PASSAGES ET ANCRAGES
EN FRANCE
Dictionnaire des écrivains migrants
de langue française (1981-2011)
Sous
la
direction de
Ursula MATHIS-MOSER
et Birgit MERTZ-BAUMGARTNER
En collaboration avec Charles BONN, Jacques CHEVRIER,
Dominique COMBE, Paul DIRKX, Susanne GEHRMANN,
Pierre HALEN et Julia PRÖLL
PARIS
HONORÉ CHAMPION ÉDITEUR
2012
70 Passages et ancrages. Dictionnaire
passion pour Georges Bataille, Henry Miller, le marquis de Sade, Casanova et le Kama Sutra et passer sous silence Suyuti et Nafzawi ? » (22). Textes littéraires et religieux à l’appui, la romancière affi rme que l’arabe est la ‘langue du sexe’. L’un des intérêts de l’œuvre est la confrontation qui y est mise en scène entre deux univers culturels et linguistiques, l’arabe et le français, entre lesquels personnage et romancière naviguent constamment. Le roman crée l’événement dans le monde arabe mais également en France, où il connaît un accueil mé-diatique retentissant.
Pascale ROUX
ŒUVRES
Œuvre narrative
La preuve par le miel (trad. en français par
Oscar Heliani). Paris, Robert Laffont, 2008. Poésie
Mes ancêtres les assassins (trad. en français
par l’auteure). Paris, Paris-Méditerranée, 2002. – « Dracula ». In : Poetry 194,1 (2009), 62.
RÉCEPTIONCRITIQUE
Tourabi, Abdellah : « Salwa Al Neimi. L’ara-be, langue érotique ». In : Telquel online (2009). http://www.telquel-online.com [Ar-chives/361/Salwa Al Neimi. L’arabe, langue érotique] (11.01.2011), s.p. – Ziolkowski, Theodore : « An Arabian Night in Germany ». In : World Literature Today 78, 2 (2004), 32-33.
SITES
http://bibliobs.nouvelobs.com [Recherche/ L’arabe est la langue du sexe] (11.01.2011) http://bibliobs.nouvelobs.com [Recherche/La vie sexuelle de S. Al Neimi] (11.01.2011)
ALECHINSKY, Pierre
1927 (Bruxelles, Belgique)
Écrivain, peintre, dessinateur, graveur, céra-miste et cinéaste. Entre 1944 et 1948, forma-tion à l’École naforma-tionale supérieure d’archi-tecture et des arts décoratifs de La Cambre (Bruxelles). Inscrit en publicité, puis dans les ateliers d’illustration du livre et de typogra-phie. Adhère au groupe Jeune Peinture belge en 1947 et, en 1949, au mouvement Cobra. Premiers textes dans la revue Cobra. Instal-lation à Paris en 1951, où il étudie la gravure à l’Atelier 17 et découvre la calligraphie orien-tale. En 1955, tournage au Japon du fi lm
Cal-ligraphie japonaise. En 1964, installation à
Bougival près de Paris. Véritable début de sa carrière littéraire en 1965 avec Titres et pains
perdus. Publication de multiples livres dans
des maisons d’édition réputées comme Galli-mard, Fata Morgana ou Galilée. Depuis les années 1950, nombreux voyages au Japon, en Chine, aux États-Unis, en Norvège, en Letto-nie et au Mexique. En 2004, Prix André Mal-raux pour Des deux mains et pour ses illustra-tions des Carnets en deux temps.
Lorsqu’il adhéra à Cobra en 1949, P. A. avait déjà été repéré par la cri-tique lors de sa première exposition personnelle à la galerie surréaliste bruxelloise Lou Cosyn, en 1947. Mais Cobra fut décisif pour la formation de ses principes esthétiques. Ce mouve-ment pratiquant l’‘interspécialisme’ le sensibilisa au caractère arbitraire des frontières entre les arts comme entre les genres. En peignant des ‘peintures-mots’ avec l’animateur du groupe, son compatriote Ch. Dotremont, il donna corps à une réfl exion qu’il n’al-lait plus abandonner et qui nourrirait aussi bien sa peinture que son écri-ture. À Paris, il rencontre A. Calder
et J. Miró, et s’intéresse à la calligra-phie au contact du Japonais Shiryu Morita, puis du Chinois Walasse Ting. Cette initiation l’amène à tirer profi t des liens entre l’écriture extrême-orientale et sa propre aspiration à ap-profondir le dialogue entre écriture et peinture. Les nombreux voyages qu’il effectue à partir des années 1950 ne font qu’enrichir son activité plastique et scripturale : la migration, comme l’avait expérimenté Cobra (COpenhague-BRuxelles-Amster-dam), est un moteur de la créativité. Au cours des années 1960, l’hybrida-tion de sa technique et de ses maté-riaux va rendre son œuvre graphique toujours plus perméable au langage. Parallèlement, cet artiste qui, dès ses 19 ans, avait publié des linogravures, des clichés-trait et des eaux-fortes, illustre force livres de peintres, mais aussi d’écrivains, tels Ch. Dotremont, J. Mansour, Y. Bonnefoy, M. Butor ou E. Ionesco. Lui-même écrit un nom-bre croissant de textes qui tarderont à être considérés comme de la ‘vraie’ littérature. Partant d’une conception littéraire qui s’enracine dans le sur-réalisme, ces textes sont plus que des morceaux d’une autobiographie : ils montrent à l’œuvre une véritable autographie, où les épisodes de sa vie et de celle de ses amis peintres, poètes et écrivains (H. Michaux, Ch. Dotremont, etc.) s’agrègent les uns aux autres en une sorte de col-lage, souvent agrémenté d’apho-rismes, de réfl exions ou autres rêve-ries. Jouant habilement avec les mots
