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Développement des compétences parentales auprès des familles dans les établissements publics

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Academic year: 2021

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Développement des compétences parentales auprès

des familles dans les établissements publics

Mémoire doctoral

Camille Plaisance

Doctorat en psychologie

Docteure en psychologie (D. Psy.)

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Développement des compétences parentales

auprès des familles dans les établissements publics

Mémoire Doctoral

Camille Plaisance

Sous la direction de :

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Résumé

Ce mémoire évalue les effets des interventions offertes auprès des familles dans les établissements de services sociaux québécois sur les compétences parentales et les comportements de l’enfant. Les compétences parentales réfèrent notamment aux rôles, aux responsabilités et aux caractéristiques d’un parent dans sa façon de s’occuper de son enfant. Les compétences ont un effet fort sur la relation parent-enfant et sur le développement de l’enfant. La littérature scientifique montre que l’implantation de programmes ciblant les familles à risque peut générer un effet sur les compétences parentales et les comportements de l’enfant, bien que ces effets varient d’un programme à l’autre. Cependant, les services sociaux québécois nous renseignent peu quant aux interventions proposées et leur efficacité pour améliorer les compétences parentales et les comportements de l’enfant. Ce manque de connaissance empêche de définir clairement les variables qui ont une influence sur l’amélioration des compétences parentales et des comportements de l’enfant en intervention. L’objectif général de cette étude consiste à évaluer les effets des interventions sur les compétences parentales et à évaluer l’influence de certaines variables externes sur l’intervention. Afin de répondre à cet objectif, 92 parents consultants pour un enfant de 0 à 12 ans ont répondu à un questionnaire au moment de commencer une intervention et à un autre environ deux mois plus tard. Des MANOVAs à mesures répétées montrent que les interventions engendrent une amélioration de la majorité des compétences parentales, mais certaines compétences parentales demeurent peu influencées. Par ailleurs, aucune variable externe n’a été déterminante pour influencer l’intervention. Cette étude originale entame l’avancement des connaissances sur les interventions auprès des familles dans les services sociaux québécois.

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Table des matières

Résumé ... ii

Table des matières ... iii

Liste des tableaux ... vi

Liste des Annexes ... viii

Liste des abréviations, sigles, acronymes ... ix

Remerciements ...x

Introduction ... 1

Chapitre 1 REVUE DE LA LITTÉRATURE... 2

Revue littéraire ... 2

La maltraitance... 2

La prévention de la maltraitance ... 3

Compétences parentales ... 4

Les compétences parentales comportementales ... 4

Les compétences parentales cognitives et affectives ... 6

Les comportements de l’enfant ... 7

L’interinfluence des compétences parentales et du comportement de l’enfant ... 8

Les caractéristiques sociodémographiques... 9

Les interventions auprès des familles... 11

L’efficacité des interventions auprès des familles ... 13

Étude évaluative des programmes de façon générale ... 14

Études évaluatives selon la modalité du programme ... 15

Reproduction des résultats dans le milieu clinique ... 17

Les résultats en prévention de la maltraitance ... 18

La reproduction de l’intervention ... 18

Problématique ... 19

Objectifs et questions de recherche... 19

Hypothèses ... 20

Chapitre 2 MÉTHODOLOGIE ... 21

Participants ... 21

Mesures ... 21

Composantes comportementales ... 22

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Comportements de l’enfant ... 24

Ressources personnelles du parent ... 24

Procédures ... 25

Recrutement des parents ... 25

Saisie de donnée et erreur de saisie ... 26

Collecte de données clinico-administratives ... 27

Recension littéraire sur le nombre de rencontres dans une intervention ... 28

Question de recherche ... 28

Hypothèse ... 29

Chapitre 3 ANALYSES ET RÉSULTATS ... 30

Analyses ... 30

Analyses préliminaires ... 30

Analyses de variances multivariées ... 32

Élaboration des classes latentes ... 33

Catégorisation du nombre de rencontres ... 35

Analyse à l’aide des classes latentes et du nombre de rencontres ... 36

Résultats ... 36

Données descriptives... 36

L’intervention explique la différence entre les temps de mesures ... 37

Les caractéristiques des parents n’influencent pas l’intervention ... 39

La fréquence de rencontres n’influence pas l’intervention ... 40

Chapitre 4 DISCUSSION ... 43

Retour sur les objectifs de recherche et les hypothèses et analyses critiques des résultats ... 43

Les enjeux de la collecte de données sur les modalités des interventions ... 43

L’interaction du nombre de rencontres sur les effets de l’intervention ... 44

L’interaction de caractéristiques du parent sur les effets de l’intervention ... 46

Évaluation de l’intervention sur les compétences parentales et les comportements de l’enfant ... 47

Reproduction des résultats des études antérieures ... 48

Prévention et réduction de la maltraitance ... 52

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Études futures ... 56 Engagement du parent ... 56 Établissement de services ... 57 Retombées scientifiques ... 58 Retombées cliniques ... 58 Bibliographie ... 59 Tableaux ... 73 Annexes ... 100

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Liste des tableaux

Tableau 1: Données sociodémographiques de l’échantillon...73

Tableau 2 : Données des parents selon leur établissement de services...74

Tableau 3 : Contenu des questionnaires prétest et post-test...75

Tableau 4 : Indice de fit sur l’Analyse de profile et de classes latentes...76

Tableau 5 : Données des échantillons de classes latentes...77

Tableau 6 : Statistiques descriptives des variables dépendantes/Total de l’échantillon...78

Tableau 7 : ANOVA multivariée à mesures répétées/Analyses multivariées...79

Tableau 8 : ANOVA multivariée à mesures répétées des compétentes parentales comportementales/Analyses univariées...80

Tableau 9 : ANOVA multivariée à mesures répétées des comportements disciplinaires/ Analyses univariées...81

Tableau 10 : ANOVA multivariée à mesures répétées des compétentes parentales cognitives et affectives/ Analyses univariées...82

Tableau 11 : ANOVA multivariée à mesures répétées des comportements de l’enfant/ Analyses univariées...83

Tableau 12 : Statistiques descriptives des variables dépendantes/Classe de parent de type biparental...84

Tableau 13 : Statistiques descriptives des variables du questionnaire/Classe de parent de type monoparental sans emploi...85

Tableau 14 : Statistiques descriptives des variables du questionnaire/Classe de parent de type monoparental avec emploi...86

Tableau 15 : ANOVA des ressources disponibles du parent...87

Tableau 16 : Comparaison multiple des ressources financières du parent...88

Tableau 17 : Comparaisons multiples des réactions excessives du parent...89

Tableau 18 : Données descriptives clinico-administratives...90

Tableau 19 : Statistiques descriptives des variables du questionnaire/Nombre faible de rencontres (1 à 2 rencontres)...91

Tableau 20 : Statistiques descriptives des variables du questionnaire/Nombre modéré de rencontre (3-4 rencontres)...92

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Tableau 21 : Statistiques descriptives des variables du questionnaire/Nombre élevé de rencontres (5 rencontres et plus)...93 Tableau 22 : ANOVA multivariée à mesures répétées/Analyses multivariées (Lambda de Wilks)...94 Tableau 23 : ANOVA multivariée à mesures répétées des compétentes parentales

comportementales/ Analyses univariées...95 Tableau 24 : Comparaisons multiples du laxisme...96 Tableau 25 : ANOVA multivariée à mesures répétées des comportements disciplinaires/ Analyses univariées...97 Tableau 26 : ANOVA multivariée à mesures répétées des compétentes parentales

cognitives/ Analyses univariées...98 Tableau 27 : ANOVA multivariée à mesures répétées des comportements de l’enfant/ Analyses univariées...99

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Liste des Annexes

Annexe 1 : Questionnaire prétest ... 100

Annexe 2 : Formulaire d’information et de consentement... 137

Annexe 3 : Formulaire de compensation ... 144

Annexe 4 : Formulaire d’enregistrement ... 146

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Liste des abréviations, sigles, acronymes

OMS Organisation mondiale de la santé

CLSC Centres locaux de services communautaires CJQ Centre Jeunesse du Québec

ÉIQ Étude d’incidence québécoise en protection de la jeunesse NIS-4 Fourth National Incidence Study of Child Abuse and Neglect

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Remerciements

Tout d’abord, je tiens à remercier Marie-Claude Richard, ma directrice de recherche, pour sa disponibilité́, son soutien et ses rétroactions constructives tout au long de ce processus. Merci d’avoir eu confiance en moi et de m’avoir permis de m’épanouir dans ce domaine qui me tient à cœur. Je voudrais également remercier Marjolaine Roy, France Landry, Sophie Léveillé et Julie Goulet pour leur aide précieuse tant pour le recrutement des participants, la collecte et la saisie de données, et pour avoir répondu à toutes mes interrogations lors de ma recherche. Merci à Hélène Paradis pour le soutien statistique. Merci également à Marie-Hélène Gagné et George Tarabulsy d’avoir accepté de siéger sur mon comité, ainsi qu’à Celia Matte-Gagné d’avoir accepté de de siéger sur mon jury.

