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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Les rénovations en génie électrique – La filière génie électronique

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Texte intégral

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LES RÉNOVATIONS EN GÉNIE ÉLECTRIQUE

LA FILIÈRE GÉNIE ÉLECTROTECHNIQUE

Jean-Paul CHASSAING

CONTEXTE

Pour l'enseignement technologique et professionnel, l'heure est importante. En fait, elle l'a toujours été au cours des décennies précédentes : l'enseignement technique doit en permanence faire la preuve qu'il fonctionne, qu'il correspond à une aspiration de la société.

Dans certains champs professionnels qui correspondent à des séries technologiques que nous représentons, les changements organisationnels, les innovations, les changements d'usages et de comportement des personnes en milieu professionnel sont tels que ce qui a été défini récemment, au début des années quatre-vingt-dix, devient presque obsolète en 2004-2005. Cette obsolescence n'est évidemment que partielle, mais il s'agit là d'un premier trait du contexte.

Un deuxième trait est l'interrogation de l'institution sur la place de l'enseignement technologique. Les différents ministères successifs ont eu du mal à définir l’intérêt et à valoriser également les trois voies qui distinguent la France des autres pays : une voie générale et scientifique, une voie technologique et une voie professionnelle au niveau du baccalauréat. La France occupe en effet une place à part au sein des pays industrialisés. Claude Allègre, ministre, s’était longuement interrogé sur l'utilité d'une voie technologique dès lors que la voie professionnelle avait gagné ses lettres de

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noblesse, avec, notamment, l'avènement du Baccalauréat professionnel en 1985.

Un troisième trait concerne la nécessité de prendre en compte du malaise français vis-à-vis des délocalisations ou localisations industrielles au regard de la perte d’emploi et du fort tau de chômage des jeunes. Cette bataille, qui mélange fantasmes et réalités n'est pas encore perdue, mais il semble clair qu'il faut essayer de diriger nos efforts de formation professionnelle et nos énergies pour des changements susceptibles de valoriser les profils tournés vers la recherche appliquée et le développement des produits et des services. En effet, à côté de pertes subies par la production industrielle des pays développés, il convient d’indiquer le fort potentiel offert par les services techniques qui ne sont pas susceptibles de délocalisations. Alors que le modèle prépondérant de l'Enseignement Technique a été pendant très longtemps un modèle issu de la production industrielle, il semble nécessaire aujourd'hui de prendre en compte la place, de plus en plus importante, des services et des structures techniques qui s'y rattachent.

1. LA VOIE PROFESSIONNELLE DE LA FILIÈRE GÉNIE ÉLECTROTECHNIQUE

Pour illustrer les propos précédents, nous prenons ici l'exemple de la filière Génie électrotechnique de la troisième de collège jusqu'à la licence professionnelle.

Le génie électrique est multiple, il comprend l'électrotechnique, l'électronique et l'informatique industrielle. Ces frontières sont en réalité illusoires : l'un des changements majeurs que nous rencontrons tant en milieu industriel que dans les transports ou les services est le fait que les courants forts et les courants faibles se côtoient en permanence. Finalement, il n'existe plus guère aujourd'hui de système purement électrotechnique ou purement électronique. Si l'on prend l'exemple de l'alimentation en énergie d'une banque qui effectue le tri des chèques, on constate la coexistence d'une architecture courants forts avec la présence de plusieurs postes d'arrivée haute tension et de groupes électrogènes de secours, et d'une architecture courants faibles à caractère informatique représentée par l'unité de pilotage de l'ensemble, sans parler de l'informatique de gestion qui est extrêmement développée. Ajoutons à cela le fait que la perte d'une minute de service de traitement des chèques coûte environ 7 millions d'Euros ! Bien qu'étant dans le domaine des services, on voit là que les contraintes sont de même nature que celles pouvant exister en milieu industriel, celles rencontrées par exemple dans une entreprise de production automobile.

