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Le cimetière Belmont : témoin d'un art et d'une culture funéraires

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Academic year: 2021

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FACULTÉ DES LETTRES Département d'histoire Programme d'histoire de l'art

LE CIMETIÈRE BELMONT: TÉMOIN D'UN ART ET D'UNE CULTURE FUNERAIRES

THÉRÈSELABBÉ

Mémoire présenté pour l'obtention

du grade de maître ès arts (M.A.)

ÉCOLE DES GRADUÉS UNIVERSITÉ LAVAL

NOVEMBRE 1993

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À mon fils David qui m'a accompagnée tout au long de mes dérives vers les lieux de la mort et ce, avant même de naître, le 21 avril de l'année 1981.

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RÉSUMÉ

Le cimetière-jardin, né au milieu du XIXe siècle, témoigne de changements dans les mentalités et d'une nouvelle sensibilité collective. A cette époque, l'espace de la mort était relégué en dehors des limites de la ville. Souvent interprétée comme une marginalisation des morts, cette mutation allait au contraire engendrer un culte des tombeaux qui, à la limite, allait atteindre l'hyperthrophie. Une nouvelle culture funéraire prenait assise. Elle s'étayait dans un espace spécifique dont les limites n'offraient aucune contrainte à la théâtralisation. Tout se passe alors comme si la cité des morts transposait les normes et les codifications de la cité des vivants. Elle devient son double.

Notre modèle d'interprétation, le cimetière Belmont, nous a permis de cerner l'évolution de ce paysage funéraire. Le panorama s'étale du cimetière traditionnel au contemporain pour aboutir au mausolée communautaire atteignant le degré zéro de l'art funèbre. Deux axes d'étude sous-tendent cette recherche: l'objet funéraire et l'espace où il se dresse. Le premier, vu comme une icône, se transforme en objet culturel, si étudié dans sa relation avec l'autre. Un imaginaire collectif a pris forme et des incidences historiques, culturelles et sociales s'y rattachent.

Trace de pierre Écho de la mort Fantasme de vie

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Ill AVANT-PROPOS

Le présent mémoire est l'aboutissement d'une recherche entamée au niveau du baccalauréat en histoire de l'art à l'hiver 1981. A cette époque, sous la direction de M. Luc Noppen et en collaboration avec Mme Lise Nadeau, un répertoire des monuments funéraires fut amorcé. Cette initiative devait aboutir, en 1984, à l'obtention d'une subvention du ministère des Affaires culturelles dans le cadre de son programme "Connaissance et animation du patrimoine". Ce qui nous a permis de réaliser un inventaire photographique, typologique et historique des pierres tombales consignées à partir de six nécropoles de l'agglomération urbaine de Québec, en l'occurrence, les cimetières Saint-Charles, Belmont, Mount Hermon, Saint-Patrick, Saint-Michel et le cimetière des Juifs dénommé aussi The Beth Israël Cemetery.

Par la suite, une démarche personnelle nous a permis d'étendre la prospection à l'ensemble des cimetières du Québec métropolitain, puis aux centres urbains de Montréal et de Sherbrooke, à la région de la Beauce et enfin à la zone du Québec riverain qui s'étale de La Malbaie à Trois-Rivières et de Montmagny à Sainte-Croix de Lotbinière. Au terme de cette exploration en région, notre choix s'est arrêté sur le cimetière Notre-Dame de Belmont de Sainte-Foy qui devenait alors notre modèle d'interprétation.

Ce lieu s'avère particulièrement favorable à l'approfondissement de notre problématique. Il offre, d'une part, un échantillonnage assez complet des différents types de monuments funéraires, et d'autre part, les divers groupes sociaux et principales collectivités y sont représentés. De surcroît, ce site nous permet de bien cerner l'évolution du paysage funéraire à partir du milieu

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du XIXe siècle. C'est à cette époque qu'en remplacement du cimetière intra

muros, s'est instaurée dans la topographie suburbaine, la nécropole-jardin de

banlieue qui assez récemment s'est réintégrée à la trame urbaine.

Son histoire englobe le cimetière traditionnel et contemporain pour aboutir au mausolée communautaire qui supprime à la fois l'espace cimitérial et le culte des tombeaux. Si l'on excepte sa distanciation par rapport au cimetière rural et aussi du point de vue de sa confessionnalité, il s'agit d'un cas-type où les caractéristiques générales transcendent l'éventail des particularismes propres à d'autres lieux. Nous avons choisi d'y mener une enquête fouillée constamment alimentée de nos interrogations de nature historique, artistique, sociologique et philosophique.

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V

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier en premier lieu mon directeur de mémoire, M. John R. Porter, qui m'a soutenue dans ma démarche et qui m'a guidée au cours de mes travaux de recherche et de rédaction tout en m'orientant dans le resserrement de mon sujet, il convient aussi de signaler la participation de M. André Donaldson, directeur de la Corporation du cimetière Notre-Dame de Belmont, qui a fait preuve d'une grande disponibilité. Lui et son épouse ont toujours manifesté une vive confiance en ce projet. Je les remercie et souhaite que ce mémoire leur vienne comme une récompense.

Je dois redevance à une amie et collègue, madame Lise Nadeau, avec qui j'ai débuté cette curieuse aventure et qui m'a encouragée à approfondir l'étude du matériel consigné avec sa collaboration. Lors de nos errances dans ces lieux de la vie et de la mort nous ont apporté leur collaboration les surintendants des sites alors prospectés. J'éprouve de la gratitude à leur égard ainsi qu'à l'endroit de messieurs Roger Delisle et René Delwaide de Québec pour leurs informations au sujet de la fabrication des pierres tombales et aussi pour l'intervention plus récente d'Octave Boies qui m'a prêté sa collection de catalogues de monuments funéraires.

Je ne peux oublier non plus avec quel enthousiasme M. Vincent De Langlade, auteur d'ouvrages sur le Père-Lachaise, nous a fait visiter privément, à madame Nadeau et à moi-même, cette fascinante nécropole parisienne au cours de l'été 1983. Merci aussi à M. Louis-Vincent Thomas, anthropologue français, qui s'est empressé de me livrer son appréciation si motivante au sujet de ma communication présentée lors du colloque interdisciplinaire sur

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les "Conceptions et pratiques de la mort" tenu dans le cadre du 58e congrès de l'ACFAS à l'Université Laval, en 1990. A cet égard, je dois à M. Renaud Santerre, anthropologue et gérontologue chevronné, de m'avoir permis de présenter les résultats de mes explorations. Je lui sais gré aussi de m'avoir suivie assidûment dans mes autres interventions. Ce sont autant de jalons qui m'ont aidée à gravir ces sentiers encore à peine battus et de parvenir enfin à l'aboutissement du projet.

Je me rappelle aussi mes échanges fructueux avec madame Lorraine Quay, géographe: à la croisée de nos routes, nous avons pu tisser des liens d'amitié et de complicité. Je n'oublie pas M. Elliott Moore qui, en pilotant le séminaire de projet de thèse en 1986, sut communiquer à notre groupe la nécessité du dépassement et de la rigueur intellectuelle. Non plus, M. Jean Du Berger, ethnologue, qui a aimablement accepté de traduire les épitaphes en latin. Enfin, mes remerciements s'adressent à mes proches pour leur encouragement et leur intérêt soutenus ainsi qu'à tous ceux qui d'une manière ou d'une autre, m'ont permis de mener à bien cette entreprise. Il me reste à souhaiter que la lecture de ce mémoire suscite un intérêt pour le sujet et que des recherches complémentaires mettent à profit le matériel rassemblé ici. Mes efforts en seraient alors récompensés.

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TABLE DES MATIÈRES PAGE DÉDICACE... j RÉSUMÉ... ü AVANT-PROPOS... jjj REMERCIEMENTS... v

TABLE DES MATIÈRES... vu ABRÉVIATIONS... x

LISTE DES FIGURES... xi

LISTE DES ANNEXES... xix

EXTRAIT DE L'OUVRAGE DE LOUKY BERSIANIK, KERAMEIKOS... xx

INTRODUCTION... 1 CHAPITRE 1: LE SITE... 11 1.1 Aperçu historique... 11 1.2 Conception du plan... 15 1.3 Architecture d'entrée... 19 1.4 Évolution spatiale... 24

1.5 Du cimetière hors-faubourg à la nécropole intra-urbaine... 28

CHAPITRE 2: L'ESPACE FUNÉRAIRE... 31

2.1 Règlementations synodales: pour un espace sacré... 32

2.2 Éthique et esthétique: pour un espace urbanisé... 34

2.3 Conventions civiles et institutionnelles: pour un espace différencié... 38

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CHAPITRE 3: L’OBJET FUNÉRAIRE... 46

3.1 Fonctions de l'objet funéraire... 46

3.2 Mobilier et architecture funéraires... 48

3.2.1- Tombeaux, dalles et caveaux: simulacres du corps... 48

3.2.2- Mausolées: habitacle familial et "lieu de culte"de la différence... 51

3.2.3- Pierres tumulaires verticales: de la transcendance à la différenciation... 55

3.2.4- Stèles verticales: récurrence du cloisonnement... 60

3.2.5- Stèles conventionnelles: de la figuration réelle et métaphorique à la banalisation... 62