Merci au Centre de recherche JEFAR, au Centre de recherche universitaire sur les jeunes et les familles pour leur soutien financier. Merci à la Chaire de partenariat en prévention de la maltraitance pour son soutien logistique, ses ressources ainsi que pour son soutien financier.

Et finalement, merci à mes collègues et amis qui m’ont permis par leur soutien, leur encouragement, leur consolation, leur affection et d’avoir eu confiance en moi pour mener à bien ce projet.

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Introduction

Selon l’Organisation mondiale de la santé [OMS] (OMS, 2014), la maltraitance représente un problème de santé publique et mondiale. Afin de prévenir la maltraitance, une cinquantaine de pays ont implanté des programmes d’intervention qui visent les familles (OMS, 2014). En raison de l’association forte entre les compétences parentales et la prévention de la maltraitance, plusieurs de ces programmes travaillent à favoriser des pratiques parentales positives.

Ce mémoire vise à vérifier l’efficacité des interventions offertes par des établissements de santé et services sociaux québécois aux familles préoccupées par des difficultés liées à leurs enfants. Plus particulièrement, ce mémoire se donne pour objectif de mieux connaitre les effets des interventions sur le développement des compétences parentales et du comportement de l’enfant, ce qui pourrait éventuellement générer un effet préventif sur la maltraitance. Ce mémoire cherche également à combler la lacune des connaissances sur les interventions offertes dans les Centres locaux de services communautaires (CLSC) et le Centre Jeunesse du Québec (CJQ). Par ailleurs, cette étude aborde le rôle de variables externes sur l’effet des interventions auprès des familles, plus spécifiquement les caractéristiques sociodémographiques des parents et le nombre de rencontres qu’ils ont reçues. La recension littéraire permet d’expliquer la problématique visée ainsi que les objectifs de recherche retenus. Ce document décrit par la suite la méthodologie utilisée afin de répondre aux objectifs de recherche et les résultats observés. Enfin, ce mémoire apporte une réflexion sur les enjeux pouvant expliquer les résultats et leur implication vers une élaboration de pistes de recherche et de soins futures.

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Chapitre 1 REVUE DE LA LITTÉRATURE

Revue littéraire

La présente recension d’articles scientifiques sera divisée en cinq sections, afin de cerner les éléments qui montrent qu’il est important d’intervenir efficacement auprès des parents dans le but de développer leurs compétences parentales. Un résumé de la maltraitance permettra de mettre en contexte le sujet de ce mémoire, soit les compétences parentales, leurs différents aspects et leur influence sur les comportements de l’enfant. La suite de la recension permettra de comprendre davantage les liens entre les caractéristiques des familles, les interventions offertes, la sévérité des difficultés vécues par les familles ainsi que ses progrès en intervention. Finalement, une critique des études évaluatives publiées à l’heure actuelle permet de comprendre les enjeux qui mènent aux besoins de pousser davantage l’évaluation des interventions offertes dans les services publics québécois.

La maltraitance

Selon l’OMS : « la maltraitance sur les enfants désigne les violences et la négligence envers toute personne de moins de 18 ans. Elle s’entend de toutes les formes de mauvais traitements physiques et/ou affectifs, de sévices sexuels, de négligence, d’exploitation commerciale ou autre, entrainant un préjudice réel ou potentiel pour la santé de l’enfant, sa survie, son développement ou sa dignité, dans un contexte d’une relation de responsabilité, de confiance ou de pouvoir » (OMS, 1999 tel que cité par Krug, Dahlberg, Mercy, Zwi et Lozano-Ascencio, 2002). Au Québec, la Loi sur la protection de la jeunesse qualifie des situations de maltraitance toute forme d’abandon, de mauvais traitements physiques, d’abus sexuel, de mauvais traitements psychologiques et de négligence commis sur l’enfant (Direction de la protection de la jeunesse, 2016). La maltraitance reste un enjeu d’actualité, car de 2017 à 2018 au Québec, la Direction de la protection de la jeunesse a traité 96 014 signalements et a retenu 38 945 d’entre eux (Direction de la protection de la jeunesse, 2018). L’Étude d’incidence québécoise en protection de la jeunesse (ÉIQ) observe malgré tout une diminution de la sévérité des comportements maltraitants de 1998 à 2014 (Hélie, Girouard, Collin-Vézina, Trocmé, Turcotte, 2014).

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l’apparition de la maltraitance, car elle se présente dans de multiples contextes (Butchart, Harvey, Mian et Fürniss, 2006 et Prilleltensky, Nelson et Peirson, 2001). Les chercheurs s’appuient sur l’idée que l’accumulation de facteurs de risque ou de protection, tout comme leurs répercussions, contribue à augmenter ou à réduire les probabilités d’apparition de maltraitance (Counts, Buffington, Chang-Rios, Rasmussen et Preacher, 2010 ; Li, Godinet et Arnsberger, 2011 ; Prilleltensky et coll., 2001).

La prévention de la maltraitance

Le désir de prévenir de la maltraitance incite la communauté scientifique à évaluer les effets des interventions auprès des familles éprouvant des difficultés avec leurs enfants. Cependant, la littérature scientifique s’est limitée à répondre à cette problématique précise. Même si la prévention de la maltraitance ne représente pas l’objectif premier de ce mémoire, les connaissances scientifiques qui en découlent permettent de mieux comprendre les enjeux et les causes des difficultés des parents dans leur rôle parental ou avec leur enfant. Ce mémoire prend en considération les facteurs de risque et de protection en amont de la maltraitance afin d’éclaircir la situation des familles qui demandent des services publics pour des difficultés qu’ils rencontrent avec leurs enfants ainsi qu’à comprendre l’influence de ces facteurs à plus petite échelle.

Selon Gagné, Drapeau et Saint-Jacques (2012), la prévention de la maltraitance consiste alors à s’assurer que les conditions qui forment l’environnement de l’enfant lui permettent un développement sain. À l’instar de ces auteurs (Gagné, Drapeau et Saint- Jacques, 2012), ce mémoire postule qu’un travail sur le parent, plus particulièrement sur ces compétences parentales, peut améliorer la relation parent-enfant et, par le fait même, diminuer les difficultés vécues par les familles qui demandent à obtenir des services. À un effet ultime, ce travail pourrait prévenir les risques de maltraitance. Dans cette perspective, ce mémoire cherche à analyser plus spécifiquement le développement des compétences parentales. Les multiples facteurs de risques inclus dans ce mémoire sont donc reliés au développement des compétences parentales.

