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Les analyses statistiques ont été effectuées à l’aide du logiciel statistique

Statistical Package for the Social Sciences (SPSS, version 13.0). Deux khi-carré de

Pearson jumelé à un coefficient de contingence (V de Cramer) ont été effectués afin de répondre au premier objectif, soit de décrire le type d’attachement de l’enfant selon la présence ou l’absence d’un abus sexuel. Le premier Chi-carré distingue les enfants qui ont un attachement sécure de ceux qui ont un attachement insécure en regard de la présence ou de l’absence d’un abus sexuel. Le deuxième Chi-carré distingue les enfants qui ont un attachement sécure, insécure-évitant et insécure-ambivalent-résistant toujours en regard de la présence ou de l’absence d’un abus sexuel. Le nombre d’enfants ayant un attachement de type désorganisé s’avère insuffisant pour effectuer un Chi-carré sans contrevenir aux critères d’utilisation (n = 9). Une deuxième cotation a donc été effectuée afin de classifier ces enfants dans une des deux catégories d’attachement insécure. Un niveau alpha de 0,05 a été utilisé pour ces analyses.

Afin de répondre au deuxième objectif, soit de déterminer si le type d’attachement de l’enfant et la présence d’un abus sexuel sont associées à des comportements et des symptômes liés aux psychopathologies, cinq régressions hiérarchiques, ayant pour variables indépendante l’attachement (sécure, insécure et désorganisé) de même que l’abus sexuel (absence ou présence) ont été effectuées. Les

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cinq variables dépendantes ont été intégrées dans l’ordre suivant; le niveau de comportements externalisés rapporté par le parent, le niveau de comportements internalisées rapporté par le parent, le niveau de comportements sexualisés rapportés par le parent, le niveau de dissociation rapporté par le parent et le niveau de symptômes dépressifs rapporté par l’enfant. Avant d’effectuer ces analyses, des corrélations entre toutes les variables ont été effectuées. Par la suite, afin de déterminer où se situent les différences entre les trois groupes d’attachement en ce qui concerne les comportements et les symptômes psychopathologiques, des ANOVA ont été effectuées. Un niveau alpha de 0,05 a été utilisé pour ces analyses.

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Résultats

Objectif 1

Le type d’attachement en quatre groupes et séparé selon la présence ou l’absence d’un abus sexuel est présenté dans le Tableau 1.

Tableau 1

Fréquences observées relative au type d’attachement de l’enfant selon la présence ou l’absence d’un abus sexuel.

Type d’attachement

Abus Sécure Insécure-

évitant ambivalent-Insécure- résistant Désorganisé Total Absences 44 (64,7%) 13 (19,11%) 8 (11,76%) 3 (4,41%) 68 (100%) Présence 12 (27,91%) 11 (25,58%) 14 (32,56%) 6 (13,95%) 43 (100%) Total 56 (50,45%) 24 (21,62%) 22 (19,82%) 9 (8,1%) 111 (100%)

Rappelons qu’étant donné que le nombre d’enfants ayant un attachement désorganisé s’avère insuffisant afin d’effectuer des analyses statistiques, ces enfants ont été affectés à la catégorie d’attachement insécure la plus concordante avec leur profil d’attachement. Les résultats de la première analyse montrent que la distribution des fréquences relative aux catégories d’attachement sécure et insécure dépend de la distribution des fréquences liées à l’absence ou la présence d’un abus sexuel (χ2 = 14,27, dl = 1, p < 0,05). Les fréquences observées et attendues sont présentées dans le Tableau 2. Par ailleurs, il existe une force d’association moyenne entre ces deux variable (V de Cramer = 0,359).

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Tableau 2

Fréquences observées et attendues relative au type d’attachement (sécure et insécure) de l’enfant selon la présence ou l’absence d’un abus sexuel.

