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L'attachement de l'enfant : l'abus sexuel et les indices psychopathologiques

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Academic year: 2021

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L’attachement de l’enfant, l’abus sexuel et les

indices psychopathologiques

Mémoire doctoral

Anne-Marie La Boissonnière

Doctorat en psychologie

Docteure en psychologie, (D.Psy.)

Québec, Canada

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Résumé

Les séquelles engendrées par l’abus sexuel à l’enfance ont fait l’objet de plusieurs études, sans toutefois qu’il n’y ait de consensus. La relation d’attachement a été identifiée comme facteurs pouvant influencer ces séquelles. Ce mémoire doctoral a pour objectif d’explorer la contribution de l’attachement sur les comportements et les symptômes associés à différentes psychopathologies suite à un abus sexuel. Il est aussi souhaité décrire le type d’attachement de l’enfant selon la présence ou l’absence d’un abus sexuel. Des questionnaires et des entrevues ont été complétés par 111 enfants et leur mère, soit 43 enfants ayant subi un abus sexuel et 68 faisant partie du groupe contrôle. Les enfants qui ont subi un abus sexuel présentent plus fréquemment un attachement insécure. Quant aux indices psychopathologiques, l’apport de

l’attachement et de l’abus sexuel s’avèrent tous deux significatifs en regard des comportements externalisés et des symptômes dissociatifs. En ce qui concerne les comportements internalisés, seule la présence d’un abus sexuel contribue à expliquer leur augmentation. Enfin, l’attachement s’avère être un contributeur unique en ce qui a trait aux comportements sexualisés et aux symptômes dépressifs.

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Table des matières

Résumé ... iii

Liste des tableaux ... vii

Remerciements ... ix

Introduction générale ... 1

L’attachement ... 1

Définition de l’attachement ... 1

Les différents types d’attachement ... 1

Stabilité de l’attachement ... 3

L’attachement entre l’âge de huit et douze ans ... 4

Les différents types d’attachement entre l’âge de 8 et 12 ans ... 5

Les mesures d’attachement ... 6

Attachement et psychopathologies ... 6

Psychopathologies et comportements internalisées. ... 7

Psychopathologies et comportements externalisées. ... 8

Dissociation. ... 9

L’abus sexuel chez les enfants ... 10

Définition de l’abus sexuel chez les enfants ... 10

L’incidence de l’abus sexuel ... 11

Conséquences d’un abus sexuel ... 11

Psychopathologies et comportements internalisés. ... 12

Psychopathologies et comportements externalisés. ... 13

Dissociation. ... 14

Abus sexuel, attachement et psychopathologies ... 15

Objectifs de l’étude ... 17

Hypothèses ... 18

Méthodologie ... 19

Participants ... 19

Mesures ... 20

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Informations socio-démographiques. ... 22

Questionnaire concernant l’abus sexuel. ... 22

Child Behavior Checklist, parent form. ... 22

Child Sexual Behavior Inventory. ... 23

Child Depression Inventory. ... 23

Échelle de dissociation chez l’enfant, version 3.0 (Child dissociative checklist) ... 24

Procédure ... 24 Analyses statistiques ... 25 Résultats ... 27 Objectif 1 ... 27 Objectif 2 ... 29 Discussion ... 35

Limites et perspectives futures ... 41

Conclusion ... 43 Bibliographie ... 45 Annexe A ... 53 Annexe B ... 65 Annexe C ... 67 Annexe D ... 71 Annexe E ... 75 Annexe F ... 79 Annexe G ... 83

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Liste des tableaux

Tableau 1 Fréquences observées au niveau du type d’attachement selon la présence ou l’absence d’un abus sexuel

………...………..…….27 Tableau 2 Fréquences observées et attendues au niveau du type

d’attachement (sécure et insécure) selon la présence ou l’absence d’un abus sexuel...…28

Tableau 3 Fréquences observées et attendues au niveau du type (sécure, insécure-évitant et insécure-ambivalent-résistant) de l’enfant d’attachement selon la présence ou l’absence d’un abus sexuel ……..…29

Tableau 4 Corrélations entre les variables indépendantes et dépendantes ..30

Tableau 5 Moyennes et écart-types des différents symptômes et comportements observés en lien avec l’abus sexuel et

l’attachement………30 Tableau 6 Régression hiérarchique entre les comportements externalisés et

l’abus sexuel et l’attachement ………..…..………...31 Tableau 7 Régression hiérarchique entre les comportements internalisés et

l’abus sexuel et l’attachement ………...………...32 Tableau 8 Régression hiérarchique entre les comportements sexualisés et

l’abus sexuel et l’attachement……...…...………..…………32 Tableau 9 Régression hiérarchique entre les symptômes dissociatifs et

l’abus sexuel et l’attachement ………...………..33 Tableau 10 Régression hiérarchique entre les symptômes dépressifs et l’abus

sexuel et l’attachement ………...……….33 Tableau 11 ANOVA et analyses post-hoc (LSD de Fischer) en regard de

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Remerciements

Au début du doctorat, j’avais déjà hâte d’écrire mes remerciements pour enfin dire que je suis psychologue! Par contre, un peu plus tard, le doute s’est installé et je me suis demandée si je parviendrais à les écrire. Cinq ans plus tard, je peux enfin dire que je termine mon doctorat en psychologie! Et ce parcours aurait été tellement différent, voire impossible à réaliser, s’il ne s’était pas fait bien accompagnée.

Je tiens d’abord à remercier Mme Karin Ensink de m’avoir fait confiance dès le départ. C’était pour moi un honneur de faire partie de l’équipe du laboratoire. Vous avez su me traduire votre intérêt pour le travail avec les enfants et m’avez permis de me rendre jusqu’au bout de ce parcours avec votre aide et votre soutien. Je tiens également à remercier Mme Lina Normandin de m’avoir donné accès aux données de recherches si précieuses que vous avez accumulées avec les années. Merci également pour l’expérience clinique que vous avez partagé avec moi. Enfin, merci pour les conseils que vous avez su me donner en tant que membre sur le comité de mon mémoire doctoral.

Ce périple de huit ans aurait été bien différent sans tous les amis et membres du lab avec qui j’ai pu partager mes joies, mes déceptions, mes craintes et mes frustrations. Toutes ces personnes m’ont aussi permis d’apprendre mon métier et de m’épanouir en tant que personne. Plus particulièrement, Jacinthe, c’est un peu grâce à toi que j’ai pu rentrer au lab. Tu m’as aussi transmis ta passion pour le travail avec les enfants tout comme Marie-Ève, Roxanne, Annie et Éva. Toutes nos discussions furent particulièrement enrichissantes et divertissantes! Simon et François, même si les contacts se font maintenant plus rares, je suis choyée d’avoir pu entamer ce parcours avec vous. Finalement, Leslie-Ann et Jessica, merci pour le support tout au long du doctorat. Peut-être sans le savoir, vous m’avez aidé à terminer.

Il est également très important pour moi de souligner l’implication de mes superviseurs dans ma formation clinique. C’est sans doute grâce à vous que j’aime autant ce que je fais aujourd’hui et que je suis parvenue à trouver la motivation pour terminer le volet recherche! Un immense merci à Marie-Ève, Roxanne, Richard,

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Alain, Linda, Micheal et Jean-Pierre de m’avoir fait confiance et d’avoir cru en mes capacités.

Un merci bien spécial à mes parents qui m’ont aidé (à tous les niveaux!) à réaliser ce beau et long projet. Même si ce domaine était moins bien connu pour eux et qu’il demandait beaucoup d’années d’études, ils m’ont fait confiance et ne

semblent jamais avoir douté en mes capacités. Ils m’ont aussi permis de penser à autre chose qu’aux études, tout comme mes frères Alexandre et Charles qui savent très bien user d’humour pour me changer les idées. Merci pour tout!

Finalement, Jean-Sébastien, merci de m’avoir accompagné dans les dernières années. Sans toi, ce parcours aurait été tellement différent. À tous les jours, même les plus difficiles, tu m’as aidé à avancer avec tes encouragements, mais surtout la confiance que je pouvais lire en toi. Merci! Il est maintenant temps pour nous de passer à une autre étape ; l’arrivée de notre petite Camille dans moins d’un mois!

