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Les portraits d'Erard de la Marck, prince-évêque de Liège

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

Lumidres, formes et couleurs

Mdlanges

en hommage e

Yvette

VANDEN BEMDEN

Sous la direction de Claire DE RUYII

Isabelle

LECOCQ,

Michel LEFWZ

et Mathieu PIAVAUX

PRESSES UNIVERSITAIRES DE NAMUR

(2)

Collection Histoire, Art et Arch€ologie n" 10

1 I

2

Les Jdsuites i Namur, 1610-1773 - Vanden Bemden Y. (sous la direction de) Premidres rencontres du Patrimoine Amdrique latine

- Europe - Vanden Bemden Y. (sous Ia direction de)

Les vitraux de la premiEre moiti€ du XVI" sidcle conservds en Belgique - Vanden Bemden Y.

Art viddo - Foulon P.-I. et Vanden Bemden Y.

Pratiques artistiques actuelles en Wallonie et ir Bmxelles - Angelroth Ch., Van Dam D., Vanden Bemden Y. (eds) Les danses rituelles chinoises - Lenoir, Y. et Standaert, N. Histoire de Namur - Jacquet Ph., Noel R. et Philippart C. Art actuel et photographie - Bawin t. (6d.)

Art et handi cap - Barozzini 1., Bazier C., Damien M., Mercier M. et Vanden Bemden Y. (eds)

4 5 6 .7 8 9

@ Presses universitaires de Namur, 2008 Rempart de la Vierge 13

5000 Namur (Belgique)

D6p6t l6gal : D I 2008 I I88I I 12 ISBN : 97 8-2-87037-583-9

Imprim6 en Belgique

Tous droits de reproduction, traduction, adaptation,

m€me partielle, y compris les microfilms et les supports informatiques, r6serv6s pour tous les pays.

Photo de couverture : Enghien, chapelle castrale, ddtail du vitrail de la Crucifixion, sainte Barbe (vers 1525). Clich6 I. Lecocq.

(3)

-tF-L e s

p o r t r a i t s

d ' E r a r d

d e

p r i n c e - 6 v 6 q u e

d e L i d g e

l a M a r c k ,

p a r D o m i n i q u e

A L L A R T

U n i v e r s i t 6

d e L i d o e

tsntre le portrait que nous qualifions de profane et celui que nous qualifions de religieux, la d6marcation est loin d'€tre nette d la Renaissance, m€me si l'un et l'autre tendent d se diff6rencier par l'usage auquel ils se pr€tent, par la forme qu'ils rev€tent et par les accessoires et figures qu'ils asSocient au personnage reprdsent6. L iconographie d'Erard de la Marck est d'autant plus instructive i cet €gard que par ses fonctions m€mes, le prince-6veque de LiEge dissipait les limites entre Ie domaine spirituel et le domaine s6culier. Ijait surprenant: elle n'a jamais €t6 envisag€e globalement. Le d6bat concernant I'dventuelle appaftenance de la c6ldbre effigie du pr6lat peinte par Vermeyen (Rijksmuseum dAmsterdam) d un diptyque, rr3cemment ranim6 suite i l'6tude technique approfondie de l'euvre coniointement h celle de son pendant prdsum6, impose d'accomplir cette ddmarche. Yvette Vanden Bemden en avait jet6 les bases dds 1981, en dressant la liste des cuvres d prendre en compte, lorsqu'elle exami-nait les vitratx li6geois dont Erard de la Marck avait financ6 la r6alisationl. Sans nier I'int6r€t de I'iconographie posthume du prince-6v€que, je consid6rerai ici, en un sulvol pr6alable ) une 6tude plus approfondie, les pofiraits r€alisds de son vivant.

Erard de Ia Marck, qui occupa Ie trone de Saint-Lambert i Lidge de 1506 a 1538, marqua les mdmoires d'une empreinte vigoureuse. Son rdgne fut synonyme de paix relative, de pros-p6rite et de renouveau culturel, des bienfaits que les Li6geois ne purent manquer d'appr6cier aprds les d6cennies de marasme politique et social qui suivirent la d6vastation de leur cit6 par les troupes de Charles le T6mdraire en 1468. Artisan de la relEve de la ville, le prince-6v0que fut en outre un souverain influent sur l'6chiquier europ€en, activement engage dans les affaires du temps, li6 avec la cour de France puis avec les Habsbourg. Il brigua longtemps et ardemment la pourpre cardinalice, et paruint i ses fins en 7527, grAce d l'appui de l'empe-reur. Sans doute put-il ainsi mieux s'identifier au moddle qu'avait naguEre incarn6 d ses yeux Ceorges dAmboise; il l'avait assid0ment fr€quentd dans les premidres ann€es du sidcle'. Sans atteindre le train de vie fastueu-r de l'archev€que de Rouen, Erard de la Marck fut un m6cdne ambitietx. On se contentera de rappeler ici qu'il fut le protecteur de Lambert Lombard et l'instigateur de la reconstruction du palais 6piscopal de LiEge. Pourvu d'une forlune immense, avidement accumul6e au fil des ans, il compta parmi les cr6anciers de Charles Quint et offrit de somptueux pr6sents au pape Paul III.

I V A N D I N t s E M D E N , 1 9 8 1 , p . 1 9 0 , n . 2 .

