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Une analyse de l'ideologie de Moḥammad Rez̤ā Shāh Pahlavī /

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Texte intégral

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UNE ANALYSE DE L'IDEOLOGIE DE MOHAMMAD REZA SHAH PAHLA VÏ

.

..

Par Jane Tremblay

Mémoire de rnru"trise présenté à la faculté des études graduées et de la

recherche

pour l'obtention du diplôme de Mru"trise ès Arts

Institut des Etudes Islamiques Université Mc Gill

Montréal, Canada Avril 1992

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1

T ABLE DES MA TIERES

Résumé français: English abstract: Remerciements:

INTRODUCTION

CHAPITRE 1: Une idéologie de transition: Le nationalisme posItif CHAPITRE II: La doctrine de la révolution blanche

CHAPITRE III: La vision pahlaVienne de la religion CHAPITRE IV: Le rôle de la monarchie et du Snah

CONCLUSION ADDENDUM

ANNEXE: Texte de la constitution iranienne de 1906 BIBLIOGRAPHIE Il III H

J5

64 H7 III 113 141

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TITRE: Une an:t1yse de l'idéologie dc Moryammad Re!:a shàh Pahlavi, AUTEUR: J'Ule Trcmblay

GRADE. Maîtme è:. Ans

DEPARTEMENT' Insulut des Etudes Islamiqucs

Ce mémoire lentera de décrire cc que fut l'idéologie défendue par le Shah Mohammad Reûi Pahlavi

.

..

d·lr.U1 (1919-19XO). Malgré que le Stïah n'aIl pas lui-même écrit ses positIons politiques, il adhèrera à cc système de pensée qui pourrait aVOir toutes les caractéristiques d'une idéologie. Ce système, qui a dominé la VIC politique iranienne pendant près de trente ans. est fondé sur trOIS principes, SOIt la tradition

monan:luquc iranlcnnc, la constitution de 1906 et la révolution blanche. Ces trois fondements devaient pcmlellre le dévcloppcmcrlt accéléré de l'Iran et qui se traduit par une modernisation de la société ailtii que par une séparation stnctc entre l'église et de l'état. L 'autont~ de l'Islam et du clergé shi~te sera alors rrogrcssivclIlcnt évincé des affaires publiques durant le règne de Mohammad Reza Shm. laissant la place

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à unc doctrinc valonsaI1l à la fois le modernIsme, l'occidentalisation et les traditions royales issues de l'Iran 'UlClCn. Toutefois ce sera ces mêmes fondements constitution, monarchie, révolution blanche -pOUJ1'U1t incompatibles entre eux. qui feront en sorte que ce système n'a pu, devenir une idéologie au sens proprc du termc.

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ENGLISH ABSTRACT

TITl.E: An analysis of the Idcology of Mo~:unmad RC1;a Stffih Pahlavi, AUTHOR: Jane Tremblay

DEGREE: Master of Alts

DEPARTMENT: Institu1e of Islamic Studies

This dissertation will attempt to dcsclihe what wa.'i the ideology dcfcndcd hy Shflh Mol~:Ulllllall

Rc?a PahlaVi of Iran (1919-1980). Dcspite that the Shah didn 't wnte hlmsclf his polilu.:al VICWS, he wouhl

have approved this system of politicai thought WhiCil cou Id had have ail the characterisucs of :Ulldcology. This system, which had dominated the iranian politicallife during a1most thlrty ycars, IS founded on tJuee

princip les such as the iranian monarchial traditions, the 1906 constitution and the whitc rcvolulion. Thesc thret' fOWldations would have pennitted the accelerate dcvelopment of Iran and whlch that mc:Ul the modemization of the society and the strict separation hctwcen church and statc. Thc aulhorily of Islam as weil as the s~ c1ergy will then progressivaly be eliminatcd from puhllc affairs dunng Ihe rClgn 01

Mo~ammad Repi Shah and by su~h t.hing, leaving ail the scope far a do<-trinc whu;h cnpha.-;i/cs modemization, occidentalisation and royal traditions of ancient Iran. Howcver il was the sc thrce fundations, wruch were incompatibles between them, that will make that thlS system wasn't ahlc 10 hccornc

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En plus de nos parents dont l'appui nous furent SI nécessaire pour que nous puissions poursuivre nos études, nf)U~ voudnons exprimer notre profonde reconmussance au professeur Charles J. Adams de ,'fnc.;lJIul dcs Eludc!o> Islamiques de l'universilé Mc Gill et qui fut chargé de diriger notre recherche pour ~a disponihilité, ses Judlclcux conseils et sa grande cAt.érience. Nous voudrions aussi remercier plus panICulièremcnl notre mère, Madame Claudette Tremblay, l')()l!f l'aide apponée pour la dactylographie des premières épreuves du manuscrit ainsI que Monsieur Gholam Hosayn Mowalipur pour la correction des lennes persans du lexte. Enfin, nous voudrions exprimer notre gratitude à l'égard du personel du lahoraloire informatique SSCC de l'université Mc Gill pour leurs précieux conseils et leur patience.

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l

INTRODUCTION:

Alors que heaucoup d'études portant sur les caractérisllques pohtH:II-économiques de l'Iran des PahlaVi ont été puhhées, Il est curieux de constater que très rares lurent les publications consacrées à l'aspect idéologique de ce régime alors 4u 'il 1I11luenccra dc laçun lIétenulII;ulle toute une génération d'iraniens: qu'ils soient en faveur ou opposés à celle Idéologie. BICII lIc~ r:USIlIlS pourraient expliquer le peu de rechcrches en ce domaine. En effet, Il est guère :usé d'entreprenllre ulle étude d'un sUjet si contreversé. Pendant plus de (h;. am la pensée pahlavïcllllc' fut reléguée aux oubliettes de rHistoire ct ce n'est que très récemment, soit à parnr de 1991. que l}uelques tnmologues ont entrepris de nouvelles recherches concernant la dyn~ ... ie Iranierme dcs Pahlavi. La nùson la plus probable Justifiant cette attitude pourrait résider à la fors dans la rareté ct la fialllhté des ~ources

disponibles puisqu'une bonne partIe de ces sources furent conçues à des lins de propagande Idéologlqur qui souvent étaIent en contntdiction ave.., la réalité historique. L'ollJectif de cette étude ne sera donc p:L"i de défendre ou non un système de pensée qui a profondément marqué l'histOIre de l'Iran mal~ d'cn IIrer les principales caractéristiques, d'en analyser la portée théorique et pratique ct enlin. confronter ces caractéristiques avec les faits historiques.

L'histoire de l'évolution de "l'idéologie" Pahlavïpourrait s'étendre depuis l'époque où Rela Knan

..

prit le pouvoir dans les arml~es vingt, en passant par l'effrondrement de la dyna\1ie en 1979 jusqu'aux

l Le terme "pahlaVianisme" sera utilisé pour des raisons pratiques pour désigner tout ce qui ~c

..,., rappone aux doctrines défendues par les PahlavI et aussi pour le distinguer du terme "pahlaVi.c;me", tel que l'entend l'iranologue James Alban Bill et que nous consiôérons comme étant de connotation plut(}t péjorative.

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IClllalJves du fils aîné de Mof.1ammad Refa Stlah pour élaborer une nouvelle dialectique monarchiste durant Ic~ aIlJl~c~. IYXO A l'onginc on ne peut guère parler de pahlavianisme en tennes de système de pensée pUisque le fondateur de la dynastie, Rc[a Khan, n'a pas écrit de manifeste. ni ne fondera de mouvement orgalll ... é prrlllant un message révolutionnaire à l'i:1star du leader turc Mo~tafà Kemal. Par contre même ... 1 011 ne peut retrouver aucurr document où Re~a

Khan

fait Dart de ses mtentions, il est éVident que l'on peut retrouver une mouvation idéologique en considérant les acuons entreprises par Re?,a

Khan

amsi que les écrll~ de ses partisans. Pour Amin Banani, cette motivation Idéologique est basée sur troiS aspects soit une dévotion JU culte du nationahsme-étatisme, la réalisation de ce nationalisme en lTlt'ttant de l'avant un programme de modernisation accélérée et enfin briser )'influence du pouvoir religieux traditionel par

la sécularisatlon2

• Le hut de ce programme sera évident: soit éliminer toute ingérence étrangère des

afl:tircs politiques de l'Iran même SI cela doit se traduire par l'imtauration d'un régime dictatorial mdépclllJ:uument de sa nature3

• D'une certaine ma.n!ère on peut affinner que le mot d'ordre de Re~ii

Khan lut essenciellcrnent celui de l'efficacité.

