \ APPENDICE: A - L'article digression " ~., , , \ " 'r·\ "
.
.
.
B - Les ti tres de chapitre de Splendeurs et Misères des Courtisanes . . . • • •
-'\
() i i 1 118.
.
.
121 , " " ,'.•
-•
---...
--" ( INTRODUCTION'-Tout dans un roman est intervention de l'auteur puisqu'A
première vue il en est l'unique créateur, celui qui est
inter-venu dans l'ordre des choses pour met~re en place ce tissu de
phrases~ d'histoires, d'idées.de personnages, et d'actions qui
r
fo~t l'essentiel d'un roman.L'étude du roman en tant qu'intervention globale de
l'auteur jette sans doute des lumières sur la gen~se de l'oeuvre et, de façon générale, slir la"psycholoqie' de la création en lit- •
-térature. Lé',point chami~re est alors les relations affecti~es
J ' ~,
, ,
et intellectuelles que l'auteur entretient avec les personnages,
.les paysagesi les .lieux ~t his~oires du roman. C'est le genre
d'étude entrepris par Georges Blin dans Stendhal et les probl~
mes du roman. l
o
Ce n'est pas Il notre propos. Nous én tendons
in'terven-tion de l'auteur dans le sens étroit d'un concept foncin'terven-tionnel qui rend compte dl une réalité textuelle et propreaaent litt:6raire.l
..
,1(Paris: José COrti, 1954).
" -,.~
"
•
\'.
•
. ~ .•. . t.,_ . 2Il ,s'agit de ces parties du texte où l'auteur p~,nd directement
l,
la parole pour s'expr~er en son nom propre, tenir un discours
subjectif et personnalisé 'qui rompt avec la neutralité
conven-tionnelle du récit dans le\!Omart classique. Celui-ci
traditidn-nellement présente l~ naFration de l'histoire, le récit, comme le fait d'un narrateur anonyme et neutre derrière lequel
l'au-teur est tenu de se dissimuler. Le récit se caractérise par
son aspect objectif. Benvenistel a bien montré comment
l'au-teur est effacé par le récit et comment ce dernier, par l'emploi
systématique de la troisième personne et de certains-témps
comme le passé simple et le plus-que-parfait (temps et
per-sonne qui sont propres à la narration), s'affirme comme
objectif et désincarné: I l A vrai dire. il n' y a mbe plus de
narrateur. Les événements sont posés comme ils se sont
pro-duits à mesure qu'ils apparaissent à l'horieon de l'his~o~.
Personne ne parle ici; les événements semblent se raconter
2
eux-mêmes. Il
A l'état pur, le récit porte en lui la désintégration
"
totale de l'être récitant, de celui qui le prof~re. Il apparatt
(Paris:
lEmile Benveniste, Probl~es de linguistique gén'rale Gallimard, 1967), pp. 237-280.
•
•
3
comme s'engendrant lui-même et se perpêtuant selon un mouve-ment continu dont i l serait l'impulsion et l'objet m(l l la fois.
Dans ce système clos qu'est le récit.' l'apparition
d'une parole qui lui est étrang~re est une intrusion, une
in-gérance qui vient troubler la convention tacite passée ~ntre
narrateur et lecteur, sans laquelle la lecture du roman devient
impossible: la" temporary suspension of disbelief"l , de Samuel
coleridge. Le lecteur est censé croire ce qu'Jl lit ,et
accep-ter toutes les informations fournies comme vraies et indiscuta-bles, se).on la loi du récit dont l'objectivité est la garantie.,
Pourtant. les interventions de l'auteur'n'entravent pas la le~
ture. Au contraire. elles y contribuent activement et l'infl~
chissent de façon si marquante qu'elles sont au centre d'une problématique de la lecture romanesque.
A l'objectivité dù rêcit, garante de son intégrité, i l e
faut opposer le caractère subjectif des interventions de l'au-teur, qui suppose, par d'finition. leur identification coaae un
"
ensemble discursif. Au narrateur 'absent du récit, s'oppose
".\ lsamuel Colerid9~, Biogr.phi. Literaria (Londrea:
Pickening, 1847).
1.-1 _'
...
.
...
. 'e.
;
\' ~ ~ , -, - - _. __ .. _---1l'auteur qui, par ses interventions répétêes, Cjstitue un dis-'
cours perso;nel
homo9'~ne
à l'intérieur de l'o~vre.
Ce discours" l 1
'\J<:' •
-,
--~èst
subjectif en ce qu'il est lié à l'auteur par le renvoicons-, <
tant à
un
"je" personnalisé, attestant la présence de celui-cien tant que sujet parlant: l "Est "subjectif" le discours où se
marque. explicitement ou non la prêsence de (ou la refêrenae à)
je, mais ce je ne se dê fini t pas autrement que comme la "per~
sonne qui tient ce discours, de m~e que le present, qui est le '
.
temps par excellence du mode discursif, ne se dêfinit pas autre-ment que comme le moautre-ment où est tenu le discours, son emploi marquant "la co1ncidencê de l'êvénement dêcrit a;"e'c l'instance du discours qui le décrit". 2
Nous reprendrons les premières phrases du curê de Tours
pour d' emblêe donner un ex~ple concret:
Au commencement de l'automne de l'annêe 1826, l'abbé Birotteau, principal personnage de . cette histoire, fut surpris par une averse en
revenant de la maison où il était allê passer
'. la soirie. Il traversait, donc, auasi ~omp
tement que son embonpoint"pouvait le lut
't "
\
\ J>
111 est bien entendu que
"objeC~V)itê e~'
'subjectivitéso~ ici définis par des crit~res d'ordrè proprement
linguis-tiques." -(Genette).
'\
-.
2Gérard GeJl4ttte,
"Fronti~re.
du~ci
t lt, Communication 8 (1966), 160. "
)
c ':" ) , .if1
:~
..~i
.~ ,.
<J
'~'
, ~ ~,~-•
1•
"1\
.'--
Î~ennettre, la petite place déserte, nommée
I!.e çloitre, qui"se trouve derrière l~- chevet de Saint-Gratien, à Tours. l
o
NOus, voyons
tr~s
bien comment Il principalpersonnage)d~
cette histoire" rom;: l'unité du récit par
l"int~rpolatj.on
G
jugement catégorique sur l'un de ses éléments, le personnage de l'abbP.. Ce jugement témoigne d'une~~onnaissance préalable du texte en train desè
dé'rouler -sous les yeux du lecteu.r et ren-voie ainsi-à une instance supérieure au récit. La phrase~se comprend telle quelle sans ~'il so~~ nécessaire de découvrir ,;ui parle alors qu~le ~,\ugernent: int~rvëntion externe, appelleimmédiatement à la réf~e~ion'6ür ~'identité de celui i
l'é-'nonce. Il s'agit évidenment de l'auteuz: qui jette masque (celui du narrateur absent) et qui, de ces quelqu~ .. perce la
trans-..( ,~
parence du récit afin: de s' exprimer
~~~s mé~n. celjt~
identi- • 'fication donne tout sori poids à l'intervention \ a ; , au'c!:on-traire du ;écit où personne ne parle,
c'est-~~di~ù
le lecteur n'a pas à se demander quelle est l'identité et la situation der-'-~elui qui parle popr saisir ie s~,ns, de ce qu'il di t, dans l '
or-"\
dre du discours l'état et
e~
né"ess';ire.~
labO~l\e
la personnalité de celui qui compréhension du sens. 2
\\
parle'
lHono~ 'de ~alzac, -Le curé de Toura (Paris: EditioÎls Albin Michel, 1960).