'] II entretient des liens tris privil6gi6s avec Ceorges dAnrboise, comme le confirme son nevell Florange (Robert ttl de la Marck, ca 1491-1536), qr-ri 6pousa la nidce du cardinal de Rouen le 1''' avril 1510 (COIIBEAIIX et LEMOISNE, 1913, p. 46-47): ( rronsr le legat clAmbaise, qui avoit rnonsr de Liege avecque luy ordinairement et l'avoit nourry une partie de temps et le tenoit tousjours avecqlle luy, ellt en\ye de faire ungne alliance, allssy par l'adveue de Roy, de sa maison i la maison de la Marche, affin de tousjours demeurer ensamble bons amys. Laquelle choses myst en trayn, et fit le rnariage de sa niepce avecque le Jeune Adventureux, fils aysn6 de mnsr de Seclan u.

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Les portraits de souverains ont souvent tendance d montrer la figure iddale que cetx-ci veulent incarner et diffuser, ce qui n'emp€che nullement une ressemblance effective, Iaquelle fut d'ailleurs souvent valorisde de manidre explicite, ) partir de la Renaissance3. La question de savoir comment 6tait r6ellement Erard de la Marck pourrait dds lors constituer un prdlimi-naire pertinent et utile d notre propos. Cependant, les sources €crites ne sont guEre disertes quant ) son aspect physique. Seule sa haute stature y est 6voqude'. Erardus... statura procerus, 6crivait le chroniqueur Jean deLooza.Il n'exag6rait pas. Lorsqu'en 1887 fut ouvert le cercueil du pr6lat, ceux qui virent le squelette qu'il renfermait furent frappds de sa taille colossale: il atteignait prds de deux mdtress. On sait aussi qu') Ia fin de sa vie, Erard souffrait de Ia goutte et qu'il €tait devenu trEs corpulent6.

En l'absence d'autres pr€cisions quant ) son apparence, les effigies qui nous sont parve-nues sont d'autant plus pr€cieuses. Yvette Vanden Bemden en a ddnombr6 dix, comprenant un t6moignage indirect, sous la forme d'un dessin du XVII" siEcle reproduisant le mausol€e d'Erard - malheureusement disparu dans la tourmente r6volutionnaire - sur lequel il figurait en < priant >. Il faut en ajouter une autre, la plus ancienne, rep6rable sur le monumental buste-reliquaire en argent partiellement dor€ que le prince-6v0que offrit d la cathddrale Saint-Lambert au d6but de son rEgne, pour abriter le crAne du saint patron de son diocdseT. Le jour m€me de son 6lection, le 30 ddcembre 1505, il fit un don pour que l'ouwage soit mis en chantier. Un orfdvre colonais, Hans von Reutlingen, fut chargd de l'ex6cution, laquelle requit de nombreuses ann6es. La piEce achev6e fut triomphalement promen6e dans Ies rues de LiEge, Ie 28 avril 1512. Sous Ie buste de saint Lambert, devant Ia face antdrieure du haut socle creus6 de niches sur lequel est posde la monumentale effigie, on repdre l'6v€que d genoux sur un prie-Dieu, les mains jointes. Son crAne ddcouveft r€v€le sa tonsure. Bien qu'il soit encore relativement jeune (il 6tait nd le 31 mai 1472), son visage trahit les premiers stigmates du temps; son double menton et ses joues pleines laissent deviner une tendance d l'embonpoint (frS l). Dans les niches encadrdes d'ornements gothiques sont repr6sentris, par des figurines en ronde-bosse, les €pisodes saillants de la vie du saint. Erard de la Marck, tourn€ vers la niche oi est dvoqu€e la fuite de saint Lambert d Stavelot, fait ainsi face d une statue de celui-ci trait6e d petite 6chelle, le montrant comme lui-m€me en pridre, mais pour sa part, devant le Christ en croix (fig. Z) Dds lors apparait particuli€rement opportune l'invocation que le prince-6v€que lui adresse, grav€e sur un phylactdre qui le relie au saint et en fait trds explicite-ment son interm€diaire personnel auprEs du Sauveur: ( CHRISTI MARTIR SACERDOS tAM-BERTE APVD DEVM PRO ME INTERCEDE n. PIus visible, toutefois - et donc plus aisdment d6chiffrable - est l'inscription qui court sur une banderole d6roul6e autour du donateur: ( ERARDVS PRIMVS GENERE DE MARKA TERCIVS ). Entre deux angelots, un 6cusson avec

3 Sur cette question, on se r6f6rera notamment ) POMMIER, 1998, p. 104 et suiv. (et passim).

n LachroniquedeleanPeecksditJeandeLooz,moinedevenuabb€deSaint-Laurenten1508etmorten1,576,a6ft publide par E. DE RAM, 1844; la citation provient de la p. 123.

5 Limposant cercueil en plomb du prince-6v€que, ornd de grar,'ures reprdsentant les insignes de son pouvoir tempo-rel et 6piscopal, est aujourd'hui conserv6 au Tr€sor de la cath6drale de Lidge (cath€drale Saint-Paul).

6 E n l 5 3 4 , M a r i e d e H o n g r i e 6 c r i v i t i C h a r l e s Q u i n t : < l e c a r d i n a l d e L i d g e d e v i e n t f o r t p e s a n t , d e s o r t e q u ' i l e s t a craindre qu'il ne le pourra fere longue > (HALKIN, 1930, p.249).

' Sur le buste-reliquaire de saint Lambert, voir surtout COLMAN, 1966, p. 94-109.

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les armes d'Erard sommdes de Ia mitre et de la crosse en pr6cise le sens, si besoin en 6tait, tout en refermant, sur la gauche, le petit noyau compositionnel basd sur Ie face d face entre les deux personnages, dont il suggdre la proximit€. De toute dvidence, l'6v€que tient h exalter sa place dans la lign6e de son illustre pr6d6cesseur.