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1.1. Un bac pro rénové : Le Bac pro « ELEEC »

Le baccalauréat professionnel « Énergie et installation électrique » a été rénové il y a peu de temps, il illustre ce qui vient d'être dit sous l’appellation d’un nouveau Bac Professionnel « Électrotechnique, É nergie et Équipements Communicants ».

Des directions de travail décidées par les professionnels

En matière de formation professionnelle, la règle est que les professionnels sont toujours à l'origine de la direction de travail pour la rénovation des diplômes. Ces rénovations sont réalisées par un groupe de travail comportant des salariés du domaine, des chefs d’entreprises et des professionnels de l’éducation au sein des Commissions Professionnelles Consultatives.

L’une de ces directions portait sur la nécessité d'assurer aux applications une fourniture d'énergie électrique non seulement en toute sécurité, mais avec le souci de prépondérance de la qualité et de la continuité de distribution. Il devient en effet impensable d'imaginer l'existence de « coupures sauvages » de l'énergie électrique ou d'une perte de qualité de celle-ci, tant en milieu industriel que dans la plupart des services offerts. Une seconde direction indiquait la nécessité d'illustrer la coexistence des courants faibles et des courants forts dans les équipements ou la communication est devenue omniprésente entre les architectures matérielles des systèmes.

Des enseignements et des apprentissages répartis entre milieu scolaire et milieu professionnel.

Une autre innovation dans ce nouveau Bac professionnel réside dans le fait que la liste des compétences à développer est partagée entre les apprentissages en milieu scolaire et ceux dispensés au sein de l’entreprise au cours du stage alterné. En effet, nous ne pouvons plus nous permettre d'avoir un stage de 16 semaines en milieu professionnel consacré exclusivement à la mise en pratique de ce qui est appris en milieu scolaire, l'entreprise apparaissant comme l’illustration de ce qui est vu en cours au lycée. En conséquence, nous avons dû essayer de scinder les compétences dans le référentiel de formation en les ventilant entre celles qui doivent être prises en charge à l'école et celles pouvant l’être en entreprise. La ligne de partage principal est établie dans le souci permanent de maîtriser le risque électrique pour les élèves. En raison de la nécessaire surveillance attachée à la maîtrise du risque électrique d’une part, du risque encouru par le système de production d’autre part, nous avons établi la liste des compétences qui doivent faire l’objet d’un apprentissage en milieu scolaire. Il a ainsi été décidé que toute démarche expérimentale présentant potentiellement un

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danger électrique quelconque serait abordée à l'école. Par contre, l’analyse d’une situation de travail où la présence d'un client est nécessaire pour caractériser l’approche des relations qui s'établissent entre un professionnel et son client ne peut être bien sûr obtenue qu'en entreprise.

Une nécessité : aborder les questions liées à la communication et à la représentation de l'entreprise

Observons que dans les métiers du génie électrique, le professionnel n'intervient pas dans sa propre entreprise, mais chez un client, soit pour y faire des travaux neufs dans le cadre d'un chantier, soit pour y exercer une prestation des services comme la maintenance. Cette situation apparaît comme une grande chance puisque de ce fait l'électrotechnique ne se délocalise pas : elle est réalisée là où le système est à installer ou à maintenir. En conséquence, vis-à-vis de la formation, il devient indispensable d'enseigner aux élèves ce qui relève de la communication et de la représentation de l'entreprise chez les clients. Il est impensable que le futur technicien ne sache pas valoriser son entreprise quand il exerce en clientèle, ni s'adresser à son client pour mettre en main le système technique, le produit ou le service qu'il vient de réaliser. Enfin, il doit être capable de co-intervenir avec des tierces personnes qui appartiennent ou non à sa propre entreprise.