2Ge"ette~ "Fronti'res d\l Récit", p. 160.
,
..
-•
," '1.-- '.•
".
\ . J .1 ---) '1-: 6 . ...::....
Dans ce m~e passage. nous pouvons voir que le discours
n'est pas asstmilé pa,F le r6cit: il 'demeure distinct et se \
repèrè sans difficult~, parçe que le récit, fragile et trans-parent, ne saur~it intégrer ces enclaves discursives "'aussi
facil~ênt que le discours accueille les enclavés narratives: le récit inséré dans le discQurs se transforme en élément de
discours, le discours inséré dans le récit'reste discours et
forme une sorte de kyste tr~s facile à reconnattre et à
loca-l1ser. , Il 1
Genette noup_ donne l'explication de ce phén~ène~ La
-~
pureté du récit. affirme-t-il,'est plus facilè l préserver que
1
celle du discours: " ••• le discours
~'a
aucun:pur~té
lpréser-:::~:::O:,ll
e:u::s
~:: ~:::l'
l:U
~:::~~: :::t:::~t ~::r
un mode particulier, défini par un ce'rtain
n~re
(d'èxc~usions'
et de conditionsre~ictives (ref~s
du pr6sent, de lapremi~re
. " , ~ personne. ~tc ••• ). d'être discours,jle 1 . jIl .. 2 U1-m~me.
-
~ \Le discOure .peut ·raconte~'/8an.·ces.er
~
l ' , t .:~;; . . , , )
riei t
ne
,peut • discourir' sans sortir de,\
.
1 ~.,,"~4i.~.
-Genette, "'ronti~re8 du R6odt", 160 •
..2~ •• 161. .
-l 1 1. "•
•
'...
~.
'-: ... .' -,'
7
Dans le roman classique, il n'es~ de récit l.l'état pur, libre de toute enclave discursive. Il n'est de roman qui
n'~ptretienne cette dialectique du récit et du discours. Dans
cette optique, il est évident que les interventions ne sont ni
accidents ni, caprices d'auteur, mais ~'elles jouent un-~le
vital et répondent ~ une attente.
Le discours, quoiqu'en relation "dialectique constante
avec le ·reci't et y adhérant par des liens évidents, procàde donc
néanmoins d'une rialité
diff~rente.
L'on ne~ut co~fond~e~
tant sur le plan théorique que sur celui de l'analyse. ces deux~
ordres du langage. Chacun fait appel
a
de. critàres d'analyse et des matériaux conceptuels-qui ne colncident pas toujours etil appara1tra que l'êtude des interventions de l'auteur ne peut
se faire entiàrement selon les schémas tradit~onnels de
l'ana-lyse structurale du récit.
Le ricit est une construction, une fabrication, élabOr'
\'
suivant un mode 6troit de conventions rigides. Monde cIo...
re-o
férmê sur soi" il proc~e d'une réaliÛ interne qui ne 'renvoie quel sa propre raison d'Atre. Il demeure fragile par le fait
qu'il aspire n6ce •• aireaent l'une ~n6itê totale et .ne ••
u-rait admettre d'6l6.anta de l'~6rieur_
Au
contraire. le<'l \ . "
discours est la for.. ·n.turell~· du langage, le v6hicule
) / " J '.; ~ . :1 ] ..~ •• 1;
j
:i
.Ir ... ~•
J
,
•
8~
privilêqi6 de la cc.lunication et de la rep~entation .. une pike
capitale dans l'ordonnance du IIIOI1de.l Le ~cit .. ~ toutel
pa-role constitœe. serait ainsi" intêq~ pans l'ordre du discours
et n' y tiendrait qu'une place JM>deate.
.., ,
J'
C'est un paradoxe de la littérature que ce récit minori-taire devienne .prepondérant dans les oeuvres de fictions en prOBe.
',-y supplantant le discours. rêtroqradé au ranq d'intrus. Ce qu'il
.
~--.-,faut noter dans cette ·inveràion. c'est un nouvel état dè':-la
ma-tière discursive, l savoir l'incursion dans 'le n§cit de "l'ordre
du monde", de la rêalité. Par la parole de l'auteur, l'ordre
.
extérieur se dresse contre la raison' fictive du récit. Oue
signifie cette dialectique du récit et du discours pou~ le genre
romanesque. COI8ent le récit réussit-il l établir et l imposer
sa fiction l ce~ de la' présence continue du réel? Au fond,
comment le romanoexist~t-il dans de telles conditions? Voilà
quelques-unes dès" CNes tians auxquelles nous tAcherons de , ,
rêpon-dre par l'ana1yse du ais cours balzacien •
. La pr_i're 'tape de ce travail aera de déCJaCJer 1..
cri-t~res d'analyse qui vont lui servir ~e cadre. Dana un pr.u.er ,
. :
••
-.
•
9 1temps, il s'agit d'arrêter les fronti~res entre discours de
l'auteur et récit. Le problème des limites se pose surtout
dans les cas où quelques mots ne formant pas m~e une
propo-sition constituent une parole- de l'auteur. Le lecteur rel~vera
,
sans doute, en y regardant de pr~s, le caract~re
intervention-n~ste de .ces parcelles de phrases et de toutes ,~~s fonctions
~ .. ~.,.}
; .. ~
syntagmatiques ne possédant pas en elles-m~es
la
clef de leur signification première. En d'autres mots, le sens au niveau(
le plus élémentaire est, dans ces parcelles, dépendant du récit /'-..
dans lequel elles s'enkystent. ~~
c
Nous sonunes en
position et la phrase)
'.
~ésence d'unités syntagma~iques (la
pro-à \'intérieur desquelles passe la fron-tière entre le récit et le discours. Théoriquement, l'unité de
la phrase; 'sa cohésion sémantique, s'oppose à l'unité
sémiolo-gique du discours d'une part et du récit de l'autre. Il est
évident que la cohérence de la phrase ou celle de la
proposi--:....
tion transcende toute catégorisation sémiologique.