Type d’attachement

Abus Sécure Insécure Total

Absence Observées Attendues 44 (39,6%) 34,3 24 (21,6%) 33,7 68 (61,3%) Présence Observées Attendues 12 (10,8%) 21,7 31 (27,9%) 21,3 43 (38,7%) Total 56 (50,5%) 55 (49,5%) 111 (100%)

Les résultats suivants révèlent également que la distribution des fréquences relatives aux catégories d’attachement (sécure, évitant et ambivalent-résistant) dépend de la distribution des fréquences relatives à la présence ou à l’absence d’un abus sexuel (χ2 = 16,64, dl = 2, p < 0,05). Les fréquences observées et attendues sont présentées dans le Tableau 3. En tenant compte de ces fréquences, il est constaté que les enfants qui ont subi un abus présentent davantage un attachement de type insécure que sécure, autant pour le type évitant qu’ambivalent-résistant. Toutefois, notons que certains enfants ayant subi un abus sexuel présentent tout de même un attachement de type sécure. Il existe une force d’association moyenne entre ces différentes variables (V de

Cramer = 0,387). Notons qu’un autre Chi-carré de Pearson ne révèle aucune différence

significative entre l’attachement insécure-évitant et insécure-ambivalent-résistant en regard de l’absence ou de la présence d’un abus sexuel (χ2 = 2,29, dl = 1, p = 0,13).

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Tableau 3

Fréquences observées et attendues relative au type d’attachement (sécure, insécure-évitant et insécure-ambivalent-résistant) de l’enfant selon la présence ou

l’absence d’un abus sexuel.

Type d’attachement

Abus Sécure Insécure -

évitant Insécure- ambivalent- résistant Total Absence Observées Attendues 44 (39,6%) 35,7 15 (13,5%) 17,2 9 (8,1%) 16,5 68 (61,3%) Présence Observées Attendues 12 (10,8%) 20,3 13 (11,7%) 10,8 18 (16,2%) 10,5 43 (38,7%) Total 56 (50,5%) 28 (25,2%) 27 (24,3%) 111 (100%)

Objectif 2

Il est postulé que les indices psychopathologiques varient selon le type d’attachement de l’enfant et la présence d’un abus sexuel. Les corrélations entre les différentes variables dépendantes et indépendantes ont d’abord été examinées avant d’entamer les analyses principales et sont présentées dans le Tableau 4. De plus, les moyennes et les écart-types associés au niveau de comportements externalisés, internalisés et sexualisés de même qu’aux symptômes dissociatifs et dépressifs selon la présence ou l’absence d’un abus sexuel et le type d’attachement de l’enfant sont présentés dans le tableau 5.

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Tableau 4

Corrélations entre les variables indépendantes et dépendantes

Abus Sexuel Attach- ement CE CI CS Dissoci -ation Sx Dep Abus sexuel 1 0,35 0,29 0,40 0,25 0,43 0,26 Attachement 0,35 1 0,40 0,40 0,28 0,43 0,43 Comportements externalisés (CE) 0,40 0,40 1 0,69 0,50 0,71 0,22 Comportements internalisés (CI) 0,40 0,40 0,69 1 0,50 0,63 0,11 Comportements sexualisés (CS) 0,25 0,28 0,50 0,50 1 0,39 0,19 Dissociation 0,43 0,43 0,71 0,63 0,39 1 0,16 Symptômes dépressifs (Sx Dep) 0,26 0,43 0,22 0,11 0,19 0,16 1 Tableau 5

Moyennes et écart-types des différents symptômes et comportements observés en lien avec l’abus sexuel et l’attachement

Absence

d’abus sexuel d’abus sexuel Présence Attachement sécure Attachement insécure Attachement désorganisé

Mesures X ET X ET X ET X ET X ET Dissociation 2,63 4,34 6,93 4,55 2,59 3,45 5,53 5,55 8,44 4,88 Comportements externalisés 53,46 11,42 63,79 11,79 53,31 11,05 60,2 12,84 69,56 8,88 Comportements internalisés 56,42 9,86 64,90 8,93 56,98 10,56 62,52 10 62,78 5,87 Comportements sexualisés 58,71 17,23 68,78 22,33 58,33 15,32 64,22 21,81 79,33 25,47 Symptômes dépressifs 46,38 5,78 50,38 9,35 45,05 5,90 50,25 8,02 55,38 6,99

Subséquemment, cinq régressions multiples hiérarchiques ont été effectuées afin d’examiner si l’augmentation des symptômes et des comportements liées aux psychopathologies (comportements externalisés, internalisés et sexualisés et symptômes

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dissociatifs et dépressifs) est associée à un attachement insécure ou désorganisé de même qu’à la présence d’un abus sexuel.