La cat6gorie du portrait en ddvot constitue l'un des deux registres principatx dans les-quels se r6partissent les portraits conserv6s d'Erard de la Marck. En I5I2,l'ann6e m€me oi le buste-reliquaire de saint Lambert est installd dans la cathddrale, Ie prince-6vdque apparait, d nouveau accompagn6 du saint patron de son diocdse, sur le frontispice de l'Opus tripartitum de Jean Gerson, qu'il fait imprimer d Anvers (fig. 3)'. Agenouill6 et les mains jointes, il garde Ies yeux baiss6s face d la Vierge d l'Enfant qui se tient i dextree. Bien plus tard, vers 1535, il se fera encore repr6senter sous la protection de saint Lambefi, dans une verridre du cheur de I'abbatiale d'Herkenrode (aujourd'hui d la cathddrale de Lichfield). Il y arbore les insignes de la dignit6 cardinalice: rev€tu de la cappa magna, il a d6pos6 sa barrette ) c6t6 de son livre de priEres. Comme l'ont not6 Y. Vanden Bemden et J. Kerr, on reconnait ici la corpulence et Ia t€te massive qui le caract€risentlo. En vertu des conventions adopt6es dans la repr6sentation de la cohorte des dignitaires qui, comme lui, offrirent des vitraux ) l'abbatiale, son identification est confirm6e par son €cu auquel s'ajoute sa sombre devise: < Dicipimur (sic) votis tempore fallimur mors deridet curas; Anxia vita Nihil ) 11.

Suivant l'exemple donn6 par Marguerite d'Autriche et Charles Quint, et comme les mem-bres les plus €minents de la cour imp6riale, Erard fit ainsi don de vitraux d de multiples sanctuaires du paysl2. La plupart d'entre errx ont disparul3. Seuls demeurent en place ceux qu'il finanga pour magnifier Ie chcur de la coll6giale Saint-Martin de Lidge, vers 1527, er la faqade de la cath6drale de Bruxelles, en 1528. A Saint-Martin, Erard a offert trois verridres histori6es, reprdsentant la vie de saint Martin, celle de saint Lambert et celle de la Vierge. C'est dans cette derniere qu'il s'est fait repr6senter, sur fond de damas et sous un baldaquin can6, dont der.x anges juchds sur l'extrados de l'arcade couronnant la scdne soulEvent la courtine, d gauche et i. droite (fi9.+, voir p. 385). De nouveau rev€tu dela cappa magna, le cardinal est agenouill6 devant un autel sur lequel est pos6 un calice que surplombent l'Enfant Jdsus tenant une hostie et la croixla. Il s'est plac6 sous la protection de la Vierge qui se tient

8 Le texte est imprim€ par Michiel Hillen van Hoochstraeten dans une version trilingue, ainsi que dans une version latine et dans une version nderlandaise. ll en existe une autre impression trilingue €galement dat€e de 1 51 2, publide par Willem Vorsterman. Dans toutes ces dditions, le bois utilis6 pour la page de titre reste le m€me. Ie remercie vive-ment Renaud Adam (Bruxelles, Bibliothdque royale) pour ces prdcisions.

e Le personnage dont on ne voit que le buste, surgissant aux pieds de saint Lambert n'est pas identifi6. r0 Dans V,\NDEN BEMDEN, KERR et OPSOMER, 1985, p. 195.

lt lbidem, p. 195 (transcription d'aprds cette €tude). Le premier mot aurait dfi €tre < decipimur D, comme dans les autres occurrences de cette devise qui accompagnent les effigies du prdlat.

l'? On remarquera toutefois qu'auparavant d6ji, Georges dAmboise avait fait de m€me d la cath6drale de Rouen. 13 C'est le cas des vitratx qu'il offrit h l'6glise Saint-Pierre de Lidge, d Saint-Hadelin de Vis6, h la nouvelle dglise des Chartreu-x de Scheut, prds de Bruxelles (y compris pour le cloitre du mdme couvent), d l'€glise dAnderlecht, au prieur6 de Rouge-Cloitre dans la for€t de Soignes et ) celui de Sept-Fontaines d Rhode-Saint-Genese. A ce sujet, voir V A N D E N B E M D E N , 1 9 8 1 , p . 1 7 8 .

la Allusion d la f€te de Saint-Sacrement qui fut c6l6br€e pour la premidre fois en la basilique Saint-Martin (lbidem, p . 1 8 6 ) .

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debout derriEre lui, portant l'Enfant. Le d€tail de son visage ne retiendra pas I'attention, vu les restaurations importantes qui affectent l'ensemble du vitrail et la reprdsentation du donateur en particulier. Quant d l'intervention d'Erard comme donateur de vitraux d la cath6drale de Bnxelles, on notera d'abord qu'elle est fies repr6sentative de l'imporlance qu'il avait acquise auprds des Habsbourg. Comme l'ont soulignd l. Helbig et Y. Vanden Bemden, il fut en effet le seul prince d s'associer ) Charles Quint et aux membres de sa proche famille pour financer la r6alisation des vitraux de cet 6difice. On lui doit la grande verridre du Jugement dernier, dat6e de 152815. Sa devise, qui court dans la partie inf6rieure, est particulidrement adapt€e i l'iconographie repr6sent€e: le pr€lat est figurd d l'avant de la foule des ressuscitds attendant le verdict, d genoux sur un prie-Dieu. Il est v€tu du manteau rouge sur une chasuble blanche (flg. S). Derridre lui, un ange tient sa crossel6. De nouveau, les restaurations interdisent de chercher ici ses traits morphologiques propres. Le calibre correspondant ir son visage est dtl e fean-Baptiste Capronnier, qui y a d'ailleurs appos6 sa signature.