1
Des 'interventions d' un ou deux mots, sans verbe. n'ont
pas, p~emiè~ement, de. forme syntaxique, descriptible,
deuxi~e-ment, de significations-précises rêcurrantes.(elles ne peuvent
,<1
former de catégoriès sémantiques en elles-mimes. donc elles
•
. ~ ,•
((t , .i2P il ~'\."''-' J l, i 10typologique. Un adjectif qualificatif reste un adjectif
quali-ficatif, quel que soit le contexte dans lequel il se trouve: on ne peut concevoir une intervention qui ne' consisterait qu'en un
tel adjectif ~lissé 'dans une phrase du récit. A notre sens. il
existe des unités syntagmatiques' qui ont l'apparence d'une in-tervention de l'auteur du falt qu'elles exercent des fonctions
ana1ogue~. Le jugement est l'un des crit~res formels
d'interven-tion. Cependant, cela ne signifie pas que tout ce qui juge est
nécessairement intervention. Il existe des commentaires de la ,
narration, des jugements de,narrateur. Ainsi, la frontière
entre récit et discours se, trouv~t-elle déplacée à l'extérieur
de la proposition et cette dernière représente l'unité la plus
i
réduite de discours pouvant subsister ~ l'intéri~ur du récit.
~, L'autarcie sémantique est la condition sine qua non d'une. unité
discursive indépendante.
Dans un second temps. il S'agit de déterminer le.
mé-thodes de classement et de répertoriage des interventions, 'afin
.
d'organiser de mani~re çohérente et opératoire la mati~re
étu-diée.
Les interventions se présenten't sous différentes foxme.
et r~pli8sent les foncti~ns les plus vari6es. La fonction
re-présente le critère .ssentiel dans ~e cl~.ement auquel
\
)' r . " t
•
\ 1 . . . . ,;·.,r...
•
I lrenvoient,ultérieurement toutes autres différenciations, quelles
!
que soient leurs assises premi~res.
Ainsi A un autre crit~re important tient à la diversité
des formes qu'empruntent les inter~entions. Cètte diversité
per-met un regroupement sur la base de structures formelles identi-ques qui, une fois définies, peuvent devenir un point de repàre
o '
précieux pour la détermination de frontiàres précises entre le
domaine de l'intervention et celui du ré~it.
Le titre, les proverbe, le dicton, la maxime, l'adresse au lecteur sont autant de formes possédant des caractéristiques
morphologiques précises et constant~s qui pe~ëttent de les
uti-[
liser comme éléments de classification. -
~tre
part.l'impor-tance de ces formes tient à deux rais~ns ~upplémentaires:
pre-mi~rementi la déterminatjon du contenu et, par extension, la
maltrise des possibilités fonctionnelles •
Dans ce sens, elles renvoient au critère principal. En
effet, lorsqu'on relàve une intervention donnée4 on peut lui
reconnaltre un certain sens selon la-forme qu'elle arbore. Si
l'on 'tudie les 'caractéristiques ,d~ certaines formes, une fois
.
..
que l.'·on aura identifié l~s int,rventions y: corre.pOndant, on
pourra s'y rapporter pou~ évaluer leurs fonction., car l'on
,
..
,, ,
'.
0, / , / v , .•
12peut .P08jtuler que deux interventions, de forme et de contenu
~ellbl..,les, auront "des fonctions sinon identiques, du moins
très resseablantes. Il ne s'agit pas d'affirmer une
correspon-dance pa~faite entre la for.e et la fonction, mais entre la
~, fo~ et certains groupes de fonctions.
~
Une fois' cela réalisé" il restera à étudier les
différen-ces fonctionnelles entre des interventions formellement
sembla-bles et les siailarités pouvant exister entre interventions de
foraes différentes. Les formes susnommées représentent donc des
4
.
catégories formelles qui sont un,p~emier niveau de classification.
Il existe des interventions qui demeurent en dehors de
ce classeaent, on ne peut en rendre compte sur la base de critères
formels. C'est-à-dire que. d~s .
.
plusieurs cas. il y a des inter-. ventions qui ne correspondent, à 'aucune constante formelle, etlorsqu'il s'agit de les classer on peut faire appel à un critère
{
de contenu. On peut les ·regrouper en ca~gorie8 en 8~ fondant.
"
sur cette siailari té sé.antique: ée sont" ... d'une part" les
diqres-sions. ~e l'autre" les ~ . . entaires et les jugeœents. Avec ces
.
deux catéCJOries ca.plélaentaires. ~oua avons un recoupaqe du sujet
à l'intérieur duquel s'inscrira notre analyse •
•
Les digressions, par d6finitio';, n~ font pas partie ~du -r'cit. Elles varient conaid6rfbl.-ent d'un exemple à l'autre et
...
.
"•
...
•
" 13 l,il faut don~ s'appuyer sur une distinction de' contenu pour les définir: digresset:, c'est·, 'se perdre en dehors,
.
Si éloigner dusujet. Le commentaire, quant à ~ui~ poasàde bien quelques
for-"
mes récurra~tes mais elles ne sont pas syst~matiques et ne
peu-~ J r ,
vent fournir mati~re à, un d~coupage catécjorique~'\\ par exemple, .\ ....
\.
les jugements conunençant avec "bien que" et "quoiqu~:' àont
fre-... "' ...
quents, sans toutefois recouvrir la totalit~ de la cat~çorie.l \\
",
\ .
, Les problèmes de choix méthodologiques sont vitaux ~n ce
...
qui
concerne ce genre de taxinomieraisonn~e
qui est latypolo~e.
,.
\ , 0
Nous avons cru les res'oudre en distinguant les deux ni veaux com-:\
..
, ,
..
plémentaires de classification: les catégories générales
~t
les \ \ types précis. p~r ces divisions, nous avons pensé faciliter,
11 intelligibilité de 11 analyse. Pour résumer, cette derni~re
consistér,v} évaluer la signification des interventions sur deux •
niveaux: d'une part, 11 impact signifiant de çhaque type dl
inter-, ,
vention selon son contenu, ses structures formelles et son
articu-r ' C
lation dans le text,: de l'autre, le sens qlobal de
l'interven-, 0 , ~
·tian en tant <Ne structure signifiante à 11 intérieur du roman
\ balzacien.
"
~, \ \.
lIl. ne peuvent fournir mati~re l un découpaq8
'.
... ,
\
\, . ,
..
r. Chapitre premier
LES CATEGORIES D'"INTERVENTIONS
Le ·titre.·'
Le titre est la prem~,aré intervention que rencontre le lecteur.' C'est également la plus bràve, mais cela ne l'empêche
nullement de jouer un rôle tout a~sai marquant que d'autres
in-terventions mieux étoffées. Le titre donne un nom A l'oeuvre,
il en constitue l'identité: ce par quoi elle est rêputée et
~d.entifiée: en qu~que sorte, son état civil. Cependant, comme tout état civil, le titre n'est pas neutre et innocent:
il pe~et la connotation de certaines caractéristique., de ~
nière plus ou moins 'détaillée s.lon les cas. Ce faisant, et en
~ , .
tenant compte de son rÔle nominatif, il opère une ~duction du
sens de l'oeuvre dont l'influence sur le lecteur prospectif eat
, \
importante grlce', surtout, A la' place de choix que, constit~ent
la couverture du volume et le haut de chaque page.
'\
La situation du titre e.t 'quelque peu paradoxale dan. la
mesure bù elle prate • de. ~nte~r6tation. contra41cto!r •••
.