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Introduction générale

L’abus sexuel chez les enfants s’avère malheureusement un phénomène fréquent qui peut entrainer des conséquences importantes dans la vie d’un enfant. Malgré les études effectuées à ce jour, il demeure toujours complexe d’identifier les facteurs ayant un impact sur les conséquences observées chez ces enfants. La relation d’attachement semble être un des nombreux facteurs contribuant au développement des difficultés vécues par l’enfant. Toutefois, les études effectuées à ce jour et visant l’exploration de ce lien se sont principalement intéressées aux conséquences à long-termes chez des populations d’adolescents et d’adultes. Ainsi, les conséquences à court et à moyen-termes en lien avec la relation d’attachement s’avèrent moins bien connues chez les enfants d’âge scolaire. Il est donc souhaité explorer les différentes difficultés liées aux psychopathologies suite à l’abus sexuel chez une population d’enfants âgés entre 8 et 12 ans de même que l’effet contributeur de la relation d’attachement sur ces mêmes difficultés.

L’attachement

Définition de l’attachement

Dès les premières semaines de vie d’un enfant, une relation privilégiée se crée entre lui et sa principale figure d’attachement, généralement la mère. John Bowlby est la première personne à avoir élaboré un concept autour de cette relation, qu’il a désigné comme la relation d’attachement. Cette relation universelle remplie d’abord une fonction biologique, soit d’assurer la survie du bébé en répondant adéquatement à ses besoins. Par le système comportemental d’attachement, le bébé cherche à provoquer la proximité avec sa mère afin d’éliminer les facteurs de stress et exprimer son besoin de sécurité (Bowlby, 1969).

Les différents types d’attachement

En 1978, Ainsworth, Blehar, Waters et Wall ont conceptualisé trois types d’attachement, soit sécure, insécure-évitant et insécure-ambivalant-résistant. Main, Kaplan et Cassidy (1995) ajoutent que ces trois types d’attachement sont dits organisés

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puisque l’enfant déploie les mêmes stratégies lorsqu’il est confronté à des situations stressantes. Les enfants qui ont un attachement sécure ont confiance que leur mère sera disponible et qu’elle réagira de façon sensible et bienveillante à leur besoins physiques, de proximité et de réconfort. Ils sont donc en mesure d’explorer leur environnement (Ainsworth et al.). En 1990, Main a défini explicitement les différents types d’attachement. Les enfants ayant un attachement insécure vivent de l’anxiété puisque la mère n’est pas nécessairement en mesure de combler leur besoin de sécurité. L’attachement insécure-évitant se traduit par un faible intérêt manifesté par l’enfant envers la mère. Il tend généralement à minimiser l’expression de ses émotions négatives puisqu’elles sont souvent rejetées ou ignorées. Cette façon de faire permet à l’enfant de ne pas ressentir l’indisponibilité de la mère, ce qui lui ferait vivre un sentiment de détresse important. L’attachement insécure-ambivalent-résistant se caractérise par des comportements de résistance face aux contacts avec la figure d’attachement, mais également par une recherche active de proximité lors des situations stressantes. Afin d’attirer l’attention de la mère, ces enfants vont manifester beaucoup d’affects négatifs. Bowlby (1988) mentionne que l’attachement insécure est une réponse adaptée afin de demeurer à proximité d’une figure d’attachement qui n’est pas constante ou qui répond de façon intermittente aux besoins de l’enfant. L’enfant devient toutefois à risque de développer des difficultés en grandissant.

La classification élaborée par Ainsworth et ses collègues ne permettait pas de classifier tous les enfants selon leur type d’attachement. Main et Solomon (1990) ont donc introduit le concept d’attachement désorganisé, qui se caractérise par l’incapacité de l’enfant à utiliser des stratégies cohérentes lorsqu’il manifeste un besoin ou lors de séparations avec sa mère. Il est donc possible de faire la distinction entre les enfants qui ont un attachement organisé et désorganisé. Afin d’expliquer le développement d’un attachement désorganisé, Carlson, Cicchetti, Barnett et Braunwald (1989) se sont particulièrement intéressés à l’attachement des enfants ayant vécu de la maltraitance. Dans une étude longitudinale, ils ont montré que parmi un échantillon d’enfants maltraités, 82% présente un attachement désorganisé à l’âge d’un an. Le développement de ce type d’attachement pourrait s’expliquer par le fait que l’enfant perçoit sa mère comme réconfortante, mais également comme effrayante. L’enfant se

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3 dirige donc vers elle afin d’être rassuré, mais s’en éloigne pour être en sécurité (Main, Kaplan, & Cassidy, 1985). Egeland et Carlson (2004) précisent que l’enfant dans cette situation modifie rapidement son focus attentionnel ou son état d’esprit, ce qui caractérise les premiers épisodes dissociatifs.

Ainsi, lors de moments de détresse, un enfant qui a un attachement sécure va généralement utiliser des stratégies dites primaires. Son système comportemental d’attachement s’activera afin d’être à proximité et réconforté par sa mère. Lorsque les stratégies primaires ne permettent pas à l’enfant d’obtenir une réponse adéquate, il utilisera des stratégies secondaires. Notamment, l’enfant diminuera ou augmentera l’expression de ses émotions afin de maintenir la relation d’attachement et d’obtenir satisfaction à ses besoins. Les enfants ayant un attachement insécure, ont plus fréquemment recours à ces stratégies (Main, 1990).

Stabilité de l’attachement

Il a été montré que dans 84% des cas, l’attachement envers la mère demeure stable entre l’âge d’un an et six ans (Main & Cassidy, 1988). Dans le même ordre d’idées, au cours d’une étude longitudinale, Waters, Merrick, Treboux, Crowell et Albersheim (2000) ont montré que la catégorie d’attachement (sécure ou insécure) demeure stable entre l’âge de 12 mois et le début de l’âge adulte dans 72% des cas. La persistance des mêmes comportements de la mère envers son enfant à travers le temps et le faible taux d’occurrence d’événements stressants expliquent cette stabilité. Les auteurs ont constaté que cinq événements sont susceptibles de modifier un attachement sécure vers un attachement insécure; la perte d’un des parents de l’enfant, la séparation des parents, une maladie grave qui atteint le parent ou l’enfant, une psychopathologie chez le parent de même qu’un abus sexuel ou physique intrafamilial. Malgré la présence d’un ou de plusieurs de ces événements, certains enfants ont tout de même conservé un attachement sécure. Les auteurs font l’hypothèse que la sensibilité du parent face aux difficultés de son enfant peut faire en sorte qu’il conserve un attachement sécure.

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L’attachement entre l’âge de huit et douze ans

Entre l’âge de huit et douze ans, les enfants cherchent davantage la disponibilité de leur mère plutôt que sa proximité (Kerns, 2008). De plus, les situations qui provoquent du stress sont différentes de même que les moyens qui permettent de l’éliminer (Mayseless, 2005).

En vieillissant, l’enfant va internaliser des représentations mentales de soi et des autres à partir de ses expériences émotionnelles passées et présentes vécues avec sa mère (Bowlby, 1969). Ainsi, les comportements d’attachement vont se substituer, en partie, par des représentations d’attachement (Bureau & Moss, 2010). De fait, les capacités cognitives en développement augmente la capacité de l’enfant à raisonner selon des représentations abstraites, de rassembler des informations afin de résoudre un problème, d’employer des comportements planifiés afin d’atteindre un objectif et de réguler son processus mental. Les représentations mentales ont notamment pour objectif de permettre à l’enfant de réguler ses émotions, telles que la peur, la détresse et l’anxiété (Mayseless, 2005), et de développer des stratégies afin de se sentir en sécurité de façon autonome. Il appert donc que la relation d’attachement a un rôle majeur dans le développement de la régulation émotionnelle (Borelli et al., 2010; Cassidy, 1994).

