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La participation sociale et ses retombées dans une perspective de santé et bien-être pour une communauté rurale québécoise

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Academic year: 2021

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La participation sociale et ses retombées dans une

perspective de santé et bien-être pour une communauté

rurale québécoise

Mémoire

Marc-André Bonneau

Maîtrise en santé communautaire - avec mémoire

Maître ès sciences (M. Sc.)

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La participation sociale et ses retombées dans une perspective de

santé et bien-être pour une communauté rurale québécoise

Mémoire

Marc-André Bonneau

Sous la direction de :

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Résumé

Les communautés rurales québécoises sont marquées par la présence d’inégalités sociales de santé préoccupantes, et plusieurs écrits soulignent l’importance de la participation en réponse à cette problématique. Cependant, la manière dont la participation sociale, définie comme l’action de contribuer à la collectivité en donnant du temps, contribue à la santé et au bien-être demeure relativement peu documentée dans le contexte rural. Ainsi, l’objectif de cette étude est de comprendre comment la participation sociale contribue, ou ne contribue pas, à santé et au bien-être dans une communauté rurale au Québec. Douze (12) entretiens ont été réalisés auprès de personnes qui participent dans leur communauté. Ces personnes ont identifié que leur participation favorise la santé et le bien-être, à la fois sur le plan personnel et sur le plan de leur communauté. Pour les personnes qui participent, la participation favorise la santé et le bien-être en contribuant à la réalisation de soi, au développement d’un sentiment d’appartenance ainsi qu’à l’acquisition de connaissances et le développement de compétences. Pour leur communauté, elle contribue à la création de liens sociaux, à la présence d’entraide et de soutien social, notamment apporté à des personnes défavorisées, et à la présence d’activités artistiques et culturelles dans leur milieu. Ces retombées sont particulièrement importantes pour la communauté à l’étude, puisque l’accès à certains services et opportunités est réduit dans le contexte rural. Considérant que le récent retrait de programmes de soutien au développement rural risque d’accentuer les inégalités entre les communautés rurales, la participation sociale apparaît comme moyen de résilience qui gagnerait à être mieux documenté.

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Table des matières

Résumé ... iii!

Liste des tableaux ... vi!

Liste des figures ... vii!

Remerciements ... viii!

1.! Introduction ... 1!

2.! Problématique ... 2!

2.1! Les inégalités sociales de santé dans le contexte rural ... 2!

2.2! La participation sociale comme un levier pour réduire la dévitalisation et les inégalités sociales de santé ... 3!

2.3! L’importance de la participation dans les communautés rurales ... 4!

2.4! La participation et le désengagement de l’État ... 5!

3.! Recension des écrits ... 8!

3.1! Balises délimitant cette recension ... 8!

3.2! Survol de l’état des connaissances ... 9!

3.3! Les explications théoriques présentant comment la participation sociale peut favoriser la santé et le bien-être ... 11!

3.3.1 Le soutien social ... 12!

3.3.2 Le développement du pouvoir d’agir ... 14!

3.4! Synthèse de la recension ... 16!

4.! Pertinence sociale et scientifique ... 18!

4.1! Pour les communautés rurales ... 18!

4.2! Pour le champ de la santé communautaire ... 18!

5.! Cadre conceptuel ... 20!

5.1! La participation sociale ... 20!

5.2! La santé et le bien-être ... 24!

5.3! La communauté rurale ... 25!

6.! Questions de recherche et objectifs ... 26!

7.! Méthodologie ... 27!

7.1! Type et devis de recherche ... 27!

7.2! Milieu à l’étude ... 29!

7.3! La sélection des participants ... 29!

7.4! La collecte de données ... 31!

7.5! L’analyse des données ... 31!

7.6! Considérations éthiques ... 34!

8.! Analyse des résultats ... 35!

8.1! Les caractéristiques sociodémographiques des participants ... 35!

8.2! La nature de la participation ... 39!

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8.2.2! Les motifs de la participation ... 41!

8.2.3! Les facilitateurs et obstacles de la participation ... 45!

8.2.4! Des profils types de participants pour décrire les expériences de participation sociale ... 52!

8.3! Les retombées de la participation sociale sur la santé et le bien-être ... 54!

8.3.1! Sur la santé et le bien-être des personnes qui participent ... 55!

8.3.2! Sur la santé et le bien-être de leur communauté ... 59!

8.4! L’influence du contexte rural ... 65!

8.4.1! Retour sur les caractéristiques précédentes ... 65!

8.4.2! L’influence des espaces communs de la communauté ... 66!

8.4.3! Influence à l’échelle régionale et provinciale ... 67!

9.! Discussion ... 70!

9.1! Retour sur les résultats saillants ... 70!

9.1.1! Discussion sur la nature de la participation ... 70!

9.1.2! Discussion des retombées sur la santé et le bien-être ... 73!

9.1.3! Discussion sur l’influence du contexte rural ... 77!

9.2! Retour sur la problématique des inégalités sociales de santé ... 78!

9.3! Limites et forces de l’étude ... 83!

10.! Conclusion ... 85!

11.! Bibliographie ... 86!

12.! Annexe ... 97!

12.1! Feuillet explicatif remis aux participants ... 97!

12.2! Guide d’entretien ... 98!

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Liste des tableaux

Tableau 1 Les types de participation ... 22 Tableau 2 Caractéristiques sociodémographiques et participation principale des

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Liste des figures

Figure 1 Schématisation des relations entre la participation, la santé et les communautés rurales ... 79!

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Remerciements

Je tiens d’abord à remercier chaleureusement les personnes qui ont accepté de partager leurs perspectives sur leur participation et ses retombées dans leur milieu. En plus de m’avoir touché, votre accueil et votre générosité ont facilité la réalisation de ce mémoire. Je souhaite également remercier ma directrice de recherche, Sophie Dupéré, pour son soutien et ses encouragements. J’ai beaucoup appris à travers ton accompagnement dans toutes les étapes de ce projet. Merci de m’avoir partagé ton enthousiasme et ta grande passion pour la recherche.

Merci également à Anne Guichard et Lucie Gélineau ; vos précieux conseils m’ont guidé dans l’élaboration de cette recherche. Votre regard constructif a grandement permis d’enrichir ce travail.

Puis, merci à Paule Simard et Lorraine Gaudreau pour vos encouragements et votre soutien. Merci également pour les opportunités professionnelles que vous m’avez offertes.

Finalement, j’aimerais remercier ma famille et mes amis qui ont su m’encourager et me soutenir dans la réalisation de ce beau projet. Merci de m’avoir transmis la confiance qui m’a permis d’aller au bout de mes intérêts !

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1.! Introduction

Les communautés rurales québécoises sont marquées par la présence d’inégalités sociales de santé préoccupantes, et plusieurs écrits soulignent l’importance de la participation des personnes et des communautés en réponse à cette problématique. En plus d’être un moyen d’atteindre l’équité en santé, la participation est reconnue comme pouvant favoriser la santé et le bien-être des personnes. Cependant, la manière dont la participation sociale, définie comme l’action de contribuer à la collectivité en donnant du temps1, contribue à la santé et au bien-être demeure relativement peu documentée. Ce manque de connaissance est encore plus manifeste dans le contexte rural nord-américain, où très peu d’études ont porté sur la participation sociale et ses retombées. Ainsi, l’objectif principal de cette recherche est de comprendre comment la participation sociale contribue à la santé et au bien-être à partir des perspectives de personnes vivant dans une communauté rurale. Plus spécifiquement, cette recherche vise à décrire la participation sociale de personnes vivant dans la communauté à l’étude, explorer comment cette participation contribue, ou ne contribue pas, à la santé et au bien-être des personnes et de la communauté à partir de leurs perspectives et explorer l’influence du contexte rural dans cette contribution. Pour ce faire, un devis qualitatif sera emprunté et une recherche narrative sera entreprise pour recueillir des récits qui illustrent comment la participation sociale influence la santé dans une communauté rurale du Centre-du-Québec. Les premiers chapitres de ce mémoire seront consacrés à décrire cette problématique, présenter des écrits scientifiques et argumenter la pertinence de cette recherche. Dans les chapitres suivants, les concepts principaux seront déployés, la question et les objectifs seront posés et la méthodologie empruntée sera décrite. Par la suite, les résultats seront présentés et discutés en prenant appui sur les constats de la recension des écrits. Enfin, les limites et les forces de cette