'-14
•
•
.-.. - .- -_.----...---... ,
15
titre. par exemple, pourrait être conaidérê coaDe une entit6 q
externe et étrang~re ne faisant pas réellement partie du livre.
Il serait donc en dehors de l'oeuvre et ne pourrait être ainai
qualifié comme intervention. Dana cette hypothàae, le titre ne
'serait qu'un signe ipdifférent et neutre. dont le signifiant
renverrait à un signifié rigide, circonsctit et pa~vre et dont
les fonctions seraient réduites A l'extrême.
Cette position nous paratt insoutenable sauf, à la
ri-gueur, dans le cas de titres qu~ consisteraient uniquement de
chiffres. (Ce n'eat pas le cas du roman). De toutes façon~,
, J
dans le roman balzacien, le titre renvoie à un découpage de sens
dans la mati~r~ romanesque. Il en découle une influence sur la
lecture qui ne laisse aucun doute sur son appartenance pleine
et enti~re A l'oeuvre.
Cette influence se faii: sentir sur un double plan
dyna-mique: a priori, sur la couverture, le titre sugg~re une
certaine idée de l'oeuvr ... qui. d~a le départ. va acc:ompaqner le
lecteur au fil du texte: en progressant. il va se développer ~ .
une relation dialectique entre cet a priori et le sens produit
par la lecture. Cela repriaente, l ni en pa. douter, un
inflé-"
chia.ement de la lecture. de la façon dont le lecteur perçoit
le texte. Que lion iJaagine le changa.ent de perspective ai
· , · , t
..
,,' ., ~ ·.
•
') , 16
!
Le P~re Goriot avait porté un autre tftre, s'il s'était appelé
\
par exemple I l La Maison Vauquer" ou bi~n .. Les ~buts d- un
ambi-tieux". ~ Supposons que le titre de La Fille aux yeux d'or soit
changé pour "Une Aventure parisienne". Dans ce cas, certaines
parties du rêcit seraient altérêes: à la vingt-siKièae page (au
tiers du rêcit), l'un de. personnages, de Marsay, décrit à un
ami, une jeune femme qu'il a aperçue en se promenant aux
Tuileries:
Et d'abord,'ce qui m'a le plus frappé, ce dont je suis encore épria, ce sont deux yeux jaunes comme ceux des tigres: un jaune d'or qui
brille, de l'or viViant, de l'or qui pense, de l'or qui aime',et-"e\lt absolument venir dans votre gousset (~, •• ).
Nous ne connaissons que ça m9n cheri s'écria Paul. Elle vient quelques fois ici, c'est la .Fille aux yeux d'or. Nous lui avons donn~ ce
no~là. C'est une jeune personne d'environ
vingt-d~ux' ans, et que j'ai vue i<;i quand les
BÇ)~rbons y étaient, mais avec une femme qui vaut cent mille fois mieux qu'elle. l
Ne serait-ce le titre, ce passage n'aurait pas le même
relief ni la même portée. Elle ne saura~t éveiller son atteption
comme elle le fait pa~ l'allusion au surnom du principal
per.on-'-':l:
nage. L'on peut penser que la demi~re phrase dominerait ceIBalzac, La Fille aux yeux d'or (Paria:
19S8), p. 192.
Gallimard,
~.
•
. " ... " , '~>,17,-'
, , ,?
t'passage et aurait un plus gran~'i~act dans l'éventualité du
;" ,J '
troisième titre plausible, qu~aurai~ peut-être "Deux filles
d'Eve". Cet exemple aura suffi, 1\OUS croyqns,
a
convaincreceux qui en douteraient, que le titre co~stitue bien une
inter-vention de l'auteur.
Dictons, proverbes et maximes.
C,es petites formules lapidaires sont souvent aussi
-Cf?u-rantes dan a l'univers romanesque que dans le nOtre. .., rtement structurées selon des conventions strictes, elles groûpent
en ces trois catégories qui cor~espondent chacune à de précises
exigences formelles.
1. Dictons et proverbes., ",.
- ",'t
."
Ils sont l'expression dfune séculaire"sagesse populaire, , ,
'
la pro~erbiale sagesse des natio~s. Le proverbe et le dicton se ,
distinguent par leurs' atructuX:es sémantiques. "Le dicton
signi-fie exactement' ce qu' il,
af~
.~s ~'il
'.oit besoin decher-cher son sens ailJeura
que~s
"l'intentionalité lin6aire od'1
il se trouve":
~.
"Le vice. est ùh l\lXe".l Au contraire, le lBalzac, La Peau de chagrin (paris: Gall~d, 1966),••
•
"
", 18
"
proverbe est
~o~m~-'
'fi9Urative métaphorique dont il faut chercher 1e sens dans l'axe de la connotation •. Pour Greimas,, l i les proverbes sont des éléments connotés, les dictons sont des
l l '.
éléments non connqtés". Si'la vérité du dicton e~t déjà
pré-sente~ns son élément syntagmatique, celle du proverbe est
A
déchiffrer dans le paradigme des tls ens " possibles: ex. "Au
royaume des aveugles, les borgnes sont J:'oisl l •
2
, Les proverbes et les dictons" possèdent un certain nombre
de caractéristiques constantes.
a) !.o!.~ ~rchalgu~. L'archalsme est principalement
mar-qué par l'absence de l'article défini, l'absence du pronom
per-sonnel et d~ l'antécédent ("Rir.~ l~ien qui rira le, dernier") 1 ~t,
dans l' inversioD de 11 ordre des/~ts dans la phz;,ase ( .. Au rOy~\UDe des aveugles, les borgnes sont rO,is"). L'archa!sme iert à
sou-ligner le caract~re séculaire et ancien, le plus souvent, c'est
délibérément qu'on lui donne une tournure archalque destinée l
~A.
J.Greimas~,Ou
Sena(paris~
Le Seuil, 1970),pp. 310, 311. Greimas d'finit la connotation comme "le trana-fert du siqnifié d'un lieu sémantique [celui o~ il a. placerait
'd'après le aiqnifiÂnt] en un autre".
2Illuaions perdue., p. 137 •
•
; j,'..
•
1 / / 19commander le J;'e8p8ct: dana l'imagination POPulaire, la notion
de/8~qesse ~st i~àéparable de celle de vieil~esse.l .
,.b) Da~ ce même ordre dl idée" l'emploi exclusif du
pré-o
sent de l'indicatif et du mode impératif comme temps des dictons et des provex:bes renvoient à une absence
verbe n'est pas suscept~ble d'évolution.
d'hi8toriC~~
pro-Au pré8en~, i l n'est
pas daté, f1 se situê hors du temps historique. Cela lui
con-fère ainsi une apparente" immuabilité qui va
aè
pair ave~ l'image(".
de sagesse .. L'impératif lui aussi, lo;Jqu'il ~st utilisé,
accentue "la perm~nence d'un ordre mor~d 'îl'ns var iations" .2
c) Les prove~bes et les dictons sont toujours construits
sur deux cha:1nes syntagmatiques qui se trouvent e~ opposition
"
catégorique: "Après la pluie, le beau temps", '''Autres -temps,
autres moeurs", "Comme on fait son lit, on se couche".