L’augmentation des comportements externalisés a d’abord été examinée. Les deux modèles contribuent de façon significative à leur augmentation. Les résultats sont présentés dans le Tableau 6. Le dernier modèle, où toutes la variables sont inclues, y contribue de façon significative (R² = 0,23, Finc (2, 104) = 15,82, p = < 0,05). Le premier modèle, incluant uniquement l’attachement comme facteur, contribue à prédire 15,2% de la variance quant à la présence de comportements externalisés, Δ R2 = 0,15, Finc (1, 105) =

18,83, p < 0,05. Le deuxième modèle, où l’abus sexuel est intégré comme seconde variable, permet d’expliquer 8,1% de plus quant à la variance des comportements externalisés, Δ R2

= 0,23, Finc (2, 104) = 15,82, p < 0,05. Bien qu’ils soient tous deux significatifs, l’abus sexuel (β = 0,30, p < 0,05) contribue davantage à la variance des comportements externalisés que l’attachement (β = 0,28, p < 0,05).

Tableau 6

Régression hiérarchique entre les comportements externalisés et l’abus sexuel et l’attachement Prédicteurs R R2 Δ R2 B ET B β Modèle 1 0,39 0,15* 0,15 Attachement 7,60 1,75 0,39* Modèle 2 0,48 0,23* 0,08 Attachement 5,42 1,79 0,28* Abus sexuel 7,79 2,35 0,30* * p < 0,05.

La deuxième régression multiple hiérarchique examine les comportements internalisés. Les résultats sont disponibles dans le Tableau 7. Le dernier modèle, où toutes les variables sont inclues, contribue de façon significative à expliquer l’augmentation des comportements internalisés, R² = 0,18, Finc (2, 104) = 11,11, p = < 0,05. Le premier modèle, incluant uniquement l’attachement comme facteur, contribue à prédire 6% de la variance quant à la présence de comportements internalisés, Δ R2 = 0,06, Finc (1, 105) = 7,00, p <

0,05. Le deuxième modèle, incluant également l’abus sexuel, contribue à expliquer 11% supplémentaire de la variance, Δ R2 = 0,11, Finc (2, 104) = 11,11, p < 0,05. Dans ce dernier

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modèle, seul l’abus sexuel permet d’expliquer de façon significative l’augmentation des comportements internalisés.

Tableau 7

Régression hiérarchique entre les comportements internalisés et l’abus sexuel et l’attachement Prédicteurs R R2 Δ R2 B SE β Modèle 1 0,25 0,06* 0,06 Attachement 4,00 1,88 0,25* Modèle 2 0,42 0,18 0,11 Attachement 7,57 2,00 0,13 Abus sexuel 2,00 7,57 0,36* * p < 0,05.

La troisième régression multiple hiérarchique examine les comportements sexualisés. Seul le premier modèle, incluant l’attachement, contribue de façon significative à expliquer à la variation de ces comportements (R² = 0,08, Finc (1, 107) = 8,88, p = < 0,05). Les résultats sont présentés dans le Tableau 8. Le deuxième modèle, incluant également l’abus sexuel, ne contribue pas davantage à expliquer la variance, Δ R2 = 0,02, Finc (2, 106)

= 5,98, p = 0,09.

Tableau 8

Régression hiérarchique entre les comportements sexualisés et l’abus sexuel et l’attachement Prédicteurs R R2 Δ R2 B SE β Modèle 1 0,28 0,08* 0,08 Attachement 8,54 2,87 0,28* Modèle 2 0,32 0,10 0,02 Attachement 6,64 3,05 0,22* Abus sexuel 6,88 4,03 0,17 * p < 0,05.

La régression suivante avait pour objectif d’examiner l’augmentation des symptômes dissociatifs. Les résultats sont présentés dans le tableau 9. Lorsque les deux variables sont intégrées au modèle, R² = 0,25, Finc (2, 107) = 17,69, p = < 0,05. L’attachement permet d’expliquer 15,9% de la variance quant à la dissociation (Δ R2 =

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0,16, Finc (1, 108) = 18,97, p < 0,05) et l’abus sexuel ajoute 9,9% (Δ R2 = 0,10, Finc (2, 107)

= 17,69, p < 0,05). Bien qu’ils soient tous deux significatifs, l’abus sexuel (β = 0,34, p < 0,05) contribue davantage à la variance de la dissociation que l’attachement (β = 0,27, p < 0,05).