3.2.6- Marqueurs et blocs de pierre: un voile à l'altérité... 66

3.2.7- La croix: de l'individualisation au christocentrisme... 67

CHAPITRE 4: LA SCULPTURE HISTORIÉE... 71

4.1 La sculpture sacrée: le mythe d'un au-delà... 71

4.1.1- Les scènes de la Passion: complaisance au pathos... 72

4.1.2- Les dévotions populaires: passeport pour l'éternité... 74

4.1.3- L'ange de la mort: un compagnon de route... 78

4.2 La sculpture profane: de l'allégorie à l'anthrôpos... 83

4.2.1- La femme: un idéal éternel... 83

4.2.2- L'homme: un héros par-delà la mort... 87 4.2.3- L'enfant et le couple: les marginaux du panthéon

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CHAPITRE 5: L’ÉCRITURE ÉPIGRAPHIQUE... ' 91

5.1 Évocation réaliste de la mort: l'ici-bas... 91

5.1.1- La mort empirique et métaphorique... 91

5.1.2- La mort tragique... 94

5.1.3- La mort héroïque... 95

5.2 Fantasme de l'au-delà: la mort apprivoisée et mystique... 97

5.2.1- Les citations bibliques et liturgiques... 97

5.2.2- Les prières anticipatoires... 101

5.2.3- Les dévotions, indulgences et devises spirituelles... 103

5.3 Éloge du souvenir et "vanités posthumes"... 105

5.3.1- La mort sans artifices... 106

5.3.2- La mort élogieuse et moralisatrice... 108

5.3.3- La mort romantique et poétique... 116

5.3.4- La mort familiale et conviviale... 118

5.4 Option du silence: un choix ou une nécessité... 125

5.4.1- La mort anonyme et muette... 125

5.4.2- La mort contemporaine... 128

CONCLUSION... 130

BIBLIOGRAPHIE... 138

FIGURES... ... 158

ANNEXES... 206

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ACQ ANQ ANDB ANDQ ANC A. P. AVQ BRH CB CELAT CRAD IBC IQRC MAC N.P. PNA PQ RPQ SRP

Archives civiles de Québec

Archives nationales du Québec, à Québec

Archives du cimetière de Notre-Dame de Belmont Archives de la paroisse de Notre-Dame de Québec Archives nationales du Canada, Ottawa

Ancienne partie

Archives de la ville de Québec Bulletin des recherches historiques Cimetière Belmont

Centre d'études sur la langue, les arts et les traditions populaires des francophones en Amérique du Nord Centre de recherches en aménagement et en développpement

Inventaire des biens culturels

Institut québécois de recherche sur la culture Ministère des Affaires culturelles

Nouvelle partie

Phototèque nationale de l'air (Énergie, Mines et Ressources Canada)

Photocartothèque québécoise (Gouvernement du Québec Ministère de l'Énergie et des Ressources)

Répertoire des parlementaires québécois 1867-1978 Service des ressources pédagogiques (Université Laval)

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LISTE DES FIGURES xi

CHAPITRE 1: LE SITE

1. "Plan de Belmont et de la Terre de Frechet", 1832, Archives historiques, Musée du Séminaire de Québec, polygr. 34, no 8A, y 92.

2. Carte des environs de Québec montrant le cimetière Belmont: "Fortifications Surveys/Quebec/1867", ANQ, Division des archives cartographiques et architecturales, NMC-19702, Sheet-Ill, Plan XVI.

S.PIan du cimetière Belmont tracé en 1906 par l'architecte J.P. Edmond Dussault, ANDB (Photo: SRP).

4. Photographie aérienne, angle est, vers 1926-30, ANDB. 5. Photographie aérienne, angle ouest, vers 1926-30, ANDB.

6-Croix du cimetière, à l'intersection de l'avenue du Cimetière et de l'avenue des Saules-pleureurs (Photo: T. Labbé).

7.Charnier, vers 1900 (Photo: Thérèse Labbé et Lise Nadeau). S.Cimetière des prêtres ouvert en 1942, sud-est (Photo: T. Labbé).

9. Plan de l'ancienne partie par J.P.E. Dussault, 1906, ANDB (Photo: SRP). 10. Plan de la nouvelle partie par J.P.E. Dussault, 1906, ANDB (Photo: SRP). 11 .Photographie aérienne, 5 juillet 1950, échelle 1:10 000, altitude 9700', PNA, Carte "B" 21 L/14, rouleau A12649, cliché 204.

12. Photographie aérienne, 14 juillet 1959, échelle 1:12 000, altitude 6300', PNA, Carte "A" 21L714w, rouleau A16739, cliché 136.

13. Photographie aérienne, 14 mai 1965, échelle 1:5 000, altitude 2700', PNA, Carte "D" 21L/14w, rouleau VRR2642, cliché 987.

14. Photographie aérienne, 1973, échelle 1:5 000, Carte 21L14H, Q 73301, cliché 63.

15. Photographie aérienne, 7 mai 1985, échelle 1:5 000, Carte 21L14 3, Q 85315, cliché 58.

CHAPITRE 2: L'ESPACE FUNÉRAIRE

16.Section B des fosses à part et mausolées en arrière-plan (Photo: T. Labbé).

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17.Section des communautés religieuses au nord-ouest, angle Notre-Dame du Saint-Rosaire et avenue Notre-Dame (Photo: T. Labbé).

18.Section des militaires, avenue Saint-Nazaire (Photo: T. Labbé).

19.Un des deux monuments aux morts de la guerre, quadrilatère sud-ouest près de l'avenue des Anciens combattants (Photo: T. Labbé).

CHAPITRE 3: L'OBJET FUNÉRAIRE

Des photographies suivantes, plusieurs ont été exécutées par Thérèse Labbé et Lise Nadeau à l'hiver 1981 mais elles ont été, pour la plupart, reprises par l'auteure. L'astérisque identifie les photographies effectuées exclusivement par celle-ci, dans une étape ultérieure. Les dates de décès inconnues ou ne figurant pas à l'épitaphe (critère de datation) ont été repérées aux ANQ. La date d'érection du monument, lorsque connue, ou celle d'un décès antérieur à celui du propriétaire du lot seront signalées.

20. Tombeau de l'historien François-Xavier Garneau (1809-1866); érigé en 1867.

21. Tombeau de Philéas Gagnon, décédé en 1943 (ANQ).

22. Caveau en surélévation: lot de Damase Fleury décédé en 1931 (ANQ). 23*.Caveau double surélevé de dalles: lot d'Érasme-Louis Jean (1874-1954) et de Marie-Anne Gagnon 1887-1950).

24*.Caveau surélevé d'une dalle: lot de Narcisse Naud (1872-1952).

25. Tombeau et caveaux de la famille du Dr Albert Paquet (1878-1963); 1er décès en 1936.

26. Mausolée de Georges-Élie Amyot, homme d'affaires décédé en 1932. 27. Mausolée d'Alexandre Chauveau (1868-1916), juge de la Cour des Sessions de la Paix.

28. Mausolée d'Ulric-Joseph Tessier (1817-1892), juge de la Cour supérieure et de la Cour du Banc du Roi; décès antérieurs: Adélaïde Drapeau (1869) et neuf enfants morts en bas âge entre 1858-1871.

29. Mausolée de Pierre Giguère, navigateur décédé en 1921; érigé en 1910 sous la direction de A. Laforce et frère, marbriers.

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30.Mausolée de Fernand Lemieux (depuis 1979), ayant précédemment appartenu à Henri-Edmond Casgrain, chirurgien-dentiste décédé en 1941 (ANQ).

31.Obélisque de Guillaume-Eugène Chinic (1818-1889), marchand. Fabricant: J.A. Bélanger, Québec.

32.Obélisque de Jean-Docile Brousseau (1825-1908), homme d'affaires, politicien et ancien maire de Québec. Fabricant: Z. Maranda, Québec.

33.Obélisque de Georges Tanguay (1851-1913), commerçant, homme politique et ancien maire de Québec.

34. Pilier surmonté d'une figure allégorique: J.B.E. Letellier de St-Just décédé en 1930; autre décès en 1911 et enfant mort en bas âge en 1901.

35. Pilier surmonté d'un Sacré-Coeur. Édouard Côté décédé en 1925; enfants morts en bas âge en 1905 et 1906.

36*.Colonne surmontée d'une croix: Jean Paquet décédé en 1880; monument érigé en 1860.

37*.Colonne surmontée d'une urne: Alfred Gauvreau Belleau, médecin décédé en 1904. Fabricant: Z. Maranda, Québec.

38.Socle surmonté d'une urne: Isidore Thibaudeau (1819-1893), homme d'affaires et politicien décédé en 1893. Fabricant: J.A. Bélanger, Québec. 39.Socle surmonté d'une croix: Pierre Garneau (1823-1905), homme d'affaires, ministre, conseiller législatif et ancien maire de Québec; l'épouse, Charlotte Cécile Burroughs, est décédée en 1887.

40.Édicule surmonté d'une figure allégorique: Philippe Huot (1825-1907), notaire.

41.Socle surmonté d'une sphère: Alphonse Gingras décédé en 1920. Fabricant: Laforce, Québec.

