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Une analyse structuraliste du thème faqr (pauvreté) en ṣūfisme classique /

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Academic year: 2021

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Une analyse structuraliste du thème faqr ("pâuvret6") -en ~üfisme classique

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Jean-René Milot ".

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Thèse présentée à la faculté des Etudes supérieures

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en vue de l'obtention du grade de i

PHI,LOSOPHIAE DOCTOR (Ph.D.)

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Institut d'Etudes islamiques 6

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Université McGill (Montréal)

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février 197B -;-:1 '. '

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1978

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-UNIVERSITE

GRADE

TITRE

AUTEUR

METHODE

RESULTATS RESLK

Phi. D. (E t\Jdes islamiques)

Une analys'e structuraliste du thème .:t:,Qm: ("pauvreté")

ren ~üfisme classique

Jean-René

, /

A quoi tient

1\

~~ve;sité

des sens de

fa~,

en particulier le fait que faqr S\it synonyme de süfisme?

\

'

Au~delà deS.fk~t~urs

historiques, la

str~~ture

du concept de faqr le rend

aPt~

à exprimer l'ensemble du vécu mystique.

\

.De type structuraliste: analyse sémantique conceptuelle.

,

.

La distance entre l~'"sens "social" ("pau'vret'é") et le sens , ,"

"mystique ", ("~üfisme 1

1

')

de faqr n'est pas comblée uniquement

par une évolution his orique, mais par des relations structu-rales entre ces deux ans. En effet, dans l~s textes étudiés, le réseau sémantique

