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Caractérisation moléculaire et physiopathologique d'une nouvelle cause génétique de l'azoospermie non obstructive

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Caractérisation moléculaire et physiopathologique d’une

nouvelle cause génétique de l’azoospermie non

obstructive

Zine Eddine Kherraf

To cite this version:

Zine Eddine Kherraf. Caractérisation moléculaire et physiopathologique d’une nouvelle cause géné-tique de l’azoospermie non obstructive. Médecine humaine et pathologie. 2016. �dumas-01674625�

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AVERTISSEMENT

Ce document est le fruit d'un long travail approuvé par le

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(3)

UNIVERSITE GRENOBLE-ALPES FACULTE DE MEDECINE DE GRENOBLE

Année : 2016

CARACTERISATION MOLECULAIRE ET PHYSIOPATHOLOGIQUE D’UNE NOUVELLE CAUSE GENETIQUE DE L’AZOOSPERMIE NON OBSTRUCTIVE

MEMOIRE

DU DIPLOME D’ETUDES SPECIALISEES DE BIOLOGIE MEDICALE Conformément aux dispositions du décret N°90-810 du 10 septembre 1990, tient lieu de

THESE

PRESENTEE POUR L’OBTENTION DU DOCTORAT EN MEDECINE DIPLÔME D’ETAT

Zine-Eddine KHERRAF

THESE SOUTENUE PUBLIQUEMENT A LA FACULTE DE MEDECINE DE GRENOBLE* Le : 18 octobre 2016

DEVANT LE JURY COMPOSE DE

- M. le professeur JOUK Pierre-Simon (Président du jury) - M. le professeur RAY Pierre (Directeur de thèse)

- Mme le professeur HENNEBICQ Sylviane - M. le professeur FAURE Patrice

- M. le docteur BOTTARI Serge

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REMERCIEMENTS

Au Professeur Pierre-Simon JOUK, de m’avoir fait l’honneur de présider ce jury de thèse. Acceptez pour cela mes plus sincères remerciements.

Au professeur Patrice FAURE, Acceptez toute ma reconnaissance pour votre participation à ce jury. Je vous remercie de m’avoir accueilli dans votre département, soutenu et conseillé durant mon internat.

Au Professeur Pierre RAY, je vous adresse tous mes remerciements pour avoir accepté de diriger cette thèse, acceptez toute ma gratitude pour ce que vous m’avez appris durant mon internat.

Au Professeur Sylviane HENNEBICQ et au Docteur Serge BOTTARI, recevez toute ma gratitude d’avoir accepté d’être membres de ce jury de thèse.

Au docteur Christophe ARNOULT.

Je tiens à remercier aussi tous ceux qui m’ont aidé au cours de la préparation de cette thèse en particulier toutes les personnes du laboratoire de Biochimie Génétique et Moléculaire du Centre Hospitalo-Universitaire de Grenoble et de l’équipe GETI de l’Institut pour l’Avancée des Biosciences de Grenoble avec qui j’ai pu travailler et qui ont contribué à cette thèse.

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(7)
(8)
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TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS ... 3

LISTE DES ABREVIATIONS ... 11

PREAMBULE ... 13

PARTIE 1 : ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE ... 15

Chapitre I. La spermatogenèse normale ... 16

1- Rappel : appareil de reproduction masculin ... 16

2- Description générale de la spermatogenèse ... 17

3- Les cellules somatiques de Sertoli ... 18

4- Les cellules germinales ... 21

5- La spermiogénèse ... 24

5.1- Biogenèse de l’acrosome ... 25

5.2- Hypercompaction de la chromatine ... 27

5.3- Formation du flagelle ... 28

Chapitre II. L’infertilité masculine : contexte actuel et prise en charge médicale ... 30

1- Introduction ... 30 2- Moyens d’exploration ... 31 2.1- Examen clinique ... 31 2.2- Analyse du sperme ... 31 2.2.1- Le spermogramme ... 31 2.2.2- Le spermocytogramme ... 33

2.2.3- Dosage des biomarqueurs séminaux ... 34

2.3- Exploration hormonale de l’axe gonadotrope ... 34

2.4- Investigations génétiques ... 35

3- Traitement : techniques d’assistance médicale à la procréation (AMP) ... 36

3.1- Insémination Artificielle (IA) ... 37

3.2- Fécondation In Vitro (FIV) ... 37

3.2.1- Stimulation ovarienne ... 37

3.2.2- Recueil des gamètes ... 38

3.2.3- FIV proprement dite ... 38

3.2.4- Transfert embryonnaire ... 38

3.3- FIV avec micro-injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI) ... 39

Chapitre III. Les infertilités obstructives ... 41

1- L’absence bilatérale des canaux déférents (ABCD) ... 41

1.1- CFTR (cystic fibrosis transmembrane regulator) ... 41

1.2- ADGRG2 (adhesion G protein-coupled receptor G2) ... 42

2- Le syndrome de Young ... 43

3- Les obstructions post-infectieuses et iatrogènes ... 43

Chapitre IV. Les troubles de la spermatogenèse... 44

1- Les causes pré-testiculaires ... 44

2- Les causes testiculaires ... 44

(11)

2.2- Les facteurs génétiques ... 45

2.2.1- Les anomalies monomorphes du spermatozoïde et autres syndromes rares ... 46

2.2.1.1- Les anomalies de la tête ... 46

2.2.1.1.1- Macrozoospermie : les spermatozoïdes macrocéphales multi-flagellés ... 46

2.2.1.1.2- Globozoospermie : les spermatozoïdes microcéphales ... 47

2.2.1.2- Les anomalies du flagelle ... 49

2.2.1.2.1- Asthénozoospermie ... 49

2.2.1.2.2- Syndrome MMAF (multiple morphological abnormalities of the sperm flagella) .. 49

2.2.2- L’azoospermie non-obstructive ... 50

2.2.2.1- Le syndrome de Klinefelter ... 50

2.2.2.2- Les microdélétions sur le bras long du chromosome Y ... 51

2.2.2.3- Les nouveaux gènes candidats ... 52

BIBLIOGRAPHIE ... 54

PARTIE 2 : TRAVAIL EXPERIMENTAL... 60

Le déficit en SPINK2 empêche la biogenèse de l’acrosome et entraine une azoospermie chez l’homme et la souris ... 61

Résumé ... 61

SPINK2 deficiency prevents acrosome biogenesis and causes azoospermia in men and mice ... 62 Abstract ... 63 Brief summary ... 63 Keywords ... 63 Introduction ... 64 Results ... 67

1. Medical assessment of two azoospermic brothers ... 67

2. Whole-exome sequencing identifies a homozygous truncating mutation in SPINK2 ... 69

3. Importance of SPINK2 variants as a cause for human infertility: Sequence analysis of a cohort of infertile men with an altered spermatogenesis ... 71

4. Homozygous Spink2 KO mice have azoospermia due to a spermiogenesis blockage at the round spermatid stage ... 72

5. SPINK2 is an acrosomal protein ... 75

6. Ultrastructure of Spink2-/- round spermatids shows that fusion of proacrosomal vesicles is hampered and that the Golgi apparatus is fragmented. ... 77

7. SPINK2 haploinsufficiency induces sperm defects with incomplete penetrance in man ... 81

Discussion ... 83

1. SPINK family emerges as an important family for human genetic diseases ... 83

2. Role of SPINK2 during spermiogenesis ... 84

3. Impact of SPINK2 deficiency ... 85

(12)

2. Exome Sequencing and bioinformatic analysis ... 88

3. SANGER sequencing ... 89

4. RT-PCR and quantitative real-time PCR ... 89

5. Primary antibodies ... 90

6. Western-bot analysis ... 91

7. Mice ... 91

8. Genotyping ... 92

9. Phenotypic analysis of mutant mice ... 92

10. Sperm motility analysis... 92

11. Histology analysis ... 93

12. Testicular germ Cells dissociation ... 93

13. Immunohistochemistry ... 94

14. Electron microscopy (EM) ... 95

15. Cell Culture and transfection ... 95

16. DNA Breaks. ... 96 17. Statistical analyses ... 96 Acknowledgments ... 97 Authors contribution ... 97 Reference List ... 98 Supplementary data ... 102 CONCLUSION GENERALE ... 113