42 A/B.Stèle verticale de Georges-Émile Tanguay, architecte décédé en 1923; médaillon de bronze exécuté par Émile Brunet et plan du monument dû à l'architecte Raoul Chênevert, 1925.

43.Stèle verticale avec écran: Georges.l. Lachance (1891-1945), industriel. 44.Stèle verticale avec écran: Pierre-Émile Côté (1888-1950), politicien, avocat et juge à la Cour supérieure de Québec. Fabricant: Delwaide & Goffin. 45*.Stèles verticales avec écran (muret) regroupées sur l'avenue Saint-

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partir de 1885. Ils l'ont acquis en 1971 (#761 N.P.) après avoir remis leur ancien lot (#363 A.P.) de 1885 (voir ANDQ, carton 24, pièce 24-232).

47*.Stèle verticale érigée en 1987 en mémoire des soldats morts au Vietnam. Fabricant: Fernand Chabot Monuments, Scott, Beauce.

48.Stèle en forme de lyre: Lucile Angers Delage (1890-1930), cantatrice. Fabricant: Delwaide & Goffin, Québec.

49*.Stèle avec motifs d’un compas et d'une équerre: Pierre R infret (1907- 1967), architecte. Fabricant: Delwaide & Goffin, Québec.

SO.Stèle en forme de livre: Guy Frégault (1918-1977), historien.

51 ".Stèle avec motif d'une main pointant le ciel: J. Orner Légaré décédé en 1909.

52*.Stèle avec motif des mains unies: Noël, fils de Eugène Nadeau, décédé en 1933 à l'âge de douze ans.

53*.Stèle avec motif d'une main déposant des fleurs sur la tombe: Octave Duchaineau décédé en 1912.

54.Stèle avec motifs végétaux (pensées): Ivan E. Vallée et sa fille Gabrielle, juge en chef à la Cour supérieure. Fabricant: Delisle Monuments, Québec. 55*.Stèles avec motifs eucharistiques regroupées au cimetière des prêtres. 56.Stèle avec lettrage particulier: Joseph Bilodeau, juge décédé en 1976. 57*.Marqueurs jonchant le sol: monuments de Jean-François-Joseph Duval, juge en chef de la Province de Québec décédé en 1881 et de L.-Guillaume- Alfred Duval, greffier de la paix, mort en 1871.

58*.Bloc de pierre au sol: Louis-Napoléon Casault (1822-1908), juge de la Cour supérieure de Québec.

59.Croix celtique: Adolphe-Basile Routhier, juge en chef de la Cour supérieure de Québec et co-auteur de notre hymne national, décédé en 1920; 1er décès en 1901.

60*.Monument en forme d'arbre-croix: C.A.J. Édouard Fitzpatrick (fils de Charles) mort en bas-âge.

61.Monument en forme d'arbre: Ernest P. Robitaille, chef de train au C.P.R., décédé en 1898.

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62*.Stèle avec motifs de croix juxtaposés à divers symboles: famille d'Apollinaire Plamondon.

63*.Stèle avec motifs de croix associés à des ordres pontificaux: Joseph Louis Joachim Mercier (1875-1941), commandeur de l'Ordre de Saint-Grégoire-le- Grand et du Saint-Sépulcre.

CHAPITRE 4: LA SCULPTURE HISTORIÉE

64*.Christ portant sa croix, médaillon en bronze signé Ruland: Ls Numa Talbot (1867-1920).

64.Christ portant sa croix, sculpture surmontant un socle: Joseph Côté (1861- 1936).

66. Christ en croix, figure en bronze fixée sur la croix érigée au, lot de Pierre Théophile Légaré, homme d'affaires (1851-1926). Sculpteur: Émile Brunet; fondeur: Alexis Rudier, Paris.

67*.Christ en croix, médaillon en bronze de Mtl granite: Napoléon Martineau (1863-1927), électricien.

68.Ecce Homo, médaillon en bronze de Mtl granite: Gérald Martineau (1902- 1968), commerçant, politicien et conseiller législatif (fils du précédent).

69 NB.Ecce Homo rayonnant, médaillon en bronze signé Émile Brunet, 1919: Stanislas Picard (1902-1982); 1er décès en 1951.

70.Pietà: sculpture en ronde-bosse au lot des familles de Joseph Cauchon (1892-1965) et de Jacques Gravel (1909-1966).

71 *.Sacré-Coeur grandeur nature enchâssé entre deux stèles: Lucien Charest décédé en 1956; 1er décès en 1929. Fabricant: J.L.Thériault et fils Ltée, Québec.

72*.Sacré-Coeur de l'Enfant-Jésus enchâssé dans une stèle: Robert Trudel décédé le 26 décembre 1954 à l'âge de trois ans, fils du Dr Jean Trudel D.D.S. (1920-1981) et de Ann Gagnon I.L.

73*. Enfant Jésus de Prague en relief au bas de la stèle: Jean de Saint-Victor

M.D. (1909-1982); 1er décès en 1918; Fabricant: Delisle Monuments, Québec.

74*.Saint Joseph et l'Enfant Jésus en ronde-bosse avec stèle: René Etienne

(1895-1957).

75. Sainte Famille en ronde-bosse avec stèle ornée d'un Ecce Homo en médaillon de bronze signé M. Thomas, France: monument d'Hector Ménard décédé en 1967; 1er décès en 1959.

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76.Sainte Famille, relief en marbre sur stèle de granit: Onésiphore Lessard (1894-1984); 1er décès en 1951; Fabricant: Laforce & fils, Québec.

77*.Sainte Famille avec un saint Jean-Baptiste, relief en marbre sur stèle de

granit: Paul-Eugène Bilodeau décédé en 1961.

78.Immaculée Conception surmontant un socle: Congrégation des Enfants de Marie de la Haute-Ville; 1er décès en 1907.

79*.Notre-Dame de Lourdes jouxtée à une stèle: Carmel Laverdière Pelland décédée en 1960, lot de Cary Pelland.

80*. Vierge à l'Enfant figurant entre deux plaques: Pierre Fournier (1883- 1965); 1er décès en 1946.

81.Notre-Dame de la Salette figurant entre deux plaques, au lot de Joseph Clermont: érigée en mémoire d'Odila Doré décédée en 1950.

82*.Mater Dolorosa, médaillon en bronze signé M. Thomas, France: Arthur

Saillant (1879-1955).

83*.Ange adorateur, putto en bas-relief sur stèle de marbre: Léopold Esculier (1917-1941).

84.Ange adorateur à la croix enchâssé dans une stèle: Joseph O. Girard (1913-1974). Fabricant: Delwaide & Goffin, Québec.

85*.Ange aux fleurs, putto surmontant un socle: François Grenier décédé en

1927; 1er décès en 1905.

88. Ange aux fleurs surmontant un socle: Jean-Baptiste Deschamps dont le

père François-Xavier est décédé en 1908.

87.Ange aux fleurs en relief sur stèle de marbre: lot du colonel Tancrède

Rinfret (1869-1952); 1©r décès en 1911.

88*.Ange à la croix et à la couronne, putto surmontant un pilier: Louis Masson

décédé en 1929.

89. Ange à la croix surmontant une colonne: Arthur Lachance, juge décédé en

1945 et Marie Routhier de la Société des poètes canadiens-français (1863- 1930).

90. Ange à la palme, relief en bronze grandeur nature sur stèle de granit:

Georges Parent (1879-1942), président du Sénat; sculpteur: Émile Brunet. 91 .Ange pleureur surmontant un socle: Pierre O. Fortier décédé en 1931; 1er décès en 1929.

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XVII §2*.Ange pleureur, relief sculpté dans le granit: Major Eugène Lavoie décédé

en 1953.

93.Figure allégorique sculptée dans le granit: J. Adrien Lamarche (1910- 1964); sculpture exécutée par Louise Bourbeau en 1966.

94*.Figure allégorique (détail de la fig.34) surmontant un pilier: J.B.E. Letellier de St-Just.

95*.Figure allégorique (détail de la fig.40) surmontant un pilier: Philippe Huot, notaire.

96. Pleureuse surmontant un socle: Valère Côté décédé en 1946; Valère Côté, fils, décédé en 1937 (ANC).

97*.Pleureuse, bas-relief sur stèle de marbre: Marie Masson, épouse de Eugène Bernier décédée en 1891.

98*.PIeureuse, bas-relief sur stèle de marbre: Amanda Ouellet, épouse de Georges Gingras décédée en 1907.

99*.Portrait de femme sculpté dans la pierre: Lucienne Gauvin (1904-1936), épouse de Stanislas Gilbert; buste signé R. Gilbert.

100. Portrait de femme en médaillon de marbre sur stèle de granit: épouse de Paul Genest décédée en 1966.

101. Portrait d'homme, médaillon en bronze signé Georges Henry Duquel: Cyrille Duquel (1840-1922), horloger.

102* Portrait d'homme, médaillon en bronze signé Georges Henry Duquet: Joseph Vézina (1849-1924), musicologue.

103. Portrait d'homme, médaillon en bronze signé [Louis] Philippe Hébert: Félix-Gabriel Marchand (1832-1900), Premier ministre du Québec de 1897- 1900. Fabricant: Ficher.