c~nc~Ptuel

de fagr révèle une

~~~ure

commune aux deux plans \~ "social" et "mystique"). qu'il s'agisse de la situatipn fQndame~tale du faqlr (non-avoir - avoir); de

s~n

attitude ou de son

c,mpor~ment.

Ce qui fait passer le ,sens du "social" au "mys~.que". c'est le jeu de~ facteurs

dif-férentiels ou coefficien sémantiques qui viennent affecter le concept de base.

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1

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1 UNJVER SlTY

DEGREE

TITLE

-

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AUTHOR

PROBlEM

HYPOTHESIS

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ABST~ACT McGill (Montreal:) Ph.D. (Islamic Studies)

A structurahst analysis of

..f:.illu:

(lIpoverty"J in t::lassical süfism

Jean-René Milot

What accounts for the diversity of the meanings of fagr, especially for the fact that faqr ~s a synonym of süfism?

Beyond the historical factors, the structure of the concept of faqr enables it to express mystical life ùS a whole,.

,

Structuralist type: semantic conceptual analysis.

The gap between the "social" ("poverty") and the "mystical" ( "~ùfism") meanings of faqr i5 not bridged only by historicai evolution, but by structural relat10ns between those two meanings. In the texts studied, the semantic conceptual network of

faqr

shows a structure ~ommon to both aspects (llsocialll and "mysticaltt ) , at the leveis of the basic situation of the fagir (nothaving -having), of his attitude and of his behavior. The meaning i5 changed from "social" to "mystical" by the differential factors or semantic coefficients which qualify the basic concept.

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AVANT-PROPOS

L'~uteur de cette thèse tient'à exprimer sa-plus vive reconnais~ance

, '

au Dr. Hermann Landolt de l'Institut d'Etudes islamiques de l'Université \ McGill. Ayant accueilli ce projet avec

s~pathie

et ayant accepté d'en

Stro

le directeur, le Dr. Landolt en a assidOment soutenu et activé le pro9rès. 5ù grande connaissance du sDfisme et sa rigueur intellectuelle ont été'à la

fois des guides et des stimulants dans la révision des,trpductions, ?ans la Il)ise é1'I.J point de la l;"léthode et dans ,la d~scussion de chacun des chel'Jitres de cette étude. Qu'il en soit ici remercié.

L'auteur désire également remercier son épouse Raymonde pnur ~es -indications bibliographiques qu'elle lui a fournies au début de

,

Sa recherche sur la méthode, et s~rtout pour le précieux encouragement qu'elle lui a ma-nifesté tout/au long de ce travail.

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6

NOTES PRELIMINAIRES

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1.

SYSTEME DE TRANSCRIPTION

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Voyelles de prolongation:

a,

j

D,

~

i

Comme nous c9nsidérons que, pour notre étude, il est encore plus

impor-tant de rendre compte d,s unités sémantiques que de la prononciation exacte desl! ~ermes, nous n'avons pas translitéré les phénomènes phoné-tiques tels que la contraction, l'élision, etc. (E.g.,

nous

avons

co~servé bi-Allëh ·~U lieu de

bi'11ah).

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(8)

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2. SIGLES ET ABREVIATlqNS

5 M Q H

.

,.. Sarraj Makki '. Qushayri Hujwiri "

Pour les trois premiers auteurs, le premier chiffre après la lettre indique la page du texte arabe, et le chiffre qui suit les

in-d~que'ta ligne. Pour Hujwiri, les prem~ers chiffres,renvoient à

la page et à la l~gne ,de la traduction anglaise, et les chiffres -,qui su:went / renvoient à la page et à la liine du'texte persan. [ ] indiquent des mots ajoutés au texte arabe

() indiquent le mot arabe correspondant au terme français, ou l'équi-valent français d'un mot laissé en arabe dans la traduction.

Cor. Coran; le premier ch~ffre ~ndique la sourate et

le

chiffre qui suit les indique le verset, selon la numérotation du

.

'

texte arabe du Caire.

,

E~cycloRédie de l'I;lam, 2e édition (Pa~, Maisnnneuve; Leyden, Bri1l: 1960 - ).

'.

"

Encyclopaedia Universa1is (Paris, Encyclopaedia Universalis France, 1972-1975).

Shorter Encyclopaedia of Islam (New York, Co~neil Univ •. Pr., 1965)

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Ll Un problème 1.2 Une hypothèse

1.3 Objectif~ de cette recherche 1.4 Les textes anelys6s

~ 2. CDrJ5IDERA TIONS METHODOLOGIQUES

)'

",

".

2,1 Histoire et structure, diachronie et synchronie 2.2 Herméneutique et analyse de contenu

2.3 Linguistique et sémantique ~

2t4 L'analyse sémantique conceptue~e

'"

3. fACTEURS DlfFERENTIE,LS MAJEURS

3.1 Polysémie et facteurs différentiels 3.2 L'axe d'intériorisation

3.3 L'axe eschatologique 3.4 L'axe de la transcendance 3.5 Relations entre les axes

4, STRUCTURE DU RESEAU SEr'lANTl~UE

CONCEPTUEL

DE fAQR "

4.1 Deux sens, une structure

4 te L'absence. le manque, le besoin 4.3 L'avoir, la r~chesse

4.4 Infléchipsement avoir - être et bipolarité avoir - non-avoir 4.5 L'attitude du faqir: contentement, conf~ance et constance 4.6 Le comportement global du faqir

4.7

Le comportement du ~ par rapport à ce qu'il n',a pas 0

4.8 Le comportement du faqir par rapport à ce qu'il a

5.

CONSIDERATIONS HERMENEUTIQUES

" 5.1 Le "social" et le "mystique" 5.2 Structure et histoire ( , 5.3 Pr,ospectiva ~ "

6.

TRADUCTION DES

TEXTES ANALYSES

'

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f,

i

(10)

" 1

1.1 Un problème 1. INTRODUCTION 1.1 Un prob lème 1.2 Une hypothèse /1 )

1.3 Objectifs de cette recherche

,

1.4 Les textes analysés "

9

-,

Dans le cadre d'un séminaire sur la mystique musulmane,. il nous a été donné d'étudier les chapitres que Qusha~ri (1) et Hujwiri (21 consacrent au thème faqr (pauvreté). Nous avons alors été frappé par ~a ,:,arHité de sens appGrem~ent disparates que prend ce terme. De f~it, à la simple lec-ture de ces textes, 6n s'aperçoit que le terme faqr dé5~gne tantât.le fait o'être démun~ matér~ellement, tantôt le fait de se mettre volontairement

"

dans cet état, et ta'ltôt faqr est le nom donné à une des "stations" (maqam)

1

-de la voie ~y'shque. Par ailleurs, on sa~t que le terme faqir (pauvre,

fa-k~r) et son équivalent persan darwish-(derviche) sont devenus pratiquement synonymes de s.üfi pour désigner l'adepte de la voie mystiqùe en Islam;

ain-, 1

si feqr (pauvrJté), en devenant synonyme de tasawwuf (6ü~isme~, réfère non plu;:;ulement 'à Ut;1 aspect 'de la mystique

"musu~mane,

m':iS à sà globalité.

Même sans considérer le sens qu'a pris le terme fakir en Occident (3), on peut se demander si la polyvalence des ~ermes faqr ~t.faqîr à l'in-térieur

m~me

du

~ufisme

ne représente pas une sorte

dius~re ~u

langage:

se-I

rait-on devant un genre d' inflat,ion verb,~le ou de glissement sémantique où

~

un mot en vient à signifier des réalités si di ff,érante;

~u'

elles semblent n'avoir en commun que le fait d'être désignées par le même mot? On peut tou-jours répondre que cette polyvùlence~ de sens est le résultat d'une évolution histprique dont on pourrùit re~er les étapes. Mais l ' même alors, on peut

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(11)

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~I 10 '1

sc dcmnnder ~ur quelle base a pu G'Op6rèr' cette évolution: y aurait-il une certaine cOh,érence entre ccr; Gens si divers? Les divers signifiés auraient-ils en commun'quelquo cho~e qui scrrit plus qu'une relation no~inùle due aux

