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Les films d'animation à l'O.N.F. (1950-1984) et la protestation sociale /

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(1)

'\

Gra tuate Montreal.

LES FILMS D'ANIMATION A L'O.N .F. (1950-1984) ET LA PROTESTATION SOCIALE.

par

Louise Carrlère

Program Communlcatlons Mc Gdl CniversJ ty

Thèse présentée à la Facul té des études supér leures et de la recherche de l'Universlté Mc Glll en vue de l'obtentlon d'un ph.

n.

en communlcatl0ns.

(2)

Résumé

Le clnéma d'anlmatl0n a atteint sa majorlté et est I C l

abordé comme un genre complet. Ce statut est conflrmé par l'lmportance de son dlscours de protestatLon soclale dont nOUR montrons les llens avec les engagements des arts piast lques f ! t

du clnéma de prlses de vues chrectes. Le matérlet \h~ LI recherche conslste en un corpus de 250 fllms. Ces ClJllrts

métrages, prodults par l'O.N.F. entre 1950 et 1984, ronstltucnl par leurs recherches v1suelles et sonores, par ieurs thènws I~t

leur dlddct1sme des exemples de protestat1on.

Leur analyse plus détalllée permet d'éctaln~t· Il':-'

apports respectlfs à cette tendance engagée et explorato 1 ri", \ If':'

anlmateurs ang lophones et francophones, hommes et f f:!mnt-'S, canadlens et lnv1tés étrangers.

La SpéClflclté de l'étude repose aUSS1 sur sa m6thode: une approche comprenant à la fOLS les aspects 11lstorlques, esthétlques et soclo-culturels de l'anlmatl0n au Québec ~

(3)

Abstract

The an~mated f~lm ~n Canada has come of age and

may be regarded as a dlst~nct genre ~n Canad~an c lnema.

An~mated f~lms produced ~n Canada Cdn now be r~nked wlth the

works of other art~st s, ~nc 1 ud~ng docudrama f llms. In th 1. s stud:y, we show that, dur~ng the~r format~ve perlods, C2nad~an authors

of an~mated f~lms shared a number of preoccupat~ons w~th theu'

fellow Quebec l1.terary and p~ctor~al artlsts, and

c~nematogra-phers, the most ~mportant of wh~ch was a comm~tment ta soc~al

protest.

Th~s study lS a deta1.1ed analys~s of sorne 250 short

an~mated f~lms produced at the Nat~onal F~lm Board between

1950 and 1984. In the~r cho~ce of themes, frequ'=!nt d~dactl(:

stance and exper~ments wlth ~mage and sound, a IfTlost aIl .ln lmated fllm creators are seen to be engaged ln questlOn1.ng the status q.!!Q and/or call~ng for soc1.al and pol1.tlC~al change. Thf.:'tr

[ l l ms mlght be best characterlzed as exploratory, lnforlCla t lve dnd persuaSlve. The analysls permlts us to further classlfy thf! f!lm3

.lS contrl.butlons made by Canadlan men or women, Engl1sh - or

Fr0nch-speaklng an~mators, and fore~gn guests.

In thl.s study we have paLd part1.cular attent1.on ta thp

hlstorlca 1, esthetlc and soc~o-cul tura 1 ~nf 1 uences on the development of the contemporary an~mated f!lm ln Quebec durlnU the dlfferent stages of Its evolut~on.

(4)

AVANT-PROPOS

Cette étude est le résultat d' un t rava l l de

recher-che commencé l.l y a cl.nq ans. rI a été rendu possl.ble ~rdce à la coJlaboratl.on des cl.néastes d'aTllmatlon de l'O.N.F., de ses

producteurs et des l.nstitutl.Ons SUlvantes: O. N. F., arch l ves et

bl.bllothèque, Cl.némathèque québécoIse, centre de documentJ-tl.on, Cegep du Vleux Montréal. bl.bllOthègue.

A Mc Gl.ll, j'al. bénéfl.cl.é de l'appul. lncomlItlonnel dt> mon directeur de thèse, le Professeur Yvan Lamonde, dont }p!', remarques crl.tl.ques et méthodologIques unt pt-' rm tS

l 'approfondl.ss2ment de la recherche et s t lmul é l' actua 11 Sd t IOn den

l.ncl.dences SOcl.o-culturelles.

Mercl. aussl. aux Professeurs Davld Crowley de M(~ Cill1 et Gll 'J Houle de l'UnIversIté de Muntréal 'lUI ont fournl ëlU

départ du traval.l des l.ndl.Catlons précl.euses pour l'organ l!-i;it 11111

des données.

Cette thèse a aUSSJ été lue à un momen t. ou l ' a ut.

t'-de son élùboratl.on par t'-des collègues et amIS (Mlche Ile cha

va'J-nac, professeur d'hl.stolre de l ' a r t , Réal Larochel1e, prnfr"':'>,{('lJl' ,J,-cl.néma et de communlcatlon, Pierre Hébert,

Coulombe, crltJ.que de clnéma) qUl. ont suggéré dp.s améllor.3 t 1Ono.,

pertlnentes.

Mercl. en partlculler à ~llchel Brls<>onnet q U I . J

crJ.tl.qué l'écrlture de plus leurs partJr-!s de la thèbr:! f~t o.i J(Jhdnnt_'

(5)

SOMMAIRE

La protestatIon socIale dans les fl.lms d'anlmatl.On de l'O.N.F.

(1950-1984) Avant-propos Résumé

Abstract

Page INTRODUCT ION: La problématIque de la protestatl.on 1

CHAPITRE 1:

1. Enjeux et cont.exte de la recherche. 2. Hypothèses de t rava~ l et not 1.0n8

théorIques.

3. Approcbe analytique et corpus de l a recherche.

4. MéthodologIe et organl.Sat10n de thèse.

5. Le corpus documentaIre.

La protestatIon dans le développement du c1.néma et de l'an1.rnatlon.

A. C1.néma et protestatlon. B. Anlmatl.On et protestatIon. Conc 1us10n.

CHAP l TRE II: La pro.:estatlon dans l es courants ldéo-log l.ques, cul t urel s et clnématog raphiques

:28

québécol.s (1950-1987). 99

A. Les courants Idéologl.~ues con-testa ta 1.res.

B. La protestatIon culturelle. C. Les SIgnes de protestat~on dans

le C lnérna québécols.

Concluslon.

CHAPITRE III: La protestatIon soc1ale dans le c1néna

d'a n I ma t 1. 0 n à l ' 0 • N • F . l 7 9

A. La protestatl.on socl.ale dans les chol.x thématIques et dl.dactl.ques.

a. L'or1glne de ccttP. pro-testatIon (1940-1950). b. La mlse en place de

con-d1tIcns propIces à la prctestat10n (1950-1966). c. Le coeur de la protestat.~nn

thémat1.que et d1.dact1.que (1966-1984 )

B. La protestat1.on socl.ale dans l'expérl.ffiEntat1.on esthétlque.

a. Expénmentation vIsuelle. b. Sons et expér Imenta t 1.ons. Conc l USlon •

(6)

r

1 1 1 1 ! CHAPITRE IV: CONCLUSiON: ANNEXES: Annexe l Annexe II SOMMAIRE

Le Cl nérna d'anImatIon et la protestatIon

soel.l-le: quelques cas types. JOJ

A. McLaren et la protestat10n, n.N.F.,

1950-1981.

B. PIerre Hébert, dISClplt"> de McL,'ln'n,

196:;-1984.

C. Le ::Inéma des femmes an lma L l"lCeS ,l

l'O.N.F.

D. CInéastes lnvltés: "unlversall.tc" pt

partIcularités de la prot est.-d.lon.

Jh7 40~

PrésentatIon chronologIque des f11ms d'arllm,it ton d e I ' 0 • N • F., 1941 -19 B 4 et l de El t i f l l ' d t 1 0 n ci Il

réalIsateur. 40'

L1ste des réalIsatrIces de l'O.N.F. et f 11ms ~ de l (!urs 421 Annexe III: F11ms de chapi t . .ce IV lnvltés) • l 'O. N • F • (; t dUt e Il r s a n ,11 y s {~ H fi Il

(McLaren, Hébert, femmes, aut,'urs

Annexe IV Annexe V Annexe VI BIBLIOGRAPHIE: Intervlews réalIsés. MatérIel utlllSé.

