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Immigrants et travail à Montréal : la dynamique de l'établissement professionnel des dix premières années

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Academic year: 2021

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Université de Montréal

Inimigrants et travail à Montréal:

la dynamique de l’établissement professionnel des dix premières années

par

JeanFrançois Godin

Programme de sciences humaines appliquées Faculté des études supérieures

Thèse présentée à la Faculté des études supérieures envue de l’obtention du grade de

PhilosophieDoctor (Ph.D.)

en sciences humaines appliquées

Janvier2005

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o

(3)

Université

de Montréal

Direction des bibliothèques

AVIS

L’auteur a autorisé l’Université de Montréal à reproduire et diffuser, en totalité ou en partie, par quelque moyen que ce soit et sur quelque support que ce soit, et exclusivement à des fins non lucratives d’enseignement et de recherche, des copies de ce mémoire ou de cette thèse.

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Université de Montréal faculté des études supérieures

Cette thèse intitulée:

«Immigrants et travail à Montréal:

la dynamique de l’établissement professionnel des dix premières années»

présentée par: Jean-françois Godin

a été évaluée parunjury composé des personnes suivantes:

Victor Piché, président-rapporteur Jean Renaud, directeur de recherche françois Vaillancourt, membre du jury Johanne Boisjoly, examinateur externe André Savoie, représentant du doyen de la fES

a compter

Thèse acceptée le 6 janvier 2005

j

2005 MAN ‘C.

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111

Résumé

Le succès de Pintégration économique des nouveaux immigrants est grandement lié à

leur capacité de trouver un emploi correspondant à leurs attentes et à leur capital humain. Les raisons de leur migration sont bien souvent fondées sur Pamélioration de leur situation économique tant pour eux que pour leur famille. Or, ce projet peut s’étendre sur une longue période s’ils éprouvent des difficultés à s’insérer au marché de l’emploi.

Le marché du travail québécois de ces deux dernières décennies a connu de profonds changements avec le progrès des technologies de l’information et la globalisation des marchés. Cette nouvelle mouvance a engendré de nouvelles formes de travail que l’on a surnommées «emplois atypiques» (emploi à temps partiel, temporaire, contractuel, etc.). Depuis le début des années quatre-vingt, les emplois de cette nature ont connu une forte croissance. Souvent associé à la précarité d’emploi, ce phénomène de l’emploi atypique a soulevé une question fondamentale: les emplois occupés par les travailleurs sont-ils stables? C’est la principale question que nous désirons approfondir sous la perspective des nouveaux immigrants: est-ce que les nouveaux immigrants parviennent à une stabilité sur le marché du travail durant leur séjour au Québec? Pour une société qui accueille en moyenne 35 000 nouveaux arrivants par année depuis le début des années 90, bien souvent pour des raisons démographiques mais aussi économiques, le succès (ou l’insuccès) de l’insertion économique repose en partie sur la capacité de ces derniers à prendre non seulement part au marché du travail, mais aussi à se maintenir en emploi.

Pour nos analyses, nous aurons recours à une enquête longitudinale décrivant les parcours biographiques de l’établissement des nouveaux immigrants (ÉNI). Cette enquête décrit les principaux gestes d’établissement sur une période de dix ans de 1000 nouveaux arrivants ayant comme destination la grande région de Montréal.

À

l’aide de celle-ci, nous serons en mesure de déterminer les parcours d’insertion en emploi des nouveaux immigrants placés dans le contexte le marché du travail auquel ils ont été confrontés lors de leurs recherches d’emplois.

(6)

iv

Cette recherche montre principalement, qu’au fil du temps, les séquences continues d’emploi se prolongent, malgré la nouvelle mouvance du marché du travail. Ce qui laisse entendre que les nouveaux arrivants parviennent avec le temps à une stabilité sur le marché du travail. La connaissance du français etlou de l’anglais constitue un facteur temporaire donnant accès soit aux emplois qualifiés ou mieux rémunérés, mais n’a aucune incidence sur la participation au marché du travail. Les parcours en emploi atypique seraient volontaires et pas entièrement aléatoires, de sorte que ceux ou celles qui intègrent de tels emplois obtiennent une meilleure rémunération tout en occupant des emplois plus qualifiés. Règle générale, la mobilité salariale et professionnelle se fait de façon ascendante. En revanche, celles-ci semblent stagner pour quelques groupes de répondants en particulier les natifs de régions spécifiques, notamment les asiatiques de l’Est, les maghrébins et les moyen-orientaux. Enfin, un découpage temporel a permis de révéler que l’effet de certains facteurs se dissipe ou émerge au fil des ans, et par conséquent, les déterminants à 1’ étude ne sont pas obligatoirement constants à travers le temps.

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V

-

Abstracts

The success of economic integration of new immigrants is significantly linked to their capacity to find work corresponding to their expectations and human capital. The reasons for their immigration are ofien based upon the improvement of their economic situation, both for themselves and for their family. Now, this endeavor can span over a long period if they encounter difficulties whilst entering the labour market.

The Quebecois labour market of the last two decades has been profoundly changed due to progress in information technology and market globalization. This new context has generated new work forms, which have been defined as “non-standard work” (e.g. part time work, on a temporary basis, contract work, seif-employment, etc.). Since ffie early eighties, these positions have been growing significantly. Ofien associated with precariousness, the phenomenon of non-standard work has raised a fimdamental question: are these positions occupied by ifie workers stable? This is the main question that we wish to investigate from the perspective of new immigrants: do new immigrants realize stability in the labour market during thefr stay in Quebec? for a society that welcomes on average 35 000 newcomers per year since the early 90s, quite ofien for demographic and economic reasons, the success (or failure) of economic integration rests in part on their capacity to flot only take part in the labour market, but also remain employed.

for our analysis, we shah tum to a longitudinal survey that describes the biographical courses of the establishment of the new immigrants (ENI). This survey describes the main endeavors of settiement over a period of 10 years for 1 000 newcomers, with the destination of greater Montreal. With the help of this survey, we shah be able to determine the courses towards work integration of the new immigrants, situated in the context ofthe labour market that they encountered while seeking employment.

This research mainly shows, as time goes by, periods of continuous works become extended, despite changes in the labour market. This allows us to understand that

(8)

newcomers manage in time to attain stability within the labour market. Knowledge of french and/or English constitutes a temporary factor, which gives access either to qualified employment, or better waged, but has no influence on the participation in the labour market. The courses ofthose employed in non-standard work would be voluntary and flot entirely random, such that those who obtain this type of employment receive higher wages, ail the whiie occupying positions of higher qualification. As a generai mie, wages and professional status are upwardly mobile. On the other hand, this mobility is rather absent for a few groups of respondents native of specific regions, namely from Eastern Asia, Maghreb and the Middle East. Finally, a temporal segmentation lias revealed that the effects of certain factors are dissipated or emerge in time, and in consequence, the determinants studiedare not necessarily constant through time.

Keywords: Employment, Immigrants, Stability, Labor market conditions, Random effects.

(9)

Table des matières

RÉSUMÉ III

ABSTRACTS V

TABLE DES MATIÈRES VII

LISTE DES TABLEAUX IX

LISTE DES FIGURES XI

REMERCIEMENTS XII

INTRODUCTION

CHAPITRE 1 1$

CADRESCONCEPTUEL ET THÉORIQUE: L ‘INSERTION EN EMPLOI ET LES NOUVELLES RÉALITÉSDUMARCHÉDU TRA VAIL

1.TRANSFORMATIONS DUMARCHÉDU TRAVAIL : MISE EN CONTEXTE DE LA SITUATION DE L’EMPLOI AU

QuEBEc 20

1.1LA NOUVELLE MOUVANCE DU MARCHÉ DU TRAVAIL ET LES GRANDES RESTRUCTURATIONS

ÉCONOMIQUES 20

1.1.1 Les nouvelles form es de travail: l’emploi atypique 24

1.1.2 L’évolution du marché du travail au Québec 27

1.2L’ÉTuDE DE L’INSERTION PROFESSIONNELLE 29

1.2.1 L ‘établissement socio-économique: l’insertion professionnelle 30

1.3.1 La stabilité d’emploi chez les nouveaux immigrants 43

1.3.2 Definition de la notion de stabilité sur le marché du travail 48

1.3.3 Les conjonctures économiques et les nouveaux immigrants 50

1.3.4 Déclassement salarial et les nouveaux immigrants 56

1.4ÉnJDWR L’INTÉGRATION DES NOUVEAUX IMMIGRANTS : CADRES THÉORIQUES 59

1.4.1 Les théories du capital humain et de la segmentation du marché du travail 60

1.4.2 Les théories du filtre et du signal 63

1.4.3 La recherche d’emploi: Théories du Job Search et du Job Matching 64

1.4.4 Théorie de la concurrence pour l’emploi (file d’attente) 65

CHAPITRE 2 68

LES DONNÉES DE L ‘ENQUÊTE « ÉTABLISSEMENT DES NOUVEA UXIMMIGRANTS » ET LA MÉTHODOLOGIE.