(13)

LISTE DES ABREVIATIONS

ABCD : absence bilatérale des canaux déférents

ABP : androgen-binding protein

ADGRG2 : adhesion G protein-coupled receptor G2

ADN : acide désoxyribonucléique

AMH : anti-Müllerian hormone

AMP : assistance médicale à la procréation

ANO : azoospermie non obstructive

AO : azoospermie obstructive

ARN : acide ribonucléique

AZF : Azoospermia factor

BHT : barrière hémato-testiculaire

CASA : computer-assisted sperm analysis

CFTR : cystic fibrosis transmembrane conductance regulator

FIV : fécondation in vitro

FSH : follicle-stimulating hormone

GnRH : gonadotropin Releasing Hormone

HCG : human Chorionic Gonadotropin

IA : insémination artificielle

(14)

MESA : microsurgical epididymal sperm

Micro-TESE : microsurgical testicular sperm extraction

MMAF : multiple morphological abnormalities of the sperm flagella

NMD : nonsense-mediated decay

OATS : oligo-asthéno-térato-spermie

OMS : organisation mondiale de la santé

OS : oligozoospermie sévère

PESA : percutaneous epididymal sperm aspiration

pH : potentiel hydrogène

PLCZ : phospholipase C zeta

PRM : protamine

SRY : sex-determining region of Y chromosome

TESA : percutaneous testicular sperm aspiration

TESE : conventional testicular sperm extraction

(15)

PREAMBULE

L’infertilité est considérée actuellement par l’organisation mondiale de la santé (OMS) comme une préoccupation majeure de santé affectant plus de 50 millions de couples dans le monde. Dans les pays occidentaux, la majorité des couples infertiles ont recours aux techniques d’assistance médicale à la procréation (AMP) pour obtenir une grossesse. Malgré le succès de ces techniques, la moitié des couples qui ont recours à l’AMP sortent du parcours de soin sans enfant. Une partie de ces échecs est causée par l’altération de la gamétogenèse et la production de gamètes incompatibles avec la fécondation et/ou le développement embryonnaire.

Si les facteurs de l’infertilité masculine impliqués dans les troubles de la gamétogenèse sont de mieux en mieux identifiés, leur pathogénie n’est pas toujours bien établie et on estime que dans plus de 50% des cas, aucune cause n’est retrouvée pour expliquer les anomalies observées. Les conséquences pour la santé des enfants de l’utilisation aveugle des spermatozoïdes pathologiques ou immatures pour procréer par ICSI (micro-injection intracytoplasmique de spermatozoïde) ainsi que le risque de transmission des anomalies génétiques paternelles responsables d’infertilité aux générations futures montrent l’importance de développer la recherche dans ce domaine.

Le travail de recherche présenté dans ce document a été réalisé au sein du laboratoire de biochimie génétique et moléculaire du CHU de Grenoble et à l’Institut pour l’Avancée des Biosciences (IAB, INSERM 1209, CNRS UMR 5309) avec l’équipe GETI (Génétique, Epigénétique et Thérapies de l’Infertilité).

(16)

Christophe Arnoult (spécialiste de la spermatogenèse, docteur vétérinaire et directeur de recherche au CNRS), a pu récemment identifier et caractériser plusieurs gènes responsables de phénotypes particuliers d’infertilités masculines telles que la macrozoospermie (AURKC), la globozoospermie (DPY19L2) et l’asthénozoospermie (DNAH1). Ils ont ainsi réussi à s’imposer parmi les leaders mondiaux de la génétique de l’infertilité masculine et ont cumulé une expérience et une expertise considérables dans ce domaine. Mon travail au sein de cette équipe s’est centré sur l’azoospermie non obstructive (ANO), un phénotype fréquent et sévère d’infertilité masculine caractérisé par une altération quantitative sévère de la spermatogenèse et une absence de spermatozoïdes dans l’éjaculat. La méthodologie ainsi que les résultats de ce travail sont présentés dans ce document sous forme d’un article scientifique original.

(17)
(18)

Chapitre I.

La spermatogenèse normale

1-

Rappel : appareil de reproduction masculin

L’appareil de reproduction masculin assure la production de spermatozoïdes, leur nutrition, stockage, transport et expulsion. Il assure aussi une fonction endocrine par la synthèse et la sécrétion de stéroïdes androgènes. Il est composé de deux testicules, des voies spermatiques excrétrices (épididymes, canaux déférents et urètres), des glandes annexes (vésicules séminales, prostate et glandes de cowper) et du pénis.

Les testicules sont deux organes symétriques de forme ovoïde logés dans le scrotum et entourés par une enveloppe rigide nommée l’albuginée ou tunica albuginea. Le parenchyme est divisé en 200-300 lobules séparés par des invaginations de la tunica albuginea. La partie supérieure de cette tunique présente un épaississement triangulaire (corps de Highmore) qui contient les canaux du rete testis. C’est au niveau de cette dernière structure que convergent l’ensemble des tubules séminifères du parenchyme (figure 1).

(19)

2-

Description générale de la spermatogenèse

La spermatogenèse est un processus biologique complexe évoluant dans les tubules séminifères du testicule. Il consiste en la production continue des gamètes males haploïdes (les spermatozoïdes) à partir des cellules souches germinales diploïdes (les spermatogonies) (1). Ces processus sont : 1) la spermocytogenèse : prolifération des spermatogonies et différentiation en spermatocytes ; 2) la méiose : division méiotique des spermatocytes et production des spermatides ; 3) la spermiogénèse : différentiation des spermatides ronds en spermatozoïdes. L’ensemble de ces processus se déroule en 74 jours approximativement chez l’homme (figure 2) (2).

(20)

3-

Les cellules somatiques de Sertoli

Grandes cellules reposant sur la lame basale avec plusieurs prolongements cytoplasmiques entre les cellules germinales. Elles ont un alignement polarisé avec une base reposant sur la membrane basale et un apex orienté vers la lumière du tubule (figure 3) (4). Les cellules de Sertoli jouent un rôle important durant la spermatogenèse. Elles assurent le support, la protection et la nutrition des cellules germinales (5). Une seule cellule de Sertoli permet de supporter plusieurs cellules germinales à différents stades de développement. Elles ont également un rôle de phagocytose ce qui permet de débarrasser la lumière des tubules séminifères des cellules germinales dégénérées et les résidus cytoplasmiques des spermatides (6).

Figure 3. La cellule de Sertoli. Adaptée de França et al., 2016.

(A) En microscopie optique après coloration H&E. (B) En microscopie confocale après marquage de la tubuline (en vert) et l’actine en (rouge).

Les cellules de Sertoli sont reliées aux cellules germinales par l’intermédiaire de jonctions adhérentes de type desmosome et de jonctions communicantes de type gap. Les cellules de Sertoli établissent aussi entre elles des jonctions serrées étanches (zonula occludens)

(21)

(7). Ces jonction continues participent à l’élaboration de la barrière hémato-testiculaire (BHT) en subdivisant l’épithélium séminifère en deux compartiments : le compartiment basal et le compartiment ad-luminal (figure 4).

4. Barrière hémato-testiculaire (Blood-testis barrier). Adaptée de Cheng et Mruk, 2010.

Les cellules de Sertoli jouent aussi un rôle central durant l’organogenèse du testicule. L’expression du gène SRY (sex-determining region of Y chromosome) localisé sur le bras court du chromosome Y (Yp11.31) par les cellules de Sertoli primitives contrôle le développement testiculaire en synergie ou en opposition avec d’autres gènes portés par des autosomes et par le chromosome X (figure 5) (8). Le mécanisme génétique exact est très

(22)

Figure 5. Régulation génétique du développement de la gonade masculine. D’après Eggers et al., 2014.