Les technIques d'anImat10n à l'O.N.V.: tlons complémentalres. 42B 4.n 4 14 tnfOrmd-4% 4] IJ

(7)

INTRODUCTION

(8)

"En ce qUl concerne cette quest Ion de

l'Ur.posslble possIble, je dIrals ••• qU'lI

s'agIt d'u "! notIon phIlosophIque plutôt gue soclologi _..Je ou esthétIque. C'est l' l d{~e (111('

';oui:e actIvIté humaIne zmplique 1 'lmposslblt-". Toui:e connaIssance cherche 1 a CO(JTld l SSdnc~'

absol ue et 1 a conn,Hssanc~ abso 1 ue 0S t

lmposslble. Tout amour se veut l'amour absol.z et l'amour absol u es t Impossibl c. '7'0/1 tt.'S l (-'S

actlvltés humaInes Impüql1ent l ' llnposslbrlrté

de leur rt?alJ.satlon. C'eE-t Il:u-': Idt--'e

phIlosophIque, métaphysIque même • . .

Toute recherche d'lln avenIr Vl'i~-' Cjuelque

chose qUI ne peut s'atteIndre et l'espoIr, ("t-'

n'est pas l'espoIr du possIble, c'est dUSSI

l'espolr de l'.lmpossIble". ( 1 )

Henrl. Lefebvre, 1fJ82.

Ld notlon ue dépassement s'avère ce Ile qUI nous

l.ntéresse dans les arts. Dans le domaIne des communl.cat lons et des arts vlsuels, cette notIon appelle plus SpéClf.lC]uement celles de t ra n s forma t 1. 0 n esthétIque et soclale Ou de

protestatlons. L'artIste ne se contente pas de transpo~er le monde actuel en SIgnes ou de le recopIer, 11 transmet son InsatIsfactIon et crIe sa volonté de l'améll.orer.

Depul.s vl.ngt ans, nos travaux ont dbordé pl USleurs auteurs (Lefebvre, Owen, Hébert), f~lms ou problèmes, (fllms SOClaux, lmages des femmes dans le clnéma, rô Le des

réalIsatrIces, CInéma na t lona l) tous re lIés, par de 1.) ces apparences contrad1.ctol res, par une même prp(Jf~cupat Ion: comment ces unlvers s' InscrIvent-lls dans un pro(:e<-;<;uH d(~

(9)

;;n]eux et contexte de la recherche sur l ' anImatl0n

Déjà dans notre thèse, La sérIe de films Socl.été nouvelle dans un Québec en changement (1969-1979), nous avons cerné de plus près cette probléma:"1que du rôle soc la l de l'artlste dans une soclété. (~) Nous avons lilustré grâce à ces 58 f11m3, dans quel sens a lla1en t les changements prorosés, quels étalent les clbles VIsées par les fllms, les obstacles aux changemen!...s alnSl que les moyens préconlsés par les clnéastes pour transformer la soclété québécolse. Les nouveautés du dlscours de Soclété nouvelle s'exprlment essentlellement au n:!.veau du d.1scours socia 1: présenter les responsables des problèmes, soutenlr les luttes de tout ordre pour le changement et propose~ de nouvelles organlsat 10ns soclales.

Cette étuèe, en permettant de SU.1vre l ' évolutlon ct' un dlscours cInématographlque dans le temps et dans ses rapports avec les événements soclo-poll tlques, nous a donné l'1dée d'élarglr notre champ d' lnvestigat.1on à d'autres doma lnes c lnématographlques et d' appllquer notre méthodologle à une pér lode hlstor lque plus vaste, d'où le projet sur

l'anlmatlon produl.te à l'O.N.F. de 1950 à 1984.

Un autre élément nous a lncitée à entreprendre cette recherche. En abordant les hml tes du dlscours de Socléte nouve Ile comme produl t d'un organlsme para-gouverné!:nental (projet en déclIn lors de l'arrlvée du Part1 Québéc01S au

(10)

pOUVOlr en 1976) nous avons déploré les fal.blesses dt?' son expérlmentatlon esthétlque. Les cl.néastes contestatd l rel>

semblalent s'être contentés d'une thématlque protestataIre en gardant au second plan les nécessa.lres t ra n s forma t 1 0 Tl S

vIsuelles et sonores. y aval. t-ll d'autre!;; fIlms qUI

témolgnalent d'une mellleure adéquatlon entre volonté de changement et expérlmentatlon clnématographlque?

d'anlmatlon pouvalent-lls être de ceux-là?

Les f11ms

Comme nous le verrons bIentôt, l'étude de Ce <jenr€' partlculler propose déjà de nombreux défIS 3UX chercheurs. L'anlmatlon a lmplIcltement été consldérée comme un genre "autonome", "extérIeur" à

mouvements soclo-culturels plcturales, elle a touJours

l ' h1.stolre du c.lnéma et de!:! au Canada. Par ses pcHentéfol été abordée d'un po 1 n t de vue

descrIptIf et esthétl~ant. Les relatIons entre forme-contenu et mouvements soclo-cul turel s sont délaissées.

Pourtant, a1.lleurs que dans le domaJ.ne spéCIalIsé des études CInématographIques sur l' anl.mation, la guest lon de la protestatlon soclale est maIntenant à l 'ordrp. du jour.

Bl.en avant les années CInquante des art U:ite'3 ur:t

situé en partle OV en totallté leur oeuvre dans Unf!

perspectlve de protestatIon, celle-Cl apparaIssant p J W:l

clal.rement comme problématl.gue expll.cl.te au XIXe s1ècle. Un

slèc 1 e pl us tard, les artlstp.s vont ressentIr pl us quP. jdffid)!-l

auparavant l'urgence de la sltuatl.On actuelle et l' lmpol'L"incl' d'aglr face aux l.négalltés et lnJustlces SOCIales. Pour J..l

(11)

prem~ère fois récemment, cette urgence ne concerne pas

un~quement les potentlal~tés et les flnltudes humalnes malS

concerne, comme l'a Sl bIen écrlt René Dumont, l'utople ou la mort. Des écrlvalns, des phl1osophes, des hommes de SClence ont JOInt leurs protestatl0ns à celles des artIstes pour réhabIlIter ensemble des projets 30ciétaux et des utopies qUI refusent le Qonde actuel comme Idéal perfectlble ou slmple fatalIté.

On retrouve alnSI une problématlque de protestatIon dans des oeuvres aUSSI dIfférentes que celles de phIlosophes comme HenrI Lefebvre (3), Herbert Marcuse (4), de SCIentIfIques (5), d'écrIvaIns de fIctlon ( 7 ) . romans (6) ou de SClence-comment Par exemple, actuellement Paul la Watz l aWIck t confus 10n et

après aVOlr montré la désInformatlon accaparent actuellement le gros des communIcatl0ns socIales et InstItutIonnelles, dresse un panorama des dlfférentes utoples récentes en communIcatIon: la communIcatl0n avec les ~nlmaux,

la communlcatlon avec les extra-terrestres.

Carl Sagan tradult ces asplratlons dans plUSIeurs ouvrages SCIentIfIques pour les condenser récemment dans une oeuvre romanesque: Contact. (S)

Dans cette "ère du vIde" on a l ' Impression que la protestatIon s'est aUSS1 logée récemment dans des secteurs tradItIonnellement cons1dérés comme mIneurs: sClence·-flct10n, bandes desslnées, f11ms d'anlmatlon (9)

(12)

Par la protestation dlrecte ou par la mIse de l'avant de projets utopiques, sIgnes de révolte ou de reJet, différents domalnes partagent maIntenant une s(Sr"leUSl-' inqulétude sur l'unIvers actuel. PlUSIeurs ouvrages tradulsent SOlt

lE'

morcellement de l'homme, SOlt l'absurdIté du monde, soit encore projettent 12ur déSIr de cohérence et leur volonté d'appréhender cet unlvers dans toute sa complexlté et ce, malgré le morcellement constaté.

LUCIen Goldmann a partIculIèrement étudIé ce phénomène de la révolte dans les ml11eux artIstIque et lIttéraire contemporains et observe à ce sujet trOIS âges de développement dlfférents en OCCIdent.

Un premler, le ~capltallsme 11béra1", s'étendant de

1900

à 1910, seraIt caractérIsé en llttéralure par le personnage problématIque du roman, celul qUI pOl:le 1 es questIons SOCIales ou refuse le jeu. Un deUXIème âge, arpel~

"ImpérIalIste" ou "capltaiisme en crlse", aIl an t d e I 9 UJ :.

