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Edition de la VIIe journée de Décaméron de Boccace.

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(1)

,

/

EDITION DE LA VIle JOURNEE DU DECAMERON

DE

BOCCACE

,

o

"

(2)

..

,

çJ 1

EDITION DE LA VII~e JOURNEE DU DECAMERON 'DE BOCCACE

~

D'après 1~,première traduction française par Laurent de Premierfait

1411 - 1414 by Ruby E. KNAFO

...

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submitted to

the f~cu1ty o~~Graduate Studies and Research

1 -

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1:'4 •

MeeU1 Univers:J.ty

in pittti-a1.:1'ulfUment of the requirements for the degree of

Muter of Arts

Department of French Language .and Li terature 1

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@

Ruby E. Knafo

1974

.,

July 1972

(3)

/

A B'S T R ACT.

Le présent mémoire a pour but, essentiellement, d'~diter la 7ème

journée du Décaméron de Boccace, traduit pour la premi~re fois en .

français par Laurent de Premierfait, entre 1411 et 1414.

Notre travail comporte:

une étude détaillée de la traduction en tant que telle

(particu-1jèrement de la 3~me nouvelle) après confrontation avec le texte

italien, et une tentative de claseement des observations sur cette traduction.

une transcription, la plus fidèle possible, de la 7ème journée, •

avec la ponctuation, %t des corrections seulement là OÙ le manuscrit

nous a paru fautif par comparaison avec le texte italien.

un glossaire des mots présentant un intérêt pour l'histoire de la langue.

(4)

,.

Tanle des matières

INTRODUCTION:

Laurent de Premierfait... 1

PREflIERE PARTIE:

1. La traduction de I,Burf'nt de PremierFai t

J

r (

1. Les traductions au Moyen Age... 3

2. Observations sur la traduction de Laurent de

Premierfait, et exemples ••••••••••••••••••••••••••••

7

II. ~tude détaillée de la 3è~e nouvelle

<;/~l. Notes au fil du texte... 14

2. ClAssement des remarques sur la 3ème nouvelle et

conclusion

.•...•...•...

DEUXIEME PARTIE:

1. Le manuscr i t

.

...•...•.

Il. Le texte:

Le Décaméron: VIle journée

....•.•.•....•...

GLOSSAIRE:

.•...•.•...•...•...•...•...•••

BIBLIOGRAPHIE:

...•...•.•...•..

, , ..:

..

1

29

33 34

144

( o

(5)

l N T R 0 DUC ~ ION.

!

.'

Laurent de Premierfait.

Laurent de Premie'rfait

l

né en 1~80, pr~s de Troyes en Ch~agne, et

mort ~ Paris en 1418, fut ,d'abord clerc du dioase de Troyes, puis secré-taire ~ la cour de Benort XI{I ~ Avignon. I l y fréquente un petit cercle' d'humanistes qu'il

ret~ouve p~s

tard

à

pari~~

il commence

à

s'intéres-ser

à

la traduction des oeuvres antiques. (1) Il travaille d'abord, pour Louis de Bourbon,

à

une traduction du De Senectute de Cicéron, qu'il

1

termine en 1405; i~ tradqit aussi le De Amiciti~ qu'il reprend et dédicace

\

à

Jean de Berry

à

la mort de Loùis de Bourbon. il avait traduit, en 1400,

le De Caslbus de Boccace, mais préoccupé par les probl~es de la traduc-tion, il le reprend pour le parfaire en 1409.

D;ux

ans plus tard, Jean de

~ ,

Berry lui commande une traduction du Décaméron de Boccace, ou Livre des Cent Nouvelles, qu'il termine en 1414 et dont on sait la fortune par 1e9

tr~s

nombreuses éditions qu'elle connut, plus de 10 entre 1485 et

l54~

année o~ parut celle d'Antoine le Maçon.

Laurent de Premierfait fut un des plus cél~bre8 traducteurs du XVème si~cle pour la qualité de ses traductions autant que par son souci de conserver au texte original une place prépondérante •

...

(1) H. HAUVETTE,

De Laurentl0 de Pr~fato (Paris,

1902).

(2) G.S. PURIUS, "Laurent de Premierfait' 8 translation of the Decameron" in 1]

Medium Aevum

24, 1955,

pp.

l-i5.

(6)

''',

-2-1

Il fut le premier

à

faire connattre en France, et par des oeuvres

compl~tes, des a~teurs comme' Cicéron et Boccace. C'est s& tradué-tion, en particulier, qui a permis la diffusion d~ 1·' oeuvre de Boccace

en France~ contrib~nt ainsi au développement de la nouvelle française

et même, dans une certaine mesure, de la prose narrative au XV~e siècle. (3)

o

1

/

(3) voir J.

MœnIN,

f'Lea trad~_e!: leur· public" in L'H\IIIUII\i.e médiéval dana le. littérature. romanea,taete, publié. par

A.

~rrler;

Parie,

1964)

pp.

247-264.

0

A. COVILLE, L'Huaaaniame en France au t . " . de

charI ••

VI (Parla, Champion, 1934). '"

(7)

1. La traduction de Laurent de Premierfait.

1. Les traductions au Hbyen Age, technique des traducteurs, langue.

Les premières traductions au Moyen Age avaient

un

but didactique et

prétendaient avant tout

à

mettre les oeuvres antiques

à

la portée de ceux

qui ne savaient pas lire le latin. Ainsi, les premières oeuvres traduites au XIllème siècle sont essentiellement des ouvrages techniques, plus

sou-vent adaptés que réellement traduits, car, pour les traducteurs du Moyen

Age, "tout écrit destiné

à

instruire est perfectible et, du manent

qu'on le transcrit et qu'on

ie

traduit, on ne voit aucune raison pour ne

pas le modifier au goût du Jour ou l'améliorer en le complétant

à

l'aide

de renseignements puisés

à

d'autres sour'ces.1I (4)

Le souci de fidélité au texte latin et

à

la pensée de l'auteur ne

commence qu'au XIV~e siècle, avec la traduction des premières Décades de

Tite-Live par Pierre Bersuire pour le roi Jean le

Bon,

en 1356. Laurent de

Premierfait,

à

son tour, se montre de plus en plus conscient du rôle du

traducteur, de la nécessité de demeurer fidèle au texte original, s'appli-quant à rendre avec exactitude la pensée de l'auteur tout en respectant le "génie de la langue française" et en gardant une certaine liberté d'expression. Il expose 8es idées sur la traduction dans les préfaces des oeuvres qu'il traduit.

(4) J. tœFIUN, "Hum~i8lDe et traductions au Moyen Age" in LtH\IIUUlillDe

médiéval dane lei littératures romanes, (acte. publiés par A. Fourrier,

Paria,

1964)

pp. 2i7-~46.

o 1

(8)

-4-Malgré le foisonnement des traductions au XVème si~cle et le souci d'esthétique qui s'affirme, ,ce n'est qu'apr~s 1530, et avec la publica-tÎon de la Mani~re de bien traduire d'une langue en autre de Etienne Dolet, que la traduction se dote de r~gles et devient un art: "Discipline d'une

o

part, juste cmscience de sa valeur de l'autre, en voH~ assez pour qu'on ~t>

puisse parler de l'entrée de la traduction dans la littérature." (5) Si cette codific.~1_f,formelle date du XVI~e 8i~c1e, on s'accorde cepen-dant

A

reconnaftre que "c' est d~s le, XIV~e si~c1e que naft dans la pra-ti<t\fe, la notion de style, de métier et de technique de l'écriture." (6) Les traductions, qui se multiplient

à

partir du XIVème siècle, jouent

un très grand rQle dans la formation de la prose française et mériteraient,

A

ce titre, des études approfondies. J. Rychner observe qu'il faudrait, comme on l'a fait pour la prose italienne, définir le rôle des

trâ~uctions

dans l'histoire de la langue par une étude syntaxique "s'attachant aux structures plutôt qu'à la stylistique Jes effets." (7)

Nous avons choisi, pour notre part, d'étudier la traduction dans la 7ème journée du Décaméron. Ecrite entre

1411

et

1414,

cette oeuvre se situe dans la période qu'il est convenu d'appeler le Moyen Française

(5) Roger ZUBER, LeI "Belles Infid~les" et la formatiori du goût classique, (Paris: A. Colin,

1968)

p.