Deux arguments en faveur d'un Bac Pro en 4 ans

Certaines organisations professionnelles et le MEDEF lui-même ont souhaité que le Bac pro puisse s'obtenir en trois ans. Il s’agit de donner une perspective promotionnelle car le nombre d'années d'étude pour obtenir un baccalauréat fournit un indice d’équivalence dans l’atteinte d’un niveau. Le problème est alors la nécessité de rendre le titulaire de ce Bac professionnel véritablement employable, donc habilitable pour les électriciens ayant atteint une certaine autonomie d’intervention sur les installations électriques (habilité au sens de la norme C18510). En raison de la législation en vigueur, intervenir au voisinage de tensions potentiellement dangereuses ne peut se faire avant l'âge de dix-huit ans. On voit là une certaine incompatibilité entre la législation et la nécessité de former, après la classe de troisième, en un nombre d'années d'études qui risque de ne pas être compatible avec la maturité des élèves.

Une autre raison, plus importante, est que la maîtrise professionnelle et la maturation nécessaire à l'obtention de cette maîtrise sont trop peu avérées au terme de trois années d’apprentissage pour bien des métiers. Nous pensons ainsi qu'il est bon, pour le métier d’électricien, de partir d'une première marche comme le BEP pour l'obtention d’un Bac pro c’est-à-dire au terme d’un cursus de 4 ans. Notons que le flux des élèves en BEP électrotechnique est très important, avec environ 22 000 élèves sortants, ce

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qui signifie qu’environ 45 000 élèves sont entrés dans le processus de formation de la filière électrotechnique. Nous faisons le pari que, à condition de ne pas privilégier trop tôt la vie professionnelle, ces élèves ont réellement une chance d'obtenir un Bac Professionnel de qualité garantissant une bonne adaptation à l’emploi et une parfaite employabilité. En formation initiale, un élève de Bac Pro ELEEC, diplôme obtenu au terme de quatre années dans un lycée professionnel (BEP + Bac Pro en voie scolaire), a tout à fait vocation à devenir un professionnel de qualité. Dans ce cursus, 16 semaines de formation en milieu professionnel sont obtenues au cours des deux années de Bac Pro.

Les enjeux du Bac pro : insertion professionnelle et poursuite d'études

La construction d'une passerelle vers un BTS est souhaitable pour les meilleurs élèves. La demande sociale des familles est tournée vers la poursuite d'études (c'est aussi celle des jeunes qui ne s'insèrent pas immédiatement dans la vie professionnelle avec un salaire décent !). Dans la plupart des cas, l'enjeu est de travailler et de gagner sa vie. Remarquons à ce sujet qu'il est courant que, dans un lycée professionnel, 50 % des élèves exercent un emploi à temps partiel, ce qui est considérable. On voit bien ici les enjeux sociaux et l'intérêt qu'il y a à maintenir les élèves dans la filière Bac°Pro, car l'employabilité dans les métiers de l’électricité est tout à fait avérée dès lors que l'on accepte certaines conditions de mobilité pour l’exercice professionnel.

Vers un nouveau BTS

La rénovation du BTS électrotechnique, actuellement en cours, est fondée sur les mêmes contraintes de l’évolution du métier, présentées précédemment pour le bac pro ELEEC : le professionnel n’agit pas dans son entreprise ; il est sur un emploi de maintenance ou il est sur un chantier ; il représente l’entreprise en clientèle. Ce qui va être dominant dans la rénovation du BTS est précisément ce que nous ne prenions pas en compte jusqu’à présent et qui va devoir être ajouté : l’organisation de chantiers, les activités techniques liées à une communication ad hoc en entreprise et l’introduction des courants faibles dans les systèmes énergétiques. Les enjeux qui avaient été signifiés en Bac Pro sont ici confirmés en BTS. Sur le plan professionnel, notre souci est de ne pas trop amputer la formation scientifique, qui doit rester de bon niveau, tout en accordant une place significative à la gestion des ressources matérielles et humaines et à l’organisation de chantiers. Ces aspects étaient assez négligés jusqu’à présent.