1945,

non pas centré cette fois sur la raIson ou sur 1..1

perceptIon, s'en prendraIt au contraIre aux lImItes m~mes dp l'homme et à la lImIte suprême: la mort. La dernlère pérl0d,.. qualIfIée par des termes dlfférents, SOCiété de consommat Lon 1

SOCIété de masse, SOCIété technocratIque seraIt ldr!ntifiable par l ' apparItIon de mécanIsmes conSCients d' auto-régu Lttlon. Cette SOCIété reposeraIt entre les malns d'Iln groul'(' numérIquement faIble, les technocrates, et sera l t serv U~ pa r

(13)

aIlleurs par d'autre~. Le contexte socIal bureaucratisé et hIérarchIsé feraIt glIsser les oeuvres littéraIres vers des thématIques de protestatIons et d'utopIes mais aussi vers celles, plus peSSImIstes, de la subordInatIon de l'homme aux forces technologIques et du rétréCIssement de la VIe psychIque des lndlvldus:

pareIlles

"11 naît alns~ un type d r homme à structure

psych~que essent~ellement paSSIve, étrangère à

toute décISIon responsable, et orIentée

essentIellement vers la consommatlon .•• "(~O)

Qu'en est-Il de l'anImatIon? Peut-on y déceler preSSIons et contlgences: Notre projet sur l'anImatIon comme pOSSIble lIeu de protestatIon dans un Québec en transformatIon, de 1950 à 1984, voudraIt saISIr les courants, les auteurs, les fIlms qUI, 101n de s'adapter à une réalIté, ont contrl~ué le plus à la changer, à la modeler pour un avenIr meIlleur.

2. Hypothèses de travall et notIons théorlques. • Hypothèses:

y a-t-il encore place pour la protestatIon dans ce domaIne si IndIVIdualIste qu'est le CInéma d'anImatIon: En examInant la productIon des fIlms de l'O.N.F. de 1950 à 1984 nous sommes tentée de répondre par l'affIrmatlve. L'anImatIcn de l'O.N.F. par ses thèmes et son propos dIdactIque, par ses expérImentatIons VIsuelles et sonores constItue un exemple probant de CInéma de protestatIon: telle est notre hypothèse centrale.

(14)

D'où surglt cette protestatIon? PlusIeurs pIstes d'exploratIon vIennent à l'esprIt. La protestation en anImat10n s'explique-t-elle en premIer lIeu par les ressources du méd1um lUI-même (possIbIlItés d'abstractIon, d'InventIon, de généralIsatIon) ou par les révolutIons constantes dan8 l'évolutlon mondIale du genre? Cette protestatIon prOvlent-elle plutôt du déSIr collectIf du personnel de l'O.N.F. de créer par l'anImatIon un CInéma utIle et novateur échappant aInSl au ï'odèle disneyen? Au contralre, faut-Il plutàt 1nterpréter la productIon en anImatIon comme des réponses aux changements opérés au départ contre la "nOIrceur" duplessl!'lte, pUIS comme un écho des polItIques culturelles féd~rales ~t

provlnc1ales des années de révolutlon tranqUIlle; ou plutôt comme réponse réponses contestataIres (du Refus Global à nOR

jours) contre un ordre SOCial périmé?

Notre deUXIème hypothèse est yup la r{'~.)()lIs(, d ''l'!-.

questIons ne peut être envlsagée qu'en tenant compte ~. l~ fCLl.§

des ont aspects modelé protestatIon. historlques, l'anImatIon à

est hé t 1 que s e t SOC'] 0 - cul t Il r c'" 1 <; 1 J Il )

l 'O.N.F. et qUI ont nourrI l'id

L' orlgina 1.1 té de la thèse est d' étud 1er dans Cf.:'t U'

optlque de protestatIon le corpus total de l'anlmatlon artIstIque de deux cent CInquante fIlms de l'O.N.F. de 1950 (1

1984. Nous ret lendrons un certa 1 n nombrp dp fIl ms pUll r (Hl('

7

(15)

\.

.

sur le propos et les formes de protestatlons clnéma-tog raphlques .

. Notl0ns théoriques:

Notre étude repose avant tout sur une approche analytIque des fIlms dans leurs rapports aVEC un contexte socio-culturel; bIen qu'il ne s' aglsse pdS d'une étude strlctement Institutlonnelle, polltlgue ou textu~lle des fIlms, les lnclàences théorIques n'en sont pas moins présentes comme fondatIon à la thèse et à l'ap~roche analytlque. Nous slgnalons troIS notl0ns sur lesquelles nous nous appuyons constamment, celle de protestatIon soclale, celle du rôle de l'Etat comme organIsateur, enseIgnant-gendarme et lIeu de consensus, et enfIn celle du CInéma comme "révéJateur socIal".

socIal soulève, on Le concept de trop d'amblgultés: changement on lUl a préféré celui le de protestatIon car 11 dégage mleux une forme d'Opposltlon voulue ou InconSClente à l'ordre socIal. La notIon de changement socl.al, plus faml.llère, est plus Impréçl.se car elle accommode des modèles conceptuels aussl. dIfférents que ceux de RIcardo, TocquevIlle, Weber ou Marx et devlent trop englobante pour être fonctlonnelle. Dans notre travaIl sur Soclété Nouvelle, dans un Québec en changement, 1969-1979, nous avons déjà mont ré à que 1 po 1.nt e Ile a serVI de cautIon aUSSI blen aux groupes populaIres, qu'aux CInéastes ou aux membres du gouvernement canadIen et du ConseIl prIvé. (11)

(16)

La not~on d'Etat soulève aUSS1, dans

socijlog~que, de nombreuses controverses. Nous avons préféré

aux concept~ons al thussérlennes de l'Etat, ramené ail coup 1 f'

répreSS10n-1.déologle, celles plus dlalectlques et plus convalncantes de Nlkos Poulantzas: selon l Ul, l ' Ftat ne prodult pas un dlscours unlflé; 11 en produIt olusieurs, lncarnés d~fféremment dans des appare 11 s d 1. vers pour des

d~st~nata1.res dlfférents, appartenant à des classes varlées et

ce, dans des conJonctures qUl changent aussl.(~2) Les rapports de l'Etat canad~en avec l'O.N.F. et l'analyse des fIlms qUI s'y sont prodults depu~s quarante-c1.nq ans confIrment à quel pOInt l'Etat sert souvent de lleu de ccnsensus entre les classes en laIssant s'y exprimer des pOInts de vue dlfférents VOIre opposés, tolérant même et encourageant la protestatlon dans ses rangs. Tout cela n'empêche nullement l'EtaL d 'lntervenlr d1.rectement dans les affalres clnématogrdphlflues de l'O.N.F. lorsque les nécessltés pratIques l'eXIgent. Il Sp

sert alors des pOUVOIrs répreSSIfs, qU'LI garde en ré~prve,

comme lors des affrontements nombreux en 1973 entre cInéastes et pOUVOIr sur les questIons de censure, de léglslatI0n eL sur les objectlfs fondamentaux de l'O.N.F.

Lorsque nous ana 1 ysons les fl1ma r'-'t que nous commentons le développement des st Y les et th;"mes •. ~('

protestatIon, nous consldérons Impllcltement, à chaque ff) 1 H,

le rôle de "révélateur SOCIal" du clnéma tel que développé Pd/" l'historIen Marc Ferro et le socl0logue Plerre SorlIn, plUL0L

(17)

que le terme amblgu de "reflet soclal"(12) Cette notlon de révélateur aborde le

fllm

comme matér1au h1storique et soclologique et non pas comme slmple renVOl d'un réel brut et réfléchl par photo-lmpresslon. Pour que le clnéma révèle une réahté, 11 faut en décoder non seulement les codes d'expreSSIon, malS en déflnlr aUSS1 les Ilmltes qUI donnent aux fllms une place unIque comme matérlau historlque et moyen de salSlr l'hIstoIre en changement. Ce sont ces consldératlons qUl motl vent notre méthodologle et notre thèse sur l' anImatlon au Québec.

Nous avons volontaIrement omlS lCl de nombreuses expilcations sur les thénr'e~ fémin1stes et les théorles en commun1catlon qUl éclalrent les fondements de la thèse sur ces fllms de l'O.N.F. Sur la slmple questlon des communlcatlons, les travaux de Schl11er et de Mattelart ont dégagé les rapports nombreux que les états entret1ennent avec le "centre" et en particuller avec l'lmpérlallsme amérlcaln. Pour nous dans cette thèse, 11 étalt Important de consldérer aUSSl que cette productl0n c1nématographlque n' eXlsteralt pas sans une certalne réslstance de l'Etat canadlen qUl a du préserver et fa l re croître l' organlsme O. N. F. et }?ar là s 19n1f lé sa volonté poiltique de conserver des secteurs de son développement hors de la portée amérlcalne. Plusleurs auteurs et en part lculler Hame Ilnk ont proposé des al ternatl ves pratIques à cette présence envahIssante. (l. 3 ) DepU1S quelques années plusIeurs

pays ont voté des légIslatIons restr1ctlves à l'endrolt des

(18)

prodults culturels arnérlca1ns. L'exemple étudié, celU1 de la France, montre

que nous avons déjà à quel pOlnt 1.1 y a osc1.1latl.on constante entre la théorl.e de libre-clrculation des marchandlses et celle de la protestation des cultures

natlonales.(~4) Hamellnk clte même certalns pays qUl n'ont eu

que le choix de l'lsolement partlel et/ou total pour échapper aux retombées de la domlnatlon amérlcalne. Notre t ra va 11 sur le clnéma amérlcaln en France a abordé cette rédlI.té en regard de la lutte d'un clnéma natlonal pour sa surVle et en regard de son rapport de réslstance-fasclnation face au C inémd

amérlcaln. (~5)

3. Approche analytlque et corpus de la recherche.

Ces notlons seront au servlce d'une approche analytlque salS1e à travers deux angles différents ma 1 S

complémentaires de la protestat1on soclale: celUi du thcme J~

la protestatlon à l'lntérleur des oeuvres des anImateurs avpc une attentlon aux caractères dldactlque ou utopiste dps sujets, et celul de la révolte formelle et Honore d'un drt, qUl n'acceptant pas une soclété, trouve des formes dlfférenLcB de celles que la soclété, qU'lI refuse, r.onsldère comme norrnatlves. Nous serons partlcullèrement intéressée par l'expérlmentatlon formelle et sonore en tant que pdrtll'

prenante de la protestatlon fllm1.que.