104. Garçon et fillette en ronde-bosse surmontant un socle: Gazzoli Bastien (1886-1970); l'épouse, Germaine Fiset est décédée en 1954.

105*.Photographies: le couple Van Damme, François (1900-1973) et Olga Vanpoucke (1903-1973); Andrée morte à deux mois en 1966.

CHAPITRE 5-L'ÉCRITURE ÉPIGRAPHIQUE

106.Monument (croix celtique) de la famille de O.F. Campeau dont l'épouse, MJ. Ernestine est décédée en 1877. Fabricant: [Félix] Morgan.

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décédés en 1951.

108*.Monument (stèle surmontée d'une croix) de J. Adélard Bernier (1887- 1965), pilote; sa fillette est décédée en 1928 et son fils Raymond en 1941. 109.Monument (socle anciennement surmonté d'une Immaculée Conception) de J.A. Éphrem Bégin décédé en 1970; 1er décès en 1915 (Gilberte, 8 mois). 110*.Monument (stèle) de Stanislas Gaudreau (1872-1946); Prudent Gaudreau (1867-1937).

111*.Monument (stèle) de François Dumouchel (1885-1971); Alice Blain (1886-1958). Fabricant: Delwaide et Goffin Enr., Québec.

112.Monument (stèle) des familles Hamel-Faribault: Théophile Hamel (1817- 1870), artiste-peintre; Georges Hamel (1858-1862).

113*.Monument (stèle) d'Émile Lemieux dont le fils Guillaume est décédé en 1983.

114. Monument (obélisque et petites stèles) de la famille de Jean-Baptiste Renaud (1816-1884), homme d'affaires de renom. Fabricant: [Félix] Morgan. 115. Monument (stèle avec une Immaculée Conception) de la famille de Robert Dionne (1917-1992).

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LISTE DES ANNEXES

A-Modèles de sculptures offerts sur photographies

B-Modèles de sculptures offerts sur catalogues

C-Modèles de monuments et motifs offerts sur catalogues et cartons

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stèlestèlestèlestèlestèlestèlestèlestèlestèlestèlestèlestèlestèlestèlestèle

(la mort est une statue de longue date dans un champ de potiers l’érection du non-sens irrésistible l’urne prétend la circonscrire dans ses trois dimensions et même la contenir prétextant son repli elle qui est irrépressible la stèle raconte ses limites elle qui est sans fin mais la stèle n’est que l’histoire d’un nom qui se tient encore debout la mort n’y est pour rien que la biographie d’une paren­ thèse au coeur du néant la stèle rend le néant historique elle fait le récit de gestes qui n’ont pas lieu assignant un espace à ce qui n’existe pas désigner le rectangle de pierre et non la colonne la stèle ne peut soutenir le poids d’une vie ni le temple des yeux vivants

elle commémore une mémoire blanche et la main en suspens l’urne cinéraire est un cénotaphe étanche à la mort elle a les cour­ bes du sommeil mais le sommeil y est absent la stèle est lacunaire c’est l’écriture de rien l’une chambre noire tire une image du néant l’autre rend visible cette impossible silhouette sténographie de l’onomastique et des nombres horloge vide qui martèle le relais du silence archives de famille enfoncées dans les ruines lettre de l’amour inachevé)

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INTRODUCTION

Malgré le discours sur la mort, [...] l'image reste le mode d'expression le plus dense et le plus direct de l'homme devant le mystère du passage. Elle retient quelques-uns des sens obscurs, refoulés, que l'écriture a filtrés.

Philippe Ariès1

Dans la sphère des sciences humaines, l'historiographie des vingt dernières années témoigne sans contredit d'un renouveau d'intérêt à l'égard du phénomène de la mort. C'est à Lucien Febvre que l'on doit d'avoir ouvert la voie à ce champ d'investigations2. Dès 1941, ce visionnaire "avait pressenti tout l'intérêt que pouvait présenter une histoire de l'amour, de la mort, de la piété, de la cruauté, de la joie"3. Une telle initiative, on le sait, allait faire naître une trentaine d'années plus tard, une série d'ouvrages majeurs dont l'impact sur notre sensibilité contemporaine fut certain. Aussi, cette introduction se veut-elle au départ un bref état de la question nous permettant d'identifier les auteurs qui nous ont le plus éclairée dans notre démarche.

Philippe Ariès et Michel Vovelle, historiens des mentalités et tenants de la "nouvelle histoire", se sont attardés, entre autres, aux pratiques d'inhumation et à l'imaginaire funéraire, avenues menant au coeur de nos interrogations. Dans deux de ses essais dont L'homme devant la mort, Ariès préconise l'enquête dans la longue durée séculaire et nous présente une histoire des hommes face à la mort où les attitudes collectives sont révélatrices des

1 Philippe Ariès, Images de l'homme devant la mort, Paris, Le Seuil, 1983, p. 7.

2Lucien Febvre, "Comment reconstituer la vie affective d'autrefois? La sensibilité et l'histoire" in

Combats pour l'Histoire, Paris, Librairie Armand Colin, 1953, p. 221-238 (article déjà paru in Annales d’Histoire Sociale, III, 1941).

3Claude Sutto, "Avant-propos", Le sentiment de la mort au Moyen-Age (Études présentées au cinquième colloque de l'Université de Montréal), Montréal, Édition de l'Aurore, 1979, p.10.

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changements dans les mentalités4 5. Alors que l'évolution de l'image de la mort et de ses manifestations symboliques n'apparaît ici qu'en filigrane, elle devient le principal objet d'analyse dans un autre de ses écrits, Images de

l'homme devant la morP.

Les histoires sérielles de Michel Vovelle s'inscrivent dans la foulée de ces travaux . Dans La mort et l'Occident de 1300 à nos joursi6, il aborde l'histoire de la mort comme un tout qui s'étale du biologique au sociologique en passant par le démographique. Il prend aussi en compte les expressions les plus élaborées de la sensibilité collective en s'attardant aux pratiques funéraires et aux représentations de la mort sur une durée multiséculaire.

Dans son essai sur les cimetières contemporains écrit en collaboration avec Régis Bertrand7, Vovelle exécute un survol sur l'historiographie du cimetière et situe les nécropoles méridionales par rapport au contexte occidental. Les auteurs proposent diverses approches qu'ils appliquent à un corpus de cinq sites provençaux. Ils s'attardent au fonctionnement de l'institution cimitériale, à la configuration du champ des morts et à sa situation dans le réseau urbain. Ils tentent finalement de déchiffrer la symbolique funéraire auquelle ils apportent un bon nombre d'éléments d'interprétation8.

On soulignera aussi l'apport de Jean-Didier Urbain. Dans une de ses études sur les cimetières d'Occident, il présente un travail ambitieux où nous sont

4Philippe Allés, Essais sur l'histoire de la mort en Occident du Moyen Age à nos jours, Paris, Seuil, 1975, 223 p.; L'homme devant la mort, Paris, Seuil, 1977, 642 p.

5ldem, Images de l'homme devant la mort, Paris, Seuil, 1983,276 p.

6Michel Vovelle, La mort et l'Occident de 1300 à nos jours, Paris, Gallimard, 1983,793 p. 7Michel Vovelle et Régis Bertrand, La ville des morts, Paris, C.N.R.S., 1983,209 p.

8Même si l'art funéraire français diffère de celui de l'Amérique du Nord, les thématiques demeurent sensiblement les mêmes, du moins en ce qui concerne la période moderne et contemporaine.

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proposés une sémiologie9 et des outils d'analyse qui permettent de mieux comprendre l'architecture et le paysage funéraires. L'auteur se préoccupe également des problèmes de sociologie et de psychologie historiques. Ce sont là des voies tout à fait nouvelles. Pour Jean-Didier Urbain, le cimetière reste avant tout "un foisonnement de symboles laïques, religieux, politiques, militaires, où les dépouilles demeurent, sur le plan du discours, à la merci des survivants et de leurs fantasmes"10. Il fut produit pour cacher le néant de la mort et apparaît comme le signe de l'évolution de "l'idéologie de la

conservation".

Dans un autre de ses ouvrages, il est aussi question de "stratégies symboliques de conservation" mises en application par diverses sociétés11. Jean-Didier Urbain y analyse les multiples conceptions de la mort et du mourir. Vient ensuite une étude des cimetières des XIXe et XXe siècles. Puis, une investigation sur les tombeaux et le texte funéraire vient compléter l'exploration de cet archipel des morts.

L'anthropologue Louis-Vincent Thomas nous a fourni certaines réponses quant à nos interrogations sur le rite, qui lui apparaît comme une assurance qu'on s'invente afin de maîtriser l'épisodique et l'aléatoire. Plus précisément, le rite funéraire s'articule autour de ce support symbolique de la présence- absence de celui qui est toujours là, tout en n'étant plus12. Il analyse, par ailleurs, les causes de la crise actuelle entourant ce rituel. Dans une autre de

9Pour élaborer sa typologie des symboliques funéraires, il s'appuie sur les sémiotiques

"mimétiques, différentielles et conflictuelles": Jean Didier Urbain, La société de conservation, Paris, Payot, 1978, p.186.

10/b/d, p.9.

11 Jean-Didier Urbain, L'archipel des morts, Paris, Plon, 1989, p.103.

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ses études, il prend en compte les formes et les "visages du mourir" ainsi que les attitudes adoptées face à ce phénomène13.