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2.! Problématique

2.1!Les inégalités sociales de santé dans le contexte rural

Au Québec, plusieurs communautés rurales sont confrontées à une « perte de vitalité », dont les origines sont ancrées dans des problématiques complexes, accentuées par le libre-échange et le désengagement de l’État (Reimer, 2006 ; Jaff & Quark, 2006 ; Skinner et Joseph, 2007, 2011). L’exode rural, le vieillissement et l’accès aux services publics constituent quelques exemples de ces enjeux, qui contribuent également à accentuer les inégalités sociales de santé dans les milieux ruraux (Monnat & Pickett, 2011 ; Foulkes & Newbold, 2008). De manière générale, les personnes vivant en milieu rural ont généralement une moins bonne santé que les personnes vivant en milieu urbain (Kulig et Williams 2011). Cette réalité ne correspond à la perception des bénéfices habituellement associés au contexte rural, souvent représenté comme un endroit sain et idyllique (Ryan-Nicholls, 2004 ; Kulig et Williams 2011).

Les milieux ruraux québécois sont grandement hétérogènes, et chacun d’eux fait face à des problématiques singulières. Ainsi, des inégalités sociales de santé se déclinent également entre les milieux ruraux, et non seulement en comparaison avec les milieux urbains. Au Québec, la santé des ruraux se détériore en fonction de leur éloignement aux centres urbains, comme le démontre une analyse de l’espérance de vie à la naissance (79.4 ans ; urbains - 78.8 ans ; ruraux)2, l’espérance de vie en santé (72 ans ; urbains – 70,5 ans ; ruraux), la mortalité infantile (4.8 % ; urbains - 5.7 % ; ruraux), la proportion de personnes handicapées (9.2 % ; urbains – 9.9 % ; ruraux) et la proportion de personnes qui perçoivent leur santé comme mauvaise (10.6 % ; urbains - 12.3% ; ruraux) (Pampalon et coll., 2006). Cette situation concorde avec plusieurs études réalisées à l’international (Monnat & Pickett, 2011 ; Kenny et coll., 2013). Ces inégalités s’expliquent notamment parce que plus les personnes vivent loin des centres urbains, plus elles sont susceptibles de vivre de la pauvreté (Partridge et Rickman 2008 ; Monnat & Pickett, 2011), ce qui conduit à des difficultés supplémentaires en matière de santé. L’accès à l’éducation et à l’emploi est plus

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restreint dans les milieux ruraux, ce qui contribue également aux inégalités sociales. Par ailleurs, les personnes en situation de pauvreté vivant en milieu rural ont tendance à ne pas se définir comme des personnes pauvres, ainsi qu’à ne pas identifier la présence de pauvreté dans leur région (Milbourne 2014), ce qui complexifie notamment l’intervention sociale et sanitaire (Desgagnés et coll. 2015). De plus, l’appauvrissement de communautés rurales prend la forme d’un cycle, ce qui implique que les milieux ruraux les plus défavorisés ont peu de ressources pour faire face à ces transformations (Jean et coll. 2014). Dans une optique d’équité en santé, ces constats sont préoccupants.

2.2!La participation sociale comme un levier pour réduire la dévitalisation et les inégalités sociales de santé

Face à ce qui a été largement discuté comme la « dévitalisation » des milieux ruraux, suite à l’utilisation de ce vocable par le Gouvernement du Québec, des recherches ont mis de l’avant l’importance de la participation des personnes pour contrer les conséquences de cette problématique (Groupe de travail sur les communautés dévitalisées 2010). Des exemples ont montré que l’implication et la mobilisation de la population à l’échelle des communautés sont nécessaires pour briser le cycle de la dévitalisation (Groupe de travail sur les communautés dévitalisées 2010; Lévesque et coll. 2002). Plusieurs initiatives gouvernementales ont tenté de réduire les impacts de la dévitalisation, mais avec relativement peu de succès (Groupe de travail sur les communautés dévitalisées, 2010). Le rapport de ce Groupe de travail a conclu que « la mobilisation de la population et l’engagement bénévole sont des éléments déterminants dans la revitalisation » (2010 : 32). Pour Klein, « la mobilisation sociale se produit lorsque les effets des processus d’appauvrissement se font ressentir » (2012a : 66). Toutefois, pour être efficace, celle-ci

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améliorer la santé et le bien-être » (Lévesque et al., 2002 : 6, cité dans Lachapelle & Bourque, 2008). Dans la prochaine section, nous discutons de l’ampleur de la participation et de l’influence du contexte socio-culturel propre à la ruralité.

2.3!L’importance de la participation dans les communautés rurales

Plusieurs communautés rurales au Canada sont caractérisées par une forte implication des personnes qui y vivent. Au Québec, peu de données décrivent l’importance de la participation sociale dans les communautés rurales. Cependant, une analyse de Statistique Canada fait ressortir que la participation sociale est plus fréquente dans les milieux ruraux que dans les milieux urbains (Turcotte 2005). Cette analyse s’appuie sur des données de l’Enquête sociale générale sur l’emploi du temps, qui décrivent notamment l’entraide entre amis et voisins, la participation à divers organismes bénévoles et la participation aux activités politiques (Turcotte 2005). Les faits saillants de cette analyse indiquent que les ruraux sont plus susceptibles d’accomplir un travail non rémunéré pour un organisme et sont plus susceptibles d’éprouver un fort sentiment d’appartenance à l’égard de leur communauté (Turcotte 2005). De plus, ils connaissent davantage leur voisin et expriment un niveau de confiance plus élevé à l’endroit de leur voisinage (Turcotte 2005). L’analyse statistique de ces données, avec des modèles de régression logistique multivariée, révèle que ces différences ne peuvent s’expliquer par les caractéristiques socioéconomiques des personnes (Turcotte 2005). Celles-ci s’expliquent plutôt par les caractéristiques du milieu, ce qui, selon l’analyste, appuie les propos de Putnam qui affirme que les ruraux participent « en raison du lieu où ils se trouvent et non de ce qu’ils sont » (2001 : 206). Ces résultats montrent que l’environnement social des milieux ruraux a une influence sur la participation.

Des chercheurs et intervenants ont identifié l’environnement socioculturel des milieux ruraux comme une source de résilience permettant de réduire les inégalités sociales (Beard et coll., 2009 ; Boisvert, 2013). Toutefois, l’influence de l’environnement socioculturel sur la santé et le bien-être demeure peu documentée dans les milieux ruraux (Thurston et Meadows 2003 ; Ryan-Nicholls 2004 ; Farmer et coll. 2012). Les problèmes de santé sont souvent

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abordés à partir d’autres éléments explicatifs, comme le difficile accès aux services (Martinez & coll., 2004) ou l’effet des caractéristiques sociodémographiques des individus (De Koninck et coll., 2006). Par ailleurs, la participation sociale des personnes est une condition essentielle à la constitution de l’environnement socioculturel (Larivière 2008). À partir d’une recension des écrits sur le rôle de la culture dans les problèmes de santé dans les milieux ruraux, Farmer et ses collègues (2012) critiquent le peu d’intérêt porté à l’environnement socioculturel des communautés rurales et argumentent qu’il doit être pris en considération pour réduire les inégalités sociales de santé. Cette hétérogénéité implique que la participation sociale prend des formes différentes d’une communauté à l’autre (Farmer et coll., 2012).