22.

(6) Pierre GUIRAUD, Le Moyen,Français, (Paris, P.U.F., 1963, p.37.)

(7) Jean RYCHNER, "Observation. sur

la

traduction de Tite-Live par P. Bersulre in L'Humaniame médiéval dan. le. littératures romanel, p.

192.

(9)

Si l'ancien français est une langue organisée, plus souple et plus fluente,

à

l'orthographe excellente. "modelée sur la prononciation, précise et sobre,

et ymologico-phoné ti que , plus réellement savante que celle qui suit" (8),

le MOyen Français, par contre, est caractérisé, entre autre~, par une graphie

ouverte, une syntaxe floue, et surtout la substitution de l'ordre analytique

()

à

l'ordre synthétique qui am~ne la fin de la déclinaison. C'est aussi

l'époque des grandes créations lexicales du français, grâce

é

la

relatini-sation du vocabulaire par l'intermédiaire des traductions, et

A

la dérivation

suffixale~ sans limites, les emprunts ne venant que bien plus tard, avec la

Renaissance. (9) "C'est un fait remarquable, dit Guiraud, que le Moyen Age

nI emprunte pas aux langues voisines. Le monde médiéval est clos." (la)

Il Y a des échanges certes, mais par l'intermédiaire d'm séul véhicule, le latin.

C'est ainsi que Laurent de Premie~fait explique dans le prologue de

sa traduction du Décaméron, que, ne Bachant pas l~rentin, il a d'abord

fait traduire le texte de Boccace en latin par Maistre Anthoine de Arezzo,

fr~re de l'ordre des Cordeliers, pour ensuite le "translater" en français.

(8)

Charles

BEAULIEUX,

Histoire de l'ortho!raphe française, Sté des Anciens

textea français (Paris,

1927),

Tome

l,

p.

1 2.

(9) F. BRUNOT, Histoire de la langue française des origines 11 1900, Tome 1,

(Paria, 1905).

(10)

1

-6-, (J

La langue dont se sert Laurent de Premierfait nous paraissant typique du Moyen Frsnçais, i l nous a paru plus intéressant, plutôt que"' de suivre le voeu de Rychner (cf note no. 7), de nous pencher sur l'art du traducteur pour voir comment il a utilisé les ressources de la langue, tan\ eous le rapport du vocabulaire que sous celui de la langue, et ceci par une cdnfron-tation étroite avec le texte italien.

"

La traduction latine dont i l parle étant perdue, nous prendrons cœwne

hypoth~se de travail que Laurent de Premierfait avait le texte italien

sous les yeux; nous en verrons de nombreux indices plus loin.

.

.

,

..

/

(11)

o

2. Observations générales sur la traduction de Laurent de

• Premierfait; exemples tirés de 1~7ème journée.

La traduction de Laurent de 'Premierfait est, dans l'oensemb1e, d'une·

~

tr~s bonne tenue, suivant de pr~s le texte italien mais gardant une certaine

lJ

autonomie, ce qui on rend ~~ lecture aisée, ~gréab1e; le rythme est alerte,

le ton- varié, et le texte paratt étonnamment moderne même si l'orthographe

,

dérOl te au premier abord.

Le texte ita1ien"nt a pas paru poser de grands problèmes

~q~

tduiuc-teur, soit que la structure de la phrase de ~ccace se prêtât plus aisément

à

une

trans~ition

en français, (11) soit que le traducteur, plus mattre de son art, y eût consacré tout le temps nécessaire; la hâte du traducteur

~it en effet une raison fr~quente d'erreurs, comme le rappelle

J. Monfrin. (12) Laurent de Premierfai~ a produit un texte accessible au

lecteur français grâce

à

une traduction où les noms propres sont francisés,

les indications topographiques comp1étées,~t où la fidélité au texte

d'origine nuit rarement

à

la qualité du style' et

à

la richesse de la

langue.

o

(11) cf les études de C. SEGRE sur l'italien:

- ''La sintaui deI periodo nei primi pro.stori ita1iani" in Atti dena Accademia nazionale ••• , .érie VIII, vol. 4, pp. 39-193.

- Volgarizzamenti deI due e trecento, (Torino, 1953).

(12)

1)

-

,

- La prosa deI duecento, a cura di Cesare Segre e Kario Karti,

(Hilano, Napo1i,

1959).

J. MœFRIN, op. cité.

o

(12)

1

1

-8-Cette traduction ~'st-elle une réu!lsite '1 Peut-être 'pas s1 nous la jugeons selon nos critères actuels o~ "toujours déchiré par les exigences

-~

contraires de l'exactitude et de la bea~té, le traduct~ur sacrifie tantôt

,1 '.~ 1\- 1

l'une tantôt l'autre. Notre époque soutient qu~la réussite"véritable

" 0

résulte d'un respec:t combiné de cee exigences confi"âttictoires." (13) Mais si on l, replace dans la perspective du début du XV~e si~cle, on peut affirmer qu'elle est tr~s bonne, malgré ses lacunes, inévitables d'ailleurs. Noue avons en effet relevé de nombreu~es erreurs tant sur le

"

• n

plan du vocabulaire que sur celui de la 8tr~~ture de la phrase. Ces

erreurs sont-elles attribuables au traducteur, au copiste, ou au-manu8crit ~,

italien '1 Cett~ quest~on se pose pour la plupart des erreurs relevées, mais nous ne pouvons lia résoudre ici.. . Nous allons donner les exemples

les plus intéressants pris parmi 'les

9~uvelles

de la

7~e

journée.

-

'

(13) , R. ZUBEll, op" cité p.2. o

,

I~'

.' , o!l.

(13)

/

GLOSE.

(J

Le trait le ~~us commun de la technique du traducteur est l'amplifi-... cation (et, en cela, i l est bien de

~

temps): glose historique,

'"

géographique, simples additions, etc •••

13

Glose sur le prologue précédant chaque nouvelle.

Laurent de Premierfait l'allonge en y ajoutant les noms propres omie par l'auteur (nouvelles 8 et 10). Dans la nouvelle S, le mari n'est pas nOlllDé autrement que "U geloso" dans le texte italien; le traducteur

l'appelle "le mary" dans le prologue, mais lui donne un ncin de 80n inven-,

tion dans la nouvelle: "Bartol de Malpensant" •

.,

"-Glose sur les aronoms démonstratifs, relatifs, etc ••• c

Exemples:

o

ital. "di questo" (Déc. p. 485)

ms. "de ceste chose par toy bien demenee"

(VII,

f. 198. r.)

."

ital. "di quello"

,-ms. "du fruit d' ,amours" (VII, f. 198. v.) ital. "chi"

"

ms. "hœme et femme"

(Ix,

f. 201. 'v.)

ital. "Sli" '. "

ms. "la chose dont j'ay deffault" o (IX,'~;.. ,202. r.)

Additions.

Tantôt etmple délayage, tantôt ajoutant une note grivoiae ou moraliéa-trice.

(14)

.--\

-10-Exemples:

ital. "per la fatics durats" (Déc. p. 503)

ms. "pour le 1,sbeur qu'il avoit eu sur la couche de la dame" (VI, f. 195. v.)

'>

ms. 11 ajoute "charnelement"

(X,

f.

206.

v.) et, plus loin, "nu a nu" (X, f. 207. v.). Ailleurs, 11 ajoute au texte la phrase: "car \lOllllle envieux par ennuy souvent joiat d'amours."

(VI,

f.

195.

r.)

