• Aucun résultat trouvé

Le comportement financier des agriculteurs

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Le comportement financier des agriculteurs"

Copied!
27
0
0

Texte intégral

(1)

HAL Id: hal-01601098

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01601098

Submitted on 2 Oct 2017

HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.

Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial - NoDerivatives| 4.0 International License

Le comportement financier des agriculteurs

Pierre Rainelli

To cite this version:

(2)

STATION D'EcONOMIE RURALE

35042

RENNES CEDEX

LE COMPORTEMENT FINANCIER DES AGRICULTEURS

(3)

RESUME

Le comportement financier des entrepreneurs individuels est très mal décrit par les modèles économiques conçus pour les salariés. En effet, les entrepreneurs individuels, et plus particulièrement les agriculteurs ont un comportement spécifique tout aussi éloigné de celui du salarié que de celui de l'entrepreneur capitaliste.

On a cherché dans cet article à cerner ce comportement à

partir de l'étude de la fonction d'épargne des agriculteurs. A la lumière d'études conduites à partir de comptabilités françaises et suisses rela-tives à la fois au ménage et à l'entreprise il apparaît que:

- le niveau de l'épargne dépend essentiellement du montant du revenu, avec une influence marquée des revenus extérieurs dans les petites surfaces.

- les résultats sont plus probants avec le revenu brut qu'avec le revenu net des amortissements.

les exploitants âgés épargnent moins que les jeunes.

- à partir d'un certain niveau d'accumulation la présence d'un patri-moine important n'incite pas à l'épargne.

Ces caractéristiques sont suffisamment marquées pour quo l'on puisse admettre l'existence d'un comportement spécifique des agriculteurs.

(4)

L'importante littérature économique consacrée à l'étude du comportement financier des agents apparaît caractérisée par deux traits dominants :

- d'une part, le comportement type analysé est celui des ménages au sens de la comptabilité nationale, cg~x-ci étant assimilés aux seuls salariés.

- d'autre part, l'approche privi.légiée du comporterrent financier se fai t à partir de la fonc~ion de con mrrmation.

Malgré des exceptions notables. telles KLEIN 1960 r9] on peut noter lp -qtit nomjre de travaux consacrés à l'étude du comportement financier des entrepreneurs individuels. La désaffection manifestée sur ce plan envers cette catégorie socio-professionnelle peut s'expliquer par la généralisation de la condition salariale. La nature de leur revenu et les difficultés d'appréhension de ceux-ci interviennent éga-lement. Mais on peut aussi penser qu'entre des types de salariés aussi dissemblables qua l'ouvrier ct la cadre supérieur il n'existe, en ce domaine, que des différenc3s quantitatives susceptibles d'être expri-mées dans un3 loi générale. De ce fait, les recherches économiques

cen-trées sur le salarié paralssent plus aisées à mener.

ïoutefois, dans le processus de mutation lié à l'accumulation du capital que connaît l'agriculture, une meilleure connaissance du montant de l'épargne, de l' endet':emar,t ainsi q"e de leurs déterminants respectifs est nécessaire. Il faut être en mesure d'apprécier les possi-bilités de financement interne à co secteur. De la même manière. la construction de modèles é:aborés qu'ils soient micro-économiques ou globaux nécessite, comma le montre

BoUSSARD

1971 [2J la prise en compte de variables et de coefficients traduisant de façon aussi exacte que possible les contraintes de financement.

Or les modèles explicatifs proposés dans la théorie

néo-clas-siq~;e ne conviennent pas pour représenter le comportement financier de l'agriculteur, prototype de l'entrepreneur individuel. En effet. la théorie économique qui sous-tend ces modèles est inhérente à une société capitaliste moderne, alors q~a les agriculteurs par leur statut aussi éloigné de la condition salaria:e que de la condition de l'entrepreneur capitaliste ont un comporteme~t propre.

(5)

4-0'00 l'intérlt dans un premier temps d'une réflexion sur ce qui différencie les ménages ordinaires des agriculteurs face à la con-sommation et face à l'épargne. Puis nous essaierons en nous basant sur un certain nombre de travaux de fairo le point sur le comportement financier des agriculteurs.

l - MENAGES SALARIES ET AGRICULTEURS FACE A L'EPARGNE ET A LA CnNSOMMATION

On examinera successivement les bases théoriques du comporte-ment des ménages ordinaires et des agriculteurs et l'on en tirera des enseignements quant aux déterminants de l'épargne pour les exploitants agricoles.

1°) Les ménages salariés

La théorie considère que l'épargne se forme plutôt dans les ménages. alors que les investissements ne concernent que les entrepri-ses. D'autre part. dans l'optique keynésienne et néo-keynésienne, la fonction essentielle des ménages est la consommation. L'épargne qui est secondaire est envisagée comme un résidu, puisque selon la défini-tion classique, c'est ce qui roste lorsque l'on a consommé. Cette conception est d'ailleurs celle qui prévaut dans les schémas de la comptabilité nationale. En fait, à côté de l'épargne des ménages, on reconnait l'existence d'une épargne des entreprises, qui elle, est active, puisque directement liée à ces activités d'investissement.

Dans les faits, on constate que les ménages ne se conduisent pas de façon aussi rigide, même si une fraction de l'épargne a bien un caractère résiduel en raison des ajustements entre prévision de recettes, et prévision de dépenses. L'épargne n'est pas obtenue après sommation des dépenses à la fin de la semaine ou à la fin du mois. avec pour seule contrainte un total des dépenses inférieur au revenu.

(6)

L'épargne n'a pas non plus ce caractère "financier" lié A l'aspect de placement que lui attribuent, plus ou moins implicitement, des auteurs comme MARSHALL, KEYNES ou HICKS. Elle doit plutôt être considérée com~e source d'un capital ccnstitué d'un stock de richesses accumulées, dont une partie au demeurant est constituée d'actifs fi-nanciers. Ce point de vue correspond mieux A la réalité, dans la mesure où la fonction d'investissement du ménage est très étroitement lié A sa fonction d'épargne. Ce lien se manifeste avant l'investissement, avec la constitution d'une masse monétaire corrGspondant à l'autofinancement et après quand il s'agit de faire face au remboursement des emprunts contractés en vue d'investir.

De ces considérations, il résulte que le concept même d'épar-gne obtenu~ par différence entre revenu et consommation est discutable. Bien que plus satisfaisant, le calcul basé sur l'accroissement du patri-moine d'un agent prête aussi A discussion, car il s'agit d'un solde des variations du passif et de l'actif. Utiliser cette méthode conduit, par une contraction des principales composantes de l'épargne, A un appauvris-sement de l'étude du comportement financier. La façon la plus fructueuse consiste à utiliser le concept d'épargne-somme, correspondant A la

somme algébrique des divers éléments positifs et négatifs qui modifient le patrimoine d'un agent.