Dans les petites communautés rurales, l’homogénéité sociale et la faible mobilité favorisent l’émergence de normes sociales qui encouragent la participation (Gaudet et Turcotte, 2013). Le sentiment d’appartenance plus élevé dans les petites communautés rurales facilite l’émergence de telles normes (Falk et Kilpatrick 2000). L’importance des échanges informels permettrait aux communautés de développer leur résilience face à des transformations structurelles, de construire leurs capacités ainsi que de soutenir l’inclusion sociale (Reimer 2006). Ainsi, plusieurs caractéristiques de l’environnement social des communautés rurales en font des milieux propices à la participation sociale, et les données sur l’emploi du temps indiquent clairement cette importance (Turcotte 2005 ; Reimer 2006). Quelques exemples soulignent que la participation sociale influence la santé et le bien-être (Béïque, 2011), mais peu d’études permettent d’illustrer cette influence dans le contexte québécois, en prenant en compte la diversité de pratiques que rassemble le concept de participation sociale.

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& Joseph, 2007). Ainsi, la participation devient une manière de répondre au manque de services pour les citoyens. Ce regard est particulièrement pertinent dans le contexte actuel, puisque l’État québécois a retiré dans les dernières années plusieurs de ses appuis au développement des communautés rurales, particulièrement pour les communautés les plus défavorisées.

À la fin de 2014, le financement alloué à la Politique nationale de la ruralité (PNR) a été retiré sans préavis (Solidarité rurale, non datée). Cette politique permettait notamment de soutenir le développement rural à travers des ententes entre le Gouvernement du Québec, les municipalités régionales de comté (MRC) et les municipalités rurales. Ces ententes ont permis l’application de diverses mesures de soutien, telle l’embauche d’agents de développement rural qui mobilisaient et soutenaient des initiatives locales. L’abolition de la PNR pose un défi supplémentaire aux municipalités qui ont peu de ressources pour agir sur les déterminants de la santé de leurs citoyens (Simard 2016).

De plus, en 2014, le Gouvernement de Québec a également retiré son financement de l’organisme Solidarité rurale du Québec, un organisme sans but lucratif reconnu comme instance-conseil du gouvernement du Québec en matière de ruralité, de 1997 à 2014. Cet organisme avait comme mission de « promouvoir la revitalisation et le développement du monde rural, de ses villages et de ses communautés » (Solidarité rurale, non datée). Cette décision inattendue constitue un autre exemple du récent désengagement de l’État envers la ruralité.

Également, en 2015, par le biais de la loi n°28, le gouvernement du Québec a retiré son financement de différents organismes de développement régional, comme les Conférences régionales d’élus et les Centres locaux de développement (Radio-Canada 2015). Cette transformation implique que les MRC deviennent les seules responsables du développement de leur territoire (Radio-Canada 2014). Dans la même année, le Fonds de soutien aux territoires en difficulté a été aboli, ce qui implique que les communautés les plus dévitalisées sont moins susceptibles de recevoir un soutien de l’État. Cette coupure est donc sujette à accroître les inégalités entre les communautés rurales.

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Ainsi, ces politiques d’austérité accentuent l’importance de la participation des citoyens, tout en rendant celle-ci plus difficile, compte tenu du manque ressource pour appuyer les initiatives locales (Skinner et Joseph, 2007, 2011 ; Klein, 2012a ; Boisvert, 2013). Ces transformations précarisent une tradition québécoise d’appui au développement des communautés rurales. Par ailleurs, celles-ci s’effectuent dans un contexte où les municipalités ont de plus en plus de responsabilités à l’égard de la santé et du bien-être de leurs citoyens (Sclazo, 2016 ; Pedneaud-Jobin 2016).

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3.! Recension des écrits

Cette recension des écrits présente un survol de l’état des connaissances en santé publique concernant la participation sociale et ses retombées sur la santé et le bien-être dans le contexte rural. Préalablement, les difficultés associées à cette recension et l’apport de la littérature existante seront discutés. Premièrement, les balises délimitant cette recension des écrits seront déclinées. Deuxièmement, une synthèse des études empiriques les plus pertinentes sera présentée. Troisièmement, quelques explications théoriques expliquant comment la participation contribue à la santé et au bien-être seront détaillées. Quatrièmement, une brève synthèse des constats découlant de cette recension sera présentée.

3.1!Balises délimitant cette recension

La problématique à l’étude se situe à la convergence de plusieurs littératures différentes, notamment parce que le concept de participation est polysémique (Rifkin 2014). Conséquemment, cette recension des écrits s’est centrée sur les corpus plus près des champs de la santé publique (voir la stratégie de recension des écrits en annexe). De plus, pour circonscrire l’objet de ce mémoire, certains écrits ont été exclus de cette recension. Les études sur la participation sociale des personnes âgées ou la participation sociale de personnes avec un problème de santé spécifique ont été exclues, puisque ces recherches sont très spécifiques et souvent très contextualisées en fonction de limites et contraintes particulières. Ainsi, les recherches entreprises auprès de la population générale semblent plus pertinentes pour ce mémoire. Les recherches entreprises dans les pays dits « en voie de développement » ne seront pas présentées, pour approfondir les recherches provenant d’un milieu plus similaire de celui à l’étude. D’autre part, ce mémoire ne considérera pas les retombées de la participation sur le développement de services de santé, qui influencent la santé de manière indirecte. Cette dimension a déjà été étudiée dans des écrits publiés dans la littérature qui touche l’organisation des systèmes de santé (Preston et coll., 2009 ; Kilpatrick 2009 ; Kenny et coll., 2013). Certains auteurs qui ont étudié les retombées de la participation sur le développement de services de santé dans le contexte rural ont d’ailleurs

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souligné que peu d’attention a été portée à l’influence directe de l’action de participer sur la santé (Preston et coll., 2009).

3.2!Survol de l’état des connaissances

Les écrits sur la participation sociale et son influence sur la santé constituent une vaste littérature, particulièrement considérant la présence d’autres concepts connexes, tels que le capital social, la cohésion sociale ou l’intégration sociale. Toutefois, l’ampleur ce corpus est grandement réduit lorsqu’on exclut les études qui ne sont pas réalisées dans le contexte rural. Également, ce corpus est réduit lorsqu’on s’intéresse aux études qui abordent la santé sur le plan collectif plutôt qu’uniquement individuel.

Cette recension des écrits a identifié très peu de recherches qui explorent les liens entre la participation sociale, la santé et le bien-être des personnes dans le contexte rural québécois (voir stratégie de recherche en annexe). Les études portant spécifiquement sur la participation sociale dans le contexte rural sont également rares. Cette recension des écrits révèle que quelques publications très anciennes abordent précisément le concept de participation sociale dans les milieux ruraux (Larson, 1938 ; Mayo & Marsh, 1951), mais sans établir de liens avec la santé. Une étude portant sur l’influence de la participation sociale sur la santé dans les régions à faible densité de population du Kansas (États-Unis) semble constituer une des rares études sur le sujet (Greiner et coll., 2004). Les résultats de cette étude suggèrent que l’influence de la participation sociale sur la santé est modulée par la densité de la population et soulèvent que les personnes vivant dans les milieux ruraux sont susceptibles d’être confrontées à plus d’enjeux de santé (Greiner et coll., 2004). Au Québec, bien que l’importance de la participation soit consensuelle dans les études sur

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coll., 2013). Ces recensions mettent de l’avant le potentiel de la participation pour que les systèmes de santé répondent davantage aux besoins des populations rurales. Aucune de ces études ne s’intéresse au lien direct entre la participation et la santé en général.