Domlnlque Noguez attrlbue aux formes expérlmpntdlp~

(19)

son Eloge du cinéma expérimental 11 met en place un certain nombre de critères pour analyser le rôle de l'expérlmentatlon sonore et vIsuelle dans un fIlm. Nous retenons ICI quelques Idées clefs pour éclairer notre propos sur la protestation.

Tout d'abord, rappelle Noguez, Il y a dans la notlon d'expérImenter celle d'Innover et de fraye.:- des VOles nouve Iles. Cette recherche ne va pas sans essaiS, ni tâtonnements. Ainsi, plusIeurs oeuvres adoptent volontairement un caractèJ:e inachevé, une facture de questIonnement plutôt que de réponse toute falte, ce que Umberto Eco appelaIt d'ailleurs "l'oeuvre ouverte". L'artIste expérImentateur peut placer ses préoccupations formelles au poste de commande ou au même niveau que ses ~ropensl0ns à la révolte ou à la protestation socl~le. Pourtant, l'utl.11satlon de formes nouvelles le voue souvent à un certaIn retrait par rapport aux CircuIts constitués et aux InstitutIons. Dans un autre ordre, s'Il ne filme pas pour vendre malS avant tout pour le plaisIr de créer, son film peut l'élOigner encore deq goûts et des conventions couramment admises par le publIC.

AlnSI l'expp~~mentatlon ImplIque dès lors non seulement des objectifs, des formes différentes malS ausSi des espaces nouveaux, des lieux de créatIon et de dIffUSion autres.

Noguez évoque aussI au sujet de l'expér~mentatlon

filmique les SIX fonctions du langage de Roman Jakobson: un

12

(20)

--destinateur, après aVOlr établl et malntenu un contact avec un destlnatalre IUl adresse un message: ce message passe par un code et déslgne un contexte. Appllquant ces propositlons au langage clnématographique, 11 défInIt le fLlm expérlment~l

comme un fllm où la fonclton "poétique" l'emporte largement sur les autres ec notamment sur la fonction "phat 19ue" (brult, communication) et la fonctlon "référent1elle" (le faLt de déslgner, nommer, raconter, décrlr~, montre.). A la lImite, ce clnéma se moque du sens et se ~_~ît dans la nécessité

ne

n'avolr aucun compte à rendre. Herbert Marcuse comme Noguez est senslble aux poss1bllltés de protestatlon esthétlgue. L'art écrIt-lI dans La dlmenslon esthétlque, ne peut chdnger le monde, malS

11

peut contrlbuer à changer

Id

conSClenCe et les pulsl.ons des hommes et des femmes QU1 pourrdlent changer

le

monde. AlnSl, lorsqu'on aborde le clnéma d'anlmatLon Il faut chercher où et comment les fllms partlclppnt à cette volonté de transformatlon du monde actuel. Cette rechèrche à

la fOlS d'autonornle, de llbératlon et de vér1t~ caracl~rlse

une approche, qUl 101n de séparer forme et contenu. les réunlt, car en art les oeuvres sont sources de transformation

"en vertu de la forme gu~ y est donnée .111

contenu. En fa~t, le contenu (id r(",j J l t(·

étab1~e) n 'apparai t da'ls ces oeuvres rJlW

d~stancé et méd~atlsé. "! ... J "La forme

esthét Igue ne s'oppose pas au contenu, fût -CL'

d~alectlquement. Dans l'oeuvre d'art, 1.1 {r)rme

deVIent contenu et VIce versa."( ~ '7)

rJans le sens de Sldney Flnkelsteln et Marcuse, flOU':;

refusons que les formes en art SOlent de Simples moules dans

(21)

lesquels les art1stes mettra lent leurs expérlences. C'est pourquoI les oeuvres qUI nous Intéressent prlorlta1rement portent sllr des événements, condItIons et expérl.ences concernant l'homme dans sa relatIon avec la socIété, un tout. t ra n S po s é d a:..:.n~s==--_..:::d::.:e=s_...:c::.:o=n:..:t::.:e:::.:n=uc.::s:..-_..:::e:..:t::....-.-::d::.:e:::.;s=----=f~o:::.=.r.::;m:;,;e:..:s::...-.-::é::.:t::;.:r::...::::o . ..::l:...;t::..e=m:.;:e:..,:n.:..t;:;

Interdépendants.

"Forro l n art conslsts of 11 vlng patterns of language, of organlc deSIgns wh.lch embody an art.lst's SOCIal thought, of the strucures WhlCh communlcat.lOn takes on l n a SOCIety l1!'hlCh regards communlca~lon as preclous.

Any a ttempt to separate form from content

l S destructIve to art ••• Through the patterns

of language the artlst adopts, and develops,

human belngs ent.er hlS art ..• It IS ObVlOUS

th en that the problem of art form l S a problem

of SOCIety, whether the artlst accepts 1 t as

such or not."( ~a)

Nous aborderons aInsl les rapports que l'anImatIon québécoIse entretIent avec les mouvements pl.cturaux, les courants IdéologIques et CInématographIques relIés à la protestatIon. Les questIons SUIvantes demeurent nos qu~stl.ons

directr1ces pour la pérIode 1950-1984: dans quelle mesure les lntelleetuels, les artIstes ont-lIs contesté l'ordre SOCIal et protesté par leurs oeuvres contre la soclété de l'époque? DepUIS les années CInquante, l'an1rnatlon à l'O.N.F. peut-elle ètre conSIdérée comme un genre "autonome" avec des partIcularItés et une hlsto1re dIfférentes: Peut-on déceler des recoupements entre les événements soclo-culturels et les fIlms, peut-on constater une évolutIon dans le ChOIX des thèmes et des formes de protestatIon ?

(22)

4. Méthodologle et organlsatl0n de la thèse

Cette thèse se déplolera en éventall. Chaqùe vol~t

éclalrant un aspect partlculler de la problématIque d'ub Id présentat.1on SUlvante: La protestatlon dans l'hlstolre du clnéma et du clnéma d'anlmatl0n, la protestatlon dans l~

contexte québécoIs, l'analyse de la protestatlon dans La

productIon d'ensemble de l'anlmatl0n à l'O.N.F., l'analyse à travers des exemples partIculiers.

a) La protestatlon dans l'hlstolre du cInéma et du clnéma d' anlmatl0n.

Cet te rupture thématIque et esthétlque sera au départ envlsagée à travers l'hIstoIre du cInéma et l'histolre de l'anlmatlon de deux façons; la premlère concerne Le reJ~t

systématIque d~s codes de l'expre-ssion clnématographlque, la deuXlème

nouvelles.

concerne

Une des

la tentatlve de créatlon de

questlons centrales posées par les spéClallstes, l'autonomle du médlum anlmatlon, est revendIquée par de nombreux clnéastes. Dans notre thèse, nous voudrlunh au contralre falre précéder notre analyse de l'anlmatlon québécolse d'une relecture de l'hlstolre générale du CInéma et de l 'hlstolre partlcullère du CInéma d'anlmatlon en n.!(Jdrd df'

la protestatlon. Cel a dans le but très éVldent dp c.: r I t IqU(~ r d

(23)

·

" sectarisme des hlstolres mondiales du clnéma qUl excluent à toute fln pratique l'animation en la reléguant da~s un COln bIen trlste, cel tH des et coetera.

Cette préoccupatl0n méthodologique apparaît déjà comme un déf 1 et n'a pas la prétentl0n oe refalre lel

l'hlstolre esthétlque et soclale du clnéma malS d'accumuler lnformatlons, sujets de polémlques, exemples d'lnnovations thémat 19ues et formelles pour être en mesure de mleux comprendre ensulte le rôle, la SpéCifiCité du cinéma d'animation à l'O.N.F. et de sa protestatl0n.