2. LESDONNÉES 69

2.1 LES DONNÉES DE L’ENQUÊTE SUR L’ÉTABLISSEMENT DES NOUVEAUX EvIIvIIGRANTS(ENT) 71

2.2 DESCRiPTION DES CARACTÉRISTIQUES DES RÉPONDANTS 74

2.3 LAMÉTHODOLOGIE 7$

2.3.1 Explication de la notion d’effet aléatoire 81

2.3.2 Le modèle Logit à effets aléatoires 84

2.4MÉTHODE DE CALCUL NUMÉRIQUE: LA QUADRATURE GAUSSifiNNE ADAPTIVE 8$

2.5 Li MODÈLE T0BIT ÀEFFETS ALÉATOIRES 92

2.5.1 Le modèle Tobit dynamique à effets aléatoires 94

2.6LIMnS MÉTHODOLOGIQUES ET DES DONNÉES DE L’ENQUÊTE 95

2.7 DÉFINITIoNSDES VARIABLES DÉPENDANTESETINDÉPENDANTES 97

2.7.1 Les variables dépendantes 97

2.8LEsVARIABLES INDÉPENDANTES 103

2.8.1 Les variables statiques 103

2.8.2 Les variables dynamiques 107

(10)

2.8.3 Les variables dynamiques reflétant la conjoncture économique 114

2.8.4 Calendrier individuel 123

CHAPITRE 3 126

LES DÉTERMINAIlTS DE LA STABILITÉ SUR LE MARCHÉ DU TRA VML

3. L’INSERTION SUR LE MARCflÉ DU TRAVAILÀLONG TERME 127

3.1 L’INsERTIoN EN EMPLOI 12$

3.1.1 Description globale de la situation d’emploi 133

3.1.2 La proportion du temps passé en emploi à divers moments 138

3.1.3 La situation de l’emploi à trois moments de l’établissement 142

3.2ANALYSES DE LA SITUATION D’EMPLOI: UNE APPROCHE LONGITUDINALE 145

3.2.1 Analyses des déterminants de la stabilité sur le marché du travail 145

3.2.2 Effets variant dans le temps des facteurs explicatjfs 155

3.2.3 Les déterminants de l’emploi atypique 165

3.2.3.1 Division temporelle des parcours d’emploi atypique 167

CHAPITRE 4 169

LA MOBILITÉ SALARIALE ET PROFESSIONNELLE

4. LA MOBILITÉ D’EMPLOI ET PROFESSIONNELLE DES NOUVEAUX IMMIGRANTS.... 170

4.1 TYPE D’EMPLOI OCCUPÉ AU FIL DU TEMPS PAR LES NOUVEAUX lMMIGRNTS 172

4.2 ANALYSE LONGITUDINALE DE LA MOBILITÉ SALARIALE ET D’EMPLOI (STATUT SOCIO-ÉCONOMIQUE)

CHEZ LES NOUVEAUX IMMIGEANTS 173

4.2.1 Mobilité professionnelle chez les nouveaux immigrants 174

4.2.2 La mobilité salariale des nouveaux immigrants 187

4.3DÉCLAsSEMENT SALARIAL ET PROFESSIONNEL 200

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE 213

ANNEXE I CCXXV

ANNEXE II CCXXVI

ANNEXE ifi CCXXVII

(11)

x

Liste des tableaux

Tableau 2.1 Répartition des répondants selon certaines caractéristiques 76 Tableau2.2 Indicateurs économiques mesurant les performances du marché du travail

117 Tableau2.3 La matrice des saturations suite à une rotation orthogonale 119 Tableau 3.1 Délaismédians d’accès et de sortie du premier emploi 131 Tableau3.2 Durée des emplois selon l’année d’établissement où ils ont débuté 132 Tableau 3.3 Proportion moyenne du temps passé en emploisurles 120 mois de séjour

au Québec selon certaines caractéristiques des répondants 135 Tableau 3.4 Proportionmoyenne du temps passé en emploi à divers moments de

l’établissement 141

Tableau 3.6 Type d’emploi à divers moments de l’établissement 143 Tableau3.7 Salaire hebdomadaire moyen corrigé pour l’TPC à divers moments

d’établissement 143

Tableau3.8 Activement à la recherche d’un autre emploi lorsque le répondant occupait

déjà un emploi 144

Tableau 3.9 Présence en emploi Régressions logistiques à effets aléatoires 149 Tableau 3.10 Présence, en emploi : Régressions logistiques à effets aléatoires avec

découpage temporel 164

Tableau 3.11 Régressions logistiques à effets aléatoires des parcours d’emploi atypique 166 Tableau 3.12 Régressions logistiques à effets aléatoires des parcours d’emploi atypique

distinguant les trois premières années d’établissement des années ultérieures 16$ Tableau 4.1 Salaire horaire ajusté pour l’indice du prix à la consommation (TPC) des

travailleurs atypiques et salariés à temps plein 172 Tableau 4.2 Statut socio-économique des travailleurs atypiques et des salariés à temps

plein 173

Tableau 4.3 Mobilité professionnelle (S SE): Régressions Tobit à effets aléatoires du

statut socio-économique 177

Tableau 4.4 Mobilité professionnelle (SSE): Régressions Tobit à effets aléatoires

distinguant les trois premières années d’établissement des années ultérieures 186 Tableau 4.5 Mobilité salariale tRégressions Tobit à effets aléatoires surle logarithme

du salaire horaire ajusté selon l’IPC 189

Tableau 4.6 Mobilité salariale : Régressions Tobit à effets aléatoires distinguant les trois premières années d’établissement des années ultérieures 199 Tableau 4.7 Secteur d’activité des emplois occupés à divers moments de l’établissement 202 Tableau 4.7 Disparités au fil de l’établissement d’après la région de provenance à divers

(12)

Annexes

Tableau 3ARépartition des répondants n’ ayant jamais intégré le marché du travail ccxxvii Tableau 3B Régression logistique des répondants n’ayant toujours pas prispartau

marché du travail après dix années de séjour au Québec ccxxix Tableau 3C Source de revenu principale et secondaire ccxxxi Tableau 3DProfils des répondants n’ayant jamais occupé un emploi ccxxxiii Tableau 3EDifférences statistiques entre les plages temporelles de la participation au

marché de l’emploi ccxxxiv

Tableau 4A Différences statistiques entre les plages temporelles surle statut socio

économique ccxxxv

Tableau 4BDifférences statistiques entre les plages temporelles sur le salaire horaire ccxxxvi

(13)

xi

Liste des figures

Figure 1.1 Résumé des travaux de recherche sur l’insertion en emploi 23 Figure 1.1 (suite) Résumé des travaux de recherche sur l’insertion en emploi 24 Figure 1.1 (suite) Résumé des travaux de recherche sur l’insertion en emploi 25 Figure 1.1 (suite) Résumé des travaux de recherche sur l’insertion en emploi 26 Figure 1.2 Typologie des profils d’intégration en emploi des nouveaux immigrants 46 Figure 1.3 Classification des profils d’intégration des nouveaux immigrants 47 Figure 2.1 Probabilité d’être en emploi au fil du temps 74 Figure 2.2 Comparaison de la position de dix points de quadrature par (a) quadrature

Gauss-Hermite et (b) quadrature gaussienne adaptive 90

Figure 2.3 Calcul intégral d’une fonction 91

Figure 2.4 Entrées et sorties des épisodes d’emploi pour un répondant 98 Figure 2.5 Exemple de standardisation des salaires horaires 101 Figure 2.6 Evolution du statut socio-économique (S$E) moyen sur une base mensuelle

102 Figure 2.7 Évolution du salaire horaire moyen sur une base mensuelle en dollars

constants 103

Figure 2.8 Évolution du facteur à cycle économique long 121 Figure 2.9 Evolution du second facteur économique à cycles moyens 122 Figure 2.10 Evolution du troisième facteur économique à cycles économiques

saisonniers 123

Figure 2.11 Évolution du facteur économique 1 dynamisé selon le calendrier individuel 125 Figure 2.12 Évolution du facteur économique 2 dynamisé selon le calendrier individuel

125 Figure 2.13 Évolution du facteur économique 3 dynamisé selon le calendrier individuel

125

Figure 3.1 Tests sur la différence des moyennes 133

Figure 3.2 Différentes formes de l’effet d’un changement au temps tx de la variable x

surlavariabley 157

Annexes

(14)

Remerciements

Bien que la réalisation d’une thèse ait toute l’apparence d’un long parcours académique solitaire, diverses personnes ont contribué à différents degrés à mener à bien ce projet parfois périlleux, avec ses hauts et ses bas.