En dehors du contexte rural, plusieurs recherches ont démontré la présence d’associations statistiquement significatives suggérant que la participation sociale réduit les risques de certains problèmes de santé (Glass et coll., 1999 ; Eng et coll. 2002 ; Sundquist et coll., 2004 ; Berkman et coll., 2014). Toutefois, les ajustements statistiques qui tiennent en compte l’effet des caractéristiques sociodémographiques rendent parfois les associations statistiques non significatives (Ali et coll., 2006 ; Floud et coll. 2016). Dans l’ensemble, les conclusions de ces études demeurent limitées, puisque les associations analysées ne permettent pas d’identifier les relations causales à travers lesquelles la participation influence la santé et le bien-être. Plus particulièrement pour ce mémoire, ces études offrent un éclairage partiel, puisqu’elles ont été entreprises auprès de populations urbaines et mettent peu en lumière les mécanismes explicatifs sous-jacents, c’est-à-dire de quelle manière la participation influence la santé (Thoits 2011 ; Rifkin 2014). Cette littérature rejoint également plusieurs écrits sur l’effet salutaire du capital social, dont les preuves théoriques et empiriques ont été consolidées dans différentes méta-analyses (Seeman 1996 ; Hawe et Shiell 2000 ; Holt-Lunstad et coll. 2010 ; Jenkinson et coll., 2013 ; Nyqvist et coll., 2013 ; Berkman et coll., 2014).

Souvent, les études sur la participation sociale et le capital social ne permettent pas de conclure à des relations de causalité notamment en raison de la nature transversale des recherches (Berkman et coll., 2014). Plusieurs études, notamment qualitatives, ont constaté une relation de réciprocité entre la participation sociale et la santé, c’est-à-dire une influence mutuelle (Berkman, coll., 2014). D’ailleurs, cet élément est reconnu comme un biais de causalité inversée et apparaît comme une limite supplémentaire aux recherches transversales quantitatives. Dans ce cas, difficile d’établir si ce sont les caractéristiques des personnes qui causent les retombées de la participation ou si c’est la participation qui influence les personnes. Certains auteurs ont également formulé certaines critiques à l’égard des études quantitatives qui demeurent centrées sur des indicateurs biomédicaux de

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la santé, comme les risques de maladies cardiovasculaires (Hawe et Shiell 2000). Ces études sont peu sensibles au contexte et ne considèrent pas les aspects politiques du capital social, ce qui les rend moins pertinentes dans une optique de réduction des inégalités sociales de santé (Hawe et Shiell 2000).

Ainsi, dans le champ de la santé publique, le manque de connaissance sur ce sujet est notamment amplifié par le manque de recherches qualitatives qui mettent de l’avant l’expérience de participation sociale des personnes. Des études qualitatives dans le contexte québécois seraient souhaitables pour mieux comprendre comment la participation sociale influence la santé et le bien-être dans les milieux ruraux.

3.3!Les explications théoriques présentant comment la participation sociale peut favoriser la santé et le bien-être

Les relations entre la participation sociale et la santé et le bien-être sont l’intérêt de recherches depuis longtemps. Les écrits de Durkheim (1897), qui présentaient que l’intégration sociale réduit les risques de suicide, en témoignent. D’autres concepts proches de la participation sociale ont également été étudiés, tels que le capital social, la cohésion sociale et l’intégration sociale. Soulignons d’emblée que la participation « assure la survie et le bien-être de la personne dans sa société tout au long de son existence » (Larivière, 2008 : 118), notamment en procurant un meilleur sentiment d’appartenance et une meilleure estime de soi, une perception plus positive de son état de santé et une meilleure qualité de vie ainsi qu’en jouant un rôle important dans l’intégration dans la collectivité et pour le maintien de l’identité des personnes (Larivière, 2008). De manière générale, la santé et le bien-être sont influencés par des déterminants qui agissent principalement à

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fondamentaux pour comprendre la contribution de la participation sociale à la santé et au bien-être.

3.3.1 Le soutien social

La participation sociale est un vecteur important de soutien social (Raymond et coll., 2008). L’apport du soutien social à la santé des personnes et des communautés a largement documenté dans la littérature en santé publique (Cohen & Syme, 1985 ; Syme, 1988 ; Uchino 2006 ; Kawachi et Berkman, 2001). Plusieurs écrits examinant les associations entre le capital social et la santé des personnes abordent le soutien social comme le mécanisme explicatif principal (Berkman et al. 2000). Des études ont mis de l’avant les retombées positives du support social sur la santé, en démontrant qu’il peut contribuer à améliorer la santé physique et mentale (Baum, 1999) et réduire la mortalité (Berkman & Syme, 1979), notamment à cause de sa capacité à réduire le stress (Cohen & Wills, 1985). L’influence du soutien social dépend du type de relation sociale (Lewis & Butterfield 2005). En plus du rôle des relations significatives, l’importance des liens sociaux de faible intensité a été documentée (weak ties) (Granovetter, 1973).

À l’intérieur du parcours de vie des personnes, diverses formes de soutien social ont à la fois des conséquences positives et négatives sur la santé (Umberson et coll., 2010). Trois formes de soutien sont identifiées par Umberson et ses collègues (2010) : instrumental (en facilitant l’accès à des ressources), informatif (en facilitant l’accès à des informations) et émotionnel (en offrant des soins). Ce dernier souligne que dans la recherche, l’accent est généralement centré sur le soutien émotionnel. Bien que les retombées du support social soient généralement positives, Umberson et ses collègues (2010) mettent de l’avant que certaines formes de liens sociaux peuvent contribuer à l’adoption de comportement néfaste, comme le support parental si les adolescents les perçoivent comme une atteinte à leur autonomie (Marshal & Chassin 2000).

Le soutien social peut également influencer la santé physique par le biais de l’adoption de comportements, par exemple, dans le cas où la présence de soutien social amène une

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personne à être plus active ou à mieux s’alimenter (Uchino, 2006 ; Thoits, 2011). Cet effet explique en partie la réduction de la mortalité associée au soutien social (Kaplan et coll., 1994). Une autre manière par laquelle le soutien social contribue à la santé est la présence de processus psychologiques suivant le soutien, tels les attentes (appraisals), les émotions et le sentiment de contrôle (Barrera, 2000 ; Uchino, 2006). Ces processus sont également étroitement liés à l’adoption de comportements favorables à la santé. Plus précisément, dans sa recension des écrits, Uchino (2006) démontre que le soutien social influence la santé à la fois en agissant sur les fonctions cardiovasculaires, les fonctions neuroendocriniennes et les fonctions immunitaires. Il souligne notamment que le soutien social peut réduire le stress, qui influence l’activité cardiovasculaire (Uchino, 2006).

Dans leur recension des écrits, Berkman et ses collègues (2000) identifient quatre mécanismes psychosociaux principaux à travers lesquels l’intégration sociale contribue à la santé : le soutien social, l’influence sociale, l’engagement social, l’accès aux ressources et aux biens matériels. Ceux-ci soulèvent notamment que bien que le soutien social soit davantage documenté, les autres mécanismes identifiés sont également importants pour comprendre les conséquences des liens sociaux sur la santé (Berkman et coll., 2000). Leur conceptualisation considère l’influence du contexte, à l’échelle macro et mezzo, sur la relation entre le soutien social et la santé. La schématisation de Berkman et ses collègues (2000) présente que certains facteurs ont une influence en amont (upstream) sur le soutien social, alors que d’autres ont une influence en aval (downstream) sur la santé. En amont, l’on retrouve les facteurs structurels de l’environnemental social (la culture, les facteurs socioéconomiques, la politique et le changement social), qui influencent le réseau social des personnes (sa structure et ses caractéristiques). En aval, ce sont les réseaux sociaux qui déterminent les opportunités à l’origine des différents mécanismes psychosociaux (le

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conceptualisation à partir de recherches plus récentes réaffirme ces hypothèses (Eriksson, 2011).

Les recherches empruntant le concept de capital social sont également pertinentes pour comprendre les retombées du soutien social, puisque plusieurs de ces caractéristiques y sont très proches, tel que la réciprocité entre les personnes. Le capital social peut être conceptualisé comme une ressource, à partir de laquelle émerge le soutien social, par le biais de diverses formes de participation (Putnam, 1995). Des recherches empiriques ont associé le capital social à la santé et bien-être (Muruyama et coll., 2012). Les effets du capital social sont spécifiques au contexte et aux populations, ils peuvent être positif pour l’une et négatif pour l’autre, donc ils sont difficiles généralisables (Muruyama et coll., 2012).