Tableau 9

Régression hiérarchique entre les symptômes dissociatifs et l’abus sexuel et l’attachement Prédicteurs R R2 Δ R2 B SE β Modèle 1 0,39 0,16* 0,15 Attachement 2,93 0,67 0,39* Modèle 2 0,50 0,25* 0,10 Attachement 2,04 0,68 0,27* Abus sexuel 3,36 0,89 0,34* * p < 0,05.

Enfin, l’augmentation des symptômes dépressifs a été étudiée. Le premier modèle contribue de façon significative à expliquer la variation de ces symptômes. Les résultats sont présentés dans le Tableau 10. Ainsi, le premier modèle, où uniquement l’attachement est inclus, contribue significativement à expliquer la variance quant à la présence de symptômes dépressifs, R² = 0,19, Finc (1, 106) = 24,13, p = < 0,05. Le modèle incluant l’abus sexuel ne s’avère pas significatif, ΔR2 = 0,01, Finc (2, 105) = 12,77, p = 0,25. Cette

variable ne constitue donc pas un facteur expliquant la variation des symptômes dépressifs. Tableau 10

Régression hiérarchique entre les symptômes dépressifs et l’abus sexuel et l’attachement

Prédicteurs R R2 Δ R2 B SE β Modèle 1 0,43 0,19 0,19* Attachement 5,18 1,05 0,43* Modèle 2 0,44 0,20 0,01* Attachement 4,67 1,14 0,39* Abus sexuel 1,70 1,47 0,11 * p < 0,05.

Par ailleurs, afin de connaitre où se situent les différences en regard de l’attachement, des ANOVA ont été effectuées de même que des analyses post-hoc à

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l’aide de la plus petite différence significative (LSD) de Fischer. Les résultats sont présentés dans le Tableau 11.

Tableau 11

ANOVA et analyses post-hoc (LSD de Fischer) en regard de l’attachement et des indices psychopathologiques

Attachement

sécure Attachement insécure Attachement désorganisé

Mesures X ET X ET X ET F Comportements externalisés 53,31 b-c 11,05 60,2a-c 12,84 69,56a-b 8,88 9,44* Comportements internalisés 56,98b 10,56 62,52a 10 62,78 5,87 4,14* Comportements sexualisés 58,33c 15,32 64,22c 21,82 79,33a-b 25,47 4,97* Symptômes dissociatifs 2,59b-c 3,45 5,53a-c 5,56 8,44b-c 4,88 9,40* Symptômes dépressifs 45,05b-c 5,90 50,25a 8,02 55,38a 6,99 11,95* * p < 0,05.

a significativement différent de l’attachement sécure b significativement différent de l’attachement insécure c significativement différent de l’attachement désorganisé

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Discussion

L’objectif principal du présent mémoire est d’explorer l’effet contributeur de l’attachement et de l’abus sexuel sur les comportements et les symptômes associés à différentes psychopathologies observées chez des enfants âgés entre 8 et 12 ans.

De façon descriptive, il a d’abord été possible d’établir que les enfants qui ont vécu un abus sexuel ont plus fréquemment un attachement de type insécure que sécure comparativement aux enfants qui n’ont pas vécu d’abus. La présente étude ne révèle aucune différence entre l’attachement insécure-évitant et insécure-ambivalent-résistant en regard de la présence ou de l’absence d’un abus sexuel. Il s’avère donc important de souligner que le type d’attachement insécure n’appert pas associé à la présence ou l’absence d’un abus sexuel dans l’échantillon à l’étude. Rappelons qu’étant donné que peu d’enfants ont un attachement désorganisé au sein de présent échantillon, il n’a pas été possible d’établir statistiquement si les enfants qui ont subi un abus sexuel présentent davantage ce type d’attachement. De façon qualitative, il est toutefois possible de noter que le double d’enfants présente un attachement désorganisé lorsqu’ils ont vécu un abus sexuel.

Il appert donc que les enfants qui ont vécu un abus sexuel présentent plus souvent un attachement de type insécure que sécure. Étant donné le devis transversal de la présente étude, il n’est pas possible d’établir si l’attachement de l’enfant a été modifié suite à l’abus ou s’il est demeuré le même. Il est toutefois constaté que les enfants qui ont un attachement insécure encourent un plus grand risque de vivre des difficultés liées aux psychopathologies et à l’adaptation suite à cet abus. D’une part, tel que mentionné par Alexander (1992), la figure d’attachement, généralement la mère, constitue un des facteurs contribuant à l’adaptation de l’enfant suite à l’abus sexuel. Ainsi, une figure d’attachement qui n’est pas sensible aux besoins et au vécu de son enfant peut compromettre son adaptation. Bien qu’ils ne se soient pas intéressés spécifiquement à la relation d’attachement, Zajac, Ralston et Smith (2015) ont étudié le support offert par la mère à son enfant suite à l’abus sexuel. Lorsque l’enfant perçoit le support de sa mère, le niveau symptomatique de la dépression, de l’ESPT et de la