Son fils Mo~ammad Reia shàh (1919-1980) aura un raisonnement plus complex.e. Tout comme cllel Re{~ Shah, on retrouve un ensemble de politiques réformistes, tourné vers la modenùsation ainsi que des allusions à la gloire passée de l'Iran anté-islamique et une pos!tion résolument en faveur de la

~ Amin Banaru: The Modemizatiop of Iran 1921-1941, Stanford UniversHy Press, Stanford. 1961, pp.44-45.

1 Pour Rela Shah il n'est guère important que son régime soit républicain ou monarchiste puisque le chOiX du type de régime envisagé dépende ra plutôt du calcul politique que de l'idéologie. Selon M, Rc~a Ghods, SI Re!.'a

Khan

fut pour un temps républicain, c'était pour s'attirer la sympathie des députés socialistes ct pmgressistes du cmquième Majles. Cependant le projet de république va inquiéter énormément le clergé Shi'ite et suite aux pressions énergiques desC'ulama', Re,a

Khan

changera son fusil ll'épaule et optcm pour la monarchie dont il sera le nouveau Shah. Voir M. Reia Ghods: "1 rani an Nauonalislll and Ren Kh:Ul", MIddle Eastern Studies, vol. 27. no. 1, 1991. p.41. "

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sécularisation. Par contre ce qui distingue la pensée de Mohammad Re/a Shah de son père résuJc! dans

.

..

la volonté de faire de ces principes les hases d'une IdéologIe distincte ~:aracténsée par sa lIalul\'

monarchiste et "révoluuonnaire"4 pUIsque- ~on huI avoué est de changer du tout au tout

1.'

sonét~ Iranienne et possIblement inspirer les autres. ToutefOIS peut-on parler d'unc IMologlc pahlavlCnnc l'Icl'. au même titre que le SOCIalisme ou le libérahsme'! Il serait asse/ présomptueux de prétendre _IUl' le.'

pahlaYranisme pUIsse se comparer aux pensées polillques majeures du XXemc siècle pUIsque les émts des auteurs pahlaviens -que ce soit ceux du shàh lui-même ou de ses partis:U1s- recèlelll dl' n(lmhrl'lI~l'!'> lacunes et contradictIOns. L 'ohjectif de ce mémoire sera donc de donner un appcrçu des pnr\l.:lpale!'> caractéIistiCfues de œ que fut l'idéologie dont se réclamait Mohammad Rezâ Sliah Pahlavi" penll:ulI la

.

..

période s'étendant depuis la chute du gouvernement Mo~~adegh de 1953 jusqu'au fCnversemcnt du régIme impéria! par l'Ayatollah Khamayni en 1979. Comme point de départ de notre recherche, lUlUS nous sommes surtout servi des trois livres publiés en unglais et en français attnhués au ShaJl soit· "Mls!'>ion for my COWltry" (1960), "The White Revolution" (1967) et "Réponse à l'Histoire" (l979)~ Toutefois IHIU", avons cru bon d'avertir !e lecteur de nos doutes face à l'authenticité de la paternité de ces ouvrages En

effet rien ne nous prouve de façon indéniable que Pahlavi ait écnt lui-même ces Icxtes. Selon un article publié par la Gazette dz Montréal du 23 avnl 19896

, James Yuenger du ChIcago Trihune affinne que le Shah fit appel à ce 'lue l'on désigne comme étant des "nègres,,7 ?Our la rédaclion de ses mémoires

4 Nous employons ici la tenninologie "révolutionnaire" au sens que Ics pahlavicns l'entcndent

c'cst-à-dire un mouvement semblable à la révolution dite "c1assiquc" au niveau des ohJcclIfs à atlcllldrc mais qui ne nécessite pas de prise de pouvoir dans je sang.

S Il existe un quatrième ouvrage attribué au Sh'ah intitulé "Vers la Gmnde CiVIlisatIOn" dont nous

avons pu aVOIr accès mais uniquement dans sa version persane. Etant donné notrc connaiso;ancc encore limitée de cette langue, nous n'avons pas pu utiliser cet ouvrage dans l\" cadre dc cette recherche.

6 James Yuenger: "The Man who would be Shah", The Gazette. Montréal, 23 avnl 19K9.

7 Le tenne "nègre" est habituellement utilisé pour désigner une persorme employée pour écnre un

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,

l

r

4

aUls; 4ue tic ~cs tnuté'i polniquc'i. Dan'i le premier 01: v rage qui lui a été attnbuë, Mo~ammad Ret~a Pah!aVi reconnaJtra aVOJf reçu l'aide du professeur Doll~~d Wihelm Jr. qui à cette époque enseignait au départcment de 'iCIC!lCC pOhll4ue dc l'université dc Téhénm ainsi que de la part d , Homayun Bahadori9. Par LOlllre , le ~ec(Jntl ouvragc puhhé par PahlavI SOit "The White Revoluuon"IO ne mentionne pas de Ilorn~ tic la ou lIe\ pc~onncs 4UÎ aurrucnt pu y contribuer. Cependant suite à un entretien que nous avons pu ohtcllir av CL Ic profe~scur William Millward, Il cst fon probable que le "n~gre" en question pUisse être Roger Cooper. l 'hommc d 'affalres hntanr.ique qUi fut d'~tcnu par les autorités de Téhéran JIJ~qu 'en 1991. Enfin le denucr livre -"Réponse à l'HistOlre,dl puhlié quelques mOIs .Ivant la mort du Shah en 1980, aurau pu êtrc dc la plume du françrus Henri Bonnier des éditions Albin-Michel12 et qui fut responsable du projet de puhlicallon.

Face à celle nomenclature, il existe donc de fones possibilités que ces trois ouvrages ne furent pas écrits par le Shâh et dont le problème d'authenticité pourrait rerr~ttre en lluestion la validité de notre recherche. En outre nous avons aussi remarqué le peu ou l'absence de référel1ces que tout théoricien pohuque sc llmt de mcntionner pour appuyer son hypothèse ainsi que la présence de contradictions

K Mob:Ullmad Reza Pahiavl. Mission for my Country, Hutchison, London, 1960, p.9.

'J D'autres personnes ont pu également collaborer à la rédaction de "Mission fOI IUy Country". Le

Sh'àh dtcm les noms d'ijGsaynCAh Ghamgozlü, du docteur Re~i Zàdeh Shafaq et du docteur LotfC"afi (ùmtgar ljll1 furent appellés à relire le manuscnt et émettre le~rs suggestions. De plus, pour certaines partlcs plus spécifiques de l'ouvrage. collaboreront également Hosayn CAla, 'Abbas

Arnm,

Reza Hekmat, Fath 'ullah Nati\.:T. le sénateur Hassan Taqiladeh ainsi que le Général Moneza Yazdanpanatt. t. •

. ' ,.

III Mohmnmad Reta Pahlavi: The White Revolution, Imperial Pahlavi library, Tehran. 1967. 11 Mllh:unmad Re/a Pahla\·i: Réponse à l'Histoire, Albin-Michel, Paris,1979.

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évidentes qui auraient pu être évitées par l'auteur présumé lors de la rédactioll. Vu cc pmhlèmc. Il est donc pratiquelJlent impossible. hors de tout doute misOIUlahlc. d'authentIfier la palenulé de hl pcnSI'l' politieo-philosophique de Mohammali

.

Reiü Pahlavi Par contre l'analy~e de l'es livres peUl S'''V\\fCf

'.

précieuse dans l'étude et l'évolution des valeurs défendues par un groupe pOllIllJuC en paftu.:ult~r. son componement au sem d'un environnement donné, son mllucncc en t:U1t que groupe Ile presslllll, CIl' De plus ces textes sont susceptibles de conserver leur pleine valeur pour notre recherche puisqu'lls donllent un aperçu des convictions polttiques d'un groupe panlculier, à savoir les llIonarchlstes Iraniens. cl auxquelles le shàh a adhéré en apposant sa signature sur ces ouvrages.

En plus de ce problème d'authenticité. nous mmes aussi confrontée à un autre ohstacle soit la fiabilité des sources pro-monarchistes publiées durant le règne de M()~ammad Re!.a ShUh. En clfet, lUlUS avons constaté que la plupart de ces ouvrages furent rédIgés de façon à ne pas nUlle au souverain ir:UliclI au mIeux en ignorant toute queslIon controversée comme par exemple la questIon des drOlls hum'lins Cil

Iran et. au pire. en f;>~3ant une apologie dithyrambique du régime sans aucun sens critIque. Afin de réduire au maximum toute possibilité de biais. nous avons donc ici opté pour une approche critique grâce à 1'~ludc des multiples analyses de la politique iranienne contemporaine publi~es après les évènements de \l)79tout en conservant pour toile de fond le contexte historique de 1 ?époque.

