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Cholet, résilience d'un centre-ville : les Arcades Rougé, une nouvelle dynamique pour le commerce choletais

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Academic year: 2021

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Submitted on 15 Dec 2017

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Cholet, résilience d’un centre-ville : les Arcades Rougé,

une nouvelle dynamique pour le commerce choletais

Maxime Picard

To cite this version:

Maxime Picard. Cholet, résilience d’un centre-ville : les Arcades Rougé, une nouvelle dynamique pour le commerce choletais . Architecture, aménagement de l’espace. 2015. �dumas-01620025�

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UE 74 Mémoire d’étude Séminaire « Controverses spatiales »

directeur d’étude : Laurent Devisme

Cholet, résilience d’un centre-ville

Les Arcades Rougé,

une nouvelle dynamique pour le commerce choletais

Maxime Picard

Ensa Nantes, cycle de master 2014-2015

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Cholet, résilience d’un centre-ville Remerciments

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Je tiens à remercier tous ceux qui, de près ou de loin, m’ont aidé durant ce travail de recherche et m’ont permis d’aboutir à ce mémoire.

Ainsi, je tiens à remercier mon directeur d’étude, Laurent Devisme, pour m’avoir accompagné jusqu’au bout de ce mémoire et avoir su être à l’écoute de mes interrogations, même les plus tardives.

Je remercie tous les acteurs qui ont su se rendre disponibles pour me ren-contrer et pour dialoguer :

- Aveline Benoits, Chef du service Actions de Quartiers/Commerce et Ar-tisanat de la ville de Cholet.

- Jean-Claude Besnard, Président du Conseil de Développement de la CAC (Communauté d’Agglomération du Choletais) et Vice-Président de Sèvre-Loire Habitat.

- Michel Bonneau, Adjoint à la mairie de Cholet en charge du commerce. - Sophie Bouchet-Gasnier, Directrice de l’Aménagement de la CAC. - Fabrice Caillarec, Chef du service Études Architecturales et Urbaines de la ville de Cholet.

- Tristan Jouanny, membre du groupe d’opposition « un nouvel élan pour Cholet », professeur de sciences économiques et sociales.

- Michèle Mahé, Directrice du Développement Économique de la CAC. - Jacky Quesnel, chargé du SIG (Système d’Information Géographique) à la direction de l’Aménagement de la CAC.

Merci à eux pour l’attention et le temps accordés.

Merci, enfin, à ma correctrice et à mes supporters qui m’ont soutenu cette année : Lisa Picard, Julien Chapel, Pierre Kerdoncuff, Mélinda Bellec et Emmanuelle Brossier.

Remerciements

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Cholet, résilience d’un centre-ville Sommaire 4 5

Sommaire

Remerciements

Sommaire

Introduction

Partie 1 : D’un passé ouvrier à une société des loisirs

1.1 Cholet, ville ouvrière

1.2 Gilles Bourdouleix ou la politique des grands équipements

A) Glisséo, pôle sportif tout en superlatifs B) L’espace Saint-Louis, un écrin pour la vie

culturelle choletaise

Partie 2 : une nouvelle dynamique

pour le centre-ville

2.1 Les choix politiques

A) Le refus de la délocalisation du cinéma B) Une enseigne de la grande distribution pour générer des flux

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Cholet, résilience d’un centre-ville Sommaire

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2.2 Un quartier en pleine mutation

A) Parking souterrains et culture de la voiture B) La réhabilitation de l’ancien théâtre

2.3 Un nouvel équilibre pour le centre-ville A) Vers un centre-ville plus concentré B) Les Arcades Rougé, une tranche de ville ?

Partie 3 : La résilience,

une problématique généralisée

3.1 Résilience des centre-villes : à Cholet comme ailleurs A) La Roche-sur-Yon, la transformation d’un centre-ville

B) Saint-Nazaire, un handicap structurel 3.2 Évolutions et prospectives des modes de consommations

Conclusion

Médiagraphie

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Cholet, résilience d’un centre-ville Introduction

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Introduction

En 2009, j’étais en terminale au lycée Renaudeau à Cholet. Les Arcades Rougé venaient tout juste d’ouvrir lorsque j’ai passé mon baccalauréat. L’ob-jet m’avait intrigué à l’époque. Durant les années précédentes, j’avais vu le site originel être détruit, creusé jusqu’à former un cratère formidable au centre de la ville, puis se concrétiser en ce centre commercial flambant neuf.

Dans le même temps, un autre centre commercial avait vu le jour en péri-phérie de la ville : l’Autre Faubourg. Celui-ci comportait à la fois des maga-sins de prêt-à-porter, des boutiques de chaussures, une enseigne de sport, un magasin de jouets, un commerce de produits culturels... Exactement ce que les Arcades Rougé étaient censées accueillir. La chose m’avait paru incongrue.

C’est ce simple souvenir qui est remonté à la surface, plusieurs années après, lorsqu’il m’a fallu choisir un sujet pour mon mémoire.

Dans cette simple interrogation tenait déjà le sujet de mon mémoire : la résilience du centre-ville de Cholet à travers le prisme du commerce. En effet, comme le souligne Jean Soumagne en introduction de l’ouvrage qu’il a dirigé, « Aménagement et résilience du commerce urbain en France », «

la fonction marchande est une composante essentielle de la vie de la cité ».1

Le dictionnaire Larousse définit la résilience comme étant « la

caractéris-tique mécanique définissant la résistance aux chocs d’un matériau ».2 Ici,

notre sujet est la résilience urbaine : les mécanismes de résistances, de

1 Soumagne, Jean. Introduction. In Soumagne, Jean (dir.). Aménagement et

résilience du commerce urbain en France. L’Harmattan, 2014. Chapitre 2, p 76. Itinéraires

Géographiques. ISBN 978-2-343-02326-7

2 Résilience. Dictionnaire de français Larousse, en ligne.

http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/r%C3%A9silience/68616

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Cholet, résilience d’un centre-ville Introduction

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transformations et d’adaptations techniques, économiques et architectu-rales des centres-villes face au Choc de la grande distribution.

Originaire du pays choletais, j’ai voulu m’intéresser à Cholet, ville ne jouis-sant pas d’une bonne image. Au cours de ces derniers mois, l’évocation de mon su jet de mémoire a fait sourire bon nombre de mes relations à Nantes. Il faut dire que Cholet a une solide réputation de ville « moche ». Loin de tomber dans une apologie chauvine de cette ville, j’ai cherché à en étudier une facette afin de comprendre ses évolutions.

J’ai donc travaillé autours des interrogations suivantes : Quelles logiques ont présidé à la réalisation du projet des Arcades Rougé ? Quelle est la situation urbaine et économique du centre-ville choletais ? Comment a évolué cette ville au cours du XXème siècle ? Quels outils pour la résilience

de ce centre-ville ?

Autant de questions pour lesquelles j’ai dû rencontrer des acteurs du déve-loppement urbain et économique de Cholet, que ce soit à la CAC (la Com-munauté d’Agglomération du Choletais), aux services de la ville, ou encore parmis l’opposition municipale. Ils m’ont permis de porter un regard plus avisé sur les enjeux qui sous-tendent le développement du centre-ville cho-letais.

Ce mémoire cherche également à replacer la situation choletaise dans un contexte plus global, en décryptant les évolutions des modes de consom-mation, et en la comparant à deux autres villes : La Roche-sur-Yon et Saint-Nazaire.