c~riceG de l'histoire?

Y

aurait~il, au-delà - ou au-dedans - de l'évolu-tion historique et de ses hasards, un facteur plus permanent et plus cons-~ tant qui lierait les divers sens en un réseau cohérent?

Î'

1.2 Une hypothèse 1 •

'Formuler ces questions, c'est déjà s'acheminer vers une,hypothèSB.

1 t '\J'!

Revenons' tout d'abQrd au fait que faqir est devenu pratiquement synqnyme ~e

~üfi pour désigner le mystique musulman. Dans le cas du terme ~üfl, on est

\

-clairement~g~vant une désignation purement

.

~xtrinsèque, c'est-à-dire une

d~-'

signation ~ val~r historique, qui n'a de signification que par le biais de [1 l'histoire. En effAt, süfi vient très probablement (4) du mot süf (laine)

.

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.

et réfèr~ au

et qui él

été

v~tement de laine que portaient traditionnellement les as~ètes

,

-.

.

adopté par les mystiques musulmans (5). La relation entre

si-~n~fiant et s~gnifié'est ici pure~ent circonstantielle et aucunement

concep-tuelle: seules, les circonstances ont lié 1I1aim/' à "myStique". t

.'

Dans l~ cas du terme faqir, l'histoire et les circonstances ont

• ç - ..

sans doute joué un rôle, puisque de soi. "pauvreté" (faqr) ne signifie pas _ <t

• ô AI {I

"mystique". Nais la relation entre "pauvreté~ et "mystique" est-el:le pure-meht circonstantielle, comme dans le cas de ;üfi, ou y a-t-il une raison au-tre qu'historique au fait que le ~üfisme s'est approprié les term~s faqr et

~, plutôt que d'autres termes,- pour désigner la mystique 'mGsulmane

et

ses adeptas?

Devant cette questio~ l'hypôtRèse que nous formulons Bst la sui-vante: la structure du'concept de faqr le rendait apte à exprimer la réa~i-.

\ ( . . .

-

\

t~ mysfique telle que vécue

.

pa~ les süfis. En effet, faqr

.

-

représe~te un con-cept qui n'est pas pu~ement religieux, par 'contraste avec un terme comme ta-wakkul (confiance en Dieu), par exemple. Faqr désigA9'd'abord une réalité

-'

sociale, la pauvreté; indépëndemment de son utilisation en mystique, ce '" ,

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(12)

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conEept a déjà unè signification bien campée.

l i

C'est précisément la struc-ture de cette signification, i.e. la strucstruc-ture oémantique conceptuelle de ~, qui, selon nous, a favorisé son uti\isation en mystique.

Avant de préciser çette hypothèse, i l nbus faut d'abord indique; en -

que~

sens nous utilisons ici les termes "sO[iaP' et "mystique". Cette

utilisation nt est p~s le résultat d'une distinction t~éorique bien t~anc,h~~_ où ces termes seraiont définis pour eux-m~mes indépendamment de ,leur appli-cation à n9êSeochamp d'étude. La distinction que nous faisons relève plu-tôt d't une désignation émpiriql.le liée aux textes que nous avons étudiés: pour distinguer deux 'aspects de faqr tels qu'ils 'se présent~~t dans ces textes, nous avons cru commode de les déâi'gner par les termes Jlsocial" et "mystique".

,.

Sur la base du relevé des'! descripteurs (6) -;;ussi bien que des dis-tinctions explicitement formulées par H~jwlri (7), on constate que faqr si-gni fie, en gios, deux 1 tyles de réalités, qu'il prp,,,d deux sens typiques •

Par. exemple, dan~ la phrase IILa pauvreté est l'absence de possessipns (am18k)

r ( . , . 1,,00

-et le fait &'échappe:s aux règles (a~kâm) des attribut~.{~ifat)1I (Q 546:6),

la première partie représente un aspect extérieur, apparent, premier, po~u­

llaire, exotérique, par contraste avec la deuxiè,me partie qui, elle, repré-sente'unraspect intérieur, caché, second, spirituel,·és~térique(B). Nous avons choisi de dé5!igner le premier 'aspect par le terme "social" et le second par le terme "mystique", tout en étant conscient du fait que les réalités ainsi . désignées ne répondent pas forcément~tDujours à toutes les connotations des • termes choisis. C'est pourquoi nous mettons habituellement ces termes entre

1 ~. ,

gu~llemets, pour indiq~er que nOus ne les utiliso~s pas

d'un1

façon absolue mais d'une façon c~rrélative, i.e. de façon à signaler qu'une réalité repré-sente plutôt l'aspect extérieur que l'aspect intérieur. Cette façon de pro-céder est peut-être di~cutable du fait qu 1 elle donne aux termes "social" et

" ,

"mystique Il un sens, assez large,; 'mais nous croyons que, moyennant la

conven-tion de départ que no~s venons d'indiquer, le sens don~é à ces termes répond aux besoins d'une métnode qui, comme nous le verrons, essaie de partir des textes eux~mêmes pour en cerner les catégories et ensuite leur trouver un

~'~~ ...

nom, plutat que de partir de catégories rigidement établies a priori pour ensuite plier les textes à ces catégories'. C'est en

96

de désignation empiriqu~

s~ou.

parlons

/

(13)

Il

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'1'

~ \' t , '(' (12 , 1

Nou~. pouvons maintenant revenir à notrè hypothèse et la reformuler ainsi: sans préjuger des circonstances'qua ont contribué à l'évolution du sens des termes faq'r et faqir en les faisant passel' du ".social n au "mystique",

on peut dire que cette évolution n'est pas purement fortuite ou que le sens "iystique Il donné

~

ces termes

c?'

e~t

'pas

p~rement grat~iÏ.

t, car le sèns "social"

de faqr et son sens "mystique" .ont la même structure de base. Entre "pauvw-'

----

~-té" entendue LIU sens lt~iOcial" et "pauvr~té" entendue au sens "mystique" st

devenue synonyme de ~ufi3me, le lien est plus que nominal et historique; il est concept~el. Car dans un cas .comme dLlQs l'autre l'analyse des textes lais-se voir une même structure sémant1que,cqnceptuelle: au-delà des ~pparences,

. les deux t."es de

réiÜité~

signifiées par

fTIr

sont liées par un': même

st~~c­

ture de signification.

,1.3 Ob jectifs de cette re/CherChe

,

,

""

En posant le 'pt'oblème dé la polyvalence de faqr et en formulant

no-- no-- 1

tre hypoJhèse à ce sUJ et, nous avons lltion histor1que et strùcture.

tabli un certain contraste entre

évo-logique ae type structuraliste, synchronique,

csquiJser une option

mé~,hodO­

plutôt qu'historico-génétique,' diachron1que, Nous ~réciserons au chapitre suivant les implications de cet-te option; pour l'instant, nous voulons en s1gnaler leS/~isées, quise

si-•

tuent à la fois au niveau ~e la méthode et au niveau du contenu.

,

Au niveau de la

METHODE)

notre obJ:ctif est d'expérimente~ për une étude de cas les possibilités qu'offre, pour l'étude de la pensée et des ins-tituhons islamiques, un outil rela'tivem~nt nouveau, Le. üne approche de

ty-pe structura~iste. Comme lIa fait l'orientalisme en générql, les études is-lamiques ont constamment mis ~ profit les tendances éulturellas et

scienti-~iques

qui ont surgi auofil de l'histoire, comme, par exemple, au 19B siècle, la philologie, l'ethnologie, l'histoire, la~Reliqionwissenscheft. et au 20e siècle, la sociologie, la psychologie, l'anthropologie. Plus récemment, le

1 •

structuralisme ,a retenu l'attention. ~ar-delà les formes multip~es.qu'e\\. /' prises le structu~alisme, ce terme est devenu une sorte de ,dénominateur

cam-I

" 1

'mun qui désigne "url ~déal ou des etlpoirs d' .iAtelligibili té intrinsèque,

fon-l

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(14)

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dés sur le postulat qu'une strU€ture se ~uffit à elle-m~me et ~e requiert pas,

\