2. Les maximes •
3"", .
En tant que sages~e des nationa, ies ~roverbes et les
dicto~, sont dépositaires de normes: ils indiquent ce qui est
, l '"
~
.
lvoit Greimas, Du sens. )
2 Ibid •
-
~,-J' 3A
~o~s
de las.~se
desJ.tiona, .
perelman diffjre de,,Greimas en .ce qu'il l'attribue
a
la max.i.JDeI"Le.
maxi . . . ne" co , ~ J 1 ~ ~ '~ ~1
'J}
-~, ...
- ' ,~ ~-, , c.•
•
..
20 .'
conforme A l'u~age et ce qui n~ l'est lpas., cela est égalemebt
vrai de la maxime, mais elle assume ce rOle normatif d 'un ~int
de ~e bien ~~fférent. Elle possède de subtiles différences1qui
la distinguent et qui évitent le tr~ditionnel amalgame entre .
,
maxime et prov~rb,e.. Pour illustrer la confusion assez répan$iue
,
-à propos de ces formes, nous reproduisons les définitions du
.
,( , t " {'
Dictionnairè illustré des pensées et 'maximes, (paris, 1963)
~l
'\
condensent pas seulepl~nt la sagess~ des nations--elles sont aussi
,v,
l,
,
un des moyens les plus effiçaces de promouvoir cette sagesse et, j
de la ',fair~ évoluer: l'usage des maximes nous fait toucher, du
dQigt le rOle des valeurs admises et l~s procédés' de leur
trans-fert" (cft per'elman et L. Olbrechts-Tyteca., Traité de l ' a~- .
mentation, la nouvelle rhétorique, 2e édi-tion (Université lfbrê
de Bruxelles: Editions de l'Institut de- S06iologie, 1970).
lpour compléter ce tabléau, nous donnons les· définitions
t ~
suivantes des"dictionnaires Larousse et Robert.: Nous attirons
1 ~ttentiori sur les articles relativemen~ plus nuancés et plus
précis ~u Robert. j
Le Petit Larousse, (paris: Librair ie Larousse, 1959).
adage: proverbe, maxime.
aphor isme: ~ime énoncée en peu de mots, adage.
dicton: mot, sentence passée en proverbe.
~maxime: proposition générale énoncée SOU8 forme de précepte.
, . pensée: maxime, sentence.
précepte: commandement, ensèignement. règle de conduite,
règle. princi~ qui enseigne avec autorité la
manière de faire une chose.
pr.overbe: maxime expr im6e en peu de mots et devenue populàire.
sentence: penaée courte ~ 'une portée générale et de valeur
morale •
' ! •
••••
> .. .' ,...
•
/
/ / / , .'-" " / / - - ' 21 /.a'dage z proverbe, maxime.
aphorisme: maxime énonc&. en peu de JIIOt., adage.
maxime: proposition générale énoncée .oua la forme d'un précepte.
pensée: maxime. sentence.
,sentence: pensée oourte d'une portée géné'rale et de valeur morale. "
La maxime diffàre des proverbes et dictons par ses
ori-..
gines et subséquemment par son évolution historique, par son (
domaine particulier qui se limite à la morale et par sa syntaxe.
Maxime vient du latin maxima sententia qui, au
Moyen-Age doésignait une, sentence juridique, un arrêt de justice d'une
• 1
Paul Robert, Dictionnaire alph~étique et analoqique ~e la
lan9U;e française (Paris, 1972) •
adage: maxime pratique ou jur idique, ancienne et populaire.
aphorisme: formule ou Iprescription résumant un point de science ou de morale.
dicton: sentence pa.sée en proverbe. ~
maxime: règle de conduite, ragle de morale, appréciation ou jugement d'ordre g6néral. Formule lapidaire énonçant une maxime.
précepte: formule qui exprime un enaeiqnement, une règle,
une recette (art, science, morale, etc. • •• ).. proverbe: vérité d'expérience ou conseil de sagesse ,
Fatique et populaire CODDWl
a
tout un groupe socialexprimé en une formule elliptique généralement
imagée et f~gurée. '
sentence: pena6e (surtout .. ur point de morale)' exprillêe
d'une manière dogmatique et litt6raire.
•
/
•
22
1
aiqn~fication gênérale. La forme évolua hors d~omaine
juri-\
.
~ ~digue pour passer dans celui de la morale, ~is elle~conserva de
ses o}:igines un caractare impératif et. légaliste. La Bruyère
écrit dans la, préface des Caractères: -Ce ne sont point au reste
,
.
des maximes que j'ai voulu écrire: elles sont conne des lois
dans la morale,' et j'avoue que je n'ai ni assez d'autorité ni ,
assez de génie pour faire le législateur-. 2 .
C'est avec l'oeuvre de La Rochefoucauld que les maximes.
sont définitivement assimilées à l'ordonnânce et à la
propaga-tion nous
de
pr~Ptes
n'usons plus
\
moraux. D'apràs Margot Kruse, -aujourd'hui si le teJi"lDe maxime dans un sens précieux et galant,
nous le devons à La Roche foucauld qui a fait de la ~i.me un
forme morale par excellence (ce qui a rendu d'autres .iqnifica-tions incompatibleS)".3
~
lsur l'origine juridique de la maxîme,eokrado Roaso,
(La Maxime, 5a99i per una typologia critica, Napoli: Edizione
Scientifiche Italiane, 1968, p. 60) note: 'ME nota l'origine
giuriqica del termine (·max~ sententia-) implicante
l'univeralalita d'une legge 0 principio guiridioo: in questo
senso la -IMaaima e -un aaa ioma giur idico ••• M •
/
2Roaalo, I.a MaX~, p. 43.
. '
3Ibid., p_ 82,
-se
oqgi--oonclude la studio.atedeaca--non ua;i.amo piil 'maxime' en .el18O prezio.o-9'à~ente.' 1'0 dobbi.., 'a
La Rochefoucauld che ha fatto della 'lIAXima' là- . . . . t.a ~ale
pêr excellenze ·(coaida rand.ra inCC*pêltihi1i altri aignificati)- •
•
J;
,
23 (
une maxime doit traiter d',n sujet intéressant la morale
et le comportement. Plus qulune simple expression de la norme.
elle est une exhortation' se bien conduire. l.se confo~er et
l obéir aux
r~gles
qu'elle 'propose. 1. 'Depuis La Rochefoucauld,...
elle est constituée en un genre littéraire élevé et nobld, qui
Si oppose aux proverbes populaires: "Les maximes de M. de' La
•
Rochefoucauld sont les proverbes des gen~ dl esprit" disait
Montesquieu,2
affirman~
la vocation aristocratique du genre, confirmée deux siècles plus tard par l'Abbé Joubert k ,"Une maximeest +Iexpressiori exacte et noble d'une vérité importante et
in-/
contestable. Les bonnes maximes sont les germes de tout bien:
f. •
fortement imprimées dans la mémoire, elles nourrissent la
vo-lonté. I•3
v ,.