Je tiens d’abord à remercier mon directeur de thèse, Jean Renaud, d’avoir accepté de me diriger dans le cadre de mes études doctorales. Ses commentaires éclairés, ses judicieux conseils, sa disponibilité et ses encouragements m’ont considérablement aidé à mener à terme mes travaux de recherche dans un délai raisonnable.

J’aimerais spécialement remercier Marie-Andrée Bertrand qui a su détecter au moment propice mes états d’âme qui auraient pu compromettre la poursuite de mes études. Ses encouragements, ainsi que ceux de la directrice du programme de l’époque, Diana White, ont finalement porté fruit.

J’exprime mon amitié à toute l’équipe du Centre d’études ethniques des universités de Montréal (CEETUM) ainsi qu’à Immigration et Métropole (1M). Je remercie leur personnel (Philippe Allard, Juliette Gosselin, Chantale Simard et Trinh Thi Tuyet) dont j’ai usé à maintes reprises de leurs précieux services.

Au cours de ma thèse j’ai, en outre, pu bénéficier des services de Bernard Lorazo de la Direction générale des technologies de l’information et des communications (DGTIC). Il a collaboré à la mise en place d’un serveur haute performance, sans lequel je n’aurai jamais été en mesure d’accomplir mes analyses statistiques. Ses précieux conseils sur l’environnement informatique UNIX ont aussi été d’un grand secours. Je lui en suis reconnaissant.

Je désire remercier les usagers de l’enquête ÉNI qui, avec leurs recherches, ont inspiré les miennes. Je tiens aussi à remercier plus particulièrement Mohammed Fassi-Fihri d’avoir eu la gentillesse de me fournir les résultats factoriels de ses indicateurs économiques.

Que soit remerciées Emmanuelle Vérès et Sophie Joli-Coeur pour leur participation à la correction des petits oublis, ici et là, d’écriture, ainsi que Samuel Leblanc pour la traduction anglaise du résumé.

J’aimerais aussi remercier la Fondation Desjardins pour avoir subventionné en partie cette recherche, ainsi que la Faculté des études supérieures (FES), le département des Sciences humaines appliquées (SHA), la Banque TD et le CEETUM pour m’avoir octroyé le fmancement nécessaire à ma survie.

Je remercie spécialement mes parents qui ont su m’encourager à leur façon tout au long de mes études, mais aussi pour m’avoir laissé suivre ma voie.

Enfin, je tiens à remercier tout ceux et celles qui ont cm en moi. Que ceux que j’ai omis de nommer me pardonnent...

(15)

13

Introduction

L’intégration économique des immigrants constitue une préoccupation centrale des recherches sur les nouveaux immigrants, car une grande partie de cette population a essentiellement été sélectionnée pour ses caractéristiques en capital humain et ses profils prometteurs à prendre part au marché de l’emploi. Les processus d’insertion et d’intégration de ces derniers au marché du travail sont donc des aspects importants à examiner puisque c’est en quelque sorte la raison de leur migration. Du point de vue politique, accueillir des immigrants répond, en premier lieu à un besoin démographique, mais aussi économique. Autrement dit, les immigrants sont acceptés dans le but de combler des besoins tant économiques (combler le manque de travailleurs) que démographiques (contrer la dénatalité). Leur participation au marché du travail contribue à la croissance de l’économie du pays d’accueil. Ainsi, la compréhension de leur adaptation au cours de leur établissement socio-économique est d’un grand intérêt puisque leur insuccès à prendre part aux activités économiques pourrait devenir synonyme d’un nouveau fardeau pour la société d’accueil.

Au Canada, l’immigration est, d’abord et avant tout, de juridiction fédérale. Parallèlement, le Québec s’est doté de sa propre politique d’immigration afin de sélectionner des candidats détenant des profils en mesure de s’adapter plus facilement aux réalités québécoises, mais qui vise aussi à répondre à certains besoins du marché de l’emploi. C’est à la suite de l’entente Cullen-Couture, conclue en 197$, que le Québec s’est vu octroyer le droit de définir ses propres critères de sélection des immigrants voulant s’établir en terre québécoise de sorte que les nouveaux arrivants désirant s’établir en province doivent satisfaire autant aux critères de sélection fédéraux qu’à ceux du provincial.

Le nombre d’immigrants admis au Canada et au Québec est grandement déterminé par les politiques gouvernementales, ainsi que par le climat politique et socio-économique des pays fournisseurs. Depuis la fin des années 70, les politiques d’immigration canadienne et québécoise visent trois objectifs: réunir les familles, offrir un havre pour

(16)

14

les réfugiés, et promouvoir le développement économique par la sélection de travailleurs qualifiés.

À

ces trois objectifs correspondent trois catégories d’admission1 (familles, réfugiés et indépendants). Depuis 1967, les requérants principaux admis en tant qu’immigrants indépendants font l’objet d’une évaluation basée sur un système de points. Selon cette formule, une grille de sélection accorde des points pour certains critères. Cette procédure vise à dégager les profils prometteurs et versatiles aptes à intégrer rapidement le marché du travail mais aussi à permettre la mobilité professionnelle. Les critères de sélection reposent en partie sur le potentiel en capital humain, ils indiquent l’instruction et la formation, les qualifications professionnelles, la demande de travailleurs dans un domaine spécifique et le fait qu’un emploi soit déjà réservé au requérant immigrant ainsi que l’expérience professionnelle. S’ajoute à cela des caractéristiques personnelles comme l’âge, la connaissance des langues usuelles d’usage, les séjours passés au Québec, la présence de famille proche, le nombre d’enfants à charge et l’autonomie financière.

À

chacun de ces critères est attribué un certain nombre de points d’après un système de pointage préétabli.

Avant les années 80, la population immigrante affichait sur le marché du travail un taux de chômage moins élevé ainsi qu’un niveau de revenu supérieur à celui des natifs. Selon Citoyenneté et Immigration Canada (CIC)2, cette tendance serait maintenant renversée. En effet, “[pJar rapport aux personnes nées au Canada et à celles qui sont arrivées avant 1921, les immigrants admis pendant les années 1990 affichent un taux d’activité inférieur et un taux de chômage supérieur; ils occupent en outre des emplois nécessitant un niveau de compétence moins élevé. Les personnes ayant immigré pendant les années 1980 se situent à un niveau intermédiaire.”3 Ce renversement, de la situation d’emploi pour les nouveaux arrivants, concerne aussi ceux venus s’établir au Québec. “Traditionnellement, la population immigrante dans son ensemble affichait sur le marché du travail une performance supérieure à celle des natifs, tant en termes de taux de chômage que de niveau de revenus. Cette tendance est maintenant inversée.”4

La définition de chacune des catégories d’admission est présentée à l’annexe I.

2Informetrica Limited, (dc), 2000.

Idem, page XI.