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1.2. Un CAP unique

Une mutation profonde : l’autonomie dans l’exercice du métier d’électricien

Une des mutations essentielles que nous avons à accompagner réside dans le fait qu'il n'y a pratiquement plus d'emploi de conception (ou tout au moins une conception technique limitée sauf dans les PME) jusqu'à bac +3. Par contre, le degré de complexité des ouvrages ou des systèmes qui sont proposés aux professionnels est tel, que l'exercice autonome de la profession est pratiquement impossible avant le baccalauréat. Le Bac pro apparaît désormais comme le premier niveau de qualification permettant l'exercice autonome en milieu professionnel alors que, jusqu'à une époque récente, un CAP qui avait quelques années de pratiques professionnelles pouvait avoir une action professionnelle en relative autonome, y compris dans les secteurs du dépannage et de la maintenance. Nous pensons aujourd'hui, avec la profession, que cela n'est plus possible. Notons que l'on ne doit pas pour autant renoncer au niveau de formation CAP car, heureusement, beaucoup d'entreprises embauchent encore au niveau V. Puisque l'on a renoncé à l'exercice d’électricien professionnel autonome à ce niveau, il a fallu, lors de la rénovation, valoriser la mise en œuvre et le respect des règles de l'art ; ce qui signifie pour un électricien la mise en place d'activités de câblage, d'activités de raccordement, de façonnage et de préparation. Le CAP s'intitule ainsi PROELEC pour Préparation et Réalisation d'Ouvrages ELECtriques. Remarquons au passage la similitude d'appellation avec le Bac Pro ELEEC, la signification bien que non identique dans les deux cas, s’inscrit dans la volonté de bien identifier cette filière professionnelle.

Pour les métiers de l'électricité

Cette préparation et ces réalisations d'ouvrages électriques confèrent au titulaire du CAP, dans l'esprit de la profession (et nous avons été d'accord avec cette vision), une capacité de réalisation qui valorise le respect des règles de l'art, mais aussi qui reconnaît une capacité d'analyse plus modeste de la complexité des systèmes. Pour autant, ces capacités d'analyse sont évidemment développées pour des raisons de formation susceptibles de permettre l’évolution professionnelle mais, elles ne constituent pas une finalité exprimée dans le référentiel d’activité professionnelle du diplôme. Ce CAP devient ainsi l'unique CAP des métiers de l'électricité. Ce n'est pas en raison d’un manque de compréhension des procédures attachées à l'habilitation électrique que le professionnel titulaire du CAP ne peut, à la sortie de la formation, exercer son métier de manière autonome, mais plutôt du fait de la difficulté à cerner la complexité d'un système et de situer son action au sein de cette complexité. Notons que cette complexité de

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l'équipement ou de la machine est perverse puisque son observation attentive ne permet ni de se renseigner sur son comportement ni sur le danger éventuel encouru. Il s'agit là de faits marquants et nouveaux.

2. VOIE TECHNOLOGIQUE DE LA FILIÈRE GÉNIE ÉLECTROTECHNIQUE

On voit que les enjeux professionnels de cette filière sont assez clairs. Je voudrais placer mon intervention dans une perspective plus problématique vis-à-vis de la rénovation de la voie technologique, autour de la réforme du Bac technologique

2.1. Pourquoi faut-il rénover les bacs technologiques ?

Il nous faut d’abord nous interroger sur le rôle qui est assigné au bac technologique. Quatre points sont importants :

- Le nombre de bacheliers scientifiques (bac S) est constant depuis une dizaine d’années.

- Les élèves de la série S ne sont pas toujours dans cette série pour faire des sciences, mais car ils sont de bons élèves (scolairement parlant bien sûr) ! Ces bons élèves (non seulement en maths, mais en langues, en français, en philosophie, etc.) n’alimentent pas les sciences dans l’enseignement supérieur. Il suffit de regarder la faiblesse du flux des jeunes qui se déterminent en sciences en post-bac pour en être convaincu !