pour être saisie, le recours, à toutes sortes d'éléments étrangers à sa natu-re" (9). Cette attitude intellectuelle s'~st manifestée dans divers c~amps

de recherche, depuis la biologie jusqu'à la philosophie. Dans le domaine de la linguisti~ue et de la sémantique, le structuralisme s'est considéra-blement développé et semble offrir un précieux complément

,

à l'exégèse cou-rante. En adoptant une optiqûe structuraliste, nOL!s.'lioulons modestement son-der l'apport potentiel du structuralisme aux études islamiques et en parti-culier 3 l'étude de la mystique musulmane (10).

Au niveau du CONTENU, notre 'objectif immédiaT. eS,t d'élucider le sens et la portée du concept .de faqr tel qu'il apparaît dans certains trai-tés du ~üfisme classique. L'étude des termes techniques (if~ila~àt) de la I)lystique musul'~e c~nsti tue une importante 'voie d'accès à la compréhension du ~üfisme, co~e démontrent les travaux de Louis ~'iassignon (11) ,et ceux, plus técents, de Paul Nwiya (12). Toutefois, à la différence de ces auteurs, •

1

notre propos n'est pas une étude historico-génétique d'un ~nsemble de te~es selon une gril~e d~~chronique remontant Jusqu'~u Coran, mais plutôt l'~nalyse

1

structu~a~e d'un terme particulier (faqr) selon une grille synchroni~ue

ap-pl~quée à des textes appartenqnt à une période relativement restreInte du süfisme.

1.4 Les textes ana1vsés ,

.

Précisons tout de suite le sens de 1'expression "en ~üfisme clas-sique" qui figure dans le titre de notre thèse. Par cette expression on , ,

dé":.

signe habituellement la période où le süfisme a acquis ses lettres de

,.

cr~­

ance dans la communauté musu1manè, non plus comme un phénomène marginal, mais comme un mouvement ayant des 'obJectifs bien définis 1 ses pratiques propres,

1

et une pensée articulée; cette période correspond e~\gros aux

3e/ge,

4e(10e, et Seille siècles Ü3), .. al-&hazzâli (mort en 505/11U) étant considéré

eom- •

me marquant la transition avec le ~üfisme .poat-classique. Notre propos n'est pas de disc~ter les mérites de cette façon, de voir l 'histoire du l?üfisme,'" 'mais simplement de préciner concrètement l'~ire·de notre recherche.

(15)

,

.

(

.' , , ~ , ~ ~, ... ,,,", ."

14

A l'intérieur de cette période, nous n'avons pas fait le relevé systématique de tous les textes où il est ques~ion de füqr, entreprise qui

~urait lar~emcnt débordé le cadre d'une thèse de doctorat. Du, reste, tandis que d;:Jn:,~[Jt1que tustorico-génétique, l'idéal est de trouver tous les

maillons~ouvant reconstituer une chaine, dans une optique structuraliste, i l s ' agi" d'avoir une coupe "textuelle'

5uffis~nte

?our que l'analyse puisse

y rep~r lc~ structures de'~~Qnif~cation. A~nsi, nous avons porté notre attent~on ~ur 1er, 3rand~ trù~tés ou manuels qui représentent, selon l'expres-sion oe G. C. Annwati. "la dootnne class'ique de l' itinéraire spirituel" (14).

Lncore là, nous nous en sommes habituellement tenu aux chapitres

.

e?,pressément cbl1SLlcrés à faqr dans les principaux exposés classiques d'.J~

!?ü-fisme, i.e. ie'KiUib al-luma' d'Abu tJfl~r al-SarrâJ (mort en 378/988), ',le [Iut ùl-qulüb C' Abû T~Uib al-f1akkl (mort en 3B3/993 ou 386/996), la RisiUa d'AbD al-Q5sim al-Qushayri 1mort en 465/1074), et le Kashf al-ma~jDb'de 'Ali

bin 'Uthman ,ü-HuJ~~iri (mor~ entre 465/1072 et 469/1076-77) (15). Nous n'a-vons pas ~etenu 10 Kitâb al-ta'arruf d'Abu Bakr al-Kalâbadhi (mort en 380/

790 ou 38,4/9'94), p~rce que le chapitre sur faqr est très court et qu'il l1e

/"

semb}e pas apporte~ d'élément vraimGnt d~fférent par rapporr aux autres

traités. 1

Sans nous attarder au contexte historique de ces ouvrages, puisque , , ce sont d'abord les textes eux-mêmes 'qui importent ici, soulignons toutefpis que ces traités correspondent à un double besoin. Ils se 'présentent,comme des gu~des destinés

n

l'usage interne des milieux initiés pour tracer la

vdie et ?ignaler les écueils. En même ,temps, ils s'appliquent à rendre le

~üfisme compréhensible et acceptable pour l'ensemble de la communauté musul-mane. Echelonnés sur une période relativement courte ,- environ un siècle - , ces traités présentent une certaine homijgél1éité de facture et de contenu gé-'néral tout en reflétant la formation et les préoccupations particulières de

leurs auteurs ainsi que leur mil~eu. Chez r1akki, par exemple, on ne peut

s'~mpêchbr

de remarquer une forme

d'argumen~tion m~iculeuDe

qui s'apparente à celle des fuqah5 ' (Juristes religieux), alors que chez Hujwiri, on sent

~, 0 ..,

plutôt les catégories logiques des fal5sifa (philosophes he~l~nisants).

De

telles différences sont t:t'ès signif~antes au plan des connotations

histori-i.

(16)

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faqr apte à ,désigner des'réalités à prime abord très diverse~. Ce t~pe d'ob-jectif est'fintimement lié à une optique méthodologique que ndus allons main-tenant 8voquer. , 0 ", " j ' • ~ -,~ .~

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16

NOT ,E S (chapitre 1)

(1) Abû a1~Qâsim a1-Oushùyri, A1-r~sala al-qushayriya fi 'ilm üljtaf6wwuf (Le Ca1re,

Dar

al-Kutub a1-~adith~, 1966), pp. 536-549.

(2) 'AlI b1n 'Uthman ni-Hujwiri, Kashf al-mahj~b, , trnnslnted by R.A. Nicho1-son (Ley~en, Brill, 1911),' pp. 19-29.

(3) Par exemple, on 11 t d<lns le Nouveau petit Larousse au mot fakir: "Ascillte musulman. rJom donné en Europe aux ascètes de l'Inde. Personne qui pré-tend connai tre l' aven~r." Dans les journaux, il n'est pas rare de voir un ufakir", pas forcément un or1ental, étendu sur un lit de clous ou en traln d'avaler du feu.

(4) Cf. 5El, ITi3~awwuf", p. 579.

1

(5) Cf. Fritz rieier, "la voie mystique", dans le ",onde de l'Islam, éd. Bernard Le\-lis (Bruxelles, Elsevi~r Séquo18, 1976), p. 120.

(6) Par "descriptéurs", on e~tenc'l toutes les expreSSl.ons qui, pour les

ùu-~eurs des textes analysés, déflnlssànt ou qualifient la notion à analyser (faqr, dans ce cas-ci).

(7) Cf. 3.2.2, pp. 38-39.

(B) Le sens "mystique" de

1:

expression "sortir des 13 ttril:n.Jts'" (rÊlprise aux pp" 34, 44, 8B, 161) est corroboré par un passage de QushaJri sur le fa~a'

(cité plus loin, pp. 123-4, notes 18 et-19), et aussi par Ibn Khaf!f lui-même selon la traduction persane de la 51rat-i Ibn al-Khafïf de Day1ami éditée par Annemûr~e Schimmel Tari (Publications de-la Faculté de Théolo-gie d'Ankara, XII), Ankara, 1955, introduction, p. 33, et texte, p. 214, li. 16-22 de la 2e partie du ch. 12. La traauction perdane de Qushayri

(Tarjuma-i Ris~la-i Qushayriya, Téhéran, la45/l967, p. 461, li.B) n'a pas

~~kâm, tandis que 'A~~5r n'a pas a~kâm mais ajoute ~ (Tadhkirat

81-Awliya', édité par R.A. Nicholson, Londres, 1905-7,

vol.

II, p. 131, 1i.14).

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(9) Sean r.iaC)et, Le :Jtructur'alisrne, ".Que

SiÜS-j~l,

"no. 1311 fariS, P.U.r.,

1970h p. 6. 4

(10) A notre connu~~sance, le seul ouvrage de type structuralista ayant trait uu ~üfisme est l'ouvrage de Benedikt neinert, Die LehrB vorn tuwakkul in dçr k1nss~schen Suf~k (Berlin, Walter de G~uyter, 1968). Mais nous croyons que

n~iqUe

se rapproche

dtlvanta~e

de celle de Toshihi"ko

Izutsu dans son ouvrage Ethico-Rel~gious Concepts in the Qur'an. (f-1ontrea1, r'1cGill, Un~vcrsi ty Press, 1966), en se distinguant nettement de celle qui ·préside à 1'AnalYee conceptuelle du Coran sur cartes perforées, par

Mi-chel Allard, r~uy Elzière, Jean-Claude Gardin, Francis Hours (PariS, Mou-tdn, 1963).