(17)

15

La société québécoise, comme terre d’accueil, reçoit annuellement en moyenne environ 35 000 nouveaux immigrants depuis le début des années 90. La vague d’immigration que connaît le Québec ces dernières années, nous oblige indubitablement à se pencher sur la capacité d’insertion économique de ces individus d’autant plus si leur situation, comparativement aux plus anciennes cohortes, est rendue défavorable. L’insertion économique fait partie de ces enjeux qui déterminent la suite de l’établissement. Une meilleure compréhension du processus d’insertion socio-économique des nouveaux arrivants de faire émerger les déterminants facilitant leur accès à l’emploi, mais aussi à révéler les disparités d’intégration qui pourraient avoir une incidence sur les politiques de sélection en matière d’immigration. Jusqu’ à présent, la plupart des études qui se sont penchées sur la question concernaient surtout le court terme. Celles faisant état de la situation en emploi à long terme ont généralement eu recours à des enquêtes transversales (les recensements). Or, les enquêtes transversales, contrairement aux enquêtes longitudinales (biographiques), ne permettent pas de situer dans la chronologie des événements à l’étude. Par contre, les enquêtes biographiques donnent lieu à l’étude du chronogramme des événements, et conséquemment, celle du processus en cours. Un tel type d’enquête, portant précisément sur les grands événements de l’établissement de nouveaux arrivants, servira pour les fins d’analyses statistiques ayant pour but de mieux cerner le processus d’insertion des immigrants récemment établis au Québec. L’approfondissement de nos connaissances de ce processus d’établissement en emploi des immigrants à long terme — surtout avec la nouvelle mouvance du marché du travail

des dernières années qui a tant complexifié l’intégration économique — demeure une

question qui n’ajamais encore été abordée.

Au cours des deux dernières décennies, le marché du travail québécois a subi plusieurs changements sous l’effet des nouvelles technologies de l’information et des communications qui se sont multipliées à l’intérieur des entreprises.

“À

mesure que les technologies de l’information se répandent dans l’économie, elles modifient la nature et les modèles de travail.

[...J

Le Conseil économique du Canada prévoyait que, de plus en plus, on assisterait à l’émergence de deux pôles d’emploi, l’un consistant en une petite

(18)

16

quantité d’emplois stables, hautement qualifiés et bien rémunérés, l’autre étant constitué d’une vaste quantité d’emplois atypiques moins rémunérés et moins stables.”5

Les emplois de nature atypique, à savoir ceux qui ne correspondent pas au travail à temps plein, ont connu, depuis le début des années quatre-vingt, un taux de croissance rapide (McCartin, Schellenberg, 1999; Matte, et al., 1998; Khran,1991; Côrdova, 1986; Harvey, 1991). On entend généralement par emploi atypique tout emploi sortant des sentiers battus du travail à temps plein. Sont regroupés sous cette appellation les emplois à temps partiel, de courte durée, à contrat, journaliers, les emplois obtenus par l’entremise d’agences de placement temporaire et le travail autonome. Pour bon nombre de travailleurs, des heures de travail irrégulières, changeantes, des horaires brisés et l’attente d’un appel font désormais partie de leur réalité, à laquelle s’ajoutent l’instabilité et l’incertitude inhérentes à ces formes de travail. Le phénomène de l’emploi atypique s’est traduit par une profonde mutation du milieu de travail.

L’un des premiers gestes posés par les immigrants nouvellement arrivés au Québec a pour objet la recherche d’un nouvel emploi. L’entrée en emploi peut être facilitée par certains traits propres des individus mais peut tout autant être influencée par les conjonctures du marché de l’emploi (offre et demande) de la région montréalaise où s’établissent majoritairement les individus ayant récemment immigré au Québec (Grenier (1998); Fassi-fibri (2003)).

À

leur arrivée, les immigrants ne font pas face aux mêmes difficultés d’insertion en emploi que les non-immigrants. D’après Montes (1996), l’inexpérience et la méconnaissance du marché du travail seraient des obstacles considérables à l’intégration économique des nouveaux immigrants qui se heurtent, de plus, à l’apprentissage (ou à l’ignorance) de la langue, la reconnaissance des équivalences scolaires, la discrimination, le manque d’expérience et la reconnaissance des compétences professionnelles. Dans un laps de temps généralement plutôt restreint, la personne immigrante doit s’adapter à de nouvelles réalités sociales et économiques, comprendre les règles de

j

eu et se trouver des points de repère dans un marché en mouvance perpétuelle (Dumont et Santos, 1996, p.7). Ce serait, comme le soulignent

(19)

17

Dumont et Santos, cette méconnaissance du marché du travail qui engendrerait des difficultés d’insertion au cours des premières années suivant l’établissement des nouveaux arrivants. Il ne serait “[. .

.1

pas rare de constater la présence, dans les sessions d’information conçues pour tout nouveaux arrivants, des immigrants dont la durée de séjour au Québec dépasse facilement 12 mois. Insérées rapidement en emploi, ces personnes sentent le besoin de connaître les mécanismes d’embauche, les secteurs d’emploi prometteurs, etc. pour accéder à de meilleurs emplois.”6

Mais qu’en est-il après 10 années d’établissement? La question est de savoir si, à travers le temps, les nouveaux immigrants s’étant établis au Québec se retrouveront dans une situation d’emploi stable surle marché du travail tout en étant en mesure de se maintenir sur le marché de l’emploi et ce peu importe le contexte économique. Afin de vérifier de telles influences sur la « stabilité » sur le marché de l’emploi des immigrants, nous aurons recours à des analyses statistiques de type longitudinal appliquées à une cohorte d’immigrants suivis sur une période de dix ans. On combineraaux données de l’enquête sur l’Établissement des Nouveaux Immigrants

(ÉM)

des indicateurs économiques afin de mettre en contexte l’offre et la demande du marché du travail de la période de notre étude. Cette perspective mettra en évidence le processus d’intégration et l’adaptation économique des nouveaux arrivants dans le contexte du marché du travail montréalais.

Les données de l’enquête ÉNI sont particulièrement propices pour la mise en oeuvre de ce projet; les itinéraires individuels recueillis permettront de connaître à la semaine près les dates auxquelles chacun accède à un emploi ou s’en retire. L’ajout d’indicateurs économiques, de caractéristiques individuelles et d’événements concurrents à l’insertion en emploi, fera ressortir le processus d’insertion des nouveaux arrivants au Québec menant possiblement à une situation stable sur le marché du travail. Les analyses chercheront à déterminer si au cours des dix années d ‘établissement au Québec, les nouveaux immigrants auront atteint une stabilité sur le marché du travail. Elles ne portent donc, en aucun cas, sur les transitions d’emploi des individus mais bien sur leur participation à l’activité économique.

6

(20)

Cadres conceptuel et théorique : L ‘insertion en emploi et tes nouvelles

réalités du marché du travail

«A une époque marquée par la célébration universelle de la démocratie en tant que principe de légitimité politique et de respect des droits de l’homme, on ne peut que s’inquiéter des risques qui pèsent sur l’accès permanent à l’éducation et l’intégration durable au marché du travail, conditions indispensables à participation plus forte à la vie politique » David Atchoarena (1996)

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Au début des années 80, le marché du travail québécois a subi des transformations et une restructuration organisationnelle qui ont défini un nouvel espace sur le marché de l’emploi laissant place à une insertion socio-économique rapide et instable pour les nouveaux arrivants. L’accroissement continu des emplois atypiques offre, au moment de la prospection, une solution temporaire à qui veut bien faire les premiers pas sur le marché du travail. L’avancement technologique et la globalisation de la concurrence seraient en cause pour ce nouveau marché. Généralement sélectionnés pour leur profil prometteur à intégrer facilement le marché du travail dans le but de combler un manque d’effectifs spécialisés ou pour répondre à des besoins spécifiques du marché, les nouveaux arrivants acceptant un emploi atypique opteraient temporairement pour cette alternative alors que celle-ci peut ne pas concorder avec les attentes de leur projet migratoire ce qui, par conséquent, risque de prolonger leur «période d’insertion économique ».