Suivant J'évolution chronologique des évènements qui ont marqué le règne du dernier Shah d'Iran. ce mémoire sera divisé en quatre chapitres qui traceront un poltrrut des principales caractéristiques dc l'idéologie du réglffie impérial. Ainsi le premier chapitre sera consacré au "nationalisme positif' en tanl que doctrine de transition, de réponse au nationalisme de Mo~s.adegh et de li! définition qu'cn donne Ic

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Stïah. De plus nous accorderons une place importante à la question du rôle crucial que tiendra le clergé

0;111 ite dans le coup d'état de 1953 ct cnfm nous étudierons de plus près le rôle du souverain pendant cette

t:ri'ie ct qUi fut, t:ontraircrnent à cc que croire, mineur.

La doctrine de la "révolution blanchc" constituera l'essenciel du second chapitre. Divisé en trois parties, on retrouvera dans un premier temps un apperçu des théories de Samuel Huntington ainsi que de Manlrcd Halpern expliquant les motivations poussant un monarque d'un pays en voie de développement à entrc.prendre des refonncs. La seconde partie traitera des éléments de la doctrine telle qu'elle est perçue par Muhammad Reza Shàh ct de la tentative de la légitimer dans une optique islamique. Enfin,

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..

il sera queslion dans la troisième partie de la creation et des objecbfs du parti RastàkJiiz.

L 'ohjet du troisième chapitre portera sur la vision pahlavienne de la religion. Il sera nottament queslion du concept de la monarchie sacrée dont les origines remontent à la fondation de l'empire perse

il Y a plus de 2.500 ans en passant par la transfonnation du rôle royal sous les Safâvides et la tentative

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lie la pmpagande du régime impérial de faire revivre cette tradition royale de droit divin. Une bonne partie du chapitre traitera des vues religieuses personelles du Snah, son mysticisme et aussi du rôle idéal selon lUi du clergé dans la société moderne des PahlaVi.

Le mie de la /llonart:hie ct du Sh'ah sera le thème qui sera étudié dans le quatrième et dernier chapitre. La première partic survolera la question du rôle à la fois traditionnel et "révolutionnaire" du monarque d'après les textes ct les opinions du Soah. La seconde partie quant à elle sera consacrée au rôle ainsi

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7 qu'aux droits détenus par le souverain dans le cadre de la constitution iranienne de 1906. L.a troisième et dernière partie du chapitre se concentrera essenciellement sur les thèses détendues par des auleurs monarchistes tels Ra. nesh SanghVi et E. Burke lnlow sur les foncHons royales.

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CHAPITRE 1

Une idéologie de transition: Le nationalisme positif (1953-1960)

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l) CHAPITRE 1

Une idéologie de transition: Le Nationalisme positif (1953-1960).

C'est avec la chute du gouvernement Mossadegh dumntle coup d'état de

••

195~ 4ue le Shah d'lr,Ul jettera les bases de sa doctrine politique en élaborant la théone du "nationalisme positif' dont le pnnnpal objectif était de devenir une alternative au nationalisme dit "négatir' de Mo~~adegh. Pour

Mollammad Refa Shlih le nationalisme positif sera un ensemble de mesures pemlcltant de lairc accédcr l'Iran à l'indépendance politique et économique mais qui n..: devra pas nécessairement être interprété comme une politique de non-alignement. Le pay~ Gcvait donc être en mesure de contracter des alliances non pas dictées par les intérêts d'autres états ou au nom de "principes vagues" mais plutôt être en accord avec les intérëts du pays. Ainsi, souligne le souverain iranien, l'Iran pourra maintenir une politique d'ouverture à l'égard de l'étranger et prendre avantage de toute aide technique éventuelle Cil autant 4uc cette aide ne nuise pas à l'indépendance du paysl. Dans un premier temps, Pahlavi fait une descnplion de ce qu'est pour lui la notion de nationalisme et qui peut être interprétée de deux façons. Dans sa lonnc "véritable" le nationalisme peut apporter à un état la renommée et ce sera, d'après le souveram Iranien, cette forme de nationalisme qui sera à l'origine des progrès de l'Amérique ainsi quc des réalisation!> de son père Rcza ,h8h en Iran. Cependant le concept de nationalisme peut aussi être utilisé par tics "traitres

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locaux" ou par de!! puissances extérieures en vue de permettre l'i.1filtration et la suhversioll impénaliste pouvant déboucher vers un "suicide national"2. Pour l'empereur, le nationalisme de M0!'is..adegh lomhc dans cette dernière "atégorie puisque ce sont ses politiques "négatives" qui plongeront l'Iran du déhut de!>

1 Mohammad Reza PahlavI: Mission for my Country. Hutchison, London, 1960, p.125. 2 Ibid, p.l26.

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f

Bretagne d'étendre leur influence dans les affaires intérieures de l'empire. De ce fait, même si les positions de MG~~dgh peuvent être définies comme étant nationalistes, il sera alors nécessaire d'inventer une nouvelle termmologie définissant le "vrai" natIOnalisme. Puisque les politiques de Mo~~adegh furent (;olL<;idérées wmme négatives, le Shah suggérera l'utilisation du terme nationalisme dit"positif' pour se distinguer de la pensée de MO~liadegh les idées que le souverain considère comme étant celles d'un "véntahle patriote".

ToutefüJs de quelle manière peut-on distinguer ces deux fonnes de nationalisme? Selon Mol}ammad Re"à PahlavI. il suffit de quatre indices permettant de faire cette différence.

Premièrement, il faut considérer toute personne prêchant le nationalisme négatif comme étant automatiquement suspecte. :1 est ici à noter que si on relit le texte que le shih consacre au nationalisme3 œlui-ci ne donne pas une description detaillée de ce qu'est précisément dans son esprit le nationalisme dit "négatif' si ce n'est quelques allusions à quelque chose d'''émotionel'' et "spectaculaire" pouvant avoir des effets destructeurs. Tout au plus, le Shah associera le nom de Mo~~adegh à ce nationalisme "négatif'. La seconde manière pour détecter cette forme de nationalisme sera pour PahlaVi de détenniner si ce national isme ne dénonce qu'un seul type d'impérialisme et néglige tous les autres4• Dans l'exemple

cxposé par le Shâh, M~~adlgh dénoncera que l 'imoérialisme britaruùque alors qu'il pennettra l'intégration de mcmhres du Tudeh au sein du Front National. Selon le souverain, Mossadegh aurait intentionellement

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,

ou non detou~ l'attention de la population du danger de la menace soviétique en attaquant que le prohlème de l'impérialisme britannique. Troisièmement, il faudra aussi détenniner si un groupe

l Ihld. p.127.

4 Curieusement le Shah fera lui-même la même erreur en étant particulièremeut critique à l'égard de

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!!

nationaliste entretient ou non certains liens avec les groupes ou des pUIssances étrangères. Pour cc f,lII'C il suffit de comparer le programme politique d'un groupe donné avec les discours de Ïonllatinns politiques majeures et extérieures au pays. Si les programmes s'avèrent similaires sur la plupart ltcs pfUhl~mcs abordés, il faudra alors avoir de sérieux doutes en ce qui concerne l'authenticité de l'indépend.U\l'C lI'un nationalisme indigène professé par le groupe politique en quesuon facc aux pUIssances exténeurcs Finalement il faudra s'enquérir auprès du groupe nationaliste comment il compte apptlner des améliorations au développement du pays, Si le programme de cc groupe consiste cn ulle série de positIOns négatives ou vagues ou s'il dispose d'un programme précis mais refuse "de se ~()nsacrcr sur les arrangements pratiques nécessaires à son exécutionS", ce groupe devra aussi être considéré comme suspect. Par contre, poursuit PalùaVi, si la formation politique propose un plan "positif', avec de honlles idées pour les mettre à exécution et ce dans un climat de "détermination tranquille qui hâtit une nation" alors le lecteur pourra lui accorder sa confiance,

A sa doctrine du "nationalisme positif' le souverain iranien y reliem la question de la Iiherté d'expression mais surtout celle de ses limites, La liberté d'expression sera limitée par le pmhlème de la subversion ou plus précisément par les groupes qui en font la promotion. Ces groupes se lemm habituellement passer pour des organisations nationalistes mais dont les objectifs seront au contraire de nuire aux intérêts nationaux et de mettre en ~ril les droits acquis au sem d'une société Iihre. Ces organisations devront être nécessairement controlées pour empêcher toute posslbihté de changement politique par des moyens anti-constitutionnel", Panni ces organisations à "risques", Pahlavrva mclure le Front National et le parti Tüdeh. D'apres le souverain, il fut prouvé lors des procès suite à la chute de Mo~s.adegh que les deux formations politiques en question exigeaient des militaires qui en étaient