Les cellules de Sertoli synthétisent plusieurs protéines associées à la fonction reproductive dont l’hormone anti-Müllerienne (AMH), l’inhibine B et l’Androgen-binding protein (ABP) (6). Au cours de la vie intra-utérine, l’AMH est responsable de la régression des conduits mülleriens puis lors de la puberté, son taux baisse brusquement en raison de l’inhibition de l’expression de son gène par la testostérone. L’inhibine B est une glycoprotéine qui participe à la régulation de la production et la sécrétion de la FSH (follicle-stimulating hormone) induite par la GnRH (gonadotropin releasing hormone) via une boucle de rétrocontrôle négatif (10). L’ABP se lie avec une forte affinité à la testostérone et la dihydrotéstostérone et permet de contrôler leur biodisponibilité dans la lumière des tubules séminifères (figure 6). Enfin les cellules de Sertoli, contrairement aux cellules germinales,

(23)

expriment le récepteur aux androgènes ce qui suggère que l’effet de ces hormones au niveau des tubules séminifères est indirect et médié par les cellules de Sertoli (11).

Figure 6. Régulation hormonale de spermatogenèse. Depuis http://cnx.org.

4-

Les cellules germinales

Les cellules germinales sont les seules cellules de l’organisme capables d’entamer le processus de méiose. Elles permettent de véhiculer l’information génétique et épigénétique aux nouvelles générations. Elles sont disposées au sein de l’épithélium séminifère de manière très organisée avec les cellules immatures dans le compartiment basal et les cellules de plus en plus matures dans le compartiment ad-luminal (12).

(24)

Figure 7. Développement des cellules germinales en post-natal chez l’humain. D’après Hutson et al., 2013.

A) Les gonocytes migrent du centre vers la périphérie des tubules séminifères autours du sixième mois après la naissance et se différentient en spermatogonies. Vers 3-4 ans, le centre des tubules est colonisé par les spermatocytes. UDT= Undescended testis. B) Evolution du nombre des cellules germinales dans les tubules des testicules normaux et les testicules non descendus (UDT).

Les spermatogonies sont les cellules progénitrices diploïdes de toutes les autres cellules germinales. Elles ont une double responsabilité : celle de la production des gamètes via le processus de méiose et celle d’auto-renouvèlement via les divisions mitotiques pour assurer la production continue des spermatozoïdes tout au long de la vie de l’homme. Les spermatogonies sont localisées dans le compartiment basal et sont en contact étroit avec les cellules de Sertoli. Elles sont divisées en 3 sous-types qui peuvent être distingués selon l’aspect de leur hétérochromatine : Spermatogonies Ad (dark) ; Ap (pale) ; et B. Les spermatogonies Ad représentent les cellules souches quiescentes alors que les spermatogonies Ap représentent la forme cellulaire active. Une des cellules filles Ap renouvelle le stock des spermatogonies et l’autre devient une spermatogonie B. C’est la phase de multiplication cellulaire (14).

L’étape suivant est la phase d’accroissement durant laquelle les spermatogonies B se divisent par mitose puis augmentent de taille pour devenir des spermatocytes primaires. Ces cellules vont traverser la barrière hémato-testiculaire pour accéder au compartiment ad-luminal où elles vont devenir immunologiquement isolées et entamer la première division méiotique.

(25)

Les spermatocytes primaires sont classés selon les stades de la prophase 1 (leptotène, zygotène, pachytène, diplotène et diacinèse) (figure 8). Les chromosomes homologues s’apparient lors du stade zygotène grâce à un complexe multi-protéique : le complexe synaptonémal (figure 9). Le processus de recombinaison d’ADN (crossing-over) a lieu durant le stade de pachytènes (15). Au stade diplotène, les complexes synaptonémaux commence à se dissocier. Cependant les chromosomes homologues conservent certains points d’appariement appelés chiasmas. La condensation maximale des chromosomes et la disparition de l’enveloppe nucléaire caractérisent la diacinèse qui marque la fin de la prophase I.

Figure 8. Les stades de la prophase I. Depuis http://www.mun.ca.

La division réductionnelle produit des cellules haploïdes appelées les spermatocytes secondaires. Après une très courte interphase sans réplication d’ADN, ces cellules se divisent pour donner les spermatides rondes. Les spermatides ne se divisent plus mais se différentient en spermatozoïdes lors de la dernière étape de la spermatogenèse appelée « spermiogénèse ».

(26)

Figure 9. Assemblage et dissociation du complexe synaptonémal durant la prophase I.

D’après Burgoyne et al., 2009.

5-

La spermiogénèse

Au cours de cette phase, les spermatides rondes subissent 3 modifications majeures (la biogenèse de l’acrosome, l’hypercompaction de la chromatine et la formation du flagelle) pour aboutir à des cellules mobiles très spécialisées qui sont les spermatozoïdes (16). Cette phase dure chez l’homme environ 23 jours (figure 10).

(27)

5.1-

Biogenèse de l’acrosome

L’acrosome est une vésicule géante apparentée à la famille des lysosomes. Elle recouvre jusqu’à deux tiers de la surface du noyau. L’acrosome a un pH acide et contient de nombreuses enzymes protéolytiques comme la proacrosine (17). Au cours de la réaction acrosomique, les enzymes acrosomales libérées permettent aux spermatozoïdes de pénétrer la « corona radiata » des cellules folliculaires et la zone pellucide entourant l’ovocyte pour permettre la fécondation (rencontre des deux gamètes, mâle et femelle) (figure 11) (18). L’acrosome est ancré au noyau par l’intermédiaire d’une structure appelée acroplaxome et au cytosquelette par la thèque périnucléaire. Cette dernière structure contient la phospholipase C zeta (PLCZ) qui est responsable de la cascade d’activation de l’ovocyte (19).

Figure 11. Schéma de l’acrosome et de ces différentes membranes avant et après réaction acrosomique.

D’après Michaut et al., 2000.

(A) acrosome intact, (B) au cours de la réaction acrosomique et (C) après la réaction acrosomique. La vésicule de l’acrosome est constituée de la membrane externe de l’acrosome (OAM) située sous la membrane plasmique (PM) et la membrane interne de l’acrosome (IAM) collée au noyau.

La biogenèse de l’acrosome passe par 4 phases principales : la phase de Golgi, la phase de la coiffe, la phase de l’acrosome et la phase de maturation (figure 12) (20).

(28)

Figure 12. Biogenèse de l’acrosome. Adaptée de Fujihara et al., 2012.

Durant la phase de Golgi, des vésicules proacrosomales bourgeonnent à partir des saccules de la face Trans de l’appareil de Golgi orientée vers le noyau. Ces vésicules fusionnent entre elles sur l’acroplaxome (formation rigide transitoire recouvrant la surface antérieure du noyau et formée principalement par des microfilaments d’actine, de myosine et de kératine) pour former la vésicule acrosomale (21). La manchette, une structure transitoire, se forme autour de la région acrosomale à partir d’un réseau de microtubules organisés en faisceaux dirigés vers le pole postérieur de la cellule (22). Un des rôles de la manchette est d’assurer une fois la vésicule acrosomale formée, le transport actif de l’appareil de Golgi vers le flagelle en formation (23). Durant la phase de la coiffe, la vésicule acrosomale commence à s’étaler sur le noyau formant une coiffe céphalique. L’acrosome ainsi formé, acquiert sa forme définitive spécifique de chaque espèce à la fin de la phase de maturation.

(29)

5.2-

Hypercompaction de la chromatine

Le noyau spermatique, au cours de maturation, va subir une restructuration globale de son génome. Cette restructuration inclue une condensation progressive de la chromatine avec remplacement des histones riches en lysine, par des protéines nucléaires plus basiques : les protéines de transition, TNP1 et TNP2. Ces dernières sont par la suite remplacées par les protamines (figure 13) (24). Chez l’homme, deux types de protamines existent : PRM1 et PRM2 (25). Ces deux variants sont exprimés dans le spermatozoïde en quantité équimolaire (26). Les protamines présentent plusieurs domaines de liaison à l’ADN appelés « enchroaching domains » riches en arginine (acide aminé chargé positivement), qui se lie fortement au phosphosquelette de l’ADN (chargé négativement) (27). Les protamines sont aussi riches en cystéine et la formation de ponts disulfures entre ces résidus en intra et inter-moléculaires favorise la compaction de la chromatine et la stabilisation des complexes protamines-ADN (28).