Il faudrait simplement, à côté du rôle du Bac S qu’il ne faut surtout pas dénoncer, obtenir un flux d'élèves ayant un goût plus affirmé pour les sciences, y compris lorsque le spectre de leur intérêt est moindre et les résultats obtenus plus faibles dans certaines disciplines. Actuellement, en raison de sa proximité avec les contenus professionnels du Bac professionnel, notre Voie Technologique ne permet pas une différenciation claire entre les deux types de formation pour l’enseignement scientifique et technique. Aujourd’hui le Bac Pro ELEEC, qui associe courants forts et courants faibles dans l’habitat et l’industrie, est paradoxalement plus ouvert que ne l’est le Bac technologique électrotechnique plus centré sur l’apprentissage des systèmes électrotechniques courants forts. Il existe donc actuellement un « hiatus », une perte de sens sur le rôle du Bac technologique qui demeure trop ancré sur le monde de la production.

- Par ailleurs, le flux des élèves de la voie technologique est actuellement en régression. Comme le nombre d'élèves à l'entrée du secondaire est en baisse, c'est le Bac technologique qui subit la plus forte diminution des effectifs, alors que le Bac professionnel est renforcé, et que le Bac scientifique est étal. Une des conséquences directes de cet état de fait est

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la diminution du rôle « d'ascenseur social » joué par la filière technologique jusqu’alors. Des élèves en nombre plus élevé, issus de cette filière, devraient aujourd’hui intégrer les bancs de l'université dans des cursus professionnalisants ou dans un cursus d’école d’ingénieurs : ce fait est aujourd'hui de moins en moins avéré.

- Une autre difficulté se situe au niveau de la population féminine constatée en Bac technologique du domaine industriel, qui est minime : si nous avions un afflux de dix pour cent de filles dans ces sections, nous aurions une révolution en terme de flux ! Or ce n'est pas avec la connotation industrielle que l'on va attirer cette population. Ce qui est industriel n'est pas jugé directement tourné vers l'humain, et les filles sont beaucoup plus sensibles à une composante tournée vers les services et l'environnement. Il faut d'ailleurs observer que les enseignements tertiaires constatent une situation opposée et remplissent leurs sections avec un public essentiellement féminin. Un des paris que nous faisons avec la réforme de la voie technologique est d'attirer plus volontiers une population féminine dans des séries de baccalauréat mieux adaptées tant au public concerné qu’aux attentes de la recherche et du développement. 2.2. Rénover le Bac technologique : pour quelles poursuites d'études ? Si les nouveaux bacs technologiques étaient uniquement faits pour alimenter IUT et BTS, nous aurions une forme de statu quo et nous n'aurions pas le changement radical escompté. On ne veut plus aujourd'hui que le Bac technologique soit limité à cet horizon. À notre avis, il faudrait qu'une proportion notable des jeunes gens et jeunes filles, issus du Bac technologique, puisse accéder outre à une licence professionnelle, à un Master ou à un titre d’Ingénieur.

2.3. La méthode pédagogique

Il convient ici de ne pas se tromper : ce n'est pas parce que l'on va changer les intitulés, voire les contenus du Bac technologique, que l'on aura un public différent. Ce serait certainement une faute de croire cela pour choisir des directions de travail.

À côté de pratiques pédagogiques qui mettent en évidence les contenus en termes de savoirs savants, il nous faut également valoriser des compétences comportementales et des compétences organisationnelles. Ce n'est pas toujours dans un enseignement magistral que l'on doit pouvoir évaluer les comportements ! Nous pensons que les pratiques et les méthodes qui valorisent les activités en groupe sont favorables aux repérages et aux développements de telles compétences.

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L’organisation de l’enseignement est représentée selon le schéma ci-dessous (figure 1) :

Figure 1 : Schéma de formation

Au centre : une application constituée d'un système technique ou d'un ouvrage. Ce système, placé dans un contexte particulier, est en relation avec :

le domaine de la matière et des structures ; le domaine de l'information et de son traitement ; le domaine de l'énergie et de sa gestion.