Les changements que cette ville a subis durant les 20 dernières années, je les ai vécus, et parfois d’assez près. Au cours de ce mémoire, j’ai fait le choix de convoquer certains de mes souvenirs attachés à des lieux, des objets, afin de les mettre dans une perspective toute personnelle. Ce procédé ap-portera au lecteur, je l’espère, un éclairage différent sur les sujets abordés.

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Partie I :

L’activité commerciale s’inscrit dans un contexte économique et urbain plus large. La résilience du centre-ville de Cholet dépend donc de la si-tuation économique du territoire choletais et de sa configuration urbaine. Afin d’appréhender celles-ci, il nous faut nous intéresser au développement historique de Cholet et aux grands axes de la politique d’aménagement me-née par la ville en corrélation avec ce développement.

D’un Passé ouvrier

à une société des loisirs

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1.1 Cholet, ville ouvrière

Pour comprendre les priorités des décideurs politiques, il faut souligner l’identité ouvrière de Cholet, qui a structuré son développement depuis le XIXème siècle.

a) Le tissage, industrie historique de Cholet

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, Cholet était une ville encore solidement ancrée dans le XIXème siècle. Elle restait une ville rurale, avec

son marché agricole et surtout son important marché aux bovins. Cette activité perdure encore aujourd’hui, le marché de Cholet est même le mar-ché le plus important de France pour les gros bovins. Cholet était égale-ment une ville manufacturière, quasi mono-industrielle, essentielleégale-ment textile. Ce secteur employait, en 1954, 42 % des actifs du secondaire. Le textile choletais s’illustrait dans le tissage, l’habillement, mais également la chaussure, grande pourvoyeuse d’emplois. Cette culture industrielle forte, tout-à-fait exceptionnelle dans une ville de l’ouest de la France, marqua de son empreinte le paysage urbain, par la présence des usines aux hautes che-minées de brique (on peut aujourd’hui admirer une rescapée qui témoigne de cette activité économique au musée du textile) et des ateliers incrustés dans le tissu urbain peu dense.

Le tissu résidentiel se démarquait par la prédominance d’une architecture de maisons basses, à un seul étage ou sans étage, avec un simple rez-de-chaussée surélevé sur cave, dérivées des anciennes maisons de tisserands à domicile. C’est une architecture commune à l’ensemble du territoire ven-déen, dont Cholet fait historiquement partie. L’identité industrieuse se re-flétait aussi dans la coloration sociale ouvrière : on dénombre en 1954, parmi les actifs, plus de 49 % d’ouvriers, dont près de la moitié (45 %)

Musée du textile de Cholet

photographie personnelle

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Cholet, résilience d’un centre-ville Partie 1 : D’un Passé ouvrier à une société des loisirs

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étaient des femmes.1

Les tissages choletais étaient aux mains de dynasties patronales : Allereau, Brémond, Maret, Pellaumail, Richard, Turpault...2 On y produit

notam-ment le fameux mouchoir de Cholet : 400 à 450 tonnes par an, soit 30% de la production nationale, et un pourcentage bien plus important pour les mouchoirs de qualité. Autour de ces firmes industrielles gravitaient des blanchisseries et de petits ateliers de confection de lingerie qui avaient re-cours au travail féminin à domicile.

1 INSEE - Recensement général de la population de mai 1954. Département du Maine-et-Loire. Imprimerie nationale 1960.

2 Jeanneau Jacques. La diversification des activités de Cholet au second vingtième siècle. In: Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest. Tome 97, numéro 3, 1990. Les industries textiles dans l’ouest XVIIIe-XXe siècles. pp. 419-430.

Mais le secteur textile était déjà loin de son apogée du début du siècle. La production de 1950 ne représentait guère plus que 80% de celle de l’année 1938, et seulement 40% par rapport aux années 20. L’emploi dans le textile, reparti en hausse au lendemain de la guerre, ne conservera pas cet élan bien longtemps.

Durant les années 50-60, la quasi-totalité des tissages de Cholet mettent la clé sous la porte, à l’exception de l’usine Turpault. De plus de 3000 employés au milieu des années 50, on tombe à 1327 employés en 1964, 918 en 1968, enfin 711 en 1972, ne représentant plus que 4,9% des actifs industriels.3

Cette crise du textile dans les années 50 est structurelle : elle est liée la fin du protectionnisme à la française, découlant de la décolonisation et de la mise en place de la Communauté Économique Européenne, qui accroît la mise en concurrence internationale, mais aussi aux évolutions technolo-giques (synthétique, plastique...), à l’obsolescence des machines de travail et enfin l’évolution des goûts des consommateurs.

Le prêt-à-porter ne permet qu’en partie de compenser cette débâcle du tex-tile. Une reconversion avait été entamée avant-guerre par quelques artisans tisserands, tablant sur une forte présence des femmes ouvrières et de leurs faibles salaires. Mais c’est entre 1965 et 1975 que le prêt-à-porter prend une nouvelle dimension, grâce à l’expansion du marché français des trente glorieuses, au triomphe de la société de consommation, et au sens des af-faires de ces entreprises choletaises. La majorité des usines de confection et des ateliers de façonniers, qui emploient 80 % de femmes, se localisent en milieu rural, dans les Mauges, et plus encore en Vendée du nord-est. A Cholet-même, chaque entreprise a généralement une de ses usines et sur-tout son siège social. Le prêt-à-porter choletais existe toujours aujourd’hui,

3 Statistiques de l’ASSEDIC - CCI de Cholet, Service économique.

b) Un secteur en déclin

Le mouchoir de Cholet

source : © Marc OLLIVIER / MAXPPP

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mais il est à son tour déstabilisé : la crise n’a pas épargné un secteur forte-ment concurrencé par l’industrie des pays émergents, où il est possible de réaliser des produits à des prix imbattables pour les ateliers choletais. La tendance est à la spécialisation dans les produits de luxe, à l’instar de bon nombre d’entreprises françaises.

L’industrie de la chaussure, si elle comptait encore six entreprises à Cholet en 1990, a depuis totalement périclité. Les rares entreprises restantes ont adopté la stratégie de spécialisation évoquée précédemment.

L’ensemble du secteur textile-habillement a reculé : il représentait 36,2% de l’emploi industriel en 1965, 21,3% en 1977 et seulement 7% en 2014.4

Heureusement pour Cholet, la ville a su rester entreprenante, et d’autres industries ont pris en main la suite de son destin économique.

4 source CAC (Communauté d’Agglomération du Choletais), 2014

La seconde moitié du XXème siècle a vu deux autres branches de l’industrie

dépasser les secteurs du textile et de l’habillement. À la fin des années 70, les industries mécaniques, électriques et électroniques (23,4% des emplois du secteur secondaire) et les industries chimiques (26,5%) ont détrôné l’ac-tivité textile historique dans le choletais. Le quatrième pilier de ces années 70, est l’emploi dans le bâtiment (13,2%).