Figure 13. Remplacement des histones par les protamines et hypercompaction de la chromatine spermatique. D’après Schagdarsurengin et al., 2012.

(30)

Ce réarrangement de la chromatine est nécessaire pour protéger le matériel génétique du gamète male contre les agressions physiques et chimiques durant son transit dans les voies génitales mâles et femelles. La réduction de la taille du noyau qui résulte de la condensation de sa chromatine rend le spermatozoïde plus hydrodynamique et favorise sa mobilité.

5.3-

Formation du flagelle

Le flagelle est responsable de la mobilité du spermatozoïde. Il commence à se développer à un stade précoce de la spermiogénèse. Son élongation se fait à partir du centriole distal du centrosome qui a migré vers le pole postérieur de la cellule. Le flagelle est subdivisé en 3 parties : la pièce intermédiaire, la pièce principale et la pièce terminale.

L’axonème, en position centrale, parcourt toute la longueur du flagelle (50µm chez l’homme) (29). L’axonème est une structure pivot du flagelle, il est composé d’une paire centrale de microtubules entourée de 9 doublets périphériques (A+B) connectés entre eux par des ponts de nexine. Les microtubules A portent les bras de dynéines internes et externes et sont reliés à la gaine centrale par des ponts radiaires (30). Le mouvement flagellaire résulte des glissements coordonnés entres les microtubules des doublets périphériques sous l’action des dynéine-ATPases. Les ponts radiaires pourraient intervenir dans la courbure du flagelle (figure 14).

Des structures accessoires existent entre l’axonème et la membrane plasmique. La pièce intermédiaire comporte une gaine mitochondriale et 9 fibres denses externes. On pense que ces fibres maintiennent la structure élastique passive et le protègent contre les forces de cisaillement pendant le transit épididymaire et l’éjaculation (31). La pièce principale contient une gaine fibreuse en plus des fibres denses. La pièce terminale ne renferme que l’axonème (figure 15).

(31)

Figure 14. Structure de l‘axonème flagellaire spermatique. D’après Lindemann et Lesich, 2010.

Figure 15. Flagelle spermatique : Images de microscopie électronique sur coupes transversales et présentations en 3D. Adaptée de Linck et al., 2016.

(32)

Chapitre II.

L’infertilité masculine : contexte actuel et prise

en charge médicale

1-

Introduction

Sur le plan nosologique, la fertilité correspond à la capacité d’obtenir un enfant. Le terme d’infertilité caractérise l’échec d’obtention d’une grossesse chez les couples en âge de procréer (femme âgée de 18 à 45 ans) au bout de 12 mois de rapports sexuels réguliers non protégés. L’infertilité est actuellement considérée comme une préoccupation majeure par l’organisation mondiale de la santé (OMS). Elle affecte approximativement 10-15% des couples et parfois jusqu’à 30% dans certaines régions du monde (32).

Dans les pays occidentaux, la majorité des couples infertiles ont recours aux techniques d’assistance médicale à la procréation (AMP) pour obtenir une grossesse. On compte actuellement environ cinq millions de personnes devant leur existence à ces techniques. En Europe et aux USA, les techniques d’AMP sont responsables de 1-3% des naissances. En France en 2006, on a recensé 119 000 cas de recours aux techniques d’AMP comprenant les inséminations, les FIV (fécondation in vitro), les ICSI (micro-injection intracytoplasmique de spermatozoïdes) et les transferts d’embryons congelés.

Une étude française a évalué les étiologies d’infertilité parmi 1 686 couples (33). Le facteur féminin était à l’origine de l’infertilité de couple dans 33% des cas, le facteur masculin dans 20% des cas et une origine mixte dans 39% des cas. Dans 8% des cas l’infertilité était inexpliquée.

Bien que le facteur masculin soit souvent impliqué dans l’infertilité, l’évaluation de la santé reproductive de l’homme a été pendant longtemps négligée lors de la prise en charge des couples infertiles. Une des principales raisons est le progrès considérable des techniques

(33)

d’AMP notamment l’ICSI qui permet d’obtenir une grossesse lorsque les spermatozoïdes sont peu nombreux, immatures ou anormaux. Actuellement, on assiste à un développement rapide des connaissances sur l’infertilité masculine surtout en ce qui concerne le champ de la pathogénie génétique.

2-

Moyens d’exploration

2.1-

Examen clinique

L’interrogatoire présente le temps principal d’une consultation d’andrologie. Il s’attache à rechercher les facteurs pouvant perturber la fonction testiculaire et les antécédents personnels et familiaux d’infertilité et de maladies génétiques. Le deuxième temps de consultation est consacré à l’examen physique avec la recherche d’éventuels signes d’hypoandrisme témoignant de l’altération de la fonction endocrine du testicule puis l’examen de l’appareil génital dans sa globalité (hypo ou hypertrophie testiculaire, dilatation épididymaire, absence des déférents et/ou des vésicules séminales, varicocèle, hypospadias,...).

2.2-

Analyse du sperme

2.2.1- Le spermogramme

En 1951, Mac Léod étudia la relation qui pourrait exister entre la fertilité masculine et les caractéristiques du sperme de deux groupes d’hommes, féconds et inféconds. Depuis, l’analyse du sperme constitue la première investigation à envisager pour explorer l’infertilité masculine. Cet examen devrait être réalisé selon les dernières recommandations de l’OMS

(World Health Organization. WHO Laboratory Manual for the Examination and Processing of Human Semen, in 5th edn. 2010) (34). Il doit être interprété en tenant compte des données cliniques du patient (tableau 1).

(34)

Tableau 1. Limites inférieures de référence des paramètres du sperme humain (OMS, 2010).

Paramètre Limite basse de référence

Volume du sperme (mL) 1,5 (1,4-1,7)*

Nombre total de spermatozoïdes (106 par éjaculat) 39 (33-46)* Concentration de spermatozoïdes (106/ml) 15 (12-16)*

Mobilité totale (Pr + NP, %) 40 (38-42)*

Mobilité progressive (Pr, %) 32 (31-34)*

Vitalité (spermatozoïdes vivants, %) 58 (55-63)*

Morphologie (formes normales, %) 4 (3,0-4,0)*

*5e percentile (et intervalle de confiance à 95%). Pr = Spermatozoïdes progressifs, NP = Spermatozoïdes non progressifs.

Des facteurs prénanalytiques peuvent biaiser l’interprétation du spermogramme. La collection doit concerner la totalité de l’éjaculat après une période d’abstinence de 2-7 jours. L’acheminement de l’échantillon au laboratoire est réalisé à température ambiante. Au laboratoire, le sperme est liquéfié avant d’être analysé, Tout aspect anormal est noté telle qu’une hémospermie ou une forte viscosité.

Le volume traduit essentiellement les capacités sécrétoires des glandes annexes, le volume des spermatozoïdes dans l’éjaculat ne représente que 10-15% du volume total. Un volume spermatique faible inférieur à 1.5 mL (hypospermie) traduit une atteinte des glandes annexes (prostatite, vésiculite, agénésie des glandes séminales) ou un trouble éjaculatoire. Le diagnostic d’éjaculation rétrograde est confirmé par l’absence d’éjaculat visible avec l’observation de spermatozoïdes dans un échantillon d’urine post-éjaculatoire.

Le pH normal du sperme est compris entre 7.4 et 8. Des valeurs plus basses

orientent vers un défaut de sécrétion des vésicules séminales (normalement alcaline) alors que des valeurs alcalines orientent plutôt vers un défaut de sécrétion de la prostate (normalement acide).

(35)

La numération des spermatozoïdes est exprimée en concentration (millions/mL).

