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Les Arcades Rougé ont connu des débuts difficiles. Le premier promoteur, MultiDeveloppement, pratiquait des loyers exorbitants, bien au-dessus du marché choletais. Seules les franchises pouvaient s’offrir une cellule à prix d’or. Le bilan du lancement a donc été négatif. En 2012, la société Conver- gence a racheté le centre commercial, et a immédiatement baissé les tarifs. Il y eu depuis un net progrès. Mais comme le souligne Jean-Claude Bes- nard, Président du Conseil de Développement à la CAC et Vice-Président de Sèvre-Loire Habitat :

« Le promoteur n’est jamais parvenu à commercialiser la totalité des cellules, on a dû être à 50/60% pas plus, avec des hauts et des bas, des commerces qui sont ouverts, fermés etc, etc. »

Au-delà des considérations économiques, on peut s’interroger sur la perti- nence urbanistique du projet. Les Arcades Rougé sont-elles une « tranche de ville », comme se plaît à les qualifier la municipalité ?1

Lors de l’achèvement des Arcades Rougé, ce nouveau morceau de ville m’avait paru assez incongru dans le paysage choletais. Sa volumétrie, structurée au- tour d’une circulation en Y reliant les rues Bretonnaise, des Brosses et de la Sardinerie, marquait une volonté visible de faire le lien avec la ville existante. À la jonction de ce Y, une placette forme le cœur du complexe.

Néanmoins, ce centre commercial en tant que «bout de quartier» n’a jamais

1 octobre 2013, n°271 CholetMag, en ligne.

http://www.cholet.fr/download/down/choletmag_oct13.pdf

Les Arcades Rougé, une architecture hétéroclite

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réussit à me convaincre. Ma première impression fut celle d’un décors en car- ton-pâte, un embryon de Disneyland : un mélange de grandes architectures modernes de verre et d’acier, mêlé à des volumes de zinc et d’enduit tentant assez pauvrement d’imiter un esprit vernaculaire, une fausse continuité de typologie définitivement absente du tissu choletais.

Bien qu’il y ait des logements, ces Arcades Rougé donnent l’impression d’un isolat commercial au cœur de la ville qui ne s’assumerait pas. Seul le fronton circulaire, à l’esthétique discutable, à l’entrée est du complexe, semble préve- nir véritablement de la nature de cet îlot commercial.

La placette peine à prendre vie ; longtemps, aucun commerce de restauration ne la bordait directement. Difficile dans ces conditions de faire s’arrêter le passant. Cet espace me semble de toute manière trop étriqué pour assumer un jour ce rôle : les passants ne s’y trompent pas, la jonction des flux ne suffit pas à créer un espace à part.

Le fronton des Arcades Rougé

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La placette au sein des Arcades Rougé

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Le programme des Arcades Rougé pose également question si l’on veut considérer son intégration dans la ville : des loisirs, du commerce et du logement. Aucun programme publique, donc. C’est ce que relève Tristan Jouanny, membre de l’opposition depuis la fin du dernier mandat, et pro- fesseur d’économie au lycée Renaudeau à Cholet :

« Je ne comprends pas pourquoi aux Arcades Rougé, il n’y a pas de pôle d’at- tractivité qui relève du service public. L’office de tourisme, qu’est-ce qu’il fait là, alors qu’il y a des cellules vides aux Arcades Rougé? (l’office de tourisme

est actuellement à Mail 2, l’ancien centre commercial qui borde la Moine au sud du centre-ville) Pourquoi ça ne se fait pas ? C’est une question de coût

ou est-ce que c’est parce que c’est géré par un organisme privé ? Normalement, on devrait avoir un mixte, pas de manière paritaire, mais on devrait avoir du service public au sein des Arcades Rougé, pour créer une attractivité sup- plémentaire, pas uniquement du commerce. Je pense que l’office de tourisme aurait tout à fait sa place dans cette réalisation, qui est supposée redynamiser le commerce de centre-ville. »

