Environnement Sociétés, Espaces
A v a n t-p ro p o s
Stéphanie Thiébault (UMR ArScAn - Protohistoire européenne)
A nnoncé dans l'avant-propos du cahier III, la p erception du paysage par les médiévistes révèle des paysages to u t à fa it inattendus e t am ène, au-delà du thèm e d e la perception du ou des paysages, les lecteurs à une réflexion sur notre perception du M oyen Âge,
Ainsi, M onique Bourin dans son paysage des « médiévistes de papier » signale un Moyen Âge multiple. L'histoire d e la déco u ve rte du paysage par les historiens est peu à peu retracée ; il est to u t d 'a b o rd perçu au travers des conflits entre les paysans e t le seigneur, puis vient la g éograp hie historique a v e c l'a p p o rt de la cartograph ie com m e instrument e t l'heure de Yincastellamento qui résume bien notre vision du paysage m édiéval a v e c le regroupem ent des paysans autour du château , L'auteur cherche ensuite à s'échapper de la tyrannie des textes. Il est intéressant d e constater que d e « médiéviste d e papier » (titre d e l'article) elle devient « médiéviste d e parchem in » à la fin du discours. Le parchem in est un support poreux de nature ; c'est justem ent c e tte porosité qui perm ettra au médiéviste de s'é ch a p p e r e t d e s'ouvrir aux autres disciplines,
Samuel Leturcq décrit, pour sa part, un cas particulier : le paysage beauceron. Le paysage beauceron constitue la m étaphore du paysage par excellence puisque les blés ondulants sous la brise à perte de vue é voque nt la mer avec, au loin sur l'horizon, les nuages transformés en m ontagnes ...
Le paysage est ici considéré com m e un système, form é d'élém ents en interactions. L'historien doit donc considérer les paysages com m e des objets dynamiques e t examiner la m obilité derrière une perm anence apparente.
L'intervention de Joëlle Burnouf sur le paysage de l'historien de sédim ent m et les sens du lecteur en éveil, S'il est app a ru que dans une première phase d e l'histoire d e l'arch éologie m édiévale le paysage n'existait pas, ceux qui se risquaient à en parler décrivaient un paysage « imaginaire ». L'auteur tente d e situer l'archéologue do n t l'a ctivité détruit le paysage. Du paysage sous influence, on passe à l'absence d e paysage. Il s'ensuit un discours à la fois passionnant e t jubilatoire, d e déconstruction - reconstruction de l'archéologie qui aboutit finalem ent à la p la ce de l'arch é o lo g u e qui est celui qui dit e t d o n c qui est : « l'indispensable m édiateur ».
La séance consacrée à l'analyse des formes qui a réuni Sandrine Robert, C édric Lavigne e t Gérard Chouquer a m ontré com m e les formes du paysage constituent des objets pérennes.
S. Robert tente d e cerner les relations entre l'arch éologie e t l'archéo-géographie. Elle rappelle d e façon d id a ctiq u e com m ent, en archéologie une a p p ro ch e m orpho-fonctionnelle qui associe la form e et la fonction est d é ve lo p p é e au point d e déduire la fon ctio n d e la form e à partir d 'u n e inform ation qui est enfouie dans le sol alors q u 'e n archéo-géographie, form e e t fonction sont dissociées e t qu e c'est l'inform ation transmise qui est analysée. Sa dém onstration est très bien é tayée e t nous donne les clés d 'u n e lecture associant les formes sociales e t les formes naturelles. L'interaction entre les sphères des constructions humaines e t naturelles est alors mise en é vid e n ce dans l'esp ace e t à travers le temps.
Dans la m êm e veine G. Chouquer expose le sens d e sa recherche en archéogé ographie à propos des sociétés rurales anciennes. Sa dém onstration repose sur deux idées. La première est que nous vivons une « crise » des objets d e la recherche dans le dom aine d e l'é tu d e d e l'espace, des milieux et des environnements des sociétés du passé. La seconde est qu e les bases sur lesquelles les objets peuvent être recomposés conduisent à définir une discipline nouvelle d o n t la structuration d o it être l'objectif des années à venir. Pour cela il propose le term e com posé d 'a rchéogéograph ie, À la géographie il em prunte la catégorie principale d'objets ; à l'archéologie la dimension matérielle e t tem porelle d e l'étude. Il rend justice à l'alliance entre géographes et archéologues.
Une dernière séance a é té consacrée à un thèm e plus classique, la naissance de l'agriculture en Bulgarie. L'invitation par l'UMS d'Elena Marinova, professeur à l'Université d e Sofia a permis d 'a c c é d e r aux
Stéphanie Thiébault
résultats récents e t aux perspectives co n ce rn a n t les premiers agriculteurs bulgares. La plus ancienne agriculture en Bulgarie est mise en relation a ve c les changem ents dans le milieu végétal. Son travail est fondé sur les restes végétaux carbonisés retrouvés dans quatre gisements néolithiques. C ette é tude co n ce rn e une période comprise entre 5930-5880 et 5450-5200 a va n t J.-C. Les résultats m ontrent les relations de c e tte agriculture a ve c le Proche Orient e t l'aire m éditerranéenne. Les espèces cultivées correspondent aux assemblages d e céréales reconnus au Proche-Orient. Un exem ple intéressant est aussi d onné a v e c l'identification du pois chiche e t de la coriandre.
Les résultats préliminaires d e l'analyse de l'outillage en pierre du site Néolithique ancien d e Kovacevo (Bulgarie), par Caroline Hamon, constitue une bonne a p p ro ch e des techniques d e moutures. L'utilisation de l'outillage en pierre ne se limite pas au seul dom aine alimentaire. Plusieurs types de meules sont identifiés, leur é tu d e m ontre des perfectionnem ents qui indiquent que ces objets possèdent une réelle valeur mobilière. Une description des mortiers à cupules (mortiers ou crapaudines ?) retrouvés d e nos jours dans les villages alentours pose le problèm e d e leur fonction, ainsi que d e leur transmission au cours des âges.