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~ympathiqucs à l'Union Soviétique". Par contre le contrôle de ces organisations ne voudra nécessairement pas slgllltier la négation totale des libertés individuelles. Théoriquement, le Sh"àh ne sera pas opposé à la critique pUisqu'clic peut pcnnettre le devoilcment de certains abus mais SI le Sh3h approuve le principe des hhcrtés IIldivlduelles, il sera par contre farouchement opposé à la liberté de trahir son pays et maintiendra qU'II faut prendre tous les moyens disponibles pour empêcher que cela se produise. Ainsi alfinnC-I-il:

"In counteracting subversion we also found that the main emphasis should always he placed on social justice rather than on coercion and control measures. It is true that, especially in a country as stralegicaJly placed as we are, there may he a need to act quickly and decisively to combat altempts 10 topplc the govemment by unconstJtutional means, particularly those which are foreign IIlsplred. Today every free country needs a political security agency which m cooperation with oUler govcrnment departments, can detecl and neutralize altempts of mat kind. In present day conditions, any otller course would he reckless7

Il •

Pour contrôler la menace de subversion PahlaVi propose donc à la fois l'usage des services de renseignements et l'instaurntion de réfonnes pouvant assurer une meilleure justice sociale qui permettra de gar.uHir l'appui de la population. En effet les mesures policières et la répression ne peuvent suffire à long tcrme à limiter la subversion. Il faudm mettre en place des réfomIes économiques permettant non

~ Ihid. p. 128. Le lecteur devra toutefois s'interroger sur la validité de ~e'S ptcuves. On pourra au plus parler d'un prétexte à neutraliser les activités potentiellement dangereuses de ces officiers à { l'indépendance de l'Iran dans le contexte extremement tendu de cette période de la guerre froide.

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seulement d'établir la justice sociale mais aussI développer le pays ann qu'il puisse accéder à l 'md~pendance économique et politique. Sur le plan humain le nationalisme pt1s1lif offnra aussi ulle

politique d'ouverture face à ceux qUI autrefois étaient membres du Front National ou du parti rommul\lstc et ceux-ci seront invités à Jomdre le gouvernement. D'après le Sh'lih, ccrta.llls d'entre eux auront apponé des contributions utiles au pays et pendant un ccltain temps, ces nouvelles recrues aumnt même puhllé un mensuel contenant des articles portant sur leurs anciennes expérienccs et sur les raisons de leur conversion à la doctrine impérialeS.

D'une certaine manière, malgré le peu d'indications précises que l'on retrouve dans les textes attribués au Shlih, on pourrait résumer les objectifs du nationalisme positif comme étant une politique de transition permettant au régime impérial à la fois de stabiliser son pouvoir et de mettre en place une politique de développement énergique. En effet, malgré la victoire du régime sur les nationalistes. l'emprise sur le pouvoir était loin d'être assuré et la recherche d'appuis notamment auprès d'andells supporters de Mo~~adegh pouvait se révèler nécessaire. Dans la seconde édition de son ouvrage consaaé au nationalisme irani~.l, Richard Cottam expose le problème que fut pour le régime le choix de teS sympathisants du Front National ainsi que de la question du recours à la répression9• Scion Cottam, deux

solutions auraient pu être envisagées par le régime impérial pour s'assurer l'appui de l'opposition. Premièrement le gouvernement dirigé par le général FazIGlI3h Zihidi aurait pu nommer au cahir:et certatn'i

nationalistes n'ayant pas été suspectés d'avoir reçu des appuis étrangers. Si ce choix s'avère insuffisant, le régime pourrait octroyer un porte-feuille mini3tériel à des politiciens très respectés tels le Docteur

8 Ibid. p.129.

9 Richard W. Cottam: Nationalism in Iran, second edition, University of Pittsburg Press, Pitlc;hurg, 1979.

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autontaire ou encore Kham Malek! un anti-communiste notoire de la coalition Mo~~adeghiste mais,

l:OlIlmc le <;ouhgnc Cottam, une telle politique demandait trop de risques tant du coté du g;:mvemement

zà/uw que de la l,art de'; nationaltsles. Pour Zattidi' adopter une telle politique aurait signifié la perte du ~ouliclI de la dasse oligarchlquc qui l'avait appuyé lors du coup d'état et pour les nationalistes, une telle alliance avec le régimc signifirait automatiquement une mort politiquelO

• La seconde alternative, quant

à clic, aurait été de réétahlir la popularité de deux importants alliés de

Zarudi

lors du coup d'état soit Baqa 1 ct l'AyatDlliih KiL'ihani mais ceux-ci seront rapidement écartés de l'arène politique par le général iranicn.

MaJgré les assurances que le Shah nous donnc dans son ouvrage sur la volonté d'ouverture de son régimc lace à l'opposition nationaliste, cette tentative de rapprochement sera en fait un échec total et ce, grâce aux erreur.; stratégiques commises par le gouvernement lui-même. Non seulement le régime pmcédera à l'arrestation de certains leaders nationalistes les plus influents mais aussi on intentera le 8

IIllvcmhrc 1953 cc procès célèbre contre MO!is,adegh et qui donnera à ce dernier une image de martyr auprès de J'opmion publique. De son coté la propagande du régime entreprendra une campagne acharnée. A titre d'cxcmple Ic monarchiste Ramesh SanghVitracera un portrait très peu flattem de Mossadegh qui

..

scra pcrçu comme un "réactionnaire", "vivant dans un monde disparu depuis un siècle" et qui considérait la réalité politique iranienne comme ttant dominée par la présence de la Russie tsariste et de la Grande-Bretagne sur le territoire pcrsan. Par ailleurs, poursuit SanghVi, si Mo~~adegh était réactionnaire et anti-occidental c'cst que toute tentative de moderniser le pays devait non seulement signifier une plus grande dépendance dc l'Iran mais aussi le début d 'lm important changement social susceptible de miner

(

(20)

sérieusement le pouvoir que détenait la classe aristocratique dont Mossadegh fmsait partic

..

ll. En voul:ult

moderniser le pays, les PahlaVi seront perçus par SanghVi c(,rnmc unc menace par Mossadegh qUI. selon

.

, ra~(eur monarchiste, croyait fennement que la modernisation étau équivalente i\ la tmhison. D;UlS ses mémoires le Shah semble lui-aussi adhérer à ces allégations:

"1 remember on day, Mossadegh told me 10 my face that my father was a trallor. 1 asked why. He said because my father had build the trans-iranian railway jusI to please Ihe Bnlish. who w;uuetl to use it to invade Russia. Then 1 asked if, according 10 his theory. my father should have huilt the railway in a different direction. His answer wu:. that my father should have hUild no railways whatsoever, that Iran do not need them and that she was bettcr off without thcm. Wamung lU tus subject, Mossadegh went on to declare that before my fathcr's time. Iran had no railways ur ports worth narning, you could scarcely cali the roads by Ihat narne, :Uld in Tehrafl people had 10 walk in the dirt and mud because there was no pavement. But at lea.'it, s.ud Mossadegh, Ir:Ul was independent" .

Le Shah ajoute aussi:

"1 reminded him (Mossadegh) that before my father's reign Iran was still under the yolk 01 capitulations. In that period, half the country was dominated by the Russians afld the other haJf hy the British. Law enforcement was then so ineffective that even in the carly evening a wise man kept off the streets of Tehran which was infested by thieves. In whal way, 1 asked Mossadegh, were we then inde pendent? He had no answer. But 1 could see that rny argument,> had nol altered

(21)

On pourra touJours wntester la validité des accusatIOns de SanghVï et du Sh"tih à l'égard de Mossatlgh. Toutefois le ton même de ces pmpos ainsi que des stratégies adoptées par la propagande du

..

régime Htlpénal mdique d'une façon indéniable la profondeur du différent opposant le ShÏÏh .\ son premier IIIHlIstre. L 'ongine de œlte rivalité pourait avoir au moins de;\x sources: l'une essenclellement idéologique, l'autre étant au niveau personnel. A ce niveau même sion ne peut prouver que le Shah avait une œrt:.une admirauon à l'égard 1e Mo~~adegh, il aura au moins une fois plaidé sa cause. En effet. sous le règne de Re~~ ShiÏh, Mo~~adegh avait été arrêté et emprisonné dans des conditIOns qui portèrent séneusement attemte à sa santé. Selon Mohammad Reza shàh, la famille de Mossadegh l'aurait sollicité

' "

"

à plusieures reprises atin qu'il mtervienne en sa faveur auprès de son pèrell

. Celui-ci après de fortes

réticences répondra en partie à la requête de son fils et fera transférer Mo~s.adegh en résidence surveillée l4. SUite à ce transfert Mo!'s.adegh aurait alors écr.t ..

,

à Mohammad Rezi shàh pour lui exprimer ' . , sa gratitude ainsi que son allégeance envers "celui qui lui a sauvé la vie"ls. Lorsque plus tard, durant la pénode précédant le coup d'état de 1953, Mo~~adegh se retournera ouvertement contre le souverain, celui-d aUl:.ut peut-être encaissé cet affront d'une façon très personelle et cela expliquerait-si on reprend celte

I! Mohammad Reza Pahlavi: Mission for my Country, op. cit. p.84. Il Olivier Warin: Le Lion elle Soleil, Stock, Paris, 1976, p.112.