Quant aux ouvrages de synthèse sur l'art et les traditions funéraires du Québec, ils ne sont pas légion. Dans son livre publié en 194114, Pierre- Georges Roy s'attarde à l'historique des cimetières prospectés comme c'est aussi la position adoptée par les auteurs des monographies paroissiales qui incluent une courte rubrique sur le cimetière. Il faut cependant souligner que ce domaine s'est peu à peu ouvert à une multitude de disciplines et depuis les vingt dernières années, un nombre croissant de travaux ont été effectués.

Dans son mémoire de maîtrise en sciences religieuses, Françoise Jammes nous présente une étude formelle, iconographique et épigraphique des monuments du cimetière de Terrebonne et ce, sur une période séculaire15. On connaît également les recherches fort éclairantes de Lorraine Quay sur l'évolution des nécropoles québécoises, résultats d'une étude de maîtrise en géographie poursuivie à l'Université Laval en 198916.

Les folkloristes nous ont laissé des récits empreints de couleurs locales notamment en ce qui concerne les croyances et les pratiques populaires. Cependant, très peu traitent de la sépulture et encore moins de l'imaginaire funèbre. Il nous a fallu le sociologue et historien des religions, Raymond

13Louis-Vincent Thomas, Anthropologie de la mort, Paris, Payot, 1976,476 p. Par la méthode comparative, il trace un parallèle entre une société archaïque négro-africaine et une société industrielle productiviste, la nôtre.

1 ^Pierre-Georges Roy, Les cimetières de Québec, Lévis, 1941,270 p. On notera que de longues listes d'inhumations y sont incluses.

15Françoise Jammes, L'espace sacré et le sens de la mort au Québec, Montréal, U.Q.A.M., 1982, 109 p.

16Lorraine Quay, Le cimetière vide (mémoire publié), Québec, Université Laval, Les Cahiers du CRAD, vol. 13, no 1,1991 (voir ses articles).

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Lemieux, pour pouvoir tirer parti d'une "écriture différenciée du cimetière" qui prend sens et dont le diagnostic replace chaque être ou chaque collectivité dans son rapport avec l'histoire17. Une transmutation dans ce rapport est révélée par son étude de l'évolution des cimetières traditionnels et urbanisés, lesquels affichent un écart notoire.

Avec son ouvrage sur les pratiques mortuaires au Québec, en particulier chez la population campagnarde du XIXe siècle, l'historien Serge Gagnon effectue une autre lecture du cimetière tout en nous brossant une histoire de la mort à partir d'archives paroissiales et épiscopales18. Il dresse aussi un tableau de la société prémoderne dont l'ascétisme découlait d'une pastorale surculpabilisante et la compare tout au long de sa démarche avec notre société pluraliste qui se veut plus tolérante.

De son côté, l'historien Réal Brisson s'est intéressé d'une façon ponctuelle à la recherche sur la mort au Québec. Il en a circonscrit l'historiographie sous un angle thématique et ethnologique19. Chez les historiens d'art, on s'est naturellement attardé à différentes facettes de l'art funéraire. À ce chapitre, il faut souligner l'apport du professeur John R. Porter20 ainsi que la contribution

17Raymond Lemieux, "L'écriture du cimetière" in Survivre...La religion et la mort, Québec/Montréal, Université Laval/Bellarmin, 1984, p.235-254.

18Serge Gagnon, Mourir hier et aujourd'hui, Québec, P.U.L., 1987,192 p. L'auteur insiste sur les critères de sélection pour accéder à la sépulture chrétienne.

19Réal Brisson, La mort au Québec. Dossier exploratoire., Québec, CELAT, 1988,144 p. Ceci s'inscrit dans le prolongement d'une recherche multidisciplinaire entamée en 1985 au CELAT sous la direction de Jacques Mathieu et de John R. Porter portant sur les qualités de l'objet matériel et dont un volet traitait de la mort.

20John R. Porter, "Le chrétien devant la morf'in Le Grand Héritage. L'Église catholique et les arts au

Québec, Québec, Musée du Québec, 1984, p.311-328; John R. Porter et Jean Bélisle, La sculpture ancienne au Québec. Trois siècles d'art religieux et profane, Québec, Éditions de

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d'auteurs comme Mario Béland21 et Marthe Taillon22. S'y ajoutent des films documentaires sur les arts sacrés au Québec du cinéaste François Brault dont certains traitent des cimetières et de la mort, avec en parallèle, un ouvrage de synthèse par Jean Simard23.

Malgré l'intérêt de ces divers travaux se rattachant à notre sphère d'étude, il demeure plus qu'opportun d'étudier un ensemble comme celui du cimetière Belmont. Cette démarche nous permettra d'approfondir l'étude de la culture funéraire sous différents angles, tels l'urbanisme, l'architecture, la statuaire et le texte épigraphique qui sont autant de variables nous révélant à la fois les mentalités et l'imaginaire24 associés au post-mortem.

Afin de bien saisir ces multiples facettes, il faut s'attarder non seulement à l'objet qui s'expose à la vue mais aussi à l'espace où il se dresse. Pour l'élaboration de notre corpus25, nos critères de sélection se sont fixés à partir de ces deux paramètres convergents et indissociables, l'un éclairant l'autre. D'une part, les lots ont été choisis en considération de leur superficie et de leur emplacement dans le site afin d'englober les multiples phases de l'occupation de ce dernier. D'autre part, tout en nous restreignant à un échantillonnage significatif, nous avons tenu compte des valeurs formelle, iconographique, épigraphique, historique et culturelle du monument.

21 Mario Béland, "Les monuments de bois: ces autres disparus", Continuité, no 49, hiver/printemps 1991, p.33-37.

22Marthe Taillon, Le corbillard hippomobile au Québec, mémoire de maîtrise, Québec, Université Laval, 1991,205 p.

23Jean Simard, Les arts sacrés au Québec, Boucherville, Éditions de Mortagne, 1989,319 p. Pour François Brault, voir bibliographie.

24Nous entendons que: "l'imaginaire implicitement reconnu se définit et se situe entre le domaine de la mémoire d'une part et les processus rationnels d'autre part": Yves Durand, L'exploration de

l'imaginaire, introduction à la modélisation des univers mythiques, Paris, L'Espace bleu, 1988, p.14.

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Le tombeau est d'abord perçu dans son unicité comme une icône, un objet distinct avec ses traits spécifiques inhérents aux qualités pré-énoncées et mis en situation dans une conjonction spatiale, il apparaît alors comme un document culturel laissant trace d'une histoire. Un peu aussi comme l'une des divisions synchroniques d'une mémoire collective dont on peut reconstituer la genèse dans l'espace et dans le temps.

Dans cette lecture globalisante, on découvrira que l'objet funéraire est non seulement investi de significations et de fonctions mais aussi d'un pouvoir suggestif, qualificatif que Mieczyslaw Wallis attribue au signe iconique26. Ce qui se rapproche, en fait, du concept des "symptômes culturels", élaboré par Erwin Panofsky27, lesquels nous révèlent les tendances essentielles de l'esprit humain à une époque donnée.

Par ailleurs, puisque l'objet funéraire ne sollicite pas nécessairement une "perception d'ordre esthétique"28, nous avons dû puiser à certains essais théoriques pouvant nous éclairer sur son sens profond29. Un peu à la manière d'un Henri Lefebvre, nous le percevons à la fois comme un "objet symbolique" et "un objet signifiant" s'insérant "dans une culture plutôt que dans un style"30. Avec une telle stratégie, nous nous devions d'éviter l'étude des origines et des influences pour privilégier celle de l'imaginaire.

26Mieczyslaw Wallis, Arts and Signs, Bloomington, Indiana University Press, 1975, p.15. L'auteur précise: "The suggestive power of iconic signs has had important implications for the history of culture".

27Erwin Panofsky, Essais d'iconologie, Paris, Gallimard, 1967, p.21.

28Erwin Panofsky, L'oeuvre d'art et ses significations, Paris, Gallimard, 1982, p.41. 29Abraham A. Moles, Théorie des objets, Paris, Éd. universitaires, 1972,196 p.

30Henri Lefebvre, "Éléments d'une théorie de l'objet" in Opus international, no 10/11, avril 1969, p.17.

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A la fin des années 1970, cette approche était déjà perçue par Jacques Le Goff, tenant de la "nouvelle histoire", comme essentielle et manquant en grande partie à l'histoire pour qu'elle soit totale. "Cette part du rêve qui, si on démêle bien les rapports complexes avec les autres réalités historiques, nous introduit si loin au coeur des sociétés"31. Le même auteur confirmera plus tard:

Déjà, l'histoire des mentalités a voulu enrichir l'étude et l'explication des sociétés en y incluant les représentations de la réalité que se faisaient les hommes de telle société et de telle époque. Il y avait là un jeu de miroirs qu'il fallait justement inclure dans l'histoire. Je crois que l'étude de l'imaginaire est une démarche de même nature32.

Notre recherche se situe aux confins de l'histoire de l'art, de l'histoire sociale et religieuse et de celle des mentalités. Afin de bien cerner notre sujet, un point de vue pluridisciplinaire, incluant une vision ethnologique, s'est imposé en plus des approches théoriques et iconologiques dont il est question plus haut. Ce parti-pris fut implicitement mis en application tout au long de notre étude laquelle propose une méthode d'approche applicable à d'autres espaces funéraires.