Par ailleurs, les représentations mentales ont un rôle majeur à jouer dans la façon dont l’enfant se perçoit et perçoit l’autre. Elles influencent aussi sa façon d’agir en relation, ses attentes et l’interprétation de ce qui lui arrive (George & Solomon, 1996; Gloger-Tippelt, Gomille, Koenig, & Vetter, 2002). Ainsi, les représentations mentales de l’enfant se généralisent aux autres relations (Thompson & Raikes, 2003). Avec le temps, comme elles sont bien ancrées, il ne tiendra pas nécessairement compte du feed-back offert lors de ses interactions avec autrui et ne les révisera pas systématiquement. Ces représentations deviennent donc davantage un attribut de l’enfant plutôt qu’une caractéristique de la relation mère-enfant (Sroufe, Carlson, Levy, & Egeland, 1999).

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Les différents types d’attachement entre l’âge de 8 et 12 ans

En vieillissant, les enfants qui ont un attachement sécure sont plus indépendants et autonomes que les autres puisqu’ils parviennent à intérioriser les moyens privilégiés par la mère afin de réguler leurs émotions. Ils ont aussi de meilleures compétences sociales, ont davantage confiance aux autres et tendent à s’engager en relation à plus long-terme. Finalement, ils ont généralement une bonne santé mentale (Sroufe, 2005).

L’enfant avec un attachement insécure tend à s’investir dans des relations qui ne lui offrent pas de support et qui se terminent souvent rapidement. Celui qui a un attachement insécure-évitant tend à penser qu’il ne vaut pas la peine qu’on se soucie de lui et qu’il n’est pas apte à être en relations affective étroite avec autrui. Il a donc tendance à s’isoler (Carlson & Sroufe, 1995). Celui qui a un attachement insécure-ambivalent-résistant adopte généralement des comportements d’opposition ou de dépendance envers le parent (Moss, 2005). Avec autrui, il a tendance à montrer davantage d’émotions négatives et ne tente pas de maintenir ses relations (Carlson & Sroufe).

Main et Cassidy (1988) se sont particulièrement intéressées aux enfants qui ont un attachement désorganisé. Avec le temps, ils peuvent tenter de contrôler le comportement et l’attention du parent de même que de prendre le rôle parental. Solomon, George et De Jong (1995) ajoutent qu’ils ont tendance à interpréter les événements banaux comme négatifs ou dangereux et sont incapables d’intégrer leur état émotionnel et comportemental de même que de réguler leurs affects. Ils ont donc de la difficulté à gérer les situations stressantes qui surviennent en relation. Par ailleurs, l’enfant a une peur incontrôlable de lui-même ou de sa figure d’attachement et il présente un processus de pensées incohérent lorsqu’il discute de cette figure d’attachement. Selon Carlson et Sroufe (1995), les expériences de désorganisation vécues avec les figures d’attachement tendent à se généraliser aux autres relations, ce qui a un impact négatif au plan interpersonnel.

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Les mesures d’attachement

La relation d’attachement a principalement été étudiée à partir des comportements d’attachement de l’enfant. Notamment, la situation étrange, élaborée par Ainsworth, Blehar, Waters et Wall (1978), a permis de faire une avancée majeure dans l’étude de l’attachement entre l’âge de 12 et 18 mois. Un protocole semblable permet d’évaluer les comportements d’attachement chez les enfants de trois et quatre ans (Cassidy, Marvin, & MacArthur Working Group, 1987) et la procédure de réunion créée par Main et Cassidy (1988) permet cette évaluation à l’âge de six ans. Ainsi, jusqu’à l’âge de six ans, bon nombre de connaissances sont acquises en terme d’attachement. Jusqu’en 2003, il n’existait pas de moyens fiables pour opérationnaliser l’attachement chez les enfants d’âge scolaire à partir de leur représentation d’attachement. Le Child Attachment Interview (CAI), élaboré par Target, Fonagy et Shmueli-Goetz (2003), permet de définir les représentations d’attachement des enfants entre l’âge de 8 à 12 ans à partir de leur discours et de certains comportements. Ainsi, cette étude permettra de définir le type d’attachement de l’enfant selon ses représentations d’attachement, ce qui permettra de combler une certaine lacune au niveau de la littérature.

Attachement et psychopathologies

Selon Egeland et Carlson (2004), l’insécurité et la désorganisation de l’attachement ne constituent pas des psychopathologies, mais une première condition quant au développement de telles difficultés. La relation d’attachement aura un impact considérable au niveau de l’établissement des attentes de l’enfant envers lui-même et autrui de même qu’au niveau des systèmes de régulation émotionnelle et neurophysiologique. Ils ajoutent qu’en bas âge, les difficultés demeurent davantage circonscrites à la relation d’attachement, mais qu’avec le temps, l’enfant a tendance à en présenter dans plusieurs sphères, notamment au plan affectif et relationnel. Sameroff et Emde (1989) ont amené l’hypothèse qu’un attachement insécure ou désorganisé rend l’enfant plus vulnérable au stress quotidien, ce qui augmente le risque qu’il développe des psychopathologies.

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7 Psychopathologies et comportements internalisées.

Les troubles internalisés se caractérisent, notamment, par des symptômes dépressifs et anxieux de même que par des plaintes somatiques (Achenbach, 1991).

En regard des troubles anxieux, Bowlby (1973) a émis l’hypothèse que les enfants qui ont un attachement insécure tendent à développer davantage ce type de trouble. Considérant que la figure d’attachement n’est pas en mesure de répondre adéquatement aux besoins de l’enfant, l’anxiété normalement générée par la séparation entre la figure d’attachement et l’enfant jusqu’à l’âge de deux ans ne s’estompe pas et se généralise aux autres relations. Il a toutefois été montré par Egeland et Carlson (2004) que l’attachement insécure-ambivalent-résistant contribue au développement de troubles anxieux lors de l’enfance de façon plus importante que l’attachement insécure-évitant. Les troubles les plus fréquemment rapportés sont la phobie, le trouble d’anxiété généralisée et l’anxiété de séparation (Brown & Whiteside, 2008; Warren, Huston, Egeland, & Sroufe, 1997). Cassidy (1995) amène l’hypothèse que cette manifestation d’anxiété plus importante chez ce groupe d’enfant pourrait s’expliquer par le fait que l’enfant perçoit moins de support parental et davantage d’anxiété au sein de la relation. Brown & Whiteside ajoute que le parent peut devenir nerveux lorsqu’il interagit avec l’enfant et comme les besoins émotionnels de ce dernier ne sont pas comblés, il devient stressé à son tour.

En ce qui a trait à la dépression majeure, Bowlby (1973) avance l’idée qu’une telle problématique pourrait se développer lorsque l’enfant perd espoir ou est incapable de maintenir une relation affective proche. Il a été montré qu’un attachement sécure est corrélé négativement avec des symptômes dépressifs et le trouble dépressif majeur alors que l’attachement ambivalent-résistant et désorganisé sont corrélés positivement (Kerns, Brumariu, & Seibert, 2011). Dans une autre étude, Borelli, David, Crowley et Mayes (2010) ont montré que les enfants qui ont un attachement désorganisé présentent davantage de symptômes dépressifs que les enfants qui ont un attachement organisé lorsqu’un questionnaire auto-rapporté est utilisé. Cependant, lorsque le questionnaire est rempli par les parents, aucune différence n’est observée. Il appert donc que les parents de ces enfants éprouvent de la difficulté à percevoir leur détresse. Il est

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important de noter que la distinction entre les trois groupes dits organisés n’avait pas été considérée dans cette étude.

Psychopathologies et comportements externalisées.

Les comportements externalisés se caractérisent par de l’agitation, de l’opposition, de la provocation, des pensées négatives, la transgression des normes sociales et des difficultés au niveau de l’attention et de l’hyperactivité (Achenbach, 1991).