Ces réussites sont avant tout le fruit de l’esprit d’entreprise de petits ateliers locaux devenus des PMI (petites et moyennes industries), par exemple dans l’industrie du bois et de l’ameublement, qui a presque doublé ses ef-fectifs entre 1965 et 1977. L’industrie agroalimentaire a elle aussi pris son essor. Le nombre d’emplois y est passé de 181 en 1965 à 759 en 1977.3

Mais elles sont aussi dues à la politique de déconcentration industrielle, avec le transfert d’établissements de production sur le territoire choletais, sans nécessairement que le siège social s’y implante. Ce fut le cas dès 1935, avec l’implantation de l’usine de la Société Française Radio-électrique (SFR), devenue Thomson puis Thalès aujourd’hui. Thomson a employé jusqu’à 2000 personnes dans les années 70.5

Cholet n’a bénéficié qu’assez tard de cette politique de désenclavement in-dustriel. Ville moyenne et encore enclavée dans les années 60, elle est à la périphérie de l’auréole de la déconcentration parisienne. Les retombées sont restées longtemps décevantes pour le choletais. La ténacité des pou-voirs publics est enfin récompensée en 1970 par l’implantation d’une usine de pneumatiques Michelin. La collectivité déroule le tapis rouge : mise à disposition de trente-trois hectares de terrain au nord-est de la ville et construction de logements. En 1979, Michelin emploie 2400 salariés. Cette

5 monographie de l’usine Thomson-CSF, in L’informateur Économique du Cho-letais, août-sept.1975, CCI de Cholet ; et sous l’angle syndical, chronologie et courbe des effectifs in « 50 ans de lutte, 36-86 » - section CGT de Thomson.

c) Le renouveau industriel

Industrie de la chaussure

Le May-sur-Evre, chez Joseph-Chupin, banc de piqûre entre 1950 et 1952.

source : ouestfrance-entreprises.fr

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installation a donné un coup de fouet à l’économie choletaise.

Malgré la chute de l’industrie du tissage au lendemain de la seconde guerre mondiale, les trente glorieuses ont vu Cholet se régénérer grâce au secteur secondaire. Les salariés du secondaire ont vu leur nombre passer de 700 en 1954, à 9 500 en 1965 et 14 400 en 1973.3 Mais l’économie choletaise,

traditionnellement aux mains de décideurs locaux, est passée aux mains de décideurs extérieurs.

La cheminée de l’usine Michelin

photographie personnelle

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Au début des années 50, Cholet était, à l’image de bon nombre de villes manufacturières françaises, nettement sous-tertiarisée. En 1954, seuls 37,5% des actifs travaillaient dans le secteur tertiaire. Le secteur des ser-vices (banques, commerces, administration, serser-vices hospitaliers...) était à l’image de l’hôtel de ville minuscule de la place Travot : la ville était sous-équipée. Durant les trente glorieuses, Cholet a tâché de se rattraper. De 37,5% d’actifs dans le tertiaire en 1954, on est passé à 41,7% en 1962, 44% en 1975 et enfin 50,5% en 1982. En 2006, 68,8% des actifs travaillaient dans le secteur tertiaire et 72,5% en 2011,6 soit une augmentation de 174%

en 50 ans.

Cette augmentation quasi exponentielle des actifs du tertiaire a contribué à compenser la perte de vitesse du secteur primaire et du secteur secondaire. Les services aux entreprises, jusqu’alors confiés à des entreprises exté-rieures, parisiennes ou nantaises, commencent à se développer sur place à la fin des années 70. À la fin des années 80, on dénombre à Cholet une centaines de sociétés, cabinets et agences de services aux entreprises. Cet essor a été stimulé par la construction du Centre d’Affaires de la Mode et de l’Industrie, regroupant divers services de conseils aux entreprises du prêt-à-porter et de la chaussure, et par la décentralisation à Cholet de deux organismes professionnels de recherche appliquée, le Centre Technique du Cuir et le Centre d’Études Techniques des Industries de l’Habillement. Le niveau de vie a augmenté durant les trente années qui suivirent la fin de la guerre. Cette mutation de la société a induit le développement d’un tertiaire d’accompagnement. C’est l’arrivée de ce que l’on va appeler «la grande distribution», qui accompagne le développement de quartiers pé-riphériques.

6 INSEE - Recensements généraux de la population - Maine et Loire - de 1954, 1962, 1975, 1982, 2006, 2011

d) L’essor du secteur tertiaire

L’ancien centre commercial MAIL 2 devenu un musée.

photographie personnelle

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Si l’économie d’un territoire est gage de dynamisme, son attractivité doit être favorisé par l’aménagement d’un cadre de vie agréable. Cela passe avant tout par la mise en place de services banaux de qualité : équipe-ments scolaires, médicaux, administration etc, édification du nouvel hôtel de ville en 1976 et construction d’un nouveau centre hospitalier de 700 lits en 1977, employant plus de 1300 personnes au lieu du vieil hôpital Saint-Louis qui lui n’en employait que 540. Cela passe aussi par une volonté d’aménagement d’espaces dédiés au loisirs : espaces verts, parc de la Moine, stades, gymnases, complexe du lac de Ribou en périphérie... Du fait d’une population plutôt jeune dans les années 80 (35% de moins de 20 ans), les pouvoirs locaux axent leur politique sur le développement des établisse-ments de formation, pour les bacheliers comme pour les sans-diplômes. Cholet devient une antenne de l’Université d’Angers.

Dans le centre-ville, la volonté est également d’offrir un cadre de vie agréable au consommateur, acteur triomphant des trente glorieuses. Cela prend forme dès 1977, avec la création du centre commercial Mail 2 confié à un promoteur privé, suivant la volonté d’extension du centre vers le sud, vers la rivière de la Moine.7 Ce centre commercial sera, déjà à l’époque, un

échec. Dans une étude comparative de politiques d’aménagement, Jacques Jeanneau, maître-assistant à l’université d’Angers, note en 1978 que « le

démarrage de Mail 2 semble difficile : certaines cellules commerciales n’ont pas encore trouvé preneur et, malgré la construction d’une passerelle au-des-sus de la rue de l’Abreuvoir pour faciliter l’accès des piétons, l’affluence reste médiocre. On peut se demander si le modernisme d’un tel shopping center ne rebute pas quelque peu la clientèle semi-rurale du Choletais »8 En 1993,

7 JEANNEAU (J) - Cholet et Saumur, deux politiques d’aménagement du centre en ville moyenne », Norois, n° 97-98, janvier-juin 1978, p. 87-101 ; et JEANNEAU (J) - « Les mutations de Cholet au second XXe siècle », Mélanges A. BOUHIER, Centre de Géo-graphie Humaine et Sociale de l’Université de Poitiers, 1990.

8 14 août 2013. « Mail 2, le centre commercial qui n’a jamais décollé »

Ouest-e) L’amélioration du cadre de vie

Place Travot Les Arcades Rougé MAIL 2

hypercentre

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Plan de situation du centre commercial MAIL 2

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la ville rachète le bâtiment pour y installer les musées d’Arts et d’Histoire. Sous les mandats de Maurice Ligot, maire de 1965 à 1995, la ville passe de 36.000 habitants à 58.000 habitants. Cholet s’étend considérablement ; sa périphérie et la campagne environnante en sont profondément bou-leversées. La ville actuelle de Cholet s’est donc construite au cours de ces trente années, comme le rappelle Jean-Claude Besnard, architecte de for-mation, Président du Conseil de Développement à la CAC, Vice-Président de Sèvre-Loire Habitat, l’office public de l’habitat du choletais, et qui a été adjoint au maire en charge des questions d’urbanisme, d’architecture et d’environnement dès 1977 :

« Sous Maurice Ligot, l’évolution a été extraordinaire, la ville a été construite dans toute ses grandes dimensions qu’elles soient sportives, culturelles, indus-trielles, administratives, sociales : équipements publiques, hôpital etc. »

Et d’évoquer le «trépied» sur lequel s’est construit et se construit encore Cholet, au même titre que d’autres villes : le logement, l’emploi et la santé.