Le premier chapitre traitant de l'historique du cimetière Belmont ne présente que des données objectives et descriptives. L'élaboration des faits entourant l'éclosion et l'évolution de cette nécropole offre l'avantage de reposer sur des témoignages et des documents d'époque. Cette position nous permet à la

31 Jacques Le Goff, La Nouvelle histoire, Paris, 1978, p.239.

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fois de construire la trame de fond et peut-être, si ce n'est abusif, d'en finir avec l'histoire temporelle de ce lieu.

L'espace cimitérial est ensuite abordé comme la résultante d'une réalisation complexe où interviennent, conjointement aux modes et aux mentalités du temps, l'action de certains corps institutionnels et celle d'individus, de familles et de collectivités. Cette mise en contexte, dont il est question dans le deuxième chapitre, nous permet de mieux comprendre la configuration générale du site et le pourquoi de ses diverses compartimentations. Déjà à cette étape, on perçoit le cimetière comme une institution sociale, où les divers groupes entrent en scène.

Les données des chapitres suivants prennent en compte le paysage funéraire tout entier englobant à la fois l'objet et l'espace. Un bref regard sur les fonctions de l'objet funéraire précède son étude typologique, iconologique et épigraphique33. L'architecture et le mobilier sont abordés au troisième chapitre, tandis que la sculpture historiée est traitée au chapitre suivant. Enfin, le texte gravé permet de clore notre parcours du sens, à travers les multiples supports métaphoriques par lesquels les défunts interpellent les vivants.

Sous une facette ou l'autre et d'un discours à l'autre, nous avons vite constaté que le cimetière reproduit les codes de la société qui l'a fait naître. D'autres auteurs avaient perçu cet état de fait bien avant nous. "La cité des morts est l'envers de la société des vivants, ou, plutôt que l'envers, son image, et son

330n y inclut certains éléments sémiologiques appuyés principalement des analyses de Jean- Didier Urbain.

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image intemporelle" nous disait Philippe Ariès à la fin des années 197034. Ce qui nous revient, par contre, c'est d'avoir approfondi le sujet, d'en avoir fait le fil conducteur de notre mémoire. Aussi, nous avons cherché à comprendre comment l'image de la mort a changé au cours des ans. Autrement dit, notre analyse cherche à mettre en lumière les façons dont la société transpose ses stratifications au champ du repos et comment ses idéologies et ses croyances les plus profondes y sont dépeintes. En corollaire, si la société québécoise a connu des changements radicaux depuis les trente dernières années, cette image aura-t-elle suivi la même évolution?

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CHAPITRE 1 -LE SITE

1.1-Aperçu historique

Le cimetière Notre-Dame de Belmont fut inauguré le 10 juillet 1859. Il relevait de la fabrique Notre-Dame de Québec à laquelle s'est jointe, vingt-sept ans plus tard, celle de Saint-Jean-Baptiste, tel que stipulé à l'article 8 d'une loi sanctionnée le 21 juin 1886 qui

confiait l'administration du Cimetière Notre-Dame de Belmont, (qui serait désormais la propriété conjointe des deux fabriques de St- Jean-Baptiste et de Notre-Dame, dans la proportion respective des deux-tiers et du tiers,) à un comité composé des quatre Marguilliers du banc de l'Oeuvre de chacune des paroisses. [...] A la première assemblée du nouveau Comité Conjoint, par le fait même substitué à l'ancien, en date du 5 août 1886, des règlements de régie interne furent adoptés [puis] complétés à une assemblée subséquente en date du 13 mai 1887 [...].L'administration de ce Comité Conjoint s'est continuée jusqu'au 19 février 1932J

Bien avant l'ouverture de cette nécropole, vers le milieu du XVIIe siècle, la paroisse de Québec avait établi les cimetières Sainte-Anne et Sainte-Famille autour de son église1 2. Par la suite, afin de subvenir aux besoins d'une population croissante et de faire face à une hausse des mortalités engendrée par des épidémies, la fabrique dut ouvrir, en 1703, un nouveau site situé sur

1 La Corporation du cimetière de Notre-Dame de Belmont. Historique, Constitution, Règlements, Refonte de 1940, chap.1, p.3. Cet article figure au chapitre 44 des sanctions de la Province de Québec, 49-50 Victoria, intitulé "Acte pour ériger la paroisse de St-Jean-Baptiste de Québec". On avait prévu un "partage de certains biens ayant appartenu à la paroisse de Notre-Dame de Québec". Précisons que l'actuelle Corporation du Cimetière Notre-Dame de Belmont fut sanctionnée le 19 février 1932: Ibid., chapitre 2, p.5.

20n parle aussi d'un lieu de sépulture situé entre l'église Notre-Dame et la rue Buade mais d'après François Drouin, aucun document ne spécifie qu'il s'agit du cimetière Saint-Joseph dont

l'appellation serait due à Pierre-Georges Roy (Les cimetières de Québec, Lévis, 1941, p.73): François Drouin, "Les cimetières de Notre-Dame de Québec datant du XVIIe siècle", communication présentée à Montréal le 8 mai 1993 au congrès annuel de l'Association des archéologues du Québec et de l'Association canadienne d'archéologie (p.7).

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C'est là qu'on allait inhumer la plupart des paroissiens de Québec pendant plus d'un siècle et demi4 .

Vers le milieu du XIXe siècle, des citoyens qui demeuraient dans les environs de ce lieu de sépulture firent des pressions afin d'obtenir sa désaffectation qui allait être favorisée par le décret de 1855.

Pour se soumettre aux injonctions des lois et aux prescriptions de l'hygiène et du sentiment connu des peuples d'aujourd'hui, les fabriciens de la paroisse de Notre-Dame de Québec ont ordonné la levée des corps qui reposent dans le cimetière dit des picotés. [...] Les restes des personnes inhumées au "Cimetière des picotés" sont ou remis aux parents qui les réclament ou décemment enfermés dans des boîtes qui sont temporairement déposées dans un caveau du "Cimetière Saint-Louis" pour être plus tard inhumés dans le beau cimetière que vient d'établir la Fabrique Notre-Dame sur le chemin Sainte-Foye.5

La Fabrique avait dû se chercher un lieu en périphérie de la ville car à cette loi civile qui interdisait la sépulture à l'intérieur des murs pour des motifs sanitaires, s'étaient ajoutées les pressions ecclésiales favorisant rétablissement du cimetière en dehors de l'agglomération et même au-delà de la zone des faubourgs6.

3A cause de "l'épidémie de picote ou petite vérole de l’automne et de l'hiver de 1702 [qui] fit plus de trois cents victimes". Ce terrain fut remplacé par l'actuelle rue Hamel. Pierre-Georges Roy,

op.cit., p.178.

Précisons qu'en 1832, on avait été contraint d'ouvrir le cimetière Saint-Louis, afin d'inhumer les victimes de l'épidémie de typhus. Il fut aménagé sur la propriété de John Anderson sise au nord de la rue du même nom, de part et d'autre de la rue Salaberry. Ce lieu fut surnommé "le cimetière des Cholériques" car le typhus surgit à nouveau en 1834, 1849, 1851 et 1852: Ibid, p.216-217. Il servit, comme celui des "Picotés", jusqu'à l'ouverture du Belmont: "Le nouveau cimetière", Le Canadien, lundi 11 juillet 1859, p.4.

5"Des cimetières dans les villes", Le Courrier du Canada, Québec, lundi 16 novembre 1857. Le transfert des corps fut effectué sous la surveillance du chef de police, Mr Russell: "Cimetiere des Picotées [sic]", The Quebec Gazette, November 11, 1857, [p.2]. Quant au décret, il figure en annexe in: Lorraine Quay, La fermeture du cimetière des Picotés (1855), Université Laval, 1984. 6De telles démarches ont abouti à l'inclusion d'une réglementation dans la discipline diocésaine qui n'apparaît toutefois que dans l'édition de 1879: Mgr Elzéar-Alexandre Taschereau, Discipline du diocèse de Québec, 1879, p. 46, article 6 de la rubrique Cimetière. Les éditions de 1859 et de

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13

C'est ainsi que, le 30 décembre 1857, devant le notaire Louis Prévost, la fabrique Notre-Dame de Québec achetait, au prix de 4250 livres, un vaste terrain faisant partie de la propriété de John William Dunscomb, percepteur des douanes7. Ce domaine était connu sous l'appellation de Belmont et avait appartenu pendant trois générations à la famille du colonel Henry Caldwell. Il s'étalait sur 450 acres de part et d'autre du chemin Sainte-Foy, de la Grande- Allée jusqu'aux marais de Bijou8. De cette superficie, 57 acres furent cédés à la Fabrique qui s'était réservé le droit de vendre

la partie de ce terrain où se trouve le jardin, avec la maison et ses dépendances, dont elle n'a pas besoin, afin de retirer, par ce moyen, la plus grande partie de la somme qu'elle serait obligée de débourser.9

En fait, le terrain acquis s'étendait sur le côté nord du chemin Sainte-Foy jusqu'au bas de la Côte Sainte-Geneviève. C'est sept ans plus tard, en septembre 1864, que George Wakeham acheta l'emplacement sur lequel se dressait la vaste résidence qu'il transforma en maison de santé pour alcooliques. De là, son appellation de Belmont Retreat ou Solitude Belmont10.