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colère est diminué. Il s’avère également intéressant de constater que le désir de vengeance de la mère envers l’abuseur est lié à une augmentation des symptômes de l’ESPT chez l’enfant. Les auteurs font l’hypothèse que le trauma vécu pour la mère face à l’abus de son enfant se transmet à ce dernier.

La relation d’attachement a aussi un impact lorsque l’enfant cherche à mettre un terme aux abus ou à gérer le traumatisme. Mikulincer, Shaver et Pereg (2003) se sont particulièrement intéressés à la théorie de l’attachement et à la régulation émotionnelle. Contrairement aux gens qui ont des représentions d’attachement sécures, ceux qui ont des représentations insécures et qui ont vécu un trauma n’auront pas tendance à chercher l’aide dont ils ont besoin. Ce constat s’explique par le fait que les représentations d’attachement tendent à s’activer de façon automatique en cas de situation traumatique. Ainsi, un enfant qui a des représentations d’attachement sécures aura tendance à croire qu’il peut chercher de l’aide et une sécurité autour de lui, contrairement aux enfants qui ont des représentations insécures. Ces enfants ont l’impression que le monde qui les entoure n’est pas en mesure de les protéger. Il est donc possible que les abus durent plus longtemps chez ces enfants.

Par ailleurs, certains enfants qui ont subi un abus sexuel présentent tout de même un attachement sécure. Il s’avérerait intéressant de s’attarder aux différentes variables qui ont une incidence sur ce constat, notamment le contexte de l’abus. Il est possible de questionner la possibilité que les enfants qui ont subi un abus dans un contexte extrafamilial présentent plus souvent un attachement de type sécure que ceux qui ont subi un abus sexuel intrafamilial.

Le deuxième objectif du présent mémoire était d’explorer si la présence d’un abus sexuel et la sécurité de l’attachement ont une incidence sur différents indices psychopathologiques. Contrairement aux hypothèses émises, il s’avère que ces deux facteurs ont des apports différents sur les comportements externalisés, internalisés et sexualisés de même que sur les symptômes associés à la dépression et à la dissociation.

Il est d’abord mis en évidence que la présence d’un abus sexuel et l’insécurité de même que la désorganisation de l’attachement ont une incidence sur l’augmentation du

37 niveau de comportements externalisés. Le fait d’avoir été victime d’un abus sexuel contribue toutefois davantage à l’augmentation de ces comportements que l’attachement. Par ailleurs, le niveau de comportements externalisés s’avère plus élevé lorsque l’enfant présente un attachement insécure comparativement à un attachement sécure, mais moins élevé lorsque comparé à un attachement désorganisé. Ces différents résultats concordent avec les données disponibles dans la littérature. DeKlyen, Speltz, & Hill (2001) mentionnent que chez les enfants qui ont un attachement insécure, les crises de colère tendent à se maintenir dans le temps étant donné la difficulté au niveau de la gestion des émotions. Par ailleurs, Moss et al., (2006) mentionnent que les enfants ayant un attachement désorganisé ont un niveau plus élevé de comportements externalisés comparativement à un groupe d’enfants ayant un attachement insécure. La difficulté saillante au niveau de la gestion des affects chez ces enfants concorde avec cette observation. Au niveau de l’abus sexuel, les résultats correspondent également à ceux observés dans la littérature. De fait, les résultats obtenus par Dubowitz, Black, Harrington, & Verschoore (1993) et Zephyr, Cyr, Hébert, Bernier, & Beaudoin (2015) montrent que les comportements externalisés sont plus importants lorsqu’il y a présence d’abus sexuel. Les comportements perturbateurs peuvent s’avérer une façon pour l’enfant de faire part de son malaise ou sa détresse à son entourage.