Dans la 9ème nouvelle il ajoute une longue phrase sur les rapports entre mattres et serviteurs, puie une autre sur la nai~eté des maris. Dans l'ensemble, ces additions ne changent pas l'esprit du texte, tout en étant rarement utiles. Au contraire, il , d'heureuses trouvailles quand il traduit une phrase banale par une métaphore bien française qui donne une

1

couleur nouvelle au paasage~

ital. "accia che ,eg1i non aspetasae" (Déc. p. 513)

ma. "afin que le coq ne actendist la geline"

(VIII ,

f. 199. r.)

DOUBLETS SYNOOYMIQUES.

lIa sont ai nombreux qu'on en trouve

A

chaque page. On pourrait

rema~quer que le premier mot du doublet reproduit le radical du mot

(

italien (cf. ·note no. 16, 3~e nouvelle).

~ Redoublement de verbes.

ital. "cOll'lIlendare" ms. "10er et recœmanCfer" (IV, f. 190. v.)

~-ita~ " sollecitarlo" ms. : "le sollclter et aemondre"

(IV,

f.

190.

v.)

(15)

· ",

..

-11-Redoublement d'adjectifs.

ital. "guardata" ms. Itadvisé et entendu" (V, f. 192. r.)

ital. "scornato" -- ms. ''moqué et deceu"

(v,

f.

194.

v.) t

Redoublement de substantifs. -

,

.

' 1

'"

-ital. "licenza" ms. : "congié et bandon"

(IV,

f. 191.

v.) ital. "peba" ms. : "peine ou tourment" (V, f. 192. r.)

, )

œISSIœs.

Elles sont rares et portent le plus souvent sur de longues phrases: ital. : ne maravigl10ssi e delle parole e deI viso di lui, e disse

- Che ~ questo, messere 1 - Messer Lambertuccio, messo il piè nella staffa e montato

Sù,

non disse altro se non ••• " (Déc. p. 503 VI, f.

196.

r.)

ou sur des expressions ou jeux de mots qu'il n'a peut-être pas compris: ital. : "io vi corono di voi medesima" note: "gioco di parole. La

corona, infatti, ~ di lauro e la donna si chiama Lauretta" (Déc. p. 532)

ms. : "Je vous couronne et ordonne royne" (f. 207. v.)

On peut citer ici un exemple de raccourci en l, f. l8S.v., oÙ toute une phrase italienne est "tr~duite" par "certes".

ITALIANISMES.

Inévitables dans une traddction aussi littérale, il. se diviaent

en

deux catégories.

Lea calques de vocabulaire.

ital. "lavaceci" (sena: parfait imbécile)

(16)

o

-12- '

ital. "gia di gelosia uscito" (néc. p. 478)

ms. "ja estoit hors jalousie" (l, f. 185. v.)

o )1

Les calques de structure.

Ce sont peut-être ah~si des latinismes:

ital. : "La donna, udendo questo e sentendosi aver due omini in casa,

e conosceva che il cavaliere non si poteva nascondere ••• " (Déc. p. 503) note de l'éditeur: "e conosceva: rendendosi conto. LI~erfetto

.coordinato al gerundio serve a mettere in rilievo il concetto pi~ importante". (ibidem)

ms. : "La dame, oyant ceste nouvelle et saichant que en sa maison elle avoit deux hOlIllles, et veoit que le chevalier ne se povoit caicher ••• "

(VI, f. 195. v.)

Comme on peut le constater, le mot

l

mot mène parfois

l

des maladresses

1

et des traductions ~bscures, sinon inintelligibles.

~

~

FAUX-SENS ET CONTRE-SENS.

Nous en avons relevé une moyenne de six

l

sept par nouvelle.

Faux-sens.

~

ital. "le leggi sante e le civil!" (déc. p. 494)

ms. "les sainctes loix civiles" (V, f. 192. r.)

ita1. "che io non vaglio" (que je ne vaille) (Déc. p. 520)

ms. "que je ne vueil"

(Ix,

f. 202, v.) qui est peut-être une faute du copiste.

Contre-sene.

ital. : Ue rispose che era contento ma che non volea che ella andaue ad

altra chie8a che alla cappella loro" (Déc. p. 496)

m8. : "Si re.pondi a sa felllDe que i l estoit content que eUe aHa8t a confesse, maiz que ce feuet en autre paroisse que la sienne ••• "

(V, f. 193, r.)

1 •

(17)

-13-ital. : "essendosi accontado con l'oste suo" (Déc.

p'.

506) note de l'éditeur: "avendo fatta amicizia" (ibidem)

ms. : "aprez le compte fait avec son hoste" (VII, f. 197. r.)

ERREURS D'ATTRIBUTION D'UNE PHRASE.

;

/

1

1

Au début de la 7ème nouv~lle, c'est Filom~ne qui parle, et non Dionée, <~ comme la phrase le laisserait'croire. (VII, f. 196. v.)

.

Un autre exemple: ital. "la donna" ms.,: "Guite, ferIllle de Toftanne"

-(VI, f. 195. v.); allusion ~ la 4ème nouvelle, racontée par Laurette; mais

\

dans la première phrase de la 6ème nouvelle, on attribue l'histoire

à

Flanmette.

LA PHRASE.

Le traducteur dénoue Bouvent la subordination en coordination ou en juxtaposition, perdant ainsi le lien logique de la phrase, ou l'enchatnement du raisonnement.

ital.: "la quale, conoscendo la simplicita deI marito, essendo innamorata di Federigo di Neri ~ego1otti, il quale bel10 e fresco giovane era, ed egti di lei, ordino con una sua fante che Federigo le venisse a parlare ad un luogo molto bello ••• " (Déc. p. 476)

ms. : II' et oongnoissoit la eimplesae de aon Mary; ai fut amoureuse de ung

beau et fort jouvenceau namé Federic Pogolot, et il auasi estoit

amoureux d'elle. Elle ordonna/185.r./ avec une sienne chamberiere come Federic vendroit parler a elle en ung lieu que ••• " (l, 184. p. v.) ital. : "penao di vo1ere ingentUire per mogUe" .,

note de l'éditeur: "nobllitare1 col matrimonio" (Déc. p. 511) ms. :''pen •• estre anobli ••• et prinst a feame ••• " (YIII, f. 199. r.)

Traduction o~ on ne voit plue l'effet ni la cause.

(18)

-14-II. Etude détaillée de la 3ème nouvelle.

La 3ème nouvelle nous a semblé p.rticuli~rement riche en remarques; nous avons donc choisi de l'étudier en détail, mais en suivant le fil ~u

f

t~xte

pour

pl~s

de clarté. Nous grouperons ensuite les observations sous

~eux chefs: vocabulaire et structure de la phrase.

1. Notes "au fil du texte." (14)

(ms. f. 188. r. italien: Déc. édition Salinari p. 484)

1. ital. : "Frate Rinaldo si giace con la comare; truovalo il mari to in camera con lei, e fannogli credere che egli incantava i vermini

al figI1occio."

,-ms. : "Frere Regnaul t, de l'ordre des prescheurs, coucha avec sa commere nommee Agnés. Tandiz que eulx deux labouroient, le mary de Agnés survint et avec elle il trouva le jacobin en sa chambre. Eulx deux firent croirre au mary que le jacobin conjuroit les vere dont estoit pwsion né et malade

uns

de leurs pet1z enfans."

Glose 'habituelle, précédant chaque nouvelle; on trouve déjl ici de nom-breux traitsde la technique de Laurent de Premierfait:

amplification sur le personnage dont le nom est donné: "de l'ordre des prescheurs"i

addi tion du nom propre omis en italien: "Agnés";

explication de ce qui l'est déjà par le contexte, et accent sur le. situations scabreuses, avec des termes ambigus: "tandiz que eulx deux labouroient";

f

emploi de doublets synonymiques: "pa . . ionné et . . lade".