Compétences parentales

Pouliot, Turcotte, Bouchard et Monette (2008) affirment que, depuis plusieurs années, le terme de compétences parentales a évolué et a été utilisé par plusieurs auteurs,

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mais qu’aucune définition n’a encore été émise. Les documents consultés pour cette revue de la littérature (Bérubé, Coutu, Dubeau, Lafantaisie et Devault, 2012 ; Charest, 2014 ; Constantineau, Nadeau, Plamondon, 2013 ; Gagné et coll., 2015) ne nomment pas de définition claire des compétences parentales, ce qui porte à croire que cette absence de définition persiste. Cette absence de définition serait liée à la subjectivité qui lui est associée (Sellenet, 2009). De ce fait, la définition des compétences parentales dépend de la situation dans laquelle elle est évaluée. En se basant sur différents auteurs, Pouliot et ses collègues (2008) sont parvenus à définir les compétences parentales sous quatre points de vue : clinique, juridique, développemental et écologique. Ce mémoire utilise leurs points de vue cliniques, qui considèrent que les compétences parentales se définissent par les caractéristiques individuelles, les attitudes et les pratiques du parent qui le rendent compétent. La définition clinique est utilisée, car elle décrit avec le plus de précision les compétences parentales qui sont évaluées dans ce présent mémoire.

Pouliot et ses collègues (2008) concluent également que, en règle générale, les compétences parentales se présentent sous des formes comportementales, cognitives et affectives, et ne sont pas innées, mais plutôt apprises et adaptées à la famille. Cette étude se base sur cette conclusion afin de décrire plus en détail les compétences parentales en regroupant celles-ci sous deux composantes : 1) comportementales, 2) cognitives et affectives. Les compétences comportementales comprennent les pratiques du parent, qui sont nommées les pratiques parentales et les comportements disciplinaires. Les compétences parentales cognitives et affectives se divisent sous trois composantes : l’autorégulation parentale, le stress parental et la détresse psychologique du parent.

Les compétences parentales comportementales

Selon Locke et Prinz (2002), les pratiques parentales se définissent par des comportements parentaux qui permettent au parent de créer un environnement positif et sécuritaire en plus de favoriser un développement sain pour l’enfant et la relation parent-enfant, nécessitant plus que de répondre aux besoins de base de l’enfant (Moniz, O’Connell, Kauffman, Singer, Clark, Davis, 2016). De bonnes pratiques parentales démontrent une proximité, un engagement, de la chaleur ainsi que de la réciprocité avec son enfant, et ce, par une communication claire des attentes et un encadrement adéquat (Bright Futures Steering Committee, & Medical Home Initiatives for Children With

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Special Needs Project Advisory Committee, 2006). C’est dans ces pratiques parentales que s’instaurent les comportements disciplinaires, qui selon Locke et Prinz (2002), sont constitués d’une variété de méthodes utilisées par le parent afin que l’enfant se conforme à une demande ou diminue un comportement inapproprié. Les comportements disciplinaires nécessitent par ailleurs une communication claire des attentes, ainsi qu’un encadrement et un renforcement positif des comportements désirés (Beauregard, Bordeleau, Desjardins et Poissant, 2009).

Cependant, un parent peut utiliser des pratiques parentales dysfonctionnelles. Arnold, O’Leary, Wolff et Acker (1993), fondateur de l’outil « Parenting Scale », définissent trois pratiques parentales dysfonctionnelles : la négligence/laxisme, les réactions excessives/la surréactivité et la verbosité/hostilité. Arnold et ses collègues (1993) posent que la négligence/laxisme se définit comme un parent permissif avec un manque de constance et un établissement de limite inefficace, ce qui engendre des problèmes de comportements et d’opposition chez l’enfant (Kuczynski, Kochanska, Radke-Yarrow, & Girnius-Brown, 1987). Les réactions excessives/la surréactivité se définissent par des comportements parentaux sévères en réponse à ceux de leur enfant. La verbosité/hostilité, quant à elle, caractérise un parent qui réprimande longuement son enfant sans que ce soit efficace (Arnold et coll., 1993).

Les comportements dysfonctionnels d’un parent peuvent tendre jusqu’à des comportements beaucoup plus sévères, incluant la violence physique mineure et l’agression psychologique. La violence physique mineure ou la punition corporelle signifie d’infliger de la douleur à un enfant sans le blesser. Elle inclut : secouer ou brasser l’enfant, lui taper les fesses à mains nues, lui donner une tape sur la main, le bras ou la jambe et le pincer (Observatoire des tout-petits, 2017). La haute prévalence de la violence physique mineure représente un enjeu d’actualité, étant de 36,4 % chez les 6 mois à 2 ans, de 57,7 % chez les 3 à 5 ans, et de 28,4 % chez les 6 à 17 ans en 2017. Ce type de discipline entraine à long terme une dégradation de la relation parent-enfant, un développement de comportements agressifs et antisociaux chez l’enfant, l’apparition de symptômes psychologiques d’anxiété et de dépression ainsi qu’une atteinte aux habiletés cognitives. L’agression psychologique, quant à elle, constitue une forme de communication qui met en péril le bien-être de l’enfant. Au Québec en 2012, 26 % des enfants de 6 mois à 2 ans subissent de l’agression psychologique, tandis qu’elle se situe à 59,3 % chez les enfants de

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3 à 5 ans et 51,6 % chez les enfants de 6 à 17 ans (Observatoire des tout-petits, 2017). Utilisées de façon répétée, les agressions psychologiques peuvent terroriser, isoler l’enfant ou lui faire croire qu’il est méprisé par ses parents. Il peut même s’agir d’une forme de maltraitance lorsqu’elle porte atteinte à l’intégrité de l’enfant.

Les compétences parentales cognitives et affectives

Cette étude inclut trois composantes des compétences parentales cognitives et affectives: l’autorégulation parentale, le stress parental et la détresse psychologique. L’autorégulation se définit comme la perception d’un individu sur sa compétence, son efficacité, et sa capacité à mettre quelque chose en action (Gecas, 1989). Adaptée au parent, l’autorégulation parentale définit la confiance du parent sur sa capacité à agir correctement dans son rôle parental. Ceci inclut ses croyances, ses valeurs, ses pensées et son idéal d’un parent compétent, ce qui comprend sa capacité à gérer les comportements de son enfant et à résoudre des problèmes avec son enfant (Coleman et Karraker, 2003).

Le stress parental est lié à une responsabilité parentale et survient lorsque les besoins de l’enfant demandent plus de ressources parentales qu’accessibles dans le moment présent (Deater-Deckard, 1998). Le stress parental apparait également lorsque les idéaux d’un parent compétent nécessitent plus de ressources que celles qu’il a en main (Deater-Deckard, 2004). En 2012, l’Institut de la statistique du Québec a réalisé une enquête populationnelle sur la violence vécue par les enfants dans leur environnement familial. L’enquête établit que 34 % des mères d’un enfant de 0 à 5 ans ont vécu du stress parental (Clément, Bernèche, Chamberland et Fontaine, 2013).

La détresse psychologique se définit par tout symptôme pouvant être lié à des difficultés de santé mentale. Dans ce mémoire, elle inclut plus spécifiquement les symptômes anxieux et dépressifs. L’ÉIQ, qui a recruté 4011 enfants provenant de famille sous la Direction de la protection de la jeunesse et qui sont victimes de comportements maltraitants, indique que 13 % de ces familles comprennent un parent avec un trouble de santé mentale (Hélie et coll., 2014). En outre, le trouble de santé mentale représente la difficulté la plus recensée dans cette enquête chez ces familles. En 2012, 13 % des mères et 16 % des pères d’un enfant entre 6 mois et 5 ans qui bénéficient du Programme de soutien aux enfants ont vécu des symptômes dépressifs modérés ou graves (Observatoire des tout-petits, 2017). De multiples contraintes familiales exacerbent les risques de détresse

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psychologique chez les parents, incluant la monoparentalité, l’absence de soutien du conjoint ou de la conjointe, les difficultés d’horaire travail/famille, les contraintes de temps et un faible revenu (Crouter et Booth, 2004 ; Evenson & Simon, 2005 ; Nomaguchi et Mikie, 2003 ; Nomaguchi, Milkie et Bianchi, 2005 ; Twenge, Campbell et Foster, 2003).