Notons que tout ceci existait jusqu'à présent, mais avec une réelle distance du domaine de l'humain et un contenu d’enseignement extrêmement frustre et dépendant du strict bon vouloir de l'enseignant. Il n'y avait pas de contenus, pas d'obligations, pas de spécifications liés au rapport entre l'usage qu'il y a des systèmes (moyens, produits ou services) et l’utilité tournée vers l’humain dans différents contextes. Évoquer le fonctionnement d’un système de pompage en France et au Sahel n'est pas la même chose. Constater que deux personnes sur trois dans le Monde n'ont pas accès à l'eau potable et que le côté sanitaire en dépend, n'était pas central dans notre ancien schéma de formation.

La mise en place de ce nouveau schéma, avec l’ensemble des domaines constitutifs du Bac S option SI, n'est sûrement pas viable. Il faut qu'il existe une direction, une « accroche » privilégiée sur l’un des domaines d’approfondissement pour différencier les deux types de baccalauréats. En introduisant un axe privilégié et en le faisant tourner, on peut mettre en place un certain nombre de baccalauréats qui, bien qu'abordant chacun les trois domaines (matière, énergie et information), vont en privilégier un particulier.

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Par exemple, l'un des bacs que nous proposons de mettre en place, auquel nous allons plus particulièrement nous intéresser dans la suite de cet exposé, est le Bac « Énergie et Environnement », qui a vocation à privilégier le domaine de l’énergie.

Pour conserver un lien avec l'humain, on va placer ici le terme environnement. Ne pas le faire reviendrait à traiter de la production de l'énergie sans se soucier de l'usage qui en est fait. Notons que le discours mis en place pourrait être ici critique, politique, voire philosophique, mais en tout état de cause, on doit ici traiter de l'usage qui est fait de l'énergie, de son utilité, de son efficacité et des impacts engendrés sur l’environnement. 2.4. Le déroulement de la rénovation

Nous conservons ici l’exemple de la filière Génie électrique (ou plutôt énergie et environnement) pour illustrer le déroulement de la réforme en cours.

Les modalités pratiques

• La constitution d'un groupe d'experts

Il comprend outre le chef de projet, des inspecteurs, des universitaires et des professeurs du terrain, soit une quinzaine de personnes. Une difficulté dans la constitution de ce groupe tient au fait qu'il doit comporter des personnes représentant les anciens bacs appelés à être fondus dans le nouveau dispositif, à savoir les baccalauréats génie énergétique et génie électrotechnique.

• L'échéance

Elle est fixée au mois d'Avril pour l'orientation et au mois de juin 2005 pour la finalisation.

• L'organisation de la progression

La constitution d'un pôle scientifique, issu de l'association des mathé-matiques, des sciences physiques et du génie correspondant (ici le génie électrique ou le génie énergétique) forme une structure très innovante par rapport à l'ancienne organisation.

Les travaux thématiques

Ces travaux thématiques sont susceptibles de nourrir la composante « énergie et environnement ». Voici quelques axes qui ont été étudiés par le groupe de travail :

- les réserves naturelles ;

- l'habitat à « énergie positive » ; - la notion d'énergie renouvelable ; - la cogénération ;

- l'énergie embarquée et ses vecteurs (pétrole, batteries, hydrogène…) ; - l'éco-conception et l'éco-construction ;

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- le transport, la distribution et les vecteurs associés (l'électricité y occupe une place prépondérante, mais également le gaz, l'hydrogène) ;

- le recyclage des matériaux

2.5. Le choix des applications retenues pour l’enseignement

L'analyse des systèmes artificiels

Un point important à relever sur l'analyse des systèmes artificiels est l'existence d'un premier niveau, qui n'était pas toujours enseigné auparavant, à savoir le niveau de l'application : avant de s'interroger sur la constitution interne, il est bon de s'intéresser aux aspects extérieurs, en terme d'usage et d’efficacité énergétique : si l’on ne qualifie pas l'usage et le contexte, il devient difficile de justifier les choix des solutions constructives de l'architecture interne.