Cette notion élaborée en vue de cerner l'éparjne au moyen d'enquêtes, de façon plus satisfaisante que par différence entre revenu et consommation, a par ailleurs l'avantage de réfléter le caractère actif de l'épargne comme le souligne LISLE 1967 [12 p.142J . Ainsi l'é-pargne somme correspond à l'autofinancement (total des emprunts diminué des liquidations d'actifs, de subventions et des emprunts contractés en vue d'investir), le remboursement en capital des emprunts autres que ceux contractés pour la consommation, les placements nets, les primes d'assurance-vie, la variation des disponibilités et la variation des

créances.

La réalité d'une épargne des ménages à caractère actif et non passif n'empêche pas les auteurs contemporains, tel FRIEDMAN 1957

[8J '

(7)

6

-de privilégier une approche du comportement financier basée sur la fonc-tion de consommafonc-tion. Ceci indique que l'on envisage l'épargne a con-trario. Cet aspect contradictoire des choses peut être justifié par

l'importance relative de la consommation, puisque celle-ci est en moyenne rarement inférieure à 65 %du revenu des ménages dans les pays industria-lisés. On peut aussi y voir une conception générale de l'économie,

"la consDrwflation apparaissant comme complémentaire de la production et comme condition du bon fonctionnement de l'éccnomie" selon fORTRAN et KLEIN 1970

C?

p.2TI .

Une telle attitude n'apparait pas justifiée au niveau de l'étude du comportement des entrepreneurs individuels. En effet, les comparaisons entre catégories socio-professionnelles montrent,

Y. LEON - P. RAINELLI 1971 [~1 P.22J • que la propension moyenne à

épargner des agriculteurs est trois à quatre fois plus élevée que pour les actifs salariés, pouvant dépasser 80 % po u r certains 1 Dans ce cas, la variable essentielle du comportement financier est donc bien l'épargne et non la consommation.

2°- Les agriculteurs

Si les entrepreneurs individuels en général ont un comporte-ment spécifique, ceci tient à leur rationalité propre, étrangère à la logique capitaliste de l'entrepreneur, mais éloignée aussi de celle du salarié. Par' rapport au salarié, l'agriculteur est dans une situation claire. Même si dans certains cas les relations qui s'établissent entre l'exploitant et les entreprises intégratrices d'amont et d'aval modifient la nature juridique de sa condition, le transformant en façonnier, les différences restent importantes (1). En effet, tandis que le salarié peut consommer quasi-intégralen~nt son salaire, l'agriculteur ne peut disposer à sa guise de ce qui constitue pour lui le revenu de son ac-tivité de producteur. Il doit obligatoirement en affecter une partie

(1) Dans la mesure où l'agriculteur combine des facteurs de production même s'il n'a pas la maîtrise totale du processus, il n'en reste pas moins vendeur de produits, tandis que le salarié vend sa seule force de travail.

(8)

à l'amortissement de ses équipements, 3U remboursement des dettes qu'il

a contractées pour l'exploitation. et à l'autofinancement des nouveaux investissements qu'il a cécidés.

Par ailleurs. comme pour l'ensemble des entrepreneurs indivi-duels, il y a une entité ménage-entreprise qui se traduit par une concur-rence entre les besoins du ménage (consommation et conditions de vie) et les besoins de l'exploitation (8ntretien et accroissement de la capacité de production). Condamné à un intense effort d'accumulation et ne disposant que de ressources limitées, l'agriculteur se trouve la plupart du temps dans l'obligation de faire passer les besoins de l'en-treprise avant ceux du ménage, s'il désire accroître ses revenus à terme. A la limite, on peut affirmer que peur l'agriculteur, c'est la consomma-tion qui constitue un résidu !

Par rapport à l'entreprise capitaliste la position de l'agIi-culteur est tout aussi éloignée. Mêmo quand on parle d'exploitations capitalistes, il s'agit d'un abus de langage. On se réfère en général à des unités de production d'une certaine taille, caractérisées par leur rentabilité (exploitations céréalières ou betteravières). Mais leur

niveau de profit tient plus à un système de prix favorable qu'à l'exploi-tation de salariés agricoles. 8n nombre très réduit au demeurant si l'on se réfère au normes de l'industrie. Hormis cette frange favorisée, les

unités de production, qui sont en mêmB temps unités de consommetion,

sont du ressort de ce que CHAYANOV 1966

[(1

a appelé "l'économie

fami liaIe" .

La théorie de CHAYANOV, élaborée il y a un demi-siècle, con~

cerne essentiellement les unités de subsistance où les motivations de l'activité économique sont étrangères à la logique capitaliste, et où le concept de rentabilité n'a rien à voir avec celui en cours dans le raisonnement économique type. En effet, dans ce système économique l'ac-tivité est commandée par les besoins de la famille appréciés de manière qualitative. A un certain niveau de besoin, fonction essentiellement de la taille de la famille, correspond une certaine quantité de travail. Selon les caractéristiques de l'exploitation (surface disponible,

(9)

condi-~ condi-~

"""~

,-le...

11.-'-

.l.-, <J:,.:,,-,,,

~'"

'1

,&~

"'1

<0

9~o\)"''i'' 1

.\....,,..,cR-,

8-tiDns climatiques et pédolDgiquE'sJ on a un systèrno de prDductiDn plus DU mDins intensif. Ainsi lô combinaisDn productive adDptée peut être fDrt élDignée de l'Dptimum déterminé par le calcul éCDnomique. Elle répDnd à

une autre retionalité plus impériouse : oouvrir les besoins de consom-mation de la famille. Cette même rationalité cDnduit l'exploitant à

emprunter à cles toux très élevés, du moment que l'inv8stissement ainsi

permis amène une amélioratior. du niveau de vie.