,
6 1
C~. Perelman -et Olbrechta-Tyteca, Traitê de 11 argumen-tation .•• , p. 224: "La maxime, telle queula d'cri"Arist~te
(Rhétorigpe, live II, Chap. 21) est bien ce que noua qualifie-rions aujourd'hui da jugement de valeur. Elle conf~re, dit-il, au discours, po caract~re éthique. Sa signification tient l son êlaooration sociale. On l'énonce pour suggérer son applicabilité
l une 'situation particuli~re. Plus 8a forme est reconnue. plu. llénoncé, avec les conséquences qu'il entralne, sera ai.ément admis."
2 ROS.o, La Max,-, p. 44.
3J . Joubert, Pensêe (paria, Graaaet, 1909), p. 122.
/
•
'
..
•
•
24
Il est important de constater qu'au fond la maxime pour-,
t,
rait être un dicton, mais un dicton littéraire;
Il
réside la grande différenc,. La littérature demande une certaine disci-:'
pline de langage, qualité qui témoigne de l'importance et de
1
la bienséance_ de l'élévation morale et esthétique du sujet
traité par la maxime. (Il existe bien des recueils de
prover-bes et dictons mais destinés A une consommation populaire: ils
n'ont jamais acquis, pour la littérature classique, une
impor-tance comparable aux maximes.)
Il appala1t donc que la maxime est réservée
A-l'expres-sion d'un consensus moral de l'élite des nations. E11é"est"
fortement marquée par les notions d'effort et" d'abnégation que
lui a imparties le ato1cisme de La Roçhefoucault et qui sont,
•
dans une certaine idéologie 1ittéra~re" les grandes qualités de ceux qui commandent.
~
, Par 1e~ mAme~ mécanismes que les proverbeà' et dictons, la ~
maxime prétend A l'universalité et -8e pose cOlIIDe vérité en
de-hors de toute temporalité. Ici, le procédé est d'autant plus
flagrant que la maxime est le fait d'un auteur que l'on connatt,
o
ce qui permet une localisation historique précise: son langage
est contemporain de la pensée qu'elle refl~te. Nous sommes loin de l'anonymat et de la fixation ardha1que
~u p~verbe.
Dcma ces•
\•
"1
j", 25conditions, i l faut se demander quel est l'él6ment qui
sou-,
tient la J;)rétention dl universalité de la maxime. Cet 61ément,
qui demeure hors texte, Cl est le prestige de 11 'auteur" 'son
talent singulier et consa~r' qui lui permet de saisir la
v6-rité.l
La personnalisation de la maxime est attestée par la " ,
l.angue parlée dans les expressions de ce type: "Le gé~éral
avait pour maxime de .••
.
Il (ou M. Dupont a pour maxime Ide ••• ),suivit de la maxime en question. Ainsi, i l nlest pas surpre-nant., que lion trouve plus de maximes que de proverbes- dans les
romans, en particulier ceux de Balzac. Pour terminer, ex
ami-\
nons sa morphologie et ses autres caractéristiques formelles, , afin de mieux préciser similitudes et divergences avec les proverbeà et dictons.
a) Une maXime consiste toujours d'une phrase ent~~re
comportant-deux Propo&ition:) La particularité de ca.
propo-sitions est qulelles sont rêlerSible., sans pour cela perdre
1
Montherlant met en doute ce talent de nos grands
hommes 1 "H'.st-il pas admis une foia pour toutea", dit-il,
"qui il ni d t pas de 1 sentences' ~i ne pui.sent atre
retour-nées CORDe un gant, son contra~re é t u t a~asi vrai qu' ell." •
(Rosso, La ,Maxime, p. 137). '. 4 . >~j . j .1\ ~~
-
1o
••
•
1""
..
?•
.
26tout sens: elles deaeurent qraa.aticala.ent in~Jliqibles.
1
-A force de s' 'intéresser l tout, le Par1sien finit p~r ne s'intéresser à rien.- l
• A farce de ne s'intéresser l.rien, le Parisien~'
finit par s'intfresser l t o u t . ' .
/'
-t'avarice ~ence'o~ la pauvreté cesse."
La pauvreté ~nce oà l'avarice cesse. 2
Les deux proposi se co&pl~tent dans une opposit~on
dic~ons. Le lieu de cette
ppposi-tion est le plus souvent ocalisé dans des'couples de mots. COImDe -tout- et -rien- dans la prelllière citation. et "cOIIIDence"
"
) .
et McesseM dans la seconde.
-.
b,
COBDe les proverbes et dictons, là maxime 'utilise..
presque exclusivement le teape présent. Elle ne peut être à,
l'impératif car les exigences de style l'interdisent. A ce
p~poa, peret.an fait quelqûes remarques jUdicieuses à l'effet
que le teaps d'usage confinae la voc~~~n explicite de la
ma-•• <
xime. -Le présent- dit-il. -exprime l'universel, 1. loi. le noa.al:. Le présent est le tealps de la maxime, de la sentence.
laalzac. La ,Fille aux yeux d'or,.p. 166. '
2 ' ~
,Balzac. Illusion. perdues, p. 70.
()
.
"
'. -. "
'1
l
y
•
\
•
'ô 27c· est-A-dire de ce qui es~ 'PonS~dér' cODllle
\
toujours ·actuel,
)
.
,
jamais périmê--c'est le prisent qJ'i semble par Il avoir le rOle
le plus équivoquei c'est lui qui exprime le mi_ux le normal
~
,
dans son passage vers la. norme." 1
c) L'archa~sme de certaines maximes n'est pas de mime
nature que celui des proverbes. Le premier est dO ~ la sêleé-tian du vocabulaire, le choix de vocable dont le caractàre est
! 1
ancien, en tout cas dépassé, alo~s que le second est d'ordre
'~ntaxiquei par exemple, la suppres~ion de'l'article dêfini ne se' rencontre que dans les proverbes et dictons. ,
il
COmmentaires et jugements.
Ce sont des interventions beaucoup moins volumineùses
que les digressions, mais plus que .les maximes et ..proverbes.
Elles se rapportent directement aux personnes et êvênements im-~.
mêdiatement en cause dans le Ncit. Du point de VUe fonctionnel,
ce sont les interventions le~ plua proches du riciti ce sont ./\-:
aussi les plus nombreuses. Nous les citons dans leur contexte:
1
pereLman et Olbrechta-Tyteca, Trait' de l'arqweenta-tion ) ••• , p. 216 •
...
t•
"
{
\ : ,
,
,...
28
Pou,r Lucien ces deux 'heures passées au, th4atre
furent èonme ùn r~ve. Leà cou,lisses, maIgri
~borreurs, avaient commencé l'oeuvre de
cette fascination. Le poàte encore innocent y
avait respiré 'le vent du désordre et l'air de
la v,oluptê. Dans ces sales couloirs encombrés
de machines et où fmnent des quinquets ..!lùi-leux, il règne conme une pes te qui dévore l'Ame. l
1
.