Bien que ces préambules historiques sOlent laborleux, Ils n'en sont pas mOins lndlspensables pour sltuer

l'animatlo~ dans son contexte, car pour nous toute productl0n

culturelle est aUSSl une production sociale développée dans une période donnée.

b) La protestatl0n dans le contexte québécOiS.

Clnéma québéco1s et clnéma d'anlmatlon. Quelle place plus générale la protestation occupe-t-elle aurant ces années au Québec? Dans le contexte bien précis de 1950 à 1984 l'artiste animateur peut-lI exercer de man~~re autonome son métier? Ce domaine, dont les oeuvres sont souvent qualifiées d'unlverselles, peut-lI être perturbé par le contexte SOC10-culturel québécolS et par l'institutIon onéfienne?

(24)

L'an~mateur verra-t-l1 son rôle changer à la lum~ère

des man~festatl0ns soclales, des déclsions gouvernementales et

des fluctuatIons pollt~ques? Y aura-t-~l des traces de ces changements sur ses oeuvres?

Pouvons-nous par exemple trouver des relatlons entre

les ~onclUS10ns du rapport Massey et le déménagement de

l'O.N.F. d'ottawa à Montréal en 1956, entre le développement

du natlonallsme et l'organlsatlon du studl.o f rança 18 d'anLmatlon en 1967, entre l'apparlClon des revendlcatl.Ons fémlnlstes en Amérlque du Nord et J 'é.\rl'lVée de femmes clnéastes à l'O.N.F. au début des années sOlxante-dlx?

Rétrospectlvement, Ils le même Intérêt pour la cinéma québécols de 1950

les fl1ms d'anlmatlon mcntrent-protestatIon qu'a man1festé le à 1978 surtout? ont-lIs été aUSS1 bouleversés

nationallsme, par

par

les t:onséquences du blllngulsme, du

les poussées soclalistes et contre-culturelles des années sOlxante-dIx?

Peut-on contInuer d'envIsager l'an~matlon comme un genre extérIeur à l'hIstOIre socIale ou peut-on fa1re certaIns rapprochements entre anlmatlon, arts visuels, cinéma québéCOIS et conjoncture?

Enfln se peut-lI que protestatlon se retrouvent à la même ou le clnéma québéCOIS en général?

certaIns époque dans

lntérêts de

la pelntun~

Les anImateurs s'exprlment avec plUSIeurs matérl~UX

(25)

thématIques qUI seraIent propres au Québec, y a-t-il des technIques qUI Illustrent mIeux que d'autres l'expression de la révolte?

Comme nous le soulIgnIons auparavant, s'lI eXIste de nombreuses recherches sur le développement thématIque, SOCI0-hIstorIque du cInéma québécoIS ou même sur ses SpéCIfICItés stylIstIques, Il n'eXIste que de courts artIcles parallèles aux analyses sur le cInéma québéCOIS, sur ces aspects du cInéma d'anImatIon. Sur les rapports entre les deux, sur les SpéCIfICItés de l'un par rapport à l'autre, peu de chose!

Il est d'un Intérêt certaIn d'esqUIsser aUSSI dans cette recherche les apports conjoInts des deux médIas quant à la protestatIon esthétIque et socIale, qUItte à pourSUIvre ultérIeurement cette recherche et à l'approfondIr.

C) ~nalyses de l'ensemble du cInéma d'anImatIon à l'O.N.F.

Ap~ès aVOir SItué la problématIque, les not~ons

hlstoriques et le cadre soclo-culturel, nous procéderons enSUIte à l'analyse proprement dIte de l'anImatIon à l'O.N.F.

Dans cet organIsme para-gouvernemental la notIon dt rentabilllé a évolué consIdérablement depUIS trente ans à la lumIère des expérIences, et des remanIements constants des chartes de l'lnstItutIon et de la conjoncture. C'est là d'aIlleurs qu'on a mIS sur pIed un réseau unIque de distrIbutIon de fIlms dans les années quarante.

(26)

Quel esprit préslde à la mlse sur pled d'un stUdl0 d'anlmation? Qu'est-ll advenu des enselgnements de Mc Laren et de Grlerson avant les années clnquante? Depuls cette époque,

jusqu'en 1984, l' lnstltut~on

o.

N. F. sert-elle -:lE' moteur ou d'ételgnolr aux anlmateurs souhaItant l'eXp('rlmentatlon sonore et vlsuelle? En anaJysant les nombreux fll'Tls d'an1mdtlon, quel s thèmes se dégagent de ce bou11lonrlement ·::u l ture l '? Quelles sont les expérl.mentatlons qUl. slgna lent 1 e plus clairement le ferment de protestatlon?

d) L'analyse d'exemples partlcuhers.

Pour cette observatlon de varl.ables, nous avons retenu les oeuvres de réall.sateurs partlcullers et les groupes de fl1ms SUlvants: l'oeuvre de Norman Mc Laren et de Plerre Hébert, les fl1ms réahsés par les femmes de 1969 à 1984, les fIlms réal1sés par des clnéastes étrangers InvItés cl l'O.N.F. Norman Mc Laren, 1 e pI0nnler, a produ1. t l'oeuvre 1 a pLus prOllf1.que et la plus varl.ée de l'O.N.F., ~lle en traverse toute l'hlstOl.re. Pl.erre Hébert y traval.lle depuls 1965, 11 est de lOIn le cl.néaste le plus polyvalent du studio franr;al.s avec ses nombreus~s tentatl. ves formelles et un 1. nti!rèt constant pour les thème~ soc 10-cul turels. Hébert et Mc Lilren

sont mûs par un commun SOUCI de d1.dactlsme et sont parmI les seuls c1.néastes d' anl.mat 1.on à aVOIr écrIt sur leur pra t l.que.

Les femmes ont réalIsé depuIs 1969 plus d'une trental ne de fllms d' an~matlon dont pl USl.eurs consti tuent un

(27)

\. apport orlglnal ~ la protestdtl.On. Quels sont les films les plus révélé.l.teurs de ce dynamIsme? En qUOI témolgnent-l.ls de préoccupatIons dIfférentes en regard d13 la protestation? Les cl.néastes l.nvItés à l'O.N.F. depuls 1943: Alexe.!.eff, pojar, Rel.nIger, Drlessen, Foldès, présentent des oeuvres 1.ntéressantes qu' 1.1 sera bon de confronter avec celles des c1néastes canadlens de l'O.N.F. Elles soulèvent des .::ruestlons stlmulantes sur la nature, la nouveauté et les condItIons de protesta t l.on.

Cette observatl.on de multIples unIvers se fera au travers de plus de soixante-du fllms. Elle devraIt permettre de rejeter les aff lrmatl.Ons SUl. vantes à l'effet que les productIons des deux stud.l.oS d' anlmatl.On sont parfaItement dIfférentes, que les femmes n' y font que des fIlms d' auto-ana lyse et que les étrangers n'osent y esquIsser que des unl. vers pIttoresques élolgnés des préoccupatIons SOCl.O-culturelles au Canada.

L'organIsatIon de la thèse

Ces questIons, préoccupatlons et cette méthodologIe seront artIculées en cInq chapltres et une conclUSIon. Le premIer chapitre propose deux lectures hIstorIques nouvelles sur le développement de la protestatIon, la premIère concerne l'artIste et en part1.CUlIer le clnéaste des orlglnes du clnéma aux années quat re-VIngt, l'autre concerne essentIellement le développement de la protestatIon en animatIon alnSl que la

20

(28)

..

nature des quest~ons posées par les historiens et les analystes de ce méd~um.

Le deuxIème chap~ tre porte sur le contexte SOClO-cul turel québécols pendant la pér l.ode étudiée, les concb t Ions de productIon, les événements, les préoccupatl.on!'>, 11'8

pol ~tIques susceptl.bles

pl us de clarté :lOUS

d • aVOlr lnf l uencé les oeuvres. Pour"

procéderons en troIS temps. protestatlon dans les courants ldéologlques, dans les courdnts cul turels, pUl.S dans le cInéma québécol. s.

Le trOISIème chapItre présente les condltlons de cr-éatlOn de l'OoN.F. pUlS dresse un portra~t des thématHlues

et des expérllnentat~ons v1suelles et sonores lIées à la

protestatlon. I l constl.tue le coeur de la présente recherche. Le chapltre quatre retlent l'oeuvre d'une douzaine d'anImateurs et veut présenter plus préclsement le chem1nement, les prl.ses de posltlons et les oeuvres de ceux et"

celles dont la contrl.butlon a été la plus lmportantf~ dans l'expreSSlon artIstIque de la protestat~on.