(14) Comme nous suivons le texte pas.à·pae, il noua a paru plue commode de signaler le no. du folio et celui de la page du Décaméron au haut de chaque page; noue lee signaleronl de ~ouveau

l

chaque changement "de page ou de folio.

(19)

(ms. f. 188. r. Déc. p. 484)

2.

ital. "delle cavalle partichett ms. "des jumens"

Allusion

A

la 2ème nouvelle; la traduction représente une perte pa~ rapport au texte italien. Est-~e ignorance de là part du traducteur, parti pris d'éviter une glose inutile ou lacune du manuscrit?

3.

ital. : '~on seppe si Filostrato parlare oscuro delle cavalle partiche, che l'avvedute donne non

10

intendessero e

a1quanto non ne ridessono, semblant! faccendo di rider d'altro." ms. : "Phllostrate ne sceut si obscurement parler des jumens que

les dames, clervoY80s, n'entendissent ~es paroles et que elles ne risissent pour autre cause." li

Phrase obscure, contenant un contre-sens dG

à

l'omission de

l'expression-clé: "sembianti faccendo". Cette omission pourrait être aussi une lacune du manuscrit ou une erreur du scribe; on~urrait enfin penser

A

un

saut du même au même

A

cause de la présence,

A

deux reprises, du verbe "rire" •

4. ital. : "Siena" ms. "Sene en Toscane" Commentaire géographique.

5.

ital. :

"un

rico uomo" ma. "lm riche hoame senolz"

Glose n'ajoutant rien au texte.

(ms.qf. 188. r.

Déc.

p. 485)

1

6. ital. : "Rinaldo ai fece frate. e chent.e che e811 trova •• e 1 pastura. e8li per.ever~ in quello."

note de l'éditeur: "e quale che fosee 11 8UO vantaggio pereever~

ln quella sua deciaione."

1

(20)

-16-(ms. f. 188. r. Déc. p. 485)

ms. : "Regnault devint frere prescheur, et quelconque pasture

1 f,

quli trouvast en celle ordre, il persevera en l'amour de sa conmere, dame Agnés."

Contre-sens sur l'antécédent du relatif italien; la traduc~ est d'autant plus obscure qu'elle est en contradiction avec la phrase suivante: "Et combien que ••• !l eust mis d'une part l'an'lour dont il aymoit sa

conmere ••• "

7.

ital. : "in processo di tempo" ms. : "aprez"

Cette traduction est une perte; affaiblissement de la notion de durée, importante dans ce contexte.

8.

ital. "le si riprese"

ms. "reprist son amour charnelle et les pompea seculieres" Etoffement du pronom personnel; procédé fréquent.

9. ital. : "senza lasciar l'abito"

ms. : "sans laissier les robes qui faulaement teamongnoient la religion de cueur"

Traduction confuse, malgré l'explicitation de "les robes", terme équivoque ici, par alileurs~

(ms. f. 188. v.

i

Déc. p. 485)

10. ital. : "e comincll> ••• dteesere in tutte le sue COle leggiadretto

ed omato

note de l'éditeur: "galante ed elegante"

ms. : "Frere Regnault cœmença.~. a 10y agencer et polir en toutes

ses anciennes maniere •••• "

Contre-8ens sur l'expre.sion ajoutée: ".e. ancienne. maniere."

(21)

(ms.

f.18&.

v. Déc. p. 485)

1l)it81.

/ ms.

1

: "ed a cantare, e

~utt~

pieno d',altre cose a queste simili"

: "et icelles chanter ccmne celui qui s'estoit adonné a

telz ouvrages ••• n

La traduction ne rend ias compte de l'ironie du texte italien.

jf

12. ital.

ms.

"Ahi vitupéro deI guasto mon do L"

''Maiz c'est 'grant vitupere et signe de destruccion du monde ••• " Eclatement de l'expression italienne: la phrase nominale et exclamative

devient une . propo si tien en deux éléments. traduisant chacun un des termes

i' de l'expression d'origine: ital.: "vi tupéro"

ital.: "guastCl mondo"

ms. : "grant vitupere"

ms. : "signe de destru~on du monde"

13. ital. ''mor bidi" ms. : "malades"

Contre-sens, ''morbidi'' signifiant IIraffinés"

14. ital. ms.

ital.

ms.

IItronfi"

"engressez", au lieu de "triomphants"; faux-sene.

: "Easi non si vergognano d'apparir grasei, d'apparir coloriti

nel viso, d'apparir morbidi n~~gestimentl ed in tutte le cose ~

loro, e non come colombi, ma come galli tronfi con la cresta levata pettorutl procedono ••• "

: "car les frerel jacobins et autres mendlans osent eulx monstrer

gras en corps et haultement coulorez en ~lsages. 11z .emblent

malades selon leurs robes, et en tOU8 leurs faiz et ditz semblent coulomps. Ilz cheminent a teste levee et a polcterine enflee coame coqz engre8Iez."

Cc:mne on peut le constater, le pauage d'une langue

1

l'autre

ne s'est pas effectué sans changement, dans le sene, le rythme, et dans la conetructlon de la phra.e. Dans le texte italien, une seule phrase, dont le sujet est "E88i", s'étend lur toute la page, décrivant les moinee, leur aspect, leurs cellulee, leurs moeurs.

(22)

-18-(ms. f. 188.

v.

Déc. p. 485)

La phrase, tr~s structurée, est rendue plus expressive encore par un . parallélisme r180ureux et une comparaison tr~s forte. La traduction lui

a fait perdre son rythme, en la diluant en plusieurs propositions juxta-posées. La description en trois propositions successives et parall~les: "d'apparir grassi ••• "

"d'apparir coloriti ••• " "d'apparir morbidi ••• "

disparait ; les deux premieres sont fondues en lUle seule: "osent eulx

monetrer ••• en visages ••• "; la troisi~e se retrouve dans la phrase sui-vante, avec l'atténuatif: "Hz semblent".

DI autre part, la comparaison: "non come colombi ma come ga11i tronfi" est diluée

A

son tour, le premier terme se trouvant dans une phrase, le second dans la suivante; l'opposition ne se fait plus sentir.

Remarquons, cependant, la très bonne traduction de "pettoruti" "a poicterine enflee".

15. ital. : "lasciamo stare l'aver le, lor celle piene d'alberelli ••• di Bcatole ••• d'ampolle ••• di bottacci ••• "

ms. : "Ilz ont leurs chambree garnies de vaisseaullC pleine de lectuaires et.d'ongnemens ••• Ilz ont boictes farcies de ••• Ilz ont fiolles ••• Ilz ont boutailles et flacons ••• "

Une seule proposition en"italien, quatre propositions indépendantes

,

cOOlllençant par "ilz ont" en français.

16. ital. : "vari confetti" ms. "confitures et diverses 8spices" Doublet o~ "confitlures" reprend le radlP1 de "confetti", renfor~é par "espices".

t

(23)

'.

(ms. f. 188. v. Déc. p. 485)

ital. ms.

: "essi non si vergognano che, altri sappia loro esser gottosi"

: "il z ne se hontoient pas que l'en saiche eulx estre gouteux

et rongneux par trop boire et mengier ••• "

Traduction littérale de la proposition infinitive, (latinisme ou 1 talianisme) et étoffement de "gottosl"-Ilgoutteuxl l (même radical) par un

d~ut:Ket:

"rongneux" et deux infinitifs substantivés.

18. ital. : "non Conosca e sappla" ms. "ne saichent" Procédé inverse, raccourci.

19. ital. : "vivande grossi" ms. : "viandes grosses"

Autre contre-sens, deux faux-amis pour "nourritures simplesl l

20. Proposition subordonnée en italien, introduite par: fiE credonai che altri non conosca ••• e che ne ••• ", dénouée en d~ux propositions

coordonnées: ms. : Ilz cuident oultre que les hommes ne saichent ••• Et certes l'en doi t Clrol.rre ••• t!

21. ital. ms.

"pallidi ed afflitt'i" "plaisans et affligez"

Contre-sens sur "pallidi", d'ailleurs en contradiction aVec le reste de la phrase.