Dans une application, il y a des méthodes pour obtenir des résultats, c'est-à-dire des procédés et dans l'identification de ces procédés, il y a notamment ceux qui ont besoin d'énergie, et qui vont nous intéresser plus que les autres. Est également présent un processus qui procède au pilotage des procédés mobilisés. Mais la chose la plus fondamentale après analyse de ce qui précède est le classement des solutions constructives, de leur pertinence, dans une base de données. On voudrait que le caractère « réutilisation des choses apprises ou construites » soit patent, à l'image de la notion d'encapsulation présente en informatique. L'idée maîtresse est ici de définir les critères de classement des solutions dans l'objectif de faciliter un réemploi éventuel de ces solutions constructives et de leurs impacts sur l’environnement.

Le classement des applications

Sur la typologie des applications que nous allons retenir, deux éléments sont nécessaires : d'une part il faut que l'on soit capable de percevoir un enjeu qui est lié à l'utilisation, à l'exploitation ou au recyclage de l'application et d'autre part il est impératif que le couple « Énergie et Environnement » soit fondé.

Nous avons essayé de couvrir les applications qui sollicitent de manière forte ce couple « Énergie et Environnement » :

- se chauffer (tourné vers l'humain)

- chauffer (tourné vers l'industrie ou la cuisine) - rafraîchir (tourné vers l'humain)

- produire du froid (caractère industriel, un hypermarché représente 6 à 7 t de frigorigène, potentiellement dangereux)

- éclairer

- distribuer l'énergie - alimenter en énergie

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- se déplacer (transport humain) - déplacer (transport de matière)

- communiquer des informations (interpelle à la fois l'énergie et le traitement de l'information dans des systèmes pouvant être très complexes, à l'exemple du téléphone portable dont l'architecture globale produit beaucoup d'impacts)

- transformer le produit - stoker le produit - stocker l'énergie - stocker l'information

La liste précédente n'est pas close, mais il faut observer que toutes les applications s'inscrivent obligatoirement au sein d’un tableau dans laquelle la présence du couple « Énergie et Environnement » est forte :

Matière d’œuvre Transformation T Déplacement D Stockage S

Produit P TP DP SP

Énergie W Tw Dw Sw

Information I TI DI SI

Ce tableau exprime le fait qu'au fond, dans la nature, on sait transformer, déplacer ou stocker des choses qui peuvent être des produits, de l'énergie ou de l'information. Son intérêt est de veiller à ne pas hypertrophier un champ par rapport à un autre : s'obliger à remplir les champs de cette matrice, c'est s'obliger à envisager des applications qui soient contrastées, dans lesquelles le couple « Énergie et Environnement » à un sens affirmé.

Approche historique des solutions

L’approche historique est un élément qui nous paraît déterminant, car elle permet d'éclairer l'origine des sauts technologiques qui peuvent avoir trait à un matériau, à l'avènement d'un composant, à un usage, à une mode. Cela obéit à des lois qui peuvent être parfois en lien avec la société ou parfois avec l’évolution de la technique. Le repérage de sauts technologiques pour des applications est extrêmement formateur. Puisque l'on peut difficilement se tourner vers l'avenir pour l’évolution des technologies dont on parle en raison de la vitesse des évolutions (on peut citer en exemple l'évolution des téléphones portables, du premier modèle de la taille d'un téléphone militaire de campagne jusqu'au modèle récent, capable de faire bien d'autres choses que téléphoner !), on peut par contre regarder en arrière. Il faut souligner le

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fait que les solutions passées ne sont pas obsolètes mais datées et marquées par leur époque.

Cette vision va permettre une approche comparative des applications suivant deux directions :

- synchroniquement : l'examen à l'instant t d'alternatives dans des différences constructives pour un même usage

- diachroniquement : l'examen des différences liées à des sauts technologiques dans l'histoire.