Un tel schéma c-t-il encore un sens aujourd'hui? Avant de répondre il convi8nt de noter que nC'mbre cl'exploitations ne sont pas encore réellement dans le circuit marchand. Ainsi une enquête sur échan-tillons aléatoires dans deux déportements fournit des précisions intéres-santes, J.L. BRANGEON - Y. LEON, P. RAINELLI 1969 [4 p.29,57] . En

1965, on pDuvait trouver en Ille-et-Vilaine 55

%

des exploitations de mDins de 10 ha ne reCDurent pas au crédit, contre 34 %dans le catégo-rie de plus de 20 ha. En Euro-8t-LDir 50

%

des 8xploitations de moins de 20 ha éteient sans dettes contr8 15 %dans la tranche de plus de 50 ha. Les plus petites exploitations sont donc encore bien proches de l'économie de subsistance. Cela est enccre plus marqué pour L'Ille-et Vilaine où dans cL'Ille-ette catégori8 on enregistre uno propension moyenne

à épargner de 0,10 contre 0,31 dans la classe de moins de 20 ha d'Eure-et-Loir.

Pour oe qui est de la rationftlité de l'exploitant, l'étude des modèles de comportement des agrioulteurs basés sur la programmation linéaire multipériodique met en évidenc~ un certain nombre de faits qui ne contredisent an rien la théorie de CHAYANOV. Ces modèles montrent le caractère aigu des besoins de finencer.Bnt des exploitations en raison de la nécessité de constituer des réserves contre-aléatoires, compte-tenu de le. naturG de l'activité agricole. Cette liaison entre risque et trésorerie conduit à une forte sensibilité du système de production en ce qui concerne le niveau de liquidités disponib18s. Comme le souligne BOUSSARO 1971 [3 P.1~ ceoi e des conséquenoes très importantes puisque "la baisse d'un produit sûr provoquera le resserrage des contraintes de sécurité des produits "spéculatifs", ce qui entraînera un transfert vers le produit "sûr" des ressources qui étaient auparavant allouées

(10)

du produit sûr". Il résulte de ceci. qu'une baisse du prix du lait.

par exemple, risque de provoquer un accroissement de la production

lai-tière. les petits productours abandonnant les activités aléatoires in-· tensives telles que les cultures maraîchères ou le porc, au profit de leur seule activité sans risque, le lait. Notons que MAINIE 1971

~3 p.871] raisonnent sur les facilités de crédit et l'orientation des productions aboutit à des résultats analogues.

En fin de compte le passage d'un système où prédominent les formes d'autosubsistance à un système plus intégré dans l'économie marchande a bien une action sur le comportement financier des agricul-teurs, mais fondamentalement le ressort reste le même. Dans le premier cas la pression des besoins familiaux se traduit par la nécessité d'une satisfaction immédiate de la consommation. Dans l'autre cas l'urgence se porte sur l'épargne qui est une nécessité en vue d'accroître le re-venu futur, et ceci afin de bénéficier à terme de cenditions de vie meilleures. Il s'agit de mettre en oeuvre les moyens propres à amélio-rer la consommation future.

3°) Les déterminants de l'épargne des agriculteurs

La recherche des facteurs oui influent sur 18 montant de l'é- 1 pargne des agriculteurs doit se faire à la lumière d'une réflexion assez large.

En premier lieu1 évidemmentl 185 moyens destinés à

l'accumu-lation du capital se dégagent du prcduit annuel. Il importe donc de relier l'épargne au revenu. ~lais lE' notion do revenu doIt être

préci-sée. En effetl il ne s'agit pas de recourir à un concept de nature

comptable, à caractère plus ou moIns a~tIficiel mais à ce qui constItue la réalité pour l'exploitant. De ce point de vue il semble qu'il faille retenir un concept du type valour ajoutée brute. c'est-àdire le produit d'exploitation diminué des charges courantes. D'autro part. on peut se

réf~rer au seul revenu agricole, ou au revenu total y compris les revenus annexes du ménage" que ceux-ci soient des revenus du capital

(11)

10-(capital physique ou financier), du travail (activité hors de l'exploita-tien) ou revenus sociaux. A priori, il semble plus logique de considérer le revenu total car l'exploitant face à un ensEmble de dépenses consi-dère l'ensemble de ses ressources, même s'il y a une affectation plus ou moins stricte de celles-ci. selon MIZOGUCHI 1967 [14].

Afin de voir si l'agriculteur prend en compte le total des rentrées Monétaires, ou les sommes correspondant seulement à des re-cettes liées à l'activité habituelle, il peut s'avérer utile de se référer au revenu total augmenté des liquidations d'actifs, ou des recettes

exceptionnelles (dons, héritages). Compte tenu de l'importance des pres-tations en nature, restes non négligeables de l'économie de subsistance qui interviennent sur le comportement financier, le revenu peut être con-sidéré uniquement sous son aspect monétaire. C'est-à-dire que l'on va déduire du concept de revenu total retenu l'autcconsommation et les pro-ductions d'immobilisation, ou bien on pourra considérer uniquement le total des recettes. Selon le choix fait, la notion d'épargne différera épargne brute ou nette, comprenant ou non les ressources exceptionnelles ou les liquidations d'actifs, ou épnrgne monétaire.

Par ailleurs, la nature essentiellement aléatoire du revenu agricole nécessiterait pour avoir une vision correcte du comportement

financier~ le recours à ces séries chronologiques suffisamment longues

et étoffées. Celles-ci permettraient de déterminer comment l'agriculteur

réagit à une baisse de revenu, si la consommaticn est compressible ou si

l'effet de cliquet joue à plein, ou si cette consommation étant déjà tellement faible dans certains cas, il n'sst plus possible de descendre

:!:

en deça .

De même, la disposition de séries chronologiques autoriserait l'étude des rapports entre revenu permanent et épargne permanente dans

une perspective dynamique. D'autre part. si ces données couvraient

*

Des études basées sur les résultats d'une trentainE d'exploitations dont on possède les comptes sur 20 ans en Suisse, ainsi que sur les résul-tats d'une cinquantaine d'exploitations en Bretagne suivies depuis 7 ans, sont en cours à la Station I.N.R.A. d'Economie Rurale de Rennes sous la conduite d'Yvos LEON.

(12)

une durée ce temps au moins égale à une génératicn, elles aideraient a déterminer l'existence d'un cycle de vie de l'exploitation agricole. Pour ARNAUD et MAINIE 1, p.2~ ce cycle se décompose en trois périodes.

-'

Dans un premier temps, le chef d'explcitation s'installe et acquiert les moyens de production, d'où une consommetion très basse. Oans la seconde phase, dite de cécollage, l'agriculteur cherche à accroître son capital d'exploitation et éventuellement à avoir la maîtrise du capital foncier.

Ceci se traduit évidemment par un revenu et une consommation en hausse,

mais le taux d'épargne reste encore important. Enfin, au temps de la maturité, en assiste à une stagnation du revenu qui peut même baisser, mais il y a accroissement sensible de la consommation.