1865 du Recueil d'ordonnances synodales et épiscopales du diocèse de Québec ne mentionnent toujours pas ce règlement.

7Ce montant équivaut approximativement à $18,000.00: P.-G. Roy, op. cit. p.230-231. Le greffe

du notaire Louis Prévost ne renferme pas la minute du marché passée entre la fabrique et J.W. Dunscomb, le 30 décembre 1857 (ANQ, cote de fonds: CN 301-232; localisation: 3B17-3507B). De même, le répertoire au nom de Louis Prévost (ANQ, # 300438) incluant 13 micro-fiches ne fait pas mention de cet acte de vente dont P.-G. Roy présente un extrait Ibid., p. 231.

8France Gagnon-Pratte, L'architecture et la nature à Québec au dix-neuvième siècle: les villas, Québec, MAC/ Musée du Québec, 1980, p. 196-197. Dunscomb l'avait acheté vers 1854 à Henry, fils de John et petit-fils du colonel.

9Ceci afin de diminuer une dette qu'elle avait du mal à supporter: lettre du 12 novembre 1857, adressée à M. le curé [Joseph Auclair] par C.F. Évêque de Tloa [Mgr Charles-François Baillairgeon]: ANDQ, carton 24, pièce no 24-147.

10L'appellation en français nous a été fournie par l'écrivain Robert Germain. A titre d'information, la villa était située sur l'actuelle Place Mackay, à mi-chemin entre le chemin Sainte-Foy et la rue Chapdelaine.

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nouveau la proie des flammes vers 192611 .

L'arpenteur Joseph Hamel fournit une description du jardin et de "l'ancienne résidence du Major Caldwell, père de feu Sir John Caldwell et aïeul du présent Sir Henry Caldwell" dans un rapport au sujet de la superficie prévue pour le cimetière:

une superbe maison en pierre à deux étages, en très bon ordre, à laquelle on parvient par une avenue bordée de toutes les espèces d'arbres qui se trouvent en Canada. Entre cette maison et le chemin est un jardin spacieux rempli d'arbres fruitiers et dans lequel il y a un caveau voûté en pierre qui semblerait avoir servi de basement à une maison que l'on dit avoir été la résidence d'un intendant le sieur [Jean Talon], sous le Gouvernement français. Il y a près de la ligne sud ouest et en ligne avec l'enclos du derrière de la maison, une étable et remise en bois, en très bon ordre.12

Sur un plan de 1832 conservé aux Archives du Séminaire de Québec (fig.1), on distingue l'emplacement de cette construction sise au nord du chemin Sainte- Foy dans la partie centrale du domaine. Ce dernier s'étire vers le nord jusqu'aux confins des terres de la rivière Saint-Charles et découpe la "Terre de Frechet", au sud-est, elle-même croisée par le chemin Gomin. De même, sur la carte des environs de Québec tracée par des ingénieurs en 1867, figure l'allée en croissant de lune conduisant à la villa ainsi que l'emplacement du cimetière Belmont précédé d'une avenue rectiligne, toutes deux soulignées par des plantations d'arbres (fig.2).

11 Selon F. Gagnon-Pratte (op. cit., p.196), elle aurait été incendiée vers 1930. Par contre, il est spécifié que "Belmont has been burned to the ground" in Katherine Hale, Canadian Houses of

Romance, Toronto, The Macmillan Company of Canada Limited, 1926, p.47 (fin du chap. V intitulé

"The search for Belmont").

12Ce document présenté à la fabrique est daté du 2 décembre 1857 (ANDQ, carton 24, pièce no 24-165). Hamel constate que la superficie de 32 arpents (4 de LA par 8 de PROF), incluant la résidence, correspond plutôt à 48 arpents. Il signale aussi la présence de quatre ravins.

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15

1.2-Conception du plan

Lorsqu'il offre ses services à la Fabrique Notre-Dame de Québec pour le tracé des lots et du plan du nouveau cimetière13, l'ingénieur et architecte Charles Baillairgé (1826-1906), pour se faire plus convaincant, insiste sur ses compétences: "Je m'y connais un peu en matière de cimetière ayant visité les plus beaux des Etats-Unis et celui de Greenwood n'est surpassé dans aucune partie du monde". Il propose alors sa méthode utilisée au cimetière Saint-Charles de Québec inauguré en 1855:

je suggérerai la nécessité d'avoir à faire cette division d'abord sur le papier, car il faudra évidemment que les sentiers se fassent de manière à suivre les différences de niveau du terrain, et en fait de manière à ne pas nuire aux autres. Il faudrait pour cela faire comme j'ai fait au Cimetière St-Charles, c'est-à-dire faire un plan du terrain sur une assez grande échelle et indiquer la position exacte de tous les principaux arbres etc; puis, sur ce plan tracer les sentiers et les lots proposés et retourner ensuite sur le terrain le plan à la main pour y tracer ce qui aurait été d'abord tracé sur le plan. C'est là la seule manière de faire les choses correctement.14

Baillairgé obtint le contrat et dans une lettre datée du 9 mai 1858, il promet de faire le plan général du Cimetière de Notre-Dame de Belmont, [...] aussi tous autres plans sectionnaires jugés nécessaires pour la division des lots de famille, de tenir un registre de la division des dits lots de famille, [...] de tracer [...] pour la partie qui va être immédiatement enclos en cimetière, tous les chemins qui seront marqués sur le plan, ainsi que le chemin principal pour y communiquer, [...] de faire d'ici à la fin de juin prochain ou au commencement de juillet, la division de cent lots de famille, avec

13La superficie réservée au cimetière correspond, en fait, à une trentaine d'arpents (ANDQ, pièce no 24-212, sans date). Ce rapport d'Augustin Gauthier au sujet du terrain fut acheminé vers le début de décembre 1857 . Signalons que dans Le Courrier du Canada du 4 juillet 1859 (p.2), on fait mention d'un terrain de 35 arpents et dans l'article "Le cimetière de N.-D. de Belmont", Le

Canadien, 4 juillet 1859, p.4, il est question de 26 arpents.

14Lettre datée du 15 décembre 1857, ANDQ, carton 24, pièce no 24-166. Il y précise qu'il gère le cimetière à la Petite Rivière depuis plus de deux ans.

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spécifications pour les clôtures, barrières, ponts et réparations des anciennes bâtisses, avec aussi les plans et spécifications d'une chapelle et la surveillance des travaux [...], de faire les plans et spécifications d'une maison pour le gardien du cimetière et de une ou deux croix pour le cimetière. [...]

Je m'engage [...] à surveiller et diriger tous les dits ouvrages et travaux pendant trois années consécutives pour le prix et somme de cent vingt cinq livres courant.

Enfin pendant que je serai sur les lieux, si la Fabrique exige un plus grand nombre de lots de famille que les cent lots ci-haut mentionnés, j'en ferai la division [...]15

Lorsqu'il fut question d'élaborer ce plan, Baillairgé bénéficia, on le sait, des leçons tirées de son expérience au cimetière Saint-Charles et de ses visites dans les nécropoles américaines. Tout en tenant compte des moyens financiers dont disposait la Fabrique, l'architecte a voulu rivaliser avec le cimetière Greenwood dans le district de New York ouvert en 1838. Le plan de ce dernier fut d'ailleurs exécuté par le major David Bates Douglass comme aussi au Mount Hermon de Sillery inauguré dix ans plus tard16. Dans les deux cas, cet officier de génie et ami de l'horticolte Henry Atkinson de Québec17, présenta le modèle du jardin anglais ponctué d'allées irrégulières qui accentuent l'aspect pittoresque du lieu.

Quoique jusqu'à maintenant on ait attribué au cimetière Belmont les mêmes caractéristiques, on se rendra vite compte que l'idée directrice du plan (fig.3) en

15ANDQ, pièce no 24-174, engagement de Charles Baillairgé envers la Fabrique Notre-Dame de Québec contresigné par Charles Cinq-Mars, marguillier.

16Sylvie Bergeron et Brian J. Treggett, Lieu de la mémoire collective. Le cimetière Mount Hermon

à Sillery, Sillery, Association du cimetière Mount Hermon, 1992, p.7. Le major Douglass tira lui-

même les leçons du Mount Auburn de Boston ouvert en 1831 et qui est dû au Docteur Jacob Bigelow, botaniste: Martha V. Pike et Janice Gray Armstrong, A Time to Mourn Expressions of

Grief in Nineteenth Century America, New York, The Museums at Stony Brook, 1980, p.53.

17J. M. Lemoine, Monographies et Esquisses, Québec, Gingras, 1885, p.341. Le plan du Greenwood est reproduit, entre autres, in Edmund V. Gillon Jr., Victorian Cemetery Art, New York, Dover Publications, 1972, p.viii.

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diffère substantiellement. Il s'agit, en réalité, d'un jardin de style mixte, "où les éléments pittoresques s'insèrent dans les mailles d'une géométrie traditionnelle"18.

