Violences des martyres
dans l’œuvre de Théodore de Bèze
ca 1548-1603
Séminaire « Violence vécue, violence représentée » UCLouvain, 2 novembre 2020
« Le martyre d’Anne du Bourg (1559) »,
in TORTOREL & PERRISSIN, Quarante Tableaux (1569-1570)
Théodore de Bèze à 24 ans.
En plein bûcher voyant brûler Dolet,
[…]
Et déjà tout le feu était étouffé,
Déjà, trempé sous une large pluie,
Dolet semblait ravi à la mort ;
Quand dans les hauteurs du ciel tonna l’inflexible
Père des dieux
; et, comme s’il souffrait avec peine
Ce zèle infini des Sœurs :
« Ah ! cessez », dit-il ; « et plus longtemps au ciel
N’enviez un nouvel habitant :
Théodore de Bèze à 29 ans. Estampe.
[Isaac :]
Or doncq mon père, il fault, comme je veoy,
Il fault mourir. Las mon Dieu, aide moy !
Mon Dieu, mon Dieu, renforce-moy le cueur !
Rend-moy, mon Dieu, sur moymesme vainqueur !
Liez, frappez, bruslez, je suis tout prest
D’endurer tout, mon Dieu, puisqu’il te plaist.
Abraham sacrifiant, 1550, v. 879-884.[Abraham :]
Fut-il jamais pitié ? A, a, je meurs,
Je meurs mon filz.
Abraham sacrifiant, 1550, v. 932-933.
Louange à Dieu, qui, fasse le Ciel, nous fournirait le même courage s’il lui semble que nous pourrions également signer de notre sang sa doctrine.
L. 44 à Bullinger, le 7 mai 1554, in Corr., t. I, p. 128.
- « Je viens de Paris où j’ai vu grand’pitié ». - « Quoi alors ? » demanda un autre.
- Moi je répondis : « On brûle de saints hommes comme des faisceaux de brindilles ».
Le Passavant (1553), trad. J. Ledegang-Keegstra, p. 158-159 l.
Je voy les feus bruslans en lieus divers
.
A l’Eglise de nostre Seigneur (1551), st. 5.
Feu, glaive, mer, maint chien malicieux, De tous costés les justes environne. […]
O mon pays doux
Je meurs loin de vous, Voire et volontiers,
Puis qu’en toy (ô France) Font leur demeurance
Des saincts les meurtriers.
Seché de douleur (1551), st. 7.
[…] il m’est venu à l’esprit cette intervention de votre Église envers notre Paris qui aurait été vaincu à Dôle au nom du
Seigneur Jésus. Celui-ci a été puni de la peine capitale le mois dernier ; grâce à sa constance invaincue, comme nous
avons entendu dire, il a vaincu non seulement ses propres ennemis mais la mort elle-même.
L. 44 à Bullinger, le 7 mai 1554, in Corr., t. I, p. 128.
Sus donc, amis, chantez-moy ces complaintes, Faites ouyr ces prieres tant sainctes.
Fendans le feu d’une voix de louanges
Qui soit tesmoin devant Dieu et ses anges De nostre saincte et vertueuse estude, Contre le monde et son ingratitude.
A l’Eglise de nostre Seigneur (1551), st. 6.
Michael Servetus…
Burin. Amsterdam, Christoffel I van Sichem, 1607
Ainsi, faisans semblant de prendre la defense de douceur et clemence (pour destourner les fideles d’apercevoir ce à quoy ils pretendent principalement) ils ont tellement esté esmeus d’un despit qu’ils ont conceu du martyre de ce poure
innocent Servet, qu’ils ont desgorgé tout
Ce je te veux bien advertir, si tu ne le scais, que le diable
aussi ha ses martyrs, comme sainct Augustin monstre
fort bien, parlant de certains heretiques qui hors mis la cause ressembloyent en tout le reste aux martyrs de Dieu.
DUBOIS Fr., Le massacre de la Saint-Barthélemy, s.d. Huile sur toile, 93.5 x 151.4 cm.
5. Le Temps des Fers
Imago primi saeculi Societatis Jesu
(1640), p. 571.
5. Le Temps des Fers
Violences des martyres
dans l’œuvre de Théodore de Bèze
ca 1548-1603
Aurélien Bourgaux
Séminaire « Violence vécue, violence représentée » UCLouvain, 2 novembre 2020