« Un citoyen, s’il a un emploi, il a besoin d’un logement, et il faut qu’il ait la santé pour assurer son emploi. La politique de la ville repose sur ce trépied, ces trois piliers : un pilier cohésion sociale, un pilier cadre de vie / renouvelle-ment urbain, et un pilier développerenouvelle-ment de l’activité économique et de l’em-ploi. C’est fondamental. Après, il y a tous les loisirs, il y a tout le reste, mais ça, c’est la construction de la ville. »

Ce trépied va donc structurer la politique de l’aménagement menée par Cholet avec le développement de zones d’habitations en périphérie (les quartiers Bretagne, Bonnevais ou encore la Turbaudière), le favorisement d’implantation d’entreprises comme Michelin en 1970, et la création d’un centre hospitalier en 1977.

France, en ligne.

http://www.ouest-france.fr/mail-2-le-centre-commercial-qui-na-jamais-decolle-720560

Une des dernières grandes réalisations de l’ère Maurice Ligot fut le réamé-nagement de la place Travot. Si la volonté de la municipalité était bien d’ob-tenir une grande esplanade minérale, à même d’accueillir toutes les anima-tions et manifestaanima-tions, comme elle le fait aujourd’hui, le résultat a porté à controverse. Jean-Claude Besnard avait fait parti du jury, il témoigne :

« Moi, je n’en suis pas fier, parce que j’étais adjoint et je faisais parti du jury. C’était une fin de mandat, la décision a été prise sous le dernier mandat de Maurice Ligot. Il y a eu un concours qui a été lancé, trois projets ont été retenus. À mon avis, le projet retenu était un des meilleurs, il y avait un projet un peu loufoque, qui était très environnemental, avec beaucoup de ver-dure... Nous, on a choisi un projet très minéral. Par contre, on s’est fait piéger, parce qu’il y avait une magnifique maquette. On était tous autour de la ma-quette : vue d’avion c’était très bien. Mais il aurait fallu la regarder à hauteur d’homme à cause de toutes les différences de niveaux. Et puis la nature des matériaux qui a été choisie : on a réalisé après qu’on avait fait une connerie, on avait choisi un espèce de granit qui aurait été très bien en Bretagne, mais pas chez nous ! Il fallait choisir un matériau de chez nous, beaucoup plus convivial, dans des teintes plus claires. Ça a été tout juste terminé pour la fin du mandat, et quand Gilles Bourdoulleix est arrivé, pour lui c’était de bonne guerre de dire que c’était une connerie. Il a pointé tous les défauts qu’il y avait, et il y en avait, en disant « C’est lamentable, c’est n’importe quoi ». »

Il est vrai que cette place Travot est l’un des premiers arguments avancés par ceux qui qualifient Cholet de ville «moche». Cette place, bordée de beaux bâtiments (rares à Cholet) dont l’ancien théâtre et l’ancienne mairie, disposant d’une vue imprenable sur l’église Notre-Dame, aurait dû être l’es-pace le plus soigné par la ville de Cholet. Elle se devait de mettre en avant toutes ses qualités. Au lieu de cela, on se retrouve avec un vide sombre et minéral, virant au lugubre les jours de pluie.

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Jean-Claude Besnard a poursuivi son rôle d’adjoint durant les deux pre-miers mandats de Gilles Bourdouleix. Ce dernier a mené une politique de développement de grands équipements. « Une politique de pôles, pour faire

en sorte que cette ville dispose d’équipements qui sont susceptibles de retenir la population, de faire en sorte que celle-ci puisse disposer sur son territoire de ces équipements, sans être obligée d’aller dans des villes comme Nantes ou Angers. » nous dit Jean-Claude Besnard. « Donc il y a eu le pôle social, après cela il y a eu le pôle sportif avec Glisséo, le pôle culturel Saint-Louis avec le conservatoire et le théâtre. Il y a eu le pôle emploi aussi avec la mission locale, l’ANPE devenue Pôle-emploi. »

Ces réalisations témoignent de la volonté de créer une véritable centralité à Cholet afin de dynamiser sa vie économique et sociale. Les grands équi-pements, qu’ils soient sociaux, culturels ou sportifs ont pour vocation de remplir principalement deux missions : satisfaire la population locale et rendre plus attractive la ville. La réalisation d’équipements importants est aussi pour la ville une démonstration de bonne santé et de croissance es-comptée. C’est également une tentative d’accéder à un rang supérieur dans la compétition que se livrent les territoires.

La réalisation de ces équipements a été le fer de lance de l’élection de Gilles Bourdouleix en 1995, avec la volonté affichée de changer, grâce à cela, l’image de Cholet. C’est à cette politique que nous allons nous intéresser.

La place Travot

source : Louise Raulais / flickr.com

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1.2 Gilles Bourdouleix ou la politique des grands

équipements

La politique des grands équipements menée par la municipalité depuis 1995 s’incarne parfaitement par la réalisation de ces deux grands projets : le pôle sportif Glisséo et l’espace culturel Saint-Louis. Ces deux ouvrages sont emblématiques de la volonté choletaise d’un rayonnement toujours plus grand passant par le développement de ses infrastructures de loisirs.

A) Glisséo, pôle sportif tout en superlatifs

Cholet est fortement marquée par un tissu associatif soprtif particulière-ment dense et dynamique qui explique la volonté publique d’offrir aux ha-bitants des équipements sportif de qualité.

a) Cholet, ville sportive

À la fin du dernier mandat de Maurice Ligot en 1995, Cholet est équipée de complexes sportifs de taille modeste, éparpillés dans la ville : la piscine Manceau près des Halles, la piscine Tournesol dans les quartiers nord de la ville, et différentes salles polyvalentes.

Le rapport que j’entretiens avec la piscine Manceau est particulier. C’est celui, enfant, des dimanches matins enthousiastes, quand se lever tôt n’était pas une corvée. Ma petite sœur et moi menions un véritable siège auprès de notre mère dès le samedi, pour passer la matinée dominicale à la piscine. L’alterna-tive familiale au plaisir du barbotage étant la messe, notre préférence allait au chlore plutôt qu’à l’encens.

Manceau était une piscine de taille respectable, avec un bassin de nage de 50 mètres et un bassin ludique. Les bassins étaient à l’étage. Au rez-de-chaussée se trouvaient les vestiaires et l’accueil. Au dessus des piscines, étaient suspen-dus de grands profils de poissons de toutes les espèces.

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J’ai moins fréquenté la petite piscine Tournesol. Son apparence de soucoupe volante tout droit venue des années 70 m’avait convaincu, étant enfant, que l’origine de son nom n’était pas la fleur, mais le célèbre professeur sourd du même nom.

Le sport est alors déjà très développé à Cholet, au regard de la taille de cette ville. Cela passe par un tissu d’associations sportives dense et pluridiscipli-naire, avec pour tête d’affiche le club de Cholet Basket, au plus haut niveau national.