En regard du tracé des lotissements, on note, en effet, la rigueur géométrique propre aux jardins français, notamment au niveau de l'avenue des Amaranthes et de l'avenue Belmont situées à l'est du site. Chacune d'elles délimite un réseau de lignes concentriques rayonnant autour d'une place centrale. Dans le premier cas, ce noyau est circonscrit d'une couronne de monuments massifs et dans le deuxième cas, un imposant édicule coiffé d'une figure allégorique s'y dresse (lot de Philippe Huot). Là, la perspective s'étale jusqu'au Sentier des lilas d'où prend naissance l'avenue en hémicycle des Eaux-Sylvaines .

Dans la section ouest dite nouvelle partie (N.P.), où la pente s'adoucit, le tracé rigoureux des artères principales dessine des quadrilatères permettant, dans le cas de l'avenue Saint-Nazaire, un point de vue qui embrasse le site du nord au sud. Les appellations pittoresques, soit dit en passant, font place ici aux patronymes. Du sud au nord, les avenues Saint-Joachim, Sainte-Anne, Saint- Édouard, Notre-Dame du Saint-Rosaire et Saint-Alfred découpent à angle droit et d'est en ouest, les avenues Saint-François-Xavier, Saint-Nazaire, Saint- Damase et Saint-Ignace qui est aujourd'hui disparue19. On verra plus loin que

18Cette caractérisation est empruntée à Pierre Grimai, L'art des jardins, Paris, PUF, 1964, p.104. Nos recherches aux ANDQ ne nous ont pas permis de repérer le plan dû à Charles Baillairgé. Cependant, nous présentons celui exécuté en 1906 par l'architecte J.P.Edmond Dussault (fig.3). 19On peut croire que ces dénominations toponymiques, incluant l'avenue Saint-Jean-Baptiste située à l'extrême est, n'avaient pas été planifiées à l'origine. Le fait que la Fabrique Saint-Jean- Baptiste se soit jointe à celle de Notre-Dame en 1886 n'est peut-être pas étranger à ces

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traditionnelles connurent un regain à cette époque.20

Par ailleurs, l'architecte s'est préoccupé de mettre en valeur la beauté naturelle du lieu et son tracé s'harmonise avec la topographie du terrain en déclive. Dans l'ancienne partie21, aux carrefours géométriques se jouxtent des artères dessinant des sentiers sinueux dont les effets de perspective sont atténués. C'est dans ce sens que l'ordonnance du cimetière Belmont se rapproche de celle des jardins à l'anglaise, où l'effet esthétique est rehaussé par la présence des ravins. À l'origine, onze ponts22 dont les plans ont été exécutés par Baillairgé, enjambaient ces douves. On ne tarissait pas d'éloges sur ce lieu enchanteur.

Ce terrain si pittoresquement accidenté est une colline en pente douce où se succèdent les avenues aux noms poétiques de "l'avenue des Sycomores, des Saules Pleureurs, des Amaranthes, des Eaux Sylvaines [ces trois dernières existant toujours aujourd'hui], des Eglantiers, des Eaux de Cyprès, etc. pour aboutir à la Fontaine de Douleur". Cette succession d'avenues formera un parcours d'à peu près une lieue de longueur ou des pièces d'eau et d'autres embellissements du genre varieront la scène.

[...] Ceux qui comme nous ont été appelés à voir le magnifique plan de M.Chs Baillairgé applaudiront à la fabrique de se montrer aussi soucieuse de lui faire honneur. Les familles qui ont à se pourvoir de leur dernière demeure ne saurait choisir un lieu mieux fait pour être l'endroit de leur repos.23

20Spécifions que Baillairgé était toujours gérant du cimetière, comme en fait foi un document en date du 24 juin 1885, en rapport avec le tracé du lot no 97 A.P., sur l'avenue de la Forêt, appartenant à François-Xavier Lachance, père de Paul. Il avait acquis ce lot le 20 novembre 1865. Par contre, celui en date du 23 mai 1889, pour le tracé du lot de Mme veuve Thomas-Étienne Roy, est signé par J.-F. Peachy, gérant (ANDB). Curieusement, les tracés furent exécutés respectivement 20 et 30 ans après l'achat des lots. Dans le deuxième cas, le fils de T.-É. Roy - première sépulture au Belmont- fut inhumé le 12 juillet 1859.

21 Elle correspond au secteur situé entre l'extrémité est et le troisième ravin.

22Le Courrier du Canada, 4 juillet 1859, p.2. Les quatre ravins qui atteignaient déjà à l'époque

vingt pieds de profondeur figurent sur le plan de 1906 (fig.3).

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19 Un aménagement paysager s'inscrivait également dans le projet d'ensemble conçu par l'architecte et la végétation devait souligner chacune des allées, les pourtours du site et l'avenue principale conduisant au cimetière24. Onézime Petit, charpentier de Saint-Roch de Québec, exécuta les travaux après l'inauguration du site:

sur les deux côtés du chemin qui part du chemin de Ste-Foye, à descendre à la porte du dit Cimetière, sur une largeur de dix pieds de chaque côté, ainsi que sur toute la largeur du dit Cimetière, le long du travers ou cloture [...] et en dehors du dit Cimetière, sur une largeur aussi de dix pieds.

La première rangée de plantations de chaque côté du chemin qui conduit au Cimetière sera d'érables [...] et les deux autres rangées en arrière seront de bois mou mêlé [...]

Tous ces arbres seront croisés de cinq pieds en cinq pieds et à une même et égale distance les uns des autres. Il devra y avoir trois rangées d'arbres le long du travers du Cimetière, du côté sud, et deux rangées de chaque côté du chemin.

Et le dit Sieur Petit sera tenu et, par ces présentes, il s'oblige varier le bois autant que possible, comme Epi nette rouge, Epinette blanche, pin, sapin, peuplier, saule, cormier, etc.25

1.3-Architecture d'entrée

C'est aussi Charles Baillairgé qui exécuta les plans pour la chapelle, le pavillon d'entrée, les clôtures et le portail.26 Pour l'ornementation de ce dernier, des précisions sont incluses à sa lettre du 14 septembre 1858 adressée à Charles Cinq-Mars.

Une estimation détaillée de ce dernier plan me conduit à la somme de 269 [livres] en brique et soit de 12 à 15 [livres] de moins en bois;

24Quant aux bassins, tout porte à croire qu'ils demeurèrent à l'état de projet.

25Marché entre la Fabrique et M. Onézime Petit, 19 octobre 1859, minute no 5896 du notaire Henri Bolduc (ANDQ, pièce no 24-191).

26Lors du dépouillement aux ANDQ, en mars 1989, la pièce intitulée "1858-RE chapelle et barrière, Chs. Baillairgé, arch." manquait (no 24-184).

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cependant au premier en apparence extérieure et en commodité intérieure, sauf un appartement ou deux de moins qui ne sont pas absolument indispensables. [...] Vous recevez aussi avec la présente un plan de barrière pour l'extrémité Nord de la Grande Avenue. Sur les disques circulaires au centre des vollets [sic], je propose de petites allégories mortuaires que l'on pourra faire sculpter par Giroux pour une bagatelle et ce sera une considération ultérieure.27

La clôture "d'entourage" fut construite par Michel Poitras28, tandis que pour la chapelle, la maison du gardien, le portail ou "barrière d'entrée", ce fut le maître menuisier Édouard Gaboury qui entreprit les travaux29. Dès le mois d'octobre 1858, et sous la direction de Charles Baillairgé, il s'était engagé à édifier:

une chapelle et maison de gardien en brique à feu à un étage avec cave sous la maison et voûte sous la chapelle et d'une barrière de cimetière, [...]

Ce marché est fait pour et en considération du prix et somme de trois cent quatre vingt seize livres courant pour le coût de la chapelle et maison du gardien, et quinze livres courant pour le coût de la barrière [...]

Spécification

[...] Le carré de la bâtisse sera en brique rouge avec parement extérieur en brique blanche d'une et demie brique d'épaisseur [...] Le toit sera couvert en bardeau de cèdre [...]

L'autel quoique figuré sur le plan ne sera point compris pour le présent. Les croisées seront vitrées avec les meilleures vitres allemandes [...]

La partie sous la chapelle devra être creusée jusqu'à la profondeur de huit pieds sous le sol [...] et l'on fera [...] une trappe dans le plancher pour descendre les corps.30

27ANDQ, carton 24, pièce no 24-185. Il suggère d'utiliser la brique comme matériau pour la chapelle et maison du gardien, d'autant plus que la différence des coûts avec le bois est fort minime.

28Minute no 4806 de Henri Bolduc, 19 mai 1858, ANDQ, carton 24, pièce no 24-182. La clôture était en planches de "bois de pin non blanchi" et haute de 7 pieds.

29La Fabrique reçut d'autres soumissions pour la chapelle, celles du maître menuisier Michel Poitras (ANDQ, 24-177, 24-178), du maçon Onésime Delisle (24-179) et celles de Louis-Th. Berlinguet (24-180) et Olivier Mathieu (24-181).

30Minute no 127 du notaire J.A.Ed. De Foy: marché entre la Fabrique et Édouard Gaboury, 15 octobre 1858 (ANDQ, carton 24, pièce no 24-183).

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