Les comportements de l’enfant

Ce mémoire décline les comportements de l’enfant en deux concepts : les comportements prosociaux et les comportements problématiques. Les comportements prosociaux reflètent des comportements empathiques ou altruistes envers autrui (Goodman, 1997). Les comportements problématiques, quant à eux, sont inadaptés et varient en fréquence, en durée et en sévérité. Les comportements problématiques incluent les troubles du comportement, dont l’opposition à l’autorité et les comportements violents (Constantineau et coll., 2013), les troubles affectifs, dont des symptômes d’anxiété et de dépression, l’isolement social (Beauregard, et coll., 2009), et les symptômes d’inattention et d’hyperactivité (Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2012). Les comportements problématiques peuvent surgir en réaction à des problèmes de maltraitance vécus à l’intérieur d’une famille (Gérard, 2014). De plus, les comportements problématiques entrainent une faible estime de soi et peu de capacités sociales, qui peuvent mener à des difficultés relationnelles avec ses pairs, une faible utilisation de comportements prosociaux, une mauvaise estimation des situations, des difficultés de résolution de problème et des retards de développement chez l’enfant (Constantineau et coll., 2013). Afin de bien évaluer les comportements de l’enfant, ce mémoire évalue cinq composantes précises des comportements de l’enfant : les comportements prosociaux, les troubles affectifs, les troubles du comportement, les troubles relationnels avec les pairs ainsi que les symptômes d’inattention et d’hyperactivité.

L’interinfluence des compétences parentales et du comportement de l’enfant

Une panoplie d’études démontre que les composantes des compétences parentales analysées dans ce mémoire jouent un rôle sur le comportement de l’enfant. En effet, des comportements parentaux dysfonctionnels et une discipline inefficace augmentent les risques de problème de conduite (impulsivité, irritabilité et agressivité), de hautes frustrations, de la peur, et des symptômes dépressifs et anxieux chez l’enfant (Bruce et

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coll., 2006 ; Kiff, Lengua et Zalewski, 2011 ; Pfiffner, McBurnett, Rathouz et Judice, 2005 ; Salvas et coll., 2007 ; Tremblay et coll., 2004 ; Wood, McLeod, Sigman, Hwang et Chu, 2003). La discipline coercitive, la punition corporelle et les agressions physiques sont associées à des problèmes de développement cognitif et à l’apparition de troubles de comportement et de troubles affectifs chez l’enfant (Davis-Kean et Sameroff, 2012 ; Flouri et Midouhas, 2017 ; Gershoff, Lansford, Sexton, MacKenzie, Nicklas, Brooks-Gunn et Waldfogel, 2013 ; Riina, Martin, & Brooks-Gunn, 2014 ; Straus et Paschall, 2009). À l’inverse, des pratiques parentales sensibles, chaleureuses, réceptives et soutenantes, une discipline ferme, claire et cohérente ainsi qu’une réciprocité avec l’enfant favorisent des comportements obéissants et prosociaux chez l’enfant, et diminuent la présence de problèmes comportementaux (Carlo, Mestre, Samper, Tur et Armenta, 2011 ; Kochanska, Forman, Aksan et Dunbar, 2005 ; Waller et coll. 2015).

Les composantes cognitives et affectives des compétences parentales influencent les comportements du parent et par le fait même, les comportements de l’enfant. En effet, selon Berryhill (2016) et Roskam et Meurier (2012), une bonne autorégulation parentale est associée à l’utilisation de pratiques parentales et de comportements disciplinaires adéquats, ce qui permet une meilleure communication entre le parent et l’enfant. Dans le cas contraire, une faible autorégulation du parent est corrélée à des troubles de comportement et des troubles affectifs chez l’enfant (Gershoff, Grogan-Kaylor et coll., 2010 ; Gershoff, Lansford et coll., 2012 ; Meunier, Roskam et Browne, 2011). La faible autorégulation parentale et les troubles chez l’enfant s’exacerbent au fil du temps et nuisent au bon fonctionnement familial (Cunningham & Boyle, 2002). Le stress parental, quant à lui, est associé à des troubles du comportement de l’enfant (Mackler et coll., 2015 ; Neece, Green et Baker, 2012 ; Pesonen et coll., 2008).

Les symptômes dépressifs et anxieux chez les parents sont liés à des pratiques parentales et des comportements disciplinaires dysfonctionnels (Venta, Velez et Lau, 2016), ce qui exacerbe les difficultés dans la relation parent-enfant. En effet, la présence de ces symptômes chez les parents augmente les risques de troubles du comportement chez l’enfant, comme des troubles affectifs, des difficultés relationnelles avec les pairs, des comportements internalisés et externalisés, de symptômes psychologiques et de retard développemental (Cummings, Keller et Davies, 2005 ; Duncombe, Havighurst, Holland et Frankling, 2012 ; Kane et Garber 2004 ; Zimmer-Gembeck et Thomas, 2010). Selon

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Junttila, Vauras, & Laakkonen (2007), le sentiment de solitude vécu par le parent est fortement lié à sa capacité d’autorégulation. Plus un parent se sent seul, plus son sentiment d’autorégulation parentale s’effrite. Une faible capacité d’autorégulation parentale a des répercussions modestes sur les relations de l’enfant avec ses pairs et son sentiment de solitude.

Dans une vision plus globale, une relation parent-enfant problématique nuit au développement de l’enfant, à son adaptation psychosociale et à sa santé mentale (Cicchetti et Lynh, 1993 ; Lyons-Ruth et Jacobvitz, 2008 ; Weinfield, Sroufe, Egeland et Carlson, 2008). De plus, la méta-analyse de Stith et ses collègues (2009) indique que la relation parent-enfant, la perception du parent sur les comportements de son enfant, le stress parental, l’autorégulation parentale et les conflits familiaux sont le plus fortement associés à la maltraitance.

La littérature scientifique indique qu’un travail sur ces différentes composantes des compétences parentales améliore la relation parent/enfant et indirectement le comportement de l’enfant. Par le fait même, un travail sur les compétences parentales semble être une bonne option à considérer dans les interventions offertes auprès des familles dans les établissements publics.

Les caractéristiques sociodémographiques

Malgré la considération prédominante de cette étude quant aux compétences parentales et leur influence sur les comportements de l’enfant, une panoplie d’études détecte des influences considérables entre les caractéristiques sociodémographiques d’une famille et les risques de maltraitance. Le « Fourth National Incidence Study of Child Abuse and Neglect » (NIS-4), une enquête d’incidence nationale aux États-Unis sur les mauvais traitements faits sur les enfants de 2005 à 2006, a exploré les incidences de maltraitance provenant des caractéristiques des familles (Sedlak et coll., 2010). Pour ce faire, l’enquête a recueilli des informations des bases de données déjà présentes en Centre Jeunesse ou dans des programmes de sentinelle auprès de 29 488 enfants. Elle conclut que les parents sans emploi avec un diplôme inférieur au secondaire et un revenu inférieur à 15 000 $ US par année sont plus susceptibles de commettre des comportements maltraitants (Eckenrode, Smith, McCarthy et Dineen 2014 ; Sedlak et coll., 2010). À l’inverse, les risques de maltraitance faiblissent lorsque les parents détiennent un emploi, un diplôme plus élevé

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que « le secondaire et un revenu supérieur à 15 000 $ US par année (Sedlak et coll., 2010). Dans le même sens que le NIS-4, l’ÉIQ (Hélie et coll., 2017) affirme que 65 % des familles en protection de la jeunesse comprennent un parent sans emploi, et que 15 % de ces parents manquent régulièrement d’argent pour satisfaire les besoins fondamentaux de la famille. En outre, une étude aux États-Unis affirme que l’aide financière diminue les risques de signalement de maltraitance (Cancian, Yan et Shook Slack, 2013). Enfin, le manque de soutien social représente une difficulté fréquemment retrouvée auprès des familles avec des comportements maltraitants (Hélie et coll., 2014).