Ce chapitre est organisé en quatre sections dont la première donne lieu à une mise en contexte du nouveau marché du travail et ses enjeux. Une description des changements et de la réorganisation qu’ont connus les entreprises québécoises y est présentée. La tecimologisation des entreprises ainsi que la globalisation de la concurrence auraient provoqué la flexibilisation de l’emploi et redéfmi les tâches de travail. Cette nouvelle mouvance du marché du travail aurait aussi entraîné une progression des emplois qualifiés d’atypiques. La mise en contexte de ce nouveau marché de l’emploi servira d’assise dans la compréhension de la situation d’emploi des nouveaux arrivants. Dans une seconde section, le cadre conceptuel sera développé. L’avènement des emplois atypiques aurait eu une répercussion sur la stabilité de l’emploi (conserver le même emploi). Les principales études traitant de la question de la stabilité en emploi et de l’insertion professionnelle seront exposées. Cette notion de stabilité d’emploi ne convient pas à la réalité des nouveaux immigrants qui connaissent une forte mobilité d’emploi, surtout au début de l’établissement. Dans leur cas, on préferera parler plutôt de stabilité sur le marché du travail. La distinction entre les notions de stabilité en emploi et la stabilité sur le marché du travail sera donc clarifiée dans cette troisième section. Par la suite, il sera question des études qui se sont penchées sur l’impact des

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conjonctures économiques dans l’établissement en emploi des immigrants. Enfin, dans une dernière section, on élaborera les cadres théoriques qui serviront à l’élaboration d’un modèle décrivant le processus et les démarches pouvant mener à une stabilité sur le marché de l’emploi, ainsi que pour l’interprétation des analyses empiriques. Les théories présentées proviennent essentiellement des sciences économiques.

1. Transformations du marché du travail: mise en contexte de la situation de l’emploi au Québec

Dans cette première section, nous désirons mettre en contexte les transformations qu’a subies le marché du travail depuis le début des années $0. Dans une première sous-section, nous mettrons en perspective les conséquences de la restructuration et la nouvelle mouvance d’emploi qu’elle a généré: l’emploi atypique. Enfin, une dernière sous-section présente, dans les grandes lignes, l’évolution du marché du travail au Québec.

1.1 La nouvelle mouvance du marché du travail et les grandes restructurations économiques

Dans les pays industrialisés, on constate que la nature des postes et de l’emploi a subi de profonds changements suite à l’évolution technologique, à la mondialisation et aux changements démographiques (Dubé et Mercure, 1997). Le Québec n’a pas échappé à ces changements: la redéfmition et la transformation des milieux de travail sont devenues sources d’insécurité pour les travailleurs de la province. Ces transformations auraient provoqué la réduction des effectifs dans les entreprises et une augmentation des formes de travail atypique.

Les bouleversements engendrés par les développements technologiques, semblent constituer l’une des principales sources d’incertitude quant aux perspectives du marché de l’emploi (Cossette, 1982; Simard, 2000). Les profondes restructurations qui ont affecté l’économie de l’ensemble des pays industrialisés se sont traduit bien souventpar

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des coupures dans les dépenses,par l’élimination d’emplois de même queparla course à la productivité et au progrès technique (Montes, 1996). L’économie québécoise n’a pas échappé à cette situation. Sujettes aux nouvelles contraintes de la concurrence mondiale, les grandes entreprises tant publiques que privées auraient entrepris une restructuration interne de leurs effectifs ayant comme conséquence un licenciement massif du personnel.

Pour d’autres (Betcherman, 1991), les changements technologiques et la révolution de l’information seraient plutôt annonciateurs d’une augmentation de l’emploi et d’une meilleure qualité de vie pour tous, à condition que les employeurs et les travailleurs soient disposés à s’adapter aux changements. “Le travail non standard a été une source importante de création d’emploi au cours de la dernière décennie [...j”7, selon Betcherman (1991).

Les nouvelles technologies de l’information auraient joué un rôle en ce qui touche les transformations économiques et sociales que connaît notre société. On peut de moins en moins se passer des systèmes d’information, tant au travail que dans la vie quotidienne. Plus les technologies de l’information se développent et occupent une position de choix dans l’économie, plus elles modifient, par le fait même, la nature et les modèles de travail, et ce, à tous les niveaux de l’entreprise et du milieu de travail. On assisterait, d’une part, à la naissance de nouvelles industries et de nouveaux types d’emploi. D’autre part, l’instantanéité et l’abolition de la notion de distance par l’utilisation des nouvelles technologies favorisaient l’apparition de nouveaux modèles de travail qui seraient appelés à remplacer graduellement les modèles traditionnels ou qui s’y superposent (Gazier, 1992).

Avant l’arrivée des nouvelles technologies de l’information, les entreprises focalisaient leur organisation de travail sur la productivité de leur main-d’oeuvre, dont les tâches de travail étaient découpées et faisaient l’objet d’une optimisation propre (Gazier, 1992). Une grande rigidité régnait alors sur le marché de l’emploi: la flexibilisation des tâches

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de travail semblait une mission difficile à réaliser, puisque la rationalisation de la productivité était obtenue à l’aide d’équipements lourds dont la conversion paraissait complexe et dont les gains de productivité semblaient difficiles à accroître. Mais ce mode d’organisation, dit taylorien, a perdu de sa popularité au cours des dernières décennies. En effet, de nos jours, les entreprises accorderaient généralement une plus grande importance au «potentiel humain» ainsi qu’aux conditions de travail qui, dans l’ensemble, peuvent favoriser leur productivité. On parle alors de ftexibilisation productive, c’est-à-dire que les entreprises cherchent à adapter la maind’œuwe aux besoins de la production. Cette organisation post-taylorienne met de plus en plus l’accent sur la disponibilité des appareils de production et des performances collectives des employés, dont l’ouvrage est en constante progression.

Au Québec, la plupart des entreprises québécoises auraient entrepris ce processus de réorganisation. En plus de permettre de se sortir d’une crise économique plus aisément, ces changements semblent une condition essentielle pour tirer avantage des nouvelles technologies. “De façon générale, la hausse de flexibilité et du niveau global de la qualification du travail est d’autant plus forte que le secteur est avancé du point de vue technologique”8, faisant en sorte que l’accroissement de l’utilisation des technologies de l’information et des communications a occasionné de grandes mutations dans la majorité

des sphères économiques de la province.

-Toutes ces réorganisations autour des nouvelles technologies d’information et de communication poursuivent deux objectifs ultimes: flexibilité et rentabilité. L’organisation dite flexible correspond aux exigences d’un mode de production caractérisé par la différenciation et par le rôle central qu’y joue l’innovation. La segmentation des marchés accroît de manière substantielle la volatilité de la demande, exigeant ainsi des entreprises d’adopter leur offre, en quantité comme en qualité. La flexibilité comporte deux types de modalités: la flexibilisation interne et la flexibilisation externe. Elle peut être organisée à l’intérieur des entreprises (flexibilisation interne), en mettant l’accent sur l’adaptabilité, la prise d’initiative et la circulation fluide de

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l’information. Le tout se traduit par une structure organisationnelle décentralisée, par l’incitation au travail en groupe et une plus grande polyvalence des employés par l’entremise de l’augmentation de leur autonomie et de leurs responsabilités (Gazier, 1992; Dubé, Mercure, 1997). La flexibilité interne peut également s’appuyer sur la variabilité de la durée des temps de travail (exemple, réduire le temps de travail à moins de 30 heures/semaine) et des rémunérations. La flexibilité (flexibilité externe) peut aussi s’étendre aux limites de l’entreprise, en recourant à des formes de travail plus souples, par l’externalisation d’un certain nombre d’activités et par l’usage de contractuels.

Une étude basée sur l’Enquête sociale générale de 1994 (ESG, de Statistique Canada) a permis de constater une relation entre l’emploi atypique et l’utilisation des nouvelles technologies, plus spécifiquement celles de l’automatisation et de l’information (Simard, 2000). L’ étude visait à estimer la probabilité qu’un employé utilise un micro-ordinateur dans le cadre de son travail ainsi que sur la durée moyenne de cette utilisation, tout en prenant en compte l’incidence de diverses variables. Il ressort que les travailleurs atypiques utilisent moins l’ordinateur que les employés « standards ». Avec le progrès

qu’a connu la technologie des micro-ordinateurs, certaines formes d’emplois atypiques se sont développées, comme par exemple, celles des travailleurs autonomes et du télétravail. Si tout semble plaider en faveur d’une union harmonieuse de l’informatique et du travail atypique, Simard (2000) met en doute la conciliation de la flexibilité technologique et de la flexibilité externe.