On

peut l'imputer au traducteur, mais la faute existait

peut-~tre dans le manuscrit italien, ou encore le scribe peut avoir transcrit

Uplaisans"

I l

le traducteur avait écrit ..!!pâles".

• Q

(24)

(ms. f. 188. v. Déc. p. 486)

-20-'>:l..

22.

ital. : "quattro cappe per WlO" ms. : "pour un corps quatre chappes" Etoffement de l'adjectif numéral et inversion du complément.

23. ital. : "Alle quali cose Iddio proveggia come aIL' anime de' semplici che gli nutricano fa bisogno 1"

ms. : "Je viens acornpter ces choses, ainsi cœme il est chose expedient, aux ames des simples hOOlJles que les mendians· nourrissent en erreurs."

Plutôt une modulation qu'Wle traduction, la phrase française étant très différente de l'esprit du texte italien.

24. ital. : "ne"primi appetiU" ms. "es premiers appetiz d'amours"

Exp 1 ici taUon.

"::-.

25. ital. "e cresciutagli baldanza"

ms. "Et pour ce que hardiesse fut accreue en luiu

Participe absolu traduit par une proposition subordonnée.

26. ital. "la canincio a solleci tare"

ms. "11 aymol~, visitoit et sol1cltoit la dame."

be sens de "sollecitare" est traduit par une triple itération synony-mique, de même que l'aspect inchoatif de "C:ClDinci~" est transposé en un

imparfait d'habitude tr~s expressif.

27. ital. : "e81i di lei" me. : "que il eust de la d . . e" Etoffement du pronCID personnel.

(25)

(ms.

f. 188.

v • Déc. p. 486)

28.

ital. ,ila buona

d~

ms. "et elle"

Procédé inverse du précédent.

29.

ms.

30. ital.

ma.

: "de son compere jacobin"

Ue parendole frate Rinaldo ••• "

"lequel ••• lui sembla ••• "

ajouté

Participe présent traduit par une proposition subordonnée.

o

31. ital. "a quel ricorse che tanno tutte ••• " '" 1~

" auquel toutes les tenmes acourent et

ref~

• • • "

';1 \:;1 ma.

Doublet synonymique et étoffement du pronom "tutte".

~

32. ital. ,: "quello che ~ addomandato" ms. : "la chose demandée"

c

, Proposition subordonnée relative traduite par

un

participe pa88é;

r "

économie rare chez le traducteur.

33.

"jacobin" ajouté au texte.

34 •.

ital. ms.

''La donna fece bocca da ridere" ''La dame coamença rire"

Banalisation de l'expression Itali~e.

, ,}

35. ital. : "Oim~ triata" ms. : ''Laz moy, mauvaise f . . . e't

Le traducteur donne

à

''mauvaise'' son sens de ''malheureus.''

(cf. ''meschante,i. même s!!l's>

J

(26)

-22-(ms. f. 189. r. Déc. p. 486)

36. ital. "egl1 ~ troppo gran peccato"

ms. : "charnelle amour entre campere et cOIIIIIere c'est grant pechié" Explicitation du démonstratif par une périphrase.

37. ital. "a cui frate Rinaldo disse ••• "

;, ms. "Frere Regnaul t respondi a la d8ll)e et lui dist ••• "

;;

t' 1 Re&ondance du verbe.

,

38. ital. : "per queato" ma. : "pour cause de compeaige"

"

Etoffement du pronom d~onatratif.

o

(ms. f. 189. r. Déc. p. 487)

39. ital. : "sotto la coverta" ma. :"soubz la couverture et couleur" La métaphore est amplifiée par le deuxi~e membre d'une expression synonyme: sous couvert de; s~s couleur de.

40.

ital.

ms •. )

: '~ tra l'altre una avvenne che, essendo frate Rinaldo venuto a casa la donna e veggendo quivi n~una persona essere altri che una fenticella della donna, assai 6ella e piacevoletta, manda~o Il campagno suo con essolei nel palco de' colombi ad insegnarle Il paternostro, egli con la donna, ,che il fenciullin auo avea per meno, se n'entrarono nella camera, e dentro serratiei, sopra

un

\lettuaio da sedere che in quella era s'incominciarono a trastullare; "d in questa guiea dimorando, avvenne che i l ccmparo torn~,

e senza esser sentito da alcuno, fu aIl' uscio della camera, e

picéhi~ e chiamO la donna."

:"Or advint une toiz que, coaae frere RegnaIt feult venu en la

maison de la dame, et 1llec Il ne adv1sast aucune personne ainon \D'le jenne servante assez belle et gracieuse, il envoya son ,campaignon ou so)ller avec celle pucelle afin qu'il lui enseignaat sa Pater Noètèr et Ave Maria, et frere Regnault alla avec la dame qui par la main . . noit Bon filz.

l '

" \.

..

(

(27)

""

(ms. f. 189. r. Déc. p. 487)

Ilz entrerent en la chambre et, eulx encloz dedens., se assiatrent sur une couche et commencerent eulx esbanoyer enaemblè. Tandiz que frere Regnaul t et dame Agnés ainèi demouroient en la chambre au jeu de boute courroye, advint que le mary retourna en 8a maison; sans estre oy d'aucun, il vint a l'uis de la chambre et en hurtant il appella sa femne."

I~

Ce long passage est un exemple de la difficulté que le traducteur avait

à

surmonter (phrase très longue avec plusieurs incises), et de

l'excellent parti qu'il en tire souvent, tout en serrant le texte de près.

41. ital. "il paternostro" ms. "sa Pater Nost,r et Ave Maria"

'.

42. ital. : "dentro serratisil t ms.

.

.

"eulx encloz dedens"

.>

TradUction littérale d' \Dl. participe absolu par un participe absolu.

.-Est-ce un calque ?

43. ital. "in questa guisa" ms. : "au jeu de boute courroye" Traduction très libre

à

l'aide d'une métaphore de la langue parlée, et qui ajoute un ton licencieux au texte très discret de BQccace.

44. ms. "a basse voix" ajouté après "Dame Agnés, oyant son mary', dist"

45. ms. "Tandiz que le mary hurtoit" 8.\-jouté.

1/

46. ital. : "in tonicella"

ms. : "et seulement il avoit vestu une robe afin de plus aiaiement fourbir le charnaiz."

Etoffement; autre métaphore appartenant au langage parlé et ajoutant

\Dl. ton égrillard au texte italien •

(28)

· f

(ms. f. 189. r. Déc. p. 487)

47. ital. : "voi dite vero" ms. :"vous ma cœmere et moy sOl1ll1es en dangier"

Diver~ence entre les deux textes.

48. ital. "la donna, da subito consiglio aiutata, ••• "

ms. "adonc la dame de soy mesme tantost prist conseil ••• " Faux-sens pour: "frappée d'une idée soudaine."

49. ital.

ms.

"recatevi in braccl0 vostro flglioccio" "prenez mon peti,t filz entre vos braz"

Soit transposition, soit faux-sens sur IIfiglfoccio": "filleul". sens

\

que IIfiliolus" avait déjà en latin.

50. ital.

ms.

î

"e levatasi. con un buon viso ••• "

"et elle a front levé et a visage asseuré ••• " Faux-sens sur "levatasi" qui se rapporte à la dame.

(ms. f. 189. v. Déc. p. 488)

51. ital. "il bescio santoccio" ms. : "le mary"

Le mari en question sera souvent appelé "il santoccio" dans la suite du

texte et le traducteur emploiera chaque fois "le mary". Pourquoi n'a-t-il

pas traduit l'expression italienne? Benêt. tmbécil~ne lui semblaient-ils

pas suffisants ~ Ne comprenait-il pas le 8ena exact de l'expression 1 Est-ce

enfin un parti pris en faveur du mari benêt. ai cruellement bafœé dans cette nouvelle où. coame le fait remarque~ C. Salinari, "une beffa cost atroee,

testimonia ••• l'assoluta ~canza di pietà deI Boccaccio verso gli sciocchl."(note

1.

p. 489)

(29)

(ms. f. 189. v. Déc. p. 488)

52. ital. : "Come ••• " ms. : "Laz quoy lui est advenu 'l"

Traduction maladroite pour un p~re pâmé tt tout de_ peour"

53. ms. "quel remede prendre" ajouté aprés "et ne savoye ••• "

54. ms. "mon filleul, votre fHz"

"" ajouté.