Tandis que ces somptueuses r6alisations voyaient le jour, une autre Guwe ambitieuse 6tait en chantier: le mausolde d'Erard, que celui-ci voulut voir installd de son vivant m€me dans le cheur de la cathddrale Saint-Lambert, l) otr avait iadis 6t6 supplici6 le saint patron de la ville. Son souci de s'inscrire dans la lignde du saint apparait ) nouveau trds manifestelT. Le monument commencri en 1527 fut installd le 8 mars 1528 e l'emplacement pr6vu. Pendant Iongtemps, il allait faire l'admiration de ceux qui visitaient la cathddrale, mais malheureu-sement, il disparut comme elle i la fin du XVIII" sidcle, victime de la fureur rdvolutionnaire. On Ie connait par la description d'un voyageur de passage d LiEge en 1615 et par quelques repr€sentations, dont la plus prdcise est un dessin du chanoine Henri Van der Berch, dans Ia Chronique du pays de Libge (XVII" sidcle). Le mausolde 6tait constitue d'un sarcophage en Iaiton dor€ dont surgissait un squelette appelant d'un geste de la main le pr6lat figurd d genoux, en pridre, et d'un monumental soubassement de marbre, d6cor€ des figures all6gori-ques des Vertus foulant aux pieds les Vices. Bien que d'int6ressants rapprochements puissent €tre proposds pour les divers 6l€ments qui Ie composent, leur combinaison sous cette forme thdAtrale n'en apparait pas moins novatrice et remarquablet8. Le prdlat a d€pos€ sa crosse et son chapeau; il se montre nu-t€te, humblement agenouilld. Une comparaison s'impose avec le priant en cuiwe < peint au naturel > du tombeau de Charles MII, r€alis6 par Cuido

Mazzoni, jadis d Saint-Denis, et connu par un dessin tardif le. On peut aussi dvoquer le priant en marbre du tombeau de Ceorges d'Amboise, rdalis€ par Rouland Le Roux de 1516 it l52l (cath6drale de Rouen).

Si l'on aborde i pr6sent les autres Guvres, une certitude s'impose d'embl6e: bas6es sur un m€me moddle de portrait du personnage vu pratiquement de face, elles ressortissent h un

ls Le milldsime figure i der-rx reprises sur le tympan.

r6 Devant lui, une femme aux mains iointes serait, selon f. Helbig et Y. Vanden Bemden, une allegorie de l'Eglise ou de la Foi. On la retrouve ) Saint-Martin, au bas de la verriEre repr6sentant des scines de la vie de saint Lambert ( H E L B I G e t V A N D E N B I M D E N , 1 9 7 4 , p . 6 5 n . 2 ) .

17 C'est dans ce m€me esprit qu'il fait probablement rdaliser la chAsse de saint Thdodard, prdddcesseur de saint Lam-bert, sugg€rant qu'il a lui-m€me m6rit€ sa place dans cette v6n€rable gdn€alogie.

18 A ce sujet, voir DE JONGE, 2005, pp. 138-139, avec toutes les r€f€rences utiles et la bibliographie ant6rieure. le Voir une reproduction par exemple chez BABELON , 2O04, p . 95 .

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tout autre registre de repr6sentation, tant du point de vue formel que fonctionnel. La figura-tion d'Erard de la Marck en buste, portant Ia barrette cardinalice, le visage alourdi et les traits marqu6s, tourn6 vers Ie spectateur sans n€cessairement toujours croiser son regard, avec une expression volontaire, voire parfois butde, nous est parvenue en de multiples exemplaires. Outre le famerx portrait du fujksmuseum dAmsterdam par fan Cornelisz. Vermeyen (chdne

63,7 x54,5 cm, inv. SK-A-4069) (fr9.2), YvetteVanden Bemden citaitun tableau dat6 de 1538, appartenant au Centre public dAide sociale de Lidge20 et un autre, qui faisait jadis partie de la collection d'Arenberg2', ainsi qu'un dessin du recueil de la BibliothEque municipale d'Arras (MS 266)". On ajoutera ) la s6rie derx tableaux dat6s de 1538, conserv€s d Lidge, l'un au Musde d'Art religieux et d'art mosan23 et l'autre au Musde de l'arr wallon2a. Le succEs manifeste de cette effigie25 ne peut qu'en partie s'expliquer par une eau-forte signde Vermeyen, dans laquelle sont visibles la t€te et le haut du buste du personnage, mais non ses bras et ses mains (fig. 6)'u. Or un cadrage plus ample, montrant ses mains tendues vers l'avant en un geste trds d€monstratif - mais restd inexpliqu6'?T -, caractririse non seulement Ie portrait peint du Rijksmuseum, mais aussi la version du Mus€e d'Art religieux et d'fut mosan et celle qui se trouvait jadis dans la collection d'Arenberg. Il y a li un sous-groupe certes disparate du point de I'ue qualitatii mais homogdne du point de vue compositionnel. Les autres cuwes sont,

2 0 P a n n e a u 4 3 x 3 3 c m a v e c i n s c r i p t i o n E R A D D E . t - { . M A R C ( s i c ) e t d a t e l 5 3 S . E n b a s , s u r u n p a n n e a u , d e p a r t e t d'autre de l'6cusson du prince: DICIPIMVR VOTIS ET TEMPORE TOLLIMUR OMNES MORS RIDET CVRAS AVXIA (sic) MTA NIHIL. A son suiet, voir Le patrimoine artistique de I'Assistance publique de Libge, 195o, n" 43.