EnfIn, la concluslon devralt permettre une synthèse des dIfférents apports de l'anImatIon onéf l.enne dUX thématIques et à l'expérl.mentation. Elle devraIt fa 1 re

ressort1r l 'or19lnallté de l'anImatIon et ses pOints dro convergence avec le CInéma luébécOlS, les mouvements

30<"':10-cul turels au Québec et l' hl.stoire de l' anl.mat Ion mondIale. Elle établl.ra les lImItes des productl.ons onéflf::!nnt:'g de protestat10n pour s'ouvrIr enfln sur les perspcct l ves

(29)

récentes du c1néma d' an1mation e t sur les J.nterrogat1ons nauve Iles.

Cette recherche s'accompagne de quelques annexes p0ur compléter ou lllustrer les données sUlvantes:

li'J présentat10n chronolog1que des f J.lms et leurs réallsateurs. (Annexe 1)

la l J.ste alphabét1que des réallsateurs et de lIeurs fllms à l'O.N.F. (Annexe II)

la 11ste alphabét1que des réa11sateurs et de

leur~~ fJ.lms, retenus pour une étude pl us

détalllée. (Annexe III)

la IJ.ste et date des 1nterviews réal1sés auprès des c lnéastes. (Annexe IV)

des lnformat1ons sur les sources utl11sées. (Annexe V)

des 1nformat10ns complémentalres sur le travall technlque de l' anlmat1on. (Annexe VI)

5) Le corpus documentalre.

Nous d1spos10ns au départ d'une productJ.on d' enV1ron 300 fllms d'anl.matl.on produI.ts à l'O.N.!? de 1941 à 1984. Pour m1eux sa1S1r l'évolut10n de l'an1matJ.on nous avons subdiv1Sé cette productlon par pérlodes d' exécut10n: la product 10n de 1941 à 1950, la pér10de de 1950 à 1966 et celle de 1966 à 1984. Ce découpage permet premlèrement de fa1re ressortJ.r les orIgines de l'anlmatlon et les films qui J.llustrent le

")')

...

(30)

-étude plus approfondle. Elle devrait éclaIrer le role des lnCldence: IlngUl.stlques, culturelles, natIonales et sexuelles préambule de notre recherche au chapltre troJS (vInyt-hult f11ms). La deuxl.èrne pérIode commence en 1950 et s'achève avec les déclsions présIdant à la mIse sur pIed du studIO frança IS

d'anlmatlon en 1966. L'année 1950 correspond à un cholx arbltralre, on auraIt bIen pu aUSSI prendre 1949 ou 1951. Ce que cette pérIode évoque c'est l' élargl.ssement dE' la pruduc-tion et l'arnvée de l'O.N.F. à Montréal, plle compt'pnd quarante-troIS fllms. On peut aUSSl y salSIr la pérIode la plus productIve de Mc Laren. La troIsIème pénode r.omm(-.!nr'p en 1966 et const l tue 1 e coeur de notre reche rche pd r le nombre' et

la portée de ses productlons (deux cent qUInze fIlms).

Nous avons soustra 1. t de notre recherche qU0lques

fllms d'anlmatlon à lllustratlon SCIentlfique strlcte comme

l'anImatIon de la traJectoIre de mlssiles nucléall'ps f~t If~s fIlms retIrés de la dlffusion publIque. Nous avorte; dù

constItuer la EIemlère Ilste de fIlms d',-HllmdtllJf! [Jl-,.,dlilis d l'O.N.F. depuls 1941 en compIlant les données (ilff{·rpnt,··s fournles par les catalogues de dIstrlbutlon de 1'0.:-.1."'. et pdr le réseau 1.nfOrmatlque FORMAT. A pa r t 1 r deI 9 6 6 n CJ U :; n () u s

sommes Intéressée unlquement aux fIlms d'an1matlon prOdlJIts au Québec à l 'O.N.F., rejetant les fIlms faIts au Manltobd ou dans les Prov] nces Mar~t~mes comme non pertinents pour notre' propos. En anlmatlon, 11 n'est pas possible pour le mom~nt dp comparer les fIlms de l 'O.N.F. avec ceux de l' Indw-,tru' JJl-Jv(:('

(31)

e Il e-même des le matériel.

années de travail, ne serait-ce que pour réunlr

Nous avons vls10nné Id plupart des f1.lms de qua tre à d1x f01S. En partlcu11er notre stage au studIO françaIS en

1983 a permIs la réalIsatIon de nombreux IntervIews (annexe V)

avec plus d'une douzaIne d'artIsans de l'anImatIon. Nous avons assIsté aUSS1 à trolS festIvals InternatIonaux de fl1ms 83, Annecy 85 et Toronto 84) qUI d'anImatIon (Annecy

constItuent autant d'occasions de saISIr la productIon InternatIonale et d'échanger avec les clnéastes étrangers et canadIens.

Pour J'ensemble du travall nous avons travaIllé à partH de dIfférentes sources et bénéfiCIé du soutIen partIculIer de plUSIeurs cInéastes, crltlques ou collègues. Nous expllquerons au chapitre II quelles étalent les prInCIpales études sur l'anImatIon malS déJà nous pouvons Ind1quer à quel pOInt leur nombre restreInt et leurs fa Iblesses anal y tIques ont constItué tour à tour un freIn pUIS un st Imu l ant à cette recherche.

(32)

INTRODUCT ION Références:

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3. Henrl Lefebvre, La Vle quotIdlenne dans le monde

moderne, Parls, Galllmard, 1970, 376p.

4.

Hébert Marcuse, L'homme unldlmenslonnel, Parls, EdItl0ns de Mlnult, 1970, 316p.

5.

Paul WatzlaWlck,: =L;.::a=--_r:...é;::.;a=-=l:....;l:...t;::.;é=---:::;d:..;:e=---=..;l a=---=r:....;é::..:a::.;l::...=lc..:t;;.::é, Par l S ,

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8. Carl Sagan, çontact, New York, SImon et Schuster, 19H6,

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l' Hld i vldua l1sme contempora1n, Parls, Galllmard, 1983, 247p.

10. LUClen Goldmann, La créatIon culturelle dans la 80e l.été

moderne, Par1s, Denoël/Gonth1er, 1971, p.112.

11. NIkos Poulantzas, L'Etat, le pOUVOlr, le SOcldllsmp, ParIs, Presses UnlVersltalres de France, 1978, 300p.

(33)

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(34)

INTRODUCTION Référenc€·s. ( sui te)

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15. LOUIse Carn.ère, Le clnéma françaIs et la .J?..lace du cInéma amérIcaln en France DIscours, théorle, faIts et résistance, Projet pour les eXlgences part.le Iles du Doctorat en Communlcatlons, UnlverSl té Mc Glll, octobre 1985, 317p.

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17. Herbert Marcuse, La dimensl0n esthét 1que, Parls, SeUl l, 1 978 , pp . Il , 5 3 •

18. Sydney Flnkelsteln, Art and Soclety, New York, 1947, pp. 102, 103.

(35)

CHAPITRE 1

LA PROTESTATION DANS LE DEVEJ.OPPEMENT DU CINEMA ET DE L'ANIMATION

(36)

A entendre les

soc~ologues et hlstor ~ens, la

dl.fférents crltl.ques d'art. cul ture actue Ile est en c rlse. Et pourtant depuls ma l.ntenant une clnquantal. ne d'a nnée 1

n'est-ce-pas là un refraln connu?; le monde occl.dental comme If"'

capltall.ste seralent près de mourlr, la I l t téra ture et mem~'

le clnéma seral.ent aUSSl en VOle de dl.SparltJ.on. S'opposant- li cette conceptl.on alarmiste, Fernand Dumont dlsa1 t récemment, "pas de crise, pas de culture".(.1) Or, en a-t-il toujours été ainSl? L'art l.ste, l'anlmateur et le clnéaste ont.-Ils constamment déflé l'ordre social et cherché à subvertlr Id

Clté? VOl.là la questl.on qui ouvre le présent chapl tre.

Le deuxlème ordre de questl.ons, où mène iL! cru-l(~·.'

que cherche-t-elle à résoudre? nous ob~ 1ge à un long rappe 1 du développement hlstorl.que du clnéma de prlses de vueH cl l rl-!r:t_I'~

et ensulte du clnéma d'anl.matlon. Le cl.néma comme l';~njmatll)n

nés tous deux l.1 y a près de cent ans n'cn flnlsscnt pl I l , d l !

na ître, de renaître dans la douleur. et le cha us. Il f.J\lt explorer ces crlses. S1 nous ne comprenons pa S Cl)mrnr!n r I,i

protesta tlon en C 1néma et en s'est

comment a lIons-nous comprendre

protestatlon à l'O.N.F. de 1950 à 1984. Ces 1 n ter r 1) 1j.:1 t l 0 n s (' t ces retournements du c 1néma mondld l permet tent JUs h 'w:rt t d Il

(37)

,.