14 Farhad Diba: Mossadegh: A Political Biography, Croom Helm, London, 1986,p.61. C'est par l'intervention expresse d'Ernest Perron-dont l'amitié avec PahlaVi remonte à l'époque où le Shah POUrsUIv,.:ut ses études en Suisse et dont le médecin traitant était le fils de Mo~s.adegh- que Moqammad Re~a Shah déCidera de plaider en la faveur du fameux nationaliste. Cet incident sera aussi confirmé par Mo~~adegh lui-même. cf. Mohammad Mo~sadegh: Mussadigh's Memoirs, Homa KàeuzTyan ed., Jebhe, London. 19NN. p.:H6. Aussi vo{r: Homa KâlllZlyan: The Political Economy oflran: Desootism and Pseudo-Modcmlsm,New- York university press, New-York.l98 l.p. 125.

(22)

11

hypothèse- l'acharnement que le monarque investira à discréditer Mossadegh .

.

.

L'autre hypothèse qui est la plus plausihle cl qui explique la rivalité PahlaVT-Mossadegh pourr:ut "

seulement être d'ordre idéologique. Dans le dernier ouvrage que le Sh"àh fera puhlicr aV:Ull sa mort cn

1980, celui-ci ne cache pas ses réserves à l'égard de Mo~~adegh. AinsI même SI le Sifah com:èdc que le premier ministre d'Iran fut pendant un temps un ardent défenseur de la Constitution, "d'un gouvcntClllCllt représentatif et de la légalité,,16, Mo~~adegh sera pour l'empereur un hOIll!HC csscndcllcment "négatif',"xénophobe" et totalement "irrationel"17. Cependant malgré ce jug~melll peu flatteur le Sh:lh appuiera entièrement les deux pnncipaux objectifs visés par Mo~~adegh soit la nationalisation du pétmlc et l'inc~pendance politlco-économique du pays. Là où la dissension sera plus éVidente entre les deux hommes résidera dans les moyens qui devront être utilisés pour atteindre ces buts. Pour le Shah cc sera la politique de la modération soit de renégocier l'accord pétrolier avec les BritaJUliquc'\ qui primera mais que Mo~~adegh va rejetter. Pourtant il semble que Mo~s,adeeh ait à l'origine accept~ de jouer la carte (le la modération. En effet, au cours de nos recherches entreprises pour la rédaction de ce mémoire, lUlUS avons pu entrer en contact avec une personne ayant vécu d'assel près les évènements de 195] dont nous ne pouvons pas dévoiler l'identité pour des raisons de sécurité pour lui-même ainsi que œrtams memhres de sa famille résidant encore en Iran. Selon cette personne que nous nommerons ici MonslCur "A",

Mo~~adegh aurait accepté dans un premier temps les propositions Stokes el Harriman maIS quarantc-hult heures plus tard le premier ministre se ravise et durcit sa position. Selon "A" ce changemeJlt serail survenu suite à l'intervention du Professeur Hll.\ThT (mort en aoat 1991). spécialiste des questions

1 •

16 Mohammad Rela Pahlavi: Réponse à l'Histoire, Albin Michel, Paris 1 979,p.67.

17 Ibid. p.65. Pour appuyer ce jugement de valeur, le sf)uverain citera comme source de références certains documents publiés par l'ancien président du Majles Sardiir Fakhr et de la correspondance tenue par l'ambassadeur de Grande-Bretagne à Téhéran (archives du Foreign Office) et du comml hntannique

(23)

:(

Polytechmque (France), Il fallait à tout pnx exclure d'Iran les techniciens bntanruques et fenner \' AIOC alor ... que le~ mgémeuf'i ct les entrepnses des autres nations :.valent alors libre accès au pays. Pour "A"

cc .,cra œlle humiliation qUi radicalisera la position anglaise et qui devait ultimement conduire au renversement de Mossadegh ,

,

L'élémcnt religieux est sans aucun doute le grand absent de la doctrine pahlamnne du nationalisme positif. Dans les (ex(rs attnhués au Sl1ah durant cette période ainsi que ceux faisant l'apologie de sa philosophie, on ne retrouve aucune allusion à J'aspect religieux et encore mOins à propos de l'Islam. Ce qUI est paradoxal lorsqu'il est indéniable que le clergé Sh7ite a joué un rôle crucial lors de la crise de 1')5 ~ ct que sc~ pnses de position ont pu, d'une certaine manière, permettre au Sh:th de conselVer son trône. Au cours de la première tentative de coup d'état le 20 février 1953, parmi les membres du clergé qUI Jouemnt un rôle Important à cette époque, on retrouvera J'Ayatollah KâSharu dont la collaboration et la rupture suhséquante avec le Front National de Mo~~af1egh seront détenninantes. Peu après son retour

du Lahan où Il avait été exilé pour avoir publié une déclaration en faveur de la nationalisation du pétrolclK

, l'Ayatollah Kasharu soutiendra le Front National en dénonçant I,e 21 décembre 1950

"!'cxploitatJOn de ,'Iran par l'Anglo-lranian Compagny" et ralliera aussi à sa cause certains'U1arna' runsi que œrtams grou~s se présentant comme étant des disciples d,,; KashiiIü' 9. Cependant les méthodes

clllplny~es par ces groupes pour parvenir à leurs fins ne seront pas nécessairement conformes à la tradition parlementaire du pays. D'après Yarm Richaro, Kal\haruva user de toute son influence pour faire aquitter Khaffi TahmasihT. un membre des Fadi?yan-! Islam qui avait assassmé l'ancien premier ministre le général

,v Yalm Richard. "Ayatollah Kashani: Precursor of the Islamic republic?", Religion and Politics in Imll: Shl'Ism fmm QUietlsm to Revolution, Nilc".ki Keddie Ed., Yale University Press, New-Haven,1983, p.109.

(24)

..

.!2

Razmara. d:t le "Diable". réputé pour son hostilité face à la religion. Dans une dédar.lUllll-chllC Kash1üü

ua jusqu'à dire qu'il prend toute la responsabilité de cette "exécution" et félicItera son "héroïque autcul'''~ll

confinnant ainsi sa sympathie à l'égard des Fada~yan-i Islam.

Cette alliance avec les Fadli'yan-i Islam sera brève. Désirant obtenir l~~ nationalisation du pélmlc iranien. K1isharu devra soutenir le gouvernement Mo~~adegh mrus ses forces seront suffistmllllclIl solIdes pour exerrer des pressions sur celui-cl. Les supponers de Kâsh"fuli pourront alors empêcher MOSS'lllcgh ,

.

d'obtenir LOUS les pouvoirs exécutifs pour poursuivre ses négociations Jvec le;, Britru1l114ues. Suite à CI!

refus, Mossadegh se tournera du coté du Shah et tentera d'obtenir le porte-feuille de la guerre mais

..

id

encore le premier ministre iranien essuiera un échec et remettra sa démIssion au souverrunl l

Le nouveau premier ministre sera Qaw3m al-Sal~aneh mais son mandat fut éphémère: deux JOurs après son arrivée au pouvoir, il sera renversé et Mossadegh retrouvera son poste. D'après

.

,

Y<Ulll Richard,

KashaoÏfut le mai'tre d'oeuvre de ce retour. Il convoquera les journalistes, refusera tout compromis avec Qawam et communiquera une décJaration22 qui donnera l'occasion à Qawam d'ordonner l'arrestatioll de l'Ayatollâh mais celui-ci pourra l'éviter grâce à l'appui de la foule de ses partisans réums alOI'll autour de

sa maison.

20 Ibid.

21 Ibid.

22 Ibid. p.llt. Au sujet de cette fameuse déclaration Richard se réfère à l'ouvrage "Qiyam-e mellat-e

mosalman-e Iran" de Mahmüd Kisharu publié à Téhéran en 1980 dont Il tire cet ex.trait: "Foreigners, lJy the intermediary (of Qavam) are preparing to strike al the bases of religion, of liberty and on the country's independence and to put the islarnic nation back 10 captivity. 'l11e plot to separate religion and politie that was for centuries propagated by the British, which trics 10 ~top

the islamic nation from taking control of its destiny éUld from tulfilling i15 religlOus and social duties, is today the directing line of tJùs ambilious man (Qavam)".