Cette notion de cycle de vie qui recouvre des attitudes diffé-rentes face à l'investissement, l'endettement, l'épargne et l'accumula-tion est directement liée à l'âge du chef d'exploital'accumula-tion. A défaut de suivre l'exploitant le long de sa vie, il peut être intéressant de faire intervenir l'âge comme facteur c'explication du niveau de l'épargne. L"âgep8ut-être considéré comme donnant une appréciation du dynamisme de l'entrepreneur, appréciation discutable évidemment.

Plus ou moins lié à l'âge du chef d'exploitation, la taille de la famille intervient diroctement sur la consommaticn. Il est évident qu'une famille où les enfants d'âge scolaire sont nombreux a des dépen-ses courantes beaucoup plus i~portantes qu'une famille sans enfant. La taille de la famille n'est pas un critère toujours satisfaisant car de grands enfants qui travaillent sur l'exploitation constituent plutôt

une source de richesse qu'un coût.

Comme l'éporgne a pour but principal l'accumulation d'actifs de production. il est normal de penser que le montant du patrimoine a une action sur le niveau d'épargne. Pour l'ensembÈdes ménages. STONE 1966 [1

ij

a montré qu'à revenu égaL le ménage dcnt la fortune est la ) plus élevée, épargne moins. Toutefois, le patrimoine des agriculteurs intervient de façon plus complexe car il est à la fois patrimoine de précaution. patrimoiee de spéculation par la terre, et patrimoine de production. ce qui est essentiel pour un entrepreneur individuel. Pour

(13)

12

-tenir compte du fait que l'exploitant qui a un capital important, peut également avoir un taux d'endettement élevé, l'action de la variable patrimoine est mieux exprimée au moyen de la fortune nette (actifs total diminué des dettes).

Pour terminer, à toutes ces variables il peut s'avérer utile de joindre la taille de l'exploitation exprimée au moyen de la surface agricole utile. En fait, ce facteur est présent de façon implicite par l'intermédiaire du revenu et de la fortune nette, puisque ces deux critères sont étroitement dépendants de la surface. Mais la Surface Agricole Utile (SAUJ permet d'introduire une référence simple au sys-tème de production pratiqué (notion de syssys-tème intensif, en général représentatif de l'orientation vers les productions animales, et système extensif concernant plutôt les productions végétales).

II - ETUDE ErPIRIQUE DE LA FONCTIDN D'EPARGNE DES AGRICULTEURS

A la lumière des réflexions précédentes nous avons tenté de cerner le comportement d'é~argnant des agriculteurs en synthétisant les résultats d'un certain nombre de travaux

x.

Il s'agit de données issues de comptabilités concernant des exploitations agricoles suisses et fran-çaises pour lesquelles on dispose simultanément des comptes du ménage, et de l'entreprise. Notons à ce propos la difficulté de rassembler ce type de renseignement en France en raison de la dissociation formelle

pr~tiquée entre ménage et exploitation. Dans une perspective plus norma-tive

qU'exPlicative~e~pécialistes

de gestion cherchent à isoler ces

deux aspects de l'activité agricole, et l'on tend de plus en plus à aban-donner la tenue des comptes de ménage, pourtant essentielle si l'on veut comprendre le comportement des agriculteurs.

~ Cf. CASANOVA - RAINELLI - PIBALEAU - ROSSIER 1969

.~5], RAINELLI 1972 ï.1~'

r .,

(14)

Compte-tenu du caractère volontaire de la tenue des comptes, on ne saurait attendre de représentativité des résult~ts présentés, surtout pour la France. Ceux-ci permettent d'avoir une idée du comportement

d'une frange d'agriculteurs assez dynamiques qui n'hésitent pas à

s'équi-per et à s'endetter. Il s'agit donc d'un éclairage sur la fraction "mo-derniste" de la paysannerie. A l'inverse, ce type de données ne peut nous renseigner sur la catéeorie la ~lus traditionnelle, qui forme encore l'essentiel du monde agricole. En effet, par définition même, la tenue d'une comptabilité indique l'introduction du calcul économique, C'dSt-à-dire 18 recours à un raisonnement plus quantitatif, même si l'on n'a pas une rationalité identique à celle de l'entrepreneur capitaliste. Le petit paysan reste dans le domaine des évaluations qualitatives et

n'éprouve pas le besoin d'avoir une vraie comptabilité.

L'étude de la fonction d'épargne est envisagée essentielle-ment à partir d'études économétriques basées sur la régression linéaire. Les aspects dynamiques ne sont pas étudiés, la plupart des données

uti-lisées étant de type "transversal". Une première section est centrée sur

l'étude générale des relations entrc épargne et revenu, une deuxième section permettant de préciser le rôle des autres variables.

A - ETUDE GENERALE DES RELATIONS ENTRE EPARGNE ET REVENU

Dans tout ce qui suit et en vue de raisonner avec des données comparables, il a été fait appel au concept d'épargne-différence. Les montants en valeur absolue diffèrent assez peu de ceux que l'on obtient

'"

avec l'épargne-somme quand on utilise des résultats comptables. Il n'en

va pas de même dans les enquêtes, où l'on enregistre d'importantes

divergences.

Le ~remier aspect de cette étude est traité à partir d'un en-semble de régressions faisant appel à divers types de revenus. L'autre point concerne l'impact des revenus exceptionnels sur l'épargne.

x Il a été montré sur un ensemble de 280 année-exploitations que l'écart entre é~argne-semmeet épargne diff6rence était de l'ordre de 7 ~ quand on utilise des résultats comptables. Cf. PIBALEAU 1971 r

1s

1

(15)

14

-1°) Le rôle du revenu en général

Les tableaux 1 et 2 font référence à un certain nombre de régressions effectuées entre l'éparene et plusieurs sortes de revenu afin de déterminer lequel convient le mieux dans l'explication de la for-mation de l'épargne.

Le premier tableau qui a trait È; un ensemblp ~e 337

exploita-tions suisses suivies en gestion en 1969, met en relation l'épargne nette avec d'une part le revenu egricole net, et d'autre part le revenu total net. On a également effectué la régression entre épargne brute et revenu total brut. Il convient tout d'abord de remarquer que selon les cas

72 % à 86 % de la variance est expliquée par le revenu. Ensuite, on notera une amélioration significative de la corrélation lorsqu'on passe de la liaison épargne nette - revenu agricole net, à la liaison épargne nette - revenu total net. Enfin, il y a également amélioration quand on utilise des relations brutes (épargne brute et revenu brut) au lieu de relations nettes des amortissements.