L’ouest de la France, et plus particulièrement le territoire vendéen, est im-prégné par le catholicisme. Cholet étant de plus au XXème siècle une ville

ouvrière, la pratique sportive choletaise a eu pour double paternité le Pa-tronat et l’Église. Sous la férule de ces deux entités, les clubs se sont déve-loppés tout au long de ce siècle. En 2014, et pour la troisième fois (1972, 2007, 2014), Cholet a été élue ville la plus sportive de France dans la ca-tégorie « plus de 20.000 habitants ». C’est la seule ville en France à avoir remporté trois fois le trophée.1

Alain Lunzenfichter, ex rédacteur en chef adjoint du journal L’Equipe et Président de l’association mondiale des journalistes olympiques, explique ce choix à la municipalité qui l’a contacté :

«Ce matin dans le jury, il y a eu pratiquement l’unanimité pour Cholet. Una-nimité parce le sport y est divers, le programme sportif, des plus jeunes aux plus âgés, est ambitieux. Vous avez des installations. Les relations entre le mouvement sportif et la municipalité sont très bonnes... Le Ministre (Thierry Braillard, Secrétaire d’État aux Sports), Président du Jury, a tout simplement dit que Cholet était imbattable ! Lors de notre visite dans votre ville le 18 avril, nous avons aussi été impressionnés par l’implication de tous les acteurs

1 Ouest-France - 6 juin 2014 - Challenge L’Equipe. Cholet élue ville la plus

spor-tive de France

http://www.ouest-france.fr/challenge-lequipe-cholet-elue-ville-la-plus-sportive-de-france-2598396

La piscine Tournesol de Cholet

source : choletblog.fr

Principe d’ouverture d’une piscine Tournesol

source : lesinformationsdieppoises.fr

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locaux du sport.»2

Ce dynamisme de tous les acteurs du monde du sport rend ce secteur in-contournable dans la politique de la ville. Cela prend corps avec le com-plexe Glisséo.

2 Cholet.fr - 5 juin 2014 - Challenge L’ÉQUIPE. Troisième victoire pour Cholet !

http://www.cholet.fr/dossiers/dossier_3345_challenge+equipe+cholet+ville+plus+spor-tive+france.html

La politique des grands équipements voulue par la municipalité de Gilles Bourdouleix dès son premier mandat en 1995, s’est notamment illustrée par la réalisation du complexe sportif Glisséo.

Elle a commencé avec la construction de la patinoire en 2002 : c’était le premier pan du complexe, un équipement aux dimensions enviées par bon nombre de clubs de hockey sur glace de l’ouest. La patinoire permet au club local de se développer et accueille même les entraînements de clubs nantais et angevins, comme nous l’explique Michèle Mahé, Directrice du Développement Économique à la CAC :

«[...]il y a par exemple beaucoup d’associations de Hockey qui viennent s’en-traîner à Glisséo, sur la patinoire de Glisséo. Parce qu’il n’y a pas forcément tous les créneaux à Nantes, que le patinoire de Cholet est plus récente que celle de Nantes, ce qui est quand même incroyable.»

Glisséo est donc bien un facteur de rayonnement et d’attractivité. Mais ce pôle ne se limite pas à la patinoire, il accueille également les loisirs aqua-tiques choletais.

Les piscines Manceau et Tournesol ont définitivement fermé leurs portes en 2007 avec l’ouverture de la piscine du complexe Glisséo. Celle-ci est équipée d’un bassin de compétition (10 couloirs de 25 mètres) qui est un véritable outil de travail pour les clubs locaux et qui permet l’organisation de compétitions nationales, et d’un bassin dit «d’apprentissage» de 250m². Mais là où cette nouvelle piscine innove par rapport aux infrastructures précédentes, c’est par la présence d’un pôle ludique partagé entre intérieur et extérieur : pataugeoires, banquette bouillonnante, cascade, canon à eau, plaque à bulle, jets massants, rivière à courant, toboggans, bassin de plongeon, pentaglisse, pelouses... Sur le modèle de piscines comme Arago construite dans les années 80 à la Roche-sur-Yon, Cholet se dote d’un

vé-b) Glisséo, un pôle sportif attractif

Victoire des Dogs de Cholet à la patinoire Glisséo

source : © cholet-hockey.com

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ritable centre aquatique.

Le projet Glisséo ne se limite pas à ces deux grandes fonctions (la patinoire et la piscine). L’ambition du projet est de proposer aux choletais un véri-table centre dédié à la mise en forme et au bien-être. Viennent s’ajouter au complexe : deux saunas, un hammam et une salle de cardiotraining et de musculation.

Glisséo est un programme à l’échelle d’une ville de 80.000 à 100.000 ha-bitants, quand Cholet n’en compte que 54.421. Mais Cholet aspire à être un bassin de vie pour l’ensemble de la Communauté d’Agglomération du Choletais (CAC), qui, elle, compte 83.768 habitants.3

3 INSEE chiffres en vigueur au 1er janvier 2014

Si la réalisation de ce complexe a incarné la volonté de la municipalité d’un développement sportif actif, la collectivité ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. La salle de la Meilleraie, qui accueille en son sein le club de Cholet Basket, évoluant en pro A, pourrait se voir transformée en salle de concert de 8000 places. Le club partagerait donc ce nouvel équipement avec d’autres évènements. Cette équipement vétuste, datant de 1987, ver-rait sa capacité augmentée de près de 3000 places.

La salle de la Meilleraie représente pour moi comme pour bon nombre d’ha-bitants du choletais une source inépuisable de souvenirs. En tant que bas-ketteur amateur, j’ai pu fouler son terrain avec mon équipe lors des saisons et au cours des stages d’été organisés par le club de CB. J’y ai également vu l’équipe pro s’imposer au niveau national, perdre et reprendre successivement son éclat.

Cette mue, réclamée par le club subventionné par la collectivité, est un projet vieux de 15 ans déjà. Maintes fois repoussé, il deviendra réalité en 2018.4

Si Cholet peut se targuer du dynamisme de sa vie et de ses équipements sportifs, elle ne se caractérise pas par une mono-culture du sport. Elle s’est également donné les moyens d’une politique artistique et culturelle ambi-tieuse.

4 Programme 2014-2020 L’équipe Cholet Passion (Gilles Bourdouleix) http://www.gillesbourdouleix.fr/img/projet/prog.pdf

c) D’autres projets à venir

La piscine Glisséo, Atic Architectes

source : © atic-architectes.com

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B) L’espace Saint-Louis, un écrin pour la vie culturelle

choletaise

Cholet a réalisé avec l’Espace Saint-Louis son ambition culturelle. Cet équipement emblématique pour la ville est venu compléter un maillage culturel déjà existant : le théâtre de verre, le musée des beaux arts, la mé-diathèque... Il vient également réhabilité un morceau du patrimoine chole-tais en perdition : l’hôpital Saint-Louis.

a) Saint-Louis, l’ancien hôpital

Le second grand volet de la politique des grands équipements menée à partir de 1995 par l’équipe municipale de Gilles Bourdouleix est culturel. Il s’agit de la réhabilitation de l’ancien hôpital Saint-Louis en espace culturel regroupant le nouveau Théâtre et le Conservatoire de Musique, de Danse et d’Art dramatique du Choletais.

L’hôpital Saint-Louis s’était développé au sein du couvent des Cordelières, suite à la Révolution Française et aux guerres de Vendée qui en découlè-rent. Au fil du XIXème siècle, les médecins et les infirmières remplacèrent

peu à peu les religieuses. Dans les années 1880, les ailes actuelles furent construites. Entre 1903 et 1912, un vaste plan de travaux fut entrepris pour agrandir et moderniser l’hôpital. On construisit notamment l’asile Saint-Louis. Toutefois, de nombreuses parties anciennes de l’hôpital n’étaient plus ou partiellement utilisées pour cause de vétusté. Ainsi, le couvent fut définitivement rasé en 1912.