L’obtention d’un emploi, même s’il favorise financièrement la famille, implique tout de même des contraintes de temps. En 2015, 22 % des familles du Québec avec des enfants de 0 à 5 ans dénombrent un parent travailleur sans les conditions de travail suivantes : un horaire flexible, des congés payés pour des raisons familiales, du travail à domicile et un aménagement du temps de travail (Lavoie et Fontaine, 2016). En 2012, 35 % des mères et 23 % des pères avec des enfants entre 0 et 5 ans présentent un stress élevé en raison de la conciliation travail-famille (Observatoire des tout-petits, 2017). Ces conditions de travail rendent le parent plus à risque d’engendrer des réactions excessives auprès de son enfant, comme crier, élever la voix ou se mettre en colère (Lavoie et Fontaine, 2016).

Les familles monoparentales ou avec trois enfants et plus présentent une probabilité accrue d’accumuler des facteurs de risque liés à la maltraitance, comme des revenus plus faibles et un plus haut stress lié à la conciliation travail-famille (Sedlak et coll., 2010 ; Lavoie et Fontaine, 2016). Au Canada, 42,3 % des familles monoparentales vivent sous le seuil de la pauvreté en 2004 contre 9,7 % des familles biparentales (Raïq et Plante, 2013 ; Raynault, 2010). La différence de revenu entre les familiaux monoparentale et biparentale est significative (Richards, 2010). Par ailleurs, les risques de conflit travail-famille augmentent selon le nombre d’enfants dans une famille (Lavoie, 2016).

Il est clair que ces différents facteurs doivent être considérés dans la prévention de la maltraitance. Néanmoins, aucune étude à l’heure actuelle n’a vérifié l’influence des caractéristiques sociodémographiques sur le progrès des familles qui reçoivent des interventions dans les services publics. Ce mémoire tente d’évaluer l’influence des caractéristiques sociodémographiques sur la sévérité des difficultés vécues des parents prestataires de services sociaux québécois. De plus, ce mémoire cherche à déterminer les

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caractéristiques sociodémographiques pouvant influencer l’efficacité de l’intervention. Dans ce mémoire, les caractéristiques considérées incluent : l’emploi, la scolarité, le revenu, le type familial, le nombre d’enfants, ainsi que les ressources temporelles, financières et interpersonnelles. Les interventions en établissements québécois sont discutées plus en profondeur dans la prochaine section.

Les interventions auprès des familles

Au Québec, deux lois encadrent les interventions auprès des familles : la Loi sur les Services de Santé et les Services sociaux et la Loi sur la Protection de la Jeunesse (La Direction des communications du ministère de la Santé et des Services sociaux, 2017). Ces lois déterminent le type d’établissement qui prodigue les interventions (Centre local de services communautaires [CLSC] et Centre jeunesse du Québec [CJQ]). En outre, les interventions mises en place par la Loi sur la Protection de la Jeunesse sont habituellement entamées lorsque la gravité des difficultés chez une famille les met à risque d’un placement de leur enfant (Pouliot, Turcotte et Monette, 2009). Selon Beaudoin et ses collègues (2005), les interventions en CJQ sont en moyenne de plus longue durée et d’une plus grande intensité que celles en CLSC. La collaboration entre ces deux établissements est tout de même fortement encouragée afin de garder une continuité et une stabilité à travers l’intervention (Constantineau et coll., 2013 ; Dufour, Clément, Milot, Léveillé et Menand 2015 ; Lessard, Chamberland et Léveillé, 2007). Cependant, les connaissances sur le contenu des interventions offert auprès des familles dans les établissements publics restent toutefois peu développées, bien que la littérature propose multiples approches possibles à utiliser par les intervenants dans leurs pratiques (Observatoire des tout petits, 2017). Le rapport sur « L’efficacité des interventions sociales et psychologiques de courte durée : revue systématique » (Institut national d’excellence en santé et en services sociaux, 2013) mentionne justement qu’il y a une nécessité de recenser les approches psychologiques et psychosociales de courte durée utilisées dans le milieu afin d’identifier celles qui sont réellement efficaces. Lorsque l’enquête a essayé de récolter ces données, elle a découvert que la banque de données récoltée en CLSC manque d’informations pertinentes sur la question.

Gagné, Richard et Dubé (2015), quant à elles, ont recensé les programmes de soutien au rôle parental, structurés et évalués, qui sont implantés à l’heure actuelle au

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Québec afin de les comparer au programme Triple P qu’elles désirent implanter. Ce mémoire veut signifier par implantation un programme qui à la suite de sa création, a été accepté dans un établissement et a connu au moins une première cohorte d’intervenants formés qui utilisent ce programme dans leur intervention. Cinq programmes qui devaient être implantés à des endroits précis dans la province de Québec furent recensés. Cependant, rien ne permet de prouver que les programmes sont toujours utilisés après leur implantation. Ce mémoire contribuera à combler cette lacune en s’intéressant aux interventions offertes dans les CLSC et le CJQ.

Malgré le manque de connaissances sur les interventions offertes dans les CLSC et les CJQ, la littérature scientifique offre une gamme de programmes d’intervention que des chercheurs ont développée et implantée. Les programmes d’intervention concernent plus particulièrement les visites à domicile et les programmes d’intervention parentale (Gadsden, Ford et Breiner, 2016). Les programmes de visite à domicile se fondent sur l’idée que le domicile constitue un environnement confortable et commode pour des parents prénataux ou avec un jeune enfant, ce qui avantage l’intervenant à répondre adéquatement aux objectifs spécifiques de la famille (Johnson, 2009). Les programmes de visite à domicile prévoient de soutenir les parents dans leur rôle parental, d’améliorer la connaissance sur le développement de l’enfant et de promouvoir l’autorégulation, la discipline et les pratiques parentales positives. Ces démarches visent à diminuer le stress parental, les symptômes dépressifs et l’isolation ainsi que les risques de blessures chez l’enfant. Leurs séances durent entre 60 et 90 minutes et se déroulent sur une période de 6 mois à 2 ans. Les programmes de visite à domicile sont offerts à des enfants susceptibles de vivre des conséquences néfastes et se retrouver avec un manque de capacités cognitives et affectives prérequises lors de l’entrée à l’école (Sandstrom et coll., 2015). Pour ce faire, les programmes de visite à domicile ciblent les femmes enceintes ou les nouveau-nés de familles soutenus par un département public, un organisme public ou la protection de la jeunesse (Boller et coll., 2010 ; Daro, 2006). Ces interventions surviennent souvent dans un cadre volontaire, mais peuvent aussi se donner sous ordonnance (Sandstrom et coll., 2015). Les programmes d’intervention parentale, quant à eux, sont offerts dans divers milieux (Barlow et Coren, 2018). Ces programmes utilisent les techniques de multiples approches théoriques, incluant la discussion, le jeu de rôle, l’observation de vignettes vidéo et des devoirs. Ces programmes sont au départ structurés et ordonnés, puis peuvent

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s’adapter selon les besoins de la famille. Les programmes d’interventions parentales se donnent en individuel ou en groupe (Barlow et Coren, 2018). Ils visent à favoriser les connaissances et les pratiques parentales, à diminuer le stress parental et à améliorer les comportements et les émotions de l’enfant. Ces programmes durent environ 8 à 12 semaines à raison d’une à deux heures par rencontre et entre 2 et 20 séances. Plusieurs d’entre eux sont connus dans le milieu communautaire, dont Triple P ou « Ces années incroyables » (Gadsden et coll., 2016).

La littérature scientifique offre une belle recension de programmes implantés par des chercheurs, tant sur leur processus d’implantation que leurs effets sur les compétences parentales et la prévention de la maltraitance. Ces résultats sont abordés dans la section suivante.