3.3.2 Le développement du pouvoir d’agir

La participation sociale peut également favoriser la santé et le bien-être par le biais du développement du pouvoir d’agir. Le développement du pouvoir d’agir a été défini par l’Organisation mondiale de la santé comme un « processus à partir duquel les personnes gagnent du contrôle sur les décisions et actions qui influencent leur santé » (1998 : 8, traduction libre). Au Québec, l’expression « développement du pouvoir d’agir » a été utilisée comme un synonyme du concept anglais empowerment (Ninacs, 2008).

La participation est à la base du processus d’empowerment (Wallerstein, 1993, 2006). Plusieurs études empiriques ont montré l’effet du développement du pouvoir d’agir sur la santé des personnes, comme l’indiquent des recensions des écrits (Wallerstein 2006 ; Laverack 2006 ; Woodall et coll., 2010). Bien que la participation soit au cœur du développement du pouvoir d’agir, celle-ci seule ne suffit pas au développement des capacités et risque notamment d’être instrumentalisée (Wallerstein, 2006 ; Rifkin, 2011). Ainsi, des ressources doivent soutenir les personnes qui participent (Wallerstein, 2006). Ninacs (2008) a argumenté que la participation est essentielle au développement du pouvoir d’agir, mais que celle-ci doit être combinée à d’autres dimensions pour contribuer

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à la santé, telles que le développement de l’estime de soi et d’une conscience critique. Bien que les retombées du développement du pouvoir d’agir aient été documentées à la fois de manière théorique et empirique (Wallerstein, 2006 ; Rifkin, 2011), ce concept demeure sous-théorisé (Woodall et coll., 2010).

Des études dans le champ de la santé publique ont fait ressortir que le développement du pouvoir d’agir permet de réduire la dépendance des personnes au système de santé, assurer la dispensation de soins adaptés aux réalités culturelles de la communauté et d’inclure les parties prenantes de la communauté dans l’amélioration des programmes (Wallerstein, 2006). Les retombées de l’augmentation du pouvoir d’agir sont visibles à long terme, particulièrement pour les communautés avec peu de capital social (Wiggins 2011). Bien que l’augmentation du pouvoir d’agir a fréquemment été mise de l’avant comme stratégie de promotion de la santé, un écart important sépare la théorie de la pratique, d’où l’importance de s’appuyer sur l’expérience des personnes (Woodall et coll., 2010). Dans une perspective plus politique, l’augmentation du pouvoir d’agir consiste à lutter contre les oppressions et les injustices (Laverack, 2006). Ainsi, le pouvoir d’agir permet également de réduire la présence d’inégalités sociales de santé.

Le pouvoir d’agir peut également se développer à l’échelle des communautés. À ce niveau, le développement du pouvoir d’agir implique notamment la transformation des rapports de pouvoir entre les communautés, les institutions et les gouvernements (Wallerstein, 2006). Ce concept s’appuie notamment sur la théorie de la conscience critique de Freire (1980 ; Wallerstein & Bernstein, 1988). Il s’actualise notamment par le biais de stratégies telles que l’organisation communautaire (Woodall et coll., 2010). Dans plusieurs cas, l’action à l’échelle collective est nécessaire puisque « plusieurs facteurs déterminants la santé

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des communautés a notamment pris forme sous l’expression « développement des communautés », dans le Programme national de santé publique du Québec en 2003 (Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2003). Cette forme de développement s’est actualisée à travers diverses initiatives, telles que le Réseau québécois villes et villages en santé et le dispositif de surveillance de l’état de développement des communautés locales de Boisvert (2009, 2013). Le dispositif de Boisvert met de l’avant l’importance de situer les communautés dans des « territoires vécus », puisque le développement prend ancrage dans « l’espace d’expression de la solidarité organique » (2013 : 200). Pour ce chercheur, la présence d’inégalités entre les communautés révèle une privation de pouvoir collectif, conséquente des politiques et programmes publics en place (Boisvert, 2013). Il met de l’avant que la participation est essentielle pour « créer de nouveaux équilibres entre l’autonomie des territoires locaux et la hiérarchie ministérielle » (Boisvert, 2013 : 201).

3.4!Synthèse de la recension

En somme, des études principalement quantitatives et réalisées en milieu urbain ont documenté des associations entre la participation, la santé et bien-être. Cependant leurs devis ne permettent pas de comprendre les mécanismes à l’œuvre, et ce, particulièrement dans le contexte rural. De plus, les études recensées ne mettent pas de l’avant les perspectives des personnes qui participent. À l’intérieur de cette vaste littérature, les concepts de soutien social et de développement du pouvoir d’agir apparaissent pertinents pour expliquer comment la participation sociale peut contribuer à la santé et au bien-être. Considérant que ces mécanismes sont sensibles au contexte, des études qualitatives dans le contexte québécois seraient souhaitables pour mieux comprendre comment la participation sociale influence la santé et le bien-être dans les milieux ruraux.

Pour conclure cette recension des écrits, soulignons que celle-ci détonne par sa complexité, due en premier lieu au manque d’écrits sur l’influence de la participation sociale sur la santé et le bien-être rural, et en deuxième lieu, à la diversité de disciplines regroupées par le concept de participation sociale. Bien que cette recension exclue de nombreuses publications par ses critères d’exclusion (précisés à la section 3.1), cet examen approfondi

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présent des constats (précisés à la section 3.2 et 3.3) qui attestent la pertinence de cette étude et qui permettent d’appuyer ses assises conceptuelles (présentées à la section 5).

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4.! Pertinence sociale et scientifique 4.1!Pour les communautés rurales

Cette étude est pertinente pour les communautés rurales québécoises puisqu’elle permet aux municipalités de mieux cerner l’importance de la participation sociale et de ses retombées sur la santé et le bien-être dans leur milieu. Cela apparaît important dans un contexte où les municipalités ont de plus en plus de responsabilités à l’égard de la santé et du bien-être de leurs citoyens (Scalzo, 2016 ; Pedneaud-Jobin, 2016). Cette étude est également pertinente parce que la participation a été identifiée comme un moyen incontournable pour développer les communautés rurales et pour réduire les inégalités sociales de santé dans le contexte rural. Également, puisque les inégalités sociales sont davantage étudiées à l’échelle des personnes qu’à l’échelle des communautés, cette recherche offre un regard d’intérêt pour l’action collective dans le contexte rural.

4.2!Pour le champ de la santé communautaire

Cette étude a permis de bonifier sur le plan conceptuel les liens entre la participation sociale, la santé et le bien-être ainsi que de répondre à un manque de connaissance sur ces liens dans le milieu rural. Bien que des études aient démontré le potentiel de la participation pour améliorer la santé et le bien-être dans d’autres contextes, peu d’études ont exploré de quelle manière la participation influence la santé et le bien-être, principalement à cause des devis de recherche utilisés. La méthodologie empruntée pour ce mémoire, présentée dans les sections suivantes, a permis de répondre à ce manque de connaissance en décrivant en profondeur la participation sociale dans le contexte rural ainsi que les manières par lesquelles elle influence la santé et le bien-être. L’originalité de cette démarche, qui se situe dans un paradigme constructiviste, est également due à son approche inductive qui élicite des connaissances expérientielles. Cette démarche répond à un certain manque de connaissance, notamment compte tenu de l’importance du paradigme positiviste dans le champ de la santé publique. En conséquence, cette recherche est pertinente puisqu’elle apporte plusieurs contributions à la littérature existante. De plus, la participation des personnes et la réduction des inégalités de santé apparaissent comme des principes

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fondamentaux pour le champ de la santé communautaire (Desgroseilliers et coll., 2016). Ainsi, cette étude s’inscrit dans les traditions de la santé publique et de la santé communautaire.