Au cours du XXème siècle, la vétusté et le manque d’espace imposent le

constat de l’obsolescence de cet équipement. En 1965, suite à l’élection de Maurice Ligot à la mairie, la ville de Cholet projette la construction d’un nouvel hôpital qui est érigé entre 1974 et 1977. L’ancien hôpital ferme en 1977 après plus de 150 ans de service.1

1 Blog du master patrimoine de l’Université du Maine. 27 avril 2014

L’entrée principale de l’Espace Saint-Louis

photographie personnelle

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En 1995, le site est en friche. Il est racheté par la municipalité afin de lancer le projet de l’Espace Saint-Louis. Les travaux sont engagés en 2002. La pre-mière partie est livrée dès 2004 : il s’agit du Conservatoire de Musique, de Danse et d’Art dramatique qui vient occuper les locaux rénovés. L’objectif affiché de ce programme est d’offrir les conditions de travail optimales à l’ensemble des acteurs du projet. En effet, les équipements et la synergie étaient insuffisants auparavant. L’école de musique (promue École natio-nale en 1983), de danse et d’art dramatique existante depuis 1979 fonc-tionnait sur des sites éclatés. Son auditorium se prêtait mal à la diffusion des créations : en effet, il était impossible d’y faire tenir orchestre et public en même temps.

La chapelle de l’hôpital est transformée en auditorium de 187 places et prend le nom d’auditorium Jean-Sébastien Bach. L’Espace Saint-Louis conjugue l’architecture ancienne avec la réalisation de nouveaux volumes d’architecture contemporaine alliant bois, cuivre et béton, parfaitement intégrés à l’existant. En 2003, la ville a reçu pour cette restructuration le premier prix départemental d’Architecture.2

J’ai fréquenté l’École de musique à partir de mes 4 ans, d’abord à l’éveil musical, puis aux cours de solfège et avec la pratique de mon instrument de musique : le tuba. Je me souviens d’un bâtiment coincé dans le tissu du centre-ville, au sein duquel semblait régner une constante effervescence due à manque drastique d’espace. Ainsi, si mes leçons de solfège avaient bien lieu dans le bâtiment central, je devait traverser la rue et rentrer dans un vieil

im-http://patrimoine-hospit.blogspot.fr/2014/05/lhopital-de-cholet-maine-et-loire.html

2 Archives Municipales de Cholet, dossier 543 W12, article du Ouest-France : « Espace Saint-Louis : Le spectacle commence », 04.12.2002. Archives Municipales de Cholet, dossier 543 W12, Cholet Mag n°inconnu, L’Espace Saint-Louis : Premier prix d’architecture, Février 2004. Archives Municipales de Cholet, dossier 543 W12, L’Espace Saint-Louis (dossier de presse), décembre 2002. Archives Municipales de Cholet, dossier 543 W12, Cyrille Véran : « Un Hôpital reconverti en centre », pp.64-65, 07.11.2003.

b) La réhabilitation d’un patrimoine

Un projet qui mélange patrimoine et architecture contemporaine

photographie personnelle

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meuble où l’une des pièces au rez-de-chaussée faisait office de salle de classe. J’ai donc vécu le déménagement de l’école dans ses nouveaux locaux : je par-tageais le sentiment d’enthousiasme général, mais nous nous demandions comment nous allions bien pouvoir remplir tous ces espaces. Chaque ensei-gnant disposait enfin de sa propre salle : fini de partager le temps et l’espace avec les trombonistes ! L’ensemble des locaux étaient insonorisés, les salles de répétition des différents ensembles et orchestres avaient été conçus en colla-boration avec un acousticien. C’est une véritable impression de démesure qui m’avait alors marqué.

L’esthétique des lieux, héritage du passé, la qualité et la quantité des espaces proposés faisaient et font toujours de ce Conservatoire un outil hors norme au côté duquel le Conservatoire de musique de Nantes fait pâle figure. C’est sans aucun doute le lieu de Cholet auquel je reste le plus attaché. Ce Conservatoire de musique est à mon sens la seule architecture réellement belle du centre-ville de Cholet, le seul élément patrimonial digne des ambi-tions affichées par la ville.

Lorsque que le Théâtre Saint-Louis est livré, en 2012, je ne suis déjà plus au conservatoire. J’ai en effet arrêté mes études musicales en 2009, suite à l’obtention de mon bac. Je dois confesser, à ma grande honte, que je n’ai pas encore saisi l’occasion de visiter ce nouvel équipement, essentiel pour la ville et pour cette école que j’ai si longtemps fréquentée.

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En 2012, donc, la seconde partie de l’Espace Saint-Louis est livrée : le Théâtre. Il vient remplacer l’ancien Théâtre de la place Travot, construit au XIXème siècle et réhabilité en 1973 et 1993.1 La scène de celui-ci était en

effet inadaptée à des représentations importantes. Cela dit, l’ancien théâtre est un élément patrimonial fort, et il est à la base de la structure de la place Travot. Sa réhabilitation en hôtel Mercure sera plus amplement analysée dans la suite de ce mémoire.

Le nouveau Théâtre, tout de pierres vêtu, propose une scène de plus de 400 m² à laquelle s’ajoute une fosse d’orchestre pouvant accueillir 50 musi-ciens. Avec ses 851 places et son acoustique confiée au cabinet Commins Acoustics Workshop, qui a travaillé sur l’Opéra Garnier à Paris et la Nou-velle Scala de Milan, le Théâtre Saint-Louis offre au Conservatoire un outil prodigieux et à la ville, l’image d’une ambition réelle et effective pour la culture.

De par ses dimensions, son esthétique et par la qualité des espaces de tra-vail et de représentation qu’il offre, l’Espace Saint-Louis contribue à l’image de Cholet, celle d’une ville qui a de réelles ambitions pour la culture et son enseignement.

Glisséo et l’Espace Saint-Louis sont, pour la ville de Cholet, deux grandes réponses à notre société de loisirs. Ces équipements correspondent aux attentes de la population, et sont également un pari que fait la ville sur l’avenir. Si les sphères culturelle et le sportive sont effectivement facteurs d’attractivité, et donc, de résilience pour le centre-ville choletais, la sphère commerciale est la composante essentielle de cette résilence : la société des loisirs n’est qu’un pan de la société de consommation.

c) La dernière pierre à l’édifice, le Théâtre

Le théâtre Saint-Louis photographie personnelle

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Partie II :

une nouvelle

dynamique pour le centre-ville

la volonté de redynamiser le centre-ville a mené à plusieurs réalisations : Arcades Rougé, hôtel Mercure... qui ont bouleversé les équilibres entre les différentes parties du centre et illustrent le pouvoir d’action des autorités publiques en faveur de la résilience, et ses limites.

Les Arcades Rougé, la locomotive du centre-ville

Un des outils les plus efficace à disposition des pouvoirs publics pour la résilience d’un centre-ville, c’est l’implantation d’un centre commercial. C’est ce qui a été réalisé dès les années 70 dans bon nombre de villes en France. On peut ainsi citer, du plus ancien au plus récent : le Centre Bourse à Marseille (1973), la Part Dieu à Lyon (1975), le Polygone à Montpel-lier (1975), Mériadeck à Bordeaux (1980), Coat-ar-Guéven à Brest (1985), les Halles à Angers (créées en 1984 dans leur première version, avant leur déclin et leur remplacement par le centre commercial «Fleur d’Eau» ou-vert en 2005), et le Centre-République à Saint-Nazaire (1988). Ces centres commerciaux centraux avaient et ont pour vocation de renforcer la centra-lité des centres-villes et de leur servir de « locomotives » face aux centres commerciaux périphériques.1

C’est aussi le choix qui est fait pour la ville de Cholet, dès 1995 : la construc-tion du centre commercial des Arcades Rougé, prévus pour 2005, et qui ne vit le jour qu’en 2009.