Bowlby (1973) s’est intéressé au développement du trouble d’opposition avec provocation, du trouble des conduites de même qu’aux comportements associés. Il suggère qu’en raison du désespoir de l’enfant face à sa figure d’attachement, il dirige son agressivité vers son environnement, ce qui correspond à une forme de détachement agressif. Ainsi, l’enfant est à risque de développer des comportements antisociaux. De plus, à travers les interactions avec la figure d’attachement, l’enfant devrait apprendre à réguler ses émotions. Par contre, puisque certaines mères ne sont pas sensibles et ne sont pas en mesure de rassurer leur bébé, certains enfants n’intègrent pas de bonnes capacités de régulation émotionnelle. DeKlyen, Speltz et Hill, (2001) ajoutent que les comportements manifestés en jeune âge, telles que les crises de colère et l’agressivité, tendent à se maintenir dans le temps pour ces enfants. Les études ne sont pas claires quant aux types d’attachement corrélés avec les comportements externalisés. Il était auparavant établi qu’un attachement insécure-évitant était corrélé avec ce type de comportement. Toutefois, dans ces études, il n’y avait pas de distinction entre les groupes d’enfants qui ont un attachement désorganisé et insécure. Cette distinction mise de l’avant, il s’avère plutôt que les enfants avec un attachement désorganisés présentent des comportements externalisées tandis que les enfants avec un attachement insécure-évitant présentent davantage de comportements internalisés. Ces derniers auraient davantage des représentations internes de rejet, ce qui ferait en sorte qu’ils se retireraient lors des contextes sociaux. Ils auraient donc tendance à intérioriser leurs conflits et leur colère plutôt que de l’extérioriser (Moss et al., 2006). Par contre, certaines études qui ont fait la distinction entre les deux types d’attachement trouvent tout de même un niveau plus élevé de comportements externalisées chez ces deux

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9 groupes d’enfants comparativement aux groupes d’enfants qui ont un attachement sécure et inséure ambivalent-résistant (Fearon & Belsky, 2011).

Une étude effectuée par Roskam, Meunier et Stievenart (2011) auprès de 117 enfants d’âge préscolaire a mis en évidence que l’attachement de l’enfant joue un rôle médiateur entre les représentations d’attachement des deux parents de même que leur façon d’élever l’enfant et la prédiction de problèmes de comportement chez cet enfant. Les auteurs mentionnent donc qu’il s’avère important d’intervenir au niveau de la relation d’attachement lorsque l’enfant présente des difficultés de comportement.

Bien que certains aspects au niveau de l’étiologie du TDAH soient soutenus empiriquement, notamment par la base neurologique, d’autres éléments expliquent son développement. Afin d’offrir une compréhension plus complète sur l’étiologie du TDAH, certains auteurs ont intégré la théorie de l’attachement (Clarke, Ungerer, Chahoud, Johnson, & Stiefel, 2002; Olson, 1996). Le trouble se développerait, entre autres, puisque l’enfant n’a pas été en mesure d’apprendre à réguler ses émotions et ses comportements. Les enfants ayant un attachement insécure-ambivalent-résistant et désorganisé rechercheraient davantage d’attention négative et feraient preuve d’hyperactivité et d’imprudence afin d’obtenir de l’attention de la part de leur mère (Clarke et al.). Cependant, il appert que le TDAH est moins corrélé avec l’attachement que les autres difficultés liées aux psychopathologies externalisés, mais le lien demeure plus fort dans les populations à risque (Franc, Murray, & Purper-Ouakil, 2009).

Dissociation.

Chez les enfants, la dissociation fait partie du développement normal. Il est donc complexe d’en déterminer le niveau pathologique (Friedrich, Jaworski, Huxsahl, & Bengtson, 1997). Les symptômes de dissociation réfèrent à l’interruption des fonctions de la conscience généralement intégrées, notamment la mémoire, l’identité et la perception de l’environnement. La dissociation peut se manifester par un détachement qui implique, par exemple, des états de transes ou le sentiment d’être à l’extérieur de son corps. Elle se manifeste aussi par l’amnésie, l’absorption (être absorbé dans une activité au point où la personne ne se rend plus compte de ce qui se

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passe autour d’elle) et la dépersonnalisation (sentir qu’un événement arrive à quelqu’un d’autre alors qu’il arrive à la personne elle-même; Allen, 2001; Putnam, 1997).

Chez les enfants qui ont un attachement désorganisé, la dissociation s’avère plus élevée. Ce phénomène s’explique par le fait que la mère tend à effrayer l’enfant et que ce dernier tente tout de même de se rapprocher d’elle. Ainsi, l’enfant en bas âge tend à se comporter de façon contradictoire et ou à changer son focus attentionnel très rapidement. Il doit donc gérer une charge émotive beaucoup plus élevée que ce que ses capacités de régulation émotionnelle et d’adaptation lui permettent (Egeland & Carlson, 2004). En vieillissant, il devient trop difficile pour lui de constamment garder à la conscience une représentation de l’autre ou de soi comme hostile, non disponible ou non protectrice puisque trop de détresse ou de peur sont ressenties. Ainsi, la défense extrême afin de survivre dans un environnement hostile est le fait de ne pas garder ces représentations à la conscience, ce qui fait qu’elles ne sont pas intégrées et qu’elles sont incohérentes (Howe, 2005).

L’abus sexuel chez les enfants

Définition de l’abus sexuel chez les enfants

L’abus sexuel chez les enfants se définit par l’implication d’un enfant dans des activités sexuelles afin d’offrir une gratification sexuelle ou des bénéfices financiers à une personne plus âgée. Les activités sexuelles peuvent prendre la forme d’attentat à la pudeur, de viol, de prostitution, de pornographie, d’inceste ou toutes autres activités exploitant l’enfant (U.S. Department of Health and Human Services, 2008). Un enfant peut ainsi être victime d’abus sexuel malgré le fait qu’il n’y ait pas eu présence de contacts physiques. Par exemple, le fait d’être obligé de regarder d’autres personnes s’adonner à des activités sexuelles peut constituer une forme d’abus (Hornor, 2010). Il est pris pour acquis qu’un enfant n’est pas considéré apte à octroyer son consentement afin de prendre part à des activités sexuelles avec un adulte ou une personne en situation d’autorité. De la manipulation et de la coercition peuvent aussi être employées afin que l’enfant se soumette à l’acte sexuel. Suite à l’abus, l’enfant se sent souvent ambivalent

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11 ou confus face à ce qui vient de se produire. Il peut apprécier l’attention qu’il reçoit ou les cadeaux, mais espérer que les abus cessent (Kinnear, 2007). Enfin, le secret est un des aspects centraux dans l’abus sexuel. La manipulation de l’abuseur peut faire en sorte que l’enfant n’osera pas divulguer l’abus. Il peut également avoir peur que lui-même ou son abuseur soit puni de lui-même qu’avoir honte de ce qui lui est arrivé (Hunter, 2010).

L’incidence de l’abus sexuel

Selon l’Agence de santé publique du Canada (2006), les enfants représentent un groupe particulièrement vulnérable puisqu’ils constituent 60% des cas d’agressions sexuelles rapportées aux autorités policières. Une méta-analyse a montré que mondialement, 11,8% des enfants auraient vécu un abus sexuel lors de l’enfance. Il a également été montré qu’au moins deux fois plus de filles vivent un abus sexuel à l’enfance que les garçons (Stoltenborgh, van IJzendoorn, Euser, & Bakermans-Kranenburg, 2011). Dernièrement, Finkelhor, Shattuck, Turner et Hamby (2014) ont mené une étude afin de connaître dans quelle mesure les adolescents ont été victimes d’agression sexuelle au cours de leur enfance. Notons que ces abus n’avaient pas nécessairement été rapportés aux autorités policières. À l’âge de 17 ans, 26,6% des filles auraient été victimes d’abus alors que 5,1% des garçons l’auraient été. Par ailleurs, 1,9% des garçons auraient été agressées par un adulte alors que ce pourcentage augmente à 11,2% chez les filles. L’abus sexuel est donc davantage commis par des personnes qui se trouvent dans le même groupe d’âge que l’enfant ou légèrement plus âgées.