2r Panneau, 65 x 50 cm, vendu chez Christie's, Amsterdam, le 2-72-1987. Localisation actuelle inconnue.

,, Reproduit chez VANDEN BEMDEN, 1981, p. 1.79, fig. A35. Comme le pr6cise H. l. Horn, ce dessin est bas6 sur ia gravure de Vermeyen ( 1989, p. 7 9, n.194).

23 Panneau, bois, 65 x 50 cm.

2a Panneau, 43 x 32 cm, trCs analogue au tableau du Centre public d'aide sociale, si ce n'est que le nom du person-nage est ici < EMRD A MARKA ).

,s Yvette Vanden Bemden citait aussi une illustration de la Res Gestae Episcoporum Leodiensis et Ducum Brabantiae a temporibus St Matet'ni delean de Brusthem , a'tfol.326 (308). Il s'agit d'une gral'ure sur bois coloride h la main, collde en tete du chapitre consacrd au rdgne d'Erard de la Marck. Une autre gravure, coll€e sur une vignette portant la devise du pr€lat (manuscrite) flanque ce portrait. Elle montre l'6cusson d'Erard entourd des insignes cardinalices. Ici, le prince est figur6 en buste tourn6 vers la droite, coiffd de la barette et v€tu d'une chape rouge sans col de fourrure, ddgageant largement la chasuble blanche qu'il porte par-dessous. Il tient de la main droite une croix orfdvr€e et son chapeau cardinalice, et une crosse de la gauche. Sur une tablette d l'avant est posde sa mitre. Son expression est plus d6bonnaire que dans les autres portraits relevant de la seconde cat€gorie, mais son apparence est semblable: t€te massive engonc6e dans les 6paules, traits alourdis, joues flasques et double menton. Cette xylographie non dat€e, livrant une variante de l'image habituelle est sans doute ant€rieure d la fin de la chronique, que Jean de Brusthem a d€dicac€e ) Georges dAutriche (1544-1,557).

26 Hollstein's Dutch & Flemish Erchings, 1990, p. 123, n' 10 (avec bibliographie). Il convient de corriger ici l'informa-tion souvent rdp€tde selon laquelle cette eau-forte est datde de 1545. Elle ne comporte en rdalit6 aucune date. Quant ) la ldgende qui l'accompagne, elle n'a rien de myst6rieux: il s'agit d'un 6nonc€ des titres d'Erard de la Marck. H. I. Hom se fourvoie lorsqu'il croit d€celer une allusion d L6on X dans l'expression o Ep[iscop]us Leodien[sis] , (1989, n . 1 9 3 ) .

,7 Yid6e jadis proposde par S. COLLON-GEVAER| 1974, selon laquelle Erard se livrerait h < une €num6ration €ras-mienne > est tout ) fait gratuite. On observera que le catalogue des euwes de Vermeyen compte d'autres portraits oir les mains du personnage reprdsent6, ainsi saisies dans un geste rhdtorique, sont port6es vers l'avant (par exemple le Portrait de lean de Carondelet, New York, Brooklin Museum). Il est dvident que de tels gestes vdhiculaient un sens pr6cis, m€me si les codes permettant de les interprdter nous sont devenus €trangers. On ne peut suivre Horn lorsqu'il affirme : o Erard has speaking hands but nothing to say > ( 1 989, p. 21 ).

(8)

de leur c6t€, apparentdes entre elles par leur cadrage plus serr6. Il convient de signaler qu'd l'exception du dessin de recueil dArras, manifestement basd sur l'eau-forte de Vermeyen, elles sont en sens invers€ par rapport d cette dernidre. Voili qui semble attester l'existence d'un prototy?e perdu dont elles ddriveraient, tout comme Ia gralrrre elle-m€me. En l'occurrence, il pourrait s'agir d'un autre tableau ou d'un dessin 6galement r6alis6 par Vermeyen, celui-ci n'ayant pas coutume de graver d'aprds d'autres modEles que les siens.

La fonction de ces effigies est clarifide par l'inscription qui les accompagne souvent, pr6ci-sant l'identit€ du personnage, dnonqant ses titres et parfois sa devise. Elle est commdmorative, c'est-i-dire qu'elle vise d fixer dans les m6moires l'apparence du prdlat, tout en soulignant son importance sociale, politique et religieuse. La multiplication de ses occurrences en 1538, ann€e du d6cds d'Erard, confirme le constat, m€me si tout porte d croire que cette c6l6bration, par un type d'image approprid, du pouvoir et de I'autorit6 que le dignitaire incarnait, a com-menc6 du vivant de celui-ci, et d son instigation.