Ceci montre le rôle prépondérant du revenu dans l'explication de la formation de l'épargne. Mais cela montre aussi ce que l'on suppo-sait seulement. A savoir que dans son comportement d'épargnant

l'agricul-teur considère un ensomble de ressources incluent les reV6nus annexes

ainsi que les ar"ortissements. Il ne sembl", pas qu'il y ait affectation

des revenus extérieurs de nature réGulière, à des dépenses de consommation.

Le rôle des revenus bruts nous confirme dans l'idéo que l'agriculteur se réfère à une notion do revenu proche de la valeur ajoutée brute.

Tableau n01 - Régressions épargne-revenu A partir de 337 exploitations suisses en 1969

Epargne nette - Revenu Agricole Net Epargne nette - Revenu Total Net Eparene brute - Revenu Total Brut

Equation 0,72 R - 10 432 0,76 R - 14 168 0,78 R - 17 437

r~

1 0,899 1

,

0,927

Note: Tous les coefficients de corrélation sont significativement différents 08 zéro au seuil de 99 % et sont significativement

(16)

Le tableau n02 relatif à un groupe de 40 exploitations suivies en gestion durant 7 années en Ille-at-Vilaine donne des résultats con-cordants. Ceux-ci sont même de meilleure qualité, car si l'on exclut la régression éparBne-brute - revenu agricole brut de 1967 où seulement 48 %de la variance est expliquée, les pourcentages varient entre 79 et 95. Sur les 7 années où l'on dispose des deux types de régression. il y a 3 cas où les corrélations pour une même année sont significative-ment différentes. et chaque fois au bénéfice du revenu Lotal par

opposi-tion au seul revenu agricole.

Tableau n02 - Régressions Epargne-revenu à partir de 40 exploitations d'Ille-et-Vilaine de 1963 à 1969

Epé'rgne brute - revenu

Il

Epargne brute

-année agricole brute revenu brut total

1 équation r équation r 1963 0,86 R - 2 880 0,935 0,83 R - 5 440 0,947 1964 0.92 R - 6 170 0,908 1 0.86 R - 8 630 0,887 1965 0.81 R - 2 810 1 0, 947~ 1 0,75 R - 4 480 0,938 1966 0,77 R - 400 0,931 . 0,82 R - 7 260 0,960" 1

,

1967 0,78 R - 1 330 a.697z

,

0,81 R - 9 680 1 0,945x ; 1968 0,98 R - 9 300 1 0,926" , 0,86 R -11 300 0,974" 1969 , 0,93 R - 7 500 0,970 ,1 0.69 R -12 910 1 0.964 1 1 ; , :'

," coefficients significativement différents l'un de l'autre pour une !même année.

20

) Le rôle des revenus exceptionnEls

Ce type de revenu est difficile à détecter et l'on ne dispose pas de suffisamment de cas pour étudier leur impact sur le comportement financier des agriculteurs au moyen dos méthodes économétriques. Grâce

à l'étude menée en Ille-et-Vilaine sur une période de 7 ans on a pu relever dans un certain nombre de cas las ressources extérieures non régulières d'un montant au moins égal à 10 000 F [cf. tableau n03). Ceci peut nous donner certaines indications sur. la destination de ces

(17)

16

-Tableau n03 - Destination des revenus exceptionnels supérieurs ou égaux

à 10 000 F (40 exploitations d'Ille-et-Vilaine suivies 7 ans)

1 Montant1 consom1 Equipe-iInvestiss8-i Achati Rembour- 1

de la 1 mation 1ment ment ent re-I de : sernent 1Liquidité;' Autre

somme

1

ménage p:'lse terre; d'emprunt1

; 10 000 1

,

1 1 2 500 1 3 000 4 500 1 10 000

,

1 10 000 1 x 1 000

!

7 000

,

50 000 1 ;< 1 1 ,10 1

i

11 000 14 000 30 000

,

1

,

1 11 000

j

, 17 000 8 000 12 000 2 000

,

2 000 2 000 4 000 1 12 000 1 6 000 4 000 1 1 1 x 14 000 3 000 3 000 2 000 6 000 14 000 1 3 000 3 000 3 000 8 000 15 000 1 1 1

,.

12 000 5 000 16 000 9 000 1 x 25 000 1 12 000 1 5 000 1 1 8 000 1 1 28 000 6 000 30 000 1 ~ 34 000 1 30 000

,

4 000 38 000 1 20 000 1 10 000 1 8 000

,

,

46 000 i

"

000 40 000 10 000 ; 1 36 000 1 , \11

i

1 !A2 Total 000 127 000 , 158 000 ;

,

70 500 1 24 000 500 ;

,*

Tous les achats de terre s'accompagnant d'un emprunt, on a uniquement Isignalé par une astérique l'existence d'un investissement foncier.

!

Le tableau nC3 montre qu'en très peu d'occasions (2 cas sur 16)

ces ressources exceptionnelles servent à la consommation du ménage. Ceci

va bien dans 18 sens de la théorie de FRIEDMAN 195/ '.il; selon laquelle il n'y a pas de corrélation entre la partie aléatoire du revenu et la partie aléatoire de la consommation. Il est d'ailleurs permis de s'in-terroger sur l'existence d'une consommation aléatoire chez les agricul-teurs, au sens où l'on entend chez les salariés. Le tableau n04 relatif aux mêmes explcitaticns confirme ca point de vue, puisqu'en dehors de

l'année 1967, annéE pour li'lquelle la liaison entre épargne et revenu

agricole est la plus mauvaise, il ne semble pas qu'une variation positi-ve ou négatipositi-ve de ce type de ressources ait une influence sur le nipositi-veau de la consommation. Toutefois,il convient de noter que l'on a négligé les revenus inférieurs à 10 000 F qui peuvent être plus facilement affectés à des dépenses courantes du m8nagc, ce qui peut affaiblir la force de nos observations.

(18)

Tableau n04 - Evolution respective du revenu brut total, des ressources exceptionnelles et de la consorrmation dans 40 exploita-tions d'Ille-et-Vilaine suivies 7 ans (moyenne par exploi-tation)

Année 1963 1964 1965 1966 1967 i 1968

!

1969

1

iRevenu brut total 29 770 23 360 31 850 35 fi10 40 630 57 450 58 450

~ont revenus

ex-1 370 1 170 670 2 450 4 000 4 800 1 620

1 ceptionnels

i

Consommation 10 580 11 940 12 320j13 620 17 430 19 470 19 480 1

1 1

i

On peut se demander dans quelle mesure l'arrivée de revenus provenant d'héritages ou de dons suscite l'achat de terre, mais il est impossible d' y répondre ici, car· l'acquisition foncière est chaque fois accompagnée d'un elilprunt équivalent au !1'Oins au coût enregistré. Plus sûrement il apparaît que ce type de revenu est investi pour une forte proportion dans le ménage, bien que l'investissement dans l'entreprise reste prioritaire.