Conséquences d’un abus sexuel

Finkelhor (1990) mentionne que comme l’abus sexuel ne constitue pas une psychopathologie, les conséquences observées sont diverses et non-spécifiques. De plus, les facteurs qui influencent la présence ou la sévérité des conséquences ne sont pas bien établis, malgré les nombreuses études effectuées à ce jour. Plusieurs auteurs ont toutefois tenté d’établir un ensemble de symptômes plus prévalant chez ces enfants. Kendall-Tackett, Williams et Finkelhor (1993) ont recensé les impacts avant l’âge de

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18 ans d’un abus sexuel. Les résultats de cette méta-analyse montrent que les enfants qui ont subi un abus présentent davantage de symptômes psychopathologiques qu’un groupe de comparaison non-clinique. L’ESPT, l’anxiété, les peurs, les affects dépressifs, une faible estime de soi, les comportements agressifs et sexualisés, les plaintes somatiques et les difficultés scolaires sont les difficultés les plus souvent observées et surviennent la plupart du temps de façon concomitante. Il importe de noter qu’un même symptôme n’est pas répertorié chez plus de la moitié des victimes. Enfin, 21 à 49% des enfants ayant subi un abus sexuel ne présentent pas de symptômes suite à la divulgation. Ils peuvent toutefois survenir ultérieurement dans la vie de l’individu (Hébert, 2011; Kendall-Tackett, Williams, & Finkelhor).

Psychopathologies et comportements internalisés.

Chez une population de personnes âgées de moins de 18 ans, il est mentionné que 35 à 38% de la variance quant à la survenue de comportements internalisés est expliquée par l’incidence d’un abus sexuel (Kendall-Tackett, Williams, & Finkelhor, 1993). Les symptômes associés à l’anxiété et à la dépression demeurent les plus fréquents (Trask, Walsh, & DiLillo, 2011). Dans le même ordre d’idées, Paolucci, Genius et Violato (2010) ont montré que le risque de souffrir un ESPT est augmenté de 20% suite à un abus alors qu’il augmente de 21% en ce qui concerne le trouble dépressif majeur.

L’abus sexuel constitue un événement traumatique qui peut générer des réponses phobiques et d’autres symptômes anxieux (Browne & Finkelhor, 1996). Maniglio (2012) a répertorié les études qui se sont intéressées à l’association entre l’abus sexuel à l’enfance et l’anxiété. Il s’avère que le risque de vivre des symptômes anxieux augmente immédiatement après l’abus de même que lors des années subséquentes. Cette association varie de petite à moyenne, selon le trouble anxieux étudié et les variables associées. Le lien entre l’abus et le trouble de stress post-traumatique est celui qui s’avère le plus fort.

Le trouble dépressif majeur conséquent à l’abus sexuel à l’enfance a été grandement étudié chez des populations adultes. Il s’avère que les femmes victimes

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13 d’abus présentent 3 à 5 fois plus de risque de présenter ce trouble et que son apparition est plus précoce. La présentation clinique s’avère également différente, alors que les symptômes neurovégétatifs sont davantage présents; gain de poids, augmentation de l’appétit et hypersomnie (Putnam, 2003). La recension des écrits effectuée par Trickett et Putnam (1998) met également en évidence que l’occurrence est plus élevée chez les enfants qui sont victimes d’abus sexuel. La diminution de l’estime de soi et du sentiment de compétence contribuent, en partie, au développement de ce trouble.

Psychopathologies et comportements externalisés.

Le lien entre l’abus sexuel et les comportements externalisés a fait l’objet de plusieurs études. Dans une population d’enfants d’âge scolaire, les comportements externalisés se sont révélés plus fréquents chez ceux ayant subi un abus que chez ceux faisant partie du groupe contrôle. Ce constat est également présent quatre mois après la première évaluation. Les comportements associés au TDAH, les comportements sexualisés et agressifs s’avèrent donc plus prévalent (Dubowitz, Black, Harrington, & Verschoore, 1993). De la même façon, chez une population d’enfants d’âge préscolaire, mais n’incluant que des enfants ayant subi un abus sexuel, il est constaté que plus de la moitié d’entre eux présentent un score clinique associés aux comportements externalisés (Zephyr, Cyr, Hébert, Bernier, & Beaudoin, 2015). La recension des écrits effectuée par Kendall-Tackett, Williams, & Finkelhor (1993) révèlent également une plus grande prévalence des comportements sexualisés et agressifs chez une population de gens de moins de 18 ans ayant subi un abus. L’abus expliquerait respectivement 43% et 32% de la variance de ces deux comportements. Notons que les comportements sexualisés sont généralement associés aux enfants d’âge préscolaires. Ils tendent à réapparaitre à l’adolescence sous forme de comportements sexuels inappropriés ou à risque. Ainsi, les enfants qui présentent des comportements externalisées ont davantage de difficultés à réguler leur impulsivité, leur agressivité et leurs affects. Ces manifestations comportementales pourraient contribuer, notamment, au développement du trouble de personnalité limite à l’âge adulte selon Kiser, Heston, Millsap et Pruitt (1991).

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Hébert, Tremblay, Parent, Daigneault et Piché (2006) se sont intéressés aux conséquences vécus par les enfants entre 7 et 12 ans victimes d’abus sexuel. Ils ont notamment mis en évidence qu’ils sont plus à risque de présenter des comportements externalisés et sexualisés. Des facteurs associés au contexte familial, notamment l’intensité des conflits familiaux avant l’abus, apportent une contribution unique quant à la prédiction de ces comportements. Cette prédiction unique n’est pas observée lorsqu’il est question des comportements internalisés.

Dissociation.

Lorsque la sécurité de l’enfant est menacée de façon importante et que la fuite physique est impossible, il peut se séparer de ses sensations corporelles et de ses émotions, ce qui s’avère adapté au contexte. La dissociation devient cependant problématique lorsque l’enfant persévère dans l’utilisation de cette stratégie lors de situations qui ne sont pas traumatiques (Kisiel & Lyons, 2001; Putnam, 1997).

Il a été montré que la dissociation était significativement plus fréquente chez des adolescents qui ont vécu un abus que chez ceux qui ont vécu de la violence physique. De plus, il semble que la dissociation ait un effet médiateur entre l’abus et la gravité des symptômes psychopathologiques. Ainsi, plus la dissociation est importante, plus les conséquences sont importantes pour l’adolescent (Kisiel & Lyons, 2001). Le même constat a été fait par Collin-Vézina, Hébert et Brabant (2007) chez une population de filles ayant vécues un abus sexuel et âgées entre 8 et 12 ans. La dissociation explique 25% de la variance des comportements internalisés et 30% des comportements externalisés. Notons toutefois que la dissociation n’est pas associée aux symptômes dépressifs.

Lyons-Ruth, Dutra, Schuder et Bianchi (2006) se sont questionnés quant aux raisons qui font en sorte que certains enfants abusés sexuellement ne développent pas de symptômes associés à la dissociation. La recension des écrits qu’ils ont effectuée montre que la sécurité de l’attachement protège ces enfants face à la dissociation. En contrepartie, l’attachement désorganisé les met à risque. Dans la même direction, Ogawa, Sroufe, Weinfield, Carlon et Egeland, (1997) ont montré que les types

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15 d’attachement insécure-évitant et désorganisé sont positivement corrélés avec la présence de dissociation.

Abus sexuel, attachement et psychopathologies

Quelques auteurs se sont intéressés au lien entre l’abus sexuel, l’attachement et le développement de problématiques liées aux psychopathologies. Toutefois, ces auteurs ne se sont pas nécessairement intéressés aux enfants d’âge scolaire. De fait, les connaissances touchent principalement les adolescents, les adultes de même que les enfants d’âge préscolaire.

Alexander (1992) s’est particulièrement intéressée à la théorie de l’attachement comme modérateur quant à l’occurrence d’un abus sexuel à l’enfance de même qu’à la gravité des conséquences vécues à long-terme. De façon théorique, elle mentionne que certaines caractéristiques corrélées à l’attachement insécure et désorganisé, dont l’insensibilité de la mère, le mettrait à risque de vivre un abus sexuel autant au sein de sa famille qu’à l’extérieur. Le parent s’avère donc moins en mesure de protéger son enfant et de répondre adéquatement à ses besoins suite à la divulgation de l’abus. Selon elle, les conséquences observées à l’âge adulte seraient grandement déterminées par la relation d’attachement. Notamment, l’abus aurait un impact sur les relations proximales ultérieures, la régulation des affects, entrainant entre autres un plus haut taux de dépression et d’anxiété, et une perturbation du sens de soi, entrainant une faible estime de soi et une confusion au niveau de l’identité.