55. ital. z "ed ucciderebbonlo ••• "

ms. "qui remede n'y mectra, ilz le tueront ••• "

o

La proposition ajoutée est intéressante car elle semble traduire la modalité du verbe italien (ils pourraient le tuer.)

56. ital. : "a cosl fatto servigio" ms. "en telle saincte besongne"

"Saincte" paratt ajouter

A

l'ironie de la feume.

57.

ms. "en ceste chambre" est ajouté

58. ital. "Il santoccio credendo queste cose, tanto l'affezion deI

figliuol 10 strinse ••• "

ms. : "L'affection singuliere et le desir que le mary avoit envers

son filz, le mena a tant que i l crust toutes ces choses .. "

L'omission de "santoccio" remplacé par "le mary" atténue le sens de la

phrase italienne; d'autre part, le renforcement de"l'affection" par un

adjectif doublé d'un substantif, mettent en relief l'amour du p~re pour son

fila et noua paraissent ainsi donner

?i

ce pasaage une tonalité différente

de celle de Boccace, l'ironie faisant place

?i

la pitié ainon

à

la sympathie.

59. ital. "ma gittato un gran sospiro"

ms. "mais de son cueur °il miat hors

uns

grant aouppir"

60. ital. "il santoccio" ms. "le mary"

,

(30)

-26-(ms. f. 189. v. Déc. p. 488)

62. ital. "sano" ms .. "sain et guery"

63. ms. "Et pour la grace faicte a votre enfant, j' ay advisé que ••• "

ajouté

64.

ital. "Il fanciullo, veggendo i l padre ...

ms. "Si tost que l'enfant advisa son pl!re ••• "

Participe présent traduit par une proposition subordonnée.

"i

...

65. ital. : "il quale, recatoIsi in braccio, lagrimando non altramenti

che della fosse il traesse ••• "

ms. : "Et le pere, prenant entre' ses braz l'enfant, ploura ainsi

cOl1llle s'il eust reconneu son filz resuscité du tombel ••• " Excellente traduction, avec une transposition; la phrase est

équili-brée, le traducteur ayant adre1tement évité l'écueil du mot ~ mot pour

"non altramenti".

(ms. f. 189. v. Déc. p. 489)

66. ital. "guer1 to gliele avea"

ms. "lui avoit gardé (lI enfant) de mort"

Renforcement de l'expression 1 tal1enne.

67. ital. : "la quale a lui aveva donata una monaca, e fattals eua divota."

1I1a. : "laquelle par adventure avoit esté donnee au jacobin par une

nonnain, dont il s'estoit acointé en amoura."

Banaliaation de la phraae originale; la tradGction· perd la saveur du

jeu de mot. sur "divota" •

(31)

(ms. f. 190. r.

~

Déc. p. 489)

68. ital. ms.

"avendo udito il santoccio" "Quant i l oy le mary ••• "

69.

70.

Participe traduit par une proposition subordonnée. "il santoccio" "le mary".

ital. '~della moglie chiamare"

ms. ~hurter a l'uis et huchant sa femne ••• "

Allitér~tton

et redoublement; bonne traduction.

ital. ms.

1

1

J'quelle quattro orazloni che m'imponeste"

~'toute8 les quatre oroisons que vous savez"

71. ital. : " tu hai huona l ena" ms. : "tu az I~rte et puissante alayne ••• "

Le redoublement d'adjectifs est ici plus expressif que IUta1ien "buona".

72. ital. ms.

"per la tua fatica e per la mia" "par le labour de moy et de toy ••• "

L'équivoque délibérée du mot image, plus ambigu que "fatica", rel~ve

,

du même désir d'expliciter tout ce que le texte contient de sous-entendus.

73. ital. "il santoccio" ms. : "le mary"

74. ms. "oyant et regardant la chose", transition ajoutée.

75. Apr~s "bon vin et espices", omission d'\U'le phrase: "e fece onore al suo compare ed al' compagno di cll>."

76. ital. "gU accomandl> a Dio"

(32)

1.

-28-(ms. f. 190. r. Déc~. p. 489)

77. ital. : "la mando ad appicare con l'al tre dlnanzi alla figura di santo Ambruogio, ma non a quel di Melano."

ms. : "et icelui ymage il envoya pour mectre avec le. autres devant l'image de Saint Ambroise nompa~ de Milan."

La traduction littérale ne rend pas l'effet de la phrase italienne, le traducteur n'ayant probablement pas saisi l'ironie de l'allusion

à

deux Ambroise; une glose eût alors été nécessaire ou une transposition in-telligible pour le lecteur français. Ambroise, protecteur de Milan, était le saint par excellence; il s'agit ici d'urt autre Ambroise, le bienheureux Dominicain Sansedoni de Sienne,

à

qui la cormnme de Sienne consacra une

(33)

2.

Classement des remarques sur la 3ème nouvelle • Remarques concernan~e vocabulaire.

16 cas de glose 1. 4. 5, 8, 9, 22, 24, 27, 31, 36,

38, 40, 46, 48, 53, 67.

note:

8,

27, 36,

38.

sont des étof-fements de pronoms démonstratifs, personnels, relatifs.

14 addi tions 29, 33, 41, 42, 44, 45, 47, 54, 55, 56, 58, 63, 72, 74.

note: 42, 47, 72, ajoutent un ton licencieux au texte original.

11 doublets .

12, 16, 17, 26, 31, 37,

40,

59,

62,

,

69,

71.

note: 12, 26, 37, sont des cas oÙ/le sens d'un mot se trouve dU ué sur deux ou plusieurs termes.

10 anissions

2, 52, 59, 60, 61, 68, 72, 75, 18,

28.

note: les seules véritables omissions sont 2 et 75; 18 et 28 sont des réduc-tions de deux ou plusieurs termes en un seul; lee six autre. concernent "le mary" •

(34)

/

- 6 contre-sens - 5 faux-sens 5 pertes ou lacunes

-30-3, 6, 10, 1-30-3, 19, 20.

14, 19, 49,

SO,

51.

7,

14, 23, 34,

77.

Remarques concernant la structure de la phrase.

- 5

subordonnées traduites par des coordonnées:

14, 15, 21, 32, 43.

- 0 pour le cas inverse.

- 4 participes absolus (passé ou présent) traduits par dea subordonnées

25,

30, 64, 68.

"

- 1 cas inverse :

32.

- 1 traduction littérale d'un participe absolu italien traduit par un participe absolu français

42.

On

remarque que le traducteur a beaucoup plus souvent " estendu le trop bref en plus long" qu'il n'a retranché de son texte; si on ajoute, en effet, les additions pures aux gloses et aux doublets, on obtient un total de

41,

soit près de

511.

du total dea remarques.

Les 17 faux-sens, contre-sens et lacunes, représentent environ 22"L d'er-reurs, une moyenne honorable pour un traducteur ignorant If! "vulgar floren-tin", et en supposant qu'ellea aoient toutes imputables au traducteur; or, et nous l'avons signalé au début, un grand nombre de ces"erreura"pourraient

,.

être attribuables au copiste ou encore au manuacrit italien; leule une étude des sources de notre manulcrit et une collation dei

15

manuacrits connua de la traduction françaile du Décaméron noui permettrait de aavoir quelle eat la part du tradu~teur •

"

(35)

Sur le plan de la pensée, cette traduction tend

l

la fidélité; le plus souvent littérale, elle change peu l'esprit du texte, sauf dans les passages où le translateur trouve le texte italien trop discret ou allusif; nous avons vu qu'il n'hésite pas, alors,

A

donner au texte de Boccace un ton franche -ment grivois.