B - INFLUENCE DES FACTEURS AUTRES QUE LE REVENU

De prim8 abord la manière la plus simple de mettre en évidence les facteurs autres que le revenu qui déterminent le comportement financier des agriculteurs consisterait soit à tester des relations entre chacun de ces facteurs et l'épargne, soit à enrichir la régression simple précédem ment étudiée par adjonction de nouvelles variables. Cette démarche logi-que donne des résultats assez médio~res sauf pour le capital. Aussi avons-nous essayé de prendre en compte les autres facteurs par une analyse de régression épargne-revenu, où les exploitants sont regroupés en classes de surface ou d'â~e. On applique ainsi le principe de la stratification en groupes homogènes an fonction de la variable que l'on suppose avoir une influence.

(19)

18

-Pour ce qui est de la surface, les résultats suisses qui figu-rent dans le tableau 5 indiquent surtout un comportement très particulier des plus petits exploitants (ceux dont la surface moyenne est inférieure

à 12,5 halo En effet, si l'on considère la liaison entre épargne nette et revenu agricole net, il apparaît une amélioration très sensible de la corrélation quand on passe, verticalement, de la catégorie des plus petits aux plus grands (coefficients significativement différents). Par ailleurs, il y a également amélioration quand on compare entre eux, hori-zontalement, les coefficients de corrélation des exploitants de moins de 12,5 ha selon que la régression concerne le seul revenu agricole ou le revenu total. On notera pour terminer que dans les régressions où intervient le seul revenu total, le comportement des exploitants de moins de 12,5 ha se différencie uniquement par rapport à ceux de la classe 12,5 - 20 ha.

Tableau nOS - Régressions épargne - revenu selon les strates de surface (exploitations suisses)

-

il

revenu

1

revenu agricole net revenu total net total brut

i

,

,

Classes de SAU

,

!

équation r équation 1 r équation r

moins de 12,5 ha 0,84 R - 7 186 0,605 0,81 R

-

13 888 0,935' 0,81 R - 12 655 0-:945 12,5 à 20 ha 10'72

R -

9 809 0,806 0,72 P

-

11 988 0, 813i 0,74 R - 10 312 0,834 20 à 30 ha 0,72 R -12 902 0,829 0,74 R -- 15 137 0,835(,75 R - 12 760 0,860 plus de 30 ha 10'84 R -17 734iO,911Io,86 P. - 21 312 0, 9271 0 ,85

R -

18 730 0,936 ! i !,

,

1

,

Cette différenciation du comportement des plus petite exploi-tants paraît due essentiellement aux revenus extérieurs qui représentent plus du tiers du revenu total net dans cette strate alors qu'ils oscillent

autour de 10 %dans les autres strates, comme l'ir.dique le tableau nOB.

La très nett2 amélioration de la corrélation quand on passe des relations entre épargne nette et revenu net, aux relations où figure le revenu total (r variant de 0,60 à 0,94) vient confirmer nos réflexions sur la non affectation des revenus extérieurs aux dépenses de consommation.

(20)

Bion quo ce soit malaisé à mettre en évidence, il est clair que la nature du système de production intervient dans le comportement financier, indépendamment de l'effet taille. Bien sûr, les deux sont liés, et ce n'est pas un hasard si le revenu agricole net par hectare, qui différencie cssez bien les systèmes de production entre eux, est 2,S fois plus élevé dans les exploitations suisses de moins de 12,5 ha que dans celles supérieures à 30 ha. C'est par l'intermédiaire de l'intensité en capital que se fait le lien entre système et comporte-ment financier. En effet, une orientation qüi nécessite une forte accu-mulation de capital a pour conséquence des contraintes de financement aigües, et donc détormine une cortaine attitude vis à vis de l'épargne.

Tableau nOS - Caractéristiques des exploitations suisses réparties en classes de SAU

i(

12, 5na! 12, 5-20j 20-30 1 i ha 1 ha

1:-30

ha j , 1 S5 110S 6,4 1 16,1 42,7 39.8 Nombre d'exploitations

Surface agricole utile moyenne 1

Age moyen des chefs d'exploitation' Revenu non agricole sur revenu total

net en % 1

Epargne brute sur revenu total brut

en % Revenu agricole net par ha de SAU

i

33.9 41,4 2 730 12.7 39,9 1 255 89 24,5 41.Q 7,0 44.7

11

205 77 40,4 "~2,0 7,0 55.S 1 OS5

Indépendamment de la plu~ oü moins bonne explication du montant de l'épargne par le revenu. l'effet de dimension sur le comportement

financier peut s'apprécier à l'aide de la propension moyenn8 à épargner

(cf. tableau nOS). On constate ainsi que le rapport entre épargne brute et revenu total brut après une chute entre les exploitations de moins de 12,5 ha et celles de 12,5 à 20 croit ensuite assez régulièrement, dépassant de 55

%

pour les exploitations de plus de 30 ha. Pour l'en-semble des exploitations la propension moyenne s'établit à 47 % du revenu total brut. ce qui est élevé. La variation de propension suit assez sensiblement le revenu moyen des exploitations comme en témoigne

(21)

20

-la figure n01.~nsuite. on notEra qu'il y a une a~Glioration significa-tive de la corrélation entre épargna et revenu lorsqu'on passe des rela-tions entre épargne nette et revenu agricole net, aux relarela-tions entre épargne nette et revenu total n8t. Enfin. il y a amélioration également quand on utilise des relations incluant les amortissements [épargne brute et revenu brut) par rapport à celles nettes des amortisse~ents.

Ceci mcntre le rôle prépondérant du revenu dans l'explication du niveau d'épargne et met en évidencG ce que l'on pouvait supposer. A savoir l'agriculteur considère dans son comportement d'éparbnant un

ensemble de ressources incluant les revenus annexes ainsi que les

amor-tissements.

Figure n01 - Evolution de l'épargne et du revenu moyens par exploitation

des entreprises agricoles suisses réparties par classes

de SAU 1 000 F Suisses Epargne nette 60 50 40 30 20 10 ".--.'-- "--..

,-~Revenu

~Revenu ./ /. -Revenu

--

---/ ~ Total Brut Total Net Agricole Net

----.