(25)

le premier ministre face preuve de grautude suite à J'aide apportée par le clergé mais Mo~~adegh ne voulait en aucun cas partager son prestige retrouvé. Mo~~adegh va alors miser sur la position isolée de KâsliaJ1i au sein du dergé ct aussi du fait qu'il n'a pas pu augmenter le nombre de ses partisans par des sentiments religieux maIS uniquement grâce au sentiment anti-impérialiste de la population. Mossadegh ,

,

cnjoignera alors Kiisharu qui déSirait être consulté pour la formation du nouveau gouvernement de s'ahsterur de toute activité politique. De son coté Kasharu semble établir un rapprochement avec les monarchistes et qui se confirmera par la suite. Ainsi de r.'Jmbreuses tentatives de réconcilliation entre M()~!tadegh ct l'Ayatollâh seront entreprises mais les résultats seront éphémères. La raison majeure expliquant cette dissension réside essentiellement dans la crainte que le clergé exprimait face à l'influence graIldissantc du pani Tùdeh au sein du Front National et, selon Richard, sur la possibilité que Mossadegh

,.

Ile puisse plus wntrôler la poursuite de ses relations cordiales avec les communistes23

Les premiers contacts de Kash3rü avec la Cour Impériale s\!ront établis à l'occasion de la première tentative de coup d'état entre le 20 et le 28 février 1953. Le ministre de la Cour,'1osayn)Ala, informera

r

Ayatollall Kashani du danger que représenterait l'absence du Shah à un moment aussi critique de la crise cl lUi dcmruldem d'user de son influence afm d'éviter cette éventualité. Dans un premier temps Kashani tnUlslllettm un message à l'impératrice §.umyya l'enjoignant de convaincre le Shah de renoncer à son départl4 mais ce sera le 28 février que l'action de Kishârii en faveur des monarchistes sera plus spectaculrure. Alors que le couple impérial s'apprétait à quitter l'Iran avec la bénédiction de Mo~~adegh, les prutisans de

Kasharu

avec à leur tête l'Ayatollah BihbaJiwu s'agglutineront aux portes du palais et

~ 1 Ihid. p.ll3.

~~ SDmyya Isf<Uldiyari: The Autobiography ofHer Imperial Highness, Doubleday, New-York, 1964,

(26)

1

demanderont au Stlah de demeurer au pays. Par la suite la foule de manifestant li se dirigera du cot~ de

la résidence du premier ministre où quelques fiers-à-bras dirigés par Shac"àn JacralÏ "lJïmokh", le t~ulleux "Sans-CeNelle" commettont des actes de vandahsme. Pour sa part Mo~~adegh sc réfuglcm au P.ulemcnt échappant ainsi à la vindicte de la foule.

Pendant la seconde tentative de coup d'état qui eut lieu le 16 aoOI 1953. il semble que Kashiuii prendra contact avec le général Zàhidi même si, selon Yann Richard, il n'existe pas de preuves Ii.mllclles Cependant, poursuit l'iranologue francais, si on considère le fait que Kru.hwavait perdu une hmulc partie de son prestige après avoir été congedié de son poste de président du Majlcs ct que cclui-ci était tiraillé entre son désir de convaincre Mo~~adegh de poursuivre une pohtique moins démagoglquc ainSI qUl~ de sa volonté de stopper par tous les moyens l'avance communiste2S

, cette hypothèse est très plausihle.

Malgré les efforts de Kashârü et de ses alliés,le second coup d'état échouera. Le Shah de son coté tentera vainement de démettre par firman le premier ministre de ses fonctions et le remplacer par Zahidi mais le messager chargé de transmettre l'ordre impérial à Mmispdegh -c'est-à-dire le Colonel Nru:iff.. sera arrêté avant qu'il puis!',=- accomplir sa mission. Entre-temps dans les rues de la capitale éclatent dcs manifestations anti-monarchistes, semant une vive inquiétude au sein du clergé elle 18 anOt 11)53 Kashiini fera parvenir une lettre à Mo~s.adegh que Richard retranscrit ainsi dans son article:

"Although it has become difficult for me to make myself heard my religious ~U1d national dUly as a servant of Islam outweighs my personal feelings. Despite the vexation\) and the noisy propaganda

that you are making (about me), you know better than anyone that my concem is to preserve your govenunent in which you yourself seem to have lost interest. From the experience of Qavam's

2S Yann Richard: "Ayatollah Kashani: Precursor of the Islamic Republic?", Religion and Politics in

(27)

"

Ihirtieth of Tir, 10 abiUldon the nation and leave as a hem. Vou did not listen to what 1 said when 1 insisted that the referendum (3-15 August 1953) not take place and you insulted me. YOlJ had my house stoned; you pUI my friends iUld rny childref'! ln prison; you dissolved the Majlis frorn fear that il rmght ovcrthrow you; iUld now you have left neither Parliament nor a base for the nation. 1 succccded wilh much difficully in contruling Zahedi in the Majlis and you adroitly made him Icaveu,. He IS now on the point of rnaking a coup d'état. If you truly do not aim, as on the Ihirtieth of Tir, 10 retire in order 10 leave the mernory of a hem ... This letter that 1 am writing will

remain in the history of the iranian nation 10 prove that, despite all the reproaches 1 could make againsl you. 1 wam you about the certitude of a coup d'état from Zahedi. Am 1 mistaken in Ihinking, as 1 lold you al Dezashib27 and 1 also reproached HendersonZ8 that America helped us

10 take oïl from the British in order to be able now, by appearing generous toward our nation and Ihe world, 10 lcar from us those riches by means of your own hands? With my letter, no excuses will he acceptable tomorrow. If 1 am really mistaken in thinking as 1 do, 1 will send to you if you wish (my son) Seyyed Mostafa and Naser Khan Qashqa'i for negotiations".

26 Dans ses notes Richard fait remarquer que

rahidi

fut sujet à subir les dispositions de la loi de la

sécurité publique vu son rôle dans le coup d'état manqué (te février 1953 et dans l'assassinat d'Afshar-e

fus

le 20 avril suivant. Jouissant de la protection de Kishànï. il a pu se réfugier au Parlement avec l'ancien mos.s.adeghiste Baq'aïmais a du s'enfuir par la suite. Durant sa période clandestine,

zàbidi

a possiblement pu profiter de l'hospitalité de l'Ayatollih Baru:~adr, père de l'ancien président de la République Islamique Aboi-Hassan Baiü-Sadr, et de celle de MostaÏa Moqaddam.

.

.

17 Ihid. Voir noIe no. 34, p.lIS. Dezashib sera la ville choisie par H. Makk1 pour tenter une

réconcilliation entre Mossadegh et Kishartr. La réunion se soldera par un échec .

.

,

~K L'amhassadeur américain que Kasharu et Mo:;~adegh avaient rencontré en automne 1952 pour dcmander une aide fmancière aux Etats-Unis. Cette aide sem refusée par Eisenhower le 29 juin 1953. mcnanl le gouvernement MG\sJldf8h sur la sellette face à l'opinion publique. Voir Yann Richard: "Ayatollah Kashani: Precursor of the lslamic Republic?", Religion and PoUtics in Iran: Shi'ism frorn QuiclIsm 10 Revolution, op. cit. p. 114.

(28)

A cette communication la réponse de Mossadegh sera brève:

'1

"Your letter reached me from the hands of Mr. Hassan Salemi. 1 am supponcd hy Ule Ct 'nlidclll'C of me iranian nation. Greetings"29.

A propos de cette correspondance Yann Richard émet de sérieuses réserves quant à son authelllil'ité. Selon l'auteur, l'un des collaborateurs les plus proches de l'Ayatollat. Kash1uiia fait remarquer que œhll-ci était au contraire favorable au coup d'état et qu'il est fort possihle que ces documents soient Cil lait que des faux fabriqués plus tard pour "couvrir" les apparentes sympatllies monarchistes dc K[~hlürr: De plus il semble bien que ces doutes soient fondés. Premièrement la publication dc ces d()CUmenl~ est assez récente puisqu'elle remonte à l'année 1979 marquée par l'arrivée au pouvoir dcs khumaYlustes en Iran. Deuxièmement il faut prendre en considération que Kashaiii n'était pas hommc à imposcr ses positions politiques par le recours à la diplomatie. Troisièmement Richard nous fait remarquer quc ces dtK:U/llCIlIS sont accessibles que sous la forme d'une photographie fac-similée. Pour cc qui est des originaux personne n'a pu prétendre avoir été en présence de ceux-ci quoique cenaines rumeurs affirmeraient 4ue les originaux seraient en sécurité en Allemagne3o• Il est possible que ces documents, aux dires de leurs

défenseurs, puisse prouver que lGisharu a tout mis en oeuvre afin d'empêcher Mo~~adegh de "livrer l'Iran aux Américains et à zihidi" ou encore que l'Ayatollih cherchait à se distinguer de raliidi avec qui il aurait pu contribuer au renversement de Mo~~adegh mais qui ne pouvait pas accorder toule sa COllflallce au général. Toutefois, il est à noter aussi que Kiisharu entretenait d'assez bonnes relalJolls avec

zàhiJi

29 Yann Rii:hard, note 35 p.l15. Selon Richard cette correspondance fut publiée pour la première fois dans la revu,! Gozaresh-e ruz en 1979-1980 par Mohammad ~Ii Yusefiadeh puis dans Goftàii-ye kuïah dar bareh-}e vaQayi~e 28 Mordad 32 en 1979-80 par le parti de la République Islamique ainsi que par d'autres publications récentes.