La flexibilisation aurait entraîné un resserrement des exigences lors de l’embauche, tant en termes de formation que d’expérience, et ceci indépendamment du lien d’emploi (Dubé et Mercure, 1997). Autrement dit, les exigences et la précarité sont à la hausse. La flexibilité aura donc occasionné un rehaussement des exigences face au travail, sans qu’il y ait pour autant reconnaissance au plan salarial, le tout en faisant porter le fardeau de l’adaptation sur les individus sans engagement en contrepartie des employeurs. Le travail serait ainsi devenu victime d’une stratégie de gestion entièrement asociale qui, dans certains milieux, se traduirait par un retour à un capitalisme radical.

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Engager des travailleurs à titre temporaire ou à temps partiel pennet aux entreprises d’ajuster la taille des effectifs lorsque la demande en matière dc biens ou de services fluctue, ainsi que de réagir rapidement aux éventuelles crises économiques (McCartin et Schellenberg, 1999). L’embauche rapide de travailleurs occasionnels au cours des périodes de pointe d’activité économique, puis la mise à pied ou le congédiement de ceux-ci lors de ralentissement du rendement de cette dernière, sembleraient être devenues des pratiques courantes. Ces pratiques permettraient aux entreprises de s’adapter rapidement aux aléas du marché. De façon similaire, le recours à des travailleurs occasionnels ou à temps partiel élargi la marge de manoeuvre de l’entreprise qui a la possibilité d’ajuster la durée de travail afin d’atteindre l’équilibre de la demande de l’activité commerciale. Les entreprises auraient également la possibilité d’embaucher des travailleurs temporaires selon les compétences requises à un moment précis, ou d’attribuer des contrats à des travailleurs indépendants (Booth, 1997).

1.1.1 Les nouvelles formes de travail: l’emploi atypique

La flexibilisation et le besoin de rentabilité des entreprises a engendré de nouvelles formes d’organisation de travail. La notion de stabilité en emploi est probablement née avec cette nouvelle mouvance du marché du travail et des transformations qu’il a subies au cours des vingt dernières années. L’ avènement et la croissance des emplois qualifiés d’atypiques (c’est-à-dire les emplois à contrat, à temps partiel, journaliers, etc.) a accentué les risques de période sans emploi réduisant du coup les périodes d’emploi et la participation au marché du travail.

L’ émergence constante de cette nouvelle forme de travail n’ est pas au coeur de cette étude. Toutefois, il faut prendre en considération ces transformations du marché de l’emploi afin de mieux cerner les profils d’insertion en emploi des nouveaux arrivants. Pour ceux occupant un emploi temporaire ou à contrat, vivre des périodes de chômage répétées semble être chose commune. L’ampleur qu’a pris ce «nouveau marché de l’emploi » a des conséquences dans les démarches encourues pouvant mener à un emploi dit stable.

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“La durée de l’emploi atypique particulièrement chez les personnes qui préféreraient occuper un emploi permanent à temps plein représente une considération importante. Si le poste à temps partiel ou temporaire est d’une durée relativement courte et qu’il permet à la personne d’acquérir l’expérience nécessaire pour trouver un emploi permanent, les préoccupations concernant le sous-emploi peuvent ne pas être justifiées. Les emplois atypiques s’inscrivent peut-être simplement dans le parcours de celui qui fait ses armes au début d’une carrière. Si, au contraire, la personne stagne dans un emploi atypique pendant une longue période parce que la mobilité qui permettrait d’accéder à un poste permanent à temps plein est limitée, les préoccupations concernant le sous-emploi et la qualité de l’emploi seraient plus pressantes.”9

Cette nouvelle mouvance du marché du travail au Québec amène à s’interroger sur les difficultés qu’auraient pu connaître les nouveaux immigrants au début des années 90 à s’établir sur le marché de l’emploi. La croissance constante du nombre d’emplois atypiques (et par conséquent de l’offre) depuis le milieu des années 70, favoriserait une insertion économique rapide pour les nouveaux immigrants en quête d’un emploi. Insérés rapidement en emploi, sans nécessairement avoir déniché un emploi répondant à leurs besoins à long terme, les nouveaux arrivants risquent de voir leur période d’insertion se prolonger avant de connaître éventuellement une certaine stabilité sur le marché du travail.

Si pour certains travailleurs ce type d’emploi ne convient pas, d’autres s’accommodent très bien de ce mode de fonctionnement qui, à leurs yeux, offrent des avantages non négligeables (Goulet, 1997). L’avantage de ce type d’emploi est qu’il permet, entre autres, de négocier des contrats forgés à leur mesure, conforment à leurs ambitions et exigences salariales, tout en leur permettant d’organiser leur temps de travail à leur guise. Ce serait notamment le cas pour les personnes détenant de grandes qualifications

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ou ayant une expertise spécifique en demande, pour lesquelles on ne peut évidemment pas parler de précarité (sauf si elles ne possèdent pas d’expérience pertinente en sol québécois) (McCartin, $chellenberg, 1999). Ainsi, les travailleurs autonomes, qui travaillent selon les contrats qu’ils obtiennent ou pour leur propre société peuvent gagner plus que les travailleurs réguliers, cela, avec un niveau d’éducation et un type d’emploi semblables. De plus, la majorité d’entre eux déclarerait préférer la flexibilité que leur procure leur mode de travail à la rigidité d’un emploi régulier (Goulet, 1997).

Mais les travailleurs exerçant des emplois peu qualifiés et qui se retrouvent dans le sillon du travail atypique peuvent ne pas voir du même oeil leur situation; ils doivent souvent conjuguer avec l’absence de sécurité d’emploi, un faible salaire, et n’ont pas droit aux avantages sociaux ni aux régimes de retraite, ni même à la promotion professionnelle. En cas de perte d’emploi, cela peut signifier pour ces derniers des difficultés à retrouver un emploi et à faire reconnaître les expériences de travail acquises précédemment. Pour une bonne partie de ces travailleurs, il est assez juste de parler d’un développement de carrière stagnant; la possibilité de promotion au sein d’une même entreprise ou d’une autre étant à toute fm pratique inexistante. Ils se verraient donc bien souvent relégués dans des emplois précaires, instables et pratiquement sans aucune possibilité d’avancement. Avec la prolifération constante de ce type d’emploi depuis le début des années $0, on peut penser que la stabilité sur le marché de l’emploi est devenue un processus complexe où s’enchevêtrent des périodes d’emploi, de recherche d’emploi, de chômage, de formation, etc.

Règle générale, divers aspects différencient les travailleurs atypiques des travailleurs réguliers. Parmi ceux qui exercent un emploi atypique, on compte une plus grande proportion de jeunes en situation de recherche d’emploi ou toujours aux études. Aux jeunes s’ajoutent également des femmes et des minorités ethniques, qui représentent aussi une bonnepartie des travailleurs atypiques (McCartin, $chellenberg, 1999; Goulet, 1997; Gazier, 1992). Ce type d’emploi semble donc être l’apanage de groupes spécifiques d’individus. Toutefois, en comparant le niveau de scolarité de ces travailleurs, on constate une grande hétérogénéité. Plusieurs d’entre eux détiennent une

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formation scolaire avancée et sont des experts dans leur domaine, tandis que d’autres n’en ont aucune et naviguent de petit boulot en petit boulot (Matie, et al., 199$).

Bien que certaines formes d’emploi atypique offrent une combinaison attirante en terme de flexibilité, d’autonomie et de salaire, la majorité des travailleurs atypiques seraient en situation professionnelle précaire, instable, non sécurisante et peu reluisante pour leur avenir. Les personnes cherchant à intégrer pour la première fois le marché du travail, et ayant conséquemment peu d’expérience professionnelle sont particulièrement exposées à cette nouvelle forme d’emploi atypique. Par conséquent, on peut penser que cet ensemble d’éléments d’incertitude ne favorise pas le processus d’insertion économique pour les nouveaux immigrants en quête d’un nouvel emploi.

1.1.2 L’évolution du marché du travail au Québec

Au Québec, “avant les années 1950, il y avait deux pôles d’emploi : le travail indépendant et le travail salarié. L’emploi stable était le fait d’une minorité et n’était donc pas encore la norme.

À

partir des années 1950 la norme devient l’emploi salarié stable avec statut, et dont la permanence est un élément central du contrat de travail.”°Aujourd’hui cette norme est pratiquement disparue.