Une numération normale compte 15-200 millions de spermatozoïdes par millilitre. En dessous de 40 millions par éjaculat, on parlera d’oligozoospermie. Devant l’absence de spermatozoïdes, il est important de rechercher leur présence dans le culot de centrifugation (3 000 g pendant 15 min) avant de conclure à une azoospermie.

La mobilité des spermatozoïdes est d’abord appréciée au microscope optique puis

peut être analysée par vidéomicrographie assistée par ordinateur (system CASA, Computer-Assisted Sperm Analysis). Ce système permet une mesure automatisée de la trajectoire de la tête du spermatozoïde qui est un bon reflet de l’activité du flagelle. Devant une mobilité abaissée, un test de vitalité par coloration à l’éosine-nigrosine (teste de Williams) s’avère nécessaire pour différentier la mort cellulaire de l’asthénozoospermie. Ce test consiste à évaluer le pourcentage des spermatozoïdes morts qui prennent la coloration rose-orangé sur fond noir et le pourcentage des spermatozoïdes vivants incolores.

Les cellules rondes doivent être comptées et leur nature appréciée. Il peut s’agir de

cellules épithéliales provenant des voies urogénitales, de cellules germinales immatures ou de leucocytes.

2.2.2- Le spermocytogramme

Cet examen vient compléter les données du spermogramme en quantifiant les anomalies morphologiques des spermatozoïdes en microscopie optique après coloration de Harris Shorr ou de Papanicolaou modifiée (les plus utilisées). L’observation est faite sur cent spermatozoïdes. Les anomalies morphologiques sont décrites selon la classification de David modifiée par Auger et Eustache (la plus utilisée). Cette classification répertorie sept anomalies

(36)

(angulée, grêle, présence de restes cytoplasmiques) et cinq anomalies de la pièce principale (absente, écourtée, de calibre irrégulier, enroulée, multiple). En dessous de 15% de formes typiques on parle de tératozoospermie. L’existence d’anomalies morphologiques multiples doit faire calculer l’index d’anomalies multiples, IAM (nombre d’anomalies observées / nombre total de spermatozoïdes atypiques) qui doit être inférieur à 1,6.

Si le spermogramme-spermocytogramme est normal, il n’est pas nécessaire de le contrôler. Cependant si une anomalie a été observée, il faudrait le répéter sur un autre recueil à au moins un mois d’intervalle après le précédent en raison de la grande fluctuation physiologique des paramètres spermatiques.

2.2.3- Dosage des biomarqueurs séminaux

Le liquide séminal est produit principalement par l’épididyme et les glandes annexes. Le dosage des marqueurs biochimiques séminaux est réalisé en cas d’anomalies du spermogramme ou d’une suspicion d’infection génitale. La L-carnitine et l’α-glucosidase sont deux marqueurs caractéristiques de l’épididyme, le fructose est caractéristique des vésicules séminales et l’acide citrique, les phosphatases acides et le zinc sont caractéristiques de la prostate.

Dans le cadre de l’azoospermie, les résultats de ces dosages apportent des renseignements précieux et permettent de distinguer une azoospermie sécrétoire (testiculaire) d’une azoospermie excrétoire (obstructive) et de préciser le niveau d’obstruction dans ce dernier cas.

2.3-

Exploration hormonale de l’axe gonadotrope

Les testicules ont deux compartiments fonctionnels distincts qui servent à la fois à la production d’androgènes et à la spermatogenèse. Ces deux compartiments sont sous contrôle

(37)

hormonal interconnecté. La LH (luteinising hormone) régule la production de la testostérone par les cellules de Leydig et la FSH (follicle stimulating hormone) agit sur la cellule de Sertoli qui soutient les cellules germinales en développement. La spermatogenèse est dépendante de la testostérone intratesticulaire sécrétée par les cellules de Leydig. En effet, Les taux intra-testiculaires de testostérone sont environ 100 fois supérieurs aux taux sériques (35). De ce fait, les états physiopathologiques qui entrainent une diminution de la testostérone causent aussi une altération de la spermatogenèse.

Lorsqu’un bilan hormonal est indiqué, il consiste à doser en première intention la FSH et éventuellement l’inhibine B pour évaluer la spermatogenèse et la testostérone totale pour évaluer l’androgenèse. Si la testostéronémie est basse, il convient de contrôler le résultat sur un nouveau prélèvement et lui associer le dosage de la LH et de la prolactine.

2.4-

Investigations génétiques

Il est recommandé chez les patients présentant une oligozoospermie (numération < 5 millions/mL) ou une azoospermie non obstructive de réaliser un caryotype et une recherche de microdélétions du chromosome Y. Les aneuploïdies gonosomiques et les microdélétions du chromosome Y sont retrouvés respectivement dans 2-17% et 14% des cas d’azoospermie non obstructive (ANO) et d’oligozoospermie sévère (OS).

La présence d’une absence bilatérale des canaux déférents (ABCD) doit indiquer une étude moléculaire du gène CFTR (cystic fibrosis transmembrane conductance regulator) chez le patient. Le CFTR est trouvé muté dans 60-90% des cas d’ABCD. Suite à un diagnostic positif, la partenaire doit être génotypée avant toute biopsie testiculaire et ICSI compte tenu du risque de transmission de la mucoviscidose à la descendance.

(38)

La prédiction de l’existence d’une forte composante génétique liée aux troubles de la spermatogenèse nous laisse penser que la majorité des cas étiquetés actuellement comme idiopathiques sont en réalité dus à des mutations ou des polymorphismes sur ces gènes. L’utilisation actuelle de nouvelles approches analytiques permet d’identifier de nouveaux gènes candidats et améliorer la prise en charge diagnostique des patients infertiles.

3-

Traitement : techniques d’assistance médicale à la procréation (AMP)

Les techniques d’assistance médicale à la procréation consistent à manipuler les gamètes males et/ou femelles pour procéder à une fécondation. Elles ne permettent pas nécessairement de corriger la ou les cause(s) à l’origine de l’infertilité du couple mais permettent de palier certaines difficultés à concevoir (figure 16).

Figure 16. Reproduction naturelle versus reproduction médicalement assistée. Adaptée de Sakkas et al.,

2015.

IUI : insémination artificielle intra-utérine ; IVF : fécondation in vitro ; Sperm retrieval ICSI : Extraction de spermatozoïdes

(39)

3.1-

Insémination Artificielle (IA)

L’insémination artificielle consiste à introduire des spermatozoïdes préalablement sélectionnés dans le tractus génital féminin en utilisant un cathéter qui franchit le col utérin. L’insémination est réalisée de façon synchrone avec l’ovulation soit le lendemain du pic spontané de la LH soit 34-36 h après le déclenchement artificiel de l’ovulation. Cette technique ne peut être envisagée que si les trompes utérines sont perméables et qu’un nombre suffisant de spermatozoïdes mobiles peut être obtenu.

3.2-

Fécondation In Vitro (FIV)

La fécondation in vitro (FIV) consiste à reproduire la fécondation et une partie du développement embryonnaire précoce au laboratoire en dehors du tractus génital féminin. Les principales indications de cette technique sont la stérilité tubaire et les infertilités idiopathiques. Elle se déroule en quatre étapes successives : La stimulation ovarienne, le recueil des gamètes, la FIV proprement dite et le transfert embryonnaire dans l’utérus.

3.2.1- Stimulation ovarienne

La stimulation ovarienne a pour objectif de permettre la maturation simultanée de plusieurs follicules afin d’augmenter les chances de fécondation et de grossesse.

Les stimulateurs de l’ovulation ont beaucoup évolué dans la pratique clinique, du citrate du clomifène (inducteur de sécrétion de la FSH) aux gonadotrophines (urinaires humaines ou recombinantes). Plusieurs schémas thérapeutiques existent. En vue d’une FIV, le protocole associe généralement une gonadotrophine à un agoniste ou antagoniste de la GnRH qui en mettant l’hypophyse au repos permettent de prévenir l’ovulation prématurée.