et leur potentiel ironique, il se fait l’observateur patenté de son propre travail indissociablement plastique et verbal, commentant inlassablement sa vie de gaucher ambidextre, etc. Il arrive aussi souvent que l’image graphique prenne son essor depuis le texte, l’illustrant ou le commentant. P. A. n’a jamais cherché à inscrire son ‘identité’ belge dans ses œuvres. En re-vanche, si, contrairement à nombre de ses compatriotes installés en France, il n’a jamais renié sa nationalité, et si son nom évoque même des prises de position artistiques contre le sé-grégationnisme linguistique fl amand-wallon (Le dérisoire absolu), c’est parce qu’il ne s’est jamais coupé d’un certain imaginaire ‘belge’ auquel il tient. Imaginaire dont F. Rops, J. Ensor, Ch. Dotremont et bien d’autres n’ont cessé d’incarner à ses yeux une cohérence identifi able, dans la mesure où elle participe de manière originale de l’hybridation et de la transformation. La migration entre ‘identités’ mène plus loin que n’im-porte laquelle de celles-ci (« Volcan et volcan » [1988], Hors cadre, 144-145). L’écriture profondément asso-ciative de P. A. renvoie comme d’elle-même aux dessins et peintures, son intérêt n’étant pas en elle-même, mais dans l’incessant va-et-vient entre codes plastiques et codes graphiques. En témoignent ses textes consacrés à ses dessins sur des cartes ou des plans de navigation aérienne : « Quand mon pinceau baguenaude sur les pages d’un vieil atlas et qu’au détour d’une
72 Passages et ancrages. Dictionnaire
frontière il tombe, en vieux marcheur qu’il est, sur le tracé d’une courbe qui pourrait de près ou de loin ressembler à une robe, une chevelure, il n’a plus qu’à se laisser aller. Ce n’est pas du travail, c’est de la rêverie entr’aperçue qui trotte » (« Échange de procédé » [1994], Hors cadre, 35). L’écriture se transforme en s’ouvrant à ce qui n’est pas elle, comme, en musique, on met « un dièse, deux, puis on change de clef et les choses changent de pays, d’habitudes, forcées de s’exhiber autrement, de s’exiler » (« Le test du titre » [1967], Hors cadre, 24). Une de ces « choses », et non des moindres, à avoir ainsi « chang[é] de pays, d’habi-tudes, forc[é] de s’exhiber autrement, de s’exiler » est l’auteur lui-même. En somme, si, avec M. Pleynet, on peut parler d’Alechinsky, le pinceau
voyageur, il y a lieu de parler aussi
d’‘Alechinsky, la plume voyageuse’. Julie BAWIN
Paul DIRKX
ŒUVRES
Les textes littéraires d’A. sont très générale-ment inclassables. L’impression d’impréci-sion qu’on peut avoir d’un point de vue géné-rique est inhérente à la poétique – au double sens littéraire et pictural – de l’auteur.
Les poupées de Dixmude. Bruxelles, Cobra,
1950. – Titres et pains perdus. Paris, Denoël, 1965. – Le test du titre. Paris, Éric Losfeld, 1967. – Roue libre. Genève, Skira, 1971. –
L’avenir de la propriété. Paris, Yves Rivière,
1972. – Celui qui ne peut se servir de mots. Saint-Clément-de-Rivière, Fata Morgana, 1975. – Far Rockaway. Saint-Clément-de-Rivière, Fata Morgana, 1977. – Peintures
et écrits. Paris, Arts et Métiers Graphiques,
1977. – Le bureau du titre. Saint-Clément-de-Rivière, Fata Morgana, 1983. – Ensortilèges. Saint-Clément-de-Rivière, Fata Morgana, 1984. – L’autre main. Saint-Clément-de-Rivière, Fata Morgana, 1988. – À la
mai-son de Balzac. Saint-Clément-de-Rivière,
Fata Morgana, 1989. – Lettre suit. Paris, Gallimard, 1992. – Plans sur la comète. Paris, L’Échoppe, 1992. – La dame des petits
pains. Saint-Clément-de-Rivière, Fata
Mor-gana, 1994. – Baluchon et ricochets. Paris, Gallimard, 1994. – Travaux à deux ou trois. Paris, Galilée, 1994. – Hors cadre. Bruxel-les, Labor, 1996. – Remarques marginales :
dits et inédits. Paris, Gallimard, 1997. – Rue de la verrerie. Paris, L’Échoppe, 1997. – La gamme d’Ensor. Saint-Clément-de-Rivière,
Fata Morgana, 1999. – Des deux mains. Paris, Mercure de France, 2004.
