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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Un aperçu des vingt dernières années à l’INRP – II- Politiques de formation de la main d’oeuvre et enseignement professionnel : Quelques points de repère

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Texte intégral

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II

POLITIQUES DE FORMATION DE LA MAIN D’ŒUVRE

ET FORMATION PROFESSIONNEL :

QUELQUES POINTS DE REPÈRE

Madeleine Figeat

Pour comprendre les politiques de formation de la main d’œuvre et plus particulièrement celles concernant l’ensemble du système de formation professionnelle, dans leur mouvance actuelle, il convient de les resituer dans leur contexte socio-économique singulier, autrement dit, à l’origine dans un contexte de crise.

En effet, la crise révélée lors du premier choc pétrolier de 1973 et réactivée en 1975 par la hausse des matières premières est alors considérée, par les gouvernements en place, comme un phénomène d’ordre conjoncturel. De fait, en 1975, une nouvelle loi « relative à l’Éducation » dite « Réforme Haby » est promulguée (11 juillet 1975) dans le cadre des orientations préliminaires du VIIe plan (27 juin 1975). Ces orientations, fondées sur l’hypothèse d’une croissance forte (5,5 %), doivent permettre de pourvoir aux 43,6 % d’emplois déqualifiés prévus de niveau VI. L’adéquation mécaniste entre besoins en main-d’œuvre et niveaux de formation va faire payer aux jeunes scolarisés et scolarisables pendant cette période, un lourd tribut, d’autant que la crise économique va encore s’amplifier avec le deuxième choc pétrolier de 1979.

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1. MESURES PÉDAGOGIQUES ET RÉORIENTATION POLITIQUE

Ainsi, jusqu’en 1979, au sein du « collège unique », « 40 % des élèves de 4e

devraient pouvoir choisir des options technologiques ». Conjointement, d’une part, un dispositif de formations en alternance sous statut extra-scolaire à travers les premiers pactes pour l’emploi des jeunes sans formation se met en place, d’autre part une politique de « redéploiement » se généralise.

Cependant, en 1979-1980, face aux sorties prématurées des jeunes sur le marché du travail sans formation professionnelle achevée conjuguée à une croissance inquiétante du chômage des jeunes, une nouvelle politique en matière de formation professionnelle initiale s’impose.

C’est en ce sens que sont créées en 1979, au sein même de l’enseignement professionnel initial, les séquences éducatives en entreprise destinées à motiver les élèves de CAP et BEP dans leur choix professionnel et enrayer les abandons en cours d’études.

Cette nouvelle modalité de formation institue l’alternance sous statut scolaire et par la même fonde des rapports organiques entre « l’école et l’entreprise » c’est-à-dire entre « l’enseignement et le travail ».

2. LE NIVEAU V DE FOMATION

Cette première mesure va se trouver confortée au niveau des infrastructures pré-professionnelles par la mise en place des classes de 4e et 3e préparatoires en 1980 dont l’objectif est d’élever le niveau de formation générale des élèves de 1e et 2e années de CAP en trois ans. Leur rénovation

en 1984 (création de classes de 4e et 3e expérimentales) associée à la

disparition progressive des classes de CPPN-CPA participent de la

rénovation du collège (en permettant aux élèves d’atteindre la fin du

premier cycle) et de celle des niveaux V de formation CAP-BEP (suppression ou conversion des sections qui ne correspondent plus aux « qualifications requises dans l’industrie et les services »).

Toutefois, l’ensemble de ces dispositions non seulement ne suffisent pas à réhabiliter le niveau V de formation mais encore à répondre aux nouveaux besoins en main d’œuvre de niveau IV.

En 1984, l’état d’indigence de l’enseignement technique et professionnel est patent. La création du dernier diplôme de niveau V, palier terminal des LEP remonte à 1967, alors qu’est institué en 1965 un unique diplôme de

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aujourd’hui baccalauréat technologique) sanctionnant l’enseignement « technique », censé répondre à ces besoins en main d’œuvre.

3. LA CRÉATION DU BACCALAURÉAT PROFESSIONNEL

En juin de cette même année 1984, alors que la France subit de plein fouet la crise économique et que sévit un chômage endémique9, l’UIMM alerte

les pouvoirs publics sur l’absence de cette main d’œuvre de niveau IV sur le marché du travail en raison de la « fuite » des bacheliers de techniciens vers l’enseignement supérieur. La création d’un baccalauréat professionnel s’impose dans les faits, par sa mise en place à titre expérimental, à la rentrée scolaire 1985-1986.

Dorénavant, l’enseignement professionnel s’aligne sur les autres ordres d’enseignement (général et technologique) en matière de délivrance du diplôme terminal de l’enseignement secondaire : le baccalauréat. En outre, par ce mode de formation, le bac pro institutionnalise « l’alternance » sous statut scolaire.

La création du baccalauréat professionnel constitue ainsi un fait historique majeur dans la genèse de la formation professionnelle en France. Éléments indispensables à la réussite de l’objectif « 80 % d’une classe d’âge au niveau bac à l’horizon de l’an 2000 » inscrit dans le cadre de l’union européenne et de l’économie mondiale, les baccalauréats professionnels transforment fondamentalement à la fois le statut et les contenus de l’enseignement professionnel et ceux de l’apprentissage. En intégrant les baccalauréats professionnels, les lois de 1987 et 1992 érigent l’apprentissage en une filière professionnelle à part entière en instituant un continuum du CAP aux formations d’ingénieurs.

Par ailleurs, l’extension de l’alternance obligatoire sous statut scolaire en 1989 et 1992 aux classes de CAP et BEP renverse leurs objectifs premiers : ces formations professionnalisantes cèdent la place aux formations professionnalisées.