D’autres auteurs se sont intéressés à l’attachement comme modérateur quant aux conséquences observées à l’adolescence suite à un abus sexuel à l’enfance. Une étude faite auprès d’adolescents a montré qu’un attachement insécure, jumelé à des comportements d’évitement, explique 46% de la variance quant à la détresse psychologique éprouvée à l’adolescence. Les auteurs ajoutent que la qualité de l’attachement est responsable de la majorité de cette variance. Notons que l’étude a été faite auprès d’une population à risque. Il y avait donc également présence d’abus physiques et psychologiques (Shapiro & Levendosky, 1999). Plus récemment, Jardin, Venta, Newlin, Ibarra et Sharp (2015) ont montré que la sécurité d’attachement module

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la présence de symptômes traumatiques chez des adolescents hospitalisés en pédopsychiatrie suite à un abus sexuel à l’enfance. Notons que les auteurs ont fait la distinction entre l’attachement face au père et à la mère, mais qu’aucune différence n’a été constatée en regard du type d’attachement. Les auteurs ont montré que les adolescents ayant un attachement sécure présentent moins de symptômes traumatiques. Le support de la famille, les attitudes parentales positives et la stabilité des figures d’attachement contribuent donc à la résilience suite à un abus. Notons que 21,8% de l’échantillon (n = 229) avait une histoire d’abus sexuel à l’enfance et que 73% des adolescents avait un attachement insécure. L’entrevue du CAI a été utilisée afin de qualifier le type d’attachement.

van Hoof, van Lang, Speekenbrink, van IJendoorn et Vermeiren (2015) ont tenté de mieux comprendre le lien entre l’attachement de type désorganisé, l’abus sexuel à l’enfance et les psychopathologies. Trois groupes ont été investigués; contrôle, abus sexuel et dépression majeure clinique. Il importe de noter que l’échantillon était composé de 21 adolescents ayant vécu des abus très sévères et à répétition. De plus, les participants du groupe abus et dépression majeure clinique requéraient des services psychiatriques importants. L’entrevue du AAI a été utilisée afin de classifier leur type d’attachement. Il s’avère donc que les adolescents faisant partie des groupes abus et dépression majeure clinique présentent davantage un attachement de type désorganisé que le groupe contrôle. Il importe également de considérer que ce type d’attachement corrèle positivement avec la présence de psychopathologies. Les auteurs mentionnent que la plupart des participants du groupe abus, considérant la sévérité des abus vécus, présentent un ESPT. Ils font l’hypothèse que des symptômes dissociatifs importants y sont associés, ce qui pourrait augmenter la présence d’un attachement de type désorganisé et augmenter le niveau de psychopathologies.

Le lien entre l’attachement chez des enfants d’âge préscolaire victimes d’abus a également été exploré par Zéphyr, Cyr, Hébert, Bernier et Beaudoin en 2015. Une étude faite auprès de 96 enfants victimes d’agression sexuelle âgés entre trois et six ans a montré que la sécurité d’attachement contribue à prédire la présence de problèmes de comportements intériorisés et extériorisés. Un attachement sécure a donc un effet

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17 protecteur chez l’enfant. Le Tri-de-cartes a été utilisé afin d’évaluer l’attachement et le Child Behaviour Checklist afin d’évaluer les problèmes de comportements.

Rappelons qu’une importante proportion d’enfants ne présente pas de difficultés suite à un abus sexuel. Bien que les conséquences puissent être latentes, certains enfants parviendront à s’adapter suite à cet événement. La littérature suggère que des caractéristiques associées à l’attachement, telles que la réaction du parent suite à la divulgation et le soutien octroyé à l’enfant y contribue (Finkelhor, 1990; Bolen & Lamb, 2008).

La littérature permet de répondre à plusieurs questions en regard des conséquences vécues suite à un abus sexuel. Il a été montré que le lien entre l’enfant et la figure d’attachement, généralement la mère, permet d’expliquer une partie de ces conséquences. Dans cette étude, il est souhaité faire la distinction entre trois types d’attachement, soit sécure, insécure et désorganisé, afin d’établir s’ils sont davantage associés à différents symptômes et comportements liés aux psychopathologies suite à un abus sexuel. Il apparait important de déterminer dans quelle mesure le type d’attachement de l’enfant et l’abus sexuel contribuent aux différentes conséquences psychologiques afin d’intervenir le plus efficacement possible chez ces enfants, et ce chez une population d’enfants d’âge scolaire.

Objectifs de l’étude

L’objectif général du présent mémoire doctoral est d’explorer l’effet contributeur de l’attachement sur les comportements et les symptômes associés à différentes psychopathologies suite à un abus chez des enfants âgés entre 8 et 12 ans. Plus spécifiquement, la présente étude vise à (1) décrire le type d’attachement de l’enfant (sécure, insécure-évitant, insécure-ambivalent-résistent) selon la présence ou l’absence d’un abus sexuel et (2) déterminer si le type d’attachement de l’enfant (sécure, insécure et désorganisé) et la présence d’un abus sexuel, sont associées à des comportements et des symptômes liés aux psychopathologies (comportements internalisées, comportements externalisées, comportements sexualisés, symptômes de dissociation et

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symptômes dépressifs). Cette étude se veut exploratoire, avec l’objectif d’articuler ultérieurement un modèle de compréhension plus complexe entre ces variables.

Hypothèses

En ce qui a trait à l’objectif 1, il est attendu que les enfants qui ont vécu un abus sexuel présentent davantage un attachement de type évitant ou insécure-ambivalent-résistant que sécure.

En ce qui concerne l’objectif 2, il est attendu que les enfants qui présentent un attachement de type désorganisé et insécure de même que ceux qui ont vécu un abus sexuel présentent un niveau plus élevé d’indices psychopathologiques. Il est également attendu que les enfants qui ont un attachement désorganisé présentent un plus haut niveau de symptômes et de comportements que ceux qui ont un attachement insécure.

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Méthodologie

La présente étude s’inscrit dans le cadre d’une recherche longitudinale qui porte sur les séquelles de l’abus sexuel chez les enfants. Ayant débuté en 1996, cette étude a été menée à l’Unité de Recherche et d’Intervention auprès de l’Enfant et de l’Adolescent à l’École de Psychologie de l’Université Laval. Les données nécessaires à l’examen des objectifs du présent projet proviennent d’une banque de données déjà existante.

Participants

L’échantillon est constitué de 111 enfants âgés entre 8 et 12 ans (M = 9,53 ans,

ET = 1,47) et comprend 68 filles et 43 garçons. Il se répartit en deux groupes, soit un

groupe d’enfant ayant vécu un abus sexuel et une condition contrôle. Notons qu’outre la monoparentalité, les analyses de Chi-carré de Pearson ne révèlent aucune différence significative en regard des variables socio-économiques (revenu familial, origine ethnique et sexe).

Le groupe contrôle est constitué de 68 enfants (M = 9,52 ans, ET = 1,33), soit de 40 filles et de 28 garçons. La majorité des enfants sont caucasiens (n = 62, 91,2%). Ils ont été recrutés à partir de publicités dans la région de Québec et les mères des enfants recrutés ont été invitées à parler de la recherche à d’autres mères.

Le groupe d’enfants ayant subi un abus sexuel est constitué de 43 enfants (M = 9,53 ans, ET = 1,63) et comprend 28 filles et 15 garçons. La majorité des enfants sont caucasiens (n = 40, 90,9%). Autant d’enfants ont subi un abus sexuel intrafamilial (n = 21) qu’extrafamilial (n = 22). Selon la classification de Russell (Russell, 1983), 41% des enfants ont subi un abus sexuel très sévère (tentative de pénétration ou pénétration orale, vaginale ou anale), 33% ont subi un abus jugé sévère (attouchements sous les vêtements) et 25% comme moins sévère (attouchements par-dessus les vêtements). Notons que cette donnée n’est pas disponible pour 4 enfants. Les abus sexuels sont survenus dans les mois précédents la première visite à l’Unité de Recherche et d’Intervention auprès de l’Enfant et de l’Adolescent. Enfin, il n’est pas possible d’établir la chronicité des abus au sein de cet échantillon puisque 21 données sont

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manquantes. Ces enfants ont été recrutés dans la région du Centre du Québec et de la Mauricie. Ils ont été référés par plusieurs travailleurs sociaux et d’autres professionnels œuvrant à la Direction de la Protection de la Jeunesse, pas les CLSC ou par les écoles primaires de la région. Une publicité et des dépliants ont fait connaître l’étude aux différents intervenants et aux parents.