(29)

de contmucr Ic processus de nationalisation du pétrole entamé par le Front National et libérer les députés mcmhre..; du clergé emprisonnés par Mo~si!degh. Le général

zàhidi

par la suite, honorera qu'une seule de ..;cs prome~ses soit qu 'JI Iihèrera les'ulanïa' députés.

Lors des évènements précédant le coup du 19 aoOi 1953, de nombreux éléments proches de J'Ayalolrah Kash'fuii seront particulièrement actifs. Le plus connu sera l'Ayatollah Sayyid Mo~ammad Bihhahmii qui distrihuera aux manifestants monarchistes les célèbres dollars apportés en Iran par Kennit Ro()sevelt11

et qui pourrait confinner l'implication de KashàJ1i dans le coup. On retrouvera aussi un autre imlime de Ka.'ihlinï impliqué dans le complot soit le général Batmânqilich qui occupera le poste de chef d'élal-major après le retour du Sl1ah en Iran. Selon Yann Richard, le militaire affinnera qu'aucune de ses actions avant ou après le coup ne se sont réalisées sans l'accord préalable de KlrshàIü32

• Toutefois une queslion sc pose. L'influence que l'on attribue à K1ishànïest-elle aussi importante que l'on pourrait le croire? Pour ses défenseurs actuels ce serait plutôt l'inertie de Mo~~adegh qui a coOté à celui-ci le pouvOIr. Ainsi Mossadegh n'aurait pas empeché ,

.

Z"alÜdi de lui nuire et de ce fait cela indiquerait que les évènements du 19 aoOt 1953 ne seraient pas un coup d'état mais plutôt un complot auquel Mossadegh

••

aurail accepté de participer). Certaines circonstances pourraient expliquer cette attitude. Ainsi à la

11 D'après GéranJ de Villiers, le coOt de l'opération "Ajax" se chiffrerait exactement à 32,643,000

rials soit approximativement 390,000 dollars américains de l'époque. Voir Gérard de Villiers: L 'Irresistihle Ascension de Mohammad Reza. Shah d'Iran, Plon, Paris, 1975, p.250. Pour sa part Kennit Roosevelt évalue ses dépenses à seulement 100,000 dollars américains du budjet de 1 million initialement \l~tfllyé. Voir Kennit Roosevelt: Countercoup: The Struggle for the Control of Iran, Mc Graw-Hill, New-York. IlJ79, p.166.

II YaJUl Richard: "Ayatollah Kashani: Precursor of the Islamic Republic?", Religion and Politics in Iran: Slu'ism: fmm Ouietism to Revolution, op. cit. p.1l6.

Il Ihid. Voir la note no. 40 de YaJm RichanJ. Ici Richard se réfère à l'entrevue qu'il a obtenu avec

le

ms

de K~hàiü. Mahmüd. le 24 aoOt 1980 ainsi qu'à un extrait du livre publié par les MOJahedin-e Enqcfah-e Eslanu, le NègacesfU kutah bar nehzat (Téhéran, 1 979,p.48) où il est dit: "In fact, if one sets

(30)

même période, l'ambassadeur américain Loy Henderson retournera en Iran après le coup du 19 août pour infonner Mossadegh que son gouvernement accepte d'apporter une aide tlnancière à

.

,

l'Ir.Ul sous mnltitlnll que le gouvernement de Téhéran soit dirigé par le généml ZIDiidi. De plus pour conv.lincre plus efficacement Mo~~adegh, Henderson ira Jusqu'à mentionner la menace d'un complot cOl1ulluniste Cllntrôl~ par l'ambassadeur soviétique Laurentiev. C'est alors que Mo~s.adegh aumll pris la déd!llon de ne pas I:ure

appel à ses partisans, en particulier ceux ayant des sympathies avec le Tüdeh dont les actiVités étalent devenues trop évidentes34• Ce sera donc cette décision, soutient Richard mais avec loute réserves, lIu1

pennettra au coup d'état d'être un succès parce que vraisemhlablement ni J('ash'5nï, ni Mossadegh av.uent

..

rien fait pour bloquer ce coup: l'un voulant un changement tandis que l'autre craignera une évolution qu'il ne poum pas contrôlef5. Finalement, ils perdront tout les deux leur crédihilité face à leurs adversaires.

En plus de Kasharu, on retrouvera d'autres membres du clergé tout aussi importrulls lJui occuperont le devant de la scène politique iranienne. En l 'occurence l'Âyatollâh Bihbahanï ct l'Ayatollah Burujira. dont la faction aura la faveur du

sfi"ah

suite au coup. Le soutien du clergé était aJors essem:lel au gouvernement impérial pour l'appuyer dans la mise en vigueur de ses politiques de conpromls et de négociations avec les puissances occidentales. De plus cette politique d'ouverture du Stlah à l'égard de cette faction s'expliquerait aussi par une volonté commune d'éliminer politiquement Kash'fuii amsi que les huit'ulamà'députés du Majles qui avait soutenu des idées "de gauche" et enfin l'élimination des

aside sympathy for Mossadegh and forgets bis past, there is no proof that demonstrate that he wa.~ opp<Jscd to the coup d'état of 28 Mordad",

34 Ibid. p.l17.

35 Shahrough Akhavi: Religion and Politics in Contempornry Iran: Clergy-State Relations in the Pahlavi Period, State University of New-York Press, Albany, 1980,p.72.

(31)

Fada'iyan-i Islàln avec la bénédiction de Burujirdi et de Bihbahw6

• Pendant une période de cinq ans

(1951-195~) les'Ulamà' délaisseront la politique active et retourneront à leurs mosquées et madrasah. A celte époque le mot d'ordre était pour le clergé de maintenir une distinction entre le politIque et le religieux d'autant plus que cette position sera défendue par les'Ulama' proches de la Cour tels l'Imam Jum(ah tie Téhéran, Hasan Imaml' ct Allamah

.

VaJüdi,

.

professeur de fiqh à la mosquée Sipih Sal'fu37•

Touteti)js même si c'est avec la plus grande des prudences, le clergé influencera les affaires publiques non pas pour s'opposer au régime mais au contraire l'appuyer presque fonnellement en la personne de )' Ayatotnih Bihhah1u1ï. Entre septembre 1953 ct août 1955 celui-ci fera fréquamment la manchette des média iraniens. Amsi sera publié en septembre 1953 un résumé d'une interview de BihbahàriI accordée à l'agence Francc-Presse où l' Ayatolf'ah insistera sur l'importance de l'Islam dans le bien-être de la nation et fcra l'apologie du régime dans son entreprise d'éducation de la paysaruterie38

• Dans ses notes Shahmkh Akhavi nous en donne les détails intéressants. Selon l'auteur, l'AyatoUih aurait auparavant déclaré que, en œ qui concerne la question de la relation entre la religion et la politique, la centralisation (markaJïyat) était nécessaire socialement sinon il y aurait un risque de dispersion des idées, ce qui pourrait conduire à la corruption ainsi qu'à l'échec de tout mouvement socio-politique. Si rien ne souligne que cette politique de centralisation devait dépendre des~Ulama' ou non, AkhaVl mentionne une déclaration de Bihbahani encourageant les'Ulania' d'offrir leur contribution pour stopper le climat anarchique du pays et luttcr contre la pauvreté. Cependant l'orientation de cette action sera pour Bihbahamune prérogative exclusive de l'état où les'ulama' pourront par contre conseiller et assister le gouvernement même si

celui-36 Ibid. p.73.

\7 Ibid. p.73

(32)

17

ci ne donne malheureusement pas toute l'anen, ,1 qui est due aux memhres du clergé Slüclle N.