\.

(11) En particulier .. s~ai sur les orlqines du lexique technique de la Mystique musulmane (Paris~ Vrin, 1954), et La Passl0n de Husayn Ibn

r~ansûr HallS;: martyr mystique de l'Islam, exécuté à Bagdad le 26 " mars 922: étude d'histoire reliqleUSe, nouvel:e édition, Bibliothèqu~

des idées, 4 vol. (Paris, Gallimard, 1975).

"1

(12) Paul r~wyia, Exégèse coran~gue et langage mystlgue. Nouvel essai sûr

le lexique. technique des mystiques musulmans (Beyrouth', Dar el-Mé3chreq,

1970) .

(13) Cf. par exemple Fritz Meier ,,:,o.i-Fr".:...::c=.=i:.;:t..:.., pp. 133-134,.

(14) G.C. Anawati et L. Gardet, Nystigue musulmane (Paris, Vrin, 1951), p. 40.

(15) On trouvera au chapitre 6, pp.1BI 55, notre traduction des trois

pre-miers textes et celle de R.A. Nicholson pour le quatrième. Pour la dis-' cussion au sujet de la date de la mort de Hujwirï, voir fritz Meier,

~bu Sa'id-i Abü 'l~~ayr: Wirklichkeit und Legende, Acta Iranica 11 (Téhéran, B~liothèque Pahlavi; Leiden: Brill, 1976), pp. 10, n. 75,

385, n. 15.

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,1';-2. CONSIDERATIONS

METHODOLO~QUE5

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2.1 Histoire et structure, diàchronie et

,synchronie

/2'.2

H erméneut1que et analyse de contenu .

-2.3 Linguistiqu~.et sémantiqur

2.4 L'analyse sémantiqué conceptuelle

"

lB

..

Notre

recher~he comporte~

objectif au plan méthodologique, i.e. expérimenter les po4S~bilités qu'offre une approche structu~aliste pd ur la compréhension du ~ühs !'-1ais cet objectif est lui-même subordonné à l'ob-Jectif prkncipal qui s niveau du contenu, à savoir l'élucidation du thème faqr. C'est pour uoi nous n'entendons pas pOlJsser à fond., l'exposé et la discussion d'une on méthodologique qui, à elle seule, pourrait faire l'obj et d'une thèse d~ ~ ,ctorat, pour dire le moins. Ce bref chapitre a

.... ~~~

donc pour but premier de situer notre approche par rapport à d'autres appro-ches possibles et de décrire le cheminement de la recherche.

J Il ne s'agit

donc pas d'explorer les discussions théoriques qui entourent le structura-lisme, la l~nguist~que, la sémantique et l'herméneutique,~ais simplement

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1

d'évoquer les éléments qui rendent intelligible et motive~t l'aRPlication

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pratique que constitue, l'analyse -faite, dans les deux chapitres ~~incipaux. ~ Nous

distknguer~ns

d'abord le structuJalisme de

l'~pproche

de type

histo~o-

,

génétique, pour ensuite situer. à l'inté~ieur du structuralisme, l'analyse sémantique conceptuelle par rapport à l'herméneutique, à la linguistique et à la sémantique; nous plique cette'mét~ode.

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indiquerons ,

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1

enfin le cheminement eoncret

(20)

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2.1 Histoire et structure 1 diachronie et synchronie

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19

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Q~and on se demande à quof tient la multiplicité des ~ens de faqT

de peut, envisager deux grands types de réponse. Un premi~r

~y-t prendre comme modèle l'approche de L. Massignon e~y-t de P. Nwyia il s'agirait alors de retracer l'évolution historique du terme faqr en dressant une liste des sens qu'il a pris dans les ~crits mystiques de diver-ses pér~odes. On aboutirait alors à une sorte de lexique diachronique ';on-t ran';on-t le passage d'un sens à un autre dans le temps, depuis le Coran j us-qu'aux grands traités de mystique.

Ce type de réponse rel~ve de l'approche historique, diachronique,

l.e. de la tendance à,expliquer le présent par le passé en établissant l'or-dre de succession dans le temps et en montrant comment un élément est li6 à

!V'<~" ~ ....

un élément antérieur par le biais de faits historiques. Cette approc~e a faJ. t ses preuves en dl.vers domaines, et nw. ne saurait nier son précieux

ap-,~

port à la co~préhension du süfisme. Mais, en même temps, on ne sauraIt prr.~ tendre, au plan théDrique, que Ifapproche.diachronigue épuise les possibili-tés p~ compréhens~on d'une réalité aussi complexe que la mystique musulmane. Par ailleurs, au plan pratique, la confection d'un lexique diachronique du te=me faqr demandora~t, pour être valable, une recherche hors de proportion avec une thèse de dDctorat. C'est donc pour ces deux raisons, théorique et prùtique, que notre intérêt s'est porté sur le deuxième type de réponse,

fe

type structuraliste, synchronique.

1

L'ordre synchronique, ou "ordre des simul tanéi tés", est l'ordre du syst~me, de la st~ucture, par contraste avec l'brdre de la succession. Dans la tendance synchronique, on essaie d1expliquer,chaque phénomène comme ~an~ la manifestation d'une même réalité (l'esprit humain) présente, sous la tor-me d'une structure, à tous les stades de l'humanité. la découverte de cette structure est la tâche de l'analyse structurale, discipline rendue célèbre

J

t

par F. de Saussure (2) en linguistique et Cl. Lévi-Strauss (3) en anthropo- " l logie. Historiquement, cette tendance peut être perçue comme une réaction

à lu tendance qui, depuis le 1ge siècle, ,semblait voir dans l'homme une his-toire b~en plus qu'une nature. Comme toute réaction, le structuralisme

(21)

-- '

(

\

-20

comporte den risques cl' excès et de totalitarisme; s' i l importe de distinguer histoire et nature, diachronie et synchronie, histoire et structuralisme, on ne saurait les opposer d'une façon exclus1ve au point d'oublier que l'homme est à la fois nature ET histoire. Au niveau de ,la compréhension globale d'un phénomène, ces deux approches, dans la mesure même où-on reconnaît leurs ca-ractêres d1stincts, deviennent complémentaires plutôt que mutuellement exclu-sives.

Dans le CLlS qui nous occupe, i. e. la polysémie du terme fagr, notre analyse est d'ordre synchronique au niveau de l'objectif: elle recherche une structure du sens et non une succession des sens. Elle l'est aussi au niveau de la méthode: elle recherche le sens à l'intérieur des textes eux-mêmes et non en scrutant d'autres textes antérieurs ou postérieurs. Ma1s. au po~t('1

de départ, la structure recherchée est histor~quement située: c'est la s~uc­ turè de fùqr à une période donnée. S'il importe, dans une optique structu-ra~iste. de ne pas projeter sur fagr des sens antér~eurs ou postérieurs à

nos textes, il imp~rte tout autant de ne pas substituer la structure à l'his-toire en prétendant que fagr a nécessairement la même structure et le même sens à toutes les périodes. A la limite, on pourrait découvrir une structur~ de base qui sera~t fonda~entalement la même à qive~ses périodes, mais il

res-"

terait toujours que l'évolution du terme, alors considérée comme une série de variantes de la structure de, base, seril.it tout <JUSS1 signifiante que la structure en vue d'une compréhension globale.

Tout en nous efforçant de respecter, au long de notre analyse, le caract~re propre à une méthode structurale et en distinguant les niveaux d'in-telligibilité différents auxquels l'explication diachronique et l'explication synchronique donnent accês, nous considérons ces deux types d'approche comme complémentaires (4), et nous essaierons.:à la suite de l'analyse structuIi'ale et en un temps distinct, de suggérer certaines l1gnes de convergence, certains