Mesures

Child Attachment Interview.

La troisième version du Child Attachment Interview (CAI; Target, Fonagy, & Shmueli-Goetz, 2003; voir annexe A) est une entrevue semi-structurée qui vise à évaluer les représentations d’attachement chez les enfants entre 8 et 12 ans à partir de questions sur leurs expériences antérieures et présentes avec leurs figures d’attachement. L’entrevue dure entre 20 et 60 minutes et contient l’adaptation de 19 questions provenant du AAI. Lorsque l’enfant a une autre figure d’attachement que ses parents biologiques, les questions sont posées en lien avec cette personne. Le rôle de l’évaluateur est d’aider l’enfant à s’exprimer en termes d’états mentaux, c’est-à-dire à discuter de ses pensées, de ses sentiments, de ses désirs et de ses intentions. Cette façon de procéder facilite la cotation de l’attachement de l’enfant. Afin de faire la cotation du CAI, l’entrevue est enregistrée et transcrite.

Le CAI est coté à partir de la troisième version du Child Attachment Interview Coding and Classification Manuel (Target, Oganasan, & Ensink, 2001). Huit échelles sont utilisées, soit l’idéalisation, le rejet de la figure d’attachement, la colère envahissante, l’ouverture émotionnelle, l’utilisation d’exemples, la balance du positif et du négatif en référence aux figures d’attachement et la résolution des conflits. Ces échelles sont cotées en 9 points, où 1 correspond à l’absence du construit mesuré et 9 à une démonstration exemplaire de ce construit. Le comportement de l’enfant est également évalué, notamment par ses manières, son état affectif, sa position face à l’interviewer et les comportements bizarres qui surviennent au cours de l’entrevue. De plus, la cohérence, la rationalité et la compréhensibilité sont mesurées lorsque l’enfant doit rapporter des épisodes relationnels avec ses figures d’attachement. Lorsque l’enfant devient agité, perd le focus ou se contredit, la cotation de la sécurité de

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21 l’attachement est diminuée et ces facteurs sont indicateurs d’un attachement désorganisé. Quatre catégories d’attachement sont reflétées par la cotation du CAI, soit l’attachement sécure, insécure-évitant, insécure-ambivalent-résistant et désorganisé. L’attachement désorganisé a été ajouté par les membres de l’Unité de Recherche afin de permettre une codification plus complète et est inclus par quelques chercheurs (Borelli et al., 2010). Il est possible d’établir l’attachement face au père et à la mère ou de la faire de manière générale. Dans la présente étude, il a été choisi de le faire de manière générale.

Un enfant sécure a la capacité de discuter des aspects négatifs et positifs de sa relation avec ses figures d’attachement, est en mesure de donner des exemples concrets et a une ouverture émotionnelle au moins modérée. Un enfant qui a un attachement insécure-évitant éprouve d’importantes difficultés à donner des exemples quant aux caractéristiques qui définissent sa relation avec ses figures d’attachement, idéalise ses figures d’attachement et peut nier avoir déjà été malade, blessé, triste et vulnérable. Un enfant avec un attachement insécure résistant-ambivalent tend à focuser sur les éléments négatifs de sa relation avec ses figures d’attachement, se met en colère au point où il perd le focus de l’entrevue et n’est pas en mesure de décrire son état émotionnel. Enfin, un enfant qui a un attachement désorganisé tend à présenter des comportements bizarres ou inattendus lorsqu’il discute de pertes, de traumas ou d’expériences effrayantes qu’il a vécues. Il peut par exemple changer très rapidement d’état affectif, avoir un état affectif qui ne concorde pas avec la situation, mêler les gens lorsqu’il parle d’une situation, parler d’une personne décédée comme si elle était vivante, présenter un comportement hostile ou contrôlant envers l’interviewer, etc.

Les entrevues ont été administrées par cinq étudiants aux études doctorales et seront cotés par une des chercheures de l’étude et une étudiante aux études doctorales. Afin de s’assurer de la validité de la cotation, quinze protocoles ont été cotés par tous. Le même résultat est obtenu dans 86,67% des cas. La fidélité test-retest (corrélation de Pearson) du CAI se situe à .74 trois mois suite à la première passation et entre .72 et .79 un an plus tard (Target, Fonagy, & Shmuali-Goetz, 2003). La validité de la mesure

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a été évaluée auprès de populations cliniques et normales (Shmuali-Goetz, Target, Fonagy, & Datta, 2008; Target, Oganasan, & Ensink, 2001).

Informations socio-démographiques.

Le questionnaire sur les informations socio-démographiques (Normandin, 2005; voir Annexe B) comprend 12 questions et permet d’obtenir des informations telles que niveau d’éducation des parents, le revenu familial et l’origine ethnique de l’enfant.

Questionnaire concernant l’abus sexuel.

Le questionnaire concernant l’abus sexuel (Normandin, Terradas, & Gendron, 2001) est administré sous forme d’entrevue semi-structurée auprès de la personne responsable de l’enfant, généralement la mère. Cette entrevue comprend 18 questions où la personne doit donner des informations quant à la nature de l’abus sexuel, sa réaction face à l’abus de même que celle de son enfant, les démarches légales entreprises à cet effet et la présence d’abus dans la famille antérieurement à l’abus dont il est question dans la recherche.

Child Behavior Checklist, parent form.

Le Child Behavior Checklist (CBCL; Achenbach & Edelbrock, 1983; Tremblay, 1989) est un questionnaire qui est répondu par les parents d’un jeune entre 4 et 17 ans (voir Annexe C). Il permet de mesurer divers comportements externalisées et internalisées, tant au niveau comportemental que social. Le CBCL, révisé par Achenbach (1991), consiste en 113 items où le répondant, généralement un des parents, évalue la présence de symptômes ou de comportements spécifiques chez l’enfant au cours des six derniers mois. Les réponses sont données sur une échelle en trois points (0 = absent, 1 = parfois présent, 2 = souvent présent). La cotation de ce questionnaire met en évidence deux échelles majeures ainsi que plusieurs sous-échelles. La première échelle, soit l’internalisation, comprend les sous-échelles de dépression, d’anxiété, de plaintes somatiques et de problèmes sociaux et la deuxième échelle, l’externalisation, comprend les sous-échelles de problèmes de la pensée, de comportements agressifs, de violation des règles, de problèmes d’attention et d’hyperactivité et de comportements

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23 sexualisés. Les résultats bruts sont modifiés en scores T, qui tiennent compte de l’âge et du sexe de l’enfant. Un score de 50 équivaut à la moyenne, un score plus grand que 65 tend à indiquer un niveau de symptomatologie à la limite du seuil clinique et un score plus élevé que 70 indique un niveau de symptomatologie cliniquement significatif (Achenbach, 1991). La corrélation de la fidélité test-retest se situe en moyenne à .89 aux différentes sous-échelles.

Child Sexual Behavior Inventory.