_ "
...
,
Les deux premiàres phrases font avancer le r~cit. Elles
. nous cilécriven't d'abor~ l'état'd'esprit de Lucie~, puis
enchal-nent avec une explication de cet é-tat d'esprit: "Les coulisses, ,
malgré leurs horreurs, avaiept ~ommencê 'l'oeuvre de cette
fas-"
/cination" . MMaig.ré leurs horreurs" est
un
commentaire ,de Bal%a~, ...
mais qui est en~e~rê «:!ranm~tiéalement par ~rase à
carac-tàre narratif. Il faut- hésiter à classe(ce
c~DIIlentaire
cOllllle. . . , J
une intervent~on de l'auteur: il s'agit d'un jugement du
narra-teur qui ne donne en rien l'effet d'être une inte~ention
.
.
. extern'e au récit comme ia derniàre--phrase: "Dans ces sales
couloirs ••. il ràgne cODllle une pellte qui dévore l' lme." Voici encore quelques exemples:
( •.. ) il tenta, par aœiti' pour une belle
nature délaissée, mais riche en 'esp4rance,
de remplacer virileaent la m~re: /l'B~li.e
n'est-elle pas la m~re de. orphelins?
lIllusions perdues, p. 297 •
•
D•
'..
. . . . • . . ~ .:~ .... " 291
Quoique le vulgaire n' adlDette pas que les·sentiments changent brusquement, i l est
cer-tain que deux
amants
-se s~pareïlt souvent plusvite qu'ils ne se sont li~s.
--r-li
se 'prêparaitchez Madame de Bargeton et chez Lucine un
dé-aenchanteJDellt sur eux-lIlÊDes 'dont la cause ~tait
Paris. 1 ,
Une femme grande, s~che, 'couperosée. fanée
mal arrangée surtoùtl / En effet, les plis
~~ d'une vieille robe de Paris attestent encore du
goQt, -on se l'explique, on devine ce qu'elle fut, mais une vieille robe de province est
inex-plicable, elle est risible. / La robe de la
femme~~t~" ans grace ni fralcheur, le velours
étai t mi oi té OIIIIIle le te in t. 2
! l.." - ,
La digression.
Les trois catégories d'intervention que nous venons è:le
.
,
voir possèdent'ua~dénOminateur commun, dans l'intentionnalité
- de leur action: fier le récit.
une volonté manif~ste d'inte~enir et de ~
Selon des modalit:é.~ inhérentes _1 chaqu;
caté----
-qorie, l'auteur tient un di~i !st une rêflexion, soit l
"
"partir, du texte,' soit sur le texte, dont la/répercussion sur'le
. '
.
récit est à la fois iDDédiate et évidente. Hous insiatons aur
ce fait pour mieux mettre en 'vidence la pr~lématique cœlplexe
lIlluaiona' perdues, p. 119. 1 ... -2 . Ibid., p •. 186 •
.
, .~ ,.' , ,~
~
-, .~...
~~."•
(
•
'30
que pose notre quatrième catégorie, les digressions. En effet.
celles-ci sont des interyentio~s qui se démarquent nettement
,
du récit au point qu'elles passent pour superflues. pour un
caprice d'auteur dépourvu de finalité précise: d'o~ cette
appellation de digression (en latin: digressio, de degredi:
s'éloigner) . Le Grand Larousse encyclopédique la qualifie de
" ' ... sortie de son suj et", Le Robert, de Il développement" oral ou
écrit qui s'écarte du sujet.
La définition classique de la digress~on est fondée sur
l'écart thématique que représente l'éloignement du sujet. Dans
le discours organisé autour d'un thàme centr~l qlle ,la catégorie
retient comme principe de cohérence. tout fragment qui ne
s'inscrit pas à l'intérieur de la thématique ~e~ase, toutes allusions et saillies qui ne s'y app~+entent pas sans rupture s~mantique, tout ce qui 'ne contribue. ~dans'un immédiat de l'écri-ture, ni à la ~anifestation ni l la cristallisation du sujet, est considéré par les théor~iciens non 'seulement coume hors-sujet, mais souvent c~e hors de l'o&uvre. Il ,existe une
logi-que du discours en dehors de lalogi-quelle toute parole est vouée à
r
l'exclusion. Néanmoins, il faut bien admettre la présence de
"la parole' excluè'" à l'intérieur du discours, sa place'
indubi-,
,table dans la cha-ine syntagmatique.. Ce paradoxe est au centre
,
du problmne que posent ~n.
___
de la diqz~dion et lay
-..
·'
L,
•
31
désignation de la opIace qu'il convient de lui assigner dana
les multiples manifestations du langage. Depuis l'antiquité, (J
les théoriciens se sont attachés l trouver une r6ponae au
di-lenune: comment un fragment syntagmatique hors-sujet
pouvait-il à la fois faire l'objet d'un postulat d'exclusion tout. en
appa~tenant ~ l'oeuvre?
Depuis plus de vingt-trois siècles qu'existe la
rhéto-rique, ce problàme ~ fait l'objet d'un grand nombre
d'observa-tions et de théories sans qu/auqune réponse définitive ne
1
reussisse à s'imposer.
A l'époque hellénistj.que, les opinions de D6IIoathèe et
d'Isocrate, les deux plus grands orateurs de cet~e époque, sont
en désaccord catégorique: "tout ce qui est dit en dehors du
sujet est 'c'ause de trouble", affirme Isocrate (Panathena!que
74) .2 I l ne peut. bien .Or. évi
t~r
l ' écart~A
tb60rieet la ~atique, comme le SOUligne
o.
Navarre cité par Laugaa:...
Chose curieuse, les digressions ne sont pas
rares cependant chez Iaocrate ••• Tout en
----~
violant la r~gle. il
serait
forb_ humili' deparattre l'ignorer. Auasi. a-t- i l grand soin
lVoir Maurice Lauqaa, .. Le Thlltre de la diqr . . . ion
-~ans le discoura clasaique", Sptiotica, 2 (1972). 99 •
'a
•
---32
de dénoncer lui-mime c~s longueurs, les excusant ••• par 11 imPortance des avis
'.
.. 1
'
A' u<N1 elles contiennent ••• lcontraire. Démosthène reconnalt à la digression son
rOle. utile et sa 'juste place au sein du discoursr "une telle
unité (du discours éloquent) n'a rien naturellement de rigide
ni de strict: elle admet de vives sai~ies, des pointes
aven-tureuses, des diqressions même. A condition que l'orateur
n'oublie ni son but ni la voie qui y màne, tout cela enrichit
l'unité de l'oeuvre sans la détruire.4,2
1
,
Chez les Romains, Cicéron attaque la position
)
d'Hermagoras pour qui la digression est une partie du discours.
Pour ~ioêron. c'est le d~scours tout entier qui est le lieu de
digression:
- ' .. . . - - - ~ > ...