1 Guillemot, Lionel. Centres historiques, commerces et mobilités. In Soumagne, Jean (dir.). Aménagement et résilience du commerce urbain en France. l’Harmattan, 2014. Chapitre 2, p 51. Itinéraires Géographiques. ISBN 978-2-343-02326-7

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2.1 Les choix politiques

Le projet des Arcades Rougé a été pensé autour de deux programmes stra-tégiques forts imposés par la municipalité : le Cinémovida et le Super U. Le supermarché a pour rôle d’attirer les consommateurs en journée pour ali-menter tous les commerces de prêt-à-porter, les boutiques de chaussures, les librairies, les cafés etc. Les centres commerciaux misent le plus souvent sur une locomotive alimentaire pour augmenter les flux de consomma-teurs. C’est pourquoi la présence d’un supermarché était essentiel au sein des Arcades Rougé. Le cinéma est, lui, un facteur important de dynamisa-tion de la vie nocturne. Sa localisadynamisa-tion est donc stratégique car il génère des flux de consommateurs susceptibles d’alimenter les commerces tels que les bars ou les restaurants. La conservation d’un tel équipement en centre-ville était vital pour la ville de Cholet.

A) Le refus de la délocalisation du cinéma

a) La nécessité d’un nouveau cinéma pour Cholet

Au début des années 2000, deux cinémas se partageaient le marché chole-tais : le Palace, un cinéma de quartier rue Lazare Hoche au nord de la place Travot, et le Rex un petit complexe cinématographique familial.

En 2003, le Palace ferme ses portes, laissant au Rex le monopole sur l’offre de cinéma à Cholet. L’affaire est florissante durant les sept années qui suivent, dépassant les 200.000 entrées par an.1

Si j’ai pu assister à une ou deux séances au Palace, il ne m’a laissé que peu de souvenirs. C’est au Rex qu’enfant puis adolescent j’allais voir les blockbusters et autres films en tous genres. C’est là qu’avec toute ma famille j’ai vu Titanic

1

Evain, Emeric.12 mai 2011. « Le cinéma le Rex a donné sa dernière séance ». Ouest-France, en ligne. http://www.courrierdelouest.fr/actualite/cholet-une-residence-haut-de-gamme-sur-la-friche-de-l-ancien-cinema-le-palace-29-06-2012-7

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pour la première fois. C’est également dans ce cinéma que j’ai rêvé devant la trilogie du Seigneur des Anneaux, ou les aventures de Harry Potter.

Si la file d’attente se prolongeait parfois sur 50 mètres le long du trottoir de la rue Travot, ce complexe, avec ses quatre ou cinq salles, me paraissait bien assez grand à l’époque.

La question d’un nouveau complexe cinématographique est rapidement posée par la municipalité dès 1995. Les propositions des promoteurs pour installer un cinéma en périphérie de la ville sont rejetées par la collectivité, comme nous le rapporte Sophie Gasnier-Bouchet, Directrice de l’Aména-gement à la CAC :

« [...] il y a eu à l’époque beaucoup d’investisseurs, comme ça s’est fait dans toutes les grandes agglos, pour proposer un centre commercial avec un com-plexe cinématographique en périphérie, parce que cela réglait les problèmes de stationnement, c’était plus facile, etc. En matière d’accessibilité, on est sur du programme neuf, qui évite des démolitions/reconstructions et des réhabi-litations. Or, le maire de Cholet, conscient que ces complexes cinématogra-phiques sont vraiment attractifs et sont un point pour capter la population, voulait absolument garder ça en centre-ville. »

la ville de Cholet n’a pas voulu céder aux sirènes des grands complexes délocalisés en périphérie, afin de conserver le cinéma comme facteur de dynamisme de l’hyper-centre.

Le choix d’intégrer le nouveau complexe cinématographique au projet de centre commercial des Arcades Rougé est donc imposé par la ville : ce sera le Cinémovida. De cette façon, les décideurs politiques veulent éviter l’écueil de certaines villes comme le Mans, qui, au début des années 2000, a autorisé l’installation d’un complexe cinématographique en périphérie, proche de l’autoroute. La collectivité mancelle a vu son centre-ville se vider complètement le samedi après-midi. Les gens consommaient en périphé-rie, mangeaient là-bas et y restaient jusqu’à 20h pour la séance de cinéma. La mairie du Mans a donc pris il y a 5 ans la décision de ré-implanter un cinéma en centre-ville, un choix assumé par bon nombre de collectivités dans le même cas, comme le rappelle Mme Bouchet-Gasnier :

« On voit bien que maintenant les villes ont tendance à revenir sur des com-plexes cinématographiques pour rendre à nouveau attractif le centre-ville. Parce que c’est peut-être l’élément commercial le plus fédérateur pour l’ani-mer. »

b) Un nouveau complexe moteur pour les Arcades Rougé

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L’implantation du Cinémovida a sonné le glas pour le Rex. S’il parvient à subsister quelque temps, grâce à une baisse du prix de ses places, et à la spécialisation dans le cinéma d’art et essai, l’affaire familiale ouverte en 1949 baisse le rideau un an et demi après l’ouverture de son imposant concurrent. Monique Poirier, propriétaire de la salle depuis 1994 avec son mari Jean-Luc, raconte :

« Il ne faut pas rêver : à Cholet, il y a surtout une culture ouvrière, qui n’est pas celle de l’art et essai. Le public de mordus ne peut pas suffire. »1

On peut aujourd’hui constater la vitalité que ce cinéma apportait à son quartier : le snack attenant au Rex a lui aussi fermé ses portes et cette rue, si animée auparavant, est aujourd’hui désertée. Elle ne fait plus partie des zones de flux piétons importants. Ce changement d’emplacement d’un pro-gramme dans la ville a contribué à redistribuer les cartes dans le centre-ville. Un nouvel équilibre s’est créé autour des Arcades Rougé.

Loin d’un discours empreint de nostalgie, Sophie Bouchet-Gasnier, Direc-trice de l’Aménagement à la CAC, reconnaît que cette rue a perdu de son dynamisme. Cependant, comme elle nous l’explique :

« Ce que le maire a fait remonter [...], c’est que de toutes façons, on ne peut pas lutter non plus contre l’air du temps. Qu’on le veuille ou non, [...] à moins d’avoir un SCOT très prescriptif, on ne lutte pas contre des projets d’investis-sements où la donne est là, c’est-à-dire [...] quand il y a une zone de chalan-dise intéressante. »

Ainsi, la demande d’une offre de cinéma plus conséquente était bien pré-sente. La ville de Cholet a fait le choix d’accompagner cette évolution, plutôt que de la subir. Le complexe Cinémovida est d’une envergure bien supérieure à celle de son prédécesseur choletais : il possède neuf salles, un équipement pour la 3D, le numérique, un espace de jeux d’arcades, et un

c) Un cinéma en chasse un autre

Le REX, l’ancien cinéma à l’abandon

photographie personnelle

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hall à même d’accueillir les files impatientes...

5 ans après son ouverture, le Cinémovida se porte à merveille. Il vient d’ou-vrir une 10ème salle et a atteint la barre de 2 millions d’entrées depuis son inauguration.

«Notre travail de cinéma de proximité, mêlant dans un même lieu une pro-grammation aussi bien « grand public » que « Art & Essai » porte ses fruits, constate Jérémy Cacheux, le directeur. Nous espérons atteindre les 3 millions d’entrées à l’automne 2017.»2

Si un cinéma mérite le qualificatif de « locomotive », c’est parce qu’il per-met de générer des flux de consommateurs importants. Les commerces en tous genre (prêt-à-porter, culture, chaussure, jeux, restaurants) situés à proximité en profitent évidemment, mais il est encore plus vital pour la restauration rapide qui trouve bien souvent pour unique raison d’être le voisinage de cet équipement fédérateur.