rapports entre les deux approches, en vue d'une compréhension plus générale du süfisme à partir du cas de faqr.

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(22)

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21

(.? Herméneutique ct analyse de contenu

Opter pou~ une ûpproche synchronique, structuraliste, plutôt que ùiDchron~quq, c'est expr~mer une tendance, une intention générale; ce n'est pas encore indiquer une méthode précise d'analyse. A cet égard,

l'expres-G~on "analyse structurale" peut porter à faux en donnant l'impression qu'il s' "gi t d'une méthode bien déte~inée dont l'application quasi-mécanique per-met de [pc!'-J:or la structure de n'importe quel ensemble de données. En

ré-al~ té,

1"

l' annlyse structurale" est bien plus un concept' analogique qui ré-fère à

V

~'ne mentalité et à une optique communes à des méthodes diverses devi-

.

sées pour répondre aux besoins spécifiques de différentes disciplines. Aus-

,

si devons-nous ~aintenant préciser de quel doma~ne relève la méthode

d'ana-lyse que nous allons mettre en oeuvre: se situant entre l'herméneutique et

le] linguishque, cette méthode reiève de ,l'analyse de contenu ~lutôt que de l'herméneutique, de la sémantique plutôt que"de la linguistique, et elle

vi-'1

se le contenu impl~cit~ ("conceptueJ.:") plutôt que le seul sens manifeste.

Au début d'un volume qui rassemble la matière des'séminaires'qu'il a dirigés (5). Roger rlucc,hielli ind1.que que l'analyse de cc;.ntenu, entendue au sens large, réfère à l'actlvité de l'lntell~gence humaine qui, par ;'abs-tract~on, l~~~ductiQn et le classement, essaie de découvtir le sens d'un

~

fplt O~ d'une communication. Selon cet auteur, les deu~ orientations

prin-cipales de l'analyse de contenu se dessinent dès les débuts 'du langage écrit: d'une part l'herméneutique, d'autre part la logique.

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,

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1

,

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1

i

Sur la ligne de ~'herméneutique se rangeront toutes les interpré-tations des textes énigmatiques; les exégètes des textes ~créa de toutes les religions se succèderont, et cette voie débouche sur la psychologie avec la psychanalyse. Son

P~tUlùt

c'est qu'un sens caché existe à l'abri du texte officiel qu'il faut décrypter avec un code spécial ou clé des symboles. Un être mystérieux

et

tout-puissant, qui ne cherche pas à se dévoiler, dit quelque chose

en disant autre ohose; pour les religieux

e~les

prophètes, cat

li

être c'est Dieu; pour

rREUD,

c'est l'inconscient

(6).

(23)

(

>) D

(

,

J

22

Quant à la ligne logique, elle aboutit, entre autre~, à l'a-nalyse de contenu entendue, cette fois, en un sens plùs strict, en référence avec le souci d'éviter "le recours à l'intuition, aux impressions pprsonnel-les, et d'élim~ner la subJectivité de l'opérateur:

Il me parait évident que la psychanalyse a s~rvi

,

de contre-modèle aux premlers méthodologistes, parce que hors d~s gardes-fous du texte et du "contenu manifeste", la voie leur parélÏssait ouverte

..

(et dongereuse) vers des suppositions gratuites'ou seulement ga-ronties par l'intuition, même g6niale, de leur auteur (7).

Prise en un sens strict, l'herméneutlque est l'a~t d'lnterpréter les symboles, les ~nlgmes et les textes à plusieurs sens; :contrastée avec l'analyse de contenu, elle devient typique d'une recherche de sens effectuée

à l'aide d'une gr~lle' provenant de l'extérleur du texte plutôt que du conte-nu mêne du texte à analy~er:

D'une certaine monlère on peut soutenir que tout éffort d~ connais-sance ou de co~préhension est une lnterprétation at donc dans quel-que mesure une herm~neutique. C'est exact par le ~alt même de

.... '

-l'interprétation. flals Justement l'élnalyse de ~enu est un en-semble de méthodes d'évltenent de l'interprétéltion au sens où ce mot impllqûe l'lntcrvention d'un système ù orlori de traduction, ou d'une télble de décodage qui n'est pas tirée du contenu particu-lier étudié (B).

On rejoint ici le propos de T. Izutsu: on peut cerner les concepts

éthico-raligie~x dans le Coran par différentes approches; on peut partir des catégories élaborées par la loi musulmane ou par la théologie musulmane, ou

encore on peut glaner divers enseignements moraux contenus dans le, Coran, et les

une

mettre en ordre sous le titre "L'éthique du Coran". Nais l'auteur adopte approche qui

tir~'~~~ntenu m~me

du Coran une grille

dlintBrprétat~on:

My concern in

tb~

book

~s

of an entirely different nature from

-v

these and si:ilar undertakings. The difference lies mainly in the analytic method l am going ta apply ta the Qur'anic data, which ia

ta make the Qur'an interpret its own concepts and speak for itself

(9).

.

te ri tbIh t» Th S' 1 ",1 l, ~ L

(24)

(

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23

Ceci dit, il reste à préciser ce qu'on entend par "contenu", et là, on rencontre deux types d'affrontements; d'une part il y a l'affrontement entre les tennnts du "contenu manif~ste" et J,es tenants des "inférences"; d'autre part, il y a l'affrontement entre ces deux derniers et les linguis-tes. En ce qui concerne le premier affrontement, la volonté de se cantonner dans le contenu manifeste était l~éo à la hantise de l'arbitraire subjectif

représenté par le cantre-modèle de la psychanalyse. Mais, ~ en 'rester là, on risquait de tomber de Charybde en Scylla, i.e. de subjectivisme en réduc-tivisme:

La nécessité d'inférer au-delà du contenu manifeste s'imposa pour-tant à beaucoup .de théoriciens. Inférer (ou faire des inférences) c'est dépasser les données pour atteindre quelque chose au-delà, en rappor~,avec <.-, les données, c'est donc prendre"les données pour un che~in vers-autre chose qui n'est pas dans les données (10).

Tout en constatant que le débat reste ouvert, flucchielli indique qu'il y a un terrain d'accord !possible, sur l~quel se situe précisément la méthode que nous avons adoptée:

Ils pourr3lent être d'accord sur le fait que èe qu'ils cherchent .'

doit ~écessa1rement se trouver ~ le cpntenu, celui-ci englobant

, ~

une nanifestat10n et une im~anence, un ob~ervùble et une structure plus ou moins voilée, un sens' 1.1fIméd1at et un double sens (11).

Nous précisérons plus lo{~ l'aspect d'explicitation Rue compoTte

1

l,' analyse sémanhque conceptuelle, après avoir ~xam~né l'enjeu de l' affronte-ment entre la linguistique et la sémantique, enjeu beaucoup plus crucial, comme le note r1ucchielli, flon sans une po~nte d' humour: IIBeaucoup plus grave est le débat avec les linguistes, qui, eux, feraient volontiers de l'analyse de contenu sans contenu du tout (12).

(25)

-"

24

"

2.3 Linguistique et sémantique

L~affrontement

entre

linguist~que

et sémantique est en bonhB partis

"

lié

à

la recherche du sens.

La problématique du sens, depuis longtemps axés!

sur le rapport

e~tre

signe et sens et

la

relation entre signifiant et

signi-fié, est une qu;stion

r~ndue trè~

complexe tant par son histoiÇe que par les

enjeux philosophiques qu

1

elle compprÎ;e (13).

rJous ne pouvons évidemment

a-border ce débat pour

lui-m~me, mais

nous devons en signaler certains aspects

dans la mesure ou tel a est

nécessa~re

pour, situer notre option

methodo1ogi-que face

à

l'

ambi~u~

té que ce débat a conférée au terme "sémantique".

~epui5

F. de Saussure, on a coutume de distinguer langue et parole,