1

et des l.ntérêts tour à tour ont été prophétIques puis dépassés par leur temps. Al.nsl.. Wal t Disney est-ll passé en mOlns de dlX ans de réformateur graphIque au responsable de l'offlclallsatlOn du style lnc\ustrlel en anlmatlon, bloquant le développement thématlque et styllstl..que dans la protestat10n artlstlque. Nous voulons blen asseoIr cet arn.ère-plan mondlal pour qu'ensuIte le rôle et l~s

productlons de l 'O.N.F. nous apparalssent pl us clal..rement. Nous n'aborderons en effet les fl1ms d'anlmatlon que dans leurs rapports avec la protestatl0n et le contexte SOCl.O-culturel mondlal et québéc01S. Pour en sa1.Sl.r l'or1.glnall.té e t auss1. la tOl1e de fond lnternatlonale nous montrerons sur quels aspects Spéclflques l ' a r t clnématograph1.que a accentué la crlse. Au niveau des thèmes r nous chercherons à travers le

C l.néma des années vlngt à quatre-vlngt, les signes de cette

protestat.lon. Quant_ à la protestatlOn st y l1.stlque, elle demandera aUHSl plusleurs détours car elle est plus d1.ffl.clle à cerner malS non mOlns nécessa1.re.

"Le style, c'est la manlère propre à chaque

clnéaste, de sa~Slr la scène, d'engager 1 e

récIt, de condu~re le spectat.eur et les

personnages à la fOIs ..• ; dans le style d'un

clnéaste se révèlent sa vér~té, la relation

orIgInale qU'Il entretIent avec le monde VIsuel et sonore, son engagement, à la VIe à la mort dans 1 e rée 1 ". (2)

La protestatlon clnématographlque passe en clnéma par une profonde transformatlon des codes de communicatlon.

L' appar l tlon d'un s t Y le personnel en est d'autant plus menacée et pérl11euse dans le clnéma contemporaln que cette m"lnlère

(38)

propre au cinéaste se pré!:.ente de pl us en pl us comme un "obstac 1 e à la communicatlon, une contre-communlcatl.On." (.3)

L'oeuvre clnématographlque contemporaIne, dans le c l.néma de prises de vues dl.rectes et dans l' anlmatlon, eXlge souvent gue le spectateur fasse le vl.de pour être dlSpOlllble à cette

protest~tlon. Or, comme nous le verrons bIentàt, avec les

années qUl.-tre-vl.ngt, ses ChOih thématlques protestatlon suggèrent

le développement h lston.que du cInéma, et s t Y llst lques en regard de 1 a que le ll.en entre cInéastes et soclf~té

est malade. "L'éclatement, la dlverslté des formes de CInéma, la dl.Sparlté

posent de

des publlcs et la présence de goûts mul t 1 formes"

nouvellert quest.l.ons aux créateurs et aux spectateurs. ( 4) Le clnéma ne semble plus aUSSI capable qu'avant d'unLflcatl0n. VOllà donc posé le pOUXqUOl et le sens du développement hlstorlque où se dérouJerd la protestatIon en anlmatlon.

Nous termlnerons le présent chapl.tre en rE>levant la falblesse des analyses écrltes sur l'anlmatlon aInSl qUf_ l(~

corpus théorlque dans lequel se déroulent les affl rmat lOns des crltlques en an~iiI.J.tlon. Ces écrlts peuvent témOIgner d,,-! l'écart encore grand entre réf lexlons soclales et réf 1 pXIons en anlmatlon, et slgnaler aUSSl à quel pOlnt la présent.e recherche sur l ' anll'natl.on à. l'O.N.I!'. a dû c:omposer dvec pareIlles lacunes analytlques, d'où sans doute l ' Importanc(~

(39)

SItuatIon historlque de la protestatJ.on cJ.nématographlque qu'elle n'a pu trouver alileurs.

A. CINEMA ET PROTESTATION.

1. Art et protestatlon: le rôle de l'artlste et son évolutlon face à la protestatJ.on.

Pendant des décennles, le rôle de l'art.l.ste s'est confondu avec celUl de l'artlsan. L'important étalt d'acquérJ.r un métler et de s'approprler une technlque. Cet apprentlssage a été stJ.mulé au Moyen-Age par la mlse en place du compagnonnage. Les ouvrlers voyageaIent d'un endro.Lt ,) l'autre, souvent d'une r~glon à une autre et enrlchlssalent leur art de connalssances et de technlques nouvelles. Peu à peu, une spéclalJ.satlon s'est développée au seln d'un même corps de métler. Pour la C0~structlon d'égllses, d'abbayes, de chateaux-forts on falt de plus en plus appel à des sculpteurs renommés, à des pelntrAs de fresques, à des exécuteurs de vltrall. Dans le bas Moyen-Age, les oeuvres ne sont p<.!s encore sIgnées. Le métIer prend le dessus sur l'J.ndlvlduailté.

Il faut attendre le XVIème slèc 1 e pour perceVOIr les Sltjnes récurrents d'un tempérament artlstlque partlculler à tr.1V/:!l"S les commandes exécutées pour la noblesse et II:! cler'Jé.

CI'!:> oeuvres ne sont plus Identlflables seulement P,:H leur

ma 1 trise de

de formes, artlste.

technJ.ques complexes maJ.s aUSSI par l'apparitlon de couleurs rellées à la manlère propre d'un

(40)

~ ... Ce

dern~er, s ' i l jouit d'une certalne autonomle dans

l'exécutlon de son travail, pourra, tout en transposant les dpSlrs de son cllent, lalsser transparaître certaInes de ses préoccupatlons, qUl, sans être contradlctolies avec celles de

son cl~ent, manlfestent une certaIne dIstance. C'est ce qu'on

nomme 12 na~ssance d'un style ou de styles chez un artlste. Ces condltlons nouvelles de productlon permettent l'app&ritlon d'une ldéologie ~magée crlt~que. Des pelntres, des graveurs utllisent à partlr du XVIIème sIècle la parodle, l'allusl0n pour prendre un recul face aux conventIons et aux ldées soclales d'une classe au pOUVOir. (5)

Nous retrouvons chez Rembrand, Callot, Goya, une

product~on artIst~que, mlnorltalre, crltlque, développée

autour de thèmes de lutte contre l'oppresslon, de dénonclatlon des lnjustlces soclales. Ces nouvelles préoccupatlons en art n'lmp11quent pas que toute l'oeuvre d'un artIste SOIt porteuse de protestatlon, n1 que toute une Vle SOIt consacrée à s'lnd1gner. Elles

quelles cond1tlons

man1festent seulement à quel moment et dans des tempéraments artIstIques se sont

~nvest~s dans leurs oeuvres contre des classes domInantes.

ùn des grands sujets d'lnd1gnat10n des artIstes fut sans conteste l'horreur de la guerre.

Goya, les autant des guerres

b01S sculptés de Cranach, de cr1S de protestatlon contre clvl1es que des attaques

Les eaux-forte~ de

Holbeln devIenn~nt

les atrocLtés dey mordantes cont r(:! l ' ausol utlsme des monarchJ.es qU1 les ont susc l tées.

(41)

Lr~dentlflcatl0n des responsables CiVIls va souvent de pair avec celle de la ~esponsablllté clérIcale, le pape devenant aInSI la cIble de nombreuses fresques. La dénoncIatIon n'a pas toujours une SI nette perspectIve, elle est souvent vOIlée dans l'allégorIe et les VISIons utopIques comme chez Bruegel le Vleux.

Avec les années, le nombre d'artIstes augmente et la protestatIon s'accroît. Au XIXIème slècle, nous retrouvons des oeuvres de protestationQ vIsuelles plus dlversIfIées et plus

nombreuses. Le sIècle du développement foudroyant de de l'urban1.satI0n a accru les contrad1.ct1.ons socIales et entraîné en même temps réfleXIons et crItIques contre l'anarchIe du développement capItalIste.

Auparavdnt Hogarth en Angleterre compose une fresque V1.goureuse de l'ampleur des VIces humaIns, Goya à la fIn du XVlllIème SIècle énonce plusIeurs récrImInatIons contre l'arIstocratIe espagnole déchue et contre sa nouvelle remplaçante: une bourgeo~sle conservatrIce défenderesse des pratIques courtIsanes hypocrItes comme celles, plus barbares, du pIllage et de la torture.