Illustration de livres
Le dérisoire absolu. Texte de Pol Bury,
des-sins de Pierre Alechinsky. La Louvière, Daily Bul, 1980. – Carnets en deux temps. Texte de Dominique Radrizzani, dessins de Pierre Ale-chinsky. Paris, Buchet Chastel, 2004.
RÉCEPTIONCRITIQUE
Abadie, Daniel : Pierre Alechinsky, sources
et résurgences. Paris, Hazan, 2006. –
Bonne-foy, Yves : Alechinsky, les traversées. Saint-Clément-de-Rivière, Fata Morgana, 1992. – Draguet, Michel : Alechinsky de A à Y.
Ca-talogue « raisonnable » d’une rétrospective.
Paris, Gallimard, 2007. – Macé, Gérard :
Ale-chinsky à livre ouvert. Paris, Daniel Lelong,
1992. – Pleynet, Marcelin : Alechinsky. Le
pinceau voyageur. Paris, Gallimard, 2002.
ALEM, Kangni
(Alemdjrodo, Kangni) 1966 (Lomé, Togo)
Titulaire d’une licence en études théâtrales et communication de l’Université du Bénin. Fondateur de l’Atelier théâtre de Lomé en
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION . . . 7
« [C]ESÊTRESDEFRONTIÈRES, CESINCLASSABLES, CESCOSMOPOLITES » . . . 7
Le dictionnaire . . . 7
Une littérature de la migration . . . 10
Vers une poétique de la migrance ? . . . 15
La France, pays d’immigration. Une génération d’auteurs migrants . . . 16
LESRÉGIONS . . . 18
Europe . . . 18
Pays francophones . . . 18
Pays non francophones . . . 22
Les Amériques . . . 28 Zones francophones . . . 29 Autres zones . . . 30 Les Afriques . . . 33 Le Maghreb . . . 33 Afrique subsaharienne . . . 37
Moyen-Orient et océan Indien . . . 41
Asie . . . 43
REMERCIEMENTS . . . 46
OUVRAGESCITÉS . . . 48
964 Passages et ancrages. Dictionnaire DICTIONNAIRE . . . 55 A Abodehman à Astalos . . . 57 B Bachi à Bragance . . . 105 C Caccia à Couturiau . . . 205 D Dagtekin à Durocher . . . 251 E Ébodé à Essomba . . . 327 F Fardoulis-Lagrange à Feyder . . . 347 G Gallaire à Guissard . . . 367 H Hák à Huynen . . . 399 I Iulian . . . 429 J Jabès à Jurgenson . . . 431 K Kacimi à Kwahulé . . . 447 L Laâbi à Ly . . . 509 M Ma à Moreau . . . 549 N Nadir à Nyssen . . . 643 O O. à Otte . . . 677 P Parvulesco à Poulin . . . 687 R Rabemananjara à Russo . . . 719 S Saadi à Svit . . . 751 T Taïa à Turgeon . . . 801 U U Tam’si . . . 835
V Van Hirtum à Vital . . . 841
W Waberi à Wiazemsky . . . 853
Y Y. B. à Yémy . . . 871
Z Zaoui à Zumkir . . . 877
ANNEXES . . . 887
PRÉSENTATIONDESARTICLESETCHOIXRÉDACTIONNELS . . . 889
LISTEDESABRÉVIATIONS . . . 891
LISTEDESCOLLABORATEURS/COLLABORATRICES . . . 893
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE . . . 905
REMARQUESPRÉLIMINAIRES . . . 901
OUVRAGESGÉNÉRAUX : EXIL, HYBRIDITÉ, MÉTISSAGE, POSTCOLONIALISMEETTRANSCULTURE . . . 907
L’IMMIGRATIONEN FRANCE . . . 921
LITTÉRATURESDUDÉPLACEMENTEN FRANCE . . . 926
EXIL, IMMIGRATIONETMIGRANCE . . . 926
Numéros de revues consacrés aux littératures du déplacement (choix) . . . 937
RÉGIONSD’ORIGINE . . . 938
Europe . . . 938
Pays francophones (Belgique, Grand-Duché de Luxembourg, Monaco, Suisse) . . . 938
Autres pays européens . . . 940
Les Amériques . . . 944
Zones francophones (Antilles, Québec) . . . 944
Autres zones . . . 947 Les Afriques . . . 949 Maghreb . . . 949 Afrique subsaharienne . . . 953 Moyen-Orient . . . 957 Océan Indien . . . 958 Asie . . . 959