-

...

-

--1 \ 1 ~ ha SAU 12,5 20 30 40 2°) L'âge

En ce qui concerne l'action de l'âge l'étude de la relation épargne - revenu en fonction des classes d'âge ne dunne pas des

résultats très nets. Dans le tableau n07 figurent les régressiuns épargne nette -revenu total net, et épargne brute - -revenu total brut pour les exploita-tions suisses réparties par strates d'âge.

(22)

Tableau n07 - Régressions épargne-revenu selon les strates d'âge (exploitations suisses) 41,9 573' 0,8J ! ,0,67R-10 t: 24,4

>

55 ans ;0,65R-12 650 0,846 ! 1

1 revenu total net revenu total brut

Classes équation 1 1épargne

x100! équation épargQex100

d'âge

,

r revenu 1 r revenu

1 <: 30 ans 0,77R-10 442 0,9<'9 40,9 10, 80R- 9 179 0,955 55,5 30-35 0,72R-12 35310'8991 28,0 jO,74R-10 403 0,921 46,7 1 35-40 0,85R-17 122 0,946i 37,S

i

0,85R-15 501 0,95 52,1 40-45 0,75R-14 882, 0,671! 28,3 ,0,76R-12 471 0,90 46,6 45-55 0,73R-16 026j 0,890: 19,5

~0,76R-14

497 0,934 39,4 1

Pour chacune des classes d'âge les coefficients de corrélation obtenus avec des valeurs brutes sont significativement différents de ceux obtenus avec des valeurs nettes. L'influence de l'âge se manifeste uni-quement dans les régressions nettes (différence significative entre les coefficients de corrélation des 3 strates au-delà de 4D ans et ceux des 2 strates en deça de 35 ans). Toutefois, on peut enregistrer aussi bien avec les valeurs brutes qu'avec les valeurs nettes des propensions à

épargner plus faibles chez les exploitants âgés que chez les jeunes. Ceci tendrait à infirmer l'opinion courante selon laquelle les individus âgés, et plus spécialement les agriculteurs, épargnent plus que les jeunes. La nécessité d'accumuler un capitûl important pour produire que l'on ne rencontre plus chez les exploitants âgés, installés, donne la clé de cette observation. A une attitude de nature sociologique est venue se superposer une attitude dictée par le besoin.

3°) Le capital

L'action du capital dans le comportement financier des agri-culteurs n'est pas aisée à mettre en évidence. Le tableau nOS relatif

à des données françaises donne un certain nombre d'indications~

r- --,

cf. CASANOVA - RAINELLI et AlI. 1971 L~!' Il s'agit de régressions entre épargne nette et revenu nette et revenu net dans lesquelles la variable patrimoine total est introduite en supplément. D'autre part, les exp

(23)

loi22

-tations sont classées en deux stratEs selon l'importance du patrimoine possédé (moins de 200 000 francs français et au-delà).

Tableau nOS - Régressions multiples épargne nette fonction du revenu total net "t du patrimoine total pour des exploitations françaises classées selon l'importance de leur patri-moine (E = a R + b P + c) E R P r1 r2 r n a b c 1968 42(28 766)11 576 0,99 (28 680)26 000 0,03 149 483(48 340) 1 9 679 0,984 0,107 0,985 19 7 635 0,99 25 934 -0,01 274 689 -15 293 0,936 -0,567 0,941 ( 16 366) (14 364) (176 87e) 60 15 628 0,86 30 955 0,001 189 713 1-12 890 0,942 0,324 0,942 1969 (16 384) ( 17 779) (100 397] 12 817 0,97 31 864 0,001 343 904 -17 747 0,962 0,007 0,962 ,(39 539), (38 384) (249 885) 1 ,

,

,

; ; ,

!

On a fait figurer les écarts-types entre parenthèses.

i

Le tableau n08 montre qu'en 1968 à revenu comparabl" (environ 26 000 F), les exploitants les moins aisés, dont le patrimoine atteint 150 000 F, épargnent 50

%

de plus que ceux dont le patrimoine moyen est de 275 000 F. De même en 1969 avec un revenu moyen identique de 31 000 F les agriculteurs ayant un patrimoine de près de 190 000 F ont une épargne supérieure à 15 000 F, tandis que ceux qui possèdent 344 000 F de capital épargnent moins de 13 000 F. Ces observations sont corroborées lorsqu'on examine le revenu d'épargne nulle. Ce revenu est toujours plus élevé pour les exploitants les ~oins riches. Il y a donc une influence du capital sur la formation de l'épargne, même si dans la régression multiple l'in-troduction de cette variable n'a pas pour effet une amélioration de l'ex-plication de la variance. A revenu égal un exploitant possédant un patri-moine important a une épargne plus füible, ce qui est logique.

Ceci montre clairement que l'accumulation du capital est ressentie comme une nécessité vitale par les exploitants n'ayant pas atteint un certain seuil. Cette constatation est à rapprocher des ré-sultats obtenus en étudiant l'influence de l'âge, car il est fort probable

(24)

que l'on a affaire à la même catégorie d'individus: des exploitants assez jeunes dont l'exploitation n'a pas atteint son régime de croisière. Ce régime une fois atteint, les agriculteurs ont tendance à consacrer une part plus importante de leur revenu à la consommation présente. Ainsi dans le groupe étudié les exploitants les moins riches consacrent 44,5 %

de leur revenu à l'épargne tandis que les plus riches ne distraient que 26 %de leur revenu pour l'épargne. La différence de comportement est moins tranchée pour le groupe de 1969, les chiffres respectifs étant de

50,5 %et 40,5 %.

En conclusbn, on peut retenir sur un plan statistique que la régression simple faisant appel au revenu explique de façon fort

satisfaisante la formation de l'épargne, mais avec de meilleurs résultats si l'on raisonne avec le revenu total plutôt qu'avec le seul revenu

agricole. Il apparait également que la liaison linéaire avec le revenu brut est meilleure que celle avec le revenu net des amortissements. Dans la mesure où l'épargne constitue un fonds permettant aussi bien l'investissement de remplacement que l'investissement net, il est évi-dent que les valeurs brute sont plus intéressantes dans l'explication de la formation de l'épargne.