Sous le rapport de la str,ucture de la phrase, enfin, on remar'QUe que le texte de Boccace, concis, serré, dense,

A

la phrase complexe, truffée d'in-cises, aux rapports rigoureux, est traduite par une phrase p~océdant par coordination ou juxtaposition, (cf.

le

nombre de propositions commençant

..

par "et" ••• , ''mais'' ••• dans un Meme paragJ;aphe ), où tous les termes sont déterminés, et ~ laquelle l'étoffement et-la redondance donnent une allure floue, dénouée, lâche. On peut Be demander, comme le fait

J.

Rychner

(15)

A

propos de la traduction de Bersuire, si ces traità sont dus

A

l'instru-ment plutôt

qu'l

l'ouvrier, si ce sont des faits de langue ou le fait du

traducteur. Cette question aussi mériterait une étude approfondie qui por-terait non seulement sur la langue des traducteurs mais aussi sur

la

prose ~ttéraire du début du XVe siècle.

Nous devons cependant reconnattre que Laurent de Premierfait, en trans-lateur consciencieux et habile, a produit un texte parfaitement lieible, au rytmne alerte, au tour bien françai.; sa traduction marque une étape

impor-"",

tante dans l'histoire de la langue de. traducteurs.

Comme

le dit ju.tement

"

Purk~8, II it must be admitted that h. deaervee more credit than he ha.

hither-to received for

thl.

remarkable achievement."

(16)

(15)

J. Rychner, op. cité, p.

190

(16) C.S.

Purkia,

op.

cité, p.

15

(36)

1

\

LED E CAM E R 0 N. VIlMae JOURNEE •

.

'

",,' ,

(37)

..

-. e

-33-NOTE:

LE MANUSCRIT.

Il existe environ 15 manuscrits du Décaméron de Boccace dans la

traduction de L~urent de Premierfait, d' apr~s P. Gathercolle. (1)

Sept de ces manuscrits se trouvent en France et ont été décrits par C. Bozzolo.(2)

Notre manuscrit de base est le manuscrit 129 du fonds français

de la Biblioth~que Nationale; on en trouvera une description détaillée

dans l'étude de C. Bozzolo, pp. 51-53 •

.

(1) P. GATIlERCOLLE, ''Manuscripts of Laurent de Premierfait' s works" in

Modern ~age Quarter1y, no. 19, 1958, pp. 262-270.

"Fifteei1tëentury b"analation: the dev_lopment of Laurent de Prllllterfait" in Modern Language Quarter1y, no. 21, 1960, pp. 365-370.

(2)

c.

BOZZOLO, ''Manu.crtt. des tràduction. françaisea d'oeuvre. de

Boccace dan. le, bibl1oth~qi1e, de France", in ItaUa Medievale e tbanietica,

(38)

-34-LED E CAM E R 0 N.

/184 r./ Aprez la fin de la VIe journée cOIlIIlence la VIle en

laquelle, soubz le regtme de Dionee, est faite mencion des

decevemens que les femmes jadlz firent a leurs mariz appercevans

ou non appercevans telles decevances faictes ou pour amour ou

pour le sauvement des femmes.

En

ceste VIle Journee sera parlé

des decevances que les femmes jadiz firent a leurs mariz.

Chacune estoille du ciel estoit resconsee fors celle que nous

appelIons Lucifer qui encore luisoit (en) (1) l'aube du jour tres cler.

Quant le maistre d'ostel fut levé, i l appresta males et bahuz et alla

5

ou Val des femmes. Illec il ordonna toutes choses selon l'ordonnance et 10

)

commandemen~ de son seigneur. Assez tost"aprez le maistre d1ostel, se

leva le roy qui esveillié s'estait au bruit des varletz Qui chargoient

les sommages. Si tost que le roy fu levé, 11 fiat hommes et femmes'

ensemble eeveillier et lever et apaine apparissolent encore les ralz du

soleil, quant l1z se acheminerent. Oncques encore ne leur avoit semblé

15

(ouyr) (2)si doulcement chanter les roneignolz et autres oyseaux comme en

celui matin. Eulx acompaignez des oysillons que ainsi comme (3) ilz

allerent jusquez en la Vallee deSS~icte, en laquele ilz furent

recueilliz de plusieurs autres oyseillons qui, ainei come il sembloit, avolent joie de la venue des dames et de leur compaignle.

(1) ma : et

(2)

ms : ouy

(3) (que aiaei cOIIIDe) saut du même au même

20

(39)

Eulx tous avironnans et de rechief advisans toute celle vallee qui

-:i:

leur sembla plus belle que au jour precedant d'autant comme l'eure

~

du matin surcroissoit la beaulté du lieu a comparoison du vespre. Et aprez ce

1

qu'ilz ourent brisé leur jeusne par boire bon vin et mengier espices, ilz commencerent chanter avec les oyseaux, et la parfonde vallee par ung resonnement disoit-telles chançons comme la compagnie, et ainsi comme se les oyseaux ne voulsissent en chantant estre valncuz, i1z adjoustoient nouveaulx accordz de musique a toutes les chançons et aux resonnemens de la vallee enclose de montagnes. Maiz aprez l'eure

25

venue de disner et les' tables mises soubz lauriers verdoyans et autres 30 beaulx arbres plantez prez du beau lac, ilz allerent disner ainsi comme

il plut au roy. En mengeant Ilz veolent poissons atropeaulx noer en l'eaue du lac, et ainsi comme ilz donnaient occasion de les regarder,

~\ aussi aùcunefoiz ilz donnoient cause de parler ensemble. Maiz aprez

qu' 11z ourent disné, eulx plus joieux que devant recommencerent chanter

35

et jouer d'instrumens et danser. En divers lieux de la petite vallee estoient litz apprestez qul, par leur sage proviseur, estoient couvers de sarges françoises pour illec dormir qui en auroit talent; et qui dormir ne voult peust a son plaisir prendre autre soulaz et esbatement

~

par le congié du roy. Et quant l'eure fut venue que tous furent levez 40 et que ja temps estoit d'assembler pour compter nouvelles sur la VIle

Journee, selon le plaisir du roy, sur l'erbe Verte tappiz furent 8stenduz prez du lieu ouquel ilz avoient disné; illec se assirent prez du lac. Adonc le roy Dionee conmanda a FJnilie que elle conmençast sa nouvelle,

(40)

-\

.e

'1 i

,

,,36-La somme de la premiere /164 v./ nouvelle comptee par Emilie sur la VIle journee dont Dionee est roy.

Ung tisserain de draps florentin nommé-Jannet Lorrain, couchié avec sa femme, oy par nuit que aucun Hurtoit a l)uis de sa chambre •

Il esveilla sa femme. l'aquelle lui flct croirre que c' ~stoit une

\ ' , ' . l "

fantosme d'aucun_mauvaiz esperit. Le Mary ei'la femme se leverent de leur lit et allerent coqprer par une oroison qu~ la femme dict auprez de l'uis contre la fantosme et adonc le hurtementlcessa.

L'acteur continue les choses devant dictes aux choses'cy aprez racOmptees en la LXle nouvelle comptee par Emilie qui envers le roy se excusast vouLentiers de parler de· la matiere touchant les decevemens des femmes qui jadiz cabuserent leurs

-

.

mariz.

,

'.

" Monseigneur le roy, tres chiere chose me'feust s'il vous pleust que autr~ que MOy donnast commencement a si belle matiere comme e~t

\ '

.