Quelques jours après cette publication, un pélerinage à la lomhc de l'Imam Re!,a sem l'occasIOn pour Bihbaharu d'établir avec ses collègues ce que ~:er.ùt le rôle du clergé au sein du nouveau regllne ct ~\USSI

de faire mont~ de l'influence considérable qu'il exerçait dans tout l'InUl pUIsqu'au cou~ lie sa VIsite i\

Mashad, il fut reçu par les dignitaires les plus réputés. Fort de son prestige, Bihhahânitélégr.tphia au Shah

lui demandant d'honorer les promesses du général zarudisoÎt d'interdire la vente d'alcool sur le lemtOlre iranien mais c'e~t la réponse du souverain qui nous éclaire sur la volonté du régIme de renlorccr ses liens avec le clergé. Le ton en effet sera très démonstratif: le shàh parlera de sa "joie immense" lors4u'II prit connaissance de son voyage à Mashad et demandera à Bihbaliani de le soutenir par ses prières daJl'i l'administration du pays amsi que dans ses efforts pour subvenir aux besoins des pauvres. Enfin le Shah répondera aux souhaits de Bihbaharu en soumettant au Majles un projet de loi mterdisant les hoissono; alcooliques40• Les relations du clergé avec l'état iranien va aussi apporter aux'Ulama' d'autres avantages

comme obtenir une place plus importante pour l'enseignement religieux dans les écoles 'iéculaires surtout grâce aux efforts de l'Ayatollàh Shahrastiiru,""l. De son coté l'état impérial pouvait compter sur l'appuI total du clergé dans l'élimiP-ation du parti Tiideh de la scène politique iranienne en 1954-1955 mais ce soutien aura un prix: les persécutions contre les balla1s n'étaient pas loin.

39 Ibid. Voir note no 29, p.219. (Ittila'at 1332 HlI953). Pour Akha~ celte façon un peu contradictoire d'exposer ses opinions de la part de BihbahllrÏi indiquerait clairement la volonté de celUi-CI de distinguer tout en conservant certains liens l'exclusivité religieuse et l'orientation politique.

40 Ibid. p.76.

41 L'AyatoIUih shahrasiiiU sera connu pour son implication active en politique. D'après AkhaVi

celui-ci multipliera les contacts avec les souverains et les dirigeants irakiens entre les deux guerres alors qu'il était employé par le ministère irakien de l'éducation et il sera aussi président de la haute cour de cassation de l'école JaC'Iarite. Ses contacts s'étendront même dans de nombreux pays musulmans, dont l'Iran où

il émettera à quelques reprises ses opinions concernant l'évolution politique de ce pays soit par exemple son opposition au régime Mo~~adegh et son appui tacite aux politiques du strah. Voir Shahrough Akhavi: Religion and Politics in Contemporary Iran: Clergy-State Relations in the PahlaVI Period, op. cit. p.75.

(33)

(

Depuis les tout détluts de leur histoire, les baha'is ont toujours eu maille à partir avec les'ulani'a' ct les musulman.'i shi Iles en général. Révélée en 1849 par Sayyid'Ali Mo~ammad Sliii3zï (mort en 1849)

micux connu sous ~on IIlre de Bah et ensuite par Bahatulr.D1 qui déclarera en 1863 être la demière manifeslatlon de Dieu sur la terre, cette religion syncrétiste pour de multiples raisons s'attirera les foudres du dergé ... hi 'ile. La campagne anti-hahlrle de 1955 aura probablement debuté durant le mois du Ramadan lorsque

.

le Shaykh Mohammad TaqTFa. ,air uendra une série de sennons enflammés dans une

"

mosquéc de Téhéran où il exigera l'élimination de la "fausse religion baha1e, dangereuse pour le bien-être de la nation". Il semble hien que le gouvernement impérial donnera son appui à Falsafi en accordant à celui-ci l'utihsation de la radio nationale et celle de l'armée afm de diffuser son appel à travers l'Iran. Le 21 avril 1l)55, les délégués bah1i7s alors réunis à Téhéran pour leur congrès annuel eurent une amère

surprise. Le gouvernement avait en effet décidé de saisir les édifices du siège de la communauté bahi'ie ct l'étal-major de l'année avait approuvé 1 .. destruction du dôme de l'édifice. Parmi les officiers impliqués, on pouvait retrouver le gouverneur militrure de Téhéran, le général B'itmanqilich ainsi que Taymür Bakhliyiar alors chef de la SAVAK43

• Le 9 mai l'Ayatollah Bihbaharu fait parvenir à

l'Ayatollah Burujirdi ainsi qu'au Sllah un télégramme les félicitant pour l'occupation du centre bahaTpar les militaires ainsi que de la destruction de son dôme et Bihbaharu ira même jusqu'à qualifier l'année d'''Artish-1 Isram" (l'année de l'Islam). Bihbihani assurera alors au Strah que cette action contre la communauté bahàle lui garnntit l'appui des croyants les plus fervenre à sa cause et que de ce fait le souverain devrait officialiser cette alliance en décrétant fête religieuse l'anniversaire de cet incident44

42 Douglas Martin: "The 8aha'is of Iran under the Pahlavi Regime 1921-1979", Middle East Focus, march 1982 .

. " (nid.

44 Shahrough Akhavi: Religion and Politics in Contemporary Iran: Clergy-State Relations during the

(34)

Mollàh Falsafïnon plus ne sera pas oublié. A titre de recOImaissancc pour selVices rendus à l'Islruu, le populaire orateur avait reçu une lettre de félicitations lie l'Ayatollah Bu ruJirÛl puur avoir prescrvé lie la "menace" bahà"ïe non pas seulement la religion mais aussi "l'indépendance de la nalinn,,4\ la Pl ~ilion de la monarchie, l'élal, l'llimée ainsi que "toul le peuple de la nation""!>. Dans sa Icttre BuruJinft poursuit:

"The balla 'is had developed good organization and expended vast amounts of moncy which unknown sources had contributed to them. For the hundred ycars of thcir existancc,the oaha'is had tirelessly propagandized against Islam, "which, of course, is a causc of the unJty of (our)

nationalism". And now, they were "secretly working against the monarchy and the slatc .. ·n.

Face à ces aJlegations avancées par le clergé à propos de la question baha'ie, le

Shah

aum une position prudente. Ainsi en réponse à une lettre de Bihbah'inT publiée dans le qu,>tidien ItVla "at du 1 H Urdibihisht 1334 (8 mai 1954), Mohammad Reza PahlaVi'déclarera que SI des liens élrolts exiMcnt entre

1 I l

la monarchie et la religion c'est principalement au niveau de la Constitution de 1906 à laque!le il a juré de remplir son devoir de propager les lois de' 'Islam selon le rite Ja6farite. Par contre, remarque ~"t~ahrokh AkhaVi: le souverain ne fera nuUe mention de ses sentiments personnels à l'égard des hahi'is. ni face aux

45 Le fait de citer l'indépendance de la nation est surement une allusion directe au message balia'i portant sur l'amour et la compréhension universels et fera apparaitre les bahi't!; comme se soumettant d un dogme supra-national. Le clergé shl~te interprétera ceci comme étant un signe que le mouvement balia'i est favorable aux intérêts étrangers qui à leurs yeux, avaient pour objectif de détruire la société sli1-ite. Ibid. p.77.

46 Ibid. p.78.

(35)

,

,

ladlcment explicable. Suite au renversement de Mo~~adegh en 1953, le gouvernement

zarudi

s'était engagé dans de délicates négociations avec l'occident. Il fallait en effet établir les modalités de compensation des actIOnnaires de l'ancienne Anglo-lranian 011 Compagny et poursuivre le processus visant

à intégrer l'Iran dans le pacte de Baghûad. Or pour une bonne partie de l'opinion publique iranierule ces deux projets étalent une preuve évidente que l'Iran était toujours soumise à la volonté des puissances occidentales et qu'il était à craindre pour le régime que le clergé en profite pour déstabiliser le pays. La campagne anti-hahà 'ie tombait pour ainsI dire "à pic" pour le gouvernement en ce sens qu'elle détournait "attention du clergé dcs affaires politiques et permettait au régime de consolider son pouvoir alors encore incertain. Toutefois la question bahi'ie causera d'autres problèmes qui viendront de l'étranger. En effet, choqués par la nouvelle de la persécution subie par leurs coreligionnaires en Iran, les communautés hahii7es du monde entier protestèrent énergiquement et auront l'appil: des plus grands réseaux de la presse internatIOnale. Finalement ce fut grâce aux pressions officielles du secrétaire-général des Nations-Unies, Dag Hammarskold, ainsi que du Département d'Etat américain, que cessèrent ces attaques contre les bah'li'i.'i. Ainsi ne pouvant se permettre le luxe de perdre "appuI des occidentaux, le gouvernement iranien refusem au clergé de faire passer une loi rendant la foi baJ1ai~e illégale tout en mentionnant que les droits de l'Islam seront protégés selon les dispositions prévues dans la Constitution49•

Durmt ces années critiques allant de 1953 jusqu'aux débuts des arutées 1960, le Sh'âh tiendra un rôle relativement effacé sur la scène politique et sera surtout préoccupé à conserver sa position qui était loin d'être assurée. Le souverain devait alors maintenir un delicat équilibre entre les factions politiques

48 Ibid. p.78. Voir nole no. 41 p. 220.

49 Douglas Martin: "The Baha'is of Iran undel the Pahlavi Regime 1921-1979", Middle East Focus, op. cit. p.12.

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