POSSIBILITES DIDACTIQUES DE L'EDUCATION POUR LA SANTE
Jaime SIERES Josefina ZABALA Ecole Normale de Valencl (Espagne)
l'Education pour la santé ( ES ) est en quelque sorte semblable au dieu Janus dont les deux visages regardent en directions contraires. Née d'un compromis interdiciplinaire entre l'Education et les Institutions Sanitaires, l'ES est en train de se constituer en discipline, ce qui ne va pas sans heurts ni incomprehensions.
Nous voudrions ici préciser le terme d'Education pour la Santé et, si cela est possible, ses frontières, " Education Sanitaire~ ou"Education pour la Santé" ?
Derrière deux termes apparemment synonymes, ce sont deux concep-tions bien différentes qui se cachent.Celui d'Education Sani-taire devrait être réservé à la formation des professionels sanitaires, il implique des responsabilités administratives, de gestion, la planification de la politique sanitaire du gouvernement, l'organisation des systèmes de santé, ce qui comprend entre autres l'attention médicale ~ l'Education pour la Santé. En échange l'Education pour la Santé est plus une attitude qui doit accompagner tous les aspects de la vie qu'une technique ou un savoir particulier. C'est donc d'un côté, un des sspects de l'Education Sanitaire, mais c'est surtout une disposition à agir qui doit être divulguée parmis l'ensemble de la population. l'Education pour la Santé suppose que l'on est convaincu que des expériences comme les accidents ou les maladies, généralement considéréès comme inévitables, peuvent être prévues et évitéea. Elle auppose également que l'on ne considère paa le développement de la maladie comme étant
uniquement du ressort de la Médecine ou du Destin, mais que
l'on peut, et que l'on doit, lui faire face.
Il s'agit en
définitive de promouvoir dan a chaque communauté la volonté
collective de cultiver et protéger sa santé.
Proposition utopique? nous pensons que c'est au contraire une
façon très résliste de poser le problème, San Martin ( 1984 ),
en allant au fond de la question su lieu de proposer des
solu-tions partielles, par exemple en essayant de ne pas"
fsbri-quer"
des malades pour ne pas avoir
àles soigner après.
Quand aux possibilités didactiques de l'ES, elles sont telles
que toute méfiance
à son égard de la part des enseigants ne
nous semble pas justifiée. Evidemment, un message est véhiculé
àtravers elle, et certains enseigants, les professeurs de
Sciences Nat. en particulier pourraient hésiter avant de se
compromettre ou de s'engager. Rappelons ici que tous les
contenus scolaires transmettent des valeurs et des idéologies
d'une façon implicite ou explicite, Fourez (1985). Il ne
s'agit donc pas de se demander ai on veut ou on ne veut pas
s'engager, on l'est de toutes façons.
Il faut en échange se
demander si l'on est d'accord pour former les élèves en leur
proposant um node de vie " plus sutonome, plus solidaire, plus
optimiste "
L'ES constitue une partie de l'éducation générale et, en tant
que telle, elle doit réunir les .8.es caractéristiques,
sur-tout en ce qui concerne la réviaion dea objectifs éducatifa et
la participation active des enseignés au niveau de la
planifi-cstion, du développeMent du processus et de son évaluation
Les objectifs de l'ES visent des connaissances, des attitudes et des comportements, ils prltendent divelopper un savoir, un savoir faire, et un ssvoir être permettant à chacun et à chsque communauté d'atteindre le plus haut degré de santé possible, Castillo ( 1984).
Reste à savoir qui enseignera quoi et comment, Berthet (1983)
?
En effet, imbues deI 'idée qu'il fallait" faire de l'Education pour la Santé" à l'école, de nombreuses institutions étrangè-res à elle se sont offertes pour ce besoin. Croyant bien faire, elles ont envoyé des conférenciers, monté des posters, orga-nisé des expositions ambulantes etc •.. les enfants ont été ravis, .... mais ils n'ont rien appris. Dès le lendemain tout était oublié. En définitive, c'était confondre l'attrait de l'occasionel avec la logique de l'habitude. Et surtout, le matre ne se sentait pas concerné par ces interventions.En effet le discours intelectuel des professions sanitaires est conditionné en premier lieu par leurs connais-sances scientifiques, ensuite par leur propre personnalité et, en dernier lieu psr les patrons culturels qu'ils partagent. En échange, le discours des personnes qui ne sont pas des pro-fessionnels de la Santé va en sens contraire, et ce sont pré-cisement les patrona culturels qui ont le plus de poids dsns leur comportement. Ceci explique les distorsions des messages transmis par les institutions médicales et destinées à l'ensem-ble de la population.
Cet état de chose empire encore quand c'est le médecin qui s approche de l'école. Là deux formations profesionnelles choquent
la médicale et l'éducative, toutes deux solidement institution-nalisées et retanchées derrière leurs prérogatives et leur savoir respectif. L'éducation pour la santé doit donc non seulement rester dans la trame des programmes, mais aussi être du ressort du maître, car c'est lui qui connait sa classe et il doit savoir exploiter toutes les situations qui se présen-tent au cours de l'année, Sieres (1985).
La plupart des programmes de Sciences Nat. à l'école compren-nent les unités suivantes: connaissance du corps, de l'envi-ronnement et de l'action sur l'envil'envi-ronnement. Précisons que pour nous l'ES est une des facettes de l'Ecologie, car peut-on cpeut-oncevoir que l'peut-on veuille protéger une rivière, une Forêt si l'on n'est pas d'abord motivé pour se respecter soi même? Les ouvrages d'ES abondent dans ce sens : ~ l'éducation rela-tive à la pollution peut légitimement s'inscrire dans le cadre de l'éducation sanitaire et devrait par conséquent Figurer aux programmes de toutes les classes, depuis le jardin d'enfants jusqu'h l'école secondsire ~, Southworth (1974). Et plus récemment, Castillo (1903) ajo~ : la comprehension de la dépendance de la vie humaine vis-à-vis des conditions de l'en-vironnement et de la capacité de l'homme de modifier ces condi-tions, l'identiFication dea différents mécanismes de pollution ou de dégradation de l'habitat éxistant autour de chaque éleve, dans la communauté à laquelle sppartient l'école, la découverte des moyens empêchant ls reproduction de ces mécanismes et sur-tout le développement d'une attitude de responsabilité person-nelle et collective vis-à-vis de la conservation des conditions
Favorables à la santé pourraient constituer les buts principaux d'un éducation pour la santé.
Des propositions concrètea pour l'élaboration de programmes scolaires complets sont disponiblea : Turner (1960) ; Castillo
(1984)
;
Generalitat de Catalunya(1981) ,
tous apportent des idées intéreasantes, mais ils signalent également que chaque professeur doit trouver le progrsmme le plus adapté à la classe àl'école, au milieu social et culturel ou celle-ci se trouve. Il n'y a pas de progranmea "pa,sae-partout" , ils doivent être élaborés sur place.les attitudea que l'action du ~8itre peut développer s'allient parfaitement aux objectifa de l'éducation générale, car l'ES - permet
à
l'enfant de se faire une meilleure image de soncorps.
- insère l'enfant dans une relation dialectique entre son com-portement et son bien-être.
socialise ses relstions svec ses pairs par la découverte de son interdépendance.
permet d'unir l'enseignement et la vie réelle, et cela depuis le jardin d'enfance.
renForce le messsge de l'écologie et de l'éducation civique.
En conclusions, nous estimons que l'ES à l'école est importante, non seulement par elle même, mais aussi par le lien q'elle assure entre l'Ecole et la Vie.
BIBLIOGRAPHIE
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