De leur côté, des artIstes françaIS (Daunner, Rouaul t, PIssaro) tournent leur regard vers la mIsère des petIts métIers et des mIlIeux populaIres et vont jusqu'à parodIer les Instltutlons socIales qUI

SOCIété meurtrIe. Les AmérICa1.nS Keppler,

sauvegardent cette Nast, Walker et, plus tard, les Allemands KoelwItz, Barlach, Beckmann et Grosz

(42)

pub11ent dans des revues progress1stes des car1catures Vlsant les explol teürs.

de la guerre, à

Ils s'en prennent non seulement aux horreurs la répressl0n, et à la montée du fanatlsme malS Ils osent ldentlfler les hommes, les lnstltutlons el. les pouvoirs responsables: juges, armées, po I l t le 1. en s , caplta11stes de l ' lndustl."le. (6)

Un peSS1.mlSme certaln traverse les oeuvres de protestat10n au XIXlème et au début du XXlème s1.ècle. Il faudra attendre la progressl0n des ldées soclal1.stes vers les années 1915-1920 pour retrouver dans les oeuvres plcturales, théâtrales ou poétlques des ra1sons d'espérer un aven1.r me11leur. Plus1eurs art1stes dans le monde, surtout à partlr des années trente, déla1ssent le trava11 f1gurat1f. Cecl. va contrlbuer à 1so1er davantage les oeuvres flguratlves de protestatlon. De plus, l'organlsatlon des réseaux artIstIques, les modes, vont conflner de plus en plus l'artIste protestatalre dans des médlas et des lleux éll tlstes. La

grande presse va purger ses pages des carlcaturlstes trop encombrants, les oeuvres se retrouvent dans des llrés-à-part, des petltes galerles. A la ll.ml te, elles deViennent marchandlses pUlsque leur pouvolr crItlque s'est émou!:lsé avec les années, la conjoncture; les classes vl.sées, les référF.!nts

cul~urels étant autres. A leur manlère, les surréallstes en

pe1nture, en poésle, et b1entôt en clnéma, che rcheron t (J

brlser avec les conventlons esthétlques et mora j es. André Breton prônalt la transformat1on slmultanée du monde (selun

(43)

la pensée marxlste) et de la vie (selon RImbaud): deux entItés qUl, dorénavant, ne devaIent plus former qu'une seule. (7)

Ces volontés de changement et ces développements dlvers ne peuvep~ rIen face au nouveau médIum, le cInéma, qUI prendra auprès du publIc et auprès des artIstes nouveaux une place pnvIléglée.

2. CInéma et protestatIon: .2\) 1895-1960 a) Protestatlon soclale:

Le cinéma bénéflc1e, dès le départ, du climat de Ilbre entreprlse et d' euphorle conséquent aux nombreuses trouvaIlles sClentlflques. Un nouveau type d'artIste à la fOLS technIcIen, lnventeur et metteur en scène apparaît. Il dOIt bIentôt conJuguer les qualItés de l'artIsan avec celles de l'ouvrter d'IndustrIe: saVOIr falre avec précISIon un objet unIque et le fabrIquer rapld~ment. Blentôt des coples seront tIrées de l'orIglnal et seront dlstrlbuées maSSlvement. De 1895 et 1 9 15, la demande accrue du publIC pour l es "vues anlmées" entraîne un rythme de travaIl et une spéCIalIsatIon accélérée, qUi en d'autres domaInes, a prIS des centaInes ou

des mIllIers d'années à s'accomplIr.

Les grands studIOS amérlcalns engagent très rapldement l'ensemble du cInéma, y Inclus l'anlmatlon, dans un processus IndustrIel où la diVIsIon du t.ravall est parcellarlsée, où le contrôle du fIlm passe du réalIsateur au producteur. La polyvalence de l'artlste-clnéaste devIent alors

(44)

-

un slgnale une atout négllgeable perte d'autonomle avec ce développement 1ndustrlel, et de l'artlste. A la fln de la pérl0de muette, l'actlvlté clnématograph1que est concentrée dans des grands centres: Parls, Berl1n, New-York, Hollywood et les clnéastes sont engagés par contrat. Leurs clauses, plus ou rnOlns avantageuses, sont dlrectement sujettes aux résultats du box-offlce. Un bon fllm est un hlm que ChOIsIt le public', un bon fllm est avant tout un prodult rentable. Ces règles du marché devIennent la t01le de fond quotldlenne des Cln~~stps.

De plus, avec les années trente, des codes de c::ensure ld us

sévères Imposent avec menus détalls les sujets à trc1lt(·t', ceux à éVIter et leurs modes de représentatlon. (0)

C'est dans ce contexte du passage rap .ule dl' l'artIsanat à l'lndustrIe qU'lI faut sItuer l'artlstc-cln6d~le

de 1895 à 1928 et le développement du cInéma.

A partIr de là, Il ne faut pas s'étonnr"" ('n cherchant des SIgnes de protestatlon, de découvrlr mOins un

ensemble qu'une sUIte d'essaIS C la ~ rsemés IHlt!

c1nématograph1e ou dans l'oeuvre d'un CInéaste. plus qU'~1U(:Ufl

autre médIum, le c 1néma eXIge, dès les années vIngt, dcs

moyens f Inanc lers astronomIques que seu l s 1 p.<-; monop() ll~" du

c lnéma sont en mesure d ' avance r. Le C lnéas t(~ t rav,-·ull.jJd. ~I'ld

dans son COln et subventl0nné par un mécène b 1 envt' J l 1" fi t

demeure une lmage perslstante malS Irréelle.

La cl.nématographle russe des années v~n(Jt dppd/'d 1 t

comme une exceptl0n au tableau. 1919, Poudov k trit· ,

(45)

Dojvenko, Elsensteln, Vertov poursul vent réfleXlon sur la corruptlon de l'anclen

à l'écran une réglffie et su: l'lnstauratlon d'une nouvelle soclété tout en lnvestlgant, pnr une expérlmentatl0n soutenue, les moyens clnématographlgues. Al11eurs, quelques indlvldus, ayant bénéflc16 d'aPPuls conjoncturels ou se produlsant eux-mêmes réallsent des fl1ms de protestatl0n qU'lls devront par la sUlte défendre avec dpreté: Les écoles documentarlstes anglalse et amérlcalne, stroheim (Greeds 1924), Welles (Cltlzen Kane 1941), Brecht temps modernes 1936, Le (Kule vampe 1932),

dlctateur 1940).

Chaplln (Les

Leurs hlstolres respectlves conflrrnent à quel pOint le conservatlsme des centres de décls10n en clnéma est tenace: l'exl!, le silence ou, ep ClnèHla, l'utl11satl0n de l'allégorle devlennent souvent leurs seules portes de sortle.

Ce sera d'autant plus notolre aver le macarthysme aux Etats-UniS et les conséquences de la guerre froute. PIUSleurs cln~astes At scénarlstes avalent essalmé dans les films des alluslons à la corruptl0n polltlque, à la Violence

de la conquête de l'Ouest. Certalns avalent même

représenter à l'écran le peuple lndlen avec des tradltlons et une cul ture intéressantes. Avec l es enquêtes nombreuses dans Id pr'ofesslun clnématographJ.que, un vérltable cllffiat de peur et des habitudes d'auto-censure tenaces vont s'enr~~ln~r.

PlUSieurs Cinéastes déménageront en Europe pour éVlter Jes procès truffés de Plèges (9), d'autres feront même de la

(46)

prlson (10) OU encore travalileront par la sUlte dans

l'anonymat sous un nom d'emprunt. (11) Certalns osent attaquer prudemment corruptlon et "confllts d'lntérêt". Au Canada, pendant la pérlode duplesslste 1936-1939, 194.l-1959 et en France durant les années de guerre, la protestatlon est étouffée sans remord. La flctlon en ressort purg~e de ses éléments de réflexlon soclale et devlent peu à peu un Immense hacholr où la mlèvrerle et le sentlmentallsme font bon ménage, heureusement supplantés par le clnéma dlrect et 10

renouveau de la flctl0n, à la fln des années clnquante.

Durant les années trente et quarante, le clnéma documentalre et d'actualltés fllmées demeure en pUlssance le mellieur creuset pour le clnéma de protestatlon. Les eXlgences d'observatl0n lncltent le clnjaste a percer les apparences, et même à s'engager dans les événements délalssant alnSl son role d'enreglstreur pour questlonner les falts. Dans 1 es a nnéf's trente, l'école de Brlghton en Angleterre avec Grlerson et le clnéma de Flaherty, d'Ivens, lncorporent dIdactIsme et fInesse d'observatlon. John Grlerson, lorsqu'lI deVIent responsable du General Post Offlce en 1934, prouvera aux cInéphlles qu'un fIlm à Intérêt SOCIal peut lnstrulre tout en dlVp.rtlssant.

Venant au Canada en 1938, Grlerson plaIde ddns Hon rapport pour la mlse sur p1ed d'un NatIonal FIlm BOdrd (N.F.B.)i c'est là qU'lI contlnuera ensulte à défendre cpttt' nécesslté des fl1ms SOClaux. Durant toute sa carrlère, 11 s'opposera à la conceptlon naïve du clnéma-vérlté qUl prétend

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