la longue étant un fait phonético-lexico-social, et la parole étant l'usage

de la langue par quelqu'un

pou~

dire quelque chose de personnel.

En

définis-. ---0

'

sant la linguistique comme

sc~ence,

Saussure en a exclu la parole

à

cause de

son caractère particulier et de l'aspect subjectif que comporte la

découver-te du sens de la parole. A ce stade, on pouvait donc concevoir la

linguis-tique comme la science de la

lang~e.

et des langues comme systèmes de

commu-~ication

sociale antérieurs et

ex~rieurs a~x

sujets parlants; comme telle

1

la langue est un fait d'observation qui <peut être décrit

e~

étudié en tant

que 'système, en

t~nt

que structure. La sémantique, elle, pouvait se

présen-ter cQmme la science du sens de la parole.

~1ême

si le 'sens était exclu de l' obj et de la ltinguistique , "la

possibilité de principe de subordonner la notion de sens

à

celle de

~e

est contenue dans l ,'analyse, aujourd'hui classique,' du signe par Ferdinand

de Saussure

rt

(14). Cette possibilité s' es't traqui.te en réalité dans la

ten-dance des linguistes modernes

à

situer le sens du côté e laflûngue, si bien

que la "sémantique", Le .. la science du sens, devient ta

1 \ _

F~ience

du vocabulaire de

la

langue, puisque le sens est

gue.

A cet égard, le titre d'un ouvrage de John Lyons est part'

s~gnificatif:

StructuJal

Se~antics.

An Anal

o~

Plato. Titre et sous-titre indiquent

d~jà

ce que l'auteur explicite plus

"

loin en' une théorie du sens,

à

savoif que 1e sens (llsemantics

If)

dei t @tre

cherché dans la structure

relat,ionne!~e

("structural") des unités

(26)

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..

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...

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1

1

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25

ques ("vocabulary") 1 sans égard à leur contenu:

- l consider that the thcory of

m~ànit(g

>!wÙl be more

~Dlidly

based

~ \

if the me~ning of a g{vcn linguistic unit is defined te be the

set of (paradigmntic) relations that the unit in question contracts •

1

with other units of the language

c (in the context whicn it occurs), without any attempt being made tents" ,for these units (15).

or :0rfE'xts

i.Jlt te set~

"con-~

Un tel programme jus-tifie Ipresque la bou.tooe de t1ucchielli, à sa-voir que les linguistes fera~ent volontiers de l'analyse de, contenu sans con-tenu du tout. Quoiqu'il en soit, ce genre de postulat qui rend le sens im-, manent

n

la langue est re~is en cause par Ricoeur. 'Celui-ci,piopose, au

\

plan théorique, une "linguistique du discours" comme transition entrl!l la lin-guistique de la langue et une "sémantique philosophique" qui ne prend ,pas en considération l'investigation des signes

(16).

Au plan ptatique, cette

J'

"linguistique du discours" nous semble correspondre assez bien ~ la place qu'occupent les méthodes d'analyse sémantique (recherche du sens ~u niveau. de la parole du texte), dlituées par rlucchielli (17) entre le domaine;Je" la

~ /

linguistique (recherche du sens au niveau de la langue du texte) et le do-maine de l'he~éneutique (recherche du sens à l'aiae d'une grille vena~t de

l'e~térieur du texte).

~---

;

Notre option méthodologiq~e se situe dans cette optique. Pour l'a-nalyse sémantique conceptuelle, le sens est à cherchèr non pa~ dans les struc-tures de la langue, comme le fait la "s6mantique str cturale" de Lyons,

ma~s

dans les structures du contenu, de la Rarole.,

Le

con nu est alors

considê-',...!Î l'

ré comme un syst~me ~istinct du système de la langue Sans, nier que le sys-t~me de ~a langue soit porteur de senS, nous voul ns plutat cerner le sens que recèle la structur

m

du contenu de faqr, en éta~t consèient que ca

conte-.. • f\ '

• nu" est lui-m@me lié à la lar,gue sans pourtant s' y réduire. Et ceci

,

nOlis

a-• mè-ne b précisèr l'objectif de l'analyse sémantique conceptuelle ainsi que

"'''1. l sQn fonctionnement concret. f' .. 1 \ ~ o ,

.

~

:J

" 1

(27)

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2.4 L' ;:In<lll/sc sémi'lntigue conceptuèlle

r:.. •

L'analyse sémantique conceptuelle vise fI au-de1l! du contenu

mani-feste, le con\cnu implicite d'un texte:,

L'implicite se~a ici non ~as un autre sens, caché SOUS le masque

,

du premier (ce qui nous sauve de l'herméneutique), mais la struc-ture de la signification ~u texte qui, elle\renvoie aux princi-pes de lù pensée des locuteurs, à leur cadre'de référence, à l'or-ganisation interne de leurs opinions, à leurs conc:ptions mêmes,

/ '

considérées comme un système (18).

Le langage du texte devient al ore un

chemi~,

un

me~ur

d passer

~

sens premier en direction du sens implicite, comme l'indiquent les uteurs-d'un att1cle qui expose à 1a'fdis les

. / 1

"

fondements théorique~ et le che inement pratique de l'analyse sémantique con~eptuelle:

\

sujet du

Il est possible d'appréhender le niveau sémantique, ou ni eau des m01s en situation, qui masquent et reflètent ~ la fois les oncepts. Si bien que les concepts ne peuvent être saisis que pa~ l'in er-médiaire des mots. En se plaçant délibérément sur le plan de a

. t

sémantique, la langue est ici un médiateur. Au lieu de la

cons'd~-l'

rer comme u~ 'système clos, c'est~à-dire pour elle-même, on saisi une compréhersion au sens logique, une

~cePtion,

exprimée par le locuteur. L'approche sémantique est ainsi~ la frontière de la .

1

linguistiqu'e et des autres sciences humaines. Elle est le reflet d'une structure linguistique certes" mais aussi d' autres structu,-l'es, non lingui$tiquBs, ce qui offre

u~e posSibili~e

passage:

( ,

L' étude sémantique permet d,' .atteindre. le&contenu implicite de la

communication, et par ce biais de revenir à ëeux qui communiquent et aux conditions dans lesquelles ils communiquent.

..f

La séman-tique n'est pas un système clos avec une structure interne fermée sur elle-même, au contraire, elle est ouverte sur les différents univers signifiants qui la dépassent largement (19).

Ici ~ncore, on semble rejoindre une préoc!cupa~i~n 'êle

P.

Ricoeur

aw

sens dans l'interprét~tion:

(

..

,:J' • 1

\

) 1 ;t' l 1 1

(28)

r

" , ) , ,

L

(

\ \

\

\

-

/-d 27

\

Interpréter un texte, ce n'e~t pas chercher ùne intentioh ~achée

/ '

derri~re lui. c'est suivre le 'mouvement du sens yers

ia

~f6ranca, c'est-à-dire vers la sorte de monde, ou plutôt,d'6tre-au-monda ouverte devant le texte (20).

i

L'analyse sémantique conceptuelle repherche méthodiquement les ré-seaux sémjlntiques, c'est-à-dire, "d'une part, les connotations multiples d'un

mot-~l~, accompagnées de leurs liens sémantiques à ce SystèDB des relations de ce

pre~ier

e,nse:fle

ave~

les tantes du texte~ (Zl). ~

mot, d'autre part le autres notions

impor-Au plan p~atique, c~te méthode comporte deux grandes étapes: l'êlnalys6 selon l'axe paradigmaticwe, ~uis selon l'axe syntagmatique. La première étap~ consiste à relever tous les descripteurs, i.e, toutes les 'ex-pressions qui, pour l'auteur du texte, définissent·ou qualifient la notion

de fnqr. Les éléments du réseau sémantique de fa9~"forment ainsi un lexique, sync'hro".:r-Éjue.

-r.,

- 6'

f 1~'

Puis, dans l'axe syntagmatiq~, on formule les relations de ces

~!~~

descr~~teurs entre eux, et aussi les 'relations de ces descripteurs avec les ',autros concepts qui font partie du' discours. A l'aide d' un réseau-mod~le de