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5.! Cadre conceptuel 5.1!La participation sociale

Le concept de participation sociale est polysémique et fait référence à un ensemble d’activités qui rejoint de nombreux acteurs (Raymond et coll., 2008; Rifkin, 2009 ; Mercier et coll., 2009). En effet, la participation sociale a été définie comme « l’action de contribuer à la collectivité en donnant du temps gratuitement aux organisations et aux individus à l’extérieur de la sphère domestique » (Gaudet, 2012 : 2). Le concept de participation sociale regroupe plusieurs pratiques qui tendent à être ignorées suite au manque de reconnaissance institutionnelle (Gaudet, 2012). Parmi celles-ci, Gaudet (2012) identifie notamment des pratiques formelles comme la militance, la participation communautaire et associative ainsi que des pratiques informelles comme l’entraide, le soutien et l’offre de soins. Pour Gaudet (2012), la participation sociale correspond à des activités collectives qui impliquent un minimum de stabilité et de réciprocité. Ainsi, ces pratiques ne correspondent pas au simple fonctionnement dans la vie quotidienne, comme on le retrouve dans la littérature sur la participation des personnes âgées (Raymond et coll., 2008). Cette définition s’appuie sur les travaux sur le don du sociologue québécois Jacques T. Godbout, pour qui la participation sociale se distingue de la relation marchande par la gratuité qui la caractérise (Godbout 2007). Godbout argumente « la nécessité de comprendre d’autres formes de logiques d’action que celle de l’intérêt » (Gaudet et Turcotte, 2013 : 119), tel que celle des affects et de la construction identitaire. Dans le cadre de ce mémoire, la définition développée par Gaudet (2012) sera retenue puisqu’elle inclut à la fois les pratiques formelles et informelles. Cette définition, développée dans le cadre des études sociologiques de Gaudet (2011, 2012; Gaudet et Reed, 2004 ; Gaudet et Turcotte, 2013), comporte également d’autres avantages qui seront détaillés dans les sections suivantes. Plusieurs typologies de la participation s’accordent pour définir la participation sociale comme une composante de la participation citoyenne (tableau 1). En plus de la participation sociale, la participation citoyenne est également constituée de la participation publique et de la participation électorale. Toutefois, la participation sociale se distingue de ces deux autres types de participation parce qu’elle n’implique pas nécessairement

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l’engagement formel des individus dans le but d’atteindre un objectif explicitement établi. Dans le cadre de ce mémoire, le concept de participation sociale est retenu plutôt que les autres types de participations pour intégrer les pratiques informelles et spontanées, qui occupent une grande importance dans le contexte rural (Turcotte 2005). Plus particulièrement, la définition de Gaudet est également pertinente puisqu’elle inclut également la participation citoyenne, et permet ainsi d’inclure une grande variété de manières de « contribuer à la collectivité » (2012 : 2). Retenir une définition trop étroite de la participation sociale pourrait être problématique puisque les milieux ruraux présentent moins d’opportunités de participation formelle, un enjeu mis de l’avant dans l’une des premières études sur la participation sociale dans le contexte rural, en 1938 (Lars, 1938). De plus, puisque la participation retenue met de l’avant l’importance de la participation quotidienne des personnes, cette conception permet d’éviter un écueil qui consisterait à présenter la participation des personnes comme une activité plus politisée qu’elle l’est réellement. La méthodologie retenue, présentée dans les sections suivantes, permettra de documenter avec justesse et rigueur la contribution des personnes à leur collectivité.

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Institut du Nouveau monde (non daté)

Institut du Nouveau monde (non daté)

Mercier, Bourque et St-Germain (2009) Définition de Gaudet (2012) Participation citoyenne «La participation citoyenne est l’exercice et l’expression de la citoyenneté à travers la pratique de la participation publique, de la participation sociale et de la participation électorale.»

Participation sociale « La participation sociale fait référence à l’implication des individus dans des activités collectives dans le cadre de leur vie quotidienne. »

« Transformer et agir sur les politiques, les structures sociales et les normes sociales, ce qui la relie à la société civile par l’implication » (p. 27)

« L’action de contribuer à la collectivité en donnant du temps gratuitement aux organisations et aux individus à l’extérieur de la sphère domestique » (p. 2) Participation publique « La participation publique, c’est

l’engagement des individus dans des dispositifs formels régis par des règles clairement établies et ayant pour but l’atteinte d’un objectif formulé explicitement. »

« Prendre part aux débats publics : débattre des enjeux économiques, politiques et sociaux des décisions publiques; intervenir dans la communauté, à travers les instances locales institutionnelles ou

autonomes. » (p. 26)

Participation électorale « La participation électorale concerne la participation aux élections. »

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Comme présentés, le type et le niveau de participation dépendent de la nature, de la durée et de l’intensité des actions réalisées. Pour préciser ces distinctions, plusieurs typologies caractérisent la participation en fonction de son intensité. L’échelle d’Arnstein (1969), qui demeure l’une des classifications les plus citées, distingue huit niveaux de participation des citoyens quant à la prise de décision. Cette échelle regroupe les niveaux de participation en trois grandes catégories, soit la non-participation, la coopération symbolique et le pouvoir effectif des citoyens. Ainsi, la participation résulte de pouvoirs différents et implique des retombées différentes, selon la nature de l’action et le contexte dans lequel elle est entreprise. La définition de la participation sociale choisie pour ce mémoire permet de documenter différents niveaux d’intensité, et ainsi, prendre en compte une variété de pratique de participation. Cette considération semble importante puisque la participation n’est pas statique et peut passer d’un niveau à l’autre. Comme le suggèrent ces typologies, la participation formelle ayant pour but l’atteinte d’un objectif débute souvent par une participation informelle. Ainsi, c’est dans cette perspective que la participation sera abordée tout au long de ce mémoire.

Plusieurs auteurs affirment de manière consensuelle que la pauvreté et l’exclusion sociale rendent la participation sociale plus difficile. Dans son analyse dans les inégalités dans les pratiques de la participation sociale, après avoir mis de l’avant que le temps consacré au travail rémunéré a augmenté de 1998 à 2005, Gaudet demande « qui peut se permettre d’accorder du temps à la participation sociale ? » (2012 : 3). Ce questionnement met en lumière que la participation implique des coûts importants en matière de temps et d’énergie (Marucchi-Foino, 2007 ; Contandrioupoulos, 2009). Ce mémoire prête une attention particulière à la pauvreté et à l’exclusion sociale puisque, comme le montrent les travaux de Gaudet, « la participation s’établit à l’intérieur de rapports de pouvoir et d’inégalités »

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etc.) des personnes ont plus d’influence sur la participation que les caractéristiques individuelles, comme le revenu ou la scolarisation (Gaudet et Turcotte, 2013). Mais, outre l’effet du milieu, les personnes qui ont un revenu moins élevé sont habituellement moins nombreuses à donner du temps, selon une enquête canadienne (Lasby 2004). Toutefois, lorsqu’elles font du bénévolat, les personnes défavorisées ont tendance à donner plus de temps que celles qui ont un revenu élevé (Lasby 2004). Tremblay et Klein illustrent l’enjeu de la participation des personnes pauvres et socialement exclues en soulignant que « la mobilisation vise à augmenter la quantité́ de ressources disponibles pour un groupe pauvre, mais elle exige des ressources dont ce groupe est dénué » (1997 : 112). Cette question touche non seulement les ressources financières des personnes, mais plusieurs autres nécessités, comme les connaissances nécessaires à l’inclusion. Dans le même ordre d’idée, Gaudet souligne que pour être mesure de participer, il faut « présenter des caractéristiques qui nous permettent de faire ''partie du groupe'' » (2012 : 15). Cette question touche directement l’enjeu de l’exclusion sociale, qui se distingue de la pauvreté économique.