Le Child Sexual Behavior Inventory (CSBI, Friedrich, 1997) est un questionnaire de 38 items répondu par le parent (voir Annexe D). Il évalue la fréquence, lors des six derniers mois, de comportements sexualisés chez des enfants entre 2 à 12 ans sur une échelle en quatre points (0 = le comportement n'apparaît jamais, 1 = le comportement apparaît moins d'une fois par mois, 2 = le comportement apparaît d'une à trois fois par mois, 3 = le comportement apparaît au moins une fois par semaine). Le CSBI évalue les comportements sexuels associés à l'autostimulation, à l'exhibition, au voyeurisme, les comportements associés au genre de l'enfant, la transgression des frontières personnelles, les comportements sexuels intrusifs, l'anxiété associée à la sexualité, l'intérêt sexuel et le niveau de connaissances associées à la sexualité. Le score total est transformé en score-r selon les données normatives issues d’études de validation (Friedrich, 1997). Les qualités psychométriques de l'instrument ont été établies (Friedrich et al., 1991; Friedrich et al., 2001; Hewitt & Friedrich, 1991) avec une fidélité test-retest de .85, pour un échantillon d'enfants de la population normale (intervalle de quatre semaines) et de .47 pour les enfants victimes d’agression sexuelle (intervalle de trois mois) (Friedrich et al., 1991). Le questionnaire présente également une bonne validité discriminante (Hewitt & Friedrich, 1991) et conceptuelle (Friedrich et al., 1991).

Child Depression Inventory.

Le Child Depression Inventory (CDI; Kovacs, 1992) est un questionnaire auto-rapporté qui mesure les caractéristiques comportementales, cognitives, émotionnelles et physiologies de la dépression chez les enfants de 7 à 17 ans (voir Annexe E). Cette version a été adaptée à partir du questionnaire développé par Kovacs et Beck en 1977.

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L’enfant doit répondre à 27 items et il doit choisir la réponse qui le décrit le mieux au cours des deux dernières semaines. Les réponses doivent être fournies selon une échelle en trois points, où 0 équivaut à l’absence de symptômes dépressifs et 2 à la présence marquée de symptômes dépressifs. Les scores bruts sont transformés en un score T, qui tient compte de l’âge et du sexe de l’enfant. Un score entre 45 et 55 se situe dans la normale, un score entre 56 et 60 suggère un niveau de dépression légèrement au-dessus de la moyenne, un score entre 61 et 65 équivaut à un niveau au-dessus de la moyenne, un score entre 66 et 70 réfère à un niveau fortement au-dessus de la moyenne et un score supérieur à 71 suggère un niveau de dépression très fortement supérieur à la moyenne. La fidélité test-retest varierait selon des corrélations allant de .62 à .87 avec un intervalle de deux semaines entre les deux administrations. Il s’avèrerait que plus le temps entre les deux mesures augmente, moins les corrélations seraient élevées. La cohérence interne de l’instrument est qualifiée de bonne selon Kovacs (1992).

Échelle de dissociation chez l’enfant, version 3.0 (Child dissociative checklist) L’Échelle de dissociation chez l’enfant (CDC; Putnam, Helmers, & Trickett, 1993) est un questionnaire qui mesure la dissociation chez l’enfant qui est répondu par le parent ou le principal gardien de l’enfant (voir Annexe F). Le questionnaire contient 20 questions où le répondant doit répondre selon une échelle en trois points (0 = ne s’applique pas, 1 = s’applique plus ou moins et 2 = s’applique très bien). Six échelles sont évaluées par le CDC, soit l’amnésie dissociative, les hallucinations, l’altération de l’identité, les comportements agressifs et sexuels, les changements rapides au niveau du comportement et les pertes subites de contact avec la réalité. Un écart-type supérieur à deux suggère un niveau de dissociation plus élevé que la moyenne. Un score brut plus élevé que 12 indique un niveau de dissociation pathologique. Le coefficient de validité interne (alpha de Cronbach) se situe à .86. Le coefficient test-retest (coefficient de rho) se situe à .69 un an suite à la première passation.

Procédure

L’enfant, accompagné d’un de ses parents, généralement sa mère, se présentent au Service de Consultation de l’École de Psychologie de l’Université Laval. Le formulaire de consentement à la recherche (voir Annexe G) est présenté au parent. Il importe de

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25 noter que ce formulaire diffère selon le groupe de l’enfant. Par la suite, le formulaire d’autorité parentale est présenté au parent et les deux formulaires sont signés. L’entrevue du CAI est par la suite administrée à tous les enfants et est enregistrée sur cassette vidéo afin d’être transcrite pour enfin être cotée. De leur côté, les mères faisant partie du groupe expérimental participent à une entrevue afin d’explorer la nature des abus dont l’enfant a été victime. Par ailleurs, des professionnels de la santé ou des services sociaux ont transmis des données afin de confirmer la présence de l’abus. En ce qui a trait aux mères d’enfants n’ayant pas vécu d’abus sexuel, une évaluation est faite afin d’exclure les enfants qui ont vécu de la négligence et des abus physiques ou psychologiques. Enfin, tous les parents sont invités à remplir les différents questionnaires à la maison et à les envoyer par courrier lorsqu’ils sont complétés.

Analyses statistiques

Les analyses statistiques ont été effectuées à l’aide du logiciel statistique

Statistical Package for the Social Sciences (SPSS, version 13.0). Deux khi-carré de

Pearson jumelé à un coefficient de contingence (V de Cramer) ont été effectués afin de répondre au premier objectif, soit de décrire le type d’attachement de l’enfant selon la présence ou l’absence d’un abus sexuel. Le premier Chi-carré distingue les enfants qui ont un attachement sécure de ceux qui ont un attachement insécure en regard de la présence ou de l’absence d’un abus sexuel. Le deuxième Chi-carré distingue les enfants qui ont un attachement sécure, insécure-évitant et insécure-ambivalent-résistant toujours en regard de la présence ou de l’absence d’un abus sexuel. Le nombre d’enfants ayant un attachement de type désorganisé s’avère insuffisant pour effectuer un Chi-carré sans contrevenir aux critères d’utilisation (n = 9). Une deuxième cotation a donc été effectuée afin de classifier ces enfants dans une des deux catégories d’attachement insécure. Un niveau alpha de 0,05 a été utilisé pour ces analyses.

Afin de répondre au deuxième objectif, soit de déterminer si le type d’attachement de l’enfant et la présence d’un abus sexuel sont associées à des comportements et des symptômes liés aux psychopathologies, cinq régressions hiérarchiques, ayant pour variables indépendante l’attachement (sécure, insécure et désorganisé) de même que l’abus sexuel (absence ou présence) ont été effectuées. Les

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cinq variables dépendantes ont été intégrées dans l’ordre suivant; le niveau de comportements externalisés rapporté par le parent, le niveau de comportements internalisées rapporté par le parent, le niveau de comportements sexualisés rapportés par le parent, le niveau de dissociation rapporté par le parent et le niveau de symptômes dépressifs rapporté par l’enfant. Avant d’effectuer ces analyses, des corrélations entre toutes les variables ont été effectuées. Par la suite, afin de déterminer où se situent les différences entre les trois groupes d’attachement en ce qui concerne les comportements et les symptômes psychopathologiques, des ANOVA ont été effectuées. Un niveau alpha de 0,05 a été utilisé pour ces analyses.

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Résultats

Objectif 1

Le type d’attachement en quatre groupes et séparé selon la présence ou l’absence d’un abus sexuel est présenté dans le Tableau 1.

Tableau 1

Fréquences observées relative au type d’attachement de l’enfant selon la présence ou l’absence d’un abus sexuel.

Type d’attachement

Abus Sécure

Insécure-évitant ambivalent- Insécure-résistant Désorganisé Total Absences 44 (64,7%) 13 (19,11%) 8 (11,76%) 3 (4,41%) 68 (100%) Présence 12 (27,91%) 11 (25,58%) 14 (32,56%) 6 (13,95%) 43 (100%) Total 56 (50,45%) 24 (21,62%) 22 (19,82%) 9 (8,1%) 111 (100%)

Rappelons qu’étant donné que le nombre d’enfants ayant un attachement désorganisé s’avère insuffisant afin d’effectuer des analyses statistiques, ces enfants ont été affectés à la catégorie d’attachement insécure la plus concordante avec leur profil d’attachement. Les résultats de la première analyse montrent que la distribution des fréquences relative aux catégories d’attachement sécure et insécure dépend de la distribution des fréquences liées à l’absence ou la présence d’un abus sexuel (χ2 = 14,27, dl = 1, p < 0,05). Les fréquences observées et attendues sont présentées dans le Tableau 2. Par ailleurs, il existe une force d’association moyenne entre ces deux variable (V de Cramer = 0,359).

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