C’est à partir du milieu des années 70 que l’on note une nette progression de l’emploi atypique partout au Canada (Matie, et al., 1998). En effet, celui-ci a augmenté par rapport à l’ensemble des secteurs d’activité du marché du travail. Malgré une apparence «contracyclique» (Matie, et al. 199$), sa croissance a continué peu importe les conditions économiques. En 198911, l’emploi atypique représentait environ 23%12 des

emplois au Québec. En 1995, soit six années plus tard, la croissance des emplois atypiques persistait et atteignait environ 28%. Selon Goulet (1997), c’est dans les

10Malenfant et al., (2002), page 8.

“ L’enquête (ÉNI lOans), qui sera l’hôte des analyses statistiques dans le cadre de cette thèse, a

précisément débuté en 1989 et pris fin en 1999.

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secteurs du commerce, des affaires et des services personnels que l’on retrouve en grand nombre les emplois atypiques. Des secteurs où l’on retrouve généralement un grand nombre de personnes immigrantes.

Au Québec, entre 1976 et 1995, l’emploi atypique a crû de 135%, alors que l’emploi typique a connu une croissance de 6,6% (Matte, et al. 1998). La forme la plus commune d’emploi atypique serait le travail à temps partiel. Il serait essentiellement l’apanage des jeunes et des femmes. Ces derniers occuperaient davantage des postes à temps partiel, tandis que les hommes occuperaient une bonne part du marché du travail autonome. “Même s’il a tendance à augmenter en période de récession, les données indiquent par ailleurs que le taux d’emplois atypiques n’a pas diminué au cours des périodes de non-récession, ce qui tend à démontrer qu’il s’agit là d’un phénomène appelé à durer”3.

Cumuler plusieurs emplois serait devenu monnaie courante (Goulet, 1997). Si cette situation s’avère avantageuse pour certains, il ne s’agit là que d’une solution de dernier recours pour d’autres. Parmi les avantages qu’offrent de telles formules de travail aux travailleurs, on souligne la flexibilité. Plusieurs individus optent volontairement pour ce genre de travail, y trouvant ainsi l’occasion de gagner leur vie tout en assumant d’autres responsabilités ou activités. Pour les travailleurs ayant l’autonomie et autres qualités nécessaires pour s’adapter à de telles situations, ces formules de travail leur apportent l’indépendance pour développer de multiples possibilités sur le plan du travail, des loisirs et de la vie familiale.

Mais les formules de travail atypique ne semblent pas convenir à tous, et certains éprouvent bien de la difficulté à s’y adapter. Par exemple, l’isolement à la maison peut parfois s’avérer une contrainte lourde à supporter pour certaines personnes, tandis que d’autres appréhendentune éventuelle diminution de leurs possibilités d’avancement. De plus, il peut devenir difficile de s’organiser pour ces travailleurs afin d’amorcer des regroupements d’employés dans le but de défendre leurs droits (Goulet, 1997; Matte, et al., 1998; McCartin et Schellenberg, 1999).

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Dans l’étude L ‘évolution de l’emploi atypique au Québec (Matte et al., 199$), on relève que le travail à temps partiel est le mode de travail atypique le plus répandu. Il représentait environ 60% de l’emploi atypique en 1995. Depuis 1976, le nombre d’employés à temps partiel a plus que doublé autant chez les hommes que chez les femmes. Près des deux tiers des travailleurs à temps partiel ont volontairement eu recours à cette forme d’emploi, pour des raisons qui varient selon leur âge, leur sexe et leur situation personnelle ou familiale.

Le travail à temps partiel découlant d’un choix délibéré, tout autant que le travail à temps partiel involontaire, ont connu une hausse dans la province. Parmi tous les travailleurs à temps partiel, hommes et femmes confondus, davantage d’hommes que de femmes n’ont pas choisi délibérément ce genre d’occupation (Matte et al. 199$).

Cela dit: “[L]a forte progression de l’emploi à temps partiel n’a pas touché uniquement les catégories des personnes auxquelles on associait traditionnellement cette forme d’emploi (femmes et jeunes). Elle s’est aussi propagée à des catégories où l’emploi salarié à plein temps semblait installé de façon permanente (hommes de 25 ans et plus), et cela a nécessairement contribué à l’accroissement assez spectaculaire de sa part des emplois involontaires”.’4

1.2 L’étude de l’insertion professionnelle

Dans cette section, nous décrivons les enjeux et les difficultés à conceptualiser les notions liées à l’analyse de ïinsertion professionnelle. Pour cette recherche, les théories entourant la question de l’insertion professionnelle des jeunes diplômés ont été

privilégiées car ce champ d’étude possède une vaste littérature’5 conceptuelle concernant notre champ d’étude. Ce choix s’explique simplement par le manque de travaux du genre sur l’établissement en emploi des nouveaux immigrants. En effet, si la littérature

Matte et al., page 53.

‘ Les sciences de l’éducation et de l’économie sont les principales sciences sociales ayant abordé la

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sur l’établissement en emploi des immigrants abonde, peu d’études tentent de définir conceptuellement ce processus. C’est ce que constatent également Piché et Bélanger (1995). Les auteurs soulignent que “dans les travaux sur les facteurs, les cadres conceptuels sont généralement peu élaborés, voire inexistant”6 dans le domaine de l’insertion en emploi des immigrants.

1.2.1 L’ établissement socio-économique: l’insertion professionnelle

Plusieurs termes sont présents dans la vaste littérature traitant de l’établissement en emploi. On parle d’intégration ou d’insertion économique, d’insertion professionnelle, de maintien en emploi, d’adaptation, etc. Cette vastitude littéraire est aussi marquée par l’absence d’un consensus auprès de auteurs consultés quant à une défmition unifiée puisqu’aucune de ces notions semble dominer la littérature. Ces termes sont régulièrement employés sans jamais être définis. Celle section vise justement à faire la lumière sur ces notions, autant sur le plan théorique qu’empirique. Les premiers travaux présentés ici comportent une dimension avant tout théorique. On focalisera d’abord sur les aspects conceptuels de l’insertion en emploi et de la stabilité d’emploi pour ensuite faire un survol des travaux empiriques ayant abordé la question.

On trouve plusieurs indicateurs de l’établissement en emploi, tels que la durée d’accès au premier emploi, le statut d’emploi lié à un contrat de durée déterminée ou indéterminée, le nombre d’emplois occupés, la durée du chômage, le salaire, etc. Ironiquement, la plupart des auteurs ne s’accordent pas sur les définitions de l’établissement, de l’insertion et de l’intégration surle marché du travail. Peu importe les termes utilisés pour qualifier ce processus d’insertion, ce champ d’étude demeure encore en voie de construction et est dépourvu d’une définition exacte ainsi que d’une solide base théorique s’appuyant sur des perspectives sociologiques et économiques (Trottier, 1995). L’étude de ce phénomène autour duquel se greffe une multitude de sens et de théories se heurte également à la difficulté d’en déterminer le contenu exact, de même

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que d’en délimiter clairement le début et la fin. Certes, on reconnaît d’emblée que ces notions definissent des processus temporels caractérisés par un enchevêtrement de périodes d’emploi, de chômage, de recherche d’emploi et d’études. Reste qu’il s‘avère difficile de cerner la fin des démarches durant la période d’insertion, le début de sa stabilité et de djfférencier le tout de la mobilité en emploi. De simple moment bien délimité (en période de plein emploi) on est passé à un processus beaucoup plus étalé dans le temps dans un contexte économique moins favorable où alternent les périodes de chômage, les emplois précaires, avant de connaître une stabilisation dans un emploi permanent. La mutation du marché du travail (la tertiarisation de l’économie, la technologisation et la flexibilisation de l’emploi) aurait entraîné une modification de la structure des professions et des qualifications prolongeant ainsi la période d’insertion.