5.2!La santé et le bien-être

Une multitude de manières permettent d’aborder le concept de santé, en fonction de la perspective adoptée. Dans le cadre de ce mémoire, ce concept sera abordé avec l’angle de la promotion de la santé. Dans cette perspective, comme l’indique la Charte d’Ottawa (1986), la santé est perçue comme

« une ressource de la vie quotidienne, et non comme le but de la vie ; il s’agit d’un concept positif mettant en valeur les ressources sociales et individuelles, ainsi que les capacités physiques. Ainsi donc, la promotion de la santé ne relève pas seulement du secteur sanitaire : elle dépasse les modes de vie sains pour viser le bien-être » (Organisation Mondiale de la Santé, 1986 : 11).

Dans le champ de la promotion de la santé, la santé est également considérée comme un phénomène dynamique et multidimensionnel (Rootman et coll., 2012). Dans cette recherche, la santé et le bien-être seront abordés à partir des perspectives des personnes. Cette recherche reconnaît le caractère relativiste de la santé et du bien-être. Ainsi, ces concepts seront abordés comme des construits sociaux étroitement liés aux normes sociales

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des milieux de vie (Canguilhem, 1966). Pour la communauté à l’étude, ces normes sociales semblent étroitement liées à la ruralité. De plus, ce mémoire portera attention à la santé et au bien-être à la fois à l’échelle des individus et à l’échelle de la communauté, puisque comme l’indique Hancock, la communauté est « le creuset dans lequel agit un grand nombre des déterminants de la santé les plus importants » (2009 : B-6).

5.3!La communauté rurale

Pour ce mémoire, la communauté rurale sera abordée dans une perspective de « territoire vécu » (Frémont, 1974 ; Bailoni, 2012). Le territoire vécu se distingue du territoire institutionnalisé, de la même manière que la communauté se distingue de la municipalité, parce qu’il se construit à partir des usages quotidiens et des représentations des personnes (Frémont, 1974). Cette recherche reconnaît que la ruralité n’est pas qu’un « seuil » démographique, c’est un mode de vie, une culture et une identité distincte (Crosby et coll., 2012 ; Solidarité rurale, non disponible). L’organisme Solidarité rurale présente que la ruralité est marquée par « une prédominance des usages agricoles, forestiers ou naturels du sol », « un mode de vie caractérisé par un rapport particulier à l’espace, à la nature, au climat et aux saisons », « une sociabilité́ particulière et un fort esprit communautaire » ainsi que « une gouvernance locale de proximité́ » (Solidarité Rurale, non daté). Cette conception aborde des caractéristiques fondamentales de l’identité locale (Solidarité Rurale, non daté). Plusieurs auteurs ont soulevé que les représentations de la ruralité́ sont sélectives, en retard sur la réalité́ (Jean et coll., 2009 ; Gauthier & Luginbühl, 2012). Des définitions plus statistiques ont mis de l’avant que l’éloignement par rapport aux villes, qui se mesure notamment par l’importance du navettage, influence l’intégration socioéconomique des ruraux (Du Plessis, et coll. 2002). Dans le cadre de ce mémoire, ces caractéristiques de la ruralité seront prises en compte puisqu’elles influencent les relations

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6.! Questions de recherche et objectifs

Cette recherche tente de répondre à un questionnement à deux volets, d’abord descriptif et ensuite analytique: quelles sont les retombées de la participation sociale pour les personnes et les communautés rurales dans une perspective de santé et de bien-être ? Et comment la participation sociale contribue-t-elle à la santé et au bien-être dans le contexte rural ? L’objectif principal de cette étude est de comprendre comment la participation sociale contribue, ou ne contribue pas, à santé et au bien-être dans une communauté rurale au Québec. Plus spécifiquement, cette recherche vise à :

(1) décrire l’expérience de la participation sociale de personnes vivant dans la communauté à l’étude (sa nature, ses motifs, les facilitateurs et les contraintes). (2) explorer comment cette participation contribue, ou ne contribue pas, à la santé et au bien-être des personnes et de la communauté à partir de leurs perspectives. (3) dégager l’influence du contexte rural dans cette contribution.

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7.! Méthodologie

7.1!Type et devis de recherche

Un devis qualitatif a été retenu pour cette recherche, en raison de son approche interprétative et naturelle (Creswell 2013). Cette étude s’inscrit dans un paradigme constructiviste, ce qui permet d’explorer de manière approfondie l’expérience des participants et implique que cette démarche se positionne d’emblée comme productrice de connaissances situées et partielles. Ce positionnement s’appuie sur les critiques du champ des études situées (situated studies) (Haraway 1988), qui critique que « la reconnaissance académique d’un travail de recherche repose sur son objectivité qui est assurée par la “distance” du chercheur vis-à-vis de son objet » (Diop, 2013 : 7). En opposition à ce paradigme, cette recherche reconnaît l’expérience des personnes comme des acteurs et des producteurs privilégiés de connaissance. Ce positionnement implique que je reconnaisse, en tant qu’étudiant chercheur, que mon identité a influencé la manière dont j’ai entrepris cette recherche ainsi que la manière dont j’ai interprété ses résultats. Il implique également que j’accorde une attention particulière aux perspectives des personnes sur leurs expériences.

Une recherche narrative a été entreprise pour recueillir des récits qui illustrent les retombées de la participation sociale ainsi que comment elles contribuent, ou ne contribuent pas, à la santé et au bien-être des personnes et d’une communauté. Cette recherche s’est inspirée des travaux de Bertaux (2016) pour recueillir des récits de participation sociale. Les personnes interviewées ont été invitées à partager le récit de leurs participations dans leur milieu. Au fil de l’entretien, certains thèmes émergents ont été approfondis, en suivant une démarche inductive de type délibérative (Mukamurera et coll.,

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cette méthodologie demeure fondamentalement biographique, puisqu’elle « porte sur l’étude d’une période donnée de la trajectoire de vie d’un individu » (Duchesne et Skinn 2013 : 279). Bien que la recherche narrative a souvent pour objet d’étude une situation de vie ou une trajectoire de vie, elle peut également étudier une action (Bertaux, 2016), comme la participation sociale.

En regard aux objectifs de cette recherche, cette méthode apparaît pertinente pour plusieurs raisons. Les récits partagés sont plus susceptibles d’être associés à des retombées significatives, puisque les personnes se remémorent davantage des expériences qu’elles jugent importantes (Bertaux, 2016). Puisque le récit est narré d’une manière sensée pour le participant, le chercheur est davantage en mesure de comprendre la signification et la profondeur de l’expérience du narrateur (Creswell 2013 ; Bertaux, 2016). De plus, cette méthode implique la reconstruction de l’expérience d’une personne, à partir de récits qui mettent l’individu en relation avec son milieu (Connelly & Clandinin, 1990 ; Bertaux, 2016). Ainsi, cette méthode est d’intérêt pour recueillir des récits, rarement élicités, qui illustrent la participation sociale et ses retombées dans le contexte rural. Par ailleurs, la méthodologie de Bertaux (2016) a déjà été empruntée par Gaudet (2012) pour étudier les inégalités associées à la pratique de la participation sociale.

Dans le cadre de cette recherche, mon rapport avec la communauté à l’étude est influencé par ma connaissance de la ruralité découlant de ma propre provenance d’une communauté rurale, située en Montérégie. Mon positionnement est également influencé par mon intérêt pour le développement des communautés rurales, dans une optique d’autonomisation et d’équité en santé. De plus, ma perception de la communauté à l’étude est aussi influencée par ma contribution à un projet de recherche sur la lutte à la pauvreté dans le contexte rural, auquel j’ai contribué de 2016 à 2018. Dans ce projet, mon rôle a été d’entreprendre une recension des écrits, réaliser des entretiens dans la communauté à l’étude dans ce mémoire ainsi qu’analyser quatre initiatives de lutte à la pauvreté et à l’exclusion sociale.