Nous affirmons une nouvelle fois la préoccupation de tenir un discours prenant en compte des éléments autres que ceux purement techniques ou scientifiques.

Les questions de l'évaluation et du projet technique

Il s'agit bien sûr d'évaluer toutes les compétences mettant en œuvre les savoirs savants, les savoirs organisationnels, et les savoirs qui ont trait à la manière d'être dans une équipe. Il s'agit d'être volontariste, du fait que l'entreprise utilise elle-même, très fortement, des critères attachés aux compétences personnelles. Jusqu'à présent, nous nous sommes obligés à ne pas évaluer de telles compétences, si bien que d'autres que nous pouvaient s’en emparer sans nécessairement retenir les procédures d’évaluation attachées à l’école de la République.

Nous pensons également que la pédagogie du projet technique constitue toujours un enjeu important, source de créativité et d’innovation, à la condition que les enjeux soient perceptibles par les acteurs qui participent à ce projet. Si l'enjeu du projet pouvait être présenté par une personne n'appartenant pas au milieu éducatif, ce serait encore mieux, car un point de vue extérieur apparaît plus crédible aux yeux des élèves.

Il reste à définir les modalités pratiques d'organisation du projet : bloqué en un temps fort sur trois semaines ou en organisation filée sur l'année. Il faut indiquer à ce sujet que chaque groupe d’experts ne sera pas totalement autonome : l'ensemble des bacs technologiques doit bien évidemment avoir une architecture commune de formation.

Par ailleurs, il a été décidé qu'il n'y aurait pas d'enseignement transversal. Auparavant les enseignements de construction mécanique et d'automatismes industriels étaient transversaux et s'imposaient à tous. Nous pensons qu’aujourd’hui, la transversalité est plutôt d’ordre méthodologique. Il s’agit en définitive de reprendre le concept de projet technique, en lui donnant du sens par l’étude d’applications, avec une importante partie expérimentale. Il y a aussi nécessairement une forte composante de modélisation puisque les mathématiciens et les physiciens sont impliqués dans le pôle scientifique.

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Ce projet technique va, pour partie, être évalué en cours de formation. Il est très facile d'expliquer pourquoi : il nous semble qu'observer la dynamique d'un groupe de projet et de ses acteurs, n'a rien à voir avec le résultat d’une épreuve sur papier. Nous croyons que c'est une combinaison de CCF (contrôle en cours de formation) et d'épreuves ponctuelles qui constitue la meilleure solution d’évaluation. Ne pas le faire reviendrait à nier toute une part de compétences qui sont déterminantes pour la vie professionnelle. En exemple, on peut citer le cas de très bons élèves de BTS qui s'effondrent parfois en milieu professionnel, alors qu'il arrive qu'un élève auquel on ne croyait pas prenne toute sa dimension en milieu professionnel et devienne un acteur principal de l’encadrement ! On doit s'interroger sur le pourquoi de cette observation. Il ne s'agit pas pour autant de changer radicalement, mais nous devons donner au contrôle en cours de formation un statut qui valorise la manière d'être, le comportement, l'activité personnelle au sein et au service d'un groupe. Le groupe n'a pas de raison d'être noté, c'est l'individu au sein de ce groupe qui est évalué en fonction de son apport et des missions qu'il a à conduire au sein du groupe : il s’agit, de notre point de vue, d’un enjeu considérable.

La question de la seconde langue

Nous pensions initialement que l’enseignement d’une seconde langue vivante était fondamental, en raison de la demande de certains parents. Je crains malheureusement que cette seconde langue vivante ne soit qu'optionnelle.

Nous espérons vivement que la voie technologique sera rénovée, c’est urgent et nécessaire pour les étudiants et aussi pour renouveler un vivier qui devrait, aujourd’hui plus qu’hier, contribuer largement à alimenter les formations scientifiques et techniques professionnalisées de l’Université.

Figure

Figure 1 : Schéma de formation

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