(40)

Le monitorage de la stimulation ovarienne est indispensable pour la surveillance du bon déroulement de la croissance des follicules ovariens. Il est basé sur le contrôle échographique des ovaires et le dosage plasmatique du 17-β-estradiol (E2).

3.2.2- Recueil des gamètes

Habituellement, lorsque la taille des follicules recrutés atteint 17-18 mm avec un taux plasmatique de 17-β-estradiol de l’ordre de 1000 pg/ml l’ovulation est déclenchée. L’injection de l’hCG (human chorionic gonadotropin) reproduit le pic préovulatoire et induit la maturation finale des ovocytes. Le recueil des ovocytes matures est alors réalisé par ponction ovarienne du liquide folliculaire par voie transvaginale échoguidée juste avant l’ovulation soit 34-36 h après l’injection de l’hCG.

Le sperme est recueilli par masturbation au laboratoire, le jour de la ponction des follicules, il est ensuite préparé techniquement afin de sélectionner les meilleurs spermatozoïdes en ce qui concerne la morphologie et la mobilité.

3.2.3- FIV proprement dite

La FIV consiste à mettre en culture les spermatozoïdes sélectionnés avec les ovocytes recueillis. La fécondation survient entre 16 h et 20 h après la mise en culture, caractérisée par l’apparition de deux pronucléi, masculin et féminin, suivie par la première division cellulaire mitotique de l’ovocyte fécondé (zygote) aboutissant à la formation de l’embryon (figure 17).

3.2.4- Transfert embryonnaire

Il s’agit de la dernière étape de la FIV. Les embryons obtenus sont cultivés in vitro habituellement pendant 48 h voir plus dans certains cas, avant qu’ils ne soient transférés dans la cavité utérine. Les bonnes pratiques recommandent le transfert d’un seul embryon afin de limiter le risque de grossesse multiple et la congélation des embryons restant pour une

(41)

utilisation ultérieure. La phase lutéale est souvent soutenue par l’administration de progestérone. Le premier dosage de β-hCG plasmatique a lieu deux semaines après la ponction folliculaire.

3.3-

FIV avec micro-injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI)

En 1992, Palermo et al. rapportèrent la première grossesse obtenue par l’injection d’un seul spermatozoïde dans le cytoplasme d’un ovocyte mature. Depuis, le traitement de l’infertilité masculine a connu un réel essor. Cette technique peut être envisagée avec des spermatozoïdes épididymaires obtenus par PESA (percutaneous epididymal sperm aspiration) ou MESA (microsurgical epididymal sperm aspiration) en cas d’azoospermie obstructive (AO) ou avec des spermatozoïdes testiculaires obtenus par TESA (percutaneous testicular sperm aspiration), TESE (conventional testicular sperm extraction) ou Micro-TESE (microsurgical testicular sperm extraction) en cas d’ANO (tableau 2). Le spermatozoïde retenu est chargé dans une micropipette puis introduit dans le cytoplasme d’un ovocyte mature (en métaphase II) décoronisé maintenu par une micropipette de contention (figure 17).

(42)

Tableau 2. Comparaison des techniques d'extraction de spermatozoïdes. D’après Esteves, 2011.

PESA: percutaneous epididymal sperm aspiration; MESA: microsurgical epididymal sperm; TESA: percutaneous

testicular sperm aspiration; TESE: conventional testicular sperm extraction; Micro-TESE: microsurgical testicular sperm extraction.

Ces techniques d’AMP proposées actuellement sont essentiellement palliatives avec très peu d’efforts fournis pour comprendre et caractériser les causes responsables de l’infertilité des patients. Il est alors important d’améliorer nos connaissances sur la spermatogenèse normale et pathologique pour pouvoir proposer un diagnostic précis et développer de nouvelles stratégies thérapeutiques personnalisées ce qui permettrait l’optimisation de la prise en charge médicale de ces patients.

(43)

Chapitre III. Les infertilités obstructives

Elles traduisent une anomalie obstructive des voies excrétrices des spermatozoïdes située entre le testicule et le carrefour urogénital. Le pronostic reproductif est relativement bon puisque la spermatogenèse est souvent normale. Les anastomoses chirurgicales des voies spermatiques lorsqu’elle est possible peut permettre d’inverser le phénotype. Le prélèvement des spermatozoïdes en amont de l’obstruction permet aux couples de procréer par FIV-ICSI.

1-

L’absence bilatérale des canaux déférents (ABCD)

L’absence bilatérale des canaux déférents (ABCD) est le phénotype d’infertilité masculine le plus fréquemment associé à des anomalies génétiques. Ce phénotype concerne 6-25% des cas d’azoospermie obstructive (36). L’ABCD est causée par l’épaississement et la stase des sécrétions muqueuses qui favorisent les infections puis l’obstruction cicatricielle. C’est pour cette raison que le terme « absence » est aujourd’hui préférable au terme « agénésie » dans l’acronyme ABCD.

1.1-

CFTR (cystic fibrosis transmembrane regulator)

Le gène CFTR est muté dans approximativement 80% des cas (37). L’ABCD est présente de façon constante chez les patients atteints de mucoviscidose (38). Le gène CFTR est localisé dans le chromosome 7 q31.2, il a une taille de 190 kb et il est composé de 27 exons.

Plus de 2000 mutations sont listées dans la base de données

(http://www.genetsickkids.on.ca/cftr/). Les mutations les fréquemment observées dans les pays

européens sont : delta F308 (66.8%), G542X (2.6%), N1303K (1.6%), G551D (1.5%) et W1282X (1.0%) (39). Cinq types de mutations ont été décrits : classe I, donnant une protéine

(44)

l’AMPc de l’ouverture du canal Chlore (G551D) ; classe IV, causant un déclin partiel de la conductance du Chlore ; classe V, caractérisée par une baisse du taux des protéines CFTR fonctionnelles. Les mutations des classes IV et V sont responsable d’un phénotype clinique moins sévère du fait de la persistance d’une activité résiduelle des protéines CFTR (40). Les patients atteints d’ABCD présentent soit deux mutations majeures (classes I, II ou III) ou la combinaison d’une mutation majeure avec une mutation mineure (classe IV ou V) ou un polymorphisme d’épissage IVS8-5T de l’intron 8 (41).

La FIV-ICSI est une solution efficace pour le traitement de l’azoospermie des patients présentant des mutations du CFTR. Cependant un conseil génétique voir un diagnostic préimplantatoire doivent être conseillés aux patients dont la partenaire présente une mutation sur ce gène pour limiter la transmission des anomalies génétiques aux descendants.

1.2-

ADGRG2 (adhesion G protein-coupled receptor G2)

Dans environ 20% des cas d’ABCD, on ne retrouve pas de mutations sur le gène

CFTR. En 2016, Patat et al. ont analysé une large cohorte de patients présentant une ABCD

confirmée non associée à des mutations CFTR (42). Avec l’utilisation du séquençage haut débit chez 12 patients et du séquençage ciblé chez 14 autres patients, ils ont réussi à identifier trois mutations frameshiftdans le gène ADGRG2 chez 4 sujets testés. L’ADGRG2 est un gène situé sur le chromosome X et est exprimé de manière spécifique dans les canaux déférents. Des études antérieures avaient montré que les souris Adgrg2 knock-out (KO) développaient elles aussi une infertilité obstructive (43). L’analyse moléculaire du gène ADGRG2 devrait alors être envisagée chez les patients atteints d’ABCD chez qui on n’a pas retrouvé de mutations sur le gène CFTR. Cette nouvelle analyse pourrait réduire le nombre de cas étiquetés actuellement comme idiopathiques et améliorer le conseil génétique chez ces patients en tenant en compte du mode de transmission lié à l’X de ces mutations.

(45)

2-

Le syndrome de Young

C’est une pathologie très rare dont la prévalence n’est pas connue. Elle associe une bronchiectasie, une sinusite chronique et une azoospermie excrétoire dues à une obstruction bilatérale des épididymes par des sécrétions épaisses. La fonction pancréatique ainsi que la spermatogenèse sont normales. L’étiologie de ce syndrome demeure inconnue. Il ne semble pas y avoir d’association avec des mutations du gène CFTR (44).