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7.2!Milieu à l’étude

Pour cette étude, une communauté rurale située dans la MRC d’Arthabaska a été sélectionnée, principalement à cause de l’importance de la participation sociale dans ce milieu. Plusieurs projets impliquant la participation sociale des citoyens y ont été entrepris récemment, notamment suite au constat que cette municipalité était l’une des plus dévitalisées de la région du Centre-du-Québec. Cette communauté est donc un lieu est caractérisé par une participation sociale remarquable. Un des projets phares de la communauté est la création d’une coopérative qui assure des services de proximité, suite à l’association de résidents de la municipalité. Ce commerce, en activité depuis quelques années, permet la présence d’un poste d’essence et d’un dépanneur. D’autres projets ont été rendus possibles grâce à la participation des citoyens, comme la création d’un parc intergénérationnel et l’ouverture d’une maison des jeunes. La municipalité à l’étude demeurera confidentielle pour faciliter le respect de l’anonymat de chaque participant. Les données de Statistique Canada indiquent que la communauté compte moins de 1000 habitants, dont la presque totalité parle français et s’identifie comme non-immigrants. En 2015, 14,9 % des ménages de la MRC était en situation de faible revenu (Statistique Canada 2016). Toutefois, le revenu moyen des personnes de la communauté à l’étude était en deçà de ces moyennes. Outre ces caractéristiques économiques, le milieu à l’étude est caractérisé par une riche vie culturelle, à laquelle plusieurs artistes contribuent. Des exemples comme la création de soirées de contes ou l’organisation d’un 5 à 7 sur le sentiment d’appartenance par une citoyenne témoignent du dynamisme de cette communauté. Des personnes de cette communauté ont déjà été impliquées dans un projet de recherche portant sur la lutte à la pauvreté, auquel j’ai contribué.

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participation des personnes âgées (Raymond et coll., 2008). Les répondants devaient également avoir plus de 18 ans. Comme critère d’exclusion, les personnes présentant une déficience ne leur permettant pas de comprendre l'objectif de cette étude et les questions du guide d’entretien ne pouvaient pas participer à cette étude. Un échantillon de participants a été constitué à partir de deux méthodes non probabilistes propres à la recherche qualitative.

La première méthode de sélection empruntée a permis de rejoindre des personnes que j’ai déjà rencontrées dans le cadre d’un projet de recherche sur la lutte à la pauvreté dans le contexte rural, en septembre 2016. Ces personnes étaient impliquées dans diverses initiatives, dans lesquelles elles ont donné du temps à leur collectivité. Les participants déjà rencontrés ont été recontactés par le biais d’information qu’ils ont préalablement fournie. Lors de mon premier passage dans la communauté, j’ai demandé aux personnes ayant déjà participé si je pouvais les recontacter pour une nouvelle rencontre dans le cadre de ce mémoire. Toutes les personnes questionnées à ce sujet ont accepté d’être recontactées. Celles-ci avaient été sélectionnées à cause de leur implication dans leur communauté. Ainsi, ces personnes sont activement impliquées dans leur milieu. Une informatrice clé, elle-même sélectionnée dans le cadre de la recherche évoquée précédemment, avait facilité le recrutement de ces personnes. La sélection par une informatrice clé permet d’introduire les chercheurs à la communauté (Creswell, 2013).

La deuxième méthode de sélection a été empruntée pour rejoindre de nouvelles personnes, qui n’ont pas précédemment été interviewées dans le cadre d’un autre projet de recherche. Ces participants ont été recrutés à partir de ces premiers participants, par le biais d’une technique boule de neige (Creswell, 2013). Cette démarche a permis de constituer un échantillon plus grand et plus diversifié. Le choix de ces participants a notamment visé à favoriser une plus grande diversité sur le plan des profils sociodémographiques des participants (p. ex. âge, genre, situation économique, ethnie, état de santé) et des types de participation sociale (p. ex. activités associatives ou militantes). Les personnes identifiées ont été contactées par le biais des informations fournies par les premiers participants.

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7.4!La collecte de données

Des entrevues individuelles et semi-dirigées ont été réalisées pour recueillir les récits de personnes qui participent dans la communauté rurale. La conduite de l’entretien s’est inspirée des conseils de Bertaux (2016). Ainsi, peu de questions étaient prévues à l’avance de manière à accompagner les interviewés dans la description de leur expérience (Bertaux, 2016). Après certains moments décisifs, certaines questions plus directrices (p. ex. « est-ce que c’est différent puisqu’on dans une petite communauté rurale ? ») ont tout de même guidé l’entretien de manière à tenter de répondre aux objectifs de la recherche. Ainsi, un guide d’entrevue souple (disponible en annexe) a été suivi pour discuter la participation et ses retombées, mais aussi dans le but de discuter d’autres sujets émergents. Cette souplesse a permis de documenter le contexte dans lequel se déroulent les récits des participants. Les entrevues se sont déroulées dans le lieu de leur choix. La majorité des entretiens ont été réalisés chez les participants : neuf entretiens ont été réalisés chez des participants, alors que trois ont été réalisés dans un espace fermé de la salle communautaire. Les entrevues ont duré d’une heure à une heure trente, selon l’intérêt et la disponibilité des participants. Un court questionnaire sociodémographique a été remis aux participants à la fin de l’entrevue. Suite aux entretiens, des notes étaient prises dans un carnet de terrain pour documenter le contexte de chacune des entrevues, ainsi que pour noter des réflexions émergentes sur le choix de certaines questions et leurs réponses. Pour Creswell (2013), documenter ces moments est important pour conférer crédibilité et vérifiabilité à la méthode de recherche. Les entretiens ont été enregistrés et retranscrits pour faciliter l’analyse.

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d’information, notamment lié à des contraintes organisationnelles qui ont affecté la collecte de données, la chronologie historico-empirique du récit n’a pu être pleinement détaillée. Ceci pose une limite quant à notre capacité à objectiver le récit et à identifier les mécanismes de « causalité séquentielle » sous-jacents (Bertaux, 2016 : 82). Cette limite sera discutée dans les sections suivantes. Bien que « l’enchaînement de situations » n’ait pu être pleinement reconstitué (Bertaux, 2016 : 82), une analyse thématique a tout de même permis de regrouper des thèmes émergents dans le but d’analyser la participation sociale et ses retombées. Pour chacun des interviewés, ce travail a permis d’identifier des caractéristiques ayant motivé, facilité ou limité la participation des personnes. Les thèmes ont été dégagés en suivant une approche inductive de type délibérative (Mukamurera et coll., 2006). Les caractéristiques identifiées se retrouvent à la fois au niveau des personnes, au niveau des relations interpersonnelles (famille, proches, etc.) et au niveau sociostructurel (rôles sociaux, normes, etc.). Nous avons suivi les conseils de Beaud et Weber, qui suggèrent de ne pas classer les données de manière rigide, mais plutôt de se laisser « guider par le travail interprétatif » (2003 : 277). Cette souplesse est d’autant plus importante étant donné que l’analyse thématique de récits, quoique possible, pose le risque de porter atteinte à la cohérence interne de chaque entretien (Bertaux, 2016 : 95).

Dans un deuxième temps, suite à l’analyse diachronique, une analyse thématique comparative a approfondi les thèmes qui ont semblé déterminants dans les récits de participation. Cette étape a permis d’identifier les récurrences pour « consolider » ce qui est apparu important dans chacun des récits (Bertaux, 2016 : 75). L’analyse thématique a été réalisée de manière itérative et systématique, en effectuant des allers-retours entre les matériaux et la catégorisation dans le but d’assurer que les thèmes retenus correspondent aux expériences des personnes interviewées. Ainsi, cette analyse a été réalisée en différentes étapes, de manière à synthétiser et ordonner les matériaux pour dégager des constats d’ensemble. Les analyses thématiques ont été facilitées par l’utilisation du logiciel NVivo. La typologie de participants dégagée préalablement à partir des récits a permis d’enrichir cette analyse comparative. Pour faciliter le respect de la confidentialité des participants, ce sont principalement les résultats de cette comparaison qui seront présentés dans l’analyse.

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