Pour ce qui est des variables secondaires, l'action du système de production est mal appréciée à l'aide du critère surface. La relation système de production - surface s'exprimerait plutôt par l'intermédiaire du produit à l'hectare. Dans les petites exploitations, le revenu agri-cole est com~lété par des revenus extérieurs qui jouent un rôle fort important. L'âge, facteur dont l'influence fort complexe ne peut être vraiment appréciée qu'au moyen de séries chronologiques, semble inter-venir dans le comportement financier des exploitants. En effet, on a mis en évidence un effort d'épargne plus important chez les jeunes que chez les anciens. Enfin, on a pu voir que le patrimoine,ou plus pré-cisément l'actif net, intervient dans le niveau de l'épargne. Pour un certain niveau de revenu, les exploitants qui épargnent le moins sont ceux qui disposent des patrimoines les plus élevés.

(25)

24

-L'ensemble de ces résultats confirme assez bien la théorie d'un comporten~nt financier spécifique de l'entrepreneur individuel~. La coexistence au sein d'une même unité du ménag~ et de l'entreprise fait que la satisfaction des besoins de consommation passe par le préalable de l'accumulation du capital et donc d'une forte épargne. De ce fait l'agriculteurne peut pas être assimilé à un salarié. Comme la nécessité de satisfaire aux besoins de sa famille, le pousse à chercher un certain niveau de revenu, et non de profit, l'explŒtant est tout aussi éloigné de l'entrepreneur capitaliste.

(1) Ces résultats confirment d'autres conclusions tirées de l'exploitation d'une enquête effectuée auprès des agriculteurs. Cf. BRANGEON LEON -RAINELLI 1969 i4:~; et LEON (Yves) 1971 {10:' .

(26)

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] ARNAUO(Ch.l, MAINIE (Ph.) La croissance des exploitations agricoles. Paris - I.N.R.A. - Economie et Sociologie Rurales, fascicule l, méthodologie - décembre 1968, 32 pages (doc. internel.

[2] BOUSSARO (J.M. )a~ Model of the behavior of farmers and its appli-cation to agricultural policies. European Economic Review, vol.II, n04, 1971, p.436-461.

[3] BOUSSARD [J.M.l b) Un modèle de comportement des agriculteurs et son application à la politique agricole. Cahiers Séminaire d'économétrie vol. n013, 1971.

[4J BRANGEON (J.L.), LEON (Y.l RAINELLI (P.l Le comportement des exploi-tants agricoles en Eure-et-Loir et en Ille-et-Vilaine. Consommation 1970, n01, p.91-112.

[5] CASANOVA, RAINELLI [P.l PIBALEAU (G.), ROSSIER Recherche sur les relations entre les niveaux de vie des ménages agricoles et la nature de leurs ressources. Institut National de Gestion et d'Economie Rurale-Contrat D.G.R.S.T., Juillet 1971, 37 pages.

[6J CHAYANDV CA.V.l The theory of peasant economy. edited by the American Economic Association. Richard Irwin inc. Homewood. Illinois 1966.

[7J FORTRANCL.) KLEIN(G.l L'épargne des ménages - PUF Collection sup. 1970-218 p.

[8] FRIEDMAN (Miltonl A theory of the consumption function NBER Princeton University Press, 1957.

[9] KLEIN CL.R.) Entrepreneurial Saving. Proceedings of the conference on consumption and saving. Vol. II, University of Pennsylvania,1960.

~OJLEON (Yvesl Les liaisons statistiques entre revenu, patrimoine,

épar-gne et endettement des agriculteurs d'Ille-et-Vilaine et d'Eure-et-Loir en 1965. Rech. Econ. Sociol. Rurales, n04, 1971, p.93-110.

~1JLEON (Y.l, RAINELLI (P.l L'agriculture et les autres catégories socio-professionnelles face à l'épargne. Economie Rurale, N°87, janVier-mars 1971, p.13-23.

~2JLISLE CE.A.) L'épargne et l'épargnant Dunod Paris 1967 (série

-C.R.E.D.O.C. l.

1)3)MAINIE [Ph.l Politique de financement et concentration agraire en France. Compte-rendu de l'académie d'agriculture n011- 2 et 9 Juin 1971.

84]MIZOGUCHI (Toshiyukil Consumption functions and saving functions for the Japanese farmers families in the postwar Japan - Rural Economio Problems vol. 4, n01, déc. 1967, p.20-35.

(27)

26

-[15.1

PIBALEAU (G.) Etude dynamique du comportement financier d'un groupe

d'exploitants d'Ille-et-Vilaine. Ecole Nationale Supérieure Agrono-mique Rennes, JUln 1971, 55 pages (doc. interne) sous la direction de P. RAINELLI.

[16]

RAINELLI (P.l Etude sur le comportement d'épargnant des agriculteurs suisses. Sciences Agronomiques - Rennes - Bulletin scientifique et technique de l'E.N.S.A. et du C~ntre de Recherches de Rennes - 197a.

~71 STONE (R.) Private saving in Britain,past, present and future in Mathematics in social sciences and other essays. Chapman and Hall London 1966, p. 204-229.

Figure

Tableau n01 - Régressions épargne-revenu A partir de 337 exploitations suisses en 1969
Tableau n02 - Régressions Epargne-revenu à partir de 40 exploitations d'Ille-et-Vilaine de 1963 à 1969
Tableau n04 - Evolution respective du revenu brut total, des ressources exceptionnelles et de la consorrmation dans 40  exploita-tions d'Ille-et-Vilaine suivies 7 ans (moyenne par  exploi-tation)
Tableau nOS - Caractéristiques des exploitations suisses réparties en classes de SAU i( 12, 5na! 12, 5-20j 20-30 1 i ha 1 ha 1:-30 haj , 1 S5 110S 6,4 1 16,1 42,7 39.8Nombre d'exploitations
+4

Références

Documents relatifs

De 5 ans à 12 ans Suivi Pédiatrique Evaluation Suivi Spécialiste 5 ans Consultation de diagnostic ou de prise en.. charge (Centre de référence) Consultation

Bilan ORL, examen ophtalmologique, consultation cardiologie, consultation psychologue, structure de prise en charge (CAMSP ou autre).. 6 ans Consultations de pédiatrie

La reconstruction se généralise avec le numérique : tout contenu peut être codé pour être ensuite reconstruit, qu’il soit spatial ou temporel.!. Bla bla bla Bla bla bla Bla

TOTAL 1 106 II - Autres produits à retenir pour le calcul de la valeur ajoutée. Effectifs au sens de la CVAE

[r]

1/ Dessine ou barre des cailloux pour qu’Hänsel ait 5 cailloux dans chaque main. 2/ Dessine ou barre des bonbons pour que Gretel ait 10 bonbons dans

[r]

La maquette d’une voiture a pour dimensions 22,5 cm sur 12,5 cm ;.. quelles sont ses dimensions