L’efficacité des interventions auprès des familles

Si des recherches évaluatives se sont intéressées à l’implantation des interventions auprès des familles, d’autres se sont penchées sur leurs effets en prévention de la maltraitance. En effet, la littérature scientifique vise majoritairement les programmes de prévention de la maltraitance ciblant les parents (Observatoire des tout petits, 2017), qui seront considérés dans le présent mémoire. Cette section présente une recension des études évaluatives à travers le monde. La recension prouve la pertinence de la présente étude, qui vise à pallier un certain manque d’information à l’égard des effets des interventions auprès des familles offertes au Québec. Les études sont organisées en fonction du type de programme évalué, en commençant par des études incluant divers programmes pour finir à des études ciblant des programmes spécifiques.

Étude évaluative des programmes de façon générale

La méta-analyse de Chen et Chan (2016) évalue l’efficacité des programmes de soutien à la parentalité sur les risques de maltraitance auprès des familles avec un enfant de moins de cinq ans. L’étude montre que les programmes de soutien à la parentalité préviennent efficacement la maltraitance à court terme, et ce, peu importe la sévérité des comportements maltraitants. Les chercheurs observent une faible baisse de signalement, une diminution des pratiques parentales et comportements disciplinaires inefficaces. Ils montrent également une adhésion grandissante à l’utilisation de meilleures compétences

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parentales comportementales et une amélioration de l’autorégulation parentale. Or, peu d’effets sont observés sur les symptômes dépressifs et le stress parental. La méta-analyse a aussi constaté de possibles effets à long terme. Toutefois, la variabilité des observations exacerbée par le statut socio-économique du parent, le réseau social des parents et la structure et la taille de la famille ne permettent pas de confirmer cette hypothèse.

La revue systématique de Barlow, Johnston, Kendrick, Polnay et Stewart-Brown (2006) avait pour but d’examiner les effets des programmes de soutien à la parentalité individuelle ou de groupe sur la prévention de mauvais traitements physiques et de la négligence. Elle a rassemblé sept études en respectant les critères Cochrane. Les programmes inclus visent des enfants âgés de 0 à 19 ans et dont un parent présente un historique de mauvais traitements physiques ou de négligence dans leur enfance. Cette revue indique que seulement trois études recensées indiquent un effet significatif sur la diminution de mauvais traitements physiques, avec des tailles d’effets de d = 0,3 à d = 0,4. Les résultats peu concluants s’expliquent par l’inclusion d’études qui évaluent d’autres types des composantes ou qui utilisent des approches d’intervention visant spécifiquement les mauvais traitements physiques sans viser la négligence. Seulement une étude a démontré que des interventions de groupe apportent une plus grande taille d’effet que les interventions individuelles. Les auteurs concluent qu’aucun des programmes évalués n’était efficace pour diminuer l’ensemble des facteurs liés à la prévention de la maltraitance (i.e. compétences parentales, caractéristiques de l’enfant et fonctionnement familial). En effet, tous les facteurs étudiés se sont améliorés, mais seulement une partie a montré des changements statistiquement significatifs.

Brousseau (2012), dans sa recension des écrits, note que des programmes centrés sur la famille et visant les parents montrent une diminution des risques de négligence, d’abus et de placement des enfants. Les programmes ont également un effet positif sur le stress, la dépression, les pratiques parentales, le réseau social du parent, les comportements de l’enfant et le fonctionnement familial en général. La méta-analyse de Barlow, Smailagic, Huband, Roloff et Bennett (2012) observe une amélioration des symptômes d’anxiété, du stress, de la colère et du sentiment de culpabilité associés à leur parentalité grâce aux programmes parentaux de groupe.

À l’inverse, la méta-analyse d’Euser, Alink, Stoltenborgh, Bakermans-Kranenburg et van Ijzendoorn (2015) ont trouvé des effets significatifs chez les familles qui présentent

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des comportements assujettis à la maltraitance et non auprès de celles qui sont susceptibles d’en présenter. Elle suggère que les programmes de soutien parental sont seulement efficaces pour réduire la maltraitance et non pour la prévenir. Par ailleurs, les auteurs observent des résultats variables selon le type d’intervention donnée. Les interventions de soutien éducatif ou social et les interventions d’évaluation ne présentent aucun effet significatif. Or, les programmes ciblant l’entrainement parental montrent des effets significatifs sur la réduction de la maltraitance, et ce, indépendamment du soutien additionnel offert.

Études évaluatives selon la modalité du programme

Mikton et Butchart (2009) ont comparé les programmes d’intervention en prévention de la maltraitance selon leur modalité d’intervention. Leur revue systématique rapporte que les programmes d’éducation parentale, de visite à domicile et les programmes à composantes multiples ont des effets positifs sur la prévention de la maltraitance.

Plusieurs études ont également comparé spécifiquement les effets des programmes d’éducation parentale ou de pratiques parentales et de visites à domicile.

Pinquart et Teubert (2010) ont évalué l’effet des programmes d’éducation parentale précoce chez des enfants en phase fœtale jusqu’à l’âge de six mois. Les résultats montrent que les programmes produisent des effets positifs, mais de taille faible sur les risques d’abus, les compétences parentales, le stress parental, les difficultés de santé mentale chez les parents, les conflits conjugaux et le développement de l’enfant. Malgré le peu d’étude avec des données de suivi, les auteurs suggèrent que les effets des interventions restent à long terme. Dans son rapport sur l’efficacité des programmes d’éducation parentale, l’Institut National De Santé Publique Du Québec (INSPQ, 2013) affirme que les programmes auprès des familles augmentent l’utilisation de pratiques parentales positives, diminuent les pratiques parentales dysfonctionnelles et réduisent l’utilisation de comportements disciplinaires coercitifs. Les programmes augmentent par ailleurs la satisfaction parentale et le sentiment de compétences parentales. De plus, ils apportent une diminution des comportements problématiques chez l’enfant, comme les comportements extériorisés. Cependant, les programmes montrent que très peu d’effet sur le stress parental et les symptômes dépressifs et anxieux du parent. Le rapport évalue aussi les programmes qui visent les familles d’enfants avec des problèmes de comportements. Malgré le plus

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petit nombre d’études recensées, les résultats montrent des effets comparables.

Dans leur méta-analyse, Coates, Taylor et Sayal (2015) ont évalué les effets d’intervention comportementale des parents pour les enfants avec un diagnostic de trouble de l’inattention avec ou sans hyperactivité. Les résultats montrent une réduction des symptômes d’hyperactivités et d’inattention, des troubles de comportement et une augmentation de l’autorégulation du parent. La méta-analyse de Van Mourik, Crone, de Wolff et Reis (2017) cible les programmes d’entrainement parental pour des familles de minorités ethniques avec des enfants de 0 à 12 ans. Les résultats montrent que les programmes ont un faible effet sur les pratiques parentales, les comportements de l’enfant et le stress parental. Cependant, les programmes ont de meilleurs effets lorsque la structure du programme est adaptée à la culture de la famille.

Furlong et ses collègues (2012) ont évalué l’effet des programmes de pratiques parentales sur des troubles du comportement chez des enfants entre 3 et 12 ans. Leur méta- analyse indique une diminution des troubles du comportement de l’enfant, ainsi qu’une diminution de la détresse psychologique du parent, une augmentation de l’utilisation des pratiques parentales positive et une diminution des pratiques disciplinaires rudes et négatives. La méta-analyse de Zwi, Jones, Thorgaard, York et Dennis (2012) montre que les programmes de pratiques parentales ont des effets significatifs sur les problèmes de comportement chez des enfants qui souffrent de trouble déficitaire de l’attention et d’hyperactivité, plus particulièrement les comportements internalisés, ainsi qu’une diminution significative du stress parental.

Casillas, Fauchier, Derkash et Garrido (2016) ont évalué l’efficacité des programmes de visite à domicile chez des familles avec des enfants de moins de 5 ans. Les résultats de cette méta-analyse montrent que ces programmes augmentent l’utilisation de pratiques parentales positives et favorisent la prévention de la maltraitance, mais que ceux-ci ont peu d’effet sur la santé et les comportements des enfants. De plus, l’utilisation de jeux de rôle, la présence de supervision auprès des intervenants et un contrôle de la fidélité favorisent les effets de l’intervention. Les programmes ciblant des facteurs de risque spécifiques ont également plus d’effet que les programmes universels. Selon Butchart et ses collègues (2006), les programmes de visite à domicile permettent de réduire de 40 % la maltraitance à l’intérieur des familles suivies. Cependant, l’efficacité des visites à domicile nécessite qu’elle soit structurée tant dans le contenu, la fréquence et la durée

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(Gagné et coll., 2012).