La plupart des auteurs considèrent le travail comme étant le centre de l’insertion socio économique des nouveauximmigrants (Taboada Loenetti, 1994; Gagné, 1989; Bastenier et Dassetto, 1995). Pour un nouvel arrivant, s’insérer dans le marché du travail est un élément essentiel de son intégration à la société d’accueil. La participation au marché du travail revêt aussi une importance particulière, puisque “depuis le début de l’industrialisation, le travail est devenu le critère et la norme de l’intégration sociale; il procure non seulement des revenus permettant de participer économiquement à la vie de la cité, mais une véritable identité sociale, dont la capacité de définition est devenue plus forte que toute autre appartenance”.’7 Somme toute, on s’entend pour dire que le travail est un élément central de l’insertion socio-économique des nouveaux arrivants puisqu’il permet non seulement de gagner un revenu mais également de prendre part aux activités sociales et économiques. Par contre, l’obtention d’un emploi à temps plein ou permanent n’est pas un gage de stabilité puisque l’emploi décroché peut aussi être précaire et nepas correspondre aux attentes de l’individu.

Les travaux qui se sont intéressés empiriquement au sujet de la stabilité en emploi ont connu unenette prolifération au cours de ces dernières années, surtout dans la littérature occidentale: au Canada, (Picot et al., 2001; Heiz, 1996, 2002), aux États-Unis

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(Neumark, et al. 1999; Anderson et al., 2000; Gottschalk et Moffitt, 1999; Marcotte, 1999; Swinnerton et Wial, 1995), en Europe occidentale (Le Goff, 1997; Balsan et Werquin, 1996; Moncel et Rose, 1995; Doogan, 2001; Henguelle, 1994; Klerman, 1994). Derrières ces études se cachent une faiblesse de taille: elles abordent la stabilité en emploi en faisant référence à la durée d’occupation d’un même emploi, c’est-à-dire conserver le même emploi.

L’association de la stabilité de l’emploi à la permanence d’emploi impliquerait la sollicitude provenant des décideurs politiques désireux d’évaluer le nombre de contribuables participant au marché du travail et ce, de façon continue. “Il est tentant de dire que pour les Pouvoirs publics cette situation est rassurante: l’individu ne pèse plus sur les statistiques de chômage ni sur les ressources de la politique de l’emploi et au contraire, il est devenu contribuable et cotisant. Le chercheur a toutes les bonnes raisons évidentes de considérer que cette situation est satisfaisante, qu’elle est un aboutissement, que la phase d’insertion est terminée.”8 Il demeure que: “Strictly defined, job tenure refers to a worker’s length of service with an employer or enterprise, disregarding any change of occupation. Job tenure is theoretically important as it provides a measure of the firm-specific skills and ‘tacit knowledge’ in the job that is a accumulated over time but as no formal recognition in the shape of educational qualifications or certificates. Job tenure is important also in a policy context as it corresponds to the length of service criterion in labour law, witch determines eligibility for key employment rights and benefits La question de la stabilité d’emploi mesurée par la durée d’occupation peut concorder et répondre à des besoins spécifiques pour des travaux de recherche. Toutefois, cette notion ne convient pas véritablement à la compréhension de la problématique de l’insertion des nouveaux immigrants, car elle restreint la mobilité professionnelle et confme l’individu dans un même emploi qui peut s’avérer précaire. Au cours d’une période marquée par une croissance économique, le nombre de mises à pied diminue puisque la production des entreprises tend à s’accroître. Paradoxalement, dans un tel contexte, la mobilité en emploi connaît aussi une croissance due à

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Vincens,(1997), page 26. Hakim (1996), page 4.

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l’abondance du nombre d’opportunités professionnelles. D’un autre côté, une baisse de régime se traduit généralement par des licenciements accrus et de la réduction de la mobilité d’emploi. Donc, la stabilité de l’emploi, c’est-à-dire conserver le même emploi, est en partie reliée au contexte économique. Dans ces circonstances, la stabilité définie et mesurée par la durée d’un emploi constitue un indicateur médiocre pour comprendre le processus d’insertion.

La question de la durée d’occupation présuppose que le processus d’insertion doit prendre éventuellement fm et qu’il débute àpartir d’un moment déterminé (e.g. fin de la scolarité pour les jeunes ou le moment de l’arrivée pour les nouveaux immigrants). La stabilité en emploi serait le critère le plus couramment utilisé pour marquer la fm de l’intégration en emploi (Vincens, 1997). Les critères parlesquels on identifie les bornes du processus d’insertion sont au coeur du débat. En l’absence d’un consensus, Vincens (1997 et 199$) propose de se reporter aux définitions conventionnelles de l’insertion alin d’en dégager une définition normalisée de l’insertion pour en faire un objet de recherche ayant des balises clairement identifiées. Il propose une approche macro en fixant un critère déterminant si une cohorte est insérée ou non. Cette nonne établie permet par ailleurs d’établir la proportion des membres d’une cohorte répondant aux critères d’insertion de la définition individuelle.

Le chevauchement des notions rend doublement plus difficile la tâche d’apporter une définition circonscrite offrant un meilleur éclairage sur la question, tout en permettant son opérationnalisafion. Plusieurs auteurs se sont intéressés à la question de l’insertion. La littérature sur le sujet porte essentiellement sur les jeunes à la sortie du système scolaire. Malgré certaines similarités apparentes, le processus d’insertion pour les nouveaux immigrants diffère de celui des jeunes diplômés, d’une part, parce qu’ils ont généralement eu des expériences de travail avant leur migration et, d’autre part, parce qu’ils ne sont pas nécessairement jeunes. Un nouvel arrivant est confronté à des difficultés tout autres que celles encourues par les jeunes, à savoir la méconnaissance du marché du travail, la reconstruction des réseaux sociaux, la non-reconnaissance des expériences de travail ou des études antérieures, la discrimination, etc.; s’ajoute à cela le

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besoin de veiller sur sa famille, le désir de retrouver un niveau de vie comparable à celui avant la migration, etc. Il est vrai que, parmi les nouveaux immigrants, se trouvent un certain nombre de jeunes et parfois même de jeunes étudiants adultes venus compléter des études postsecondaires, mais dans l’ensemble la problématique d’insertion pour un nouvel immigrant diffère grandement de celui des jeunes diplômés en général. On préférera dès lors parler d’insertion en emploi pour les nouveaux arrivants, plutôt que d’insertion professionnelle. En gros, l’insertion en emploi fait référence à prendre part au marché du travail, tandis que l’insertion professionnelle vise plutôt à évaluer l’adéquation entre la formation scolaire et l’emploi occupé.

Une grande part de la littérature entourant la question de l’insertion professionnelle a principalement été consacrée aux jeunes. Bien que l’insertion pour les jeunes se distingue par la composition de ses postulants, il n’en demeure pas moins qu’elle évoque un processus similaire à celui des nouveaux immigrants. En matière d’insertion professionnelle, la littérature sur les jeunes a contribué à l’avancement de cette dernière. Sa sollicitation servira à forger une nouvelle notion adaptée aux réalités des nouveaux immigrants. Par conséquent, nous renonçons à faire un bilan exhaustif des toutes les recherches produites jusqu’à ce jour du côté de l’insertion en emploi des jeunes.

À

la figure 1.1, on résume les travaux recensés se démarquant par leur contribution théorique et conceptuelle de ce domaine d’étude précis. De cette littérature, il appert que l’insertion est une notion demeurant en construction et qui continue de susciter de grands débats toujours ouverts. On comprend que ces défmitions laissent place à l’interprétation et que la question de l’insertion en emploi peut varier selon ces dernières.

À

ce jour, les travaux de recherche qui abordent les conceptions et représentations des parcours de travail (Nicole-Drancourt, 1994; Rougerie et Courtois, 1997; Mukamurera, 1999; Fournier et al., 2000

)

parviennent ultimement à compléter les études quantitatives sur les étapes et cheminements d’emploi (Haldm, 1996; Plasman, 1994; Kiennan et Karoly, 1994) ou découlant de la logique temporelle comme la durée des emplois (Heisz, 1996).

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35 o bfl p. r— Q’ Q’ u, o ‘o o r-l

Figure

Figure 1.2 Typologie des profils d’intégration en emploi des nouveaux immigrants Proportion des
Figure 1.3 Classification des profils d’intégration des nouveaux immigrants
Figure 2.1 Probabilité d’être en emploi au fil du temps % 100 90 $0 70 60 50 40 30 20 10 O 0 12 24 36 4$ 60 72 84 96 108 120 mois
Tableau 2.1 Répartition des répondants selon certaines caractéristiques
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