C’est le cas aux Arcades Rougé, avec l’installation d’un Subway au pas-de-porte adjacent au Cinémovida, dès l’ouverture de ce dernier.

2 19 avril 2015. « Cinéma à Cholet. Cinémovida franchit le cap des 2 millions d’entrées ». Ouest-France, en ligne.

http://www.ouest-france.fr/cinemovida-franchit-le-cap-des-2-millions-dentrees-3345002

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B) Une enseigne de la grande distribution pour générer des

flux

a) Le Super U, un choix de la ville

On a vu que le Cinémovida était un équipement essentiel pour le centre commercial des Arcades Rougé et pour l’ensemble du centre-ville choletais. Mais il est un autre commerce dont l’implantation au sein de cet ensemble commercial avait pour objectif affiché d’être un catalyseur de consomma-teurs, et donc de favoriser la résilience du centre : il s’agit du Super U. L’implantation d’un supermarché dans le centre-ville de Cholet n’a pas été une mince affaire. De même que pour le cinéma, la municipalité a dû ba-tailler pour qu’il soit intégré au programme des Arcades Rougé. Cela a été rendu possible car il s’agissait d’une Zone d’Aménagement Concertée (ZAC) pour laquelle la municipalité était maître d’ouvrage, et avait donc son mot à dire sur la programmation.

À l’image de ce que sont les grandes surfaces alimentaires en périphérie, la création d’une moyenne surface en centre-ville poursuit le double objectif de la proximité et de la fédération des flux de consommateurs.

L’entrée du Super U depuis la placette centrale

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Cholet, résilience d’un centre-ville Partie 2 : Une nouvelle dynamique pour le centre-ville

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Si l’implantation de cette surface alimentaire de 2400m² au sein des Ar-cades Rougé revêt une telle importance, c’est également parce qu’il s’agit de l’unique supermarché du centre-ville de Cholet. En effet, aucune franchise n’avait jusque-là fait le choix d’une installation en cœur de ville. Cela a no-tamment été rendu possible grâce à l’absence sur le territoire choletais de commerce appartenant à la franchise Super U.

Ce «retour» d’un commerce en centre-ville est loin d’être une spécificité choletaise. Le renouveau du commerce de proximité n’en est qu’à ses dé-buts. D’autres grands groupes de distribution, Casino, Carrefour, Mono-prix, Leclerc... sont intéressés par ces nouvelles «niches» de parts de marché et mettent en place des magasins de petits formats qui allient le savoir-faire des commerçants indépendants à la productivité des grands distributeurs.1

Le centre-ville nantais accueille pour sa part depuis longtemps ce type de petites et moyennes surfaces alimentaires. On observe, pour cette évolu-tion comme pour d’autres mutaévolu-tions urbaines, un temps de latence entre son apparition dans de grandes agglomérations comme Nantes ou Angers et son émergence dans une ville moyenne comme Cholet.

Plus récemment, c’est l’apparition de nouveaux modes de consommation liés au développement des nouvelles technologies qui viennent requestion-ner la notion de «proximité». Dès son ouverture, le super U des Arcades Rougé a fait le choix de proposer un drive ainsi qu’un service de livraison à domicile. Cette émergence de nouvelles formes de proximité, soit totale-ment dissociées du domicile, soit, au contraire, confondues avec, au travers des «services à domicile2» change notre rapport à l’acte de consommation.

La diversification des premières est induite par nos mobilités accrues, la

1 Guillemot, Lionel. Centres historiques, commerces et mobilités. In Soumagne, Jean (dir.). Aménagement et résilience du commerce urbain en France. l’Harmattan, 2014. Chapitre 2, p 76. Itinéraires Géographiques. ISBN 978-2-343-02326-7

2 Laville, J.-L. (dir), Les Services de proximité en Europe, Desclée de Brouwer, 1993.

b) Le commerce alimentaire absent du centre-ville

Place Travot Super U Cinémovida Place Rougé

Plan de situation du Super U

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multiplication des secondes accompagne la diffusion des équipements informatiques et le développement des prestations en ligne.3 Le

«e-com-merce» en est l’exemple. On passe, comme le souligne René Péron, de l’ère du «près» à l’ère du «proche»4. Autrement dit, les nouvelles technologies

suppriment, pour le consommateur, les notions de distance et de temps nécessaires à l’acte d’achat.

3 Péron, René. Espaces marchands, en quête d’urbanisme et d’urbanité. In Les

Boîtes, les grandes surfaces dans la ville. L’Atalante, 2004. p 155. Collection : Comme un

accordéon. ISBN 2-84172-291-0

4 Péron, René. Le Près et le Proche, les formes recomposées de la proximité, rapport de fin d’étude, DSEP La Poste, juillet 2000.

Si ce Super U fait le pari de la proximité, il a également pour vocation d’at-tirer les consommateurs jusque dans le centre de Cholet. Il y a d’ailleurs eu une évolution de sa clientèle depuis son ouverture, comme le remarque Avelyne Benoît, Chef du service Actions de quartier, commerce et artisa-nat à la maire de Cholet :

« Au début, il n’avait une clientèle pratiquement que de centre-ville. Au-jourd’hui les gens viennent de la Séguinière dans Cholet parce qu’ils savent qu’il n’y aura pas de soucis, qu’ils ne payeront pas leur stationnement. »

La dépendance du Super U au parking souterrain des Arcades Rougé est ici soulignée. C’est ce qui permet la réussite de cette implantation en cœur de ville. Mais cela a un effet pervers, comme le rapporte Tristan Jouanny, membre de l’opposition et en charge de ces questions lors du dernier man-dat : le supermarché, avec son accès direct au parking, génère des flux qui ne profitent pas nécessairement au reste du centre commercial.

c) Fédérer au-delà des riverains

Le Super U directement relié au parking

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2.2 Un quartier en pleine mutation

La construction du centre commercial des Arcades Rougé a profondément modifier la structure du centre-ville choletais. On a vu que l’implantation d’un complexe cinématographique et d’un supermarché était un facteur d’attractivité du quartier. Cependant, il était nécessaire que les Arcades Rougé soient en cohérence avec le centre-ville historique. Cela passait par une transformation du quartier qui passait par deux éléments : l’augmen-tation de l’offre de sl’augmen-tationnement pour faciliter la consommation d’une population nécessairement attachée à la voiture, et la réhabilitation de l’ancien théâtre afin qu’il offre un double visage, celui d’un hôtel haut de gamme et d’un espace culturel.

A) Parking souterrains et culture de la voiture

En nous intéressant au parking souterrain des Arcades Rougé et à l’évo-lution des modes de stationnement à Cholet, nous allons voir comment ceux-ci illustrent la prégnance de la voiture comme mode de transport pri-vilégié.

a) La Sardinerie, un parking sauvage en coeur de ville

Suite à la destruction du collège du Bretonnais, il y avait, en lieu et place des Arcades Rougé, le parking de la Sardinerie. Il s’agissait d’un parking aérien sauvage, classé par la ville en zone bleue, donc gratuit. Étant situé dans l’hyper-centre de Cholet, ce parking improvisé était très prisé des ri-verains et des consommateurs du samedi après-midi. Son remplacement par un parking souterrain payant a donc été froidement accueilli. En effet, comme nous le rapporte Aveline Benoits, Chef du service Actions de quar-tier, commerce et artisanat à la mairie de Cholet, « cela devait durer 6 mois,

cela a duré 10 ans, donc ça a été compliqué. »

Ce parking est la seule partie du programme des Arcades Rougé qui soit de la compétence de la ville. La mairie a voulu conserver la maîtrise du prix

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