~-Ellé péut
.e
retrouver partout. Avant la conclusion. qui est la derni~re partte du - ( }-di~ours, Hermagoras place la digression.
______ -~lle doit renfermer, dit-il, quelque déve-loppement étranger ~ la cauae et au point
à juger: par exemple, l' 6 loge de celui qui parle Si l'on croit que la digre.sion soit uoe partie du discours, on peut adopter l ' avis d' Hermagora8 :
j'ai moi-mAme donné ou je donnerai
f
Laugaa, "Le Th41tre de la digre •• ion dans le dia
-cours c1a •• iCl!le". pp. 100-101. ' l;.
2 Ibid.
-., " ' Q , ,'~~,
.. ,'"' -.
','d ---: .... , 1:; w-" """ . J ,.
'....
1-:;
.~..
,,:-'.~ ." i•
'" c " t ' • ,1 1 (•
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~. l 33 )et
11'u"
1 ••
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et pour le"blame. Mai.
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La dlqr ••• ion o.t donc • mon .via une •• il1i.
;udiei.u... .Itr.ng.ro au luj.t mai,
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J.m"tonn. qu'on pr.nne
t.n~do
poin. do lui .1.i9n.r un .ndroit qui
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naturellomont, ou pourqùoi on l' opiniatr • •
trouver un lieu .eùl propre • la
di9~.à.ion,voyant le nombra et la d1ff6renci d •• chemin.
qui a,!'ournent 1. di.cour. d • •
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train.
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L.uqa. ,ouliift. l'.ttitude commun. d. Cic6ron et
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Quintili.n qui. .an •.
laxi.m~.• ••• i.nt d. fixer li di;r . . . ion
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dan . . . torm. ••
Ilornement. li.u connun, 6109.' d •• cr1ption
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r6cit mythiquo '(co qui revient' 1. cl •••• r
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IbicS.. p. 102 •lJbid.
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..
•
1
.
,Cela s'explique par aa situation 'quivoqu.'au aein d'un
systee rigide d, la parole. En tant que "signifiant flottant
1
dont les contenus sont spec~aculairement lib6r6s", et,' Jr'duite
l so~ sens primordial, la digression fonctionne cOIIIDe la
sou-pape de sOreté dans des formes trop rigides qui, sans Ci? 1 le, .e
r "'"
trouveraient constamment au bord de la dislocation. Toute cause de trouble et de désordre est impitoyablement circonscrite dans
la digression, ce qui ~rmet de la mettre sur le compte du ha':'
-, '
sard, de l'accident ou de l'étranger. La' digression est chargée
de l'insupportable, "dans cette mesure, en purifiant le discours ,
'normal' de ses excès, elle le renforce". 2
..
L'àre moderne nI a pas mis fin aux contradictions.
Laugaa cite quatre ouvrages témoins qui reflàtent la situation
..
de 'la digression dans les écrits théoriques --dés dix-huitiême 'et
Q
dix-neuviàme siàcles, temps des derniers travaux avant
l'immo-if ,
bilisme et l'abandon quasi g6n6ral qui firent de la rh6torique,
un savoir anaChronique, une sèience morte.
..
L'activitérh6to-~
rique se termina san. qu' eu ••• nt 't6 résolus les
1
lLaugàa, "Le Th6atre de ~a_di9ression dana
\ '--' classique", p. 102.- . ~ .... , , 2 , Ibid., p. 104 • ." " ,
---..."...---~~ ~-~-,
•
••
• JS.,.
~soulev6. par la/digression. Laugaa souligne que les textes
t
parus entre 1670 et l8?0 (rb6torique., encyclop6dies,
diction-naires) riv~l~t qu~ "des exclusiona plus catégoriques et la prise en considération d'un mat6riel moderne, inconnu de.
an-f
ciens, confirment les incon.istahces du syst_ to~t entier et,. permettent de d'finir la digression par les lacunes qu'elle
Il
ldessine dans la th6orie". Ou'il s'agis.e de renforcer un
rai-sonneme"n t ou de poursuivre un Aci t, de toucher un publ ic ou
de développer un lieu' coanun, de pr6m6d~ter ou d'improviser, la
digression remplit des taches qu'on pourrait croire incoppatibles
avec sa "nat.ure".
- -- 1
Nous continuons • faire appel l M. Laug~a pour une
ter-,minologfe propre l définir le raIe central de la digre •• ion.
,
Laugaa affirme que le'syntagme narratif (ou 'loquent) n'est pas
Il nécessairement articulé selon les principes d' une lin6ari~
rigoureuse" .2 Il postule la poesibilitê de ~l1IIUtation et de
. ~
substitution dans lesquelles s'inscrit la digre •• ion. Le texte
lLaugaa, ,Le Th6atre de la digression dana le diacour.
classique". p.lOS. COIIIDe ex.-ple, noua reprenona dans l'appen-dice l'afticle intitul' MDigrea.ionM du Grand pictionnaire
~ Universel du 1ge ai~c1. (Pari. z Laroua~ 6d., 1870).
!
2Laugaa, -Le Th6ltre de la digres.ion dana le discours classique", p. 99.
IIlJ~2
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~---....
~_~..___ ,"
•
..
•
36
est alors perçu -coaae un axe de ~hemina.ent ••• souais • une
1
pression du dehors- qui serait' l'oriqine dlune rupture'
tex-tuelle qualifiée de· "sortie menaçante vers le rien ou
l'ail-2
leurs- • Cette pous~ée vers 11 exdrieur es t une anomalie
qul~l met ~ opposition avec le co~ple progression-ingres.ion
qui, dans l'axe du synta<Jllle. recouvre le mouvement normal de
ce qui avante -dans II in~rieur. vers II intêrieur. de
l'inté-rieur- • 3 L'anomalie. au contraire, est ce qui - avance vers
l'extérieur, dans l'extérieur, de l'extérieur.' Syst~e
sév~re-ajoute-t-il. "mais privoyant autoritairement un sÏ:gnifiant
flottant dont les fonctions et les contenus
ment libérés-. 4 ' . \)
;OD(J
~pect.aCUlaire
,/ '
lLaugaa. -Le Th6atre de la digression dans le discours
classique-, p. 99. 2~.
3Ibid.
-. 4Ibid-. Cf. L. Bjel.lllalev, pro16gœkle l une tb'orie du
langage (Parle: .... de Minuit, 1968): -Ainsi loue-t-on Balzac
et Plaubert, Hugo et Prouet de savoir digresser tandis que leus.
cont~raine les en bl~rent le plus souvent.
Mais on 'nonce rar.-ent aon 'loge ou .on plaisir oc __
le produit d:un syatilDe, ~e COIl86cuti.t • un certain jeu du
aystilae. C'est ce jeu dont· il eat tenÛ ici une
interpr6ta-tion. Si la tache de la a'lDioloq,ie eet de 'faire disparaltre le
particulari . . . d •• caneepu. il convient soit de dis.oudre son atre repr6sentatif en une s'rie finie de traita pertinents. soit
..
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