relations' (une syntaxe), on en arrive à~con$tituer le réseau sémantique glo-\ bal du concept à analyser. Il importe de préciser que le

rése~u-modèle

dont

\

. nous parlons relève plutôt d~ la logique què d~ If herméneutique: il ne '9'

a

-\ git pas à proprement parler

\ 1

\formalisation des relations

\ '

d'une grille venant de l'extérieur,"mais d'une

, 1 1

logiques immanentes à tout disèours. Par

exèm-~~e, pour les auteurs de l'article mentionné plus haut, ce réseau~modêle

\

co~renf la dépendëmce. la restriction, la conjonction" l'exclusion,

l't!qui-val~nce (22). De son cc5té, T. Izutsu (Z3) indique des cas où un passage.

\

prend une~importance stratêg1qùe pour l'analyse séma~tique: la définition

~ conte~uel1~,

la synonymie, le contraste, la forme négative d'un.terme',le , \arallé\isme.

~

\.

~ous

ne voulon$ pas nous

éte~dre

davantage sur l'exposé

~la

mê-tho , car

ia

meilleure explication en est probablement l'appliçation aux

..

\-

\

\

.\\

:

, ,1

Il

II 1 1 ] . \

(29)

, \ 1

~,

(

(

(

28

textes analysés. Nous aimerions toutefois

fO~

trois remarques avant de procéder à l'analyse.

Tout~d'abord, l'anal~e~éma~tique

conceptuelle

• \ 1

nous est apparue comme une méthode particulièrement adaptée au genre de textes que ';ous vouliom; .:malyser; une ~methode linguistique utilisant un modèle logico-mathématique - comme' celui Ci'k J. Lyons - • alJrait risqué de

réduire le sens de textes mystiques farçis de doubles ~sns et d'allusions. Par ailleurs, ces textes co.~portent aU5S~ b/eaucoup de réei ts et d'anecdotes

" ~

dont la pointe ou l'intention n'est pas foicément expriméa par un terme ex-plicite du vocabulaire; par exemple, dans l'anecdote du jeune homme de la r'iekke (0 543:1-7), _o~ ne voit nulle part les termes faqr (pauvretê), tawak-kul (confiance en Dieu), ou zuhd (renoncement), alors que le récÙ pointe

- l '

assez clairement vers les copcepts correspondant'à ces termes; en ne

se

can-

.

t~~na~t

pas dans le sens

man~feste,

l'analyse sémantique conceptuelle

~ermet

de récuPfrer de tels éléments de sens et aussi d'établir des relations entre

o

les concepts sans que les termes correspondants soient nécessairement mis en relation explicite dans le texte. Au point de départ, cette méthode n'est· évidemment pas une ~echn~que infaillible qw'il's'agit d'appliquer mécanique-ment. Moyennant une ce~taine adaptation, nous avoir trouvé dans

cet-quill n'est pas rigidi-' te ~éthode un équilibre entre une rigueur

~- 1

té r6ductiv~ste , et une ouverture au sens qui n' st pas prOjection subjective.

~

rJotre deux~èrne remarque concerne l'ext de la méth6de, c'est-à-dire ce à quoi elle s'étend dans, le texte. En appliquant cette méthode, nous ne visons pas à fournir une exégèse linéair de chaque phrase des

tex-,

tes analysés, même si à l'occasion l'analyse peu éclairer tel ou tel passa-ge. le sens ultime et spécifique recherché par

sens particulier de cha~ue'élément du discours,

ette méthode n'est pas l~ ,

ais le sens de la structure de signification de l'ensemble. Par ailleurs, ous n'entendons pas "prouver" une thèse en retenant les passages qui confirme aient cette

thè~e

et en igno-rant ceU~lq~i pourraient ,l'infirmer. L'hypothè e assez g~nérale que nous a-vons formulée au sujet 5 sens de fagr a suivi l'analyse plus qu'elle ne l's

r,

précédée;

sont ceux qui nous s nalyse avait fait ém "prouver" mais pour d

que nous avons retenus dans l'.xposé des ~ésu1tats le mieux le niveau de sens que 1'a-des textes; ils ne sont pas là pour ire et expliciter un sens. Notre démarche, comme

(30)

r

1

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1.

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(

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J'

; "..lf _f<.t, ... 1 f 29 / \

touté recherche, comporte un aspect d'a priori subjectif; mais celui-ci con-cerne la méthode (choix de t~lle méthode) et non

le

contenu (choix de telle conception de fnqr ou de la ·mystique), En ce sens, c'est la m~thode qui d6-' coupe le texte, et non un contenu pr6al~blement 6tabli.

,

Enfin, les chûpitres q~i

suivent

présentent

davantage

les

résultats

que le cheminement linéaire de

l'analyse:

l'échafaudage tend à dispa+aitre uevant l'édifice. Nous ne veyans pas, par exemple, à quoi servirait la tran9cription de listes de descripteurs. Ce qu'il importe d'exposer, c'est. le sens que recèle la str~cture des relations entre ces descripteurs. C'est ce sens qu'entend élucider l'analyse sémantiqué canceptu~lle, en prenant

/ '

comme medium l'explicite pour atteindre l'implicite, dans une démarcbe qui se situe entre la linguidtique et

l'herméneut~que.

1

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1

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...

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(31)

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1, 1

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'.

, / 30 NOTES (chapitre 2)

\

(1) Cf. p. 16, notes (9) et (10) du ch!api tre 1.

L

/

(2) Ferdinand d~ Saussure, Cours de linguistique généralee (Paris, Payot, 1916).

(3) Claude Lévi-Strauss, Anthropologie structurale (Paris, Plon, 1958)"

(4)

L'ouvrage d'Henri Corbin, -En-Islam' iranien: aspects spirituels et

phi-losophiques, t. Il: 50brawardi et les Platoniciens de Perse (Paris,

r 1

Gallimard, 1971), nous semble fournir une heureuse illustration de cet-te complémentarité entre l'approche historique et l'approche structura-liste, mê~e si cet aut~ur ne fait pas nécessairement profession de struc-turalisme.

(5) Roger ~1ucchieltj, L'analyse de contenu des documents et des communica-tions (Paris. ,Librairies Techniques, Entreprise moderne d'édition, Edi-tions ESF, 1974).

\

(6) Ibid., p. 10. (7) ~., pp. 20-21. (8) Ibid., p. 22.

(9)

T. Izu~su, Ethico-Religious ••• , p.

3.

/ ,

(10) R. f1ucchi&11~, op. cit., p. 21. (11) Ibid., p. ~2.

,..'

..

(12)

llli.

"-(13)

S'il,

faut se convaincre de cette complexité, on n'a qu'à lire, par ex"mp1e: , Paul Ricoeur, "Signe et sens",

f.1!

vc::.y.,._pp. 1011-1014.

Ibid., Le conflit des inte'rpré~ations (Paris, Seuil, 1969).

André Jacob, Introduction è la philosophie du langage, colL "IdtSes", no. 351 (Paris, Gallimard, 1976),

;

,

,

\ !

(32)

f

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1

}

(14) P. Ricoeur, "Signe et sens« J • • • p.

lOl~

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-~

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1

31 1

i

(15) "John L~ns, ,Structural SemanUes. An 'Analvsis of part of the Vocabylary of Plata (Oxford, Basil B1ackwell, 1963), p. ,59 ...

(l )

P.

Ricpeur. "Sigl1e et sens",

p.

1013.

(17) R. Mucchielli, op. cit. , pp.

26-21.

i'

(18) l id., pp. 102-103.

("19) 1'-1ar' anne

Cant~-K1e+n,

.française Lantie(. - Nicole

1

sémo tique conceptuelle", Bulletin du C~E.R.P., j

Utilisé par Mucchielli, 012. ci

t.:,

pp.

~ -

-,

.

(20) P. Rico ur, "Signe et sens",

.

.

.

p • 1014.

(21)

R.

li, bp. dt. ,_ p. 103.

(22) M. Canto-KI n

....

,

lac. c;i:t. , 'p.

285.

\ (23) T. Izutsu,

.::.E.::;t~~.:.!.i:::;=::.l:l.::i:::o:.::ul.::::.s

...

,~.

37-41.'

\

l'

)

\

, ,.

.

Ramognino,

"Une

analyse 16(1967), no. 3, pp. 103-106:

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1

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----.. -~ ... ~,~.,

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