3-

Les obstructions post-infectieuses et iatrogènes

Une mauvaise cicatrisation tissulaire à la suite d’infections génitales comme une prostatite, une urétrite à gonocoque ou à chlamydiae ou une tuberculose urogénitale peut aboutir à une obstruction des conduits spermatiques. Une infertilité obstructive peut également être secondaire à des séquelles chirurgicales de lésions accidentelles notamment du canal déférent à l’occasion d’une chirurgie herniaire, vésicale, prostatique ou pelvienne extensive.

(46)

Chapitre IV. Les troubles de la spermatogenèse

Les troubles de la spermatogenèse représentent les causes les plus fréquentes d’infertilité masculine. Il peut s’agir d’une absence de production de spermatozoïdes aboutissant à une azoospermie ou d’anomalies quantitatives et/ou qualitatives de la spermatogenèse se manifestant par un tableau plus ou moins complet d’OATS (oligo-asthéno-térato-spermie). Les troubles de la spermatogenèse peuvent être d’origines pré-testiculaire ou testiculaire.

1-

Les causes pré-testiculaires

Ces causes sont présentées principalement par les troubles endocriniens de l’axe hypothalamo-hypophysaire. Il existe des formes congénitales et d’autres acquises. Ces formes peuvent traduire un déficit primaire en hormones hypophysaires (FSH et LH), souvent comme une conséquence d’une tumeur infiltrative de l’hypophyse (adénome hypophysaire, craniopharyngiome, méningiome,…) comme elles peuvent traduire un déficit secondaire à une insuffisance de sécrétion de gonadolibérine (GnRH) comme dans le syndrome de Kallmann (45).

2-

Les causes testiculaires

2.1-

Les facteurs non génétiques

La varicocèle, une dilatation anormale des veines spermatiques, est présente chez environ 15% des hommes adultes et chez 30% des patients infertiles. Cependant, les traitements par ligature chirurgicale ou par embolisation radiologique couramment proposés à ces patients ne semblent pas améliorer leur fertilité (46).

La localisation des testicules dans le scrotum en extra-abdominal constitue un environnement idéal pour la spermatogenèse (47). La localisation des testicules en

(47)

intra-abdominal observée dans le cadre de la cryptorchidie (arrêt de migration des testicules sur un point du trajet normal) et de l’ectopie testiculaire (anomalie de migration des testicules en dehors du trajet normal) entraine une altération de la spermatogenèse et est responsable d’infertilité (48).

Dans un contexte physiologique normal, le testicule assure une régulation étroite de l’environnement immunitaire notamment grâce à l’existence d’une barrière hémato-testiculaire (49). En effet, Le testicule est considéré avec le cerveau, l’œil et l’utérus gestationnel comme l’un des sites remarquables de privilège immun. Cette homéostasie immunitaire est nécessaire pour assurer une spermatogenèse fonctionnelle. Cependant, cet équilibre peut être perturbé sous des conditions pathologiques auto-immunes ou infectieuses et conduire à une altération de la spermatogenèse (50).

Les perturbations de la spermatogenèse peuvent aussi être secondaires à une tumeur, un traumatisme ou une torsion testiculaire. Cependant, la fertilité n’est impactée que si les deux testicules sont concernés. Le déficit de production des spermatozoïdes peut aussi être lié à une intoxication environnementale ou iatrogène (chimiothérapie et radiothérapie locale notamment) (51).

2.2-

Les facteurs génétiques

La gamétogenèse masculine ou spermatogenèse est un processus physiologique complexe suggérant l’interaction de plusieurs centaines de gènes dans un réseau hautement spécialisé. L’observation d’un nombre important de souris KO infertiles ainsi que l’existence d’un nombre important de gènes spécifiquement exprimés dans le testicule (n>500) montrent l’importance de la composante génétique dans les troubles de la spermatogenèse (52).

(48)

2.2.1- Les anomalies monomorphes du spermatozoïde et autres syndromes rares

La caractérisation morphologique des anomalies spermatiques a permis l’identification de plusieurs phénotypes distincts laissant penser qu’il existe une étiologie fréquente dans chaque phénotype. Au cours de ces dernières années, plusieurs études ont permis d’identifier certaines anomalies génétiques liées à des phénotypes particuliers d’anomalies spermatiques.

2.2.1.1- Les anomalies de la tête

2.2.1.1.1- Macrozoospermie : les spermatozoïdes macrocéphales multi-flagellés

La macrozoospermie est un phénotype rare caractérisé par la présence dans l’éjaculat de 100% de spermatozoïdes présentant une tête surdimensionnée et de multiples flagelles. Ce phénotype est souvent associé à une oligoasthénozoospermie (53). Depuis sa description il y a 39 ans (54), plusieurs études ont rapporté un taux élevé d’aneuploïdie et de polyploïdie dans ces spermatozoïdes. Ces observations suggèrent que cette anomalie est liée à la non-disjonction des chromosomes au cours de la méiose. En 2007, une étude réalisée par l’équipe GETI de Grenoble a permis d’identifier la même délétion (c.144delC) dans le gène

AURKC (aurora kinase C) chez l’ensemble des patients inclus dans l’étude soit 14 patients

nord-africains (55). Ce gène code pour une protéine appartenant au CPC (chromosomal passenger complex) qui régule certains événements méiotiques comme la ségrégation des chromosomes et la cytokinèse. La mutation identifiée génère un codon stop prématuré dans le transcrit qui est rapidement dégradé par le système NMD (nonsense-mediated decay) (56). L’étude par cytométrie en flux a montré l’existence d’une tétraploïdie homogène dans ces spermatozoïdes expliquant que les cellules germinales ne peuvent pas se diviser après la réplication de leur ADN (57). Malgré ce défaut méiotique, la spermiogénèse n’est pas abolie chez ces patients et aboutie à des spermatozoïdes macrocéphales multi-flagellés (figure 18) (56).

(49)

Figure 18. Rôle de l'AURKC durant la méiose et la cytokinèse. D’après Coutton et al., 2015.

La prise en charge de ces patients devrait commencer par la recherche de cette mutation dans le gène AURKC. La FIV-ICSI est alors formellement contre-indiquée chez les patients mutés en raison de la présence constante de polyploïdie incompatible avec le développement embryonnaire.

2.2.1.1.2- Globozoospermie : les spermatozoïdes microcéphales

La globozoospermie est un phénotype rare de tératozoospermie caractérisé par la présence dans l’éjaculat d’une majorité de spermatozoïdes présentant une tête globulaire dépourvue de son acrosome (figure 19). L’observation de plusieurs cas familiaux ainsi que des

(50)

chez les souris KO contribuent à la biogenèse de l’acrosome et à l’organisation de la tête du spermatozoïde (58).

Figure 19. Spermatozoïde humain globocéphale (C Arnoult, GETI).

(Gauche) Spermatozoïde humain normal avec un acrosome en vert localisé à l'extrémité apicale. (Droite) Spermatozoïde humain globocéphale (tête ronde en bleu) dépourvus d'acrosome.

L’étude d’une famille consanguine ashkénaze par cartographie d’homozygotie a permis d’identifier une mutation homozygote (c.848G>A) dans le gène SPATA16 (spermatogenesis-associated protein 16) (59). La protéine produite est fortement exprimée dans le testicule et elle est localisée dans l’appareil de Golgi et les vésicules proacrosomales. Deux autres études récentes ont permis d’identifier de nouvelles mutations SPATA16 chez les patients globocéphales (60,61).

La même approche pangénomique appliquée chez une cohorte de 20 patients tunisiens présentant 100% de spermatozoïdes globocéphales a permis à l’équipe GETI d’identifier une délétion homozygote de 200 kb emportant le gène DPY19L2 (dpy-19 like 2) chez 15 sujets (62). D’autres études ont par la suite confirmé la prévalence élevée des altérations du gène DPY19L2 dans la globozoospermie dans d’autres régions du monde (63–65).