Le groupe d’opposition « Ensemble, vivre Cholet », auquel appartient Tris- tan Jouanny, avait répondu au dossier « Les Arcades Rougé, tranche de ville » du CholetMag datant d’octobre 2013 par un droit de réponse en novembre de la même année, dont le titre était « Arcades Rougé: tranche de ville ou ville en tranches ? » :

« [Les] Arcades Rougé, [...] la façade défraîchie de ce qui restera comme l’un des échecs les plus patents de la municipalité. Rappelons tout de même que cette réalisation était présentée comme l’alpha et l’oméga de la redynamisa- tion du centre-ville de Cholet. On en voit aujourd’hui les résultats ! [...] La Chambre parlait d’un «manque de lisibilité de l’équilibre financier de l’opéra- tion ». Inflation des coûts engendrés, certes par la complexité du projet, mais aussi par sa gestion erratique. [...] Nous avions souligné, alors, que ce projet

b) Une absence de programme public pointée

Un office de tourisme relégué au sein de l’ancien projet MAIL 2

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Cholet, résilience d’un centre-ville Partie 2 : Une nouvelle dynamique pour le centre-ville

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était un boulet pour la Ville, qu’il allait continuer à peser sur les finances com- munales pour de nombreuses années, en limitant drastiquement ses capacités à investir pour l’avenir. C’est malheureusement une réalité ! Et tout ça pour un espace commercial qui peine à vivre, avec de nombreux pas-de-portes toujours inoccupés... Le commerce choletais est marqué par la discontinuité, la concurrence stérile entre le centre-ville et la périphérie, et des difficultés qui empêchent d’enclencher la dynamique tant espérée. À de notables exceptions près (CinéMovida, Super U), les Arcades Rougé sont un échec, une bien triste tranche de la vie municipale. »2

La gestion très libérale de la fabrication de ce morceau du centre-ville par la municipalité de Gilles Bourdouleix alimente les rumeurs sur le déroulé de ces opérations. Sans donner ici plus d’espace à l’évocation de ces alléga- tions, force est de reconnaître le parti pris par le maire d’utiliser des capi- taux privés pour financer des mutations importantes de sa ville, au risque de perdre le contrôle sur l’espace urbain qui en résulte.

2 novembre 2013, n°272 CholetMag, en ligne.

http://www.cholet.fr/download/down/choletmag_nov13.pdf

Ce constat n’est pas sans rappeler l’évolution de la place Travot. Celle-ci était bordée par un théâtre municipal et par la mairie. Cette dernière a laissé place à l’institution qu’est le Grand Café ; le théâtre a, quand à lui, été remplacé par un hôtel quatre étoiles. Aujourd’hui, la place est bordée par les guichets de banques et les restaurants. Les services publiques en sont absents, tous ont muté dans d’autres endroits de la ville. On se retrouve avec une agora minérale où le vivre-ensemble se borne à consommer en- semble.

Le projet du centre commercial des Arcades Rougé a souffert, et souffre encore, de plusieurs éceuils : un tarif des cellules trop élevé, une archi- tecture peu convaincante et un espace de consommation plutôt qu’un es- pace public sont autant d’éléments en défaveur de l’intégration des Arcades Rougé au centre-ville et à sa compétitivité.

Cholet tente néanmoins, avec cette réalisation, de combler ses lacunes et d’augmenter ainsi l’attractivité de son centre-ville. Nous avons déjà vu que des choix essentiels avaient été faits pour favoriser la résilience du centre- ville choletais ; l’implantation d’un supermarché, la conservation de l’offre de cinéma, l’augmentation du stationnement disponible et la réhabilitation du patrimoine choletais en sont les parfaits exemples. Cholet semble donc décidée à mettre en œuvre les aménagements nécessaires à la résilience de son cœur de ville.

Nous avons vu que les commerces du centre-ville de Cholet souffrent éco- nomiquement. Cependant, Cholet n’est pas la seule ville moyenne à ren- contrer ces difficultés. D’autres villes tentent, elles aussi, de renforcer l’at- tractivité de leur centre-ville et de soutenir leur activité commerciale. Nous allons nous intéresser à deux autres villes de la Région : la Roche-sur-Yon et Saint-Nazaire.

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