~~

celle dont nous devons parler. Mais puis qu'il vous pl ai st que je donne a toutes autres hardiesse de parler, je voulentiers le feray et me efforceray dire aucune chose qui puisse prouffiter a vous mes tres chieres dames ou temps advenir. Car se toutes femmes comme MOy sont doubteuses et nous mesmement qui doubtons les fanto~es de la nuyt,

de qui~ ne scay,riens comme Dieu 8cayt, et oncques je ne trouvay

feume~

.. , i sceust quele chose ce feust, combien que nous toutes' doutons, pareil ent ou reputons les apparicions d'e.p~ritz. Et pour dec~88er

toute fantosme

1

qui a noua vendroit par nuyt ou par jour, Vous, en

~

notant ma nouvelle, pourrez aprendre une belle et éaincte oroison et moult puis8e a ce faire."

T .'

50

55 60 65

70 '

(41)

-.

Le compte au long de ia pr~iere.nouvelle compt~e

par

Emilie sur la VIle Journee dont Dionee est roy.

Jadiz fut en not~e cité de Florence. en la rue de Saint Pancrace, ung drappier de laine nommé Janne Lorrain. Il fut homme plus heu~eux

en son mestie~ qu'il n'estoit prudent~en autres choses, car il, estant

homme simple, estoit souvent ordonné cappit~ine de1lousengiers de

l'eglise Notre Dame la Neufieme. A lui convenoit maintenir l~maison des

.

.

lousengier9 et souvent il avoit autres telz menuz offices po\r occasion

75

desquelz il~reputoit soy moult plus especial, car menuz offices souvent 80

lui advenoient. Il comme riche homme donnoit aux freres mendians souvent bonnes pitances. Aux aucuns il donnoit chausses de drap, et aux autres scapulaires. Les mendians souvent enseignoient a Jannet aucunes bonnes oroisons et si lui donnoient la Pater noster en langaige.françoi~et la

chanson de Saint Alexi~ et les complaintes de Saint Bernard, et les 85

loanges de Saincte Marthe,et autres telles chançons lesquelles Jannet reputoit chieres et toutes en son coffre les gar~oit moult diligeaument

pour le salut de son ~.

Lors doncquez advint que ceetui Jannet avoit une tres belle femme

nommee Thissayne qui fut fille Harnicin de Coculine. Thissayne es toit 90 sage femme et congnoissoit la stmplesse de son ~ary. 51 fut amoureuse

de ung beau et fo~t jouvenceau nommé Federic Pogolot et il aussi estoit

".

amoureux d'elle.

Elle ordonna

1185 r.1

avec une sienne chamberiere come Federic

vendroit parler a elle en

uns

lieu que Jannet avoit en la rue ou la 95

dame demeuroit en tout le temps d'eaté. Jannet aucuneffolz alloit souper en celui lieu et dormir la nuyt et au matin retournoi t en SOl\ ouvreur et

(42)

...,

-

38-Federic, qui oultreement desiroit telle chose, par ung jour

advisa temps convenable et selon ce qu'il lui fut assigné, a heure

100

de vespres il alla& dit lieu. Et pour ce que en celui soir Jannet ne vint point, Federic et Thissayne soupperent en grant deduit ensemble

a leur tres grant pla~sir. Tandiz que Federic demouroit entre les bras de la dame, elle lui enseigna celle nuyt prezque six des oroisons

de son mary. Maiz la dame qui pas n'entendoit que celle delectable 105 nuyt feust la derreniere ainsi comme elle estoit la premiere et

aussi ne l'entendoit Federic, et afin qu'il ne convenist tous jours

--envoyer une chamberiere pour semondre F.èderie, il et la dame

ordonnerent ensemble une maniere que chacun jour ouquel Federic yroit

ou r~tourneroit d'un sien manoir qui estoit ung pou plus hault, que il

110

regardast en une vigne prouchaine de sa maison et il trouveroit la teste d'un asne mise sur ung eschalat de sa vigne. Et quant il verroit

celle teste tournee par devers'les murs de Florence que il venist sceurement et sans faulte en la maison de la dame. Et s'il ne trouvoit l'uiz ouvert

que il par trois foiz hurtast et elle lui ouvriroit. Et quant il verroit

115

celle teste d'aane tournee autrement, qu'il ne venist point car ce seroit signe que lors Jannet seroit a l'ostel. Et en usantl de ceste maniere Federi~ et la dame par mainteffoiz se trouverent ensemble. Mai.

entre les autres jours advint une foiz comme Federic deust soupper avec

la dame et elle eust fait cuire deux gros chappons, Jannet qui en celle 120 nuit ne devoit par venir,neantmoins il vint moult tart a l'ostel. De

ceste chose fut la dame trea dolente, et elle et Jannet son mary 80upperent ensemble et mengierent ung pou de char salee qu'elle avoit a tart fait

,

cuire en e'aue •

1

(43)

Et la dame conmanda a sa meschine que en une nappe blanche elle portast 125 les deux chappons bouilliz et grant quantité de oeufz et ung flacon de

bon

vin en ung sien ve!gier ouque1 souvent elle avoit acoutusmé soupper avec Federic, et que la servante meist celle viande auprez d'un peschier qui estoit en

uns

preau. La dame fut lors si fort troub1ee que elle ne oult pas memoire de dire a sa servante que elle attendist tant que Federic venist et que elle lui dist que son Mary Jannet estoit en l'ostel et que Federic prenist la viande et le vin. Thlssayne doncques et Jannet s'en allerent dormir aprez soupper .t aussi la meschlne.

Et assez tost apres vint Federic et par une foiz hurta 1egierement au guichet qui prouchain estoit de la chambre de Jannet et sa femme. Jannet ~~reoyl*antost le hurtement de l'uia, maiz afin qu'il n'eust

\

aucune suspicion sur sa femme elle feigny dormir. D'lllec ung pou aprez Federlc hurta secondement; parquoy Jehannet aucunement esbahi hurta 88

ferrme en disant:

"Thlasayne te oiz tu le hurtement que 1'en fait "1 Certea i l m'èet advlz que l'en heurte a notre huiz.If

Maiz la femme qui trop mieulx que son

1185 v.1

Mary avoit oy lé

(4)

heurte~z,felgny aoy eavell1ier et diet a son Mary:

"Quoy diz tu, Jannet 1n

et i l respondi:

(4) ma lé pour 1ee; apex

130

135

140

145

(44)

-40-- . "Je di qu' 11 me semble que l'en heurte a notre huis."

"Laz moy, mon mary, dist la fenme, ne saiz tu quelle chose est celle fantosme pour laquelle )'ay eu, en cestes prouches nuytz passees, si grant paour que quant je sent y cd.le. fant08llb- je me couchay toute soubz

les draps de notre lit et oncque~ je ne osay hors tirer ma teste jusques ISO

au cler, jour 'l"

Jannet adonc dist a sa femme:

- "Va, va et ne te doubte,car nagueres je diz une hisne qui conmence:Te

Lucis ante terminum, et une oroison de Notre Dame qui commence: 0,

Intermerata, et tant d'autres bonnes oroisons quant nous alasmes dormLr, 155

et aussi je scignay notre lit en nom du Pere, du Filz et du Saint Esperit, tellement que doubter. ne nous convient, car celle fantosme pour tout son povoir ne nous peult nUITe."

La femme dou~t que son amy Federic ne souppeçonnast la chose estre

autre et qu'il ne se troublast avec elle, delibera 80y lever du lit et faire sentir a son amy que son mary\est01t avec elle. 51 diat a son mary:

"Certes; quant est de moy, je ne cr01rray jamaiz que je \oye sauve ne 8ceure jusques a ce que nous aurons conjuré celle fantosme tandiz que

tu ez 1cy~1

Jannet adonc dist:

"Et conment doit l'en conjurer celle fantosme?" Si respondl la dame:

"Bien le sauray faire, car l'autre joUr que je fu en la cité de

160

165

Fesul1es, au pardon, une femme he~lte m'enseigna la forme de conjurer

170

les mauvaiz esperitz, et celle conjuracion est la meilleur que oncque. tu oy88es. Car quant celle femme hermite congnut mayl eatre ai paoureua.

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