En d’autres termes, l’enseignement professionnel se déscolarise structurellement ; déscolarisation endogène liée à l’obligation de stages en milieu professionnel pendant l’année scolaire et, corrélativement, à la diminution des temps d’enseignement.

9

En 1985, le taux de chômage dépasse pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale le seuil des 10 % (10,2 %). Rappel : 1,7 % à la fin de l’année 1962.

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4. QUEL AVENIR POUR LE « BAC PRO » ?

Dans la configuration historique présente, il convient de s’interroger sur les place et fonction assignées aux baccalauréats professionnels et sur leur devenir dans le cadre d’une politique éducative globale ou plus largement d’une politique de formation du potentiel humain.

Lors de sa création, le bac pro devait, pour la part qui lui était impartie, participer de l’objectif global fixé à la Nation : « amener 80 % d’une génération au niveau bac à l’an 2000 ».

Or, si l’on se réfère aux dernières données en vigueur, cet objectif n’est pas atteint. En effet, pour l’année 2000-2001, 69,5 % des jeunes d’une génération (année terminale en baccalauréat ou année préparant à un diplôme de même niveau) sont parvenus au niveau bac (54,5 % en 1993-1994) ; données à distinguer de la proportion de bacheliers dans une génération établie à 61,6 % en 2001 ainsi que du taux de réussite au baccalauréat fixé à 78,8 %10 (2)

Cependant, ce profil statistique qui donne un état du niveau IV de

formation des jeunes générations ne saurait suffire. Ce niveau bac doit

aussi être examiné par rapport à celui de l’ensemble de la population active en France, lui-même situé dans un contexte international.

Ainsi les derniers indicateurs de l’OCDE (Édition 2001 - Année de référence 1999) concernant le niveau IV de la population adulte (population ayant atteint au moins une formation du deuxième cycle secondaire) permettent, à partir de deux groupes d’âge ciblés (en l’occurrence les 25-34 ans et 55-65 ans) de relativiser la situation de la France11.

De fait si le groupe d’âge des 25-34 ans est parvenu pour 76 % d’entre eux à ce niveau, la France se singularise encore par un faible niveau de qualification (42 % pour les 55-64 ans). Pour l’Allemagne et les États-Unis, ces pourcentages s’établissent respectivement en fonction des tranches d’âge retenues à 85 % et 73 % ; 88 % et 81 %.

C’est dire que, si en France les jeunes générations sont de plus en plus scolarisées, il conviendrait de poursuivre l’objectif 80 % niveau bac voire de le dépasser. Le bac pro, pour sa part, doit participer de cette élévation du niveau de formation du potentiel humain et s’ouvrir aux formations post-bac tant il est vrai qu’il contribue non seulement au renouvellement de la

10

Les résultats définitifs du baccalauréat de la session 2002 ne sont pas encore parus. 11

Rappelons que « les écarts de niveaux de formation entre les plus jeunes (25-34 ans) et les plus âgés (55-64 ans) permettent de mesurer indirectement l’évolution du stock du capital humain ».

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main d’œuvre mais encore à l’élargissement des fondements structurels de la société française.

PRINCIPALES PUBLICATIONS

Ouvrages

FIGEAT, M. & CHARLOT, B. (1979). L’école aux enchères. Paris : Payot, 310 p.

FIGEAT, M. & CHARLOT, B. (1985). Histoire de la formation des

ouvriers (1789-1984). Paris : Minerve, 613 p.

Rapports de recherche

FIGEAT, M. (1984). Politique de formation de la main d’œuvre en France. Paris : INRP, 1984, (165 p.)

FIGEAT, M. (1986). Les séquences éducatives en entreprises : une

éducation concertée ? Paris : INRP, 109 p.

FIGEAT, M. (1987). Les classes préparatoires à l’apprentissage : une

survivance pédagogique ? Paris : INRP, 103 p.

FIGEAT, M. (1988). Jeunes 16-18 ans en stages de qualification : une

seconde chance ? Paris : INRP, 107 p.

FIGEAT, M. (1996). Les baccalauréats professionnels : un espoir ou un

leurre ? Paris : INRP, 143 p.

FIGEAT, M. (2001). Les baccalauréats professionnels : un enjeu

historique ? Paris : INRP.

Articles

FIGEAT, M. (1985). Alternance et modification des rapports sociaux (chapitres I, II, VII). Les formations en alternance , 2. Centre Info publications.

FIGEAT, M. (1985). Les pièges de l’alternance. Politique aujourd’hui, 8, 47-49.

FIGEAT, M., & CHARLOT, B.(1986). La formation professionnelle et la crise : un nouveau mode de gestion de la main d’œuvre. Raison

présente, 80, 13-22. Nouvelles Éditions Rationalistes.

FIGEAT, M. (1987). Dossier les séquences éducatives en entreprise.

Cahiers pédagogiques, 250, 7-10.

FIGEAT, M. (1988). Jeunes en alternance. Raison présente, 87, 71-89. Nouvelles Editions Rationalistes.

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FIGEAT, M. (1989). Enseignements technologiques et formations alternées. Les cahiers aubois d’Histoire de l’éducation, 11, 103-108. FIGEAT, M. (1992). L’alternance : histoire et enjeux. In Les formations en

alternance (pp. 55-63 et 97-105). Paris : La documentation française.

FIGEAT, M. (1994). Les formations en alternance : enjeux et effets pervers. Revue du CERFOP, 9, 33-44

FIGEAT, M., BOUSQUET, N. & GRANDGÉRAD, C. (1998). Savoirs et alternance. In Lycées, lycéens, savoirs (pp. 163-169).Paris : INRP FIGEAT, M. (2000). Dossier « Le bac pro ». La lettre de l’éducation, 292. FIGEAT, M. (2002). Les baccalauréats professionnels : quels enjeux ? Les

Références

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