(51)

2.2.1.2- Les anomalies du flagelle

2.2.1.2.1- Asthénozoospermie

L’asthénozoospermie est définie par la réduction ou l’absence de mobilité spermatique. Selon l’OMS, le diagnostic est établi lorsqu’on observe moins de 32% de spermatozoïdes mobiles-progressifs (66). Ce phénotype pourrait résulter d’un défaut structural ou d’une anomalie de maturation moléculaire.

L’asthénozoospermie est souvent inscrite dans un tableau syndromique autosomique récessif de dyskinésie ciliaire primitive dont le principal symptôme caractéristique est l’infection récurrente des voies respiratoires dues à une dysfonction des cils mobiles et à une stase des sécrétions muqueuses.

Parmi les gènes candidats identifiés dans ce phénotype, on peut citer SEPT12,

CATSPER1 et CATSPER2. Le gène SEPT12 code pour une GTPase impliquée dans la formation

des filaments du cytosquelette. Les mutations rapportées dans ce gène conduisent à l’altération de l’intégrité structurale du flagelle en perturbant la polymérisation des filaments constituant l’annulus, une structure en forme d’anneau qui fait jonction entre la pièce intermédiaire et la pièce principale du flagelle (67).Les gènes CATSPER1 et CATSPER2 codent pour des protéines rentrant dans la composition de la structure d’un canal cationique spécifiquement localisé dans la membrane cytoplasmique de la pièce principale du flagelle. Ce canal module les flux calciques à travers la membrane flagellaire de manière pH-dépendante et il est responsable de la capacitation et de l’hyperactivation de la mobilité du spermatozoïde (68,69).

2.2.1.2.2- Syndrome MMAF (multiple morphological abnormalities of the sperm

(52)

calibre irrégulier (58). Récemment, en 2014, Ben Khelifa et al. de l’équipe GETI ont montré que le gène DNAH1 (dynein axonemal heavy chain 1) est muté chez approximativement un tiers des patients analysés porteurs de ce syndrome. Lorsque la protéine DNAH1 est absente, l’architecture axonémale est désorganisée avec souvent une perte de la paire centrale de microtubules (70).

Plusieurs études ont montré une élévation du taux d’aneuploïdie et une altération de la qualité nucléaire spermatique chez les patients atteints de MMAF. Cependant, chez les patients mutés pour DNAH1, ces anomalies sont rares et la FIV-ICSI a un bon pronostic (71).

2.2.2- L’azoospermie non-obstructive

Les troubles quantitatifs sévères de la spermatogenèse représentés par l’azoospermie non obstructive (ANO) et l’oligozoospermie sévère (OS) sont les plus susceptibles d’avoir une origine génétique. Ces phénotypes sont d’ailleurs très fréquents puisqu’on estime qu’ils concernent entre 20-30% des couples infertiles (33). Les aneuploïdies gonosomiques et les microdélétions du chromosome Y représentent les causes génétiques les plus fréquentes et sont retrouvés dans 2-17% des cas d’ANO et 14% des cas d’ANO d’OS (72).

2.2.2.1- Le syndrome de Klinefelter

Les insuffisances de la spermatogenèse peuvent avoir une origine chromosomique. Le plus souvent, il s’agit d’anomalies des chromosomes sexuels parmi lesquelles le syndrome de Klinefelter est le plus fréquent (73). Le syndrome de Klinefelter est causé par une aneuploïdie de caryotype 47,XXY. Ce syndrome a été décrit pour la première fois en 1942. Il est caractérisé cliniquement par une atrophie testiculaire accompagnant une altération majeure de la spermatogenèse et une azoospermie dans la majorité des cas. Dans 10% des cas, il existe une mosaïque germinale avec des cellules 46,XY et d’autres 47,XXY qui conduit à un phénotype moins sévère avec une oligozoospermie.

(53)

Dans la mesure ou les spermatogonies commencent à disparaitre vers la puberté chez ces individus, un prélèvement précoce avec cryoconservation du tissus testiculaire a été proposé pour tenter de restaurer ultérieurement la spermatogenèse (74).

2.2.2.2- Les microdélétions sur le bras long du chromosome Y

D’une taille d’environ 53 Mb, le chromosome Y contient plusieurs gènes impliqués dans la différentiation des gonades masculines et la spermatogenèse (75). Chez près de 10% des patients souffrant d’ANO et 5% des patients avec OS, des microdélétions du chromosome Y sont observées dans la région AZF (Azoospermia factor) (76). La région AZF est subdivisée en trois locus AZFa, AZFb et AZFc (figure 20).

Figure 20.Représentation schématique du chromosome Y et de la région AZF ainsi que des trois

sous-régions AZF a, b,c et des principaux gènes compris dans chacune des sous-sous-régions.

Adaptée d’O’Flynn et al., 2010.

Les délétions du locus AZFa causent le syndrome des cellules de Sertoli seules (Sertoli-cell-only) avec absence des cellules germinales dans l’épithélium des tubules séminifères du testicule (77). Les délétions du locus AZFb sont associées à un blocage variable

(54)

de spermatozoïdes après TESE sont inexistantes lorsque la délétion concerne les locus AZFa ou AZFb.

Les délétions du locus AZFc qui contient plusieurs copies des gènes DAZ sont responsables d’oligozoospermie et d’azoospermie. Les chances de succès d’une récupération de spermatozoïdes après TESE chez les patients azoospermiques sont de 50-70% du fait de la persistance d’une spermatogenèse résiduelle.

2.2.2.3- Les nouveaux gènes candidats

Il a été décrit chez la souris KO pour Tex11 une azoospermie liée à un blocage méiotique de la spermatogenèse (78). Le séquençage ciblé de l’orthologue humain TEX11 (testis expressed 11), situé sur le chromosome X, chez deux cohortes de patients azoospermiques a permis d’identifier six mutations associées à une perte de fonction de la protéine (78,79). L’observation histologique des coupes de biopsies testiculaires faites chez trois de ces patients a montré un blocage méiotique de la spermatogenèse ce qui est concordant avec le phénotype des souris KO. La fréquence de l’ensemble de ces mutations pathogènes

TEX11 chez les patients azoospermiques a été estimée à 1%. TEX11 est le seul gène auquel on

a associé des mutations pathogènes chez des patients non apparentés atteints d’ANO.

Les récentes avancées technologiques apportées au séquençage ont stimulé la recherche dans le domaine de la génétique de l’infertilité masculine. Grace à l’approche de séquençage haut-débit, l’identification de nouveaux gènes impliqués dans la pathologie humaine est devenue plus rapide et efficace. L’étude de familles consanguines présentant de multiples descendants azoospermiques a permis d’identifier plusieurs gènes candidats dans l’azoospermie autosomique récessive. En 2014, deux variants candidats ont été décrits dans les gènes TAF4B (TATA-box binding protein associated factor 4b) et ZMYND15 (zinc finger

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infertiles et présentent une ANO. En 2015, trois autres variants ont été décrits chez des patients consanguins azoospermiques dans les gènes TEX15 (testis expressed 15), MCM8 (minichromosome maintenance 8 homologous recombination repair factor) et SYCE1 (synaptonemal complex central element protein 1) (81–83). Ces trois gènes sont fortement exprimés dans le testicule et les souris KO pour leurs orthologues présentent un blocage spermatogénique méiotique comme les patients mutés (84–86).

Malgré ces découvertes encourageantes, nos connaissances sur les causes génétiques de l’azoospermie non obstructive et sa physiopathologie moléculaire restent insuffisantes. D’autres efforts doivent être fournis pour mieux caractériser cette pathologie. Une telle avancée scientifique pourrait permettre à court ou à moyen terme d’améliorer la prise en charge médicale des patients azoospermiques.

Figure

Figure 1. Anatomie du testicule. Depuis http://cnx.org.
Figure 2. Description générale de la spermatogenèse. Depuis https://global.britannica.com
Figure 3. La cellule de Sertoli. Adaptée de França et al., 2016.
Figure 5. Régulation génétique du développement de la gonade masculine. D’après Eggers et al., 2014
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