Le tableau dAmsterdam qui, d'un point de vue strictement typologique, constitue l'une des pidces maitresses de cette cat6gorie des porlraits commdmoratifs, pr6sente toutefois des particularit6s qui ont conduit de nombretx commentateurs d le rapprocher d'une Sainte Famille de mdme format, conserv€e au Frans Hals Museum de Haarlem (sign6, ch1ne, 62,6 x 53,5 cm, inv. OS 75-328) (fig. 8)'u , et i postuler que ces oeuvres formaient un diptyque. Les raisons qui plaident en faveur de l'hypothdse d'un diptyque d6membr€ sont d'abord d'ordre formel. Le pan droit de la courtine que souldve l'un des detx anges occupant la partie sup6rieure du portrait se prolonge dans l'extrdmit6 d'une 6toffe verte visible dans la partie gauche de la Sainte famille. De plus, l'ange en question pointe le doigt vers Ia droite, comme pour d6signer les saints personnages. Des analyses techniques ont mis en lumiEre des analogies plus intimes, dans la composition de la couche picturale correspondant au tissu vert qui forme un lien entre les derx tableaux, et mdme dans les dommages que cerx-ci ont subis I'un et l'autre par suite d'actes de vandalisme, en des circonstances ind6termin6es (tous deux sont affectds d'entailles en sens divers). Il faut aussi invoquer des sources dcrites qui semblent d6signer soit ce < diptyque > pr6cis6ment, soit une r6plique ou une variante. Un inventaire des biens de Marguerite dAutriche, en son palais de Malines (Hof uan Sauoyen), signale < Deux tableatx tecetJz de Maitre Jehan, le paintre, semblables, en l'ung est Notre Dame et en l'autre Monseigneur de Lidge >2e. LIn autre inventaire prdcise < Ung tableau, painct d'ung coust6 d'une Nostre Dame et l'autre du cardinal de Liege fermant a deux fuilletz >30. Une pidce d'archives par laquelle, en 1533, soit trois ans aprEs la mort de la gouvernante des Pays-Bas, Vermeyen r6clame aux ex€cuteurs testamentaires de celle-ci des sommes dues pour les frais occasionn,5s par l'ex6cution de tableaux qu'elle lui avait command6s, livre Ia mention suivante: < Le dit Jehan a fait et delivrd d ma dite dame quatre grans tableaux, assavoir: deux i la figure du cardinal de Li6ge et les autres deux d l'ymaige de Nostre Dame; pour le bois, estoffes d'or, d'azur et autres... XXI )3r. D'aords ces documents, Vermeven aurait donc

28 Yoir Prayers and Portraits ( ...), cat. expo. 2006-2007, 11" 35, L. HENDRII(MAN, 2008; A. BAGLEY-YOUNG, 2008, avec un 6tat de la question et des r€f€rences compl6mentaires ) la bibliographie s6lective fournie ici en annexe. 2 e Inventaire de Paris, B.N. CCC 128, fol. 88 v', citd d'aprds EICHBERGER, 2 0 0 2 , p . 3 7 9 , n . 2 9 .

r0 InventairedeVienne, O.S, HLF 1176 (Ibirlem). r r H O R N , 1 9 8 9 . n . 5 2 . 16alis6, Vierge appare au mo

dipryq

L a r €l6met tionn€ I l e n e mentir ancien se sigr Uexan de l'at enseln que le de di1 d'une En logue, comP et d'er n'est l lar6al fdren< ) l'€p de la le dip elle, i conni de de comr €gale invo< porte 32 On d'autrr par Ve dAutr 33 VA Marck 3a Ain sembl

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r6alis6, pour Marguerite dAutriche au service de laquelle il 6tait attach6, derx effigies de la Vierge d'une part, et deux portraits d'Erard de la Marck d'autre part, soit quatre grandes pidces apparemment distinctes, si l'on s'en r6fEre au document de 1533. Ilune des deux o paires ) au moins aurait 6td consery6e dans les collections de la gouvernante sous la forme d'un diptyque3'z.

La reconstitution qui, aux yeux de certains auteurs, s'impose d€sormais ) l'6vidence (de1x €l6ments de la m€me < paire ) ou un 6l6ment provenant de chacune des deux ( paires > men_ tionn6es), suscite pourtant quelques ob;'ections, mais celles-ci sont loin d'€tre redhibitoires. Il en est ainsi de la discordance relevde entre l'iconographie du tableau de Haarlem et la mention d'une Nosfre Dame. On sait que les titres donn6s aux Guvres dans les inventaires anciens ne sont pas touiours d'une grande prdcision. Comme la Sainte famille de Haarlem se signale par le rejet de saint foseph d l'arriEre, une telle m€prise peut ais6ment s'expliquer. Lexamen des supports en chdne des detx tableaux a par ailleurs r6v6l6 qu'ils diff6raient l'un de l'autre par leur technique de d6bitage, ce qui semble indiquer qu'ils n'ont pas 6t€ r6alis6s ensemble, mais n'exclut pas pour autant qu'ils aient ensuite 6t6 r6unis. On a enfin constat€ que le revers dela Sainte famille, demeur6 intact, n'avait pas la finition attendue pour un volet de diptyque susceptible d'€tre referm6. Or il existe des diptyques de grande taille form6s d'une partie dormante et d'une partie mobile33.

En tout 6tat de cause, le d6bat concernant les deux tableaux n/a pas encore trouv6 son €pi-logue, en ddpit des nouveaux 6l6ments qui s'offrent aujourd'hui d l'apprdciation. La prise en compte du contexte auquel ils ressortissent permet pourtant de retenir certaines propositions et d'en reieter d'autres. Par exemple, m6me si, en soi, la localisation d'un donateur i dextre n'est pas un argument ddcisif - l'usage courant souffrant quelques exceptions notoires3.-, la rdalisation volontaire d'une euwe dans laquelle ce donateur fait montre d'une telle indif-fdrence d l'6gard des saints personnages prdsents d ses c6t€s est en revanche trds 6tonnante ) l'6poque qui nous int6resse. A fortiori si ce donateur, en l'occurrence, n'est autre qu'Erard de Ia Marck, un dignitaire eccl6siastique r6put6 pour la rigueur de son orthodoxie ! Or dans le diptyque pr6sum6, ce dernier n'adresse aucunement ses pri€res ) la Vierge. Tout comme elle il a le visage tournd vers le spectateur. Par consdquent, on doit bannir une hypothdse qui connait un regain de faveur actuellement, selon laquelle nous serions en prdsence non pas de deux des panneaux r6alisds pour Marguerite dAutriche, mais d'un diptyque de d6votion command6 par Erard de la Marck lui-m€me. L id6e qu'il puisse s'agir d,un diptyque-6pitaphq dgalement remise d l'honneur derniErement, n'est gudre plus convaincante. Largument jadis invoqu6 pour l'appuyer, selon lequel les delx anges annonceraient le ddcds du prince, n'em-porte nullement l'adh6sion. La repr€sentation de deux anges soulevant symdtriquement un