En ce qui concerne l’augmentation des comportements internalisés, l’attachement et l’abus sexuel ont tous deux une incidence lorsqu’ils sont considérés individuellement. Toutefois, lorsqu’ils sont examinés simultanément, seul l’abus sexuel a une contribution unique quant à l’augmentation de ces comportements. Notons tout de même que les comportements internalisés sont plus importants chez les enfants qui ont un attachement insécure et désorganisé que chez ceux qui ont un attachement sécure. En regard de l’attachement, tel que mentionné par Cassidy (1995), il est attendu que les enfants insécures et désorganisés manifestent davantage de comportements internalisés, tels que de l’anxiété et de la dépression étant donné qu’ils perçoivent moins de support parental et davantage d’anxiété au sein de la relation parent-enfant. Les résultats obtenus ne concordent donc pas avec ces données. En ce qui concerne l’abus sexuel, les résultats obtenus dans la présente étude concordent avec ceux obtenus par Kendall-Tackett, Williams, & Finkelhor (1993) de même que ceux de Trask,

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Walsh, & DiLillo (2011). Ces auteurs mentionnent que le traumatisme lié à l’abus exacerbe les différents symptômes associés, notamment à l’anxiété et à la dépression.

Par ailleurs, l’attachement désorganisé contribue à l’augmentation des comportements sexualisés, contrairement à l’attachement sécure et insécure de même que l’abus sexuel. Ces résultats peuvent paraitre étonnants, mais corroborent avec la littérature. Tel que mentionné par Kendall-Tackett, Williams, & Finkelhor (1993), les comportements sexualisés s’avèrent plus fréquents dans une population de gens de moins de 18 ans ayant subi un abus sexuel. Toutefois, ces comportements sont davantage associés aux enfants d’âge préscolaire et aux adolescents. Lors de cette dernière période, les comportements sexualisés se traduisent souvent par des comportements sexuels inappropriés ou à risque. Comme l’échantillon à l’étude comprend des enfants âgés de 8 à 12 ans, il est attendu que ces comportements ne soient pas ou peu observables lors de cette période. Le lien entre l’attachement désorganisé et les comportements sexualisés lors de la période de la latence est peu recensé au sein de la littérature. Rappelons que les enfants qui ont un attachement désorganisé éprouvent une difficulté importante à intégrer leur état émotionnel et comportemental et à réguler leurs affects (Salomon, George, & De Jong, 1995). Il est donc possible de faire l’hypothèse que ces jeunes aient recours à des comportements sexualisés lorsqu’ils font face à une situation négative afin de gérer les émotions vécues.

Il est par la suite mis en évidence que la présence d’un abus sexuel et l’attachement ont un impact sur l’augmentation des symptômes dissociatifs. Rappelons que l’impact de l’abus sexuel est légèrement plus important que celui de l’attachement. Quant à l’attachement, les symptômes sont exacerbés lorsque l’enfant a un attachement insécure comparativement à un attachement sécure, mais ils s’avèrent d’autant plus importants lorsque l’attachement est désorganisé. Tel que stipulé notamment par Egeland et Carlson (2004), les enfants qui présentent un attachement désorganisé tendent à avoir des symptômes dissociatifs plus importants. Étant donné les caractéristiques associées à la relation mère-enfant, qui peut entres autres s’avérer effrayante, l’enfant doit gérer une charge émotive considérablement plus élevée que ce que ses capacités de régulation émotionnelle lui permettent. En vieillissant, la dissociation devient donc une façon de se protéger face à un environnement hostile (Howe, 2005). Face à un événement traumatique,

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la dissociation peut également devenir une des façons qu’a l’enfant de se protéger. Les résultats de la présente étude concordent donc avec ceux obtenus dans la littérature, soit que les enfants ayant vécu un abus sexuel présentent des symptômes de dissociation plus élevés (Collin-Vézina, Hébert et Brabant, 2007; Kisiel & Lyons, 2001; Putnam, 1997). Enfin, les symptômes dépressifs, rapportés par les enfants, sont exacerbés par la présence d’un attachement insécure et désorganisé, contrairement à la présence d’un abus sexuel. L’attachement contribue donc à prédire de façon unique la présence de ces symptômes. Ces résultats concordent avec la théorie élaborée par Cicchetti et Toth (1998) quant au développement de la dépression chez les enfants et les adolescents. Ils mentionnent que les représentations d’attachement, élaborées à partir de la relation d’attachement, contribuent de façon majeure au développement de même qu’à la régulation des cognitions, des affects, des comportements et des perceptions de l’enfant. Ainsi, chez un enfant qui a des représentations d’attachement insécure ou

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