La méta-analyse de Barlow, Bergman, Kornør, Wei et Bennett (2016), en respectant les critères Cochrane, évalue des programmes parentaux de groupe qui visent les difficultés émotionnelles et comportementales des enfants de 3 à 11 ans. Les résultats montrent une faible diminution générale des difficultés comportementales et émotionnelles chez les enfants, avec une baisse plus importante en ce qui a trait aux problèmes externalisés. Les résultats restent malgré tout mitigés en ce qui concerne l’hyperactivité et l’inattention, les problèmes internalisés, les comportements prosociaux et la relation parent-enfant. De plus, les effets ne se maintiennent pas à travers le temps.

Le nombre important d’études évaluatives permet d’appuyer l’influence des interventions sur le progrès compétences parentales auprès des familles prestataires de services. Néanmoins, leurs limites méthodologiques doivent être considérées.

Une grande variabilité dans les programmes d’intervention relativement aux objectifs, aux modes et aux stratégies d’intervention est observée (Coates et ses collègues, 2015 ; Pinquart et Teubert, 2010). Des informations importantes sur l’intervention utilisée peuvent même manquer. Cet enjeu concerne plus les interventions qui visent la maltraitance (Chen et Chan, 2016) que celle visant des troubles de comportement chez l’enfant, comme le TDAH (Zwi et ses collègues, 2012). L’éventail de mesures incomplet, hétérogène et même non validé est également à critiquer (Chen et Chan, 2016 ; Euser et ses collègues, 2015 ; Furlong et ses collègues, 2012 ; Pinquart et Teubert, 2010 ; Van Mourik et ses collègues, 2017 ; Zwi et ses collègues, 2012). Ces mesures proviennent majoritairement de données autorapportées des parents plutôt que de tiers indépendants (Furlong et ses collègues, 2012). La maltraitance est souvent évaluée de façon trop générale, ou bien par une seule mesure, le plus souvent des comportements d’abus physique (Euser et ses collègues, 2015 ; Chen et Chan, 2016), empêchant l’évaluation des programmes sur différents types de maltraitance. De plus, seulement une étude rapporte des évaluations de suivi, pouvant aller de 4 semaines à 7 ans (Barlow et ses collègues, 2016).

Le manque et l’hétérogénéité des interventions et des mesures contraient la possibilité de comparer les programmes entre eux et sur différent type de difficultés. Il empêche également l’analyse des effets médiateurs et modérateurs de maintes variables sur l’intervention, par exemple la durée des programmes, l’implantation préventive des

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programmes et le sexe du parent (Van Mourik et ses collègues, 2017 ; Barlow et ses collègues, 2016 ; Coates et ses collègues, 2015 ; Pinquart et Teubert, 2010 ; Euser et ses collègues, 2015 ; Barlow et ses collègues, 2012 ; Chen et Chan, 2016).

Les échantillons montrent des lacunes en raison de leur grosseur souvent petite et leurs caractéristiques homogènes, soit des mères caucasiennes venant de pays développés et l’exclusion d’enfant de moins de 2 ans (Barlow et ses collègues, 2016 ; Zwi et ses collègues, 2012 ; Chen et Chan, 2016). Chen et Chan (2016) critiquent également la fréquente absence de groupe contrôle.

Par ailleurs, les études évaluatives sont presque absentes au Québec. Elles proviennent majoritairement de pays développés, la plus grande proportion venant des États-Unis, avec une bonne récurrence au Canada, en Australie, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Nouvelle-Zélande. Au Canada, les études recensées viennent majoritairement de l’Ontario et quelques-unes viennent de l’Alberta, du Manitoba et de la Colombie-Britannique (Barlow et collègue, 2016 ; Zwi et ses collègues, 2012 ; Coates et ses collègues, 2015 ; Pinquart et Teubert, 2010 ; Mikton et Butchart, 2009 ; Euser et ses collègues, 2015 ; Barlow et ses collègues, 2012 ; Barlow et ses collègues, 2006 ; Chen et Chan, 2016 ; Casillas et ses collègues, 2016 ; Furlong et ses collègues, 2012 ; Van Mourik et ses collègues, 2017 ; INSPQ, 2013). Quatre études dans la méta-analyse de Pinquart et Teubert (2010) proviennent de Montréal, mais datent de plus de 20 ans. Une étude de visite à domicile dans la méta-analyse de Chen et Chan (2016) provient de Montréal. Il est possible que le chiffre soit plus important, mais que leur visibilité soit faible en raison de la barrière langagière (Mikton et Butchart, 2009).

Selon les écrits consultés, les programmes d’intervention sur les compétences parentales permettent une amélioration des compétences parentales et des comportements de l’enfant, et même, une diminution des risques de maltraitance. Cependant, les résultats à travers les études sont mitigés, car aucun programme n’avait des effets significatifs sur toutes les composantes évaluées dans une même étude. Par ailleurs, les objectifs d’intervention variables et les limites présentes réduisent les possibilités de reproduction des programmes ainsi que leurs résultats au Québec. C’est précisément cet enjeu qui sera discuté dans la prochaine section.

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Reproduction des résultats dans le milieu clinique

Malgré les effets positifs démontrés, il n’est pas garanti que les effets présents dans les établissements de services sociaux québécois seront similaires à ceux présentés à l’intérieur d’études évaluatives précédentes à travers le monde. Plusieurs facteurs peuvent contrevenir à l’intervention et par le fait même, à ses effets. Deux facteurs sont discutés dans cette étude : les composantes évaluées et l’implantation des programmes parentaux dans le milieu.

Les résultats en prévention de la maltraitance

La plupart des études évaluatives visent le même objectif, soit la prévention de la maltraitance (Butchart et coll., 2006 ; Casillas et coll., 2016 ; Mikton et Butchart, 2009 ; Euser, et coll., 2015). Pourtant, les variables utilisées et leurs mesures d’évaluation varient grandement entre les études. Certaines évaluent cette prévention selon le nombre de signalements émis (Chen et Chan, 2016), tandis que d’autres évaluent les comportements maltraitants présents chez le parent, incluant les mauvais traitements physiques et les risques d’abus (Barlow et coll., 2006 ; Brousseau, 2012 ; Pinquart et Teubert, 2010). D’autres incluent des variables touchant indirectement la prévention de la maltraitance, plus particulièrement des comportements problématiques chez l’enfant, notamment l’inattention, l’hyperactivité et les troubles du comportement.

Par ailleurs, la prévention de la maltraitance est difficile à évaluer dans les milieux publics, résultant l’utilisation d’une panoplie de différentes mesures pour compenser cette limite. Les études recensées utilisent systématiquement des questionnaires autorapportés pour les parents afin d’évaluer les difficultés vécues dans les familles. Seulement trois variables sont mesurées avec une mesure différente en combinaison avec les questionnaires autorapportés, soit les pratiques parentales, l’autorégulation parentale et les comportements de l’enfant. Des mesures d’observation sont utilisées afin d’évaluer l’autorégulation parentale, les pratiques parentales et les comportements de l’enfant lors de l’interaction parent-enfant. Cependant, les comportements du parent plus péjoratif, comme les comportements disciplinaires dysfonctionnels ou les comportements violents du parent, restent évalués uniquement par des mesures autorapportées. À de très rares occasions, des études récoltent des données provenant des établissements qui offrent les services d’intervention. Il est également possible d’observer que les études évaluent plus souvent

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les comportements positifs que péjoratifs, et qu’il est même difficile de retrouver des études évaluant des comportements maltraitants, notamment des comportements violents envers l’enfant. Les comportements de l’enfant sont évalués avec une plus large variété de mesure, soit des questionnaires autorapportés des parents, mais également des tiers, le plus souvent des enseignants, par de l’observation et par des entrevues semi-structurées (Barlow et collègue, 2016 ; Coates et ses collègues, 2015 ; Furlong et ses collègues, 2012 ; Zwi et ses collègues, 2012 ; Barlow et ses collègues, 2012 ; Pinquart et Teubert, 2010 ; Barlow et ses collègues, 2012).