32 On peut supposer que les panneaux composant la seconde paire 6taient destinds i €tre offerts i quelqu,un d'autre. Il en est ainsi d'un portrait de la < fille bAtarde de l'empereur, qui, d'aprds le m€me document, fut r6alis6 par Vermeyen en trois exemplaires: l'un pour le pape le deuxidme pour l'empereur, et le troisidme pour Marguerite dAutriche elle-m€me.

3 3 V A N D E R V E L D E N , 2 0 0 6 , p . 7 2 4 - 1 4 7 , etenparticulierp.T26-12T.Malheureusement, l e p o r t r a i t d ' E r a r d d e t a March a 6td aminci pour €tre parquetd; son apparence originelle ne nous est pas connue.

ra Ainsi, le c€lEbre diptyque de d€votion de Jean de Carondelet, peint par lan Gossaert (paris, Louwe), montre une semblable entorse a la rdgle. Sur cette question, voir lbidem, p. 124_747.

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voile ou les pans d'une courline au-dessus d'un personnage n'a rien d'exceptionnel. Nous en avons signald une occurrence dans le vitrail de Ia Vierge ) Saint-Martin de Lidge (cf supra). On en trouve aussi un exemple dans une autre peinture de Vermeyen, le Portrait d'un dignitaire conserv6 d la Kunsthalle de Carlsruhe [inv. 2743).

La reconstitution associant les tableaux dAmsterdam et de Haarlem n'est plausible que si l'on y reconnait le produit de l'ajustement d'un por.trait (ou d'un type de portrait) prdexistant et non pr6vu d cet effet, avec une effigie de la Sainte famille. Vermeyen parait avoir jou6 un r6le significatif, on l'a l'u, comme concepteur de l'imagerie officielle n profane, d'Erard de la Marck. Si tel fut bien le cas, il lui €tait loisible de < rerycler o un moddle qu'il avait 6la-bord pr€alablement, et d'en faire un 6l6ment d'une paire ou d'un diptyque r6pondant i une commande de Marguerite dAutriche. Les artifices utilisds pour assurer un lien entre les deux compositions ne sont d'ailleurs pas exempts de maladresse: on notera le t6lescopage qui se produit entre l'ange du coin sup€rieur droit, sur Ie portrait, et l'apparition divine surgissant dans une nude, dans le coin sup€rieur gauche du tableau de Haarlem.

S'il y a lieu de privil6gier l'hypothEse d'un diptyque destin6 d la gouvernante des Pays-Bas, encore faut-il prdciser quel usage celle-ci pouvait faire d'une Guvre aussi €trange et atypique. Les inventaires nous apprennent qu'elle conservait le diptyque de Vermeyen dans le ( petit cabinet ) attenant ) sa chambre d coucher (dite < seconde chambre a chemyn6e ,), au Hof uan Sauoyen. Pareille d. w studiolo d l'italienne, cette pidce rassemblait des objets de format r€duit qui lui dtaient particulidrement chers (m6dailles, livres et recueils de dessins, petits tableaux et statuettes, flaconnetz, etc.). Ld se trouvaient aussi sa propre effigie en buste et celle de son second 6poux d€funt, Philibert II de Savoie, ainsi qu'un portrait de son p€re, l'empereur Maximilien, peint par Joos Van Cleve3s. La prdsence du diptyque mentionn€ par les sources dans cet environnement traduisait tres ostensiblement l'attachement de Marguerite dAutri-che envers son conseiller et confident, Erard de la Marck. Si ce diptyque €tait bien composd du tableau d'Amsterdam et de celui de Haarlem, il devait retenir l'attention par son format. On peut se livrer d des conjectures quant aux modalitds de sa pr6sentation. Le < petit cabinet o 6tait ( tout tenduz de taffetaf vert doubl6 de boucran noir >, en harmonie avec la chambre voisine qui - pr6cision importante pour notre propos - €tait < tendue de taffetas verd avec XVI courtines de mesmes taffetas que grandes que petites seryans d la couverture desdites painctures et aultres choses estans en ladite chambre le tout doubl6 de boucran noir reservd lesdites courtines >36. Personne ne semble avoir remarqu€ la congruence entre le d€cor mural de cette chambre, fait de rideaux de taffetas vert couvrant ou d6couwant les tableaux et objets expos6s, et la courtine €galement verte du portrait dAmsterdam. Elle contribue i conforter I'hypothdse selon laquelle il s'agit bien ld de l'cuwe que ddsignent les sources 6crites. Elle encourage d l'imaginer inscrite en trompe-l'eil dans le ddcor r6el du ( petit cabinet >, ce qui renforgait l'impression d'une continuitd par rapport ) la chambre voisine. Par cette intdgra-tion d I'environnement concret, le tableau contrastait sans doute avec l'image intemporelle

3s Srrle studiolo de Marguerite dAutriche ci EICHBERGER,2002, p.372-388. Selon l'auteur, les bustes seraient ceux de Conrad Meit conservds au British Museum, et le Ponnit de Maximilien serait celui du Kunsthistorisches Museum de Vienne, inv. GG972 (panneau, 28,5 x 22,3 cm).

36 Inventaire de Paris (BN, CCC 128). Transcription dans lbidem, rcspectivement p. 110 n. 235 erp. 7OB, n.224.

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dont il 6tait le pendant, et qui demandait d €tre mise en dvidence comme telle. Les angelots soulevant les courtines assuraient opportun6ment une jonction symbolique entre les deux espaces jr.xtapos6s, le studiolo r€el dans lequel Erard de la Marck imposait sa puissante carrure/ et le lieu de la pr€sence sacr€e. En vertu de ce raisonnement, on pourra se rallier d la datation traditionnelle du portrait, entre 1525, quand Vermeyen entra au service de la gouvernante et

1530, annde du d€cEs de celle-ci.

J'ai insist6 sur Ia distinction qui s'observe entre deux types d'effigies de dignitaires en faveur dans la premiEre moiti6 du X\{1" sidcle: celles qui visent i exalter le prestige individuel et i assurer Ia propagande du personnage repr€sent€ dans le monde d'ici-bas, et celles qui attestent sa d€votion et mat€rialisent son espoir d'un salut dans I'au-del). Les motivations qui r6gissent celles de la premidre catdgorie contaminent parfois celles de la seconde, affai-blissant la limite entre elles, sans jamais toutefois l'annihiler compldtement. Les nombreux portraits que nous avons conserv6s d'Erard de La Marck ne d6rogent pas i cette rEgle. Par cons6quent, il faut exclure que l'ensemble composd du portrait dAmsterdam et dela Sainte famille de Haarlem ait 6td conqu comme un diptyque de d6votion h l'usage du prince-6v6que. Il s'agit manifestement d'un ensemble hybride et m€me, disons-le, d'une v€ritable curiosit€ iconographique, que le pr€lat n'aurait pu reconnaitre comme un gage de sa pi6t6. C'est sous cette forme qu'il pourrait, en revanche, avoir figur6 dans le studiolo de Marguerite dAutriche, au palais de Malines. Il rendait ainsi prdsents et associait dans l'intimit6 de la gouvernante, l'un de ses plus fiables appuis dans les affaires d'ici-bas, d'une part, et celle qui pouvait le mieux assurer son secours dans l'au-deld, d'autre part. La r6flexion d ce sujet, bri€vement amorc€e ici, sera approfondie dans Ie cadre d'une 6tude sur les liens 6troits qui unissaient le prince-dv€que d la gouvernante des Pays-Bas.

Addendum

Un portrait mdconnu d'Erard de la Marck dewa s'ajouter d la liste fournie ici, suite d la ddcouverte r€cente et encore inddite d'un missel du pr6lat (Darmstadt, Hessische Landes-und Hochschulbibliothek, ms. 282). Ce manuscrit contient une trds intdressante enluminure montrant Erard encore jeune, sous la protection de saint Lambert, i genoux devant la Vierge recevant la bdn6diction de I'Enfant. Je remercie mon colldgue et ami Alain Marchandise (FNRS-Universit6 de LiEge), qui m'a gdndreusement communiqu€ l'information. Le manus-crit sera 6voqu6 par S. DENOEL dans Le liure manusmanus-crit et l'enluminure au X\F et XVf sibcles in P. BRTIYERE et A. MARCHANDISSE (dir.), Florilbge du liure en Principautd de Libge (IX"-XVIII" sidcles) Lidge, 2008, sous presse.

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Fig. 1. Hans vonReutlingen, Buste-reliquaire de saint Lambert, Lidge, Trdsor

de la Cathddrale, ddtail: Erard de la Marck (@ KIK/IRPA" Bruxelles).

Fig. 2. Hans von Reutlingen, Buste-reliquaire de saint Lambert, Lidge Tr6sor de la Cath€drale, ddtail: Erard de la Marck (@ KIK/IR?A, Bruxelles).

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h*nefitricnoi.

Fig. 6. Jan Cornelisz. Vermeyen, Portrait d'Erard de la Marck, grar,rrre d l'eau-forte, Amsterdam, Rijksmuseum, inv B-frt-RP- I 979-221 (d'aprds Hollstein's Dutch & Flemish Etchings, 1 9 9 0 , p . 1 2 3 , n " 1 0 ) .

Fig. 3. Iean Gerson, Opus tripartitum, 6dition Hillen, 1512, Bruxelles, BibliothEque royale, NK 4346, page de titre (d'aprds HALKIN, 1980, p.21).

Fig. 5. Brr-xelles, cathEdrale Saints Michel-et-Cudule, vitrail d'Erard de la Marck (Le lugemer-rt dernier), ddtaii (photo de l'auteur).

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f rig. 7. ian Cornelisz. \krnrcverr, l\)ilaiL d'b1ud de 1a A.lat*, huiie s l l r p a n n e r r l l , A r l s t c l d a m , Il i j l i s m u s c u i r , i n u S I ( A , 1 0 6 9 , a v a n t rcstaur irtion (cl'aprfs /)rri,r,r.s utl l)ort.rtrlt s, 2006-2007, n " 35 ).

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Fig. 1. Hans vonReutlingen,  Buste-reliquaire de saint Lambert, Lidge, Trdsor
Fig. 6. Jan Cornelisz. Vermeyen, Portrait d'Erard de la Marck, grar,rrre d l'eau-forte, Amsterdam, Rijksmuseum, inv  B-frt-RP-  I 979-221 (d'aprds Hollstein's Dutch &amp; Flemish Etchings, 1 9 9 0 ,   p

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