Lorsque toute cette variabilité est considérée, il est difficile d’établir un consensus clair sur ce qui doit bel et bien être considéré comme l’évaluation de la maltraitance, de la prévention de la maltraitance et de difficultés autres. Ce faisant, il faut inférer avec prudence que les interventions évaluées engendrent une prévention à la maltraitance et peuvent se généraliser à une d’autres situations de maltraitance.

La reproduction de l’intervention

Il n’est pas possible de certifier que les interventions auprès des familles retrouvées dans la littérature scientifique sont implantées de façon fidèle dans les services québécois. Selon Butchart et ses collègues (2006), les effets d’une intervention peuvent se reproduire dans un contexte différent, à condition que la procédure, le contrôle et l’évaluation de l’intervention soient détaillés et reproduits le plus exactement possible. Dès que l’intervention est modifiée, les effets ne sont plus garantis. À l’opposé, la littérature scientifique affirme que des services efficaces demandent la combinaison de données empiriques et de jugement professionnel (Butchart et coll., 2006 ; Constantineau et coll., 2013). De ce fait, il est conseillé aux intervenants d’adapter les interventions de la littérature en fonction des besoins des parents qui se retrouvent en face d’eux. Cependant, cette combinaison vient à l’encontre du processus de reproduction de Butchart et ses collègues. (2006).

Problématique

Grâce à la littérature scientifique en prévention de la maltraitance, il est connu que les interventions des établissements publics centrées sur les compétences parentales permettent d’améliorer les modalités comportementales, cognitives et affectives des

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compétences parentales et les comportements de l’enfant. Plus spécifiquement, les interventions auprès des familles amènent une diminution des pratiques parentales dysfonctionnelles et des comportements disciplinaires coercitifs, en plus d’une augmentation des pratiques parentales positives. Les résultats montrent aussi une diminution des difficultés de santé mentale, de stress parental et de conflits familiaux, en plus d’une augmentation du sentiment de compétences parentales et de la satisfaction parentale. Les effets observés chez les enfants sont une diminution des comportements dysfonctionnels et une augmentation des comportements prosociaux. Ces améliorations auront un effet bénéfique sur la relation parent-enfant, et peuvent à un effet ultime, prévenir les risques de maltraitance.

Ces résultats, malgré leurs limites, sont encourageants. Néanmoins, peu de connaissances existent sur ce qui est offert aux parents au Québec et par conséquent, sur leur efficacité. Afin de pallier ces lacunes, ce mémoire vise à évaluer les effets des interventions qui sont offertes auprès des familles dans les établissements du réseau de Québec sur les compétences parentales. L’évaluation inclut des familles avec un enfant âgé entre 0 et 12 ans et aux prises avec des difficultés familiales.

Objectifs et questions de recherche

Cinq questions de recherche permettent de répondre aux objectifs de ce mémoire, qui visent à déterminer l’effet des interventions sur l’amélioration des compétences parentales et l’influence des variables externes sur l’intervention :

1) Est-ce que les parents rapportent des changements dans le développement de leurs compétences parentales comportementales, c’est-à-dire les pratiques parentales et les comportements disciplinaires, entre le prétest et le post-test ?

2) Est-ce que les parents rapportent des changements dans le développement de leurs compétences parentales cognitives et affectives, c’est-à-dire l’autorégulation parentale, le stress parental et leur détresse psychologique, entre le prétest et le post-test ?

3) Est-ce que les parents rapportent des changements auprès du comportement de leur enfant entre le prétest et le post-test ?

4) Est-ce que des caractéristiques personnelles au parent sur le plan de son statut socio- économique et de ses ressources personnelles (c’est-à-dire ses ressources

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sociales, financières et temporelles) sont associées à la sévérité des difficultés vécues par le parent et les comportements de l’enfant ? Ces mêmes caractéristiques et ressources influencent-elles la force de l’effet des interventions sur les compétences parentales ?

5) Quelles sont les caractéristiques qui composent les interventions auprès des familles qui vivent des difficultés dans les établissements publics québécois ?

Hypothèses

1) Il est attendu qu’une amélioration générale soit observée sur les pratiques parentales positives ainsi qu’une diminution des pratiques parentales dysfonctionnelles. Il est aussi attendu d’observer une augmentation des comportements disciplinaires non violents et une diminution de la punition corporelle et de l’agression psychologique.

2) Il est attendu qu’une amélioration générale soit observée sur l’autorégulation parentale ainsi qu’une diminution du stress parental et de la détresse psychologique est attendue.

3) Il est attendu qu’une amélioration générale soit observée sur les comportements prosociaux de l’enfant ainsi qu’une diminution des troubles affectifs, des troubles du comportement, de l’inattention et de l’hyperactivité, et des troubles relationnels avec les pairs.

4) Il est attendu qu’un parent avec un statut socio-économique et des ressources personnelles plus favorables se retrouvent avec moins de difficulté qu’un parent avec un statut socio-économique et des ressources personnelles moins favorable. Par ailleurs, une amplification des effets de l’intervention sur les compétences parentales est attendue pour les parents avec un bon statut socio-économique et de bonnes ressources personnelles, contrairement aux parents avec un plus faible statut socio-économique et une moins bonne perception de ces ressources.

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Chapitre 2 MÉTHODOLOGIE

Cette étude s’inscrit dans le cadre d’un plus gros projet qui vise à implanter le programme de pratiques parentales positives « Triple P » dans la province de Québec, sous la « Chaire de partenariat en prévention de la maltraitance ». En effet, le groupe de cette étude sera utilisé en tant que groupe contrôle et comparé avec un groupe expérimental ayant reçu des interventions du programme «Triple P». Ce faisant, les critères méthodologiques choisis ici sont en fonction de ceux du projet «Triple P».

Participants

Cette étude a recruté 117 participants. Parmi ceux-ci, 25 participants furent exclus de l’étude. Les raisons des exclusions étaient les suivantes : (a) l’âge de l’enfant ne rentre pas dans les critères d’admissibilité (entre 0 et 12 ans inclusivement) (n=2), (b) l’enfant ne vit pas avec le parent (n=1), (c) les parents vivent hors du territoire (n=2), (d) l’intervention ne fut jamais commencée (n=2), (e) deux personnes différentes ont répondu au prétest et au post-test (n=1), (f) le temps entre les deux questionnaires surpasse celui prévu dans les critères de recrutement (n=4), (g) le questionnaire post-test ne fut pas rempli (n=13).

L’échantillon se compose alors de 92 parents. L’âge des parents varie entre 17 et 60 ans (M = 36,56, ÉT = 6,73, n=89) et 22 % d’entre eux sont des hommes (n=20) et 78 % sont des femmes (n=72). L’âge des enfants s’étend de 0 à 12,67 ans (M = 7,09, ÉT = 3,12), avec 63 % de garçons (n=58) et 34 % de filles (n=31). De plus, 84 % de ces enfants vivent dans le foyer du parent à temps plein (n=77), 13 % vivent dans le foyer entre quatre et six jours par semaine (n=12), et un enfant vit dans le foyer moins d’une journée par semaine. Le nombre d’enfants de moins de 18 ans qui vivent à temps plein ou temps partiel au foyer varie de 0 à 5 enfants (M = 2,02, ÉT = 0,96). Dans ces familles, 11 % d’entre elles utilisent des services sous la Direction de la protection de la jeunesse (N=10), et 89 % d’entre eux utilisent des services en CLSC (N=82). Des données sociodémographiques supplémentaires se